#2.16
Lost
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Disclaimer
:
Smallville et ses personnages ne m’appartiennent pas
Smallville © The Warner Bros Television & DC Comics
Smallville created by Alfred Gough & Miles Millar
Superman © DC Comics
Superman created by Jerry Siegel & Joe Shuster
Cette histoire n’existe que pour le plaisir des fans. Je n’ai pas été payé
pour l’écrire et n’en tirerais aucun avantage lucratif
Droits :
Hormis les copyrights ci-dessus, cette histoire m’appartient dans sa totalité
en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et de celle sur
les droits d’auteur.
Interdiction formelle de reproduire, d’utiliser et/ou de diffuser cette
histoire sans l’autorisation expresse de son auteur
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Central Park -- Metropolis --- 21h21
[Only one – YELLOW CARD]
Une nuit noire venait de tomber sur la plus grande métropole du Kansas. Le
cercle lunaire, logée dans un coin de l’étendue astrale, dégageait une
clarté intense, dissimulée par instants par d’imposants nuages gris,
vagabondant au travers des cieux. De par leur présence, ils empêchaient les
millions d’étoiles criblant le plafond obscure d’apparaître dans leur
totalité. Le calme qui s’en évaporait, malgré la brume, était pourtant
proprement apaisante. Rien ne semblait pouvoir le troubler, rien aurait pu paraître
plus paradisiaque. La cime terrestre était faite ainsi ; elle avait toujours
fascinée et enthousiasmée ceux qui la contemplaient. Ce phénomène durait déjà
depuis des millions d’années et il ne semblait pas apte à s’interrompre de
sitôt …
[Filmant jusqu’alors le ciel obscure d’un plan levé au dessus d’elle, la
caméra remit son plan à la verticale et filma la longue rue, très étroite,
dans laquelle elle se trouvait depuis le début]
Envahie d’une pénombre encore accentuée par la réverbération de
l’obscurité contre les batiments de pierre l’encadrant, la ruelle donnait
une impression inquiétante que ce qu’elle renfermait ne faisait que
renforcer. Son sol goudronné aurait pu, à lui seul, démontrer qu’il
s’agissait d’une des rues les plus antiques du tout Metropolis. Il était
fissuré en de nombreux endroits, certains morceaux de bitume manquaient, ici et
là. Il n’était pas rare de voir un vieux journal, du Daily Planet ou de l’Inquisitor,
collé au sol avec l’âge. De chaque côté, adossés contre les parois
miteuses des batiments alentour, étaient installés des containers de fer, débordant
de déchets multiples. Au pied de ces derniers se trouvaient généralement les
quelques sacs poubelle plein, qui n’avaient pas pu être rangé à l’intérieur
des containers. Hormis cela, il n’y avait rien dans cette ruelle qui vaille le
coup de s’y intéresser. Seul une légère brise de vent s’insufflait au
centre de la ruelle et balaya sur son passage une vieille page de journal du
Daily Planet, qui vint se frotter aux pieds de la caméra.
[La caméra pivota sur sa droite et filma la paroi grisâtre, frappé d’un
grand graffiti rouge, indiquant « Fuckin’ house ». Juste au dessus, s’étendant
sur deux bons mètres, une bannière rose lumineuse indiquait le nom d’un Club
Privé nommé « If you want ». Sur la droite du graffiti, une porte en fer
bleu était encré dans la pierre, accès dérobé au Club de strip-tease du
quartier]
Soudain le grincement assourdissant de la porte se fit entendre dans toute la
ruelle avant qu’un bruit de ferraille à briser les tympans ne s’en suive.
La porte en fer bleu venait de s’ouvrir à la volée et alla frapper le mur de
pierre à la base du graffiti. L’instant suivant, un bruit mat frappa le sol
alors qu’une masse informe jaillissait du couloir, présent derrière la porte
ferrée, et se mettait à rouler rapidement jusqu’au container, contre le mur
d’en face. La forme heurta violemment les quelques sacs poubelle déposés sur
le sol et s’immobilisa en revenant en arrière. Un gémissement de douleur, très
lent, se fit entendre : il s’agissait d’un homme.
Des bruits de pas sortirent du couloir et s’arrêtèrent juste devant l’entrée,
sur le sol de la ruelle. Un homme noir, à la carrure très impressionnante s’était
mis à observer l’homme qu’il venait d’éjecter. Le crâne rasé, des
lunettes de soleil noires sur le nez, les bras croisés sur son torse, l’homme
avait tout l’air d’être l’un des videurs du Club. Il regardait le client,
au sol, sans une nuance de remords dans son visage impassible.
Les gémissements se succédèrent alors que l’homme, au sol, parvint tant
bien que mal à se hisser à quatre pattes, de dos par rapport au videur.
D’une voix froide et sans répliques, le videur s’adressa à lui :
Videur : la prochaine fois, tu écouteras ce qu’on te dit …
L’homme au sol était vêtu de ce qui ressemblait à un pantalon de costume
noir haute couture et d’une chemise blanche, débraillée de tous côtés. Une
veste beige avait été enfilé sur son dos d’une manière peu orthodoxe. Il
bougea légèrement sur le côté droit et posa malencontreusement la main
droite sur une peau de banane posée sur le goudron. Aussitôt, son bras tendu
se déroba et tout le haut de son corps s’affala violemment sur le sol dur et
crasseux de la ruelle. Après de longues secondes, il poussa enfin un juron,
d’une voix basse et peu sûre d’elle. A l’aide de geste très précautionneux,
il arriva à se redresser à à se mettre à genoux sur le sol. Il leva alors
des yeux bleus vitreux droit devant lui et se mit à parler au container comme
s’il s’était agi du videur :
Client : hey mon pote … j’ai pas … tou-ché !
Videur : (moqueur) oui, j’ai dû rêver … C’est sûrement ça ! Te
biles pas va !
Cette fois, la fierté du client, malgré son état d’ébriété avancé,
reprit le dessus. Lui, l’homme d’affaire peu scrupuleux que nombres
d’hommes craignaient ici, à Metropolis, ne se laisserait jamais parler ainsi
par un simple videur de boîte de Strip-Tease. Aussi, malgré les tremblements
qui marquaient la totalité de son corps, il parvint à se relever et se tourna,
en titubant de droite à gauche, vers le videur. Il avança d’un pas et
brandit son bras droit devant lui, l’index accusateur. Il rétorqua alors
violemment, en reculant d’un nouveau pas :
Client : rigoles bien Kojak ! Mais dès que je serai rentré … chez …
hic ! moi … tu auras de mes … niouvelles !
Le videur esquissa un rictus qui étira légèrement ses fines lèvres
obscures en un rire amusé. Il baissa un instant les yeux avant de les relever,
au travers du carreau noir de ses lunettes, vers son acolyte.
Videur : je n’en doute pas ! Mais vois-tu …
Il interrompit momentanément sa phrase et avança lentement vers le client.
Après quelques pas, il s’arrêta juste devant lui et décroisa les bras. Il
amena sa propre main droite à mi-torse et brandit son index tendu vers la
poitrine de son interlocuteur. Il posa l’extrémité de ce doigts contre la
chemise du richissime client.
Videur : … pour cela, il faudrait que tu retrouves ton chemin …
Il accentua la pression de son doigts contre le torse, sachant pertinemment
ce que cela provoquerait. Le client fut emporté dans son élan et tomba à la
renverse, sur le dos, parmi les sacs poubelle. Le videur garda son doigts en
suspend et baissa la tête vers le client qui poussa un nouveau juron exécrable.
Le videur termina sa phrase sur un ton encore plus amusé que précédemment, en
regardant le client au sol.
Videur : … et à moins qu’un super-héros passe dans le coin, je
pense que tu vas passer la nuit ici !
A cet instant, un vent d’une rare puissance s’éleva de la gauche du
videur et s’insuffla à une vitesse éperdue entre le client et lui. Au même
moment, il sentit une étreinte d’une force inouïe le frapper violemment au
niveau du torse et l’éjecter vers l’arrière. La seconde suivant, il
frappait bruyamment le mur de pierre, au centre du graffiti et tombait sur le
sol goudronné, le dos frottant contre la pierre murale. Il s’affala, tête
lasse, sur le sol. Le client, qui avait juste senti le vent, redressa la tête
et vit, droit devant lui, le videur évanoui. Il écarquilla les yeux et
s’exclama, d’une voix légèrement aigu :
Le Client : hey mon pote ! Y’a du vent ou c’est moi ?
[La caméra se détacha de la silhouette assise contre le container du client
et pivota sur sa droite. Au loin, à plusieurs dizaines de mètres, une couleur
noire s’éloignait à une vitesse effarante.
Lentement, elle s’éleva dans les airs à la verticale et se mit à filmer
tout le quartier, s’étendant devant elle ; une entremêlement de ruelles étroites,
parallèles ou perpendiculaires, toutes semblables à celle du club « If You
Want ». Dans une ruelle parallèle à celle du club, la forme noire, très
floue en raison de sa vitesse, s’éloignait vers le centre des affaires, au
fond. Ses tours de verre et d’acier, surplombant le reste de la ville, rendait
cette partie de la ville aisément reconnaissable. La caméra plongea vers la
ruelle que parcourait la couleur noire et réussit, en un temps record à s’en
rapprocher à moins de dix mètres. La caméra amorça une rapide descente vers
le sol et, tout en s’en rapprochant, se positionna au ras du sol goudronné.
Au moment où il ne resta que trois mètres entre la couleur noire, teinté
d’un bleu dur sur sa droite, et la caméra, cette dernière calqua sa vitesse
sur la forme devant elle et se mit à filmer en contre-plongée]
[SLOWING DOWN – L’image était devenue si ralentie que la forme devant la
caméra en était devenue distinguable : il s’agissait d’un homme d’une
vingtaine d’année, à la carrure impressionnante pour son jeune âge. Il était
vêtu d’un jean grisé de la marque Diesel et d’un maillot de corps noir,
aux manches courtes. Il était étonnement pieds nus. En cet instant, il courait
à une vitesse folle, créant avec le balancement de ses bras, des ondes de
vitesse sur les côtés. Son avant-bras droit dégageait une aura de lumière
bleue peu commune. Ses épais cheveux obscures, bouclés à leur pointe,
bougeaient au rythme du vent, bien qu’il n’y prêtait aucune attention. La
caméra se décida enfin à le contourner par la gaucher et se plaça juste
devant lui, le filmant toujours en contre plongée. Ce visage à la mâchoire
massive, ses yeux d’un bleu pur, cette frange de cheveux d’un noir de jais
couvrant son front … Clark Kent. Oui, il s’agissait bel et bien du fils
adoptif de Jonathan et Martha Kent. Pourtant, rien n’aurait pu affirmer, si ce
n’était son physique, qu’il s’agissait de Clark. Son sourire bienveillant
avait laissé place à une impassibilité totale. La douceur que dégageait
d’ordinaire ses yeux avait laissée place à une froideur implacable. Aucun
doute possible, Kal-El s’était réveillé …
La caméra bascula du visage tendu par la froideur de Kal-El et s’attarda sur
son avant-bras droit, se balançant d’avant en arrière. L’origine de la
lumière bleue apparut alors : le tatouage représentant « Croisade », en une
colonne de symboles Kryptoniens noirs, était de nouveau activée et luisait de
la lumière intense. La caméra recentra son plan dessus : les bords devinrent
flous, signifiant le passage à un souvenir de Kal-El, plutôt récent en
l’occurrence.
La caméra se détacha rapidement de l’avant-bras droit de Kal-El au moment où
le bleu coula de son sommet vers le poignet du jeune Kryptonien, l’activant.
Il retira ses mains du dos délicat de Loïs, faisant redescendre son débardeur
et s’écarta d’elle en se redressant.
???: Le réel n’est qu’une des branches de la vérité. Sauras-tu
arpenter le bon chemin ou emprunteras-tu celui menant à l’irréel … ?
La jeune Lane cessa d’émir des gémissements et se redressa à son tour,
très surprise. Elle vit alors que l’expression du visage de Clark s’était
endurcie et qu’il regardait la porte, restée ouverte, dans son dos.
Loïs : quoi ?!
Attiré par l’exclamation de Loïs, Clark déporta très lentement, de manière
machinale, son regard bleu de la porte vers le visage abasourdi de Loïs. Alors,
d’une voix froide et sans pareille avec la voix qui était la sienne
auparavant, il répliqua :
Clark : c’est le signe …
Loïs : (grimaçant) quoi ??!
Une fois de plus, la part d’ombre, comme l’appelait Jor-El, de Clark
avait repris le contrôle du corps de Clark. Kal-El déporta à nouveau très
lentement son regard vers la droite et le posa sur la canapé, contre le mur.
Sous les yeux effarés d’une Loïs qui n’y comprenait strictement rien,
Kal-El passa à côté d’elle et avança, d’un pas robotique, ses bras
tendus, ballant de chaque côté de son corps, vers le canapé, devant lequel il
s’arrêta. Loïs se retourna d’un geste brusque et fit redescendre complètement
le tissu de son débardeur. Elle regarda Clark se baisser, prendre un maillot
noir sur le canapé et l’enfiler. Elle comprenait ce qu’il allait faire mais
pourquoi le faisait-il ? Pourquoi maintenant ?
Loïs : (agressive) où tu vas ??
Kal-El ne donna pas de réponse immédiate à Loïs. Il se retourna complètement
et fixa son regard vide droit devant lui. Il avança sur quelques pas, longeant
le bord de la table et se tourna sur sa droite arrivé devant le mur. Alors,
d’un bas lent et robotique, il s’engagea dans le court corridor. Sa voix y résonna
en un écho glacial :
Kal-El : au rocher noir …
La caméra fixa son plan sur la nuque à nue de Clark, ses cheveux noirs se déposant
dessus. A cet instant, les bords flous disparurent et laissèrent réapparaître
tout autour de la silhouette massive de Kal-El la ruelle nauséabonde du
quartier miteux. Ses bras se balançaient toujours, créant ces ondes brouillées
autour de lui. La caméra se figea sur place et le regarda de dos – FIN]
Un bruit assourdissant se fit entendre à l’instant où l’image reprenait sa
vitesse de croisière et où Kal-El donnait la pleine puissance de ses moyens en
accélérant encore le pas. Seule une traînée de couleurs sombres fut visibles
à plusieurs dizaines de mètres. Jamais il n’avait semblé pouvoir aller plus
vite, ses pieds semblaient presque quitter le sol.
L’image s’illumina de noir, dans un lent fondu et laissa disparaître
l’environnement sale de la ruelle pour effectuer une ellipse qui mènerait à
l’endroit où se rendait Kal-El …
[Le plan suivant révéla un endroit qui s’éloignait, en tous points, de
l’environnement urbain de la ruelle du Club « If you want ». La lumière
lunaire avait laissée une pénombre quasi totale, tout juste accompagnée de
quelques rares rayons pâles de la lune]
Le sol goudronné et parsemé de déchets, plus ou moins anciens, avait laissé
place à un sol terreux et peu lisse. La caméra filmait une grande clairière,
au centre du Central Park de Metropolis, à la limite du centre des affaires.
Logée en haut d’une butte, elle pouvait admirer l’étendue circulaire créée
par les arbres, tout autour. La pelouse recouvrait en son centre la terre
humide, ne laissant qu’un chemin en forme de cercle dans sa circoncision. La
cime des arbres, penchée vers le centre, empêchait la lumière de la lune de
caresser la terre dans sa totalité, ou presque. Un petit chemin, passant sous
les pieds de la caméra, traversait la clairière droit devant et était
recouvert, au son centre, d’un rocher de pierre noir, très lisse, au sommet
arrondi. Malgré la distance assez notable, il paraissait claire que des
inscriptions blanches la recouvraient. Seulement, une silhouette empêchait de
le regarder correctement. La silhouette d’une jeune femme, mince, assez
petite, aux longs cheveux d’un noir de jais. Immobile, elle regardait régulièrement
autour d’elle, comme si elle s’attendait à ce que quelqu’un vienne la
rejoindre, malgré l’improbabilité de la situation. Les bras croisés, elle
balaya la clairière des yeux.
Ses yeux noisettes en amande, brillant d’une lueur étonnante, ses longs
cheveux noirs légèrement ondulés tombant sur ses épaules à nu, cachant une
partie de ses joues légèrement bronzée, ce pâle sourire inquiet, étirant
des fines lèvres parfaites, ces épaules minces et découvertes par son débardeur
noir … Lana Lang était plus qu’inquiète, une angoisse rare circulait dans
son sang.
Soudain, un vent brusque provenant de nulle part souffla contre son visage et
fit s’envoler ses longs cheveux avant qu’ils ne reprennent leur place
d’origine. A cet instant, elle vit cette silhouette de massive, couverte
d’un maillot de corps noir apparaître devant elle, à moins d’un mètre.
Pieds nus, Kal-El avait directement dirigé son regard sur la gauche de Lana,
contemplant le rocher noir, derrière elle. Mais Lana, qui sentit le rythme de
son cœur accélérer nettement, tendit les deux bras devant elle pour empêcher
Clark d’aller plus loin.
Lana : (voix inquiète) non Clark ! Tu ne dois surtout pas aller plus
loin !!
Lentement, restant en dehors de ce geste immobile, Kal-El dévia son regard
vers Lana et la regarda droit dans les yeux, d’une froideur implacable. La
paume des mains de Lana, posée délicatement contre ses bras ne changea en rien
la durceur de ses traits. Il se contenta de lui répondre d’une voix glaciale
et calme :
Kal-El : je ne suis pas Clark Kent … tu le sais Gardienne …
Lana fit un mouvement de recule en entendant le timbre de voix inhabituel
utilisé par son ami. Mais ce qui la troubla le plus fut ce regard vide
d’expression, encore plus effrayant que les mots empruntés. Elle enleva ses
mains des bras de Kal-El et prit son expression surprise, sans le vouloir, avant
de répondre :
Lana : Kal-El ?! C’est toi ?
Le jeune Kryptonien ne répliqua pas, ne fit pas le moindre geste vers la
jeune Lang. Il se contenta de la regarder droit dans les yeux, sans ciller,
cette froideur implacable noyant ses rétines claires. Lana dut se rendre à
l’évidence que, malgré le fait que celui qui lui faisait face avait
l’enveloppe charnelle de Clark Kent, fermier timide, l’âme qui l’habitait
n’était autre que celle de son côté maléfique, incarné par l’esprit de
Kal-El, le tyran.
Aussi, elle décida d’entrer dans son jeu et de poursuivre en utilisant son rôle
de gardienne.
Lana : en tant que tel, tu dois te fier à moi !
Kal-El : (calme) je n’ai aucun mentor … seulement une destinée à
accomplir …
Lana reconnaissait bien là le caractère pointu et à l’égo
sur-dimensionné de Kal-El. Il aimait agir seul, au contraire de Clark et rien
ne lui importait plus que sa destinée. Lana devait jouer sur ce point si elle
ne voulait pas qu’il se braque contre elle. Et même en agissant ainsi, elle
n’était pas certaine de voir Kal-El se mettre de son côté. Mais elle préféra
prendre le risque :
Lana : oui, et si tu veux atteindre ce but, tu dois écouter mes conseils
…
Kal-El : le peuple Terrien est faible et a transmis sa tare à Clark. Je
ne laisserai pas une simple humaine comme toi détruire toute chance de le guérir
… écarte-toi …
Kal-El était plus déterminé que jamais. Clark, en voulant contrer
continuellement son père biologique et en refusant d’embrasser sa destinée,
avait rendu Kal-El si froid que personne ne pourrait l’empêcher de nuire désormais.
Il savait quoi faire et semblait prêt à tout pour accomplir sa destinée
finale.
Seulement, il ne connaissait rien de Lana. Cette « tare », comme il la
nommait, la pousserait à effectuer tout ce qu’il faudrait pour protéger
l’homme qui comptait tant à ses yeux.
Elle avança d’un nouveau pas et braqua sur lui un regard froid et puissant de
volonté. Jamais elle n’avait parue aussi sûre d’elle :
Lana : je ne laisserai jamais personne nuire à Clark …
Lana comprit la seconde suivante qu’elle n’aurait jamais dû agir de la
sorte, même si, a priori, elle n’en voyait pas d’autre. D’un geste vif,
Kal-El amena son bras droit vers le cou de Lana et resserra les doigts de sa
puissante main dessus. Lana sentit immédiatement l’oxygène lui manquer, à
mesure que Kal-El resserrait un peu plus l’étreinte. Il la souleva sans peine
de terre et l’amena à plusieurs centimètres au dessus du sol, plaçant sa tête
juste au dessus de la sienne. Il leva alors les yeux vers elle et esquissa son
premier sourire, aux tendances maléfiques. De cette même voix froide et
implacable, devenue pourtant plus enjouée, il ajouta :
Kal-El : la principale faiblesse de Clark réside dans l’amour qu’il
te porte, humaine … seulement, cette faiblesse m’est étrangère …
Il accentua une dernière fois l’étreinte de sa main autour du cou de
Lana, la regardant agoniser, droit dans les yeux. Lana releva pourtant une dernière
fois les yeux vers Kal-El, le regardant droit dans ces yeux d’un bleu
envoutant. La dernière personne qu’elle verrait avant de mourir serait belle
et bien Clark mais il serait également son meurtrier.
Kal-El, armé de ce même sourire, effectua un mouvement sec du poignet et fit
ainsi craquer les cervicales de Lana. Toute expression quitta la rétine
magnifique de ses yeux noisettes, sa peur disparut laissant place à
l’impassibilité la plus totale. Sans le moindre remord, Kal-El la jeta sur sa
droite, laissant son corps rouler sur lui même.
[La caméra effectua un gros plan sur le magnifique visage bronzé de Lana : une
mèche de cheveux noirs barrait son visage en diagonale, ses yeux étaient
devenus vide. L’expression de son visage exprimait une peur intense, figée à
jamais. Elle venait de mourir de la main de son amour]
Kal-El perdit toute nuance de sourire machiavélique qui avait étiré ses lèvres
et porta son regard sur le rocher noir, à trois mètres devant lui. Il le
regardait comme si Lana n’avait jamais existé, comme s’il avait juste balayé
un obstacle insignifiant vers sa destinée. Aucune vie n’avait assez
d’importance pour ne pas être sacrifiée au profit de sa destinée. Kal-El était
le seul qui comptait, ce qui lui était promis seulement ce qui avait
d’importance.
Il avança de quelques pas, de cette démarche robotique, vers le rocher et
s’arrêta juste devant. Il baissa la tête et caressa du regard toute sa
surface, assez lisse. Arrivant à mi-hauteur du corps massif du jeune Kryptonien,
le rocher semblait constitué d’un alliage noir très lisse, luisant légèrement
avec la pseudo-présence des rayons lunaires. Sur toute sa surface étaient
incrustés des symboles de couleur blanche. Son sommet, aux courbes arrondies
marquait un manque, en son centre. Un morceau de roche semblait avoir été
arraché et un trou irrégulier apparaissait en son centre. Seul en dessous
apparaissait le symbole Kryptonien « Voyage », dessinée en peinture blanche
luisante. Attirée, Kal-El amena lentement sa main droite vers ce manquement et
la laissa en suspend au dessus. Immédiatement, le symbole « Voyage »
s’activa et se mit à luire intensément de lumière blanche ; une lumière
qui jaillissait tout autour de sa main massive et entre ses doigts.
[Un plan accéléré mena la caméra sous cette main et filma la cavité creusée.]
Une lumière blanche l’inonda et remplit sa totalité. Puis, tandis que ses
nuances évoluaient, elle commença à s’assombrir rapidement. Après quelques
secondes, elle fut remplacé par un bout de roche noire, identique au rocher et
gravé, sur son dessus, du symbole voyage. La lumière blanche disparut et
Kal-El enleva sa main. Il put voir que le manquement de roche était réapparut
à sa place. Mais il était juste posé, il fallait l’enclencher.
Aussi, esquissant un sourire, Kal-El posa son index et son majeur tendus sur le
sommet du bout de roche et l’enclencha. A cet instant, une lumière bleue éblouissante
jaillit par l’interstice et se projeta sur le T-shirt noir de Kal-El. La même
lumière bleutée traversa le rocher de toute part, au travers des dizaines de
symboles gravés sur la roche. Cette lumière, aux tendances si obscures, agit
sans équivoque sur l’organisme de Kal-El. Il amena ses deux avant-bras, serrés
l’un contre l’autre, vers son torse et les plaqua violemment contre, sentant
cette douleur inexpugnable s’emparer de tout son être. Il se mit à pousser
une plainte déchirante, sans pareille, crispant ses poings contre son torse. La
puissance de la lumière était telle qu’il en tomba à genoux et sentit ses
ongles s’encrer dans son torse musclé.
Il ne put s’empêcher d’amener ses mains sur le haut de son T-shirt et, le
saisissant avec force, le déchira en deux. Il révéla alors un phénomène étonnant
: la peau de son torse avait pris une teinte bleuâtre et ses veines, devenues
noires, ressortaient de parts en parts. Il se laissa tomber à quatre pattes sur
le sol dur de la clairière et continua d’hurler avec puissance. La lumière
bleue jaillissait même de son corps, à présent, fendant son dos en deux ;
elle semblait jaillir de sa colonne vertébrale et se projeter vers le ciel,
dans un faisceau bleu magnifique. La plainte ahurissante de Kal-El contrastait
intensément avec la beauté du spectacle : Kal-El, à quatre pattes devant le
rocher, sa colonne fendue par la lumière et le rocher, devant lui, traversé de
faisceaux lumineux.
Et soudain, un flash de lumière blanche illumina à nouveau l’image et laissa
place à une transition vers un tout autre lieu, inconnu de tout être … ou
presque.
Kal-El rouvrit les yeux, d’un geste brusque. Toute douleur avait disparue. Il
ne ressentait plus rien que cette plénitude intense qui l’enveloppait. Une
blancheur sans pareil envahissait ce lieu, qui n’avait rien de semblable avec
ce qu’on pouvait voir sur Terre. Il ressemblait à un océan de lumière
blanche, qui constituait chaque centimètre carré de cet endroit. Kal-El
remarqua également qu’il était debout et non plus à quatre pattes sur un
sol terreux. Il baissa les yeux vers le sol : il était vêtu d’une toge
blanche. Avait-il rêvé ? La scène de la clairière s’était-elle réellement
passée ? Il aurait tant aimé avoir une réponse à cette question.
Un bruit agréable de fluide se fit entendre et il vit, tout autour de lui, un
tube de lumière transparente, semblable de l’eau claire, l’entourer. Elle
balada son regard du sol, sous ses pieds nus au plafond blanc, à perte de vue
et vit que le tube reliait ces deux extrémités. Lentement, remettant son
regard à la verticale, il amena sa main droite vers le liquide. Son index entra
en contact avec lui, il sentit une sensation de tiédeur inhabituelle. Et
pourtant, malgré cette sensation très agréable, il ne pouvait la traverser.
???: je te souhaite la bienvenue Kal-El …
« Cette voix … » pensa Kal-El. Oui, il l’avait entendu. Déjà … Et
pourtant, c’était avant la scène de la clairière. C’était cette voix qui
lui avait parlé au moment où il avait repris le contrôle de Clark. Kal-El se
retourna en un geste vif et porta son regard droit devant lui. Ainsi, il put
voir qu’un nouvel élément était apparu. Au loin se trouvait, contre ce qui
semblait être l’un des murs blancs encadrant la salle, un trône massif
constitué de ce même alliage blanc immaculé. A l’intérieur était assis un
homme, habillé d’une grande toge couleur rouge vif, contrastant avec ferveur
avec le trône … Anu’kh. Le Sauveur portait toujours cette capuche vaste,
tombant sur ses épaules. Une ombre surnaturelle couvrait son visage ainsi méconnaissable.
Seule la lumière blanche environnante reflétait dans l’ombre. Il termina sa
phrase sur ce même ton joyeux :
Anu’kh : … dans mon humble demeure !
Ainsi, ce lieu était celui où vivait le personnage mystique, mystérieux du
Sauveur. Kal-El le regarda droit dans ce qu’il considéra comme ses yeux. Après
de longues secondes d’incompréhension, Kal-El se décida à demander :
Kal-El : que s’est-il passé ?
Anu’kh : j’ai été forcé de te mettre en contact avec de la
Kryptonite noire. Sans elle, je n’aurais jamais pu t’amener seul jusqu’à
moi …
De la Kryptonite noire. Tout s’expliquait. Cette sensation de brulure
intense, l’impression que toutes les particules de son corps s’entrechoquent
et qu’une forme va s’extirper de son organisme … Anu’kh l’avait fait
pour séparer, pour une période plus ou moins longue, Kal-El le Kryptonien de
Clark le pseudo-humain. Il ne voulait que la présence de Kal-El. Mais pourquoi
?
Anu’kh : pourquoi seulement toi ? Parce que ce test, seul Clark doit le
passer. Et tu le sais …
Kal-El : (souriant) son esprit est faible et il doit s’endurcir, déceler
la vérité de l’imagé
Anu’kh acquiesça d’un simple signe de tête. Les mains bronzées, en
partie couverte par les larges manches de tissu rouge, posées sur de larges
accoudoirs blancs, il poursuivit :
Anu’kh : ce test ne fait pas partie de ton voyage initiatique à
proprement parler mais il me semble nécessaire de rétablir un certain équilibre
… Le tube de lumière qui t’entoure te montre la finalité de ce test …
Kal-El détacha son regard d’Anu’kh et les leva légèrement pour
observer un peu plus la consistance de la lumière. Ce qu’il avait pris pour
de la simple lumière était en fait un entremêlement d’images translucides
qui semblaient bouger continuellement. Kal-El esquissa un sourire, voyant Clark
dans ses futures actions.
Anu’kh : tu comprends maintenant pourquoi il faudra le laisser seul
Kal-El : oui …
Anu’kh : bien. Maintenant, tu vas regagner son corps et t’adorer à
le voir évoluer, comme tu l’as toujours voulu … Personne ne peut aller
contre sa véritable nature …
Les derniers mots du Sauveur résonnèrent en un écho interminable. Kal-El
sentit une douceur palpable l’envelopper de toutes parts et vit la lumière
blanche accentuer encore un peu plus sa puissance sans équivoque, aux nuances
aveuglantes. Ses pieds quittèrent le sol et, rapidement, il entendit la voix
d’Anu’kh s’évaporer et toutes formes disparaître …
« Clark … »
Cette voix de femme, douce et attentionnée, résonnait dans une partie qui
semblait être la tête de Clark. Il la sentait auprès de lui, tout près et
pourtant, elle paraissait si lointaine. Il n’entendait que l’écho
insignifiant de sa voix dans sa tête.
« Clark … tu m’entends ? »
Le son de la voix se faisait plus fort, plus présent. Clark parvenait à
comprendre l’inquiétude qui y perçait. Il n’aurait su dire si cette dernière
phrase en était l’élément déclencheur ou si la main posée sur son torse
nu l’était, mais … il rouvrit subitement les yeux.
Aussitôt, il sentit la lumière aveuglante du soleil pénétrer dans ses rétines
et le força à cligner plusieurs fois des yeux. La voix, sur sa droite, se fit
à nouveau entendre plus forte que jamais, sur un ton rassuré.
« Tu m’a fais si peur ! »
Clark cligna plusieurs fois des yeux, pour s’habituer à la clarté
nouvelle du soleil puis dévia la portée de ses yeux sur sa droite. Il vit la
silhouette mince de la jeune femme, aux longs cheveux, se tenant à genoux sur
sa droite. Mais le contre-jour qu’elle créait en restant dos au soleil,
l’enveloppait d’une ombre qui empêchait de voir son visage. Mais Clark était
certain de la connaître. Il fronça les sourcils, regardant avec ferveur le
visage aux courbes magnifiques de la jeune femme. Ce regard doux et tendre, il
l’aurait reconnu dans les flammes de l’enfer. Il écarquilla des yeux
envahis de stupeur et s’exclama, d’une voix qui n’osait le croire :
Clark : (se mettant assis) Lana !!!
Maintenant qu’il était assis, Clark n’avait plus aucun doute. L’ombre
étant moins présente, il pouvait analyser chaque détail du visage parfait de
Lana : cette mèche séparée du reste de ses cheveux et traversant à la
verticale sa joue droite, son regard noisette en amande brillant d’amour, ce
sourire magnifique aux nuances rassurées … Elle était plus belle que jamais.
Et pourtant, Clark n’osait y croire.
Clark : tu … tu vas bien ?
Lana laissa un petit rire sortir de sa bouche, en étirant ses lèvres. Dans
le même temps, elle baissa un instant les yeux avant de les relever vers le
visage de Clark. Elle ne pouvait nier que son attitude prêtait à rire :
Lana : je pense que c’est plutôt à toi qui faudrait le demander.
Qu’est ce que tu fais allongé, au beau milieu de cette pelouse ?
Clark baissa les yeux, l’air abasourdi. Il ne savait plus que ni qui
croire. Lana était devant lui, plus vivante que jamais.
Il balaya l’endroit du regard, de sa gauche où se trouvait une allée
cycliste, bordée de bancs jusqu’à sa droite où se trouvait, à plusieurs mètres,
le bois du Central Park. Derrière pointaient les hautes tours du centre des
Affaires. Que lui arrivait-il ? Il perdait toute notion de temps. Il ne savait
plus ce qui était réellement arrivé … Il était perdu.
Aussi, il répliqua sur un ton brisé, exprimant ce sentiment à la perfection :
Clark : (baissant les yeux) si seulement je le savais …
[GENERIQUE -- Save me --- Remy ZERO]
Eglise
Del Profeta -- Rome --- ITALIE ---- 08h21
Les premiers rayons pâles d’un soleil levant s’immisçaient peu à peu
sur le sommet de la ville italienne, en caressant le toit des nombreuses
battisses. Rapidement, la lumière solaire avançait et évinçait toute ombre.
Remontant le long de la paroi en pierre froide de l’une des nombreuses églises
de la capitale italienne, la lumière solaire allait bientôt arrivé à son
toit imprenable, traversé à la verticale par quatre tours espacées en carré.
Enfin, passant entre elles, la lumière amorça une descente vers la grande
place, se trouvant devant et traversée elle même en largeur par une petite
ruelle, bordée de petites maisons typiques de la culture romaine.
[La caméra effectua un plan en contre-plongée de la paroi est, tournée vers
la grande place. Logée au sol, le plan donnait une impression de puissance
impressionnante à l’église]
La paroi comportait, à sa base, à la suite d’une volée de marches de
pierre, une double porte en bois massif, donnant un aspect ancien. Des vitraux
aux couleurs multiples étaient également encrés dans le mur de pierre et
enjolivait l’aspect plutôt froid de la maison de Jésus. Les quatre tours
montaient vers un ciel aux nuances noires, s’éclaircissant avec la lumière
naissante du nouveau soleil. Mais ce qui attirait le plus l’attention, étaient
ces nombreuses gargouilles de pierre accrochées à la base du toit. Sculptées
dans une pierre grisâtre, leur structure faisait froid dans le dos, en raison
de leur grimace et de leur aspect monstrueux.
[La caméra quitta la volée de marches menant à l’église et s’éleva dans
les airs jusqu’à faire face à la gargouille située juste au dessus des
marches. Elle fit alors un gros plan sur elle]
Seule la moitié de son dos sortait de la pierre du mur et laissait apparaître
son ossature inquiétante : une peau cuirassée, constituée d’écailles et séparée
en deux par une colonne vertébrale surmonté de pics imposantes. Sa tête, à
la gueule béante, ressemblait à s’y méprendre à celle d’un serpent, avec
ces yeux sans pupilles, en amande. Mais l’espère de crinière qui descendait
du haut de son crâne vers le bas de sa nuque démontrait bien qu’il ne
pouvait pas s’agir d’un quelconque reptile.
[La caméra accentua son gros plan, se recentrant sur le fond avancé et plat de
la créature, aux yeux informes]
Un symbole était gravé en son centre, assez profondément. Un symbole qui
n’avait rien de commun avec le latin occidental, c’était une certitude. Il
représentait un grand cercle, accolé à un autre, plus petit, situé en
dessous. Ce deuxième symbole était traversé, à l’horizontale, d’une
petite barre. Il n’y avait aucun doute possible : ce symbole était
d’origine Kryptonienne.
[La caméra continua d’avancer lentement, tandis que le grisâtre couvrant la
gargouille s’éclaircissait, prenant rapidement une teinte bleu dur, d’une
magnificence à toute épreuve. Le travelling vers l’arrière accéléra
nettement et laissa apparaître ce qui ressemblait à un grand vitrail, filmé
de l’intérieur de l’église]
Il s’agissait d’un grand vitrail visible à mi-hauteur, dans le mur de
pierre. Deux torches accrochées au mur, de chaque côté, en illuminaient
chaque détail. Malgré l’imprécision des dessins, il semblait représentait
l’adoubement d’un grand seigneur, habillé d’une tunique d’un blanc
immaculé. Dans son dos, le symbole Kryptonien présent sur le gargouille était
également inscrit, en noir. Le liseré de symboles latins, bordant le vitrail,
expliquait la légende sans pareille qui habitait cette église, depuis sa création.
Selon les antiques prêtres de la paroisse, un des nombreux Dieux romains avait
fait escale dans ce lieu, à un moment où sa toute puissance se trouvait à son
point le plus minime. Il avait alors confié aux curés un objet qui permettrait
à son ultime descendant d’accéder à son héritage et de reprendre sa quête
de la paix où lui même il l’avait laissé. Mais personne n’avait trouvé
cet artefact, seuls ces étranges vitraux perduraient inlassablement. Et
pourtant …
[La caméra continua son travelling vers l’arrière et s’arrêta au milieu
d’une étroite allée dallée, traversant l’église dans sa longueur. Devant
et derrière la caméra se trouvaient des longs bancs de bois, tournés vers
l’autel, sur la gauche de la caméra. Mais l’objectif restait absorbé par
l’observation du vitrail, de l’autre côté du groupement de banc, à
plusieurs mètres]
Quand soudain, un violent vent vint souffler sur sa droite et s’éloigna vers
sa gauche.
[La caméra pivota vers l’autel et vit, pendant une courte seconde, ce qui
ressembla à une forme très sombre, tirant sur le noir, s’éloigner à une
vitesse ahurissante vers le fond de l’église]
[SLOWING DOWN – Après ce ralentissement notable, la forme devenait aisément
identifiable : il s’agissait d’une silhouette, d’environ 1m80, qui se déplaçait
au moins aussi vite que Clark Kent lui même. Il était vêtu d’un jean délavé
et d’un espèce de sweat noir, à capuche. Cette dernière recouvrait sa tête,
dans le but de le masquer. Créant des ondes de vitesse brouillées autour de
lui, l’étranger arriva bien vite devant la volée de marches menant à
l’autel. La caméra le suivit, dans sa marche.
Ainsi, il monta les marches, contourna l’autel sur la gauche passant entre un
pilonne et lui et descendit une nouvelle volée de marches. Il courut sur
quelques pas encore avant de s’arrêter face à la paroi murale du fond –
FIN]
Il s’agissait d’un simple mur de pierre grise, à la platitude étrange pour
un tel lieu. Aucune des autres parois n’était aussi lisse et propre. Seul en
son centre apparaissait le symbole Kryptonien de la gargouille, gravé profondément
dans la roche. Sa gravure épaisse attirait l’attention plus que tout autre élément.
Il apparaissait même étonnant que personne n’y ait prêté attention avant
cet étranger.
Lentement, il resserra ses poings, se préparant au geste qui le mènerait peut
être vers cet objet dont il avait tant besoin, cet objet qui pourrait donner un
tournant à sa vie si compliquée depuis plus d’un an …
[SLOWING DOWN – Il recula d’un pas et crispa l’expression de son visage en
une haine des plus effroyables. Même l’ombre qui renfermait l’identité de
ses traits ne suffit pas à éclipser cette rage ultime. Il recula d’un deuxième
pas et s’élança aussi vite qu’il le put vers la paroi grise de pierre. Au
moment où il la heurta, la roche se fendit tout autour et se craquela
rapidement. Un trou béant se créa à sa forme, dans le mur et révéla
l’intense épaisseur de la paroi murale. Alors qu’il avançait vers la
nouvelle ouverture, les débris de pierre amorçaient une lente descente vers le
sol impeccablement propre, jusqu’à présent – FIN]
L’étranger termina sa course sur deux pas, entrant dans une anti-chambre, présente
derrière la paroi dans laquelle il avait créé cette brèche. Passant autour
de sa silhouette sombre, une vive lumière en jaillit et l’enveloppa comme une
aura étrange. Cette lumière céleste sortit également par l’ouverture, dans
le mur et éclaira vivement le sol en pierre.
[La caméra se décida à entrer dans l’anti-chambre et contourna l’étranger,
qui l’observait en tous points. La caméra en fit autant]
Il s’agissait d’une toute petite salle circulaire, intégralement constitué
d’un alliage blanc immaculé. Son plafond bas, touchait presque le sommet de
la tête de l’étranger. Seule sur cette paroi blanche apparaissait une bande
dorée, séparant le mur à mi-hauteur, en faisant le tour. Des petits caractères
Kryptoniens la noircissaient, sublimement.
L’étranger ne s’attarda pourtant pas sur cette bande et porta bien
rapidement son regard sur le fond de la salle : une colonne arrondie reliait le
centre du plafond au bas du mur du fond. Un élément de cette colonne plate,
juste au dessus de la bande dorée, attirait l’œil : un cercle creusée dans
l’alliage, assez profondément. L’étranger avança lentement jusqu’à ce
mur et s’arrêta juste devant, à moins d’un mètre de distance. Alors, il
leva sa main droite et l’amena à plat, parallèlement au cercle creusé dans
la colonne. La gardant à quelques millimètres de la pierre, il révéla sur le
dos de sa main un tatouage noir, d’origine Sethi.
Peu après, une lueur rouge vive apparut au sommet du tatouage et, se déversant
vers le bas du tatouage, le couvrit de cette couleur luisante. Sous son effet,
la même lumière rouge vive apparut entre sa main et la paroi, se dégageant du
cercle, dans la colonne de pierre. Sachant qu’il avait réussi, l’étranger
enleva sa main et observa le cercle. Une lumière rouge le baigna en effectuant
un tour d’horloge. A l’instant à la lumière se rejoignit au sommet du
cercle, un deuxième cercle, plus petit, se grava en dessous, accolé au
premier. Lorsque le même phénomène se fut produit, une barre de lumière
traversa le deuxième cercle, avant qu’un déclic sonore ne se fasse entendre.
A cet instant, la barre lumineuse pivota à la verticale et remonta vers le
grand cercle, de façon à relier ses deux extrémité. Un flash de lumière
rouge l’illumina et la barre s’élargit vers les bords du cercles, avant que
la lumière ne disparaisse complètement, au moment où un bruit assourdissant
s’éleva de la cavité dans le mur. Un violent vent s’en suivit et souffla
violemment contre le visage de l’étranger. La capuche résista un long
instant, bougeant en tous sens, avant de vaciller vers l’arrière et de
retomber sur sa nuque. Il avait des cheveux noirs coupés très courts et coiffés
à plats. Les chiens de ses cheveux étaient eux aussi coupés courts, en
pointe, accentuant l’effet d’assurance qui émanait constamment de lui. Son
teint légèrement bronzé faisait ressortir ses yeux d’un noir luisant, des
yeux qui affirmaient un caractère bien trempé. Aucun sourire n’était
apparu, malgré l’habitude qui était la sienne. Sa bien-aimée ne le
connaissait qu’en tant qu’être bienveillant et jovial, tout le contraire de
celui qu’il semblait être en cet instant … Kelhan ENDER.
Le vent intense qui soufflait contre son visage massif et la lumière blanche
aveuglante qui sortait de la cavité ne suffisaient pas à lui faire dévier sa
volonté. Il avait tout risqué pour se rendre jusqu’ici, jusqu’à trahir
son secret à des gens comme Lex Luthor. Il n’allait pas faire marche arrière
maintenant. Il accentua son regard sur cette lumière blanche, dans la cavité
circulaire creusée dans le mur. Elle s’atténuait si vite que Kelhan
parvenait déjà à voir une sphère floue apparaître à l’intérieur, posée
sur u étrange trépied. Mais ce qui attirait son attention était cette voix,
murmurante, qui parlait d’une voix veloutée, une voix presque couverte par le
souffle continu :
« L’ascension de l’élu atteint son terme … il est là … il attend son
heure … »
Ces mots se répétèrent plusieurs fois de suite, Kelhan ne les comprenait
pas. Mais il ne se déviait pas de sa tâche, une tâche tant attendue …
Aussi, il porta à nouveau sa main vers la cavité et, d’une lenteur étonnante,
l’amena à entrer dans la brèche. Il tendit les doigts, regardant son geste.
Il pouvait presque la toucher du bout des doigts, le « graal » de son
existence était à portée de main …
C’est à cet instant qu’une violente onde de lumière rouge jaillit de la
sphère restée floue et jaillit sur le corps de Kelhan. Ce dernier fut obligé
de reculer de trois pas, tant la puissance était intense. Il regarda avec
effroi la paroi, ne comprenant pas ce qui s’était passé. La voix murmurante
continuait de parler :
« L’ascension de l’élu atteint son terme … il est là … il attend son
heure … »
???: tu n’es pas l’élu …
Surpris, Kelhan se retourna vers l’entrée de l’anti-chambre et vit, dans
l’entrée béante, aux contours naturels, une silhouette se détachait dans le
contre-jour de la lumière blanche.
???: seul l’élu a le pouvoir d’assimiler ce savoir … j’en déduis
donc que tu n’es pas cet élu …
Il n’en fallait pas plus à Kelhan pour laisser sa colère culminer à un
point explosif. Etirant les traits de son visage en une haine infâme, il releva
son bras tendu devant lui et tendit ses doigts à la perpendiculaire de ce bras.
Il lança alors :
Kelhan : « Azionare »
Aussitôt, une onde de lumière rouge quitta la paume de la main de Kelhan
et, suivie par des ondes de la même couleur, plus brouillées, traversa
l’espace entre les deux jeunes hommes et frappa l’inconnu en plein torse.
Sous l’effet de l’impacte, il s’envola vers l’arrière et atterrit, après
un long envol, sur l’autel qui explosa en lambeaux de bois sous son poids.
Kelhan baissa lentement la main et ramena son bras le long de son flanc.
Observant le résultat de son incantation, il avança d’un pas délicat vers
l’entrée, la franchit et s’arrêta sur le sol de pierre, devant l’entrée.
Il se retourna une dernière fois vers l’anti-chambre, regardant la cavité
dans le mur se refermer tandis que le murmure et le vent disparaissaient. Ses
yeux d’un noir charismatique exprimaient une claire déception : il lui
faudrait trouver un autre moyen …
Il détourna la tête.
[La caméra filma l’anti-chambre alors qu’un violent coup de vent s’éleva,
au moment où Kelhan disparaissait. L’élu n’était donc pas encore prêt et
viendrait en ce endroit, le moment venu, après sa renaissance …]
Appartement
de Loïs LANE – Metropolis --- 9h01
[Un plan rapide, braqué droit devant, filmait la paroi en plaque de verre
d’une haute tour, à tout juste deux mètres. D’un travelling vertical
vertigineux, la caméra laissait ainsi défiler un à un, chaque étage d’une
de ces tours caractérisant le centre de Metropolis. A une vitesse défiant
toute logique, les terrasses présentes derrière les petits murets couverts de
verre étaient péniblement visibles, n’apparaissant qu’une courte seconde.
Ce plan dura un certain moment avant que, arrivée à hauteur du quinzième étage,
la caméra ne se fige sur place, filmant droit devant et écoutant les bruits
lointains de la ville, mêlant sirènes de police et bruits de voitures. Alors,
elle commença à analyser en tous points la terrasse devant elle, précédant
l’entrée vers l’appartement de la jeune Loïs Lane]
Il s’agissait d’une petite terrasse, encrée entre deux parois de verre, sur
les côtés et un plafond plutot bas, de consistance solide. Elle était
pratiquement vide, si l’on ignorait les quelques objets sans valeurs, disséminés
un peu partout, preuve du manque d’ordre de la propriété de Loïs. Le seul
élément immeuble était cette balancelle à l’armature métallique bleue,
couverte d’épais coussins. Etrangement, elle se balançait lentement
d’avant en arrière, comme si quelqu’un s’en était levé quelques minutes
plus tôt. Au fond de la terrasse, deux des portes vitrées menant au salon étaient
restées ouvertes, dévoilant une partie de la salle.
[La caméra survola le muret et pénétra sur la terrasse. Avançant lentement,
elle contourna la balancelle par la droite et s’approcha des portes, plus
loin, par l’embrasure desquelles elle passa. Arrivée à l’intérieur du
salon, elle pivota sur la droite et observa un court instant la table de salle
à manger, couvertes d’un capharnaüm sans équivoque, sorte d’entassement
de déchets alimentaires, de vaisselle en tous genre et de vieux journaux du
Daily Planet. Visiblement, la présence ordonnée de Chloé, la cousine de Loïs,
n’avait pas suffi.
La caméra reprit sa marche et contourna la table vers le mur de droite, une
porte était restée entrouverte. De la salle se trouvant derrière s’échappait
un faible faisceau de lumière pâle, passant sous la porte et par l’entrebâillement.
Elle s’en approcha lentement et, arrivée à sa hauteur, la poussa doucement
avant d’entrer dans la chambre des filles.]
Il s’agissait d’une salle plus large de gauche à droite que d’avant en
arrière. Le mur de droite était entièrement constitué d’une paroi vitrée,
donnant sur le centre ville, au bas de la tour. Mais, en cet instant, un rideau
rigide, de couleur bleu dur, était tiré et empêchait la lumière d’entrer
dans la salle. Un lit y était aligné, à la parallèle, sa tête accolé au
mur, dans le dos de la caméra. Et, contre le mur face à la porte, se trouvait
le bureau de Loïs. Dessus étaient posés l’écran plat, noir, d’un
ordinateur, un clavier sombre lui aussi et la souris sans fil assortie. Une lame
amovible, de couleur blanche, était posée prêt du mur, son ampoule éclairant
tout le bureau et une partie de la chambre. C’était cette lumière qui
passait sous la porte de la chambre.
En cet instant, le clavier avait été posé contre le mur, laissant la place à
Chloé de travailler correctement. Assise sur le fauteuil du bureau, sa veste en
beige posée sur le dossier, Chloé était penchée vers le mur, attelé à ce
qui l’avait réveillée. Une pile d’enveloppes blanches étaient posé sur
le coin droit du bureau, contre le mur. Celle du dessus comportait le mot «
Clark », en lettre bleues rondes. Chloé venait de prendre une dernière
feuille blanche, qu’elle posa sur le bureau, se préparant à écrire la dernière
lettre.
La nuit dernière, Chloé avait vu, pour la énième fois, son rêve défiler
dans sa tête, un rêve présent dans son esprit depuis son amnésie. Chaque
nuit, depuis ce jour, il s’était précisé jusqu’à devenir si claire, la
nuit dernière, que Chloé s’était réveillé brusquement et avait compris ce
qu’il signifiait. Il lui indiquait la voie à suivre, ce qu’elle devait
faire à tous prix pour retrouver la paix. Ce flash lumineux doré ne pouvait
avoir qu’une origine, une seule, Chloé en était certaine. Sa rencontre avec
Virgil Swann prenait tout son sens …
Chloé saisit une nouvelle fois le stylo plume, sur le bureau et posa sa plume
dorée sur le haut de la feuille et inscrivit en lettres rondes, le mot « Loïs
». Lorsque le « S » fut visible, ma musique « Here with me », interprétée
par DIDO démarra, envoutant de par sa douceur. Loïs, depuis qu’elle hébergeait
Chloé, avait toujours voulu savoir ce que sa cousine lui cachait, ce que
signifiait ces cauchemars et surtout pourquoi elle travaillait pour Lex Luthor.
Elle allait enfin avoir les réponses. Aussi, marquant un paragraphe, Chloé
amena sa plume à glisser sur la feuille blanche et commença sa lettre. Après
quelques mots, la voix de la jeune journaliste s’éleva, d’une façon résonnante,
couvrant la musique et lut les mots de Chloé :
« Je sais combien il te sera difficile de croire à ces mots, toi la prêtresse
du Normal mais, crois-moi, si tu avais vécu un temps soit peu à Smallville, tu
trouverais ça presque logique. Dans tous les cas, si j’ai un conseil à te
donner c’est : « accroches-toi bien ». Ce qui va suivre dépasse de loin
tout ce que tu pourrais imaginer de pire alors si tu ne te sens pas capable de
le supporter, ne lit pas la suite. Je pense que, te connaissant, cette éventualité
n’est même pas à envisager … »
Chloé marqua une courte pose, en levant la plume dorée gravée dans sa
largeur, du mot « Truth », en lettres rondes attachées. Elle effectua u
nouveau paragraphe et se remit à écrire. Les mots défilèrent pendant de
longues secondes, avant que l’effet technique suivant n’apparaisse.
[Un phénomène de flou qui montra, dans le même temps, le visage sérieux de
Chloé, les yeux tournés vers la lettre, la plume dorée glissant sur le papier
et, en arrière-plan, une violente chute de météorites, aux reflets
verdoyants, frappant une petite bourgade du Kansas. Cette même chute qui lui
avait valu son amnésie]
La voix de Chloé reprit, de ce même ton morne :
« Tu n’es pas sans savoir que, l’an dernier, une deuxième chute de météorites
a frappée Smallville, ce qui m’a valu mon amnésie. J’ai depuis longtemps
enquêté sur l’effet nocif de ces météorites sur la population, sur les
victimes sans jamais penser que je pouvais faire partie de ces victimes. Les météorites
ne m’ont pas simplement rendu amnésique, elles m’ont rendue meilleure,
d’une certaine façon … »
Un flash de lumière blanche laissa apparaître l’un des souvenirs de Chloé,
le plus important certainement. Des bords flous encadrèrent l’image et, peu
après, en son centre, le corps inerte de Chloé y fut visible. En position fœtale,
Chloé gisait sur un sol dur, blanc, parsemée de débris de pierre. Certaines
d’entre elles comportaient une roche verte, brillant d’une lueur éclatante.
Le front de Chloé était fendu d’une coupure, d’où s’échappait un filet
de sang. Des infimes fragments de Kryptonite verte la bordaient.
[La caméra effectua un gros plan fulgurant et pénétra à l’intérieur de la
blessure. Le flot sanguin apparut alors, auquel se mêlaient des particules
vertes, tel un virus. Un nouveau flash lumineux sépara cette image, de la
suivant, qui montra le cortex cérébral de Chloé : en son centre, un gros
frament de pierre verte était logé. Des veines vertes partaient de la pierre
et sillonnaient lentement la partie du cerveau, du dessus]
« J’ai mis un temps fou à m’en rendre compte, peut être parce que pour
moi, la vérité était ailleurs. Mais les réponses à mes questions se
trouvaient, depuis toujours, dans mon sub-conscient. Et quand je me suis enfin
rendu compte, j’ai compris que depuis cette chute de météorites, une épée
de Damoclès flottait au dessus de ma tête ... »
Chloé semblait partie pour terminer la lettre d’un trait, tellement sa
vitesse d’écriture impressionnait. Jamais l’inspiration n’avait été
telle. Un flash lumineux blanc fit disparaître l’image de Chloé, écrivant
sa lettre et, après une transition fluide laissa apparaître une toute autre
image, bordée de flou, le souvenir du rêve de Chloé, la nuit dernière. Une
lueur dorée se reflétait dans la rétine noisette de ses yeux, grossissant
rapidement en taille. La lumière semblait se rapprocher de Chloé qui, au fil
du temps, écarquillait de plus en plus les yeux.
[La caméra filma au travers des yeux de Chloé : un raz-de-marée de lumière
dorée avançait vers elle et l’enveloppa]
Le flash de lumière blanche laissa réapparaitre la plume de Chloé.
« Et le jour où elle s’abattra sur moi est arrivé … Ce matin, j’ai
trouvé des réponses à mes questions et établi les connexions, entre tous ces
évènements. Je sais ce qu’il me reste à faire … »
Tandis que Chloé poursuivait son exposé par écrit, un nouveau flou laissa
apparaître, comme la première fois, la plume de Chloé glissant sur le papier,
son visage crispé par le sérieux et cette fois, en arrière plan, la
silhouette mince de Loïs, vociférant avec rage contre sa cousine.
« Tu voulais que je sois honnête avec toi ? Je vais l’être. Mais comme je
l’ai dit, certaines vérités sont dangereuses. Et celle que je m’apprête
à te confier était à prendre avec des pincettes. Tu devras, pour ta propre sécurité,
la garder pour toi … »
Chloé marqua une pause, en levant sa pause au début de son nouveau
paragraphe. Devait-elle réellement confier ce secret à Loïs ? Après tout,
pour le moment, seul Clark connaissait cette partie. Clark et Lex, bien entendu,
puisque tous deux étaient concernés. Mais Loïs n’avait pas réellement
besoin de le savoir. Chloé savait ce que cela entraînerait : Loïs voudrait
certainement en savoir encore plus et entrerait dans les filets de Lex. Le
visage de Loïs, furieuse, réapparut aux yeux de Chloé. « Elle a le droit de
savoir », lui souffla une petite voix qui sonnait comme celle de la raison.
Aussi, elle se remit à écrire.
« Il existe une prophétie millénaire, peinte sur des grottes indiennes de
Smallville. Selon elle, deux êtres autrefois frères s’affronteraient
finalement pour la paix de la planète. Le premier, Naman, serait tombé du ciel
dans une traînée de flamme et doté de pouvoirs surhumains. Le deuxième,
Saguis, serait le descendant de la cruauté humaine … Ta première réaction
sera sûrement, à peu de choses près, la même que la mienne « Sur mon
bizarroïdomètre, ça vaut 13 sur 10 ! ». Mais quand tu ajoutes à cela que
Naman est l’un de mes meilleurs amis et que je l’ai vu dans ces œuvres, tu
te demandes si ce n’est qu’une absurdité parmi d’autres … »
Chloé voyait déjà d’ici la réaction de Loïs : un ricanement amusé
suivi d’un ahurissement à toute épreuve. Elle entendait même déjà la
question : « Je le connais ? ». Mais cela, Chloé jamais elle ne lui
confierait. Clark souhaitait garder son secret caché et elle respecterait sa
volonté. Loïs finirait peut être par le savoir, d’une manière ou d’une
autre mais, ce ne serait pas par le biais de sa cousine.
Les mots martelaient le papier blanc, l’imprimant à une vitesse défiant les
lois naturelles. L’inspiration passait, en un flot continu, de l’esprit de
Chloé vers sa main, sans s’arrêter. Elle avait déjà presque un paragraphe
d’avance sur sa voix :
« Tu dois sûrement avoir ton idée sur qui est ce Saguis. Et je te le donne en
mille, c’est … Lex Luthor. Tu veux savoir pourquoi j’ai accepté de
travailler pour lui, en sachant cela. EN fait, je l’ai appris il y a moins
d’une semaine. Au début, je croyais qu’il était le gentil de l’histoire,
oui je sais c’est dingue ! Mais maintenant, je prends pleinement conscience de
mon erreur. Lex est bien plus que le digne successeur de Lionel Luthor. Lui ne
se contente pas de pérenniser l’avenir de son entreprise. Non … Lex voit en
beaucoup plus grand. Il est prêt à tout, absolument tout, pour obtenir tous
pouvoirs … »
L’image laissa une nouvelle fois disparaître la lettre de Chloé pour
laisser apparaître un autre lieu, bordé de flous. Une nouvelle fois, le corps
de Chloé apparaissait au centre, en mauvaise posture, une habitude pour la
jeune journaliste. Cette fois elle était à quatre pattes sur un sol dur et
pousséireux et sentait, peu à peu, toute vie la quitter sans qu’elle puisse
rien y faire. Le regard braqué vers le sol, elle essayait, en vain, d’aspirer
le plus d’air possible. Mais l’oxygène avait beau entrer dans ses poumons,
il ne semblait ravitailler ses organes respiratoires. Soudain, elle sentit une
main lui saisir le menton et lui forcer à relever la tête. Elle vit alors,
face à elle, Lex Luthor accroupi, le sourire aux lèvres. Le fait d’avoir le
pouvoir d’ôter la vie de Chloé, d’un clignement des yeux, rendait Lex
extatique.
L’image s’éclaircit nettement, les bords flous disparurent, la lettre de
Chloé prit la place de l’image précédente.
« Face à un tel mal, tu viens à te demander si quelqu’un d’assez fort
pourra un jour l’arrêter. Et comme je te l’ai dit, heureusement, il existe
bien quelqu’un … »
Chloé continuait d’écrire à cette vitesse effarante, accentuant son écart
entre le moment de son écriture et le moment où sa voix s’élevait, résonnant.
« Tu ne comprendras peut être pas cette lettre, pas tout de suite. Mais le
moment venu, je veux que tu respectes ma volonté : ne cherches pas à savoir ce
qu’il me sera arrivée … promets-le moi ! »
Chloé venait de terminer la lettre, les ultimes mots du tout dernier
paragraphes venaient d’être gravés dans le papier. Pourtant, sa voix avait
encore ce dernier paragraphe à lire, à haute voix. Elle commença à le faire,
tandis que les paroles de « Here with me » se faisaient plus fortes et que la
jeune journaliste posait son stylo plume sur le bureau et entreprenait de plier
la lettre destinée à Loïs en trois.
« Je suis certainement la seule personne au monde à savoir combien ta vie,
jusqu’ici, a été difficile. Et j’aimerais pouvoir te dire que, demain,
elle s’améliorera. Malheureusement, je ne peux pas. Mon départ
t’affectera, j’en suis sûre mais je comptes sur toi pour aller de l’avant
et oublier ce triste jour.
Le moment viendra où tu trouvera ce beau jeune homme, dont tu rêves secrètement.
Ce bel apollon qui saura t’aimer comme tu le mérites et surtout, saura te
supporter … tu me manques déjà
Chloé »
La voix de Chloé se tut et les paroles interprétées par DIDO prirent toute
leur ampleur. Chloé prit une dernière enveloppe, près de l’écran de
l’ordinateur, sur la gauche et mit à l’intérieur la lettre pliée en
trois. Elle enleva la bande de papier couvrant le bord collant de l’enveloppe
et joignit les deux bords. Elle retourna l’enveloppe et prit de nouveau sa
plume. Elle inscrivit au centre de l’enveloppe, le prénom « Loïs », très
lentement, avant de l’observer pendant de longues secondes. Puis, elle prit le
bouchon du stylo plume, déposé sur le bureau et le reboucha. Elle déposa le
plus délicatement possible le stylo, au dessus de l’enveloppe et observa une
nouvelle fois l’enveloppe. Lorsque Loïs la découvrirait, Chloé serait en
train de prendre de grands risques.
Enfin, Chloé fit rouler le fauteuil vers l’arrière en se levant. Elle
contourna le fauteuil et se plaça derrière. Elle saisit sa veste et, armé
d’un regard plongé au plus profond de ses pensées, elle l’enfila. Elle
poussa ensuite le fauteuil sous le bureau et prit la pile d’enveloppes. Sans
éteindre la lumière, Chloé se retourna et s’éloigna vers la salle à
manger.
La porte d’entrée de l’appartement claqua au moment où la dernière phrase
de la chanson était prononcée par la chanteuse : « Until you're resting here
with me », autrement dit, « Jusqu’à ce que vous dépendiez de moi. Ce
moment était arrivé, pour Chloé.
Appartement
de Kelhan ENDER – Metropolis --- 9h28
[La caméra installée dans l’embrasure de la porte du salon, se trouvant
dans son dos, filmait droit devant le mur situé en face, qui encadrait ainsi le
petit corridor, s’étendant vers la gauche, où se trouvait la porte d’entrée
de l’appartement de Kelhan et Lana]
La porte noire, encrée dans le mur était restée entrouverte, laissant un fin
filet de lumière passer sous elle et par l’entrebâillement. Visiblement, une
petite lampe à l’impacte luminaire limitée était allumée et éclairait
tant qu’elle le pouvait les recoins de la petite chambre des amoureux.
L’accompagnant vaillamment, des bruits mats assez irréguliers s’extirpaient
de la salle, démontrant sans nul doute qu’une personne, tout au moins, se
trouvait derrière cette porte et s’activait avec vitesse et frénésie. Les
bruits se succédaient, dans un brouhaha infernal comme si cet étrange inconnu
mettait la salle sens dessus dessous. Quel que fut ce qu’il cherchait il ne
faisait aucun doute qu’il n’avait aucune idée d’où il pouvait se
trouver. Peut être ne faisait-il même pas partie du couple Kelhan/Lana.
Après quelques secondes, une ombre passa derrière la porte, devant l’entrebaillement
diminuant ainsi instantanément la lumière qui s’échappait de la salle. Mais
la seconde suivante, le phénomène était revenu à sa situation initiale. Le
quasi-silence qui avait accompagné le déplacement de la personne, dans la
chambre, fut alors rompue par les bruits sourds, de plus en plus violents, qui
reprirent leur place rapidement. Après de nouvelles longues secondes, un bruit
plus violent que les autres se fit entendre, comme si un tiroir avait été jetée,
avec une force effarante, contre un des quatre murs de la salle. Un juron féroce
s’en suivit, avant que le silence ne revienne, une fois de nouveau.
L’instant suivant, un nouveau bruit mat, plus proche que les précédents, se
fit entendre avant que l’inconnu ne tire brutalement la porte vers lui,
l’ouvrant d’une manière peu habituelle. Bien que la caméra se trouvait
face à lui, elle n’eut pas le temps nécessaire de la filmer et de reconnaître
sa personne, tant son pas, dirigé vers le son, était rapide.
[La caméra filma son torse, couvert d’une chemise en soie noire, fonçant
vers l’objectif. A l’instant où son corps heurta la caméra et la traversa,
cette dernière se retourna et filma le salon, auparavant dans son dos et put
filmer la silhouette qui s’éloignait. Elle lui emboîta le pas et le suivit,
en diagonale, vers le mur du fond, face à l’entrée, à un endroit proche du
balcon, sur la gauche. Elle s’arrêta sur la droite du jeune homme, le filmant
en contre-plongée]
Habillé également d’un jean délavé aux formes élargis, cet homme d’un mètres
quatre-vingt portait des vêtements qui mettaient de manière efficace son
visage blanc en valeur. Ses cheveux d’un noir de jais coiffés à plat et son
regard d’un bleu saphir ressortaient inexplicablement, l’enveloppant d’une
aura calme qui était préservée malgré cette tension, ce désarroi qui
circulait dans chacune des veines de son organisme. Faisant désormais face à
un meuble à étage en fer, Ian Nash, les sourcils froncés par le mécontentement,
dévirait un à un chaque élément rangé sur les étagères, à savoir livres,
DVD et autres CD audio. Aucun doute possible, il était à la recherche d’un
élément bien précis dont il ne connaissait absolument pas la place.
Ayant vidé chacune des quatre autres étagères, Ian s’accroupit afin de se
mettre au niveau du dernier étage, aligné au sol en PVC. Il se mit à nouveau
à tout dévirer, d’une manière impulsive qu’on ne lui connaissait. Lui qui
d’ordinaire était si calme et réservée était devenu une véritable tornade
humaine.
???: serait-ce ceci que tu cherches ?
Le cœur de Ian fit un bond sensationnel, dans sa poitrine. Jusqu’alors il
battait à une vitesse accélérée en sachant que s’il ne trouvait pas ce
qu’il cherchait, il finirait certainement dans cet endroit auquel il pensait
sans interruption, depuis de nombreux, trop nombreux mois. Mais cette voix,
calme et froide à la fois, implacable et enivrante, lui rappelait qu’un autre
moyen, beaucoup plus rapide et radical pouvait l’y mener. Sachant ce qu’il
s’apprêtait à voir, Ian se releva et, après avoir regardé un long instant
l’étagère d’un regard désemparé, il se retourna et posa son regard derrière
lui, vers l’autre mur.
Un deuxième homme, à la carrure semblable, était adossé à ce mur, accolé
contre lui. Vêtu d’un simple jean grisé et d’une veste zippé de couleur
noire, ornée d’une large capuche, il regardait Ian droit dans les yeux. Ian
passa rapidement son regard bleu claire, du visage bronzé, au regard profond et
puissant de Kelhan Ender vers sa main droite, dont les doigts faisaient tourner
lentement un fin tube cylindrique de fer luisant. Tandis que son visage
explosait en un désarroi sans égal, Ian ne put alors plus détacher ses yeux
du tube. Il aurait pu le chercher infiniment, dans cet appartement. Kelhan le
portait continuellement sur lui, pour éviter de se faire doubler. Au départ,
cela n’avait été qu’une simple précaution en laquelle le jeune Ender ne
croyait pas mais il se rendait finalement compte que c’était en fait une
assurance dont il ne pourrait plus se passer. Le visage de Ian se décomposa
alors que Kelhan reprit la parole, en regardant au plus profond des yeux, un Ian
qui restait médusé face à la pensée de ce que Kelhan était capable de lui
faire.
Kelhan : tu me déçois Ian …
Ian, ne supportant la pleine puissance des yeux de Kelhan, débordant
s’assurance et de charisme, baissa les siens et posa son regard azur sur le
sol claire du salon. Kelhan en profita pour s’écarter du mur et décroisa les
bras. Il releva les yeux en avançant de deux pas vers Ian, re-pointant son
regard profond droit devant lui. Il s’arrêta à deux mètres de Ian et
reprit, de cette même voix calme mais sur un ton ouvertement cassant, à
l’instant où il jetait le tube de métal vers Ian :
Kelhan : tu ne crois pas que ça aurait été plus simple de me le
demander ?
Le tube de métal tomba bruyament sur le sol dur et roula lentement
jusqu’aux pieds de Ian. Ce dernier regarda un long moment le tube rouler
jusqu’à lui, tandis que Kelhan le regardait faire, sans un sourire, sans une
nuance de joie, de supériorité ou de tout autre sentiment. Il semblait
impassible, comme si son cœur, en cet instant, ne ressentait plus rien du tout.
A croire que le Kelhan connu par Lana et celui se trouvant dans le salon, en cet
instant précis, n’avaient rien à voir.
Ian releva les yeux et les dirigea vers Kelhan, à qui il adressa un large
sourire :
Ian : merci Kelhan …
Ce dernier ne lui adressa pas un seul sourire. Il se contenta de cligner des
yeux, ce que Ian considéra comme une acceptation de ses excuses. Il baissa les
yeux et porta son regard sur sa droite, de l’autre côté du salon. Il avança
vers la petit table installée près du fond de la salle, entre le meuble
audio-visuel logé contre le mur de droite et le canapé en cuir, logé contre
celui de gauche.
Tandis que Kelhan entreprit de contourner la petite table de verre et de
s’asseoir dans le cuir confortable du canapé, Ian, quant à lui,
s’accroupit et ramassa le tube de métal, à ses pieds. Se relevant avec une
adresse retrouvée, Ian, observa un long moment le tube de métal, posé à plat
sur la paume de sa main. Il détourna ensuite la tête vers la gauche, regardant
Kelhan, assis dans le fond du canapé. Ce dernier souffla bruyamment en se
posant les mains à plat contre le visage, en signe d’une lassitude éperdue.
Ian effectua lui une moue caractéristique ; il comprenait plus que personne le
sentiment de Kelhan. Tous deux se trouvaient dans la même situation, ce qui les
rapprochait, dans les bons comme dans les mauvais moments.
Ian s’avança d’un pas rapide vers Kelhan et s’assit à son tour dans le
canapé, à côté de son ami. Kelhan enleva les mains de son visage et prenant
un air ouvertement creusé par la fatigue, se mit à regarder droit devant lui.
Ian, une fois installé correctement, reprit la parole et expliqua ce qui lui
paraissait utile d’être expliqué.
Ian : Lex m’a appelé après ton départ ! Selon lui, la traduction de
la partie Sethi était inexacte : le cristal ne se trouvait pas à l’endroit
prévu au départ … j’ai eu peur que tu sois assez contrarié …
Kelhan resta un instant impassible, ce que Ian trouva étrange. Etrange
qu’il ne se sente pas plus concerné, alors que la possession de ce cristal
changerait tout pour lui, toute sa vie. Ce seul cristal du Savoir pourrait lui
enlever cette part de lui qu’il haïssait tant.
Mais finalement, Kelhan tourna la tête sur sa droite et fixa intensément son
ami :
Kelhan : vous aviez tous les deux raison … le cristal n’y était plus
et je suis assez contrarié …
Ian essaya avec toute la force qui circulait encore dans son organisme de
fixer son ami au charisme effarant sans grande réussite. Il dût pourtant
faiblir rapidement et abaisser son regard vers la table basse. Non pas que
Kelhan voulait le rendre soumis à sa puissance mais que, même sans le vouloir,
il parvenait à mettre mal à l’aise même les personnes qui lui tenaient à cœur.
Cette part d’ombre, présente en lui depuis de nombreuses, trop nombreuses périodes,
agissait parfois à son insu. Il lui devenait de plus en plus difficile de
lutter contre, là était la raison de sa quête du cristal du savoir, seul élément
au monde qui pouvait lui venir en aide, désormais. Même la mort ne pourrait
lui venir en aide.
Kelhan : mais je ne peux et ne veux pour rien au monde me priver de ton
amitié … et tu le sais aussi bien …
Ian releva du même coup la tête et les yeux vers un Kelhan devenu
soudainement très amicale, cette part de lui qui rendait Ian meilleur, meilleur
qu’il ne l’avait jamais été.
Ian esquissa un sourire avant que Kelhan ne déporte son regard devant lui,
redevenant aussi sérieux et entouré de pensées dominantes qu’auparavant.
Ian port lui son attention au tube de métal, tenue dans sa main droite.
Lentement, il baissa son regard d’un bleu ensorcelant vers ce tube et, après
l’avoir caressé de longues secondes, en dévissa le capuchon circulaire qui
le fermait hermétiquement. Une fumée froide épaisse en sortit alors tandis
que Ian le faisait basculer vers la paume de sa main droite. Il y laissa tomber
un tube de verre, rempli d’un liquide transparent semblable à de l’eau. Il
retira le tube de métal et le posa sur la table de verre. Il porta alors toute
son attention au tube de verre.
D’une perfection à toute épreuve, son fin verre était terminé, à une de
ses extrémités en une pointe fine, constituée d’un alliage de métal
semblable à du carbone de couleur noire et luisant étrangement. Ian retroussa
alors la manche droite de sa chemise, jusqu’à mi-bras. Il ferma les yeux,
crispant son visage de façon douloureuse et amena le tube vers son avant bras.
Il enfonça l’extrémité pointue contre une veine bien en évidence et appuya
plus fortement. Le liquide, dans le tube, se vida en tout juste trois secondes
et Ian reprit son souffle, avant de retirer le tube. Kelhan attendit que son ami
en ait fini de son traitement et reprit enfin la parole, d’une voix calme :
Kelhan : qu’est ce que tu sais exactement sur le nouvel emplacement du
cristal ?
Ian : (après un moment) pas grand-chose en fait ! Ceux qui ont caché
ces cristaux étaient très avancés, technologiquement mais avaient laissé des
indices pour les deux autres cristaux. Mais en ce qui concerne celui du Savoir,
la Prophétie s’arrêta au moment où il avait été caché dans l’église
Del Profeta. Le seul élément qui parait réellement claire c’est qu’un
seul homme, l’élu, sera à-même de le retrouver …
Kelhan resta un long moment silencieux, écoutant soigneusement les mots de
Ian. Le seul mot qui l’avait réellement interessé avait été « l’élu ».
Ce mot rejoignait à la perfection l’interruption de cet étrange homme, à
l’église. Ian interprêta ce silence à la perfection.
Ian : tu penses qu’il pourrait s’agir de Kal-El ?
Kelhan : (après un moment) non … si Kal-El avait pu s’en emparer,
j’en aurais aussi été capable. Le même sang coule dans mes veines …
Ian : Anu’kh pourrait sûrement
Kelhan : non, il s’en serait déjà emparé sinon … non il s’agit
de quelqu’un d’autre …
Mais désormais, Kelhan ne portait plus aucune importance à l’identité de
cet élu. Le seul élément qui l’intriguait était cet élément, sphérique,
qu’il avait entrevu aux lieux et places du cristal. Que ce pouvait-il bien être
? Tout de sa forme parfaite et sa consistance sans équivoque de tout ce qu’il
avait jusqu’à présent l’amenaient à penser qu’elle n’était ce seul
élément mystificateur censé remplacer le cristal du Savoir mais bien plus que
ça. Peut être même que sa valeur allait au-delà de celle que Kelhan
inculquait au cristal. Peut être cette sphère pourrait-elle lui apporter ce
qu’il cherchait avec tant de ferveur ?
En regardant attentivement son ami, penché à demi vers la table, le regard
absorbé par la contemplation du téléviseur, en face, Ian comprit que quelque
chose, autre que cet élu, attisait sa réflexion. Après un moment d’hésitation,
le jeune Nash se décida à poser la question qui lui brûlait les lèvres :
Ian : dis-moi, qu’as-tu réellement vu à la place du cristal ?
Kelhan resta un instant immobile, toujours absent du monde qui l’entourait.
Puis, comme résigné à l’idée de devoir se confier, Kelhan se laissa aller
contre le dossier du canapé et prit la parole, d’une voix emplie de tourment
:
Kelhan : j’ai vu une sphère, très étrange. Lorsque j’ai essayé de
m’en saisir, une sorte d’onde de choc m’a repoussée ! Mais le plus
bizarre c’est que je sens, non ! Je sais que j’ai déjà vu cette sphère,
mais où ?!
Ces mots prononcés, Kelhan tourna lentement la tête sur sa droite et posa
un regard empli de charisme dans le plus profond des rétines bleues de Kelhan.
Ian : je suis désolé, mais je ne peux pas t’aider cette fois …
Après quelques secondes, Kelhan finit par détourner le regard et à se
remit à regarder droit devant lui. Ian, lui, continua de le regarder avec
avidité. L’élément que venait de lui révéler Kelhan était d’une très
grande importance : jusqu’à maintenant, il avait pensé que l’emplacement
du cristal devait être vide. Or, selon les dires de son ami, un objet très spécial
le remplaçait. Restait à savoir de quoi il s’agissait …
Suite à ce moment de réflexion, plus long que prévu, Ian finit par en venir
au sujet qui, depuis de nombreux jours, hantait son esprit malléable :
Ian : Kelhan … je crois qu’on devrait parler du parchemin à Lex !
Cette fois, les idées noires et brumeuses du cerveau de Kelhan s’estompèrent
en une fraction de seconde, seule l’affirmation de Ian était présente dans
son cortex cérébral. Il tourna vivement la tête vers Ian et lui adressa cette
phrase pleine de conviction :
Kelhan : il ne doit surtout pas savoir, Anu’kh serait furieux !!
Ian : mais il s’agit de sa mort, je te signales ! Peut être que si on
lui expliquait, il abandonnerait la quête des cristaux !
Kelhan : (voix pleine de gravité) cette fin est inscrite depuis la nuit
des temps : l’héritier des Luthor doit mourir, après avoir transmis son héritage
… il ne peut en être autrement …
Bois
du Central Park – Metropolis --- 09h22
Lana : Clark !!
Lana essayait à grand peine de suivre un Clark aux pulsions explosives.
Depuis l’instant où il s’était réveillé dans le Central Park de
Metropolis, Lana à ses côtés, une seule idée tiraillait son esprit tourmenté
: comment s’était-il retrouvé au beau milieu du parc, en début de matinée
alors qu’aucun de ses souvenirs n’alimentaient son trajet ? Cette question
valait certainement des millions. Comme toujours lorsqu’il observait un trou
de mémoire dans une journée, Clark la reliait à l’emprise de Kal-El.
Pourtant cette fois, ce laps de temps était loin de coïncider avec une perte
de mémoire ; Clark se rappelait en détail tout ce qu’il avait fait. Comme si
Kal-El lui avait ouvert son esprit, pour une raison restée obscure.
Aussi, dans la tête de Clark, une seule solution pouvait lui amener des réponses
: se rendre au lieu dans lequel s’était rendu Kal-El dans son pseudo-rêve.
C’est pourquoi en cet instant, plusieurs minutes après le réveil subite de
Clark, ce dernier arpentait une étroite allée terreuse, curieusement familière,
qui s’enfonçait dans les profondeurs du bois artificiel de Metropolis. A 6 mètres
derrière, la jeune Lana Lang essayait à grand peine de calquer son pas sur le
sien, tout en tentant sans grande efficacité d’interrompre la marche du jeune
homme
Lana : (énervée) Clark, tu m’écoutes quand j’te parle !
Mais il ne faisait aucun doute que le jeune n’avait aucunement
l’intention de s’arrêter, encore moins de se retourner. Il continuait de
marteler le sol de ce pas lourd et rapide, le regard pointé droit devant lui
vers la suite du chemin sillonnant. Son regard brun posé sur la nuque couverte
de quelques cheveux bruns de Clark, Lana le suivait autant qu’elle le pouvait,
les traits de son visage tirés par l’inquiétude.
Lana : dis-moi où tu vas au moins !
Lorsque Clark répondit, sa voix trahit ce qu’il essayait de faire passer
comme message à Lana, en s’enfonçant tête baissée dans ce bois ; à savoir
qu’il était prêt à tout pour arriver à sa destination et qu’aucun
sentiment ne quittait son corps. Sa voix fut douce et saccadée, preuve que son
« rêve » était toujours présent dans sa tête et que l’impacte émotionnelle
n’avait pas perdu de son importance :
Clark : vérifier que je n’ai pas rêvé !
Lana n’y comprenait plus rien. Elle retrouvait Clark endormi au beau milieu
du Central Park, comme s’il y avait passé la nuit. Et maintenant il avançait
comme un forcené en direction du cœur du bois en affirmant qu’il voulait
prouver qu’il n’avait pas rêvé. Ses paroles n’avaient aucun sens.
Lana : (sourcils froncés) tu comptes me dire ce qui se passe parce que
je n’y comprends strictement rien !!
Clark : (sèchement) non !!
Jamais Lana n’avait entendu Clark lui parler sur ce ton. Au moment où il
avait prononcé le mot « non », le cœur de l’ex-pom pom girl fit un bond phénoménal
dans sa poitrine. Quelles que soient les raisons qui menaient Clark vers ce
bois, elles devaient l’atteindre suffisament pour qu’il perde tout
self-contrôle en allant jusqu’à s’entretenir froidement avec la femme de
sa vie.
Lana eut pris sa décision en un laps de temps assez court. Endurcissant les
traits de son joli visage en une expression des plus déterminées, elle accéléra
le pas, prenant de vitesse Clark et vint quasiment à sa hauteur. A cet instant,
elle attrapa vivement la main droite du jeune fermier et l’étreignit avec
fermeté et douceur, avant de l’attirer vers l’arrière. Pris de court,
Clark se retourna et posa son regard dans celui de Lana. Cette dernière comprit
qu’elle avait vu juste : dans la clarté qui symbolisait la pureté de Clark
était lisible une peur panique sans équivoque. Lana avança d’un pas, se
collant presque à Clark, le visage tiré par la tendresse, lui demanda, dans
une voix semblable à un murmure :
Lana : qu’est ce que tu as vu ?
Clark ne put regarder les yeux de Lana que quelques courtes secondes, très
enivrantes. Il reconnaissait toute l’affection qu’elle lui portait et
interdite par sa relation avec Kelhan. Le fait qu’elle veuille tant l’aider
réveillait une souffrance endormie, qu’il ne voulait pas faire revenir à la
surface. Aussi, il baissa les yeux vers le sol et répondit, d’une voix peu sûre
:
Clark : je … j’ai …
Ce court moment d’hésitation s’éclipsa aussi vite qu’il était venu,
comme si l’influence de Kal-El, pourtant encore enfouie au plus profond de
Clark, lui rendait son assurance. Relevant un regard dur vers Lana, il ajouta :
Clark : … tu n’as pas besoin de le savoir !
Clark commença à se retourner, d’une allure rapide mais toujours,
subconsciemment fébrile, quand Lana resserra un peu plus l’étreinte de sa
main et le força à rester face à elle. Tandis qu’elle reprenait la parole
sur un ton encore plus délicat, Lana se mit à caresser tendrement le dos de la
main de son « ami » avec son pouce. Aussi, quand les mots parvinrent à son
cerveau, Clark ne put par resister :
Lana : s’il te plait, dis-le moi …
Clark, cette fois, se força à soutenir le regard enivrant de Lana. Chacune
des nuances brunes de ses rétines, chaque parcelle de brillance, reflétait un
amour enfoui qui pouvait émerger à n’importe quel instant.
Clark : j’ai vu Kal-El aller au centre de ce bois et il … il …
(baissant les yeux) te tuait …
Lana comprit immédiatement pourquoi Clark agissait ainsi. Elle voyait
parfaitement la scène : un Clark froid et insensible face à elle qui usait de
ses pouvoirs pour lui ôter la vie et un autre Clark, à côté, qui fondait en
larmes.
Sans le vouloir, Lana, au moment de l’annonce, serra fortement la main de
Clark, avant de desserrer l’étreinte lorsqu’elle s’en fut rendu compte.
Elle releva les yeux vers Clark, leur brillance encore accrue et, armée d’une
expression se voulant encourageant mais dénuée du moindre sourire, Lana répliqua,
d’une voix brisée :
Lana : mais je suis là !
Le regard braqué droit devant, dans les yeux troublés de Lana, Clark resta
un long moment impassible, immobile et muet. Puis, d’une voix charismatique,
il répondit :
Clark : j’ai besoin d’en être certain !
Lana eut juste le temps de comprendre le sens des mots employés par Clark
qu’un coup de vent lui ébouriffait ses longs cheveux. Dans ce même temps,
elle sentit la main de Clark s’arracher de son étreinte ; Clark eut pourtant
le temps de caresser, à son tour, le dos de la main de Lana de son propre
pouce. Malgré la tension qui liait les deux jeunes gens en ce début de matinée,
la jeune Lang ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Elle leva les yeux
vers la suite du chemin et, voyant les feuilles trembler sur le passage rapide
de Clark, comprit le chemin à suivre.
Refermant la main étreinte par Clark auparavant après un ultime regard, Lana
se mit à courir et longea les arbres feuillus qui bordaient l’allée, sur la
droite. Ainsi, elle effectua la courbe sur la droite que suivait le chemin et
vit bientôt, suite au tournant, le chemin descendre dans une pente ardue vers
une grande clairière. Lana s’arrêta en haut de la butte, profitant de la vue
qu’elle avait sur ce lieu que cherchait Clark.
Au bas de la butte s’étendait une grande clairière à la forme irrégulière
plus proche du cercle que d’une autre forme géométrique. Tout autour, des
arbres feuillus constituaient les pseudo-murs et leur cime créait un toit qui
empêchait, presque dans sa totalité, le soleil de percer. En résultait une
atmosphère plutot froide et obscure, qui n’effrayait pourtant pas Clark,
debout au centre de cette clairière.
Une aura de charisme à toute épreuve enveloppait la silhouette massive de
Clark. Pieds nus, vêtu d’un léger pantalon noir, il avait l’allure d’un
super-héros avec ce maillot de corps de couleur rouge vif. La tête baissée,
il contemplait en silence la terre présente à ses pieds.
Des bruits de pas précipités se firent entendre dans son dos et, quelques
secondes plus tard, la silhouette de Lana s’arrêta à droite de Clark, qui ne
bougea pas d’un millimètre.
Lana se mit à son tour à regarder le sol, assez intéressée. Mais tout ce
qu’elle vit n’était que terre et pelouse verte. Qu’est ce qui attirait
tant Clark ? D’une voix plate et absente, il ajouta :
Clark : il était là, juste devant lui …
Lana tourna lentement la tête vers Clark, caressant son visage du regard.
Lana : qui ?
Clark : (regard interessé) le rocher de Kryptonite noire …
Lana écarquilla les yeux tant la surprise était grande. Comment était-il
possible qu’un rocher de Kryptonite noir ait jamais été installé au cœur
de Metropolis ? C’était complètement invraisemblable.
Lana : tu veux dire que Kal-El s’est tenu ici même, cette nuit, devant
un rocher de Kryptonite noire ?!
Clark détourna la tête lentement vers son « amie », comme si la réplique
de Lana, pourtant très pertinente, ne suffisait pas à bénéficier de toute
son attention.
Clark : quoi ? tu ne me crois pas ?
Lana : (gênée) si si !! C’est juste que ça parait assez … irréaliste
!
Malgré l’envie poussée à l’extrême de Lana pour essayer de ne pas
blesser Clark, ce dernier ressentit dans la voix de la jeune femme ce doute qui
faisait monter la colère du jeune Kent. Elle ne le croyait pas ou, tout du
moins, elle avait beaucoup de mal à le croire.
Clark : (voix forte, outrée) il était là, je n’ai pas rêvé !! …
(baissant la voix et reportant son regard sur la terre, à ses pieds) il l’a
juste enlevé …
Clark détourna alors la tête de Lana, sur sa droite et la leva subitement
au ciel. Alors, d’une voix haute et intelligible qui renforça le soupçon sur
la clarté mentale de son ami, éprouvée par Lana, il s’exclama :
Clark : Anu’kh !! Qu’attends-tu de moi ??
Lana, elle, ne quitta pas Clark du regard une seule seconde. L’affection
qui animait jusqu’alors ses deux rétines enivrantes avait viré à la peur
profonde qui se développait depuis peu en elle. Elle saisit le bras de Clark et
tira dessus, pour attirer son attention :
Lana : (voix douce et apeurée) Clark … tu me fais peur …
Plus que le geste de Lana ou le timbre de sa voix, ce furent les mots
qu’elle emprunta qui firent chavirer son cœur. Jamais, depuis qu’ils se
connaissaient, Clark n’avait fait peur à Lana. Et cette fois, ce n’était
vraiment pas son attention.
Il baissa la tête et fit glisser sa main jusqu’à celle de Lana qui,
auparavant, serrait son avan-bras. Le jeune Kent entremêla ses doigts dans ceux
de Lana et mélangea son regard azur avec celui de la jeune Lang. Il lui adressa
alors un tendre sourire, auquel Lana ne put répondre.
Clark : tu ne dois pas avoir peur, Lana … Anu’kh veut me faire passer
un test, eh bien qu’il me le fasse passer !!
Lorsqu’elle croisa le regard de Clark, Lana vit enfin ce qu’elle espérait
trouver dans son regard : cette brillance caractéristique, une flamme inébranlable
qui animait depuis toujours Clark. Elle était rassurée de constater que, malgré
l’influence diabolique de Kal-El, Clark la préservait. Il était le même que
le fermier de Smallville, à quelques détails près …
Pourtant malgré l’envie de Clark de rassurer Lana, une envie qui évaporait
peu à peu ses peurs, la jeune Lang ressentait encore un certain doute
Lana : mais comment peux-tu en être sûr ?
Clark lui lâcha la main, sous un regard ébahi, et s’écarta sur la gauche
de la jeune femme jusqu’à laisser deux mètres entre eux. A cet instant,
Clark reprit d’une voix calme, apaisée, le sourire aux coins des lèvres :
Clark : vérifies par toi-même …
Lana regarda Clark s’éloigner en se demandant pendant quelques secondes ce
qu’il entendait par là. Mais lorsqu’elle fut arrivée à la conclusion que
Clark faisait allusion à ses pouvoirs de gardienne, la jeune femme eut bien du
mal à croire que c’était vraiment ce qu’il voulait. Depuis le jour où
elle lui avait appris qu’elle faisait partie des trois gardiens de la Destinée,
Clark avait maudit tout ces pouvoirs qui lui avaient été accordés. Or, en cet
instant, il la poussait à les utiliser à une fin personnelle.
Lana observa un très long instant le petit sourire de Clark et finit par
accepter. Elle baissa les yeux vers la terre et, concentrant toute son énergie
sur ce sol, ferma les yeux. Clark la regarda faire. Une aura étrange semblait
émaner d’elle malgré le fait que rien ne transparaissait. Clark aimait
particulièrement cette sensation. Il devait s’y faire, Lana était une
gardienne.
Soudain, une brise de vent se mit à souffler violemment contre le visage de
Lana, faisant virevolter ses longs cheveux noirs en tous sens. Malgré cette
nouvelle agitation, la jeune Lang gardait ses yeux fermés et sa concentration
complète. Une lueur rouge apparut sur sa nuque : le symbole du savoir, composé
de deux symboles Kryptoniens distincts, se grava dans sa peau avant qu’une
vive lumière pourpre ne vienne la gorger. Lana rouvrit les yeux, son visage
crispé par la concentration. Alors, elle brandit son bras droit devant elle et
tendit également les doigts de sa main. Elle effectua alors un lent arc de
cercle de droite, vers la gauche. Sous son effet, une violente bourrasque
apparut, soufflant en cercle à l’endroit qu’avait tant fixer Clark. La
terre commença à voler en tous sens, chacun de ses grains emportés par la
mini-tornade créée par Lana. Clark se retourna à demi et braqua son
avant-bras sur son visage, afin de voir ce que faisait Lana. Peu à peu, chaque
couche de terre s’envolait, creusant une breche circulaire dans la terre.
Enfin, Lana baissa le bras. Toute brise de vent disparut et le tatouage, sur la
nuque de la jeune Lang, s’éclipsa. Clark se retourna complètement vers Lana
et baissa les yeux vers ce trou béant, désormais présent entre les deux
jeunes gens. En son centre apparaissait déjà le sommet du rocher de Kryptonite
noire, couvert de poussière. Le morceau qui comblait le sommet avait disparu,
épargnant à Clark la moindre souffrance. Il releva lentement les yeux vers
Lana, qui le regardait fixement. Il n’avait donc pas complètement rêvé :
Anu’kh s’était bien entretenu avec Kal-El …
Manoir
des LUTHOR -- Smallville --- 01h26
Nuages grisâtres, cercle lunaire timide se dissimulant sous la masse
nuageuse, brise glaciale s’insufflant dans les moindres recoins de l’atmosphère
… Tous les éléments d’une nuit noire sans équivoques semblaient être réunis
pour annoncer un évènement sans pareil, dans ces derniers mois. Le mal se
faisait plus puissant, plus pressant et tout l’environnement en ressentait le
tournant.
Les reflets de ce ciel étoilé, très couvert, une fois n’était pas coutume,
s’insufflaient dans chaque centimètre carré du manoir des Luthor, aussi
calme que l’aurait été une crypte, en plein cœur du cimetière. Le bureau
de Lex Luthor, dans l’aile Est du manoir, en était la parfaite allégorie.
Les grands vitraux, encrés dans l’immense façade en pierre froide,
laissaient sans efforts passer les aspects sombres de la nuit la plus effrayante
que Smallville ait jamais connue ; parmi ces obscures prémices semblaient
s’insinuer la venue du diable en personne.
Les ombres fantomatiques ruisselaient sur le bureau de verre de Lex, sur lequel
étaient posés un ordinateur portable fermé et quelques objets de décorations
post-moderne. Chaque élément structurant l’immense salle était parsemée
d’une ombre plate qui rendait sa distinction quelque peu floue. Que ce soit le
mini-bar, la grande bibliothèque située à l’étage, en haut de l’escalier
ou le billard, rien n’y échappait. Rien ? Si, deux éléments : un fauteuil
de cuir noir logé devant une petite table de salon en verre, elle-même située
entre le fauteuil et l’âtre d’une grande cheminée, à l’intérieur de
laquelle ronflait un grand feu. Les flammes orangées, teintées d’un bleu
opaque au summum de leur chaleur, faisaient braiser les épaisses buches de bois
déposées en son centre, provoquant un faible craquement envoutant. La lumière
tremblottante qui s’en dégageait éclairait à faible intensité la table et
le fauteuil.
[La caméra, jusqu’alors placée dans le dos du fauteuil, le contourna par la
gauche et filma alors de profil, la personne qui y était confortablement
installé]
Lex Luthor. Vêtu d’un pantalon de costume noir en parfaite harmonie avec ses
chaussures de luxe en cuir et la chemise en soie de la même couleur, légèrement
ouverte, le jeune multimilliardaire, le sourie aux lèvres, tenait étroitement
un gros verre transparent, contenant une dose de scotch couleur âcre. Son
regard bleu opaque, d’un froid inquiétant, fixait d’une ferveur sans égal
le feu de cheminée, comme s’il y voyait un quelconque ravissement.
Lentement, le jeune Luthor amena le bord de son verre à ses lèvres et avala
une gorgée du succulent arôme de ce Whisky de 30 ans d’âge. Lorsque ceci
fut fait, il cligna des yeux et, caressant un dossier jaune pâle posée sur la
table de verre, se pencha vers lui et l’ouvrit de sa main libre. Plusieurs
feuilles, empilées à l’intérieurs assez soigneusement, constituaient l’un
des dossiers les plus chers à Lex : le dossier « EVIDENCE ». Sur le dessus,
épinglé à la feuille suivante par une épingle à nourrice, apparaissait une
grande photo de Lionel Luthor, cheveux longs bouclés et barbe naissante, bordée
d’un cadre blanc. Sans un geste du visage, préservant ce même sourire figé,
Lex prit la photo et l’observa un court moment. Puis, après quelques
secondes, Lex, photo en main, se leva de son fauteuil et se présenta devant la
table. Il se pencha légèrement et saisit l’épais dossier qu’il referma
d’un geste ample. Il le prit à son tour et contourna la table par la droite
avant de s’approcher du feu, dans l’âtre, devant le quel il s’arrêta.
Après une nouvelle courte attente, Lex lança le dossier jaunâtre dans le feu,
le regardant bruler, sous l’impacte des hautes flammes. Il ne tarda pas alors
à y jeter également la photo de son père, qui vint se reposer sur le dossier.
Les flammes attaquèrent les contours et noircirent la feuille plastifiée. Le
visage souriant de Lionel partait en fumée, tandis que le sourire charmeur de
Lex perdurait. Ne quittant pas des yeux l’image de son père s’envolant en
fumée, Lex cligna des yeux et déglutit une nouvelle lente fois une gorgée de
scotch. Armé de ce même sourire ravageur, Lex lança alors ces mots claires
dans une nuit obscure :
Lex : Le Diable revient toujours dans son antre …
Dos tourné au reste de la salle, Lex semblait avoir pris la parole de façon
à se faire comprendre d’une tiers personne qui aurait été présent, avec
lui, dans ce grand bureau. Tenant le verre de sa main droite, Lex se retourna
lentement.
[Pendant que Lex se retournait, la caméra effectua un plan rapide se
rapprochant des pieds de Lex avant de remonter, à une vitesse vertigineuse,
vers le visage rayonnant de bonheur de Lex, qui regardait droit devant lui]
Lex : … mais il faut croire que même la mort ne veut pas de toi !
[La caméra fit volte face et s’écarta un tant soit peu de Lex, pour
filmer droit devant elle] Au centre de la salle se tenait une silhouette sombre,
habillée d’une sorte de vêtement ample qui recouvrait la totalité de son
corps. Les bras croisés, rajoutant au charismatique qui l’enveloppait, l’étrange
inconnu revêtait une large capuche, dissimulant son visage. Son immobilité
rendait son personnage encore un peu plus charismatique. Malgré tout, cela
n’altérait en rien l’assurance qui se dégageait de la personne de Lex. Le
plus jeune des Luthor encore vivants fixait sa proie d’un regard des plus
glacial qui aurait suffi à faire failli n’importe quel être au monde.
Pourtant la silhouette face à lui restait tout aussi immobile que lui, comme si
rien ne pouvait l’atteindre. Ou peut être l’ombre encombrant son visage en
était le parfait voile … Lex finit par cligner des yeux et contourna la table
de verre par la droite, pour se diriger vers son bureau, devant les grands
vitraux. D’un pas marqué par un silence palpable, Lex parvint jusqu’à son
grand fauteuil de cuir et, sous le regard de la silhouette inconnue, qui s’était
tournée vers Lex, ce dernier s’assit, élargissant son sourire. Il posa son
verre sur le bureau et se laissa aller au plus profond de la consistance
confortable du dossier moelleux, avant d’entremêler des doigts sur son
abdomen. Il s’extasiait de telle situation. Tandis que l’homme, au centre de
la salle restait toujours aussi immuable, Lex reprit, d’une voix qui se
voulait plus voluptueuse que jamais :
Lex : depuis ma plus tendre enfance, je ne me rappelle que d’un seul
souhait, celui de te voir disparaître de ma vie à tout jamais … lorsque
j’ai identifié ton corps, à la morgue, j’ai enfin cru à ma bonne étoile.
Pourtant, j’aurais dû me douter que cela n’était qu’une douce illusion
…
Même ces paroles, si blessantes, vexantes, en tous points, ne parvinrent pas
extraire un geste, un semblant de réaction de l’inconnu. Il restait seulement
immobile face à Lex, les bras croisés. Lex continua donc sur sa lancée :
Lex : mais je me suis bien vite rendu à l’évidence … pas même le
diable ne veut de ton âme pourrie jusqu’à la moelle, qui voudrait de toi en
son âme et conscience ??
Cette fois, la rage qui était cadenassée dans le corps de l’inconnu
sembla avoir atteint son seuil maximal et explosa sans équivoque. Il avança de
deux pas, d’un geste vif et pourtant quelque peu fébrile et s’arrêta à
trois bons mètres de Lex. En concordance avec l’attitude fugace qui était la
sienne auparavant, l’homme décroisa les bras et amena une main droite creusée
par la malnutrition au bord de sa capuche ample et l’abaissa sans attendre. La
lumière tremblotante de l’âtre de la cheminée suffit alors à révéler ces
traits squelettiques, creusés par ce manque de vitamines. Un visage émacié,
dont la peau pâle collait aux ossements faciaux, la tirant affreusement. Seuls
ses deux yeux d’un noir luisant ressortait, au milieu de ce visage de
squelette. Sa barbe naissante, brune, était quasiment aussi longues que ses
cheveux grisonnants coupés très courts. Lionel Luthor, rageur, se tenait
devant son fils unique.
Lionel : je suis ton père Lex !!
La rage du père sembla imprégner le métabolisme du fils. Dans un sursaut
de colère, Lex se leva d’un geste vif de son fauteuil et se pencha vers son
bureau, tordant son visage en une fureur sans égal.
Lex : je le sais !!!! je pries le ciel tous les jours de me pardonner
pour ce crime !!
Un échange de regard sans pareille s’installa alors entre Lionel Luthor et
le sang de son sang. Un regard glacial, implacable, qu’aucun des deux Luthor
de chercha à briser. Seuls les rares clignements de l’un ou de l’autre
parvenaient à atténuer l’intensité de l’échange. Puis, sans signe
avant-coureur, Lionel brisa le silence en demandant à son fils, d’une voix très
calme, trop calme :
Lionel : comment as-tu su ?
Lex : que tu étais vivant ? Mais parce que c’était toi …
Lionel eut envie d’esquisser ne serait-ce qu’un rictus mais sa raison
l’en empêcha : il ne voulait pas laisser entendre à Lex qu’il était fier
de lui, il ne valait mieux pas lui donner une raison supplémentaire de se
sentir supérieur. Lionel ne sentait que trop déjà cet air suprême qui caractérisait
son fils, désormais, comme s’il était unique au monde. Même pour un Luthor
cela était très surprenant, Lex semblait si sûr de lui que rien ni personne
ne semblaient pouvoir le surprendre ou l’atteindre. Aussi, il regarda juste,
interdit, son fils se rasseoir confortablement contre le dossier de son fauteuil
noir et l’écouta reprendre :
Lex : tu te doutes bien que dès que j’ai vu ton corps à la morgue, je
n’ai pas pu m’empêcher de vouloir savoir qui était l’heureux prestataire
de cet acte héroïque ! (un sourire se dessina lentement sur les lèvres de
Lex) imagine quelle a été ma surprise quand j’ai constaté la raison de ta
présence dans ce laboratoire : tu assistais à une expérience ultra-secrète
… tellement secrète que je n’ai pas réussi à découvrir de quoi il
s’agissait. Mais les rares éléments que j’ai pu trouver à son sujet
montraient bien qu’il s’agissait de quelque chose qui tenait à cœur plus
que tout, plus que la LuthorCorp …
Lex marqua une courte pause, martelant le regard noir de son père
d’attaques ininterrompues de froideur implacable. Puis, de ce ton toujours
aussi calme et glacial, en total désaccord avec son regard, il reprit :
Lex : c’est alors que j’ai découvert le premier élément incohérent
: pourquoi installer cette expérience de la plus haute importance dans un
laboratoire basé au centre de Metropolis, au cœur des regards, alors que tu
dissimulais à la perfection des laboratoires secrets sous le manoir ?
Lex marqua une nouvelle pause, laissant ainsi le temps à son paternel
d’assimiler la révélation. Par le biais de cette phrase, Lex voulait faire
remarquer à son père qu’il avait fini par les découvrir. Lionel aurait
voulu demander « et qu’en as-tu fait ? » mais il considéra que Lex ne lui répondrait
sûrement pas. Pourtant, il avait l’intime conviction que son fils avait
abandonné son hypothétique sens de l’éthique.
Lex : j’ai ensuite découvert que ton « double » avait obligé un de
ses employés à conserver des bonbonnes de gaz hautement explosives à proximité
du spécimen étudié, spécimen qui plus est imprévisible ! Un acte qui ne te
ressemble pas …
Cette fois, Lionel ne put empêcher le petit rictus d’étirer les bords
droits de ses fines lèvres. Etant donné la raideur de son visage émacié, Lex
ne put que le voir, un rictus qui alimenta son propre sourire. Il poursuivit sur
sa lancée :
Lex : mais le comble du tout était sans équivoque la désarmante
facilité avec laquelle je découvrais ces éléments. En seulement quelques
semaines j’en étais arrivé là où un de mes hommes de main aurait mis des
années à arriver … Comme si une tiers personne abaissait les barrières pour
moi, effaçait les chemins tortueux … Comme si ce quelqu’un voulait
absolument que je découvre que tu étais vivant …
???: une tâche dont tu t’es acquittée sans mal …
Lex sentit le rythme de son cœur accélérer en une fraction de seconde, se
mettant à bondir avec ferveur contre sa poitrine. Dans le même temps, il
tourna brusquement la tête sur sa droite, à l’endroit d’où provenait
cette nouvelle voix et se leva à nouveau brusquement de son fauteuil. Lionel
tourna lui aussi la tête de ce côté, excepté qu’il ne semblait pas plus
surpris que ça.
Lex ouvrit la bouche, se préparant à lancer une réplique cinglante mais se
ravisa, lorsque ses yeux caressèrent une nouvelle silhouette ample, très
sombre, tapie dans l’ombre. Il referma la bouche et détendit la totalité de
son corps. Il regarda simplement cette silhouette habillée d’une grande toge
sortir de l’ombre en s’approchant du bureau de verre. Peu à peu, la lumière
tremblotante balaya le tissu rouge de bas en haut, à mesure qu’il approchait
et révéla ainsi la silhouette célèbre d’Anu’kh, vêtu, comme à son
habitude, d’une vaste toge rouge vif et d’un large capuchon posé sur sa tête.
Une ombre liquide, d’un noir intarrissable, baignait son visage méconnaissable.
Les bras croisés, il s’arrêta à proximité du bureau.
Lex perçut plus qu’il ne vit l’abaissement timide de la tête de son père,
en regardant Anu’kh, comme un signe de révérence ; un signe étranger,
inconnu de la famille Luthor. Aussi, Lex tourna vivement la tête sur sa gauche,
pour s’en assurer.
Lex : (effarée) quoi … tu travailles pour lui ?
Anu’kh : (calmement) oui, ton père a aimablement accepté de servir ta
destinée …
Lex regarda son père avec un ahurissement non dissimulé. Jamais il
n’aurait pu imaginer cela. Ainsi, Lionel Luthor, homme voué au pouvoir et à
la domination de tout et de tous, acceptait d’obéir à un être aussi mystérieux
qu’Anu’kh pour la seule raison de servir une hypothétique destinée, à ses
yeux tout du moins ? Lex ne parvenait pas à le croire.
Lex : (visage crispé par le dégout) je n’en crois pas un mot !
Anu’kh : il va pourtant falloir te faire à cette idée, cette soirée
est inscrit dans la prophétie !
Lex tourna vivement la tête vers Anu’kh. La simple mention de la prophétie
suffisait à retenir toute son attention, comme à chaque fois. Il redoubla
encore d’attention :
Lex : quoi ?
Anu’kh : « au soir de la fin de la première étape, le père
reviendra auprès de l’héritier et lui offrira une assistance. Le mal
engloutira alors son fils ». Et ce soir est arrivé !
Lex : vous voulez dire que je vais devoir collaborer avec lui ??
Anu’kh : c’est exactement ce que je te dis !
Mais Lex était loin de pouvoir accepter une telle chose. Même depuis
qu’il avait appris que cette voix résonnante, qu’il entendait depuis
plusieurs n’était autre que celle d’Anu’kh, Lex ne parvenait pas à lui
faire confiance, encore moins en entendant qu’il lui proposait d’accorder
une pleine confiance à son père, pour une mission si importante que sa destinée.
Lex ne pourrait pas.
Lex : non, je ne peux !
Anu’kh : oh si tu le peux et tu le feras !
Lex : (furieux, tournant la tête vers son père) non !!! Il respire le
mal, la trahison et le mensonge ! Je me débrouillerais seul !
Anu’kh : (haussant le ton) tu ne peux aller contre le prophétie, et tu
le sais aussi bien que moi ! … tu laisseras ton père te mener aux cristaux,
il est ta seule manière d’acquérir ton héritage …
Manoir
des Luthor – Smallville --- 10h02
[La caméra, immobile sur place et logée au bout d’un étroit tunnel
vaillamment éclairé, filmait les portes d’un alliage blanc d’un ascenseur
duquel venait de s’extirper un petit bip sonore assez aigu]
Lentement, ces deux imposantes portes coulissèrent pour laisser l’entrer
ouverte vers la cage d’ascenseur, révélant ainsi à l’intérieur une
petite silhouette, habillée sombrement, se détachant ainsi, dans un contraste
fabuleux, de la blancheur immaculée qui teintait tout l’ascenseur. Seule la
veste en daim beige, dont la capuche était ornée d’une fourrure un peu plus
foncée, créait contraste avec les vêtements noirs de Chloé Sullivan. Habillé
élégamment d’un pantalon de tailleur noir et d’un chemisier de la même
couleur, ouvert sur un débardeur blanc, la jeune femme, le visage fermé,
fixait l’autre extrémité du couloir, dans une démonstration de sa détermination
éperdue. Rien ni personne ne lui ferait dévier du chemin qui la mènerait à
la canonisation.
Aussi, après quelques secondes d’attente, Chloé sortit de l’ascenseur
d’un pas rapide et assuré, pour se laisser entrainer par un tapis roulant,
encré dans le sol blanc rayonnant de propreté. Elle ne laissa même pas son
regard divaguer à gauche ou à droite, au travers des baies vitrées qui remplaçaient
les murs, peu éloignés l’un de l’autre, et donnaient vue sur les
laboratoires secrets de Lex Luthor, logés dans ce sous-sol du Manoir du jeune
multimilliardaire. Lorsque Chloé vit l’embrasure d’une porte inexistante
apparaître devant elle, elle posa le pied sur le nouveau sol, immuable, qui se
présentait à elle et continua d’avancer, son regard toujours absorbé droit
devant elle.
Chloé venait de pénétrer dans une sorte de grand hall circulaire, lui aussi
d’une blancheur éclatante. Tout autour se trouvaient 5 sorties, sous formes
de couloirs, en décomptant celle par laquelle venait de sortir Chloé ; chacune
d’elle menant vers un département bien précis du lieu. Pourtant, un élément
avait été changé, à vue d’œil, dans ce lieu, depuis que Lex en avait
repris le contrôle : une sorte de barrière lumineuse bleu turquoise fermait
l’accès à chacun des couloirs. Mais Chloé ne s’en préoccupa pas le
moindre du monde. Elle continua d’avancer tout droit vers le seul qui, aux
yeux de Chloé, valait le mérite d’attirer une attention accrue : un écran
plat installé au sommet d’un pilonne cylindrique, fixé au centre de la
salle. Elle s’arrêta juste devant, le visage marquée par son extrême
concentration.
Dès que Chloé se fut arrêtée à proximité de l’écran, celui-ci s’anima
en laissant apparaître un fond d’écran d’un noir d’encre au centre
duquel était visible le logo violet de la LuthorCorp, symbolisé par un L et un
C mêlés. Peu après, une petite fenêtre rougeâtre apparut à son tour, se
superposant au logo de la LuthorCorp. Deux cases vides étaient précédées des
mots « Login » et « Password ». Chloé n’attendit que très peu de temps
avant de lancer, d’une voix claire et intelligible :
Chloé : Login – Chloé Sullivan … Password – Spy …
A l’énonciation orale de ces mots, des astérisques s’inscrivirent dans
les cadres vides. Chloé amena ensuite son index droit vers l’onglet « Sign
in », de couleur orange et posa son empreinte dessus. Aussitôt, le cadre
disparut en laissant un autre prendre sa place. Moins large, il était également
bien plus grand en hauteur. Seuls apparaissaient une forme ovale rouge, dans la
partie supérieur du cadre et un nouveau cadre vide, sous ce cercle déformé.
Chloé amena à nouveau son index vers l’écran et le posa sur la forme rouge.
Il passa immédiatement au vert, avant que Chloé n’élève une nouvelle fois
la voix :
Chloé : Mortem …
Comme auparavant, des astérisques s’affichèrent dans le cadre vide, avant
que la fenêtre ne disparaisse à son tour, laissant place à un tout autre
dispositif.
Cette fois, une grande fenêtre, prenant tout l’écran, avait pris place, séparée
en cinq compartiments égaux. Chacun d’eux mentionnaient les différents départements
développés secrètement dans ces sous-sols : « Freak », « Phoenix », «
Files », « Prophety » et « Artefacts ». Chloé n’hésita pas et porta sa
main vers le compartiment en bas, à droite, portant la mention « Artefact ».
Le compartiment s’illumina de bleu turquoise.
[La caméra s’éleva lentement dans les airs, quittant des yeux l’écran
plat et posant son objectif vers le couloir, droit devant. Le mur de lumière
bleu turquoise disparut, en partant du sol vers le plafond. Aussitôt, la caméra
s’en approcha d’un travelling délicat et pénétra dans l’atmosphère
blanche du couloir. La blancheur devenait si éclatante, si ensorcelante, que
tout devint aveuglant … ]
Lorsque l’image redevint à peu près visible, un autre lieu, installé lui
aussi dans les sous-sols du manoir, apparut peu à peu très nettement. De forme
triangulaire avec ses trois murs obliques de couleur blanche intarissable, elle
n’avait qu’un seul rôle et intérêt : rassembler les cristaux de la Destinée.
Même si pour l’instant, un seul d’entre eux, celui du Diaphane, avait pris
place ici. Il était logé dans un bloc de métal noir pyramidal, à trois face,
accroché à l’un des trois murs. Lex avait également fait installer une
table triangulaire, assez plate, au centre de la salle. La clé octogonale de
Kal-El, de couleur grise, avait été déposée au centre, dans une encoche
plate prévue à cet effet.
Lex, quant à lui, faisait justement face à ce bloc noir. A deux mètres d’écart,
il observait avec un regard enjoué, empli de bonheur, ce cristal qui était le
point d’orgue de l’accomplissement de sa destinée. Il n’en était pas sûr,
il le savait. Habillé de son habituel long manteau noir de cashmere, Lex fixait
ce cristal tout en écoutant la voix de son interlocuteur, par l’intermédiaire
de kit blue-tooth accroché à son oreille gauche.
Lex : je le sais, c’est tout […] sans cet objet, nous n’arriverons
rien … rien de mieux que la lamentable erreur que tu as commis la dernière
fois ! […] Phoenix doit bénéficier de la plus grande attention d’ici là
… lui seul me fournira les réponses à mes questions … Je …
Mais Lex s’interrompit immédiatement, le rythme de son cœur accélérant
d’une manière éffrénée en voyant ce qui se passait devant ses propres yeux
: le cristal du Diaphane venait de s’activer, une lumière dorée
l’irradiait de toutes parts, accompagnée d’un sifflement suraigu. La suite
ne se fit pas attendre : le cristal s’extirpa de sa cavité et s’approcha
doucement, en tournoyant sur lui-même, de Lex. La seconde suivante, il fendit
l’air vers Lex et lui coupa le visage, au milieu de la joue. Lex se retourna,
ne comprenant pas ce qui se passait et écarquilla un peu plus les yeux en
voyant qui était le dépositaire de ce changement virulent. Chloé Sullivan
venait d’entrer dans la salle. Située de l’autre côté de la salle, elle
fixait le cristal du Diaphane qui, dans un sillon de lumière dorée, fonça
vers elle. Elle brandit alors son bras gauche droit devant elle et referma son
poing au moment où le cristal arrivait à sa hauteur. Tandis que la lumière
traversait les interstices entre ses doigts, Chloé, le regard froid braqué sur
Lex, remit lentement son bras contre son flanc.
La coupure, sur la joue de Lex, se referma instantanément alors qu’il
comprenait une chose incroyable : Chloé pouvait commander le cristal à ses
ordres. Lorsque l’information fut assimilée, Lex laissa toute la puissance de
sa voix s’exprimer à sa guise :
Lex : mais qu’est ce que tu fais Chloé ??!!
Chloé répondit d’une voix froide, d’un calme à toute épreuve. Mais le
charisme impressionnant de Lex Luthor, celui qui l’avait manipulée et trompée
jusqu’à la monter contre un homme qui ne pouvait être que le bien incarné,
son ami Clark Kent, n’arriverait pas à la dérober à sa tâche inéluctable.
Chloé : ce que j’aurais dû faire dès le début … rendre ce cristal
à son véritable propriétaire …
Cette phrase eut pour seule et simple impacte d’alimenter la rage de Lex.
Il la laissa exploser dans toute son ampleur en élevant un peu plus le ton de
sa voix déjà si élevée :
Lex : (hurlant) je suis son véritable propriétaire !!!!
Mais ces mots qui, il y avait tout juste quelques jours aurait suffi à faire
reculer Chloé, n’avaient fait que la forcer à esquisser un rictus amusé.
Maintenant, elle se rendait bien compte du ridicule dont faisait preuve Lex :
comment un simple humain comme lui qui plus est voué au mal, avait les moindres
chances de pouvoir accéder à un savoir extra-terrestre ? Elle répliqua, sur
ce même ton froid et calme, qui horripilait Lex au plus haut point :
Chloé : non, heureusement pour la planète, tu n’es pas Kal-El …
Lex regarda Chloé le plus profondément, cette rage marquant toujours ses
traits jeunes et représentant pourtant cette assurance éperdue. Chloé avait
changé. Il ne savait pas encore de quelle manière, mais elle avait énormément
changé. Et Lex comprenait bien maintenant qu’il ne pourrait plus compter sur
elle. Cependant, elle restait humaine et, en tant que telle, elle restait très
influençable. Aussi, Lex retrouva son sourire et lui répliqua :
Lex : (voix douce) je dois t’avouer que tu m’impressionnes, Chloé
… J’aurais pensé que ta douloureuse expérience, dans les grottes Kawache,
auraient suffi à te décourager d’un tel acte suicidaire !
Chloé : tu te prends réellement pour l’Ange de la mort, Lex ? Parce
que si c’est vraiment le cas, je dois t’avouer que tu as encore beaucoup
apprendre ! La mort saurait voir son reflet dans l’âme d’un terrien, je
pense, non ? Alors comment as-tu ne pas te rendre compte que, depuis mon amnésie,
j’étais coincé dans le couloir de l’au-delà …
Lex ne comprenait pas un traître mot des paroles de Chloé. Que voulait-elle
dire au travers de ces phrases ? Lex entrevoyait quelque chose d’incroyable
mais n’osait amener cette théorie à quitter son imaginaire pour faire face
à la dure réalité …
Chloé : tu devrais le croire, pourtant ! Je n’ai jamais survécu à
cette pluie de météorites … Ce caillou vert, logé dans mon crâne, est le
symbole de mon sursis : Dieu m’a accordé une chance unique de pouvoir me
racheter ! Et grâce à toi, notament, je sais ce qu’il me reste à faire …
Lex avait peur de comprendre : suite à la seconde chute de météorites qui
avait frappée Smallville, Chloé avait perdue la vie. Mais, grâce à un phénomène
inexplicable, elle était revenue à la vie, amnésique avec un caillou vert logé
dans son cerveau. Si Lex n’avait pas été lui même l’héritier du grand
Sethi, dieu Kryptonien, il ne l’aurait sûrement jamais cru.
Lex : (souriant) et rassures-moi Chloé, tu ne comptes pas partir d’ici
avec mon héritage !
Chloé : tu ne comprends donc rien, Lex ! Anu’kh se joue de toi comme tous les
pions de son échiquier, tu n’es qu’un être faible qui lui permettra
d’accéder à son héritage ! Ces cristaux ne t’ont jamais été destinés
…
Lex : CHLOE !!!!
Cette fois la rage de Lex, alliée à sa haine envers la vérité incroyable
de ces paroles, força Lex à laisser toute sa rancœur exploser d’une manière
des plus virulentes. Non seulement Lex se sentait meurtri par Chloé et son
attitude mais il ne pouvait pas s’empêcher de penser que Chloé pouvait avoir
raison, au sujet d’Anu’kh. Aussi, tandis qu’il contourna la table
triangulaire d’un pas rapide, ses pupilles noires s’élargirent jusqu’à
recouvrir tout son globe occulaire : Sethi lui accordait toute sa puissance. Il
arriva bientôt à trois mètres de Chloé ; celle-ci ne bougeait pourtant
toujours pas.
Enfin, Chloé brandit son bras droit, démuni du cristal. Un éclat verdoyant
apparut dans les rétines noisette de Chloé, formant un cercle autour de ses
pupilles. A cet instant, un autre éclat apparut sur le front de Chloé, à la
jonction de ses deux sourcils et forma un étrange symbole très ancien,
d’origine terrienne. A cet instant, une bourrasque extrêmement puissante
jaillit de la main de Chloé et fonça vers Lex. Elle força le jeune
multimilliardaire, impuissant, à reculer de deux premiers pas. Le visage crispé
par l’intense concentration dont il faisait preuve, Lex essaya d’avancer
vers une Chloé impassible. Mais le vent augmenta encore en intensité, le forçant
à reculer de trois nouveaux pas. Chloé, quant à elle, ne semblait pas faire
plus d’efforts que cela.
Chloé : (voix semblable à un râle) toi qui adule la souffrance tu vas
comprendre ce que le terme « souffrir » veut dire …
Sans un cillement, le regard toujours d’un froid glacial enveloppé de
vert, Chloé concentra sa pensée sur la seule souffrance à infliger au diable
réincarné. Les pouvoirs qui lui étaient incarnés pouvaient le tuer de
multiples manières mais Chloé connaissait pire que la mort …
Soudain, un nouvel éclat apparut, sur Lex cette fois. Cette effarante lumière
verdoyante à mit à traverser la chemise en soie noire du jeune fils de Lionel
Luthor. Au même moment, il se mit à pousser une longue plainte déchirante, à
percer les tympans. La bourrasque augmenta légèrement et ouvrit sa chemise en
un brusque geste, faisant sauter les boutons noirs. Tandis que Lex tombait à
genoux sur le sol, hurlant à la mort, les pans de sa chemise rejoignirent les
pans de son log manteau, virevoltant sur ses flancs, vers l’arrière. La lumière
s’atténua légèrement, laissant voir son origine et celle de la souffrance
optimum de Lex : une pierre verte, semblable à un émeraude de forme
pentagonale était logée à la jonction des pectoraux de Lex et du haut de ses
abdominaux. Son effet était immédiat : la peau auparavant blanche de Lex avait
virée au vert très pâle. Cependant des rainures blanches perduraient, séparant
la peau verdâtre en grandes plaques irrégulières. Lex, cessant de hurler à
pleins poumons, baissa légèrement la tête et regarda avec rage la raison de
sa souffrance. La pierre brillait avec ferveur. Il releva lentement la tête
vers Chloé, son regard enflammé d’une rage invraisemblable. Lorsqu’il
s’adressa à Chloé sa voix, hurlant pour couvrir le souffle de la bourrasque,
semblait légèrement modifiée :
Lex : tu payeras pour cet affront, humaine !!
Chloé n’esquissa même pas un rictus. Le simple fait de regarder son
torsionnaire se tordre de douleur sous ses yeux suffisait à son bonheur. Chloé
ferma le poing droit : une nouvelle bourrasque apparut, fonçant vers Lex tel un
rouleau puissant sortant des profondeurs des océans. Elle frappa Lex de plein
fouet et l’obligea à frapper d’une force inouïe le mur, dans son dos, à
une hauteur de deux mètres. L’impacte créa un breche à sa taille dans le métal
blanc, avant que le jeune homme ne glisse, dos contre le mur, jusqu’au sol sur
lequel il reposa. A moitié inconscient, Lex ne pouvait que subir le venin de
cette pierre, encrée en lui.
Chloé baissa le bras et tourna les talons, sans un regard vers Lex. Il
s’approcha du mur, face à elle, et le traversa comme s’il s’était agi
d’un simple mur de lumière blanche.
[L’ultime plan montra Lex, assis sur le sol dur et le dos collé au mur, en
train de subir ce qui pourrait être son châtiment ultime : le venin de la
Kryptonite allait le tuer. Sethi lui avait accordé des pouvoirs prodigieux mais
il avait omis de signaler qu’il lui confiait également la plus fatale de ses
failles ; tout comme Clark, Lex pouvait mourir en contact de Kryptonite]
Medical
Center [Gynaecology Department] -- Metropolis --- 10h13
[D’un plan oblique fixé au trottoir goudronné, la caméra filma une bâtisse
de trois étages, se dressant devant elle. Une grande bannière blanche, frappée
de lettres carrées bleu nuit, lumineuses, martelait la façade, en son centre :
« Medical Center ». Un flash lumineux, d’un bleu nuit semblable aux lettres
de la bannière projeta la caméra à l’intérieur des lettres, comme aspiré
par un trou noir béant dont l’origine aurait été la bannière. Quelques
secondes plus tard, l’environnement s’éclaircit et la caméra laissa apparaître
un autre lieu, situé à l’intérieur de l’hôpital.
Le plan était situé au bord d’un imposant bureau en PVC noir, luisant. Sur
ce rebord, à deux ou trois centimètres se trouvait un écriteau en fer argenté,
lui même frappé de lettres carrées noires : « Dr Lisa JENSON –
Gynecologist ». Suite à ce plan fixe, la caméra releva légèrement son plan
dans un mouvement ample et lent, révélant ainsi le reste du bureau noir. Près
du bord parallèle au premier était disposé un ordinateur portable bleu dur,
ouvert, en cet instant. On pouvait également y voir un pot , contenant nombre
de crayons, ainsi qu’un cadre doré, contenant une photo de famille ; on y
voyait une jeune femme, la trentaine, brune, entourée de son mari, un bel homme
brun ainsi qu’un petit garçon. La caméra avança jusqu’au fauteuil en cuir
noir, installé derrière le bureau, dans lequel était assise le Docteur
Jenson, la femme brune de la photo]
Jenson, ses longs cheveux noirs relevés en chignon et habillé d’une longue
blouse blanche ouverte, tapait avec ferveur sur le clavier de son ordinateur
portable, tandis qu’un léger bruit de froissement de tissu, presque
imperceptible, se faisait entendre dans le reste de la salle. Mais cela ne
perturbait en rien l’attitude du docteur, dont le visage sérieux contrastait
pleinement avec le sourire radieux présent sur la photo de famille.
[La caméra pivota sur elle et filma le reste de la salle, qui se révéla plus
petite que l’on aurait pu le croire]
Une jeune femme, à la silhouette de mannequin semblable, en beaucoup de points,
avec celle du docteur était en train de se rhabiller. Elle terminait de
rattacher les boutons ronds de sa veste de tailleur noir, donnant sur le haut
d’un débardeur blanc au décolleté mystérieux. Le jean délavé qu’elle
portait ne faisait que mettre un peu plus en valeur sa silhouette parfaite. Les
longs cheveux blonds de Susan Despite, femme de Marshall Despite, désormais au
service d’Anu’kh et elle-même ressuscitée par la jeune Chloé Sullivan,
termina de défroisser ses vêtements chic. Son regard gris, presque
transparent, ne laissait transparaitre aucune nuance de bonheur comme si la
seule définition de ce mot lui avait toujours été inconnue ; ce qui n’était
que le reflet d’une fausse vérité. La magnifique jeune femme prit son sac à
main, posé sur la couchette, sur sa gauche et, regardant son docteur frappant
le clavier dans un cliquetis régulier, s’approcha des deux sièges logés
devant le bureau et s’assit sur celui de droite. Elle attendit ensuite,
quelques secondes, que son amie et docteur n’ait terminé sa tâche.
Enfin, le docteur enleva ses doigts du clavier et, esquissant un petit sourire,
se redressa, avant de se laisser aller contre le dossier de son fauteuil aux
profondeurs si confortable. En reconnaissant ce sourire radieux, Susan sentit le
rythme de son cœur accélérer encore un peu plus, amplifiant la douleur aigue
qui martelait sa cage thoracique. Peu après, la voix douce de son docteur se
fit entendre, sur un ton enjoué qui ne plut pas du tout à Susan :
Jenson : l’examen confirme les analyses … aucun doute n’est permis
…
Susan sentit son rythme cardiaque atteindre son paroxysme, accompagné
d’une douleur si aigue qu’elle crut qu’elle allait le sentir s’arrêter,
à tout moment. Même dans ses cauchemars les plus horribles elle n’aurait pu
imaginer que cela se rait possible, pas après ce qui lui était arrivé. Aussi,
sans même que son cerveau ne donne l’ordre à ses cordes vocales d’agir,
Susan s’exclama, le visage marqué par la stupeur :
Susan : je suis enceinte … ?!
Jenson : (enjouée) oui …
Susan fixa pendant un court instant les yeux verdoyants du Docteur Jenson,
comme si elle espérait y voir le contraire des mots qu’elle venait de
prononcer. Mais tout ce qui y perçait n’était que la surprise que lui
insufflait la réaction de Susan. Elle ne comprenait pas vraiment, même si
certaines raisons étaient évidentes.
Tandis que Susan baissa les yeux, comme déçue, Jenson reprit d’une voix plus
posée, douce :
Jenson : je pensais que tu serais contente de l’apprendre !
Susan : (les yeux baissés) j’aurais pu l’être … si les raisons
n’étaient pas si étranges …
L’attitude de l’amie du docteur Jenson la toucha tout particulièrement.
Susan n’avait pas pour habitude d’agir ainsi, elle devait à tout prix la
rassurer. Aussi, prenant une voix encore plus compatissante, rassurante, Jenson
reprit :
Jenson : Susan, je comprends que tu sois un peu déroutée, c’est compréhensible
! Mais l’important c’est que l’enfant soit en bonne santé, tu ne crois
pas ?
Susan releva brusquement la tête et braqua sur le visage de Jenson un regard
si dur et froid que Jenson eut peine à croire qu’il provenait de son amie de
fac, sa confidente.
Susan : (criant) je ne devrais pas être enceinte !!!
Suite à cette réplique à la virulence sans équivoque, toutes demeurèrent
silencieuses. Susan s’en voulut instantanément, elle n’avait pas voulu
hurler à pleins poumons contre une des seules personnes qui pouvaient et
voulaient lui venir en aide. Mais elle ne s’excusa pas, pour une raison
qu’elle ignorait. Elle se contenta de baisser les yeux, déçue par sa propre
attitude. Jenson ne lui en tint pas rigueur, elle se contenta de la regarder
droit dans les yeux, d’une attitude attendrie. Lorsqu’elle répliqua, sa
voix s’était encore un peu plus apaisée ; elle démontrait là une maîtrise
d’elle même sans pareille :
Jenson : Je suis parfaitement d’accord avec toi, moi même je ne
comprends pas comment tu peux l’être. Mais …
Entendant le fauteuil rouler sur ses roulettes, Susan releva les yeux,
surprise également par l’interruption de cette phrase, en plein milieu.
Jenson contourna le bureau par sa droite et vint se placer devant Susan. Jenson
posa ses fesses sur le bord du bureau, en y posant également ses mains, les
bras tendus. Alors, elle reprit sa phrase, accentuant un peu plus l’emprise de
son regard dans celui de so amie :
Jenson : … Dieu t’a accordé une seconde chance : il t’a redonné
la vie et ôté ta stérilité en te faisant don d’un enfant inespéré !
Cesse de chercher la vérité et profites de cette chance !
Susan aurait aimé que ce soit aussi simple, mais elle ne pouvait se voiler
l’inéluctable vérité : cet enfant était bien plus qu’une conception sans
pareille. Il était, respirait et servait des éléments jusqu’alors
inexistant. Susan ne savait pas encore lesquels ils étaient mais elle était
persuadée qu’elle finirait par le découvrir. Aussi, braquant un regard appuyé
dans le regard de son amie, Susan répondit :
Susan : j’aimerais pouvoir en faire abstraction comme toi, Lisa, mais
je ne peux pas ! … Je ne peux croire que cet enfant n’est que le fruit
d’un miracle céleste : j’étais voué à un coma éternel et je me suis réveillé
comme par enchantement ! Ça encore, ça passe, ça s’est déjà vu ! Que mon
bilan de santé soit parfait au point qu’aucune trace de maladie antérieure
ne soit visible, j’ai dû mal à le croire mais bon … Mais tu peux me dire
comment je peux être enceinte de deux mois alors que je ne suis sortie du coma
que depuis à peine deux semaines ?? C’est impossible, et tu le sais aussi
bien que moi !!
Jenson resta muette, suite à cette tirade qui démontrait pleinement ce qui
hantait Susan en son for intérieure. Désormais, Jenson comprenait avec précision
la souffrance, l’inquiétude, l’effroi que ressentaient Susan. Elle ne
comprenait rien à ce qui se passait et le simple fait que l’enfant qu’elle
portait ait été conçu de manière si effarante suffisait à faire véhiculer
en elle une peur impossible à maîtriser. Et si l’on rajoutait à cela le
fait que le père, s’il existait, restait inconnu : le chaos total n’aurait
pas paru si invraisemblable.
Après ce très long silence, Susan finit par se lever et, tournant le dos à
son docteur, s’éloigna vers la porte de la salle. Pourtant, son sac à main,
tenu par sa main droite, pendant contre sa jambe, Susan s’arrêta à
mi-distance entre Jenson et la porte. Le regard braqué sur la porte, celui de
Jenson braqué sur sa nuque à nu, Susan reprit, d’une voix brise, très basse
:
Susan : plus les jours passent, et plus je le sens évolue ! Chaque jour
l’obscurité qui l’entoure s’amplifie … Il est le mal en personne, je le
sais et je ne peux rien faire contre lui …
Susan laissa juste le temps à son amie d’enfance de comprendre le sens de
sa phrase. Celle-ci aurait, pour n’importe quel autre patient, donner une
carte comportant l’adresse d’un psychiatre réputé de Metropolis mais le
fait que ce soit Susan qui lui dise cela reconsidérait sa façon de réagir.
Elle ne connaissait personne qui soit plus cartésienne qu’elle. Susan ne
croyait qu’en la vérité de la science, qu’aux faits eux-même. Donc, si
Susan affirmait que c’était le cas, elle avait certainement raison. Un élément
qui accentuait un peu plus la conformité de la panique éprouvée par Susan …
Cette dernière termina d’avancer vers la porte blanche d’entrée, appuya
sur la poignée et ouvrit la porte. Elle passa par l’embrasure de la porte,
passa le seuil, entra dans le couloir adjacent et referma la porte derrière
elle.
Susan souffla lentement, pour relacher la pression si palpable régnant dans le
bureau du Docteur Jenson. Elle hissa le sac à main à son épaule droite et
porta son regard sur la droite, dans la direction où s’étendait le long
couloir blanc, martelé des pas des autres docteurs, en blanc, infirmiers,
bleu-vert et divers patients. C’était officiel, Susan était enceinte du mal
réincarné …
Après quelques secondes d’immobilité, Susan entreprit une marche assurée le
long du couloir, emboitant le pas à un infirmier de couleur de peau noire, à
la carrure impressionnante. Les muscles de l’homme, la vingtaine,
remplissaient pleinement la chemise bleu-vert qui caractérisait son statut
d’aide-soignant. Un léger sourire aux nuances félines se dessina sur les lèvres
de la femme de Marshall Despite. Son regard pâle caressa la silhouette musclée
de l’homme, devant elle, de l’arrière de son crâne rasé à blanc,
jusqu’au bas de son dos. Elle voyait ses imposantes épaules rouler, ses
biceps se balancer d’avant en arrière. Une étrange fièvre, vertigineuse,
s’empara de Susan et elle vit une vision lui traverser l’esprit : elle se
voyait caresser de ses mains les bras musclés de l’homme, elle sentait sa
carrure le plaquer contre un mur. Il attrapait ses hanches et la hissait
jusqu’à lui, Susan entourait ses jambes autour de sa taille …
Soudain, le visage sérieux de Marshall apparut, parmi ses images sauvages.
Susan perdit instantanément son sourire charmeur et s’arrêta immédiatement
sur place, elle se trouvait devant un ascenseur. Elle appuya sur le bouton
d’appel : les portes en acier s’ouvrirent sur le moment même. Avant d’y
entrer, elle ne put s’empêcher de détourner les yeux sur la gauche :
l’infirmier tourna au coin d’un mur, sur la droite. Elle entra dans la cage
d’ascenseur et tourna sur ses talons. Elle appuya sur le bouton « Parking-lot
», avant que les portes ne se mettent à coulisser pour se refermer complètement.
Susan se laissa reculer jusqu’au mur du fond, en acier et s’adossa contre
lui, en soufflant bruyamment. Elle amena ses mains vers son visage et le plongea
dedans. Elle tenta alors de faire le vide autour d’elle, oubliant la descente
délicate de l’ascenseur, le bruit métallique qu’elle provoquait, le lieu où
elle se trouvait, tous les soucis qui la hantaient … Tout. Enfin, elle se
sentit en paix avec elle même, n’entendant plus rien, seule l’harmonie
pleine qui l’emplissait. Et soudain, une petite voix, très douce, semblable
à un murmure, lui souffla :
« guerre … famine … épidemie … toi seule peut les annihiler … tu le
sais … viens à moi … enfant du destin … »
D’un geste vif, Susan enleva les mains de son visage et lança ces mots,
d’une voix hurlant à pleins poumons la plainte qui lui sortait du cœur :
Susan : laisses-moi tranquille !!!!
Dans le même temps, Susan avait rouvert les yeux et regardait droit devant
elle. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle se rendit compte que
l’ascenseur s’était immobilisé et que ses portes étaient grandes
ouvertes. Un vieil homme, la soixantaine, attendait à l’entrée de cet
ascenseur, en regardant Susan les yeux écarquillés entre ses nombreuses rétines.
Il ne faisait aucun doute, vis-à-vis de l’expression ahurie de son visage,
qu’il avait assisté à la plainte hurlante de Susan. En cet instant, il
devait sûrement s’inquiéter de la santé mentale de cette si jolie jeune
femme.
Susan se força à sourire malgré le rosissement qui commençait à teinter les
joues pâles de Susan et baissa les yeux vers le sol. Elle se décala du mur et
avança vers l’homme la tête baissé, passant à sa gauche sans risquer un
regard. Elle pénétra sur le sol dur et résonnant du parking souterrain sans
risquer un regard en arrière, certaine que le vieil homme s’était retourné
pour la regarder s’en aller. Ainsi, le cœur battant à tout rompre, Susan
longea la rangée de voiture de droite, sans autre envie que d’accélérer un
peu plus le pas.
Après quelques secondes de marches et une atténuation du rythme cardiaque de
Susan, le quasi-silence du parking fut rompu par une sonnerie aigue de téléphone
portable. Tout d’abord, la jeune femme crut qu’il s’agissait du sien mais,
lorsqu’elle baissa les yeux vers le sol, elle vit un téléphone portable
bleu, très petit, brillant de lumière blanche. Au premier abord, elle pensa
continuer sa marche, sans s’en préoccuper. Mais, pour une raison qu’elle
ignorait, Susan se baissa pourtant et s’accroupit. Lentement, elle amena sa
main droite vers le téléphone et, après une approche ralentie à chaque
centimètre franchi, elle finit par l’effleurer. Une sensation étrange, mêlant
tiédeur et froid implacable, s’empara de tout son être. Succintement, elle
vit une image floue lui traverser le cortex cérébral : cela ressembla une étendue
de neige blanche, à perte de vue. La sensation et la vision disparurent aussi
vite qu’elles étaient apparues. Susan mit un temps conséquent à reprendre
contact avec la réalité. Mais le téléphone, continuant de sonner sur le sol,
la réveilla pleinement. Susan décida de s’en saisir et décrocha. Elle
ouvrit le clapet et porta le combiné à son oreille droite.
Susan : allô ?
???: Susan, j’ai ce que vous cherchez …
Susan sentit à nouveau le rythme de son cœur s’emballer. Elle se releva
et regarda tout autour d’elle, dans l’espoir fou de voir son interlocuteur
se tenir dans l’ombre d’un pilonne. Mais, hormis la berline blanche qui
passa devant l’ascenseur, au loin, personne n’était présent.
Susan : (inquiète) qui êtes-vous ?
???: l’homme qui a réponse à vos questions
Susan : quelles questions ?
???: une principalement … où se trouve votre mari !
Susan n’osait le croire. Un homme avait réussi à entrer en contact avec
elle, par le biais d’un téléphone portable déposé sur son passage et
affirmait connaître l’endroit où se terrait Marshall, alors qu’il semblait
avoir tout simplement disparu de la surface de la planète. Devait-elle lui
faire confiance ?
Susan : qui êtes-vous ?
???: mon nom importe peu, la seule chose que vous devait prendre en considération
est que je suis le seul à savoir où se trouve votre mari … le seul moyen de
le rejoindre « passe » par moi … alors, si vous voulez vraiment le revoir,
rejoignez-moi à votre appartement dans 30 minutes …
Et sur ces derniers mots, l’étrange homme raccrocha, laissant Susan en
pleine conscience d’un ahurissement naissant. Elle ne savait que faire, que
croire et qui croire …
Appartement
de Clark KENT -- Metropolis --- 10h33
Les pâles rayons du soleil, qui se hissait péniblement à son zénith,
traversaient des épais nuages gris, présents au dessus de Metropolis. Leur
vaine chaleur tentait, à grand peine, de réchauffait l’atmosphère hétéroclite
de la métropole, sans réellement y arriver. Son emprise avait tout autant de
mal à réchauffer, si restreinte soit elle, du petit salon du jeune Clark Kent.
La baie vitrée, constituée de porte-fenêtre en verre ne suffisait pas à
accentuer assez la température des rayons solaire pour rendre le salon
chaleureux. Même avec un soleil de plomb, il paraissait que l’atmosphère présente,
en cet instant, dans le salon, ne pourrait être relevée d’un centième de
degré. La chaleur n’avait rien à y voir, seules les deux personnes présentes
pouvaient agir dessus …
Le maître des lieux, ou tout du moins le locataire –Clark Kent-, était présent
debout, devant cette suite de porte-fenêtre vitrée. Habillé d’un maillot de
corps rouge qui mettait en valeur le haut de son corps comme taillé dans la
peau par un sculpteur adepte des corps parfaits, le jeune Kent avait croisés
ses bras sur le haut de son torse et braqué son regard saphir, d’une clarté
à toute épreuve, sur la ville, en contre-plongée. A Smallville, il
s’adorait à admirer l’étendue de champs, à perte de vue. Il avait eu peur
de ne jamais retrouvé, dans un lieu si différent de sa campagne, endroit
reposant. Et pourtant, parmi les bruits atypiques de la ville, stressant pour
les uns, rassurant pour les autres, Clark avait trouvé une certaine quiétude :
observer les tours de verre lui procurait un sentiment de tiédeur sans
pareille.
Une voix féminine, très douce et délicate, comme caressant la froideur métallique
des lieux, vint apporter sa touche angélique au moment implacable :
« Tu devrais en parler … »
La personne qui venait de s’adresser à Clark, comme pour lui montrer
qu’il n’était pas seul dans la salle, comme dans la vie en général, ne
lui était pas étrangère ; de loin même. Ces longs cheveux bruns ondulés
tombant sur de fines épaules presque entièrement à nues, hormis les fines
bretelles de son débardeur rouge, ce visage fins, légèrement bronzé aux
traits parfait, à la peau douce, ces yeux d’une couleur noisette légèrement
luisante et cette attitude tendrement inquiète … Toutes ces caractéristiques
envoûtantes appartenaient à la jeune Lana Lang, assise sur le bord du canapé
de Clark. La tête tournée vers lui, elle attendait, tranquillement, qu’il
daigne s’exprimer par autre manière que le silence.
Mais la jeune femme devait se rendre à l’évidence : les quelques temps passés
ici, seul, à Metropolis, avait éternellement changé le Clark Kent qu’elle
connaissait. Cette période, associée à la présence interne de son âme
noire, Kal-El, avait transformé le fermier, timide et peu sûr de lui en un
charismatique urbain, sur de ses pensées et de ses actes. Sa présence, émanant
de sa silhouette impressionnante, emplissait toute la petite salle. Le jeune
adolescent réservé avait mué en homme charismatique.
Pourtant, après d’interminables secondes de silence, Clark finit par lui répondre,
d’une voix calme :
Clark : en parler ? … et en parler à qui ?
La réponse de Clark n’était certes pas la plus encourageante possible
mais le fait qu’il daigne s’exprimer par voie orale était déjà en soit un
effort considérable. Lana s’appuya donc sur cet élément dans l’espoir de
parvenir à ce point qu’elle visait depuis de longues minutes : parvenir à
ramener Clark vers le droit chemin duquel il semblait, lentement,
inexorablement, s’éloigner.
Lana : (d’une voix de plus en plus veloutée) parles-en à tes parents,
je suis sûr qu’ils te comprendraient …
Une nouvelle petite pause s’installa, entre Clark et celle qui fut,
auparavant, son amour. Lana crut comprendre, par le biais de ce silence, que ses
paroles avaient touché Clark au travers de cette barrière d’acier qu’il
semblait s’être forgé pour se protéger de toute souffrance ; une réaction
très compréhensible, quand on connaissait l’histoire de sa vie. Pourtant, la
réplique qu’il lança, d’une voix délicate, semblait prouver le contraire
:
Clark : ils ne peuvent rien pour moi, je dois évoluer seul …
Dans ces mots cinglants, Lana crut déceler la traîtrise caractéristique de
Kal-El. Peut être que les traits de son caractère atypique se mêlaient peu à
peu à la personnalité si pure de Clark, à force d’être au contact de lui,
continuellement ? Mais Lana, malgré cette réflexion emprunt de sagesse, avait
dû mal à le croire. Clark avait déjà bien du mal à croire ses propres
paroles, comment pourrait-il penser les faire croire à Lana ?
Lana : Tu sais aussi bien que moi que Lara ne voulait pas te voir
souffrir, elle t’a fait venir sur Terre pour échapper à cette souffrance que
tu t’infliges ! Pourquoi t’imposes-tu tant de difficultés ?
Clark ne se retourna pas vers Lana, il ne s’en sentait pas la force. Mais
elle était certaine que si elle avait pu le regarder en face, elle aurait vu la
souffrance et la sincérité marquer les jeunes traits de ce visage qui
respirait le vécu. Il se contenta alors de rétorquer, d’une voix froide,
implacable, malgré le ton calme qui la caractérisait :
Clark : Lara est morte, Jor-El aussi … je suis maintenant le seul à décider
de la vie qui me convient …
Malgré le cœur que Clark avait essayé d’y mettre, pour que Lana y croit
le plus possible, elle sentait bien qu’il n’en pensait pas un traître mot.
Kal-El pensait peut être ainsi mais Clark Kent, malgré la transformation indéniable
qu’il avait subi, ne viendrait jamais à se séparer de ses parents adoptifs.
Lana : (sûre d’elle) Kal-El pense peut être les mots qui sortent de
ta bouche, mais pas Clark Kent ! Tu pourras dire ce que tu veux, mais jamais tu
ne me feras croire que Kal-El et toi êtes sur la même longueur d’ondes !!
Lana, même si elle ne le montra pas, était fière d’elle. Après maintes
efforts, elle avait réussi à extirper Clark de l’enveloppe d’acier qui
semblait constituer son armure invisible. Décroisant les bras, il se retourna
et avança d’un pas assuré, avant de s’immobiliser, comme s’il venait de
se rendre compte de son attitude. Hésitant un court instant, il lança
pourtant, après quelques secondes de silence, ces mots qui sonnèrent comme
moins assurés que les précédents :
Clark : Kal-El et moi poursuivons le même but : acquérir le savoir de
Krypton ! La seule chose qui nous différencie et ce que l’on souhaite en
faire …
Lana saisit l’occasion immédiatement, sachant qu’elle avait là une
ouverture vers un élément qu’il ignorait, malgré ses facultés de
Gardienne. Son statut lui avait fourni une connaissance totale des événements
qui entouraient l’accession par Clark, de ce savoir ancestral. Mais ce qu’il
comptait en faire, elle l’ignorait. Qu’est ce qui pouvait tant le motiver ?
Elle se leva du canapé et s’approcha de lui, jusqu’à se trouver juste
devant lui. Alors, elle plongea ses yeux dans les siens et lui glissa :
Lana : et que comptes-tu faire avec, qui te motive à tant souffrir ?
Clark, qui venait de baisser les yeux sous l’effet du regard brûlant de
Lana, les releva lentement, délicatement. La réponse à cette question était
très claire, dans son esprit, plus claire que jamais. Son arrivée à
Metropolis l’avait rendu fluide, l’avait réveillée. Car Clark le savait désormais
: cette finalité, cette fonction sur laquelle débouchait sa destinée,
sommeillait dans sa tête depuis très longtemps, depuis toujours peut être.
Mais pour une raison qu’il ignorait encore, il n’avait pu la regarder en
face. Ce qui était chose faite, désormais. Il répondit à Lana d’une voix
calme, posée et lente :
Clark : je sauverai tous ceux qui en éprouveront le besoin …
Lorsque les mots furent assimilés par l’esprit de Lana, elle crut à une
plaisanterie. Aussi, ses yeux en amande s’écarquillèrent en une expression
ahurie : « Sauver tous ceux qui en éprouveront le besoin ». Rien de plus
qu’une utopie. Personne sur cette terre ou sur une autre n’avait les moyens,
le temps et l’espace pour parvenir à remplir cette tâche. Personne ! …
Personne ? Personne à part peut être Clark ? NON, c’est impossible, même
lui il ne pourrait pas …Lana avait vraiment du mal à le croire mais pourtant
une petite voix, au fin fond de son esprit lui murmurait un impensable espoir.
Et si Clark était celui qui transformait cette douce utopie en réalité
implacable ? Après tout, à Smallville, il avait déjà sauvé tant de vie. Ses
pouvoirs ne cessaient de s’accroître et si l’on rajoutait à cela le
pouvoir infini du savoir de Krypton …
Lana : tu ne pourras jamais …
Clark : (calme) si je le pourrais et je le ferais !!
Lana continua d’écarquiller les yeux. D’où pouvait lui venir cette
envie folle de devenir un héros inimaginable ? Clark Kent n’avait jamais eu
envie d’être dans la lumière. Au contraire, agir dans l’ombre semblait sa
vocation. Qui ou que lui insufflait ce vent de nouveauté ? Lana devait savoir
…
Aussi, elle ferma les yeux et baissa la tête, dans une attitude emplie
d’harmonie. La paix lissa les traits parfaits de son si joli visage et Clark
la regarda agir, en seul spectateur qu’il était.
Lana ferma alors son esprit de telle sorte qu’aucun élément extérieur ne
vienne la perturber. La vaine lumière de l’appartement laissa alors place au
noir intarrissable. De longues secondes passèrent ainsi, dans ce calme plat,
entouré d’ombres. Jusqu’à l’instant où, au beau milieu de cet univers
de pénombre, une sphère de lumière blanche n’apparaisse. L’image sembla
foncer vers cette sphère et entra à l’intérieur. A la seconde même où le
phénomène se produisit, Lana vit un flot d’images impressionnant défiler
devant ses yeux, à une vitesse éffarante. Visages, endroits et pensées se mêlaient
à toute vitesse, dans un flot interminable. Elle vit une succession de
souffrance, de tragédies et de pleurs …
Soudain, elle fut éjectée de la sphère et ne put qu’observer sa consistance
étonnante briller devant elle, en plein milieu de la pénombre. Lana rouvrit
les yeux et releva la tête : Clark, le visage ferme, la fixait d’un regard
noir. Lana comprit instantanément ce qui venait de se passer : Clark avait réussi
à couper le lien télépathique. Comment avait-il fait ? Cela, elle
l’ignorait. Mais il l’avait fait trop tard. Dans les dernières images, Lana
avait vu un visage aux traits magnifiques, légèrement bronzés. Ses longs
cheveux noirs soyeux, tombant sur les épaules et ses yeux noisette représentaient
une ressemblance frappante avec Lana, pourtant ce n’était pas elle. Mais en
voyant la suite de scène romantique, où Clark se sentait en harmonie avec le
reste du monde, dans ces moments où il serrait la jeune femme dans ses bras,
Lana se rappela de qui il s’agissait : Leyana Leon. Dans la dernière image,
Lana la vit même mourir dans les bras de Clark. La déchirure infernale qui était
liée avait brisée Lana, en son for intérieure. Elle comprenait enfin, ce qui
motivait tant Clark. Il pensait certainement que parmi l’étendue de pouvoirs
que lui promettait le Savoir de Krypton figurait peut être un don de résurrection
?
Lana : le Savoir de Krypton ne la ramènera pas … pas plus que ton
omniprésence …
Clark avait peur de savoir le nom qui se rattachait à la phrase de Lana. Il
l’avait sentie pénétrer son esprit pour y trouver des réponses et, en plus
de cette colère qui avait naquis lors de cette intrusion, il sentait cette
blessure restée béante, s’attiser de douleur. Il détourna les yeux de Lana
et se retourna, pour éviter son regard. Sentant le sang battre à ses tempes,
de haine envers Lana, il fit quelques pas vers la baie vitrée. Le visage tiré
par la compassion, Lana lança pourtant, d’une voix douce :
Lana : Leyana est morte, tu ne peux plus rien faire pour elle !!
Clark : (criant) tais-toi !!!
Clark venait de se retourner subitement et regardait Lana fixement, d’un
regard noir, furieux, qu’elle ne lui avait jamais vu. Ces mots étaient sortis
de sa gorge sans qu’il les ait pensé mais il ne regrettait rien. Au
contraire, il allait continuer dans cette voie. Jamais ils n’avaient évoqués
ce sujet qui tiraillait Clark de l’intérieur, qui le rongeait
continuellement. Mais cette fois, le moment était venu.
Les yeux légèrement écarquillés de stupeur, Lana regarda Clark se rapprocher
de lui et se placer face à elle. Une haine intense, incommensurable étirait
les traits de son visage massif. Toute sa rancœur, sa colère furieuse réprimée
allait sortir.
Clark : comment oses-tu me demander de l’oublier ??! Toi ! De quel
droit tu te le permets ??
Lana, sous la puissance charismatique de ce regard, imprégné au plus
profond dans le sien, baissa les yeux. Elle ne pouvait supporter la situation.
Mais Clark ne s’en préoccupa pas. Maintenant qu’il avait commencé, il
devait aller jusqu’au bout.
Clark : (haussant un peu plus ton) tu m’as abandonné au moment où
j’avais le plus besoin de toi !! Au moment où, enfin, je trouvais ma voie !!!
Non, toi tu as préféré fuir le plus loin possible sous prétexte que tu
pensais que c’était mieux ainsi !! Mieux pour qui ? Pour toi ? Non, pour moi
?Encore moins ! Juste parce que tu ne supportais pas que quelqu’un puisse
t’aimer à en mourir !! La seule qui l’ait supporté, c’est Leyana ! Et
maintenant, tu me demandes de l’oublier alors qu’on me l’a arrachée !!?
…
Clark interrompit enfin sa tirade, toujours le regard braqué sur Lana qui
regardait, elle, le sol de l’appartement. Clark se sentait enfin mieux, plus
libre, en phase avec ce qu’il ressentait. Ce qui semblait loin d’être le
cas de Lana. Son corps tremblait de partout, plus encore au niveau de son
visage. Voyant cela, Clark perdit un peu de la fureur qui marquait son visage.
Un reniflement sourd se faisait entendre, sortant de la bouche de Lana. Son
visage, baissé, semblait légèrement humide … Elle pleurait le plus
silencieusement possible. A la vue de cela, Clark ne put rester aussi furieux
qu’il l’était auparavant.
Il lui demanda même, d’une voix douce et délicate :
Clark : Lana ?
Lana essayait avec beaucoup de difficultés, de contrôler ses larmes. Mais
les paroles blessantes, criantes de sincérité de Clark, avait réveillée en
elle une souffrance et une culpabilité qu’elle feignait de ne pas ressentir.
Alors qu’en réalité, il ne se passait pas une journée où Lana ne pensait
pas au moins une fois à l’attitude candide qu’elle avait eue, en quittant
Smallville et Clark, six mois plus tôt.
Lentement, elle redressa la tête et se força, par respect pour Clark, à le
regarder droit dans les yeux. En amande, ils brillaient intensément en raison
des larmes qui ne cessaient de déborder de ses paupières. Les rayons du
soleil, s’y reflétant, faisaient de son regard noisette un astre artificiel.
Deux larmes roulaient le long de ses joues douces, arborant les courbes de ses
fines lèvres. Lana était proie à une crise de larmes sans précédent.
Pourtant, entre deux reniflements, elle réussit à lancer, d’une voix brisée
par les sanglots :
Lana : si tu savais comme je m’en veux !!
Lana se forçait réellement à regarder Clark droit dans les yeux, elle
s’en voulait tant. Ses yeux saphir, presque diaphanes, lui faisaient mal au
plus profond d’elle même. Cela lui rappelait ces doux moments, si lointaines,
pendant lesquels Clark et elle s’étreignaient avec amour. Une douce rêverie
désormais …
Clark, lui, avait bien du mal à croire à ces mots. Pourtant, ce n’était que
les prémices d’une suite dont il ne pourrait imaginer la finalité. Lana avança
de deux pas, s’approchant encore un peu plus de Clark. Malgré les larmes qui
continuaient de déborder de ses yeux et les sanglots qui troublaient sa voix,
Lana, d’un ton des plus attentionnés, se confia encore un peu plus :
Lana : chaque jour, chaque moment, je regrette mon attitude !! …
j’aimerais pouvoir me dire que j’ai bien fait, que ce voyage m’a apporté
les réponses et que je suis heureuse ainsi … Mais je me mentirais …
Lana avança encore un peu vers Clark, le sentant presque contre elle. Il ne
contrôlait plus rien, ce qui était un peu déroutant. Mais Lana, elle, savait
ce qu’elle faisait. Les yeux toujours aussi brillants, Lana se força à dire
les derniers mots qui scelleraient une confession commune qui aurait tardée
mais aussi libérés deux êtres toujours liés par le destin.
Lana : (dans un murmure) je n’ai jamais cessé de t’aimer …
Clark sentit une fièvre incontrôlable naître en lui et circuler par un
moyen qu’il soupçonnait de ne pas être ordinaire. Une chaleur intense
s’emparait de tous ses membres et l’envoûtait tant qu’il se sentait
porter hors du temps et de l’espace. Ces mots étaient précisément ceux
qu’il rêvait d’entendre depuis le retour de Lana. Il avait peine à croire
qu’elle venait de les prononcer devant lui …
Lentement, Lana baissa la tête, pour chercher les mains de Clark. Mais un phénomène
autre attira son attention, un phénomène qui intervenait au plus mauvais
moment. Une lumière bleue venait d’apparaître au bas de l’avant-bras de
Clark. La lueur remontait vers le coude, d’un coulissement fluide. Sur son
passage, elle faisait virer le noir intarissable du tatouage « Croisade », présent
sur le bras de Clark, à un bleu dur. Sa signification était claire et Lana ne
la connaissait que trop : Kal-El venait de refaire surface.
Le visage crispé par l’inquiétude, Lana releva la tête et pointa son regard
sur le visage de son ami. La stupéfaction et la compassion avaient disparus de
ce visage massif, au regard attendrissant. Désormais, une implacable dureté étirait
ses jeunes traits et un froid métallique baignait les rétines claires de ses
yeux. Kal-El n’avait vraiment rien de commun avec Clark Kent.
Kal-El : ton affection pour Clark le rend faible, Gardienne ! … tu
n’es pas digne de ton rang
Lana savait, fort heureusement, que Kal-El et Clark Kent étaient des entités
bien distinctes. Et elle savait également comment réagir face à Kal-El.
Aussi, lorsqu’elle lui répliqua, elle prit le plus grand soin pour laisser
une expression implacable étirer ses traits et une noirceur inégalable remplir
ses yeux ambrés encore humides.
Lana : Lara ne semblait pas d’accord avec toi !
Kal-El : Lara était faible, elle aussi … je n’ai besoin ni d’elle,
ni de personne pour accomplir mon destin !
Lana : tu es loin d’être invincible !!
Kal-El : et toi loin de m’arriver ne serait-ce qu’à la cheville !
Personne sur cette Terre ou autre part n’est mon égal …
L’arrogance dont faisait preuve Kal-El était vraiment à vomir. Lana avait
bien du mal à croire que, quelques secondes plus tôt, l’amour de sa vie se
tenait devant elle. Désormais, elle aurait voulu envoyer cet être dans les abîmes
de l’enfer, s’il n’avait pas élu domicile dans le corps de Clark. Aussi,
elle se contenta d’amener sa main droite au niveau de son abdomen et refermer
légèrement les doigts vers la paume de sa main. Succinctement, une éclair de
lumière bleue dure apparut, passant entre ses doigts. Attiré par la lumière,
Kal-El baissa les yeux et vit Lana rouvrir la main. En son creux, reposait une
pierre noire, de forme pyramidale, à trois face. Sur l’une d’elles était
gravé le symbole Kryptonien de l’Espoir, d’une couleur argentée magnifique
–Le cristal de l’Espoir-. Kal-El écarquilla légèrement les yeux, en le
reconnaissant tandis que Lana esquissait un large rictus, contente d’elle. Le
regardant droit dans les yeux, ce qui fit également le Kryptonien, elle lui lança,
d’une voix enjouée :
Lana : désolée, mais je préfère parler au « faible » …
Kal-El, malgré l’étendue de ses pouvoirs, n’eut pas le temps de réagir :
une vague étrange de lumière bleue recouvrit les parois noirâtres du cristal.
Cette lumière aux nuances sombres s’empara du corps de Kal-El, amenuisant sa
présence. Au moment où la pierre s’éteignait, Clark refaisait surface,
soufflant avec frénésie. Il regarda Lana, puis la pierre, abasourdie.
Clark : (effarée) Lana ?! Comment … tu … ?
Lana : (souriante) être Gardienne a certains avantages …
Clark regarda un long moment Lana droit dans les yeux, en hésitant. Mais il
se rendait compte d’un élément vraiment important : ce matin, une partie de
sa vision était un rêve. Cette fois, Kal-El n’avait pas eu le dessus et Lana
l’avait renvoyé d’où il était venu. Lana était donc capable de se défendre
d’elle même, même face à la menace la plus dangereuse, la part d’ombre de
lui même. Peut être était-il temps d’accorder sa confiance …
Clark : donnes-moi la pierre …
Perdant un peu de son sourire, Lana amena la pierre vers la main droite que
lui tendait Clark et amena sa main au plus près. Clark en fit de même et
effleura la peau douce de la jeune femme. Au contact de la pierre, il la fit
disparaître en un éclair de lumière bleue et prit ainsi la main dans la
sienne, en entremêlant les doigts dans les siens. Lana releva les yeux au même
instant vers son visage, et lui rendit son superbe sourire.
Clark : (voix délicate) moi non plus je n’ai jamais cessé de penser
à toi …
Appartement
de Susan DESPITE -- Metropolis --- 10h37
La poignée ronde, en fer dorée, de la porte noire d’entrée de la porte
d’entrée fut tournée, d’un geste assez lent, dans un grincement presque
imperceptible, après que les cliquetis d’une clé, introduite dans la
serrure, ne se soit fait entendre. Peu de temps plus tard, la porte fut poussée,
laissant apparaître une silhouette mince, assez sombre, se détachant dans la
pleine pénombre présente entre les bords de l’embrasure de la porte. La
femme, car il s’agissait bel et bien d’une femme, passa le seuil de la porte
et referma la porte derrière elle. Malgré le peu de lumière qui envahissait
ce court corridor, tout en longueur, elle paraissait habillée d’une veste en
tailleur tombant sur un pantalon, si l’on en jugeait par la protubérance
plate qui tombait sur chacune de ses cuisses.
Après avoir refermé la porte dans un claquement le plus discret possible, la
femme se retourna et releva la tête d’un geste si vif, qu’il en apparut
presque surnaturel. Elle jeta son regard de gauche à droite, dans un mouvement
circulaire, en scrutant la moindre parcelle d’ombre. Le cœur battant, elle
espérait pouvoir interpréter le moindre mouvement, le moindre souffle de vent,
la moindre tension. Mais rien ni personne n’étaient présents dans ce
corridor.
Aussi, elle s’avança vers le fond du corridor, d’un pas à la fois rapide,
assuré et précautionneux. Bientôt, malgré la pénombre totale du lieu, elle
put passer par l’embrasure d’une porte inexistante et entrer ainsi dans une
nouvelle salle, beaucoup plus grande. Sa forme, elle aussi, divergeait : elle
semblait assez carrée, si l’on en jugeait par ce que l’on voyait grâce aux
faibles rais de lumière qui passaient au travers du volet tiré au fond de la
salle, derrière trois porte-fenêtre vitrées. La jeune femme s’arrêta juste
après l’entrée de la salle, le regard braqué droit devant elle. Les bras
ballant le long de ses flancs, elle laissait son sac à main, tenu par sa main
droite, cognait inlassablement contre le bas de sa jambe. Rien d’autre que son
sens visuel ne semblait en action. Sentant le sang battre douloureusement à ses
tempes, la jeune femme s’approcha d’un pas délicat du mur, sur sa droite et
abaissa, d’un geste fébrile, ce qui ressemblait à un interrupteur. Aussitôt,
la lumière, incrustée au plafond, envahit toute la salle.
A la lumière évacuée, l’identité de la jeune femme fut enfin révélée :
ses cheveux blonds relevés en chignon, deux mèches traversant verticalement
son visage angélique, d’une teinte légèrement bronzée magnifique, ses yeux
d’un bleu si pâle qu’ils en apparaissaient presque transparent, sa
silhouette de mannequin mise en valeur par une veste de tailleur noire ouverte
sur un débardeur et par un jean délavé serré … Susan Despite semblait dans
le même état d’inquiétude qui s’était insufflé en elle suite à
l’appel de cet étrange inconnu, sur le parking souterrain de l’Hôpital de
Metropolis.
Restant la main posée sur l’interrupteur qu’elle venait d’abaisser, Susan
balaya la salle de ce même regard circulaire qu’elle avait utilisé pour
scruter le corridor. Mais rien n’y était présent d’autre que son mobilier
: un meuble de télé, soutenant le téléviseur dans le coin, sur sa droite, un
meuble bas en bois d’ébène, sur la droite de Susan et accolé au mur, une
table de verre sur la gauche, installée devant un grand divan en cuir caramel
apposé au mur … Rien. Personne.
Inconsciemment, Susan souffla tellement elle était rassurée. Cet appel
n’avait certainement était qu’un canular absurde. Un canular pourtant si précis,
elle avait presque peine à croire que ce n’avait été qu’une simple coïncidence.
Mais le fait de se retrouver seule dans son appartement la rassurait tant
qu’elle préférait ne pas songer que l’hypothèse du canular était
impossible à envisager.
Délicatement, Susan amena son sac à main à hauteur de sa taille et le posa
sur le meuble en bois d’ébène. Puis, d’un pas lourd, elle s’approcha des
porte-fenêtre vitrées, encrées dans le mur du fond du salon. Arrivée devant,
elle abaissa la poignée longiligne verticale, incorporée à la porte et la
releva à l’horizontale. Elle fit ensuite coulisser cette porte vers la
droite, libérant un espace pour laisser entrer la légère brise, fraîche,
provenant de l’extérieur. Sa fraîcheur, caressant son visage embrasé,
suffit à elle seule à l’apaiser …
« Vos peurs sont infondées, Susan … »
Susan crut que les battements accélérés de son cœur allait lui procurer
une attaque cardiaque qui n’aurait pas été la bienvenue : les hôpitaux, ces
temps-ci, lui devenaient des lieux assez peu appréciables. Elle avait immédiatement
reconnu le son de cette voix, la voix d’un homme dont l’assurance n’était
plus à faire. Un homme qu’elle connaissait, elle s’en rendait compte désormais.
« Un ange » pensa-t-elle. Mais même cette pensée ne suffisait pas à
annihiler la peur panique qui s’insinuait en elle, peu à peu, tel un venin
des plus virulents. Cette voix, modifiée par le téléphone, elle ne l’avait
pas reconnue immédiatement. Mais pourquoi ne lui avait-il pas dit qui il était
?
Susan se retourna d’un geste vif et tourna son regard vers l’entrée du
corridor. Un homme, un mètre quatre-vingt environ, se tenait, épaulé contre
le de gauche, dans l’embrasure de la porte inexistante. Vêtu d’un simple
pull en laine noire, il avait un visage carré à la peau blanche des plus
pures. Ses cheveux blonds, coupés courts et légèrement ébouriffés,
mettaient un peu plus en valeur son regard bleu, semblable à celui de Susan. Il
avait un sourire magnifique, envoutant. Les bras croisés, il fixait Susan avec
une assurance et une aura de paix qui le rendaient très attirant. Un charme éperdu
émanait de sa personne. Et pourtant, Susan, à plusieurs mètres de lui, ne
parvenait pas à lui rendre son sourire. Cette voix ne s’associait pas à la
personne qu’elle pensait. Elle ne connaissait pas cet homme. Mais ce regard,
ce regard … Il lui était si familier.
Aussi, Susan se contenta de lui demander, d’une voix très méfiante :
Susan : comment êtes-vous entré ?
L’homme, armé de ce sourire vraiment apaisant, presque angélique, ne
tarda pas à lui répondre de cette voix qu’elle était certaine de connaître
et qui évoquait en elle un sentiment de sûreté qu’elle n’avait plus connu
depuis très longtemps.
???: j’ai certaines … facilités avec les serrures !
Susan continua un long instant à le regarder droit dans les yeux. Elle ne
parvenait pas à détacher sa vue de ces rétines d’un pâle si envoûtant. Il
avait quelque chose d’à la fois mystérieux et de familier, comme s’ils se
connaissaient mais que Susan l’avait oublié.
Susan, constatant qu’elle le fixait depuis longtemps, cligna enfin des yeux et
les baissa vers le sol. Elle se reconcentra sur la raison de sa venue dans son
propre appartement. Devait-elle lui faire confiance ? A près tout, hormis cette
voix qui lui évoquait quelque chose de familier, Susan ne connaissait rien de
lui. Et selon ses dires, il avait la possibilité de la ramener vers Marshall,
son mari. Alors, devait-elle se mettre à hurler à pleins poumons ou écouter
ce qu’il avait à dire ?
???: vous ne croyez pas que la deuxième option serait la plus judicieuse
?
Susan releva les yeux vers cet inconnu en une fraction de seconde, tellement
elle était surprise par cette phrase. Il avait transcrit par voie orale ce
qu’elle avait très précisément pensé très fort, l’instant précédent.
Alors, troublante coïncidence ou don télépathique ? Susan aurait bien aimé
le savoir mais elle pensa, sûrement grâce à la voix de la raison, qu’il
n’en dirait rien.
Aussi, elle se contenta de reprendre un air des plus fermés et lui demanda,
simplement :
Susan : qu’attendez-vous de moi ?
???: moi … pas grand chose ! Susan, vous pouvez me croire, vous
n’avez aucune raison d’être suspicieuse ; je veux juste vous aider.
Mais même si toutes ses pulsions la poussaient à le croire, Susan préférait
écouter cette petite voix, dans un coin de sa tête, qui lui demandait de se méfier.
Sa douloureuse expérience, en relation avec Lionel Luthor, lui avait appris
certaines leçons qu’elle n’était pas prête d’oublier. Elle était entrée
de plein pied dans le monde cruel de Lionel Luthor, dans lequel on obtenait rien
sans rien. Et malheureusement, elle s’était bien vite rendu compte que ce
monde était également le monde réel.
Elle répliqua donc d’un ton plus agressif qu’elle n’aurait vraiment voulu
:
Susan : pourquoi feriez-vous une telle chose ?
???: je ressens des chose : des appels à l’aide, la souffrance
ressentie par autrui …Je perçois avec de plus en plus de précision votre détresse
de rester loin de Marshall. Votre cœur hurle d’un cri continuel, plus
puissant à chaque seconde qui passe qu’il me faut apaiser pour ma paix
personnelle. Ce pouvoir d’empathie peut me tuer, si je ne vous aide pas …
Susan avait donc vu juste : cet homme avait bel et bien un don de télépathie
et n’agissait pour elle que pour son bien personnel. Cela en soit la
rassurait, elle n’avait plus à se méfier d’hypothétiques conséquences.
Elle le laissa poursuivre sur sa lancée, lorsqu’il reprit la parole, quelques
secondes plus tard :
???: Marshall a des obligations qui l’obligent à rester où il se
trouve, mais …
L’homme s’écarta du mur contre lequel il s’était apposé et se
redressa, décroisant les bras. Perdant un peu de son sourire, il avança
lentement vers une Susan qui fut surprise et surtout décontenancée par son
attitude : elle ne savait pas trop à quoi s’attendre. Il s’arrêta juste en
face d’elle, la regardan droit dans les yeux et esquissa un nouveau sourire,
qui aurait pu être assimilé à un geste fraternel.
???: … je peux vous amener jusqu’à lui. Vous devez juste me faire
confiance
Lentement, délicatement, il amena sa main droite à hauteur de l’abdomen,
entre Susan et lui. La jeune femme eut juste le temps d’apercevoir, sur le dos
de sa main, un tatouage noir, aux origines Sethi, gravé dans sa peau blanche
immaculée. Il tourna sa main, proposant une étreinte à Susan. Mais celle-ci
restait comme absorbée par la vue de ce symbole noir, qu’elle connaissait,
elle en était certaine.
D’une voix douce, presque imperceptible, comme si elle ne parlait que pour
elle, elle glissa ces mots dans un murmure :
Susan : ce symbole …
???: (finissant sa phrase d’une voix enjouée) …est celui présent
dans vos rêves depuis votre résurrection, oui !
Susan releva subitement les yeux vers l’inconnu, désormais face à elle.
Comment pouvait-il connaître ce détail ? Surtout, qu’il avait parfaitement
raison. Ses rêves, ponctués de ventre gonflé, de neige à perte de vue et de
voix étranges, étaient également encrés de ce symbole, apparaissant aux
endroits les plus inattendus.
Tandis qu’elle fixait le jeune homme droit dans les yeux, ce dernier esquissa
un léger sourire, se voulant encourageant :
???: je ne veux que votre bien, Susan …
Susan continua pendant de longues secondes à le regarder fixement, noyé
dans la clarté de ses rétines bleutées, presque grisâtres. Mais peu à peu
cette voix, incarnant la raison dans sa tête, s’atténua et ne laissa plus
place qu’à ses propres impressions.
Elle esquissa alors un petit sourire et amena sa propre main vers celle, tendue
vers elle, de l’inconnu. Délicatement, elle l’étreignit et sentit une
douce tiédeur s’emparer de chacun de ses sens. Elle se laissa aller à se
bien-être et ferma les yeux, tandis que son sourire, inconsciemment, s’élargissait
un peu plus en une attitude extatique.
Ainsi, elle ne put pas voir le tatouage s’illuminer de rouge et l’aura
qu’elle dégagea envelopper tout d’abord leurs deux mains liées, puis leurs
deux silhouettes.
Susan sentit juste cette légère brise, d’une tiédeur envoûtante, se
transformer en une seconde en un violent vent à la touche glacial qui n’avait
plus rien à voir avec le précédent. Il sentit également ses pieds
s’enfoncer dans quelque chose de mou et de très froid ; si froid qu’il glaça
ses os de ses chevilles jusqu’à ses genoux. Surprise, elle rouvrit les yeux
alors que l’inconnu lui lâchait les yeux. Elle ne put alors cacher son
effarement, vis-à-vis de ce qu’elle voyait devant et autour d’elle. Les
yeux écarquillés de stupeur, elle pensait rêver, pour la simple et bonne
raison qu’elle avait si souvent vu ce lieu en rêve.
???: Bienvenu « Chez vous », Susan …
Mais Susan n’osait le croire, tellement l’incroyable qui entourait les
lieux était intense. Comment avait-elle pu passer de son simple salon à ce
lieu, que tout séparaient ?
La neige s’étendait à perte de vue, sur cette immense banquise de
l’Antarctique. Un soleil beaucoup trop froid pour réchauffer les lieux
brillait dans le ciel, cachés par des longs et épais nuages blancs. Tout
autour d’elle, des monticules de neige blanche s’élevaient, tels de petites
montagnes, délimitant les lieux d’une platitude à toute épreuve. Et, à
tout juste dix mètres de Susan, se trouvait l’architecture qui avait value la
phrase de l’inconnu : il s’agissait d’un imposant dôme pyramidal, à
quatre face, semblable à la pyramide de Chéops, en Egypte. A la différence prêt,
qu’il était constitué d’un alliage blanc lisse et cristallin, semblable à
de la glace taillée à la perfection. Le plus surprenant restait cependant sa
hauteur : la pyramide ne devait pas atteindre plus de 10 mètres. Comme si,
d’une manière qui serait vraiment étonnante, elle avait été enfoncée dans
la banquise.
[Le dernier plan filma le visage effaré de Susan, en gros plan. Une lumière
blanche, partant de son menton, remonta vers le haut de son visage, caractérisant
l’ouverture de la pyramide d’une manière restant mystérieuse …]
Ferme
des KENT -- Smallville --- 17h30
Martha, habillée élégamment d’un pantalon de tailleur noir et d’une
veste assortie, descendait, le visage crispé par l’inquiétude, les marches
de bois qui menait de l’étage de la maison au rez-de-chaussée, à proximité
de l’entrée de la cuisine. Son mari, Jonathan, la suivait de très près. Lui
aussi habillé pour l’occasion –pantalon de costume noir, chemise blanche et
veste de costume noir-, avait ce visage souriant, d’un air compatissant,
d’ordinaire réservé à son fils, Clark, lorsqu’il était préoccupé par
une raison ou une autre. Mais cette fois, c’était sa femme qu’il tentait,
avec un mal non dissimulé, de rassurer. Jor-El lui avait peut être accordé
quelques dons mais visiblement, il semblait aussi impuissant face à la détresse
d’une matriarche. Aussi, les yeux levés au plafond, la marche lente suivant
celle de Martha, il se contentait d’écouter sa femme exprimer cette anxiété
grandissante :
Martha : Et s’il ne venait pas ?
D’une voix calme, posée, mais assez intelligible pour que Martha en
comprenne chaque mot, Jonathan lui rétorqua, sur un ton qui mêla également la
naissance d’une certaine exaspération :
Jonathan : il viendra …
Martha descendit trois nouvelles marches, avant de s’immobiliser
subitement, forçant son conjoint à en faire autant. Elle se retourna et leva
un regard des plus troublés par cette angoisse qui la tiraillait de l’intérieur,
depuis le départ de son fils. Ses rétines bleutées, d’ordinaire baignées
de confiance et d’un amour incommensurable, exprimait une frayeur qui ne
cessait de s’accroître, au fil du temps. Elle ajouta alors, d’une voix
encore un peu plus marquée par la panique :
Martha : mais comment peux-tu en être aussi certain ?
Jonathan descendit à son tour trois marches, de façon à se trouver sur
celle au dessus de laquelle Martha se tenait. Alors, d’une attitude des plus délicates,
il amena ses deux mains vers la tête de Martha et prit délicatement son visage
dans ses paumes. Arborant un sourire charmeur, il la força à le regarder dans
les yeux. Tout les différenciait : Martha avait une mine grave et un regard pâle,
triste ; Jonathan un sourire rassurant et un regard doux. Il s’adressa alors
à elle d’une voix plus basse mais aussi encore plus tendre que précédemment.
Jonathan : je le sais parce que Clark est notre fils …
Le geste allié à la parole eut raison de l’anxiété –ou du moins une
partie- de Martha. Noyée par le regard ensorcelant de son mari, Martha finit
par esquisser un semblant de sourire, répondant au sien propre et baissa les
yeux. Elle posa sa main droite sur le poignet de Jonathan et déposa un doux
baiser sur la peau de sa main. Puis, restant près de sa main, elle murmura,
plus pour elle même que pour son mari :
Martha : j’espère que tu as raison …
Après quelques secondes de tendresse, bien que légèrement brisée par
l’inquiétude qui restait de mise, Martha se défit de l’étreinte de son
mari, qui la laissa se retourner. Il la regarda descendre, sans le faire réellement
psychologiquement, et arriver sur le seuil de la cuisine. Le regard dans le
vague, son sourire ayant disparu suite à son échec de la rassurer, Jonathan
entendit la porte de la cuisine, donnant sur le perron, claquer doucement.
Soupirant de déception, il descendit à son tour les marches de l’escalier et
entra, après quelques pas dans le corridor, dans la cuisine. Il avança vers la
porte de sortie, devant lui, légèrement sur la gauche et s’arrêta à
mi-chemin, prêt du muret, sur sa droite. Il y prit un épais trousseau de clés
et avança vers la porte de sortie, donnant sur le perron. Il la poussa, sortit
sur ledit perron et se retourna. Il fit pénétrer la clé dans la serrure et
entreprit de fermer la porte à clé.
Quand soudain, un bruit de moteur passant dans l’allée terreuse, sur sa
droite, attira son attention. Jonathan tourna la tête dans cette direction et
eut tout juste le temps de voir la couleur obscure d’un pick-up disparaître
derrière la maison.
Succinctement, il entendit le grincement caractéristique du portillon blanc,
permettant de passer de la pelouse, devant la maison, à l’allée terreuse. Il
entendit alors la voix de Martha lui crier, d’une plainte forte et
encourageante :
Martha : c’est Lana !
Il jeta un regard sur sa droite, à l’endroit où Martha s’était figé,
regardant désormais droit devant elle, vers la grange, située derrière la
maison. Avant même que sa femme n’ait commencé à marcher, Jonathan avait
commencé à descendre les marches du perron, sachant qu’il leur faudrait
reporter le départ à un peu plus tard.
**********
Martha arriva au pas de course près de la grange, à l’endroit où était
garé le pick-up sportif d’un noir luisant. Les portières étaient fermées
et le moteur coupé. Néanmoins, entendant Jonathan accourir derrière elle,
Martha contourna le véhicule par sa droite et vint jusqu’à l’habitacle
avant. Il se mit sur la pointe des pieds afin de regarder à l’intérieur : il
était vide. Elle revint d’un pas rapide vers Jonathan, qui l’attendait,
avide d’en savoir plus, à l’entrée de la grange. Arrivée à sa hauteur,
elle fit non de la tête et tourna à gauche, entrant dans la grange.
Le calme et le peu de chaleur qui l’envahissait n’empêchèrent pas Martha
d’entrer au pas de course et de filer vers l’escalier de bois, situé au
fond, à gauche de la grange. Elle en gravit rapidement, suivie de près par
Jonathan, chaque marche, chaque palier, le cœur battant à tout rompre. Arrivée
au dernier palier et se préparant à tourner à droite, elle hurla, d’une
voix emplie d’un espoir infini :
Martha : Clark !!!
Martha, entendant son cœur battre frénétiquement et sourdement contre ses
tempes, tourna à droite, vers le loft de Clark et, posant son pied sur l’une
des trois dernières marches, leva la tête, le regard plein d’espoir. Mais
elle interrompit bien vite sa marche, lorsque son deuxième pied se posa sur la
deuxième marche. Clark n’était pas présent dans le loft. Seule, au fond du
loft, debout devant la grande ouverture créé dans le bois telle une fenêtre,
se trouvait Lana. Dos tourné à Martha, les bras las le long du corps, elle
observait le ciel à l’instant précédant l’irruption de Martha. Elle se
retourna vers Martha, quelque peu surprise.
Malgré son anxiété accrue et la déception intense qui s’encrait peu à peu
dans son être, Martha ne put s’empêcher de penser que Lana était devenue
une magnifique jeune femme : Son pantalon blanc et la veste noire qu’elle
portait mettait superbement en valeur sa silhouette de mannequin, sans en rendre
sa personne vulgaire. Et ses longs cheveux bruns ondulés, tombant sur de minces
épaules, permettait à son regard brillant de mille feux de ressortir … « Un
ange tombé du ciel » …
Martha monta lentement la dernière marche tandis qu’elle entendit les pas de
son mari résonner contre le bois, dans son dos. Il venait d’interrompre sa
marche rapide en apercevant Martha, presque à l’arrêt, devant lui et Lana,
au fond, qui les regardait tous deux. Martha avança de deux nouveaux pas et,
sentant que son cœur ne le lui permettrait peut être plus dans quelques
instants, elle demanda à Lana, d’une voix brisée :
Martha : (d’une voix presque implorante) Lana …dis-moi que Clark est
avec toi !
Lana se retourna complètement vers Martha. Le soleil qui amorçait sa douce
descente commençait déjà à se teindre d’une couleur orangée magnifique.
Lana, présente devant l’ouverture de la grange, semblait, par un effet
d’optique, enveloppée d’une aura orangée qui assombrissait sa silhouette,
presque surnaturellement. Elle se contenta alors de répondre à Martha d’un
abaissement de la tête, le sourire aux lèvres.
Martha poussa un soupir de soulagement, à la vue de ce geste. Le premier vrai
sourire que l’on vit sur les lèvres de Martha apparut enfin. Elle baissa un
instant les yeux, constatant ce que cela voulait dire : si Clark était revenu
à Smallville, cela voulait certainement signifier que Kal-El n’avait plus
d’emprise sur lui. Mais était-ce permanent ? Cela, elle n’avait aucun
moyen, en ce temps actuel, pour le savoir. Mais Lana semblait avoir réussi la tâche
qu’elle s’était dévolue elle même.
Jonathan rejoignit sa femme et se posta sur sa gauche. Il la vit relever les
yeux, une partie de son sourire disparaissant étonnement. Il l’écouta alors
aussi attentivement que Lana lorsqu’elle demanda :
Martha : est-ce que tu sais s’il compte venir à la remise de diplômes
?
Lana ouvrit la bouche, comme pour répondre à Martha. Mais lorsque son
regard se porta entre les parents de Clark, elle fit se rejoindre ses lèvres et
laissa un doux sourire les étirer, tandis qu’une autre voix, bien familière
à ces trois personnes, vint donner la réponse à la question qui tourmentait
Martha depuis quelques jours :
« Je ne manquerais cela pour rien au monde »
Surpris par l’irruption, Jonathan et Martha se retournèrent d’un geste
identique et observèrent la silhouette massive d’un jeune homme, se tenant
sur le palier de l’escalier. Souriant, Clark était vêtu d’un jean délavé
et d’une chemise blanche, sur laquelle était enfilée une veste de costume
noir. Il tenaitn dans sa main droite ballante contre son flanc, une cravate
noire. Ses cheveux d’un noir de jais avaient encore poussés : leurs pointes
commençaient à se courber et sa coupe le rendait plus « tendance » que
d’ordinaire. Mais cela accentuait un peu plus la clarté de son regard d’un
bleu intense. Ce sourire avait tant manqué à Martha.
Sans perdre une seconde, elle fonça vers lui et enroula ses bras autour de son
cou, ayant trop peur de n’avoir vu qu’un mirage. Clark se courba légèrement,
pour se mettre à sa hauteur et la serra au niveau du dos, en fermant les yeux.
Cette étreinte maternelle lui avait tant manquée, il en profita le plus
longtemps possible.
Martha : (le serrant) tu m’as tellement manqué !!
Martha le relâcha enfin et Clark rouvrit les yeux, pour la regarder reculer
jusqu’à son mari.
Clark : vous aussi vous m’avez manqué, vous avez pas idée !!
Clark se redressa, le visage rayonnant de bonheur et adressa un regard furtif
à Lana, dans le dos de ses parents. Puis, l’instant suivant, il reporta ses
yeux saphir vers ses parents : Jonathan s’était rapproché de sa femme et
avait passé sa main dans son dos, avant de la poser sur sa hanche.
Clark : je t’avais promis que je reviendrais !
Martha sourit à cette remarque. Elle s’était remémoré maintes et maintes
fois ce passage dans sa tête, depuis le départ de Clark à Metropolis. Lors de
cette discussion, il était sous l’influence de Kal-El et Martha s’était
longtemps demandée, jusqu’au retour de Clark ce soir, qui l’avait prononcée
: Clark Kent, son fils ou Kal-El, le fils de Kal-El, pour la tromper ?
Finalement il semblait que cette partie avait été réservé au jeune fermier.
Martha : oui mais Kal-El …
Martha interrompit immédiatement sa phrase, en fronçant les sourcils. Elle
venait de se rappeler que les Kent n’étaient pas les seuls présents dans ce
loft ; Lana était derrière eux et écoutait chaque bribe de conversation. Elle
se retourna légèrement vers Lana, pour montrer à Clark qu’elle
s’interrogeait sur le fait qu’elle devait continuer ou non. Après tout,
cela faisait plus de six mois qu’elle ne les avait pas vu aussi proche, elle
n’aurait pas voulu briser le pseudo-rapprochement qui s’était opéré entre
eux, en révélant à Lana que Clark était habité par une âme noire qui
pouvait se réveiller à tous moments.
Mais Clark lui rétorqua, d’une voix douce et enjouée :
Clark : ne t’inquiète pas, Lana a fait connaissance avec Kal-El …(il
releva les yeux vers Lana, en souriant) elle a même réussi à le dompter !
Clark croisa le regard brillant de Lana et confirma l’impression qu’avait
eu Martha, peu avant : Lana avait vraiment l’allure d’un ange, prostrée
devant la lumière orangée du soleil. Tous deux échangèrent un petit sourire,
qui n’échappa aux yeux de Martha et Jonathan. Pourtant, lorsque le regard de
Clark revint sur eux, accompagné d’une atténuation de son sourire, ils
n’en firent rien remarquer :
Martha : (faisant comme si rien était) Kal-El semblait avoir pris le
contrôle de ton corps et, pour te parler franchement, on pensait ne plus jamais
te revoir à Smallville !
Clark : c’est ce qui aurait pu arriver, si Lana n’était pas
intervenu !
Clark déporta une nouvelle fois son regard vers la silhouette sombre de
Lana, délimité par les contours orangés du soleil couchant. Il monta
lentement les trois marches de bois et passa à côté de ses parents. Il
continua sa marche en direction de Lana, devant laquelle il s’arrêta, un
sourire malicieux sur les lèvres. Alors, tendant la cravate vers Lana, il lui
demanda, d’une voix basse et douce :
Clark : tu peux me l’attacher ?
Lana lui rendit son sourire tendre et attentionné, mêlé de malice et répondit
d’un ton encore moins intelligible :
Lana : oui …
Lana prit la cravate, alors que leurs deux visages étaient assez proches, désormais.
Il recula un peu son visage et se redressa, s’écartant ainsi, sous les yeux
de ses parents, du visage rayonnant de Lana. Elle releva le col de la chemise de
Clark et passa autour la cravate noire. Sous les yeux de Clark, elle entreprit
d’en faire le nœud, tandis qu’il reprenait la parole à l’intention de
ses parents, qui s’étaient retournés.
Clark : le Grand Conseil de Krypton a disséminé trois cristaux sur
Terre, dont chacun d’eux renferme une infime parcelle du patrimoine de ma planète
natale. Une fois que les aurais réunis, ils me permettront d’accéder à un
temple, enfouis dans les abysses de la Terre. Selon Jor-El, j’accèderais
alors à un savoir qui dépasse l’entendement et qui me permettra de venir à
bout de mon ennemi …
Martha : (surprise) Lex ?
Clark : (enjoué) tu te doutes bien qu’il ne m’a pas dit de qui il
s’agit !
Un rire se fit entendre, suite à la remarque amusée de Clark. Martha
comprenait parfaitement l’allusion, aussi bien que Jonathan qui l’avait
rencontré personnellement. Clark reprit, alors que Lana faisait coulisser le nœud
jusqu’à son cou, sous le sourire accentué du jeune homme.
Clark : j’ai déjà retrouvé un cristal et je dois m’acquitter de
retrouver les deux autres, seul … c’est pour ça que je reste à Metropolis
…
Clark regarda Lana droit dans les yeux, une lueur éclairant ses rétines
bleutées. Un sourire extatique étira ses fines lèvres, à l’intention de la
jeune femme. Elle ne tarda pas à lui rendre, en faisant glisser ses deux mains
du haut de son torse jusqu’à son abdomen.
Clark : (voix basse) merci !
Elle enleva ses mains, en clignant des yeux. Clark se retourna alors enfin
vers ses parents, pour les regarder en face. Il put alors voir un sourire
rayonnant apparaître sur le visage de Jonathan qui, pour la première fois, fit
entendre le son de sa voix –une voix emplie de fierté :
Jonathan : nous sommes très fier de toi fils !
Il tourna la tête sur la droite et échangea avec sa femme un long échange
de regards éloquent : jamais personne semblait si fier de sa descendance, malgré
le fait qu’un sang plus différent encore qu’entre un enfant adopté et des
parents adoptifs ordinaires coulait dans leurs veines.
Jonathan : (regardant Martha) quand nous t’avons trouvé dans ce
champs, près de ton vaisseau, nous savions que tu étais un enfant unique au
monde, unique … (il releva la tête et adressa un regard envoûtant à son
fils) je sais qu’un avenir hors du commun t’attend et, malgré les réticences
de parents que nous éprouvons, jour après jour, nous sommes fier du chemin que
tu prends, et … je veux que tu saches que … nous serons toujours derrière
toi … quoi qu’il arrive !
Tout au long de la longue tirade, aux sonorités si sincères de son père,
Clark avait sentit cette tiédeur, partant de son cœur pour se dilapider dans
tout son corps, se réchauffer jusqu’à atteindre une température si élever
que des larmes semblaient sur le point de déborder de ses yeux. Mais il fit le
maximum pour les retenir : jamais ses parents ne l’avait vu pleurer, et jamais
cela n’arriverait.
Il attendit ainsi de longues secondes d’un calme plat, détendu, les yeux
baissés par la gêne encourue. Puis, enfin, Clark reprit la parole, sur une
note moins personnelle et solennelle :
Clark : je pensais que vous aimeriez le savoir : j’ai finalement été
accepté à la Metropolitan University de Metropolis !
Martha : je croyais qu’ils avaient rejeté ta candidature ?
Clark : je le croyais aussi ! Mais le doyen m’a appelé la semaine
dernière et m’a affirmé qu’il y avait eu erreur sur la personne ! …(il
tourna la tête vers Lana, qui s’était avancée pour se poster sur sa droite)
Et Lana aussi a été acceptée !
Martha : ça veut dire que vous serez ensemble, à nouveau !
Clark : non, pas vraiment … le journalisme et la littérature ne sont
pas sur le même campus !
Martha sourit à la réponse de son fils. Elle n’avait pas voulu donner un
tel sens à sa question : elle voulait savoir si Clark et Lana seraient ensemble
à l’université, comme ils l’étaient avant le départ de Lana en France,
ensemble de façon émotionnelle. Mais elle était presque certaine qu’il
avait délibérément ignoré ce sens, pour une raison étrange, qu’elle ne
souhaitait pas évoquer, pas maintenant.
Le silence s’installait, tandis qu’un nouvel échange de regards
s’installait entre Clark et Lana, côte à côte et tous arborant un timide
sourire en coin. Jonathan, quant à lui, baissa les yeux vers son poignet et
regarda l’heure dans le cadran de sa montre : « 17h44 ». Il effectua une
grimace, avant de relever les yeux :
Jonathan : oulà !! Il va être temps d’y aller : la cérémonie
commence dans un quart d’heure !!
Clark : on vous rejoint là-bas !
Croisant le regard étrangement luisant de Clark, Jonathan comprit qu’il était
certainement temps de prendre congé. Il enleva sa main de la hanche de sa femme
en la faisant glisser d’un bord à l’autre de son dos et l’amena délicatement
vers sa main. Leurs doigts s’entremêlèrent alors que tous deux tournaient
les talons et commençaient à disparaître, dans les escaliers de bois.
Clark s’écarta de Lana et s’approcha du divan, sur sa gauche, sur lequel était
posée une tunique couleur pourpre, traversé, sur le haut du buste, d’un V de
couleur ocre.
Lana prit alors la parole, d’une voix qui n’avait plus rien d’enjouée
mais qui exprimait plutôt une anxiété étonnante :
Lana : pourquoi tu ne leur as rien dit ?
Clark : parce que ce n’était pas le bon moment !
Il prit la tunique, sur le divan et se retourna vers Lana. Immobile sur
place, il jeta un regard à son visage : elle paraissait déçue par son
attitude.
Lana : tu aurais dû le faire !
Clark : pas aujourd’hui !
La déception de Lana marqua encore un peu plus son visage. Il dévia son
regard et perdit le peu de jovialité qui était resté incrusté dans son jeune
visage, traversé, en verticale, de fines mèches de cheveux ondulés. Clark,
comprenant sa détresse, s’approcha d’elle et s’arrêta tout près. Arrivé
à sa hauteur, il glissa sa main à la verticale contre le dos de Lana et
appliqua sa main sur sa hanche droite. Il l’amena alors à lui et la serra
tendrement, dans le but de la réconforter. Lana se laissa faire et abandonna sa
tête contre le torse du jeune homme, la calant avec son menton. Clark lui
murmura alors, d’une voix tendre :
Clark : mais je leur dirai … je te le promets !
Et, arborant un énième sourire, Clark déposa un doux baiser sur le haut du
crâne de Lana. La jeune femme ferma les yeux, profitant au mieux de cet instant
de tendresse et esquissa un doux sourire.
Clark : (alors que tous deux souriaient radieusement) allez, viens, sinon
on va vraiment finir par être en retard !
Alors qu’ils se mettaient à rire d’un gloussement léger, Clark et Lana
s’approchèrent, blotti l’un contre l’autre, de l’escalier. Il
descendirent, enlassé, les trois premières marches avant de tourner à gauche
et de disparaître, tout le couple marié qui les avait précédé, dans la
suite des marches de bois.
Daily
Planet -- Metropolis --- 11h02
[D’un plan fixe, la caméra filmait un écran d’ordinateur qui prenait
toute la place du plan, cadré par les bords de l’objectif. Sur cet écran au
fond bleu foncé, apparaissait un globe terrestre doré, enveloppé d’un
anneau de la même couleur. Cet assemblage, semblable à de l’or, tournoyait
lentement sur lui même. Sur l’anneau, les mots « Daily Planet »
apparaissaient d’une couleur ombrée allant à la perfection avec la dorure.]
Peu à peu, le silence quasi total des lieux se transformait en un doux
brouhaha, gagnant délicatement en intensité. Mêlant cliquetis de clavier et
de souris, bruits de pas et éclats de voix, il caractérisait de manière inéluctable
l’ambiance qui régnait au dernier étage de cette haute tour, en la personne
de la salle de rédaction du journal quotidien le plus apprécié de la région.
Il ne fallut que quelques nouvelles secondes avant que le cliquetis de clavier
ne prenne la totale possession du monde sonore, surplombant tous les autres
sons.
[La caméra fit basculer légèrement son plan et filma le clavier, installé
sur un bureau assez large et parsemé, en divers endroits, de feuilles qui
devaient certainement contenir des informations essentielles à la conception de
l’article]
Les dix doigts appartenant au ou, vraisemblablement en observant les doigts pâles
et fins de son propriétaire, à la journaliste se baladaient à une vitesse
effrénée tout le long du clavier, dispersant à une vitesse tout simplement
impressionnante les mots, de long en large de l’écran. Irina Derevko, la
seule journaliste russe du Daily Planet, déviait par instant ses yeux sur la
gauche et lisait une partie de l’article dont le squelette était inscrit à
la main, sur une feuille blanche, posée à côté du clavier. Ses longs cheveux
blonds relevés en chignon mettaient en valeur ses yeux à la rétine d’un
bleu si claire que les neiges éternelles de la Sibérie, son pays originaire,
auraient pu en pâlir. Un sourire timide étalé sur ses fines lèvres teintées
d’un rouge à lèvres pâle, elle commençait légèrement à avoir chaud avec
cette veste de tailleur noire, posée sur ses minces épaules.
Soudain, un sifflement aigu détourna son attention, vers la gauche.
Instinctivement, elle arrêta de taper sur les touches du clavier et tourna la tête
dans cette direction, ses yeux pâles, aux nuances délicates, douces,
effleurant les différents bureaux alignés les uns à côté des autres. Chaque
journaliste masculin avait tourné la tête vers l’allée centrale, droit
devant Irina. Menant de l’escalier de bois au bureau de Perry White, cette allée
était continuellement empruntée par les journalistes. Pourtant, en cet
instant, les journalistes masculins braquaient un regard fixe et ensorcelé vers
cette allée, certains sifflant même en signe de stupéfaction. Irina dévia
son regard dans cette direction et comprit immédiatement les sifflements et les
grands sourires.
Une jeune femme, assez grande, avançait d’une démarche assurée le long de
cette allée parquée. Habillée d’un jean délavé taille basse et d’un débardeur
rouge, elle attirait l’attention plus que personne au milieu de ces
journalistes habillées de tailleur ou de costume. Son débardeur dévoilait des
hanches minces et bronzées, donnant envie de les caresser continuellement. Ses
bras eux aussi couleur caramel étaient à découvert, seul une sorte de
bracelet de tennis noir, le recouvrait au niveau du poignet, dissimulant son
tatouage Kryptonien. Ses longs cheveux châtain clair étaient relevés en un
chignon peu serré … Loïs LANE. Le visage fermé, le regard noir braqué sur
un ordinateur précis, Loïs ne se préoccupait pas le moins du monde des
regards braqués sur elle et les sifflements qui lui étaient destinés. Seul sa
volonté l’imprégnait …
Arrivée au bureau de Chloé, vide, elle s’arrêta et, sous les yeux d’Irina
Derevko, s’aperçut que le bureau de Jimmy OLSEN, le co-équipier de Chloé,
était également inoccupé. Seulement lui, il comportait un certain nombre de
feuilles étalées dessus et l’écran n’était pas en veille. Jimmy semblait
être parti précipitamment. Loïs tourna la tête sur la gauche et traversa du
regard la vitre donnant sur le bureau de Perry. A l’intérieur, au travers du
rideau, on remarquait qu’une silhouette, assez ronde, bougeait beaucoup :
Perry. Entre son bureau et la baie vitrée donnant sur l’extérieur, Perry
semblait faire les cents pas, en vociférant avec rage contre son subordonné,
Jimmy, assis sur une chaise. Visiblement, malgré la gêne encourue par le
stagiaire, il laissait par instant sa furie contre son patron, avant d’être
forcer à faire silence.
Loïs reporta son attention sur l’écran, devant elle, marquée du logo «
Daily Planet » en or, en son centre. Elle attira le grand fauteuil rembourré
de mousse à elle et s’assit d’une suite de mouvements vifs dessus et se
rapprocha du bureau en faisant rouler ses roulettes. Elle appuya sur le bouton
droit de la souris, activant l’écran, toujours sous le regard effaré
d’Irina. Au bout d’un long instant, pendant lequel Loïs observa les icônes
du bureau d’accueil de l’ordinateur, cette dernière se rendit compte du
regard appuyé d’Irina et tourna la tête dans sa direction. Irina ne fit
aucun geste déplacé, signifiant qu’elle en voulait à Loïs mais cette dernière,
laissant sa colère l’emporter, répliqua froidement :
Loïs : tu veux p’t être un coup de main ??
Irina baissa instantanément les yeux, gênée par la réaction de Loïs.
Elle ne voulait vraiment pas se faire remarquer, surtout pas …Loïs souffla
bruyamment et reporta son regard sur l’écran. En balayant les icônes du
regard, elle retint l’icône « Internet » et l’icône « My documents ».
Elle décida d’opter pour la deuxième et double-cliqua dessus.
Aussitôt, une fenêtre de logiciel d’exploitation s’ouvrit, dévoilant les
principaux dossiers sur lesquels travaillaient Chloé : « Devil’ Death », «
My dear », « Angel » et « Day’ D ». Mais Loïs ne pensait pas que les réponses
qu’elle cherchait se trouverait dans l’un de ces dossiers. Aussi, elle
cliqua sur l’icône « X », faisant disparaître la fenêtre. Elle porta
alors le curseur de la sourire sur l’icône « Internet » et double-cliqua
dessus.
Une fenêtre Internet apparut alors, se superposant au fond d’écran. Mais,
avec surprise, Loïs vit apparaître une boite de réception e-mail américaine.
L’adresse, www.fratermail.us, indiquait la boite mail personnelle de Chloé, hébergée
sur ce site américain. Loïs se rendit rapidement compte qu’une longue liste
de mails apparaissait, indiquant les noms de chacun des destinataires lui ayant
envoyé un mail ces dernières années. Entre autres, les noms « Lana Lang »,
« Clark Kent » et « Loïs Lane » apparaissaient régulièrement. Mais,
depuis quelques mois, les noms « Lex Luthor », « Lucas Luthor » ou encore «
Morgan Edge » s’intercalaient entre les amis de Chloé. La question fatidique
s’immisça en Loïs : pourquoi était-elle tant en relation avec la famille
Luthor et avec un baron de la pègre ? Le lien entre Lex Luthor, richissime
homme d’affaire et une jeune journaliste de métropole était une chose mais
un lien unissant la jeune femme à toute la famille en était une autre. Loïs
continua de remonter les yeux vers le haut de la liste et un constat effarant
lui apparut arrivés aux e-mails les plus récents, ceux concernant la dernière
semaine écoulée : au total, le Docteur Virgil Swann, astronome de renommée,
lui avait envoyé pas loin de 25 mails. Plus étonnant encore, les 15 derniers
avaient été envoyés en moins de 2 jours. Loïs voyait mal comment Chloé,
d’une, avait pu rencontrer un astronome de renom comme Swann étant donné le
fait qu’il haïssait plus que tous les médias et refusaient de s’exiler
hors des contours de sa forteresse, à New York. Et de deux, quelle était cette
raison incroyable qui poussait Swann et avoir tant besoin d’envoyer de
messages à Chloé Sullivan, une jeune Smallvillienne de 19 ans dont le seul véritable
défaut aurait été de fouiner un peu trop ?
Cette seconde question soulevée amena Loïs à porter le curseur de sa souris
d’un geste assez lent et plutot précis vers le haut de la longue liste
d’e-mails qui apparaissait à l’écran. Enfin, arrivé sur le mail envoyé
par Swann le matin même, Loïs cliqua, le visage marqué par une concentration
accrue de seconde en seconde. La page disparut, laissant un blanc nacré ; ces mêmes
pages qui apparaissaient lorsque la connexion rencontrait certaines difficultés.
Loïs en profita pour détourner la tête sur la gauche. Elle tendit même le
cou de façon à pouvoir regarder en direction de la baie vitrée qui séparait
le bureau du rédacteur en chef, Perry White, de l’autre partie de la salle de
rédaction. Au travers du léger rideau blanc qui avait été tiré, préservant
une partie d’intimité, Loïs put voir se dessiner la silhouette frêle de
Jimmy, assis sur un fauteuil, de l’autre côté de l’imposant bureau de son
patron. Sur le bord de sa chaise, il s’était penché en avant et semblait répliquer
avec une ferveur peu fréquente chez lui. Selon toute vraisemblance, il avait
foi totale dans les arguments qui lançait avec fureur au visage de Perry,
debout, de l’autre côté du bureau. Après avoir assimilés ces mots embrasés,
Perry s’avança d’un pas furieux vers le bureau, devant lui et amena ses
mains sur le dessus, tendant ses bras dans une attitude de soutien. Par voie de
conséquence, le visage de Perry et celui de son stagiaire s’en trouvèrent très
rapprochés. A cet instant, Perry rétorqua à Jimmy d’une voix hurlante, qui
n’échappa à personne dans toute la salle de la rédaction. Suite aux mots «
ne me mens pas ! », prononcés distinctement par Perry, un lourd silence se fit
entendre au dernier étage, toute activité s’étant soudainement arrêtée.
Quelques secondes plus tard, une fois le choc passé, le brouhaha continu de la
salle reprit. Loïs reporta son attention sur l’écran de Chloé, devant elle,
constatant que Jimmy en aurait très certainement pour une éternité …
Loïs se rendit immédiatement compte que le mail était enfin apparut.
L’adresse V_Swann@fratermail.us apparaissait en haut, dans le cadre
destinataire. Une pièce jointe accompagnait l’e-mail qui, à première vue,
n’avait rien de bien intéressant. Cependant, Loïs en entreprit la lecture :
« Mademoiselle Sullivan,
Il est vrai que j’ai toujours eu du mal à accorder ma confiance et cette réticence
n’a fait que se développer au fil des années. Mes rares contacts avec les
entités terrestres suffisaient à me conforter dans mon opinion péjorative de
cette race …Je tiens donc à vous signaler que vous êtes l’unique personne
qui tient toute mon estime. Vous avez réussi à rallumer la lumière de
l’espoir en moi, chose qui était loin d’être aisée.
Et rien que pour cette raison, vous méritez mon aide. Je sais que, dans
l’optique de votre projet, mon aide sera certainement assez limitée mais je
puis vous assurer que j’espère vous accorder le petit plus qui amènera votre
utopie vers son invraisemblable accomplissement. Je ne peux, malheureusement,
que vous faire gagner un peu de temps.
La seule chose qui puisse, je pense, vous aidez réellement, est ce message dont
je vous ai parlé. Je n’ai jamais réussi à le retranscrire mais peut être
que vos surprenantes qualités, en seront la clé de voûte … ? Qui sait ?
J’ai fait affrété mon jet privé à l’aéroport de Metropolis. Il vous
attendra toute la journée, s’il vous venait la folle idée de venir à New
York …
Je finirai en vous suggérant de consulter la pièce jointe. Elle devrait vous
faire plaisir …
Amicalement, Virgil Swann »
Loïs relut deux fois le message de Swann, ayant peur d’en comprendre les
différents sens. Ceci fait, il ne faisait aucun doute que Chloé et Swann s’étaient
rencontrés plus d’une fois, ce qui représentait déjà en soi un exploit
exceptionnel. Swann était réputé pour un homme froid qui ne sortait jamais de
sa « forteresse » et n’avait aucun liens, ou presque, avec le monde extérieur.
Et selon ses propres dires, Chloé avait réussi à lui redonner espoir en la
race humaine … D’une façon que Loïs ignorait encore, Chloé avait réussi
à briser son armure et lui redonnait la force de croire en la bonté humaine.
Un autre point avait attiré l’attention de Loïs : « vos surprenantes qualités
». De quoi s’agissait-il ? La première qualité de Chloé était
certainement sa bonté, son vœu de faire le bien et cela se retranscrivait bien
trop rarement dans le journalisme, chose que Swann détestait plus que tout, il
avait assez souvent démontré. Il devait donc parler d’autre chose, mais de
quoi … ?
Loïs lut à nouveau le dernier paragraphe écrit par Swann, dans lequel il
indiquait qu’une pièce jointe avait été envoyé avec le mail. Aussi, Loïs
remonta le curseur vers le haut du mail et cliqua sur le lien, portant le nom «
EdenPark.mp3 ». Presque instantanément, une nouvelle fenêtre apparut, représentant
le lecteur de vidéo « Windows Média Player ». Loïs vit une animation
portant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel se mettre à mouvoir, au centre
de la fenêtre, encrée dans un fond obscure et se calquant sur les ondes
musicales qui semblaient émaner de bande. Loïs amena sa main droite, lâchant
la souris, vers une des deux baffes posées de chaque côtés de l’écran.
Elle tourna le bouton du volume et entendit le son augmenter. Elle remit
l’enregistrement au début et accentua l’attention qu’elle portait au
lecteur de vidéo.
Alors, elle entendit une sorte de souffle doux, telle une légère brise faire
entendre ses tendres nuances. Rien d’autre que le silence palpable n’était
présent, comme si cet enregistrement avait été enregistré au beau milieu
d’un désert de sable ou de neige, dans un endroit paisible, qui aurait pu
porté le nom de Jardin d’Eden ». Rien d’autre que ce léger souffle se
faisait entendre, jusqu’à la moitié de la bande. Et, à l’instant où Loïs
allait fermer la fenêtre, elle entendit une voix tel un murmure susurrer des
mots aux sonorités incompréhensibles. Les paroles ressemblaient à s’y méprendre
à une sorte de langue antique, semblable à l’hébreux. Peut être un dérivé
…
Loïs, tournant par instant les yeux sur la gauche, pour vérifier que Perry
restait dans son bureau –ce qu’il faisait-, Loïs réécouta 4 fois
l’enregistrement, espérant du plus profond de son cœur réussir à en
comprendre le sens. Mais il lui apparut bien trop rapidement à son goût, que
ces paroles n’avaient rien de commun avec ce qu’elle même connaissait du
monde linguistique. Aussi, elle ferma la fenêtre et revint sur l’e-mail de
Swann.
Soudain, un bruit assez peu rassurant vis-à-vis de ce qu’elle était en train
de faire –ni plus ni moins introduire un système d’informations privé- lui
parvint aux oreilles, provenant d’un peu plus loin sur sa gauche. La porte du
bureau de Perry venait d’être violemment ouverte et vint claquer contre son
embrasure dans un bruit mat assez éloquent. La voix vociférant de Jimmy se fit
alors entendre, baissant rapidement en intensité alors qu’il ravalait des
paroles qu’il valait certainement mieux que son patron ne vienne pas à
entendre. D’un pas vif, les poings serrés, le visage furieux, Jimmy s’éloigna
du bureau de Perry en empruntant l’allée centrale sous le regards des
journalistes les plus interloqués. Loïs vit alors Perry s’approcher de la
porte de son bureau et appela son journaliste, en hurlant :
Perry : Olsen !!! Reviens là tout de suite !!!!
Mais le stagiaire ne semblait pas vraiment apte à se retourner, si ce n’était
pour dire ses quatre vérités à son chef, ce qui ne semblait pas, à première
vue, la plus constructive des solutions. Aussi, il continua sa marche vers
l’imposant escalier de bois, lequel il descendit en courant.
Loïs avait profité de cette sortie fulgurante qui occupait le champs de vision
de Perry pour prendre un bout de papier sur le bureau et y avait noté
l’adresse « V_Swann@fratermail.us ». Elle venait de se lever de son siège
et s’éloignait, d’un pas précipité, dans la même direction qu’avait
empruntée Jimmy quelques secondes plus tôt. Voyant la silhouette sexy de Loïs
apparaître dans son champs de vision, Perry écarquilla des yeux effarés par
ce qu’ils voyaient et s’exclama, une fois le choc de la surprise passé :
Perry : Loïs !! Non, Loïs attends !!!
Mais il était trop tard. Loïs arrivait déjà à hauteur de la rambarde de
bois accompagnant l’escalier. Elle la contourna et se mêla au flot descendant
de journalistes. Il ne faisait aucun doute qu’elle avait fait exprès de
l’ignorer, et Perry le savait très bien. Loïs avait, elle, certainement une
piste qui pouvait éventuellement la mener vers sa cousine et elle allait la
poursuivre le plus rapidement possible, et surtout le plus seulement possible.
La philosophie Lane …
Dépité, Perry déporta son regard devant lui et vit le siège confortable de
Chloé, qui tournait encore sur lui même après que Loïs s’en soit levée.
Intrigué, il s’en approcha et fut attiré par l’écran, toujours allumé
sur la boîte mail de Chloé. Le mail envoyé par Swann était resté ouvert,
permettant à Perry d’en lire les moindres mots. Un constat évident s’éveilla
dans une partie de son cortex cérébral : Virgil Swann devait être une des
rares personnes au monde à savoir où se trouvait sa journaliste vedette en cet
instant. « Il en sait certainement plus que Jimmy », pensa cyniquement le rédacteur
en chef du Daily Planet …
Stade
des CROWS -- Smallville --- 18h06
[You and me – LIFEHOUSE]
[Un plan en contre-plongée, solidement
enraciné sur le pelouse du mythique stade de l’équipe de football si réputée
de Smallville, filmait devant elle et avec un effet de profondeur étonnant, une
sorte d’estrade dressée pour l’occasion en plein centre du terrain, en lieu
et place du rond central, le masquant dans son intégralité]
D’une couleur pourpre magnifique, il avait été installé ici pour la seule
et unique journée de l’année où étaient décernés les diplômes des élèves
du High Smallville qui venaient de terminer leur ultime année dans cet établissement
scolaire et après avoir été reçu à leur examen final. Au bord de
l’estrade le plus avancé, un grand pupitre d’une couleur jaune vif, lui, se
dressait devant un homme de couleur noire, à l’aspect bienveillant et habillé
d’un costume d’occasion, noir, allant à la perfection avec les nuances
sombres de sa chemise bleu foncé et de sa cravate noire. Ses petits yeux noirs
à la lueur amicale encadrés de lunettes carrés noire, il lisait une liste de
noms posée devant lui, sur le sommet du pupitre, sa voix se répercutant
vaillamment grâce aux deux micros noirs fixés sur ce même pupitre et prolongés
de fines tiges noires.
Directeur : Kaine Lucie … Keben John …
Armé d’un sourire, il tourna légèrement
la tête sur sa gauche, balayant cet endroit de son regard sombre. Un groupe
d’étudiants, tous vêtu de la tunique pourpre de cérémonie, marqué d’un
V jaune, sur le haut du torse et portant une toque également pourpre, sur le
haut de la tête, attendait en file, au bas d’une petite volée de marches
menant vers l’estrade. Le dénommé « Keben John », en tête de file, avança
vers les marches d’un pas conquérant, armé d’un sourire ravageur et
entreprit d’en monter chacune des marches.
[La caméra, désormais placé sur le bord avancé de l’estrade, le regarda
avancer ainsi, derrière le directeur, à trois bons mètres, en direction
d’un deuxième pupitre placé cette fois au centre de l’estrade. Entièrement
composé d’une matière semblable à du verre, il supportait une quantité indénombrable
de rouleau de papier, semblable à du parchemin et fermé par un ruban rouge
ajoutant au traditionnel de l’objet]
John Keben arriva sur la droite du pupitre à l’instant même où une deuxième
personne, Lucie Kaine, habillé exactement de la même manière, arrivait en
face de lui. Un troisième, habillé lui aussi d’un costume noir et sa peau de
couleur blanche, les attendait, souriant. A leur arrivée, il tendit à chacun
un diplôme en glissant presque imperceptiblement le mot « félicitations »,
accompagné d’un radieux sourire. Tous deux, ravis, se saisirent du diplôme.
[La caméra, s’élevant dans les airs, filma une grande bannière pourpre, étendue
au dessus de l’estrade, au fond. En lettres capitales jaunes, ressortant du
tissu sur lequel elles étaient encrées, elles indiquaient : « COMMENCEMENT
2004 ». Après quelques secondes d’une observation paisible, pendant que les
deux diplômés disparaissaient de l’estrade, la caméra fit volte-face pour
filmer cette étendue de pelouse verte, présente devant l’estrade. Une fois
de plus, l’univers footballistique avait laissé place à une installation
inhabituelle. Une dizaine de rangées de chaises blanches s’alignaient, les
unes derrière les autres, dans une disposition quasi irréelle. Dessus, sont
assis les parents et amis des heureux diplômés défilant devant eux, dans une
organisation organisée au millimètre près. La caméra s’accrocha alors à
deux chaises en particulier, situées au centre des chaises]
Un homme aux cheveux blonds échevelés, habillé d’un costume noir et d’une
chemise blanche, portait son regard d’un bleu aussi pur que son âme, vers le
devant de la scène attendant son fils, Clark Kent. Sur sa droite, Martha Kent,
sa femme, regardait également dans cette direction, un sourire radieux comme
figé sur ses lèvres colorées. Elle tourna alors lentement la tête sur sa
gauche et braqua un doux regard sur le visage de profil de son mari,
l’observant avec une tendresse impossible à dissimuler. Sentant la chaleur de
ce regard caresser la peau de son visage, Jonathan tourna la tête vers elle et
la contempla un long moment, sans autre geste, droit dans les yeux. Enfin, il
esquissa à son tour un petit sourire. A cet instant, il porta sa main droite
vers la main de sa femme, posée sur sa cuisse et l’étreignit avec douceur.
Directeur : Kent Clark … Lang Lana …
Tous deux reportèrent leur attention sur
l’estrade, à l’instant idéal. De chaque côté de l’estrade, un diplômé
commençait à gravir les larges marches pourpres, Clark, leur fils et Lana, sa
dulcinée.
[La caméra s’accrocha à la silhouette massive de Clark, son visage massif
traversé d’un large sourire tel qu’on en avait pas vu sur son visage depuis
très longtemps]
La musique augmenta ostensiblement en intensité …
Son regard saphir braqué à ses pieds, Clark posa le pied sur la marche la plus
basse. Puis il gravit la deuxième, la troisième et émergea sur le sol à la
surface plane de l’estrade. A cet instant, relevant la tête vers le pupitre,
Clark entreprit une marche assurée, sentant des dizaines de regards braqués
sur sa silhouette. Après de longues, interminables secondes pendant lesquelles
Clark se força à ne pas baisser les yeux, malgré ce désir cuisant provoqué
par tant de regards dirigés vers lui, le jeune fermier arriva à côté du
pupitre en plexi-glace, Lana en face de lui. Enfin, il dirigea ses yeux vers
ceux de Lana et entremêla la pureté de ses rétines bleutées avec la
brillance des yeux noisette en manade de la jeune femme. « Tu es si belle »,
ne put-il s’empêcher de penser. Et il était vrai que n’importe qui sur
cette Terre ou autre part aux quatre coins de l’univers aurait pensé la même
chose. Ses longs cheveux noirs, soyeux et légèrement brillants à la lueur
diminuant du soleil, mettaient d’une façon exceptionnelle ses yeux brillants
en valeur. Et s’il n’y avait eu que ça ! Son teint légèrement bronzé,
ses traits parfaits comme la sculpture d’Eve elle-même … Tant de perfection
qui ne pouvaient appartenir qu’à une seule âme, et pourtant …
L’homme, sur la droite de Clark et situé à mi-distance des deux jeunes gens,
tendit deux diplômes, un pour chacun d’eux. Se quittant brusquement des yeux,
ils détournèrent leur vue vers ce rouleau de papier et d’un geste
nonchalant, le saisirent. Alors que le « Félicitations » prononcé par le détenteur
des diplômes se faisait savoir par le seul mouvement de ses lèvres, Clark et
Lana reportèrent chacun leur regard, en face d’eux. Un sourire en toutes
nuances semblables apparut sur leurs lèvres.
C’est à cet instant qu’un sifflement suraigu s’immisça au beau milieu de
ce moment de paisible paix, un moment tel que Clark rêvait quasiment toutes les
nuits désormais, entre les inévitables cauchemars dans lesquels apparaissaient
Kal-El. Un sifflement aux nuances suraiguës qui n’était pas sans lui
rappeler quelque chose, un appel qu’il ne connaissait que trop bien …
[SLOWING DOWN – Usant de son pouvoir de vélocité surdéveloppée, Clark
amena ses deux mains vers ses tempes, entraînant derrière ses gestes, de
longues traînées d’ondes brouillées rougeâtres. D’un geste fébrile,
poussant un hurlement douloureux, Clark appliqua ses deux, celle tenant le diplôme
et la deuxième, contre ses tempes dans l’espoir bien trop vain
d’interrompre cette douleur inépuisable. Il savait ce que cela signifiait et
savait également qu’il ne pourrait y échapper …
Et contre toute attente, Clark sentit son poignet droit, tenant fermement le
diplôme en papier mort, être entouré d’une étreinte douce, tiède,
rassurante. Ce geste, déjà si déconcertant, fut accompagné d’une voix,
toute aussi délicate :
« Clark …qu’est ce que tu entends ? »
Clark n’y comprenait plus rien. Il avait
usé exprès de sa vitesse dans l’espoir que personne ne verrait le trouble
qui envahissait son cortex cérébral, la fièvre lancinante qui circulait à
travers son système sanguin. Et dès l’instant où cette voix s’était élevée
et malgré l’accélération sans partage dont avaient été victimes les
battements de son cœur, il avait entendu rapidement le sifflement s’atténuer
jusqu’à disparaître. Il rouvrit les yeux et sentit une nouvelle chaleur,
beaucoup plus chaleureuse et enivrante, l’enveloppait cette fois. Lana venait
de se rapprocher de lui et serrait désormais ses deux poignets, lui proposant
d’enlever ses mains de ses tempes. Anxieuse, cela ne faisait aucun doute, Lana
le regardait droit dans les yeux. Elle semblait agir aussi vite que lui. Aussi,
d’une voix désemparée, brisée par cette surprise, Clark lui demanda :
Clark : Lana, qu’est ce qui se passe ?
Lana : rien, j’ai juste arrêté le temps … dis-moi ce que tu entends
?
Rien ??! Elle venait d’arrêter le temps
et elle osait affirmer que ce n’était rien ?? Clark n’en revenait pas.
Baissant brusquement les mains, ses poignets toujours étreints par les mains
douces de Lana, Clark tourna instinctivement la tête sur la droite : en effet,
tout et tout le monde était figé, de la foule dont les sourires semblaient
bloqués aux arbres au fond, balayés par un vent bloqué, en passant par
l’oiseau figé dans le ciel.
Clark reporta son attention sur Lana, lui montrant bien qu’il n’en revenait
pas : elle pouvait lire l’esprit de n’importe qui, maîtriser Kal-El avec
une facilité déconcertante et arrêter le temps tout aussi facilement ?
Pourquoi n’utilisait-elle pas ces dons pour autre chose que le guider ?
Mais, en observant le visage inquiet de Lana, Clark comprit qu’il n’aurait
servi à rien de poser une nouvelle fois la question : elle devait le guider et
rien d’autre. Peut être que des instances supérieures l’empêcheraient
d’utiliser ses dons à d’autres fins ?
Clark : c’est Jor-El … il veut que je me rende aux grottes
Lana effectua une moue, comme si elle
s’y était attendue, comme si sa propre question n’avait que pour finalité
de s’assurer de la quasi certitude qui était née en elle dès l’instant où
Clark avait porté ses mains à ses tempes. Une moue qui représentait la
fatalité de leur destin, lié par l’éternité.
Clark : Lana, je vais devoir y aller …
Lana : (d’une voix étrange, douce) je sais … la Gardienne qui
sommeille en moi sait qu’elle doit te laisser aller vers ta destinée,
franchir la nouvelle étape qui se présente à toi, mais …
Clark buvant les paroles tendres de Lana,
sentit également la tiédeur de ses mains s’aventurer plus bas et put bientôt
s’enivrer de l’étreinte fébrile de leurs doigts, entremêlés les uns dans
les autres, à mi hauteur de la hauteur de leurs doigts. Pourtant, il ne baissa
pas les yeux, il ne le pouvait pas. Le regard brillant de Lana, encré dans le
sien propre, l’empêchait de faire le moindre geste. Il était figé sur
place, l’expression de son visage semblable à du marbre. Il savait
pertinemment que la suite des paroles de Lana seraient bien moins sommaire que
ses prémices. Elle parlerait de son autre « elle », celui intéressait la
part humaine de Clark …
Lana : (crispant les traits de son visage en une concentration accrue)
… en tant que femme, j’aimerais pouvoir faire tout ce qu’il faut pour
t’empêcher de partir !
Clark sentit Lana étreindre avec plus de
ferveur encore ses doigts, tandis qu’elle baissait les yeux,
imperceptiblement. Elle s’apprêtait peut être à parler à cœur ouvert,
comme elle ne l’avait jamais fait. Elle seule semblait savoir ce qui attendait
Clark, dans les grottes Kawache. Et si l’on prenait en compte la terreur qui
se propageait en elle, en si peu de temps, il y avait fort à croire que la
menace était grande, même pour Clark. Elle reprit la parole, d’une voix plus
brisée encore qu’auparavant :
Lana : c’est pourquoi je vais te demander de me faire une promesse,
avant de te rendre dans ces grottes …
Clark ne dit mot, ne fit geste. Il restait
pendu à ses lèvres, aussi figé que tout ce qui se trouvait autour de lui.
L’origine de cette immobilité n’était pas paranormale, bien évidemment,
mais la finalité en était toute aussi efficace. Lana annonça alors la
promesse qu’elle voulait voir Clark confirmer. Et bien avant que ses mots
sortent de sa bouche, Clark sut que l’impacte des paroles seraient inéluctable,
il allait se sentir oppressé, de peur de ne pas pouvoir tenir cette nouvelle
promesse :
Lana : (le visage tirée par l’anxiété) promets-moi que tu reviendras
… cette fois !
Clark sentit l’enserrement, attelée
autour de son cœur, s’intensifier encore un peu plus. Cette promesse, il
avait toujours eu du mal à s’en acquitter. Et cette fois encore, une petite
voix, dans un coin de sa tête, lui murmurait qu’il aurait les plus grandes
difficultés à y parvenir. L’étreinte encore amplifiée des petites mains de
Lana accentua encore un peu plus ce sentiment oppressant. Mais il devait lui
promettre, ne serait-ce que pour la rassurer. Même si elle ne le montrait pas,
Clark avait l’intime conviction que Lana était au bord du désarroi.
Aussi, il resserra l’étreinte dans les doigts de Lana et releva ses mains au
dessus de sa taille. Leurs deux mains entremêlés, levées en hauteur, formèrent
la représentation du serment que s’apprêtait à sceller Clark. Esquissant un
sourire encourageant, il se rapprocha au plus près de la jeune femme et lui
annonça :
Clark : je reviendrais du fin fond des Enfers s’il le faut mais il
n’est plus question que je ne t’abandonnes … plus jamais …
Clark vit aussitôt des ponts brillants
apparaître à la surface des yeux sombres de Lana, les faisant luire étrangement.
Des larmes semblaient sur le point d’en déborder, mais Lana ferma les yeux,
essayant de les contenir. Cependant, malgré cette précaution, elle ne put que
sentir leur tiédeur se dérouler tout le long de ses joues, jusqu’à aborder
le coin de ses fines lèvres. Elle rouvrit les yeux, regardant à nouveau Clark
dans les yeux. Le sourire qu’affichait le jeune homme eut pour effet de la réchauffer
de l’intérieur, comme s’il venait d’allumer une source de chaleur à
l’intérieur d’elle même. Elle sourit enfin.
Lana : (souriant) allez … va, il t’attend …
A ces ultimes mots, Clark perdit le peu de
sourire qui restait affiché sur ses lèvres. Il était en marche vers sa destinée,
vers une de ces épreuves inconnues qui forgerait son héritage. Il lâcha la
main droite de Lana et garda les doigts de son autre main le plus longtemps
entremêlés dans les siens. Il se mit à reculer à l’aveuglette, regardant
Lana droit dans les yeux, tendant le bras à mesure qu’il s’approchait du
rebord de l’estrade. Enfin, leurs doigts s’écartèrent et Clark sentit la
tiédeur qui caressait jusqu’alors ses phalanges le quitter. Il baissa le
bras, adressa un dernier sourire à Lana puis tourna les talons.
La jeune Lang le vit alors commencer à courir. Une traînée de couleur pourpre
se mit à le suivre, tandis qu’il descendait déjà les marches de l’estrade
en super-vitesse. Il sillonna la file désordonnée d’étudiants figés, dans
ce même sillon de couleurs, décrivant une courbe sinueuse et s’éloigna
rapidement de la cérémonie. Lana le vit ôter sa nuque tout en courant et vit
le vêtement de cérémonie amorcer une lente chute vers le sol. Lana, fermant
les yeux de dépit, se détourna enfin de l’héritier de Krypton. Elle fit
alors face à la foule figée, devant elle. Les yeux toujours fermés, Lana
intensifia la concentration qui creusait les traits de son jeune visage. Après
quelques secondes d’un silence impérieux, une étrange brise s’éleva et se
mit à souffler contre le visage de Lana. Ses cheveux s’élevèrent de dessus
sa nuque, révélant le tatouage du SAVOIR, qui venait de s’allumer. L’aura
rougeâtre faisait étinceler sa peau douce. Lana étendit les bras dans la
continuité de ses épaules, tel le Christ crucifixié. Au bout de nouvelles
quelques secondes d’attente, une délicate vague de lumière rougeâtre,
formant une onde de lumière circulaire, la quitta et s’évapora dans tout le
stade des Crows, traversant chacune des personnes présentes.
Lorsque l’onde se fut évanouie, par delà l’enceinte du stade, Lana baissa
les bras et rouvrit les yeux. Le phénomène qu’elle venait de produire avait
eu pour effet radical d’effacer de la mémoire de toutes les personnes présentes
la montée des marches par Clark et Lana, ainsi que le soudaine douleur de
Clark. Et malgré ce trou manifeste entre deux parties de leur mémoire,
personne ne s’en rendrait compte.
Sans autre préambule, Lana se tourna sur la gauche et avança d’un pas délicat
vers la volée de marches qu’avait descendue Clark peu de temps avant elle.
Elle les descendit à son tour puis traversa la file aussi désordonnée que
lors du passage de Clark. Une fois éloignée, elle fit un gste désinvolte de
sa main gauche, levée par dessus son épaule. Aussitôt, tout mouvement reprit
: les paroles nerveuses des diplômés, avant leur entrée sur l’estrade, le gémissement
de l’oiseau qui survolait la scène, les applaudissements de la foule et la
voix amplifiée du directeur :
Directeur : « Light Jenson …Lung Cho »
Et Lana s’éloignait déjà, vers la
sortie du stade, sans que la moindre personne ne soit attirée par son attitude.
La musique augmenta ostensiblement en intensité.
La cérémonie reprit alors que les dénommés « Jenson Light » et « Cho Lung
» pénétraient sur l’estrade. Personne ne savait que le seul homme au monde
capable de sauver la Terre du mal absolu courrait vers sa propre perte
…Personne ne savait qu’il s’enfoncerait très certainement dans des Enfers
interminables, peut être même pire …Personne ne semblait se rendre qu’en définitive,
leur seule chance de survie venait de s’éclipser …Personne ne savait que la
Terre allait peut être entamer sa marche vers la destruction finale …
Fondation
Virgil SWANN -- New York --- 20h01
[La caméra, d’un plan très proche, filmait la toiture oblique d’une
grande bâtisse de pierre froide, installée en plein cœur de Manhattan. Avec
cette toiture aux tendances méditerranéennes et sa pierre obscure, tout juste
éclairée la vaine lumière transparaissant au travers d’étroites fenêtres
carrées, elle apparaissait clairement déplacée, entre ces immenses
grattes-ciel tout d’acier et de verre constituée. De leur infinie hauteur
jusqu’à leur constitution, ces immenses tours semblaient rejeter le manoir de
Virgil Swann, illustrissime astronome et multimilliardaire de surcroît. Ne
s’en préoccupant pas le moins du monde, l’Astronome de renom avait établi
ici les bases de sa fondation, portant le même patronyme que sa propre
personne.
Soudain, la caméra, qui venait de fixer son plan sur la jointure en V, au
sommet du toit, se laissa glisser le long de la paroi oblique, presque plane, de
la toiture et amorça une chute le long de la paroi murale, en la regardant
ainsi défiler pendant quelques secondes. Le heurt du sol semblait inéluctable,
tellement l’enchevêtrement de pierre froide défilait vite … Pourtant, le
plan se figea soudainement dans les airs, au moment où la caméra filma une de
ces innombrables fenêtres carrées, derrière lesquelles brillait une pâle
lumière.
Lentement, la caméra amorça un travelling vers l’avant et traversa, presque
surnaturellement, le verre flou de la vitre. Les bruits de sirènes de police et
de moteur de voiture s’éteignirent instantanément, laissant place à un
silence total]
Ce silence de cathédrale remplissait tout l’espace de cette petite salle,
s’insufflant dans ses moindres recoins assombris par le manque de lumière. La
pierre qui constituait l’armature du manoir semblait complètement absente de
l’intérieur de la bâtisse. Seul un alliage sombre, d’un noir d’encre,
couvrait chacune des parois –murs, plafond et sol- et laissa les nuances pâles
de la lumière si refléter comme à la surface d’un lac à l’eau sombre dépourvue
de mouvements. Au fond, une grande ouverture, sous forme d’arche, laissait accès
à un long couloir qui s’étendait à perte de vue. Juste derrière la fenêtre
se trouvait un grand bureau en verre, à la forme arrondie. Un ordinateur
portable de couleur noire était posé au centre, ouvert et présentant un
fichier ouvert ; fichier que consultait Virgil Swann.
Assis dans son fauteuil roulant à la pointe de la technologie, le quinquagénaire,
respirant le tuyau transparent partant de son cou, observait avec un regard
glacial l’écran. Un casque de communication était accroché à son oreille
gauche ; le micro longiligne noir s’arrêtait à mi-joue. Jamais on avait vu
une expression aussi macabre sur le visage bienveillant de Virgil Swann. Ce qui
était en train de se passer dans ce bureau, quoi que ce soit, devait être
d’une importance cruciale à ses yeux. Tout en observant l’écran, à fond
bleu électrique, Swann discutait avec l’homme de main en qui il avait le plus
de confiance.
[La caméra vint se placer au dessus de l’épaule droite de Swann et s’intéressa
avec beaucoup de minutie à l’écran de l’ordinateur portable]
Sur fond bleu, il représentait schématiquement ce qui ressemblait à une salle
souterraine, placée sous une grande bâtisse. Les tracés blancs la définissaient
comme une grande salle circulaire. Dans chacun des murs étaient dessinées des
cavités en perspectives, contenant divers tablettes pavées ou artefacts
anciens. Au centre de la salle, également en perspective, était dessiné ce
qui ressemblait à un dôme pyramidal à trois faces. Chacune d’elle contenait
une cavité pyramidale ; seule l’une des trois contenait un objet à sa forme.
Au sommet de la grande pyramide, une encoche longiligne était dessinée,
contenant une forme plane, octogonale. Une mention blanche, écrite dans le coin
supérieur droit du plan et encadré de double-lignes blanches, indiquait que le
schéma représentait « Le sous-sol du LuthorMuseum de Métropolis ».
La voix froide et implacable de Swann, bien différente de celle, douce et mystérieuse
que l’on lui connaissait, se fit entendre, coupant les paroles de son
interlocuteur.
Swann : Non Dwayne !! Je ne veux prendre aucun risque …
Comme il le craignait avant de mettre en œuvre son plan, Dwayne Kevers, le
chef des futures opérations, n’arrivait pas à voir au delà des plans
qu’il avait sous les yeux. Selon lui, étant donné le peu de systèmes
d’alarme représentés sur le plan, il serait facile de dérober les
artefacts. Ce qui était tout le contraire, en réalité.
Swann : vous ne connaissez pas les Luthor comme je les connais : même si
cette salle paraît facilement violable, le simple fait qu’elle porte la
marque des Luthor devrait suffir à vous méfier […] oh, faites-moi confiance,
j’ai assez d’expérience avec eux pour savoir comment ils réagissent face
aux risques. Je saurais contourner chacun des pièges tendus par Lex, tout comme
je l’ai fait avec Lionel, voilà quelques temps […] j’en suis certain,
Dwayne. S’il était là, il pourrait vous le confirmer […] C’est simple,
il suffira de …
Soudain, Swann interrompit ses paroles, à la plus grande surprise de Dwayne.
Accompagné d’un petit bip sonore, une petite fenêtre venait de superposer au
schéma du sous-sol du musée. Fronçant les sourcils, Swann se rendit
rapidement compte qu’il s’agissait d’une boîte de dialogue en direct,
relié à son adresse E-mail. En haut du cadre, la mention «
V.Swann@hotmail.com » apparaissait. Et, juste en dessous, à la première ligne
du dialogue, le pseudonyme « Hassler_forever » venait d’apparaître, en gras
et souligné. Les mots suivants, inscrits en italique, apparaissaient, selon
toute vraisemblance adressés à Swann :
« Vous êtes bien le Professeur Virgil Swann ? »
Des plus surpris, Swann mit un certain temps à réaliser que le message était
bel et bien réel. Rares étaient ceux qui possédaient son adresse E-mail
personnelle. En réalité, Swann aurait pu les compter sur les doigts d’une
main amputée d’un doigt. Récemment, Lex Luthor et Chloé Sullivan avaient réussi
à la trouver et la seule personne qui l’avait jamais eue, avant eux, restait
secrète. Or, les chances qu’une personne se faisant appeler « Emmerdeur-pour
toujours » devienne un intime de Swann devaient certainement avoisiner le zéro
pointé. Tout ce qu’évoquaient en Swann cette appellation se résumait en un
adolescent boutonneux, regorgeant de pulsions inexploitées.
Cependant, plus intrigué qu’autre chose, le multimilliardaire tapa sur son écran
les mots « Qui êtes-vous ? » et cliqua sur « Envoyer ». Aussitôt, le
pseudo « V.Swann » apparut sous la première phrase de « Hassler_forever »,
lui aussi en gras et souligné, et suivi des mots en italique écrits par Swann.
Swann attendit quelques longues secondes d’avidité, dans un silence total,
que la réponse apparaisse. Maintenant que sa curiosité avait été attisée,
il avait bien l’intention de la rassasier. Il était vraiment intrigué par la
façon dont cette surprenante personne s’y était prise pour entrer en contact
avec lui. L’attente de ces mots se firent attendre encore un peu ; un laps de
temps pendant lequel Dwayne sembla s’impatienter puisque Swann lui répondit,
d’un ton cinglant :
Swann : patientez deux minutes, Dwayne …
Et enfin, la réponse d’Hassler_Forever apparut sous les mots de Swann,
apportant une seule once de réponse qui ne suffisait pas à Swann :
« Une amitié de Chloé Sullivan. J’ai lu le dernier E-mail que vous lui avez
envoyé. Je souhaiterais vous rencontrer. »
Cette requête parut plus qu’étonnante aux yeux de Swann. Il s’imagina déjà
parler avec un adolescent de 13 ans, boutonneux et la voix en train de muer,
d’un message des plus sérieux remis à Chloé. Cette vision provoqua sur son
visage un sourire amusé. Aussi, il répondit sans déception quelconque, ces
mots froids :
« J’ai pour principe de ne pas traiter avec des inconnus .. De plus, aucune
raison ne me pousse à vous rencontrer »
Swann s’apprêtait à diriger le curseur de sa souris sur l’icône de
fermeture de la fenêtre de boîte de dialogue en direct quand une nouvelle
phrase de son interlocuteur virtuel apparut :
« Je pourrais vous surprendre »
Swann continua de regarder l’écran, s’attendant à voir d’autres mots
apparaître, ce qui s’effectua, peu après :
« Il vous suffirait de me remettre le message que vous avez confié à Chloé
»
Swann, qui commençait à avoir envie de mettre fin à cet entretien qui
n’aboutirait à rien, se remit à taper sur son clavier en ayant en tête la
rupture de leur conversation.
« Qu’y gagnerais-je ? »
« Toute mon estime »
Swann, malgré la tension qui régnait continuellement dans son bureau, ne
put s’empêcher de rire, plus nerveusement qu’autre chose. Cette personne,
quelle qu’elle fut, ne manquait pas de répartie. Une nouvelle phrase suivait
celle, teintée d’humour, qui l’avait précédée, tout juste quelques
secondes plus tôt :
« … Ainsi que quelques secrets croustillants de la famille Luthor. De quoi
assouvir votre vengeance … »
Cette fois, Swann sentit le rythme de son cœur accélérer très nettement,
d’une façon légèrement douloureuse. L’image de l’adolescent boutonneux
à la chance insolite disparut au profit d’un génie informatique, qui
pourrait entrer les moindres secrets de son ennemi de toujours : la famille
Luthor. Et s’il avait enfin trouvé, sans avoir jamais voulu cet entretien, un
moyen infaillible d’entrer dans les souvenirs des Luthor ?
Lorsque Swann tapa sa nouvelle phrase, la frénésie qui agitait ses doigts pâlis
provoqua plusieurs fautes de frappe dont il ne se préoccupa pas le moins du
monde :
« Je be pense paq ue vous ayez le dixième de ceque vous avancer !
« Et moi je pense que vous viendrez ! »
Swann restait sans mots. Il devait se rendre à l’évidence : celui qui
avait pris contact avec lui était loin d’être le premier et savait
pertinemment où il s’aventurait. Une dernière phrase d’Hassler_forever
apparut enfin :
« 20h30 -- Aux pieds de la statue de la Liberté »
Swann resta de marbre face à l’entretien qui venait de se dérouler. Il se
rendit compte que jamais, depuis la prise de contact, il n’avait eu de contrôle
sur leur conversation, chose qui ne lui était jamais arrivé. Il devait le
rencontrer, au moins pour mettre un visage sur cette aisance à manipuler.
********
Statue de la Liberté -- New York --- 20h40
[Un travelling délicat, au ras de l’eau de l’Océan Atlantique filmait
au loin la pointe de l’île de Manhattan où se dressait, tel une gardienne,
la Statue de la Liberté. Laissant l’eau presque plane de l’Océan défiler
sous elle, la caméra se rapprocha ainsi très rapidement de l’île qui
devenait, d’instant en instant, plus distincte. La couronne, le visage de
couleur verte, sa flamme brandie à hauteur de la tête, sa robe … Chacun des
détails de la statue devenaient peu à peu plus visibles. Tout autour, une espèce
d’immense terrasse s’étendait aux pieds de la Statut de la Liberté. Délimitée
par une rambarde de métal, la terrasse donnait également une vue imprenable
sur l’Océan Atlantique, au bas, à plusieurs mètres. Debout devant la
rambarde, quelques rares touristes restés observer cette vue, regardaient en
silence l’étendue aquatique.
Suite à ce long travelling au ras de l’eau, la caméra amorça une remontée
le long de la paroi murale verticale qui soutenait la terrasse, à plusieurs mètres
au dessus de l’eau. Après quelques secondes pendant lesquelles la caméra fit
défiler la paroi blanche du mur, l’espace de la terrasse apparut, devant
l’objectif. La silhouette d’un homme se détacha, derrière la rambarde :
Virgil SWANN. Assis dans son éternel fauteuil roulant à la pointe de la
technologie, Swann regardait le ciel ensorcelé par le crépuscule qui teintait
peu à peu toute le toit astrale. Respirant doucement par le tube traversant son
cou, Swann souriait radieusement. La teinte obscure du ciel, accompagnée de ce
liseré rouge sang, à la limite de l’eau, au fond du paysage, se teintait peu
à peu de lueurs blanches : les étoiles. Ces étoiles qui, depuis sa plus
tendre enfance, guidait Swann dans la vie. Il avait toujours aimé observer les
étoiles, persuadé qu’un monde meilleur existait tout là-haut, peut être
dans le royaume du Créateur.]
Et soudain, contre toute attente, Swann laissa ces mots, doux et mystérieux,
sortir de sa gorge :
Swann : j’ai toujours pensé que le ciel n’était qu’une représentation,
complexe certes, de la race humaine. Emprunt de mystères, il a toujours attiré
la curiosité d’autrui …
On aurait dit que les mots prononcés par Swann n’avait eu pour effet que
de matérialiser par la parole ce que son cortex cérébral pensait si
fermement. Son sourire était resté Méduser sur ses lèvres.
[La caméra s’attarda alors sur la rambarde en métal gris, devant Swann. Légèrement
sur la droite de l’Astronome, apparaissait une homme longiligne]
Swann : vous êtes en retard … Mademoiselle Lane …
[La caméra quitta alors le visage rayonnant de Swann, dépourvu de la
moindre surprise, et se tourna sur sa droite : la silhouette mince de Loïs Lane
se tenait à côté de lui. Toujours vêtu d’un jean délavé et d’un débardeur
rouge découvrant ses minces hanches bronzés, elle avait passé sur ses épaules
une veste de tailleur beige, étant donné la fraîcheur de la soirée. Ses
longs cheveux bruns tombaient sur ses épaules, mettant en valeur son regard
noisette. En cet instant, une étrange lueur brillait à l’intérieur de ses rétines,
accentuée par l’expression ahurie de son visage]
Loïs : comment connaissez-vous mon nom ?
Gardant ce sourire accroché à ses lèvres, Swann lui répondit de ce même
ton mystérieux qui dénotait une assurance sans partage :
Swann : Je vous l’ai dit : je déteste par dessus tout traiter avec des
inconnus …
Loïs ne put s’empêcher d’esquisser un sourire nerveux, en retenant son
souffle de dépit. Tout en effectuant cela, elle tourna les yeux vers
l’horizon de plus en plus sombre et laissa un tout petit rire dénué
d’amusement sortir de sa bouche.
Enfin, après quelques secondes de silence, brisé par les éclats de rire
d’un enfant en bas à âge, à proximité, Loïs reporta son attention sur
Swann :
Loïs : comment avez-vous fait … ?
Swann : (regardant droit devant lui) ma manière ne diffère en rien de
la vôtre, Mademoiselle Lane … en rien …
Loïs n’esquissa aucun sourire cette fois, elle repensait au peu de choses
qu’elle savait de Swann. Ces rares éléments l’avaient poussé à se méfier
de lui. Elle n’aurait pas dû être si surprise qu’il ait découvert son
identité, en réalité. Il aurait même dû s’en douter : il avait au moins
cinq cent pour cent de chance de plus qu’elle de pouvoir découvrir qui elle
était, si ce n’était plus …
Sans autre préambule, Loïs lui lança d’une voix froide et cassante :
Loïs : quel était le contenu du message qui vous avez remis à Chloé,
ce matin ?
Swann ne put empêcher un rire surpris de sortir de sa gorge, tant la phrase
de Loïs intervenait à un moment saugrenu, dans leur entretien.
Swann : rien que ça ! Et bien, jeune fille, on peut pas dire que ce sont
les formes qui vous étouffe !!
Mais Loïs, bien que très jeune comparé au mystérieux Professeur Virgil
Swann, dont la renommée n’était plus à faire, n’était pas pour autant naïve.
Il s’agissait là d’une des prouesses de l’astronome pour gagner du temps
et contourner ce pourquoi Loïs était présente. Accentuant un peu plus sa colère,
Loïs répliqua :
Loïs : je me doute que vous n’envoyez pas votre jet privé à
n’importe qui. Ce message devait être de la plus haute importance. Quel était
son contenu ?
Cette fois, Swann perdit tout son amusement. Ses lèvres s’affaissèrent et
il cessa de sourire. Bien qu’il ne voyait pas le visage de Loïs, il devinait
la fureur qui devait tirer ses traits, si l’on en croyait la haine qui faisait
trembler sa voix. Aussi, d’une voix la plus plate possible, il répondit :
Swann : ce message concernait Chloé et Chloé seule
Loïs n’aurait pas pu paraître plus vexée si Swann l’avait giflée avec
ferveur. Il se redressa légèrement et se mit à réfléchir avidement : elle
ne comptait pas quitter cette terrasse sans savoir avec précision où se
trouvait sa cousine. Peu lui importait les moyens à mettre en œuvre et le
temps que cela prendrait.
De gestes nerveux, elle fit pivoter le fauteuil de Swann sur lui même de façon
à l’amener face à elle. Swann ne put dissimuler la surprise qui était
apparue sur son visage. Il leva les yeux vers une Loïs de plus en plus menaçante.
Le visage le plus fermé du monde se pencha vers lui tandis qu’elle
s’appuyait sur les accoudoirs du fauteuil et amena son visage à moins de dix
centimètres de celui de Swann. Alors, le fixant droit dans ses yeux d’un bleu
pâle, Loïs lui susurra ces quelques mots :
Loïs : écoutez-moi bien, Swann … Je connais les types dans votre
genre : bourrés de secrets, noyés dans la magouille jusqu’au cou et se prétendant
plus charismatiques les uns que les autres ! Malgré ce qu’on dit de vous,
vous n’êtes pas si différent de votre cher ennemi Lionel Luthor ! … Mais
croyez-moi, toutes vos menaces ne sont rien à côté du véritable cauchemar
que je peux devenir … Je vous conseille donc de me révéler le contenu de ce
message, avant que je ne perde patience …
Swann avait continué de la fixer droit dans les yeux pendant toute sa
tirade. Mais jamais au grand jamais il n’avait eu tant de mal à supporter un
regard. La froideur et la haine qui habitaient les yeux de Loïs n’avaient
rien de commun avec ce que Swann connaissait des yeux des autres humains ; seul
Lex lui avait fait cet effet, auparavant. Il avait eu le plus grand mal à la
regarder droit dans les yeux. Malgré son jeune âge, Loïs paraissait plus
mature que la majorité des hommes et femmes de quarante ans.
D’une voix brisée par la pression des yeux de Loïs, Swann répliqua :
Swann : je ne peux pas … j’ai promis de respecter sa volonté …
La lueur dans les yeux bruns de Loïs pâlit légèrement, suite aux mots de
Swann. Elle avait peur de comprendre les sens de ces paroles :
Loïs : (d’une voix moins dure) vous parlez d’elle comme si elle était
déjà … morte
Swann baissa soudainement les yeux vers ses cuisses, ne croyant pas à
l’erreur énorme qu’il venait de commettre. C’est à cet instant qu’il
sentit ses yeux s’écarquiller, à la vue du poignet droit de Loïs, accroché
à son accoudoir : lorsqu’il aperçut la moitié d’un losange tatoué de
couleur noire sur ce poignet, il comprit ce qui habitait Loïs, en son for intérieur,
peut être sans qu’elle le sache elle même.
Armé d’un subit sourire, Swann releva les yeux vers Loïs et lui indiqua :
Swann : je ne peux vous fournir ce message mais, je peux vous dire où
elle devait se rendre, après être parti de mon manoir.
Loïs : où ?
Swann : aux Grottes Kawache de Smallville …
Loïs n’en croyait pas ses yeux : sans qu’elle ait eu à vraiment faire
pression sur Swann, ou du moins pas autant qu’elle se l’était imaginé,
elle avait le lieu où devait se trouver Chloé. Sans un sourire, elle lui
glissa un timide :
Loïs : merci …
Et, sans qu’il ait eu le temps de réagir, Swann la vit tourner les talons
et le quitter pour se diriger vers le parking souterrain, à la sortie de la
terrasse.
Swann : (criant) et Lex Luthor ??
Loïs : (se retournant tout en marchant) vous vous êtes fait berné,
Professeur ! vous vous êtes fait berné …
Swann se sentit sourire, bien malgré lui. C’était très certainement la
première fois qu’il se faisait avoir par une jeune femme de 23 ans. Mais peu
lui importait, même si elle n’avait jamais eu les informations qu’il avait
tant espérées, il savait que cet entretien n’avait pas été inutile ; loin
de là même.
Swann : (pour lui même) oh non, Mademoiselle Lane … Je viens justement
de placer la toute dernière pièce de l’échiquier …
Grottes
Kawache -- Smallville --- 18h04
Tandis qu’une brise glaciale s’insufflaient dans les conduits rocheux
constituant les veines des cavernes, un calme de cathédrale s’installait peu
à peu dans chaque recoin des Grottes Kawache. Seul le frottement continu de
l’ait dans les rainures rugueuses des parois se faisait entendre, dans un râle
presque imperceptible. Ce silence, quasi total, avait des nuances plutôt
fantomatiques, mystiques. Comme si un être invisible et intangible s’était
multiplié à volonté et jouait le rôle de gardien des Grottes, les protégeant
de tout bruit incongru.
[La caméra, d’un pas qui se voulait le plus discret possible pour ne pas
troubler la quiétude d’ici-bas, longeait une des parois murale, sur sa
droite. Formant une légèrement courbe sur la gauche, elle était, comme le
reste de ses congénaires, plongée dans une pénombre totale qui rendait
presque impossible le déchiffrage des symboles indiens dessinés sur la roche.
Enfin, tandis que le tournant sembla s’interrompre, le tunnel imposa un autre
pan de mur, face à la caméra. Il était désormais impossible d’avancer plus
loin. Le seul moyen de continuer d’arpenter ce chemin dur et poussiéreux était
de tourner à gauche, en passant dans une arcade creusée dans le roche et
donnant sur une grande salle, connue de nombre des chercheurs employés par la
LuthorCorp. Il s’agissait de la salle où était placardée aux murs la légende
indienne de Naman et Saguis.
Selon les pictogrammes qui avaient pu être traduits, deux hommes lutteraient
jusqu’à la mort pour la survie de la Terre. L’un d’entre eux, Naman,
tomberait du ciel dans une pluie de feu et aurait le pouvoir de dix hommes et
pourrait lancer du feu avec les yeux. Depuis toujours, le professeur Joseph
Willowbrook, responsable des Grottes, considérait Clark en tant que Naman.
Saguis, quant à lui, semblait incarner le mal dans son plus simple appareil.
Leur lutte préservait l’équilibre du monde.
La caméra, suite à son entrée dans la vaste salle encombrée d’ombres, se
tourna instinctivement sur sa droite, faisant apparaître un pan de mur rocheux,
constituant le coin, près de l’arcade.]
Une pénombre encore plus intense que celle qui enveloppait le reste de la salle
teintait la roche rugueuse de ce pan de mur. Pourtant, même malgré cela, on
remarquait avec aisance qu’il était lui aussi, comme toute autre paroi de la
salle, recouvert d’étranges semblables bien différents de ceux utilisés
d’ordinaire par les Kawache. D’une couleur rouge vif, ils semblaient former
cinq spirales qui encerclaient une fente octogonale, au centre de la paroi,
telles des ondes gravées dans la roche par le temps. Mais l’obscurité trop
intense des lieux empêchait de les analyser avec plus d’attention.
Et soudain, comme pour répondre à cette envie irrépressible de savoir ce que
signifiaient ces symboles, une vive lumière rouge apparut, s’allongeant sur
la totalité de la paroi. Les symboles inscrits en spirales devaient appartenir
à un dialecte ancien, très ancien, qui ressemblait à de l’hébreux, avec
ses courbes légères et ses pointes sans équivoques ; peut être un dérivé.
Elle encerclaient une encoche octogonale, de fine épaisseur, encrée dans la
roche. Sa surface quasi plane était recouverte d’un peinture du même rouge
vif dont étaient peints les symboles. La lumière rouge disparut aussi vite
qu’elle était apparue, laissant disparaître les symboles qui appartenaient
en réalité au langage Sethi, la dynastie obscure de Krypton.
Le silence reprit la place qui était la sienne, accompagnée de cette pénombre
intarrissable qui, pourtant, était appelée à s’éclipser. Une main
s’approcha alors de la paroi, une main aux formes masculines et légèrement
bronzée. Sur son dos était gravé un tatouage noir, d’origine Sethi qui
commençait à la jointure de l’avant-bras et du poignet et devait se
poursuivre sous cette manche large, d’une couleur rouge vif, qui recouvrait le
bras. La main vint se positionner de manière parallèle face à la paroi,
couvrant le creux octogonale. Aussitôt, une vaillante lumière blanche, d’une
pureté extrême engorgea la serrure, projetant son aura surréaliste tout
autour. Un léger souffle de vent avait accompagnée cette soudaine lumière,
caressant alentour tout ce qui s’y trouvait. Un élément en chaîne se déclencha,
partant de la serrure qui semblait le point d’orgue de ce phénomène : tels
des dominos, chacune des spirales de symboles Sethi s’animèrent, de cette
lueur blanche céleste. Tout d’abord celle qui enserrait la serrure, puis
celle qui l’enserrait, etc … Bientôt, chacune des cinq spirales regorgea de
lumière et s’était mise à tourner sur elle même, en contre sens par
rapport à celle qu’elle encerclait.
[La caméra, se détachant de la paroi qu’elle observait avec tant d’avidité,
fit volte-face et filma cette étrange personne, aux dons extraordinaires, qui
venait d’activer ce pan de mur. Habillé de son habituelle toge d’un rouge
vif, aux manches très larges, Anu’Kh observait le mur sans autre geste. Un
large capuchon recouvrait son visage impossible à reconnaître, en raison de
cette ombre surnaturelle qui couvrait son visage. Cette ombre ressemblait à de
l’eau obscure, d’un noir d’encre, qu’on aurait solidifié. Ou peut être
à du gaz noir qu’on aurait liquéfié, il semblait impossible de e déterminer.
Sa surface, presque lisse, ondulait par instant vers le haut, comme si elle était
parcourue de vaguelettes. La lumière blanche, pourtant d’une intensité sans
égale, ne parvenait qu’à se miroiter à la surface. Rien n’était visible
du visage d’Anu’kh. Tandis que Le Sauveur amorçait un nouveau geste vers la
paroi, de sa main droite tatouée, la caméra se retourna, pour voir ce qu’il
faisait]
Anu’Kh venait de poser l’index et le majeur joints sur un symbole précis de
la spirale du milieu, au moment où il passait à la verticale de la serrure.
Aussitôt, la spirale se figea sur le mur, bien que toujours lumineuse. Anu’kh
écarta sa main et observa ledit symbole.
Un déclic sonore se fit entendre, à l’instant où le symbole, ressemblant à
s’y méprendre à un cercle, marqué d’un T, se figeait. Ses contours se
mirent à bouger, formant des gestes précis et succincts. Bientôt, un triangle
équilatéral, aux bords blancs apparut sur la roche. La lumière céleste le
remplit, couvrant la roche, avant qu’elle ne commence à ruisseler de son
sommet vers la barre qui délimitait sa base. La roche qui se trouvait
vraisemblablement derrière venait de disparaître, laissant apparaître une
cavité trinagulaire, creusée dans le mur. Une sorte de fine plaque de métal
gris semblait déposé dans la cavité. Anu’Kh renversa sa main droite, présentant
sa paume vers le plafond de la salle. Aussitôt, comme si elle obéissait à son
esprit, la plaque de métal s’éleva au dessus du sol de la cavité et
s’envola rapidement vers la sortie du mur. Elle effectua un piqué délicat
vers la main tendue d’Anu’Kh et ralentit très nettement sa descente une
fois arrivée juste au dessus de sa main, comme si elle hésitait. Puis, elle
s’y déposa très délicatement.
[La caméra filma alors la main d’Anu’kh à la verticale, le plaque de métal
installé en son centre]
Il s’agissait de l’Artefact d’Ava-El, remis par Swann au guide de Kal-El,
plusieurs mois auparavant. De forme pentagonale, il était constitué d’un
alliage métallique inconnu sur Terre. La lumière blanche reflétait
magnifiquement sur son métal luisant, s’incrustant dans le symbole compliqué
qui était gravé en son centre. Représentant « Guide », en Kryptonien, ce
symbole renfermait plus de secrets que tout ce que Kal-El savait de sa destinée
jusqu’à maintenant. Et désormais, il état en possession d’Anu’Kh …
Ce dernier, refermant la main sur le fameux Artefact que Lex lui avait laissé,
dans cette Grotte, selon ses instructions, tourna les talons et, de son pas
caractéristique –souple, délicat et impérieux, s’approcha d’un autre
pan de mur, de l’autre côté de la salle. Il ne s’occupa même pas d’éteindre
la aproi Sethi ; la lumière continuait à s’en dégager en de grandes
spirales blanches. Enfin, arrivé devant la paroi principale, il s’arrêta.
Une deuxième serrure octogonale était creusée dans la roche, au centre de la
paroi. Une autre série de spirales étaient peints ici, enveloppant cette
serrure. La seule différence résolvait dans leur origine : les symboles étaient
Kryptoniens. Sans attendre, Anu’Kh amena sa main parallèlement à la serrure,
tout comme il l’avait fait avec le pan de mur Sethi. Aussitôt, une lumière
d’un bleu de saphir sublime apparut, inondant la serrure. La même réaction
en chaîne que précédemment se produisit, activant une à une chacune des
spirales de symboles. Tout comme il l’avait quelques minutes plus tôt,
Anu’Kh amena son majeur et son index joints vers un symbole de la troisième
spirale, lorsqu’il passa à la verticale, au dessus de la serrure. Dès
qu’il eut appuyé dessus, la spirale s’immobilisa, toujours baigné de lumière.
Il enleva sa main de la paroi. A première vue, le symbole sur lequel il avait
posé les doigts aurait pu laisser penser qu’il était semblable à celui gravé
sur l’Artefact d’Ava-El. Mais en réalité, il paraissait plus simpliste,
moins travaillé.
Délicatement, un enchevêtrement agile de lumière bleue, rouge et dorée
apparut, en baignant les contours dudit symbole, d’une clarté douce. Elle se
mit à luire superbement jusqu’au moment où un déclic sonore se fit entendre
dans la paroi. Chacune des cinq spirales de symbole se rétracta et revint vers
son point d’origine : la serrure octogonale. En quelques secondes, un silence
total était revenu et tous symboles, hormis celui brillant de bleu, de rouge et
de doré enchevêtré, avaient disparus. La roche était redevenu aussi vierge
qu’inutile. Mais ce phénomène n’était pas appelé à durer, sa servitude
ne s’arrêtait pas là, pas aujourd’hui …
Un nouveau déclic sonore se fit entendre au moment où spirales de nouveaux
sumboles lumineux surgirent de la serrure, s’incrustant de façon longiligne
sur la roche. Désormais, ils étaient liés à la serrure et formait une forme
étrange, comme un cercle épinglé de rayons longilignes. La colonne qui
partait du sommet de la serrure comportait désormais le symbole qui était resté
incrusté dans la paroi rocheuse, après qu’Anu’Kh ait posé ses doigts
dessus. Les symboles eux-même semblaient différents, ils étaient toujours
Kryptoniens mais beaucoup plus complexes. Les trois couleurs –rouge, bleu et
doré- continuèrent de ruisseler sur le symbole touché par Anu’kh et il se
modifia à vue d’œil, en un fluide doux et délicat, pour prendre la forme
identique de celle gravée sur l’Artefact d’Ava-El. Anu’kh amena sa paume
droite, où était déposée l’Artefact, vers la paroi. L’objet s’éleva
au dessus de sa paume de main et se dirigea lentement vers le symbole « Guide
», gravé dans la roche. Alors qu’il se présentait devant la roche, un déclic
rocheux se fit entendre : une encoche pentagonale s’était incrustée dans la
pierre rugueuse, aux contours du symbole « Guide ». L’Artefact s’y
engouffra.
La lumière bleue-rouge-dorée incrusta l’interstice entre le métal et la
roche, tandis qu’Anu’kh reculait de quelques pas, vers le centre de la
salle. Il savait pertinemment ce qui allait se passer. Le métal de l’Artefact
se mit à briller encore plus intensément, à mesure que la lumière qui se dégageait
de la serrure et des symboles encrés dans la paroi s’intensifiait. Anu’Kh
s’immobilisa, arrivé au centre et releva très légèrement la tête.
Soudain, une pénombre totale envahit la grande salle rocheuse, que même la
lumière dégagée par la paroi Kryptonienne et celle par la paroi Sethi ne
pouvaient pas éclipser. Ces lueurs disparurent presque totalement à leur tour,
laissant place à cette obscurité impénétrable. Et le phénomène
qu’attendait avec tant d’avidité Anu’Kh apparut enfin : provenant de la
paroi d’en face, marquée de la serrure octogonale Kryptonienne, un entremêlements
de filaments blanchâtres la quitta et traversa toute la salle, en passant au
travers du corps du Sauveur. On aurait dit du gaz très épais, semblable à un
brouillard à la couleur blanche d’une pureté totale. Mais il ne pouvait
s’agir de brûme, sinon comment aurait-il été possible de voir au travers ?
Tel une gigantesque serpent anorexique, l’enchevêtrement de filament alla pénétrer
la paroi, dans le dos d’Anu’Kh.
Un deuxième enchevêtrement de filaments gazeux blancs partit alors de la paroi
rocheuse située sur la gauche d’Anu’Kh et, le traversant d’un flanc à
l’autre, termina sa course dans l’arcade ouvrant l’accès à la salle.
Sous son effet, une sorte de lumière semblable à celle des filaments la
referma, comme pour éviter tout intrus de pouvoir entrer.
Enfin, un dernier enchevêtrement de filaments gazeux quitta le plafond, à sa
base, juste au dessus d’Anu’Kh et, le traversant de haut en bas, pénétra
dans le sol dur et poussiéreux de la Grotte. Désormais, Anu’Kh était enfermé
dans une sorte de tube gazeux, l’enveloppant de part en part et reliant le sol
au plafond. Les trois enchevêtrements de filaments gazeux semblaient alimenter
ce tube diaphane, d’une couleur blanchâtre égale, en la traversant de tout côté.
Au beau milieu de cette pénombre totale, seule la lumière dégagée par le
tube alimentait la clarté des lieux. En son for intérieur, Anu’Kh, dont les
vêtements scintillaient à la lumière blanche, restait immobile. C’est alors
que cette voix, dure et magistrale, s’éleva de nulle part et se mit à résonner
en écho dans toute la salle. La voix de Jor-El.
Jor-El : tu n’es pas Ava-El …
Malgré la froideur de la voix du père biologique de Kal-El et les menaces
qu’elle semblait sous-entendre, Anu’Kh ne tressaillit pas une seule seconde.
Il se contenta d’amener ses deux mains l’une vers l’autre et de croiser
ses bras, à l’intérieur de ses larges manches. Désormais, seul une ligne de
symboles Sethi blanc, brodés sur la manche du dessus, étaient visible. Alors,
d’une voix calme et mystérieuse, Anu’Kh répliqua :
Anu’Kh : non, j’en suis tout aussi navré que toi … Mais ton frère
n’a pu se libérer : il finissait d’accomplir une mission de la plus haut
importance pour mes services …
La réplique de Jor-El ne se fit pas entendre. Dans un écho encore plus
prononcé, il lui cingla, d’une voix sans répliques :
Jor-El : jamais Ava-El ne me trahirait ! Il a dévoué sa vie à
l’accomplissement de la Destinée de mon fils !
Anu’Kh : les voies des Ténèbres sont impénétrables. Mais si tu veux
mon avis, la famille El a une prédisposition pour se laisser ensorceler par le
côté obscure : après toi et Kal-El, c’est au tour de ton frère …
Lorsque la voix résonnante de l’esprit de Jor-El répondit, son ton avait
légèrement baissé comme si Le Sauveur avait touché un point sensible. Même
son assurance semblait avoir été sensiblement touchée :
Jor-El : Kal-El ne passerait jamais la limite
Anu’Kh : ce n’est qu’une question de temps …
Un silence des plus plats s’installa alors. Anu’Kh baissa très légèrement
la tête, comme pour matérialiser cette pensée lugubre : il savait qu’il
avait raison, c’était une évidence, même pour Jor-El. Lorsqu’il reprit la
parole, le ton sarcastqie qui martelait chaque timbre de sa voix démontrait
bien que, malgré le fait que Jor-El restait le maître des lieux, seul lui, Le
Sauveur comme il s’était fait appelé de lui même, avait la maîtrise de
cette situation :
Anu’Kh : j’ai un message de la part de ton très cher frère : il est
terriblement désolé de te l’annoncer mais il sera dans
l’impossibilité de s’acquitter de la dette qu’il avait envers toi. Si
j’ai bien compris, un certain Kal-El devra trouver et accéder seul, à son héritage
… Quelle tristesse !
La voix dégagée par l’esprit de Jor-El à cet instant matérialisa avec
tous ses détails la haine furieuse qui avait vraisemblablement nacquis en lui
peu avant :
Jor-El : Rien empêchera mon fils d’accéder à son héritage, tu
m’entends ? Rien !!
Anu’Kh : (très calme) A ta place, je ne serais pas aussi catégorique
…
Un nouveau silence palpable s’installa dans la grotte Kawache, envahi de
cette pénombre surnaturelle. La première partie de la phrase d’Anu’Kh
appelait une seconde et c’était précisément cette partie qui animait
l’avidité de Jor-El. Une avidité pourtant partagée par la peur de réaliser,
une fois de plus, que malgré la terreur qu’infligeait les propos
d’Anu’Kh, leur véracité en était encore plus terrible :
Anu’Kh : après tout, ton très cher fils, malgré ses soi-disantes
facilités, n’a retrouvé jusqu’alors qu’une seule des trois reliques …
Mon protégé en a fait de même, en un laps de temps bien plus réduit !!
Jor-El : (reprenant son ton froid et sans réplique) Lorsque Kal-El aura
récupéré le cristal du Diaphane, qui lui revient de droit, celui du Savoir
renaîtra de ses cendres …
Un nouveau silence s’installa, cette fois provoqué par la phrase de
Jor-El. Anu’Kh venait prendre connaissance d’un élément qui lui était
jusqu’alors inconnu : il était inutile de rechercher la troisième relique
tant que Kal-El ne possèderait pas la deuxième. Il reprit la parole d’un ton
froid, qui démontrait qu’il venait de subir une certaine contrariété au
niveau « Ego » :
Anu’Kh : Kal-El ne réunira jamais les trois cristaux pour la simple et
raison qu’il commettra sa dernière erreur ce soir !
Un instant de silence s’installa, pendant lequel Jor-El sembla pris de
panique. Puis il répliqua, de ce même ton cinglant mêlé de panique :
Jor-El : aucun des deux héritiers ne pourra tuer l’autre, avant son avènement.
C’est écrit dans la Prophétie, tu le sais aussi bien que moi !?
Anu’Kh : oh oui, je le sais ! Et c’est pourquoi je compte
m’acquitter moi même de cette merveilleuse tâche …
Jor-El : (criant) tu n’as ni le pouvoir ni la possibilité de le tuer !
Anu’Kh : (d’un ton amusé) je te rassure, le pouvoir je l’ai. Mais
j’ai trouvé un moyen beaucoup plus simple pour arriver à mes fins. Ceci …
Anu’Kh décroisa les bras, les sortant de ses manches et brandit un objet
plat, tenu entre son pouce et son index droit : il s’agissait d’une petite
plaque de métal octogonale, à la forme de la serrure, dans le mur. D’une
couleur dorée magnifique, elle laissait les fluctuations du tube de lumière,
encadrant Anu’Kh, ruisseler délicatement sur sa surface lisse et brillante.
Près des bords, à équi-distance, comme aux pointes d’un triangle équilatéral
imaginaire, trois symboles Sethi étaient gravés : « Le feu », « La désolation
» et « La mort ».
Anu’Kh : … devrait suffire
Jor-El : (paniqué) tu n’as aucun droit d’user de Kryptonite Or sur
la Troisième Planète !
Anu’Kh : (calme) ton hypothétique respect des règles a toujours été
ta plus grande faiblesse, Jor-El. Parfois, quand les conséquences sont bénéfiques,
il faut savoir les transgresser !
Jor-El : tu ne parviendras jamais à tuer mon fils !
Anu’Kh : nous allons vérifier ta théorie tout de suite …
Anu’Kh releva très légèrement la tête. Son regard semblait à nouveau
fixé sur l’Artefact d’Ava-El, encré dans la paroi rocheuse. Un liseré de
lumière mêlant bleu, rouge et doré, entourait toujours l’interstice. Et
soudain, sous l’impulsion du regard du Sauveur, ce même mélange de couleur
engorgea le symbole « Guide », gravé en son centre. Alors qu’un sifflement
suraigu gagnait peu à peu en intensité, le symbole vira à une couleur d’une
blancheur pure. Ce virement poussa également le métal à se modifier : sa
couleur gris perle fut gagné par la lumière tricolore qui, tel une aurore boréale
réduite, se mit à balayer de long en large la surface de l’objet pentagonal.
Il se passa de longues secondes pendant lesquelles un silence total s’était
installé. Plus un bruit, hormis le sifflement suraigu, ne venait troubler la
quiétude. Jusqu’au moment où une bruissement de vent, plus puissant au fil
des secondes se fit entendre, sur la gauche. Enfin, le bruit s’interrompit.
[La caméra pivota sur la gauche, en même temps que le visage d’Anu’Kh]
Un jeune avait réussi à traverser l’arcade, malgré la barrière de lumière.
Habillé d’un jean délavé, d’une chemise noire et d’une veste de costume
également noire, il avait une coupe de cheveux échevelés assez épaisse et un
regard d’un bleu pur. Pourtant, il ne parvenait à comprendre l’étrangeté
de la situation. Son nom était Clark Kent.
Les
yeux légèrement écarquillés de surprise, Clark balaya la pièce d’un
regard demi-circulaire, de la paroi Kryptonienne, à gauche, sur laquelle
brillait vaillamment l’Artefact d’Ava-El, la serrure octogonale et les
colonnes de symboles, jusqu’à Anu’Kh, enfermé dans ce tube de lumière
alimenté par ses trois enchevêtrements de lumière céleste. Plongé dans la pénombre,
le jeune Kent se détachait d’une manière presque imperceptible dans
l’obscurité. Seule la lumière pâle fermant l’accès de la salle, sous
l’arcade, éclairait les contours de sa silhouette massive d’un liseré
argenté.
Enfin, la voix enjouée d’Anu’Kh s’éleva, s’adressant selon toute
vraisemblance au nouvel arrivant :
Anu’Kh : Clark … On attendait plus que toi …
Clark fixa alors son regard sur Anu’Kh, qui le regardait fixement. Derrière
ce tube de lumière diaphane, Le Sauveur lui apparaissait nettement scintillant.
C’était la première fois qu’ils se trouvaient réellement réunis dans la
même pièce. La dernière fois, lors de sa vision, Clark n’était pas lui même.
Il s’était rappelé très précisément s’être retrouvé face à Anu’Kh,
assis sur un trône magistral mais c’était Kal-El qui contrôlait son corps.
Et jusqu’à cette minute précise où Clark avait vu Anu’Kh présent au
centre des Grottes, il s’était demandé si cette vision n’était qu’une
affabulation de son esprit tourmenté ou un fait réel qui avait été embrumé
par ses hésitations perpétuelles. Mais désormais, il le savait. Cette partie
de sa vision s’était belle et bien passée : Anu’Kh lui avait alors annoncée
la fin de son voyage initiatique.
C’est à cet instant, où sa réflexion trouvait sa finalité, sa véracité,
que Clark se rendit compte qu’un murmure à peine audible semblait s’élever
de nulle part, comme si elle naissait dans sa tête mais heurtait une barrière
invisible, une barrière qui empêchait sa pleine compréhension. Elle parvenait
à l’ouïe de Clark en une phrase saccadée aux tendances sourdes et presques
incompréhensibles :
« Fils … fuis … temps … pries … »
Pourtant, même s’il s’était trouvé au beau milieu des flammes de
l’Enfers et aux proies avec une créature à la voix cristalline hurlant à
pleins poumons, il l’aurait reconnu. Il s’agissait de celle de son père
biologique, Jor-El, ou tout du moins de son esprit enfermé dans ces grottes. Et
s’il avait vraiment saisi le sens aigri de ses mots, il demandait à son fils
de … fuir ? Comment cela était-il possible ? Ce sifflement strident qui s’était
élevé dans sa tête, au stade des Crows, l’avait appelé ici pour qu’il en
reparte immédiatement. Décidément, la logique de Jor-El déffrayait
l’incompréhension.
Le regard de Clark se recentra un peu plus sur la silhouette d’Anu’Kh, au
centre de la salle. Il le regardait fixement, sa silhouette immobile. Il sembla
comprendre à l’instant même où ces mots, prononcés d’une voix doucereuse
par Anu’Kh, franchissait ses tympans :
Anu’Kh : oui, Kal-El, tu as deviné : ceci n’est pas
l’accomplissement du voyage initiatique que tu n’achèveras jamais. La porte
qui se trouve derrière toi se scelle …
Clark se retourna, attiré autant par les mots d’Anu’Kh que par ce
ronflement sourd, semblable à un éboulement de roche, qui s’élevait dans
son dos : la pierre rugueuse refermait l’accès aux grottes par cette arcade.
Clark se retourna à nouveau Anu’Kh, au moment où il terminait sa phrase :
Anu’Kh : Tu vas enfin rejoindre l’homme que tu as toujours renié …
tu vas rejoindre ton père Kal-El pour la même stupide erreur que lui …
Clark sentit un élan de rage monter en lui, semblable à une fièvre
naissante des plus virulentes. Une chaleur telle qu’il n’en avait ressentie
que très rarement s’insinuait dans chaque recoin de son corps, comme si elle
circulait par son système nerveux. Il se rendait compte pour la première fois
: il avait renié celui qui lui avait sauvé la vie sans jamais se demander
pourquoi il agissait ainsi. Il n’avait jamais pensé que Jor-El agissait pour
le bien de son fils, dans le but de le guider au mieux dans un milieu ostile. Il
savait plus que Clark n’en saurait jamais sur l’avenir qui l’attendait. Et
s’il agissait ainsi, c’était sûrement qu’il avait de très bonnes
raisons. Jor-El était son père, un père qui n’avait pas hésité à se
sacrifier pour la simple survie de son fils … Clark sentit cette vague de
chaleur augmenter encore un peu plus en lui, à mesure que les pulsions de
Kal-El, son côté obscures, le submergeaient.
Serrant les poings de rage, Clark ne se soucia même pas de résister à
l’envie fulgurante de Kal-El de se mêler à lui. La haine ressenti par son
autre âme se mêla à sa propre colère et anima son souhait de vengeance,
annihilant ainsi toute inhibition. Le regard devenu aussi glacial que dur, fixé
droit devant lui, Clark se mit à avancer d’un majestueux et puissant, en
direction du responsable de tant de malheurs : Anu’Kh. Arrivé à mi-distance,
Clark accéléra un peu plus le pas.
[SLOWING DOWN -- Clark se mit à courir, en créant autour de lui des ondes
brouillées de couleur noire. Sans déformer les traits de son visage, il donna
un violent coup de poing dans le tube de lumière encadrant Anu’Kh, juste
devant lui. Mais il ne parvint qu’à créer instantanément une légère
crevasse dans la lumière, qui replit place aussitôt. Clark donna un deuxième
coup de poing dans le tube de lumière qui n’eut pas plus d’effet -- FIN]
Il abandonna cette vaine croisade et se redressa, face au tube de lumière. Il
n’osait le croire. Le responsable de ses malheurs se trouvait là, à quelques
centimètres de lui et il ne pouvait l’effleurer, à cause de la puissance du
lieu qui était censé le guider vers l’ascension. Quelle ironie du sort !
Anu’Kh : Ton courage est grand mais tes pouvoirs trop basés sur l’émotion
… Admires ce qu’est le Vrai Pouvoir …
Anu’Kh venait de se tourner face à Clark, le fixant froidement dans les
yeux. Le Sauveur leva son bras droit à l’horizontale, dans l’alignement de
ses épaules et tenait étroitement la clé de Kryptonite Or entre ses doigts.
Il semblait sur le point de lancer la phase finale de son plan. Mais Clark n’y
prêtait aucune attention. Il n’avait même pas dévié son regard vers ce
bras, quand il l’avait levé. La seule chose qu’il l’intéressait était
cette ombre noire, semblable à la surface plane d’un lac, qui recouvrait le
visage d’Anu’Kh entre les bords de son capuchon. Remuant légèrement, cette
ombre était la seule chose qui mystifiait son identité. Pourtant, la lumière
qui luisait à sa surface, semblait démontrer clairement qu’il était
impossible de passer outre.
Cependant, Clark savait qu’il pouvait faire quelque chose pour discerner qui
cherchait avec tant de ferveur à dissimuler son visage. Un moyen qui lui était
apparu récemment. IL concentra un peu plus son regard sur cette ombre, ses
pupilles se dilatant sous le coup de l’effort. Il concentrait sa vue sur cette
ombre intarrissable … Et soudain, un flash lumineux d’une blancheur éclatante
l’arracha à la vision du « visage » d’Anu’Kh et de l’atmosphère désormais
glaciale des Grottes.
La lumière s’atténua très légèrement pour laisser apparaître à 200,
peut être même 500 mètres une espèce de sphère régulière, d’une
noirceur contrastant avec l’univers d’une blancheur éclatante qui
l’enveloppait. Tout n’était que vide et intangiblité dans cet univers.
Seule cette sphère, flottant au beau milieu de nulle part, semblait réellement
représenter quelque chose de matériel.
[Un flash accéléré porta le plan jusqu’alors éloigné de la caméra à
moins de 50 centimètres de la grande sphère noire. Ses détails en étaient
tout à fait distincts, à présent]
Elle semblait constituée de la même substance unique qui dissimulait le visage
d’Anu’Kh. Semblable à de l’eau noir, parcourue de très fines
vaguelettes. Pourtant, quelque chose la rendait moins obscure, plus claire.
Comme si une lumière blanche, immaculée, brillait en son centre. Comme si la
sphère, tel un parasite, enveloppait une autre sphère d’une pureté totale
et se nourrissait de sa force …
[La caméra avança d’un cran et effleura aussitôt la surface de la sphère
noire. Soudain, Clark sentit des sentiments tout distincts les uns des autres
s’insinuer en lui : la peur & la domination, l’effroi &
l’assurance, la désolation & la paix …
Il rouvrit les yeux, arraché à sa vision par un nouveau flash d’une
blancheur éclatante. Ses yeux, de nouveau écarquillés, ne pouvaient
dissimuler l’effarement que qui inspirait cette révélation : Anu’Kh
comportait deux âmes bien distinctes. La plus sombre se nourrissait de la plus
pure, tel un parasite.
Clark voyait à nouveau cette ombre liquéfiée, couvrant le visage
d’Anu’Kh, ruisseler sur tout son visage méconnaissable. Pendant ce très
court moment, Clark avait réussi à pénétrer dans l’esprit embrumé
d’Anu’Kh et de cet être qui semblait le nourrir. La voix mystérieuse du
Sauveur le ramena alors brusquement à la réalité :
Anu’Kh : contemples la toute puissance de la dynastie Sethi …
C’est à cet instant seulement que Clark remarqua un étrange scintillement
doré, sur sa gauche. Jusqu’alors, il n’avait pas remarqué le bras tendu à
l’horizontal d’Anu’Kh et cette clé de Kryptonite Or qu’il étreignait
entre son pouce et son index. Il sentit alors le rythme de son cœur accélérer
nettement, lorsqu’il s’envola des doigts du Sauveur, en direction de la
paroi Kryptonnienne. Il savait que dès lors, un phénomène sans équivoque
prendrait effet.
[La caméra fit un gros plan sur la surface de la clé dorée, du côté où les
trois symboles « Le feu », « La désolation » et « La mort » étaient gravés.
Tournoyant sur elle même, la clé s’approcha inexorablement de la serrure
lumineuse, en face. Arrivée à tout juste quelques centimètres de la roche,
les trois symboles Sethi inscrits sur le métal doré se gorgèrent d’une lumière
blanche éblouissante, comme pour l’activer. Dans un dernier pivotement
qu’il amena parallèle à la serrure, les symboles dirigés vers Clark et
Anu’Kh, la clé s’encra dans la serrure lumineuse. La lumière qu’elle dégageait
déjà s’accentua, jaillissant par la fine interstice séparant les bords
octogonaux du métal et ceux de la roche. Une vive lumière dorée apparut sur
les bords de la clé, les rendant étrangement brillant. Plus, la lumière gagna
toute la surface de la Kryptonite Or et la couvrit d’un scintillement
surprenant qu’il la rendait presque diaphane. Clark comprit alors que c’était
très certainement le début de la fin …
Et il avait parfaitement compris. Tel un venin des plus virulents, la lumière
dorée se propagea aux colonnes de symboles Kryptoniens partant de la serrure
et, les serpentant, remonta lentement jusqu’à leur extrémité. Clark, de son
regard bleu, brillant d’anxiété, regarda la lueur dorée remonter la colonne
située à la verticale, au dessus de la serrure octogonale. Tandis que d’énormes
rainures dorées, telles des veines surnaturelles, se mettaient à parcourir la
roche, en partant de la serrure, il vit cette même dorure approcher
inexorablement de l’Artefact octogonal d’Ava-El. Plus les « veines » dorées
s’éloignaient de la serrure en parcourant les roches en un enchevêtrement
semblable à une toile d’araignée désordonnée, plus elles devenaient fines.
Et pourtant, il ne faisait aucun doute que leur puissance dévastatrice
demeurait aussi efficace.
Clark vit la lueur dorée arriver à la base de l’objet pentagonal et former
un liseré très fin tout autour. A cet instant, il sut que le métal ne
pourrait supporter la pression.
[SLOWING DOWN -- Dans une lenteur indéfinissable, l’Artefact si cher aux yeux
de Swann, explosa littéralement en un nombre inqualifiable de débris métalliques,
projetés en direction de Clark. Créant des sillons circulaires de vitesse aux
couleurs sombres, Clark se détourna des projectiles, tandis que ceux-ci
terminaient leur course dans son dos -- FIN]
Clark se redressa, en regardant derrière lui. Un des débris avait coupé sa
joue, juste sous son œil gauche. La coupure se referma instantanément, bien
que moins rapidement qu’à l’habitude. En voyant le métal Kryptonien
jonchant en débris sur le sol poussiéreux, Clark réalisa que rien, en ce
lieu, ne résisterait à la Kryptonite Or, rien. Pas même lui.
Il se retourna à nouveau vers la paroi où le venin doré faisait son office et
sut que tout allait se perdre, dans quelques minutes. Il réalisa également une
chose, qui contracta son cœur d’une douleur aiguë qu’il ne connaissait que
trop : il ne pourrait pas tenir la promesse qu’il venait de faire à Lana. Il
ne reviendrait pas auprès d’elle.
Sentant ce désespoir cuisant lui enserrer un peu plus le corps, Clark se
redressa et desserra les poings. Toute lutte ne servirait à rien. Anu’Kh,
face lui, lui était inaccessible. La lumière fermant l’arcade l’empêchait
de sortir d’ici. Il était pris au piège et rien ne pourrait le sauver.
S’en était fini de lui …
Il sentait peu à peu une douce chaleur s’emparer de son être. Le venin
devait également effectuer son œuvre sur lui, le dernier fils de Krypton.
Cette chaleur avait quelque chose de réellement réconfortant, malgré la scène
qui s’étalait aux yeux de Clark. Elle l’enivrait, enveloppait sa tête
d’une couche de brume délicate et fiévreuse, qui avait pour simple but
d’annihiler ses doutes et ses soucis. Il ne pensait plus à rien … rien. Il
était en paix avec lui même et le monde qui l’entourait, enfin … Il ne put
résister à l’envie de fermer les yeux, pour profiter un peu plus de cette
sensation sans pareil. La douce chaleur se faisait de plus en plus sensible,
plus en plus ensorcelante, jamais il n’avait ressenti un tel un bonheur. Un
timide sourire s’étala sur ses fines lèvres, qu’il ne put s’empêcher
d’accentuer. Peut être était-ce cela l’appel irrésistible du Jardin
d’Eden … ?
La chaleur semblait s’être stagnée et lui caressait le visage d’une
attention si délicate qu’il aurait presque pu sentir la main délicate de
l’ange, qui l’amenait vers le ciel. Il le sentait, à ses côtés et
l’accompagnait vers cet endroit où doutes et désespoir laisseraient place à
paix et bonheur. Il accentua encore un peu plus son sourire. Bientôt il
rouvrirait les yeux et verrait devant lui un désert de blancheur, parsemé
d’anges, assis ici et là, en paix …
Un brusque coup de vent, dur et glacial, lui fouetta le visage et le força à
rouvrir plus rapidement les yeux qu’il ne l’avait espéré. Ce n’était
pas réellement l’accueil qu’il attendait, arrivé aux cieux mais après
tout … Lorsqu’il ouvrit les yeux, il eut la confirmation de ce que, pour
lui, était le paradis. Une étendue à perte de vue d’une couche blanche de
neige, immaculée et aussi dépourvue de civilisation que les déserts de sable
chaud. Seules, au fin fond de cette banquise de neige, étaient visibles de
hautes cimes de glaces blanchâtres, tout juste visible en raison du brouillard
qui les enveloppait. Clark sentait la neige recouvrant ses pieds jusqu’à
hauteur de chevilles. Il sentait la froideur de la neige s’imprégnant dans sa
peau. « Bizarre », pensa-t-il. Il avait toujours cru que toute sensation était
épargné, arrivé dans le domaine de Dieu. C’est alors qu’il entendit cette
douce voix, délicate, aux sonorités familière. Il la connaissait, il en était
sûr.
« Bienvenu, Clark … »
Clark avait senti, peut être en raison du froid soudain des lieux, peut être
parce qu’il venait de perdre à tout jamais son père biologique, une larme émerger
au coin de son œil gauche et, sous l’effet d’une nouvelle brise,
s’envoler dans son dos.
[Tandis que Clark se retourner vers la nouvelle arrivante, la caméra filma la
larme dans son lent envol et ne s’en détacha qu’au moment où elle passait
à droite de la jeune femme qui avait appeler Clark. Elle s’attarda sur sa
silhouette.]
Non sans effarement, Clark, une fois totalement retourné, ne put empêcher son
visage de se contracter en une expression de surprise et sa bouche de former, le
mot :
Clark : Chloé ??!
La jeune femme se tenait devant lui, à deux mètres d’écart. Souriante,
elle sentait ses cheveux blonds, plaqués sur sa tête, s’envoler légèrement
sous l’effet de la brise. Elle avait également un peu plissé les yeux, pour
faire face à la rude froideur du vent. Toute habillée de blanc –chemisier, débardeur
et pantalon- elle avait peine à se détacher de la neige immaculée sur
laquelle elle se tenait debout. Seul son visage angélique, à l’expression
malicieuse, s’en séparait.
Chloé : pour répondre à ta question, non, tu n’es pas mort …
j’ai réussi à t’en faire sortir avant, fort heureusement …
Clark n’y comprenait rien. Comment Chloé, certainement la personne la
moins susceptible de l’aider en pareille situation, avait-elle pu l’extirper
des Grottes alors que lui même, un Kryptonien, n’avait aucun moyen d’y
arriver ? Cela n’avait aucun sens.
Clark : qu’est ce qu’on fait là alors ??!
Mais, au grand désarroi de Clark, Chloé ne répondit pas à sa question. Préservant
ce sourire malicieux qui lui allait tant, Chloé lui annonça, sur un ton amusé
:
Chloé : je connais ton secret !
La réaction de Clark se fit attendre. Une peur panique étira les traits de
son jeune visage et une étrange brillance apparut au creux de ses pupilles
sombres. C’était à peu de choses près, ce qu’elle s’était imaginé.
Aussi, elle s’empressa d’ajouter :
Chloé : mais je te rassures, je n’ai rien dit à personne ! Et ce
n’est pas là où je vais, qu’on me le demanderas …
Clark : (perdu) Chloé, je n’y comprends rien …
Mais une nouvelle fois, Chloé évita de répondre à la question de Clark.
Ce dernier put admirer sa façon de dominer la conversation, comme elle le
faisait très généralement lors de ses reportages pour la Torch. Elle lui répliqua
par une autre question :
Chloé : tu te souviens du jour où l’on s’est rencontré pour la
première fois ?
Clark effectua une moue de désolation, déçu qu’elle ne veuille lui répondre.
Mais il crut comprendre, dans le regard noisette plus perçant qu’à
l’habitude, que Chloé savait où elle allait. Aussi, armé d’un sourire
amusé, Clark répliqua :
Clark : comment l’oublier ?? tu m’as bassiné toute la journée avec
Metropolis, ta passion du journalisme, le monde en général … ta passion du
journalisme … la pauvreté des activités de Smallville, ta passion du
journalisme …
Baissant les yeux un instant vers la couche de neige, à ses pieds, Chloé nu
put s’empêcher de rire. Clark continua, de plus en plus souriant à mesure
qu’il la regardait aussi heureuse :
Clark : … et, à la fin de la journée, sans explication, tu m’as
embrassé (Chloé redevint sérieuse) et tu as affirmé que j’avais voulu le
faire toute la journée. Tu m’as alors demandé (Chloé prononça la question
en même temps que lui) on peut devenir amis maintenant ?
Tous deux rirent en même temps, amusés au plus haut point à l’évocation
de ce très heureux souvenir. Après un long échange de regards, des plus éloquents,
Chloé reprit, d’une voix beaucoup plus grave :
Chloé : j’ai toujours regretté cette phrase … tout aurait pu être
différent …
Clark, à son tour, redevint grave. Chloé faisait allusion à cet amour
qu’elle avait toujours éprouvé pour Clark mais que lui même n’avait
jamais réellement ressenti. Chaque fois qu’il y pensait, une douleur aiguë
s’emparait de son cœur : il n’aimait pas la voir souffrir.
Chloé : peut être que tu aurais alors consenti à me confier ton secret
… Mais je restais très fier d’être ton ami. L’ami d’un super-héros
des temps modernes. Je crois que je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui
s’obstine tant à vouloir sauveur tout le monde en même temps … (Clark
sourit) Mais comme tout super-héros qui se respecte, tu avais ta faiblesse …
Clark était plus concentré que jamais. Chloé savait réellement qui il était,
désormais. C’était une certitude. Et elle le voyait comme de rares personnes
le voyaient réellement : non comme un monstre mais comme un age tombé du ciel.
Elle termina enfin sa phrase :
Chloé : … Lana
Clark baissa à son tour les yeux vers le sol enneigé, tandis que Chloé le
regardait d’un regard pénétrant. Sa sensation de mal-être s’accentua.
Chloé allait y faire allusion, pour une raison qu’il ignorait.
Chloé : j’ai longtemps eu envie d’occuper sa place, dans ton cœur
… très longtemps. Jusqu’à ce que je me rendes compte, qu’être un des
piliers de ta vie était beaucoup plus gratifiant à mes yeux …
Clark releva soudain les yeux, noyé par une vague de chaleur sans précédent.
Il se sentit submergé par le regard délicat et embrasé de Chloé, qui se
mettait même à briller d’une lueur de fierté qu’il ne lui connaissait
pas. Chloé avança de quelques pas, pour se mettre juste devant lui. C’est
juste à ce moment qu’il remarqua qu’elle serrait dans sa main droite un
objet pointu, fait de verre. Mais le regard appuyé de Chloé l’empêcha de
l’observer avec plus d’attention.
Il ne put plus détacher son regard des yeux brillants de Chloé. Elle semblait
au bord des larmes. Et le timbre légèrement tremblant de sa voix sembla la
trahir :
[Broken -- SEETHER feat AMY LEE]
Elle amena sa main gauche vers la droite de Clark et l’étreignit avec
douceur. Clark regarda son geste et sentit comme un choc électrique. Il sut
alors pourquoi Chloé agissait aussi bizarrement, pourquoi elle l’avait amené
ici et ce qu’elle s’apprêtait à faire.
Chloé : mon sacrifice ne m’apparaît que comme une goutte d’eau dans
l’océan de ceux qui s’imposeront à toi !
Clark : Chloé, non …
Mais il ne put continuer sa phrase. Chloé avait amener sa main, tenant
l’objet de verre pointu, vers sa bouche et posa son index en travers de ses lèvres
pour le pousser au silence. Clark vit alors de plus près l’objet de verre et
ne sembla pas y croire. Chloé baissa la main et reprit, ravie d’avoir obtenu
le silence.
Chloé : je connais le mal qui guette. Je l’ai même effleuré et je
puis t’assurer que rien ni personne ne sera plus à même de l’anéantir que
toi ! Sa noirceur n’a d’égal que la pureté de ton âme ! Je veux que tu me
promettes de le détruire à tout jamais !
Clark : Chloé, je …
Chloé : promets-le moi !
Clark regarda à nouveau les yeux de Chloé. Cette brillance extrême eut
raison de lui bien avant que cette larme ne déborde, au coin de l’œil gauche
de son amie. Il devait le lui promettre. Chloé courait à une mort certaine, il
le savait. Mais il ne pouvait rien y faire, personne n’aurait eu la capacité
de la faire changer d’avis. Il aurait été plus facile de saisir de la fumée
à mains nues. Aussi, armé d’un sourire, il lui répondit, dans un murmure :
Clark : je te le promets !
Chloé : (rayonnante) merci … Maintenant, je vais retourner dans les
grottes Kawache et empêcher leur destruction de ravager tout Smallville … et
je ne veux pas que tu m’en empêche !
Clark eut un instant la brève vision d’un autre Clark qui réussissait à
empêcher une autre Chloé de s’en aller. Mais ce n’était rien de plus
qu’un mirage soufflé par son cœur, il le savait pertinemment. Pourtant, il
devait faire un geste, ou il le regretterait …
Aussi, il avança d’un pas vers Chloé et la prit dans ses bras comme il ne
l’avait encore jamais fait. Il l’enserra avec amour, embrassant son cou de
ses bras musclés. Chloé, laissant la larme rouler le long de sa joue, se
laissa aller contre le corps de son ami et ferma les yeux. Il amena sa main
droite derrière la tête de Chloé et passa ses doigts dans ses cheveux blonds,
sachant qu’il ne la reverrait plus. Le jeune Kent sentit les minces mains de
Chloé se poser dans son dos et le caresser avec délicatesse. Puis, dans un
murmure arrivant bien trop tôt à ses yeux, Clark entendit la voix brisée de
Chloé lui annoncer :
Chloé : Adieu Clark …
Le corps de Chloé se mit à scintiller d’une blancheur qui rendait la
neige alentour presque grisâtre. L’instant suivant, la lumière était
devenue presque aveuglante et Clark sentit son étreinte se refermer sur un
nuage de fumée blanche, à la forme du corps de Chloé, avant qu’il ne
disparaisse à son tour. Secoué d’un douleur sans pareille au cœur, Clark se
redressa, en sentant ses yeux le brûler intensément. Il retenait ses larmes
mais savait qu’il ne pas le faire très longtemps. Chloé était partie à
tout jamais, il reverrait plus jamais son regard malicieux et son sourire enjoué
… Sa bonne humeur constante, son envie perpétuelle de tout savoir et ses théories
toutes plus invraisemblables les unes que les autres … et surtout, surtout, sa
tendresse … Tout cela, il venait de le perdre … la perdre à cause d’une
seule personne, responsable de tant de malheur … Anu’Kh.
Clark se laissa alors tomber à genoux dans la neige, rongé par le chagrin et,
restant le dos droit, porta son regard vers le ciel d’un bleu de saphir. Il
susurra alors :
« Adieu Chloé »
[We
are -- ANA JOHNSSON]
[La caméra, d’un plan à la verticale, filmait l’espace étroit d’un
des nombreux couloirs rocheux, sillonnant les Grottes Kawache de Smallville.]
Sur la droite, à l’endroit de l’entrée de la salle consacrée à la légende
de Naman et Saguis, une intense lumière dorée, filtrée par la barrière
lumineuse en fermant l’entrée, surgissait sur le sol dur et poussiéreux.
Elle était accompagnée d’un bruit assourdissement de grondement comme si
tout, dans cette grande salle, s’apprêtait à s’écrouler. Soudain, un peu
plus loin dans le couloir, une vive lumière blanche apparut, formant une
silhouette petite. Elle s’accentua un peu plus, accentuant un peu plus ses détails.
Alors qu’elle avançait en direction de la salle de la légende Kawache, la
silhouette blanche se précisa un peu plus et bientôt, au moment où elle
arriva à hauteur de l’arcade, sur sa gauche, la lumière révéla la
silhouette de Chloé, marchant d’un pas rapide et assuré. Elle serrait
toujours dans sa main, l’objet pointu de verre que Clark connaissait tant.
Enfin, sans un sourire, le visage marqué par une concentration douloureuse,
Chloé tourna à gauche et, sans mal, traversa le mur de lumière qui bouchait
l’entrée de la grande salle, au travers de l’arcade.
[Un autre plan vertical filma l’entrée de Chloé dans la salle. Elle semblait
accrochée au sommet de l’arcade et vit Chloé avancer vers le centre de la
salle, toujours tombée dans cette pénombre surnaturelle]
Pourtant, la lueur du venin, imprégnant chacune des parois de la Grotte la désépaississait
un. Le tube de lumière transparente préservait toujours Anu’Kh, de l’effet
de la Kryptonite Or. Alimenté par les enchevêtrements de filaments nacrés, la
tube semblait pourtant avoir perdu quelque peu de sa brillance. Comme si le
venin de la Kryptonite Or en diminuait la puissance, peu à peu.
En voyant Chloé avancer vers lui, Anu’Kh ne sembla pas plus surpris que cela.
Il tourna juste sa tête encapuchonnée vers elle et lui lança, d’un air
narquois :
Anu’Kh : Chloé Sullivan … je crois que tu arrives trop tard !
Chloé : je savais que tu dirais ça !
Chloé continua d’avancer, le visage fermé, aucune nuance de frayeur présente
dans les traits de son visage. Enfin, arrivée à tout juste deux mètres du
tube de lumière, elle s’arrête :
Chloé : je vais devoir te décevoir !
Alors, elle brandit son bras droit en avant, en direction d’Anu’Kh, Elle
révéla alors l’objet pointu de verre, qu’elle serrait dans sa main. Elle
en brandissait une de ses nombreuses faces en direction d’Anu’Kh.
[Au ralenti, la caméra fit le tour de Chloé et vint filmer l’objet pointu,
serré dans sa main. Elle filma alors sa face triangulaire, appartenant à un
artefact pyramidal à trois faces. Celle brandie vers Anu’Kh était gravée du
symbole Kryptonien « Diaphane », de couleur noire]
Soudain, le cristal s’irradia d’une étincelante lumière dorée tandis que
son symbole noir virait au blanc d’une pureté telle, qu’il en devint
aveuglant. Anu’Kh ne s’y attendait certainement pas car il ne fit pas un pas
en arrière. Cela étant, une puissante pulsion jaillit du cristal et jaillit
contre le tube de lumière transparente, qui, pendant cette bourrasque des plus
puissantes, perdit de son éclat et sembla même, pendant un instant, sur le
point de disparaître. A l’intérieur du tube de lumière, la bourrasque avait
eu un effet des plus efficaces sur Anu’Kh : elle avait fait glisser le
capuchon d’Anu’Kh et fait disparaître l’ombre liquéfiée couvrant le
visage d’Anu’Kh. Désormais, son identité était visible aux yeux du monde
; Chloé était la première qui pouvait observer ce visage bronzé, au regard
noir, perçant, pénétrant. Dans une plainte ahurissante, Anu’Kh amena ses
mains sur ses tempes. Un sifflement suraigu s’élevait dans sa tête, le forçant
à crisper les traits de son visage en une expression de douleur sans équivoque.
Un filet de sang se mit même à couler d’une des narines de son nez et
ruissela jusqu’à son menton et tomba sur le sol poussiéreux de la Grotte.
Ses globes oculaires, entièrement noirs, semblèrent briller étrangement comme
si quelque chose vivait encore derrière.
Le sang, tombé sur le sol, eut un effet que Chloé ne semblait pas avoir prévu.
Une lumière rouge flamboyante jaillit du sol et une fumée rougeâtre, très épaisse,
s’en éleva. Partant du bas de la toge d’Anu’Kh, elle s’enveloppa tout
autour de lui, tel un gigantesque serpent de fumée pourpre. Dans une dernière
courbe autour du visage d’Anu’Kh, la plainte d’Anu’Kh s’évanouissant,
la fumée le recouvrit complètement et, l’instant suivant, il avait disparu
des Grottes Kawache.
Chloé resta un court instant, bras tendu avec les cristal lumineux en main, à
regarder l’espace désormais vide où s’était trouvé Anu’Kh quelques
secondes plus tôt. Elle savait désormais qui il était réellement et
n’osait croire qu’il s’agissait bel et bien de cette personne. Il avait émis
de nombreuses hypothèses de son identité de la famille Luthor à Virgil Swann
en passant par les expériences de la LuthorCorp. Mais jamais elle n’aurait
pensé à … lui.
Elle devait se ressaisir. Baissant le bras, elle avança vers le tube de lumière
toujours présent et le traversa comme s’il s’était agi d’une simple
chute d’eau. Peut être était-ce en raison de la présence de Kryptonite Or
dans la paroi ou des pouvoirs sensationnels de Chloé, mais elle se trouvait désormais
à la place d’Anu’Kh. Elle se tourna vers la paroi de la serrure octogonale
et la regarda un long instant en silence.
Elle observa longuement les veines de lumière dorée arpenter la pierre tel un
venin des plus rapides. Jamais Chloé n’avait pensé qu’on puisse créer un
virus pour de la roche. Mais Anu’Kh avait démontré qu’il s’éloignait de
tout ce qui avait attrait avec la normalité.
Chloé : (d’un ton amusé) « Chloé Sullivan … 06 Juillet 1987 -- 22
Décembre 2005 … Héroïne d’un jour » … (souriant) ouais, ça sonne bien
…
Un grondement encore plus assourdissant se fit entendre. Mais Chloé n’en
fut pas du tout surprise. Tout se passait tel qu’elle l’avait vu dans son rêve,
la nuit dernière. Elle savait ce qu’elle allait avoir à faire, rien ne la
ferait changer d’avis. Pas même cette voix, une dénommée Couardise, qui lui
soufflait de partir en courant …
Les veines dorées les plus épaisses se gravèrent un peu plus dans la roche
rugueuse des Grottes, accentuant un peu plus le bruit assourdissant. A cet
instant, des lambeaux de pierres se mirent à tomber de partout. Chloé regarda
devant elle et tout autour du tube de lumière qui la protégeait, des immenses
de bouts de roche tomber sur le sol. Les débris rocheux heurtaient le tube de
lumière de plus en plus incertain et rebondissaient dessus ; il jouait toujours
son rôle protecteur, même si ce n’était plus pour longtemps. Par instant,
le tube brillait plus clairement, comme si un court circuit amenuisait nettement
sa puissance. Mais Chloé ne s’inquiétait pas, quoi qu’il arriva, elle
resterait ici. Après un nouveau bruit assourdissant, elle les derniers morceaux
de roches se détacher des différentes parois de la Grotte, dévoilant une
autre paroi derrière.
Les parois rocheuses ne semblaient n’être qu’un camouflage pour la véritable
structure que dissimulaient les Grottes Kawache. Désormais, Chloé était
entouré d’une muraille d’un métal gris perle, lisse à la perfection. Il
était en tous points identiques à celui de l’Artefact d’Ava-El, la clé
octogonale et du vaisseau mère de Clark. Seul en son centre, la serrure
octogonale comportant la clé de Kryptonite ressortait légèrement de la
platitude de la paroi . Une autre encoche, un peu plus haut, de forme
pentagonal, restait vide ; l’artefact avait explosé un peu plus tôt.
Soudain, une explosion dorée jaillit de la clé de Kryptonite Or et se propagea
sur toute la muraille circulaire enveloppant Chloé. Elle sentait que le moment
arrivait, inexorablement …
A cet instant, un bruit de métal à la fois sourd et aigu retentit et Chloé
porta judicieusement son regard sur la clé de Kryptonite Or encrée dans la
paroi. Un diaphragme s’ouvrit dans le métal de la clé, plus lentement,
beaucoup plus lentement qu’à l’ordinaire. Une sorte de faible bourrasque de
vent en jaillit, tel un avertissement. Chloé releva alors lentement son bras
droit, le brandissant droit devant elle, le cristal en opposition. Le visage des
plus fermés, elle attendit, soufflant par trois fois pour laisser échapper la
pression qui martelait les épaules. Et, à la fin de l’ultime souffle, le phénomène
s’amorça …
Et subitement, un puissant faisceau de cette même lumière dorée fatale
jaillit du diaphragme et frappa le cristal du Diaphane. Chloé tressaillit légèrement
à l’impacte mais, crispant un peu plus sa main dessus, tint bon. Elle crispa
également les traits de son jeune visage, le regard braqué sur le faisceau de
lumière. Sa puissance était telle qu’elle aurait semblé pouvoir emporté
n’importe quoi avec elle. Le vent qui l’accompagnait ajoutait encore un peu
plus à la résistance incroyable de Chloé.
Au bout de quelques secondes, la main de Chloé vira au jaunâtre et de grosses
veines ressortirent, d’une couleur dorée semblable à la lumière du faisceau
lumineux. Quelque chose de vivant semblait circuler à l’intérieur, se
dirigeant vers la tête de Chloé. Elle déglutit avec difficultés et régula
son souffle, pour accentuer sa concentration sur ce qu’elle faisait. Via le
cristal serré dans sa main droite, Chloé ingurgitait la puissance négative du
faisceau tandis que le pouvoir surprenant du cristal laissait son autre partie pénétrer
en lui. Soudain, une vague de lumière dorée baigna les rétines dorées de
Chloé et effectua un cercle autour des pupilles de Chloé. Aussitôt, le
faisceau lumineux s’interrompit et repartit en sens inverse en une fraction de
seconde.
Chloé : (épuisée) rends-nous fier, Clark …
Tout comme dans son rêve, Chloé vit une vague de lumière dorée quitter la
paroi grise des Grottes et l’envelopper de toute parts dans un raz-de-marée
surpuissant.
[Un plan fixé sur le sol terreux du bois de Smallville, à l’extérieure des
Grottes, montra un creux dans une paroi rocheuse sombre, caché par des branches
de lierre très épaisse. Dans ce moment de calme si intense, un lapin passa en
courant devant l’entrée dissimulée des Grottes, près de cette paroi oblique
presque invisible dans ce décor verdoyant. Et soudain, la roche explosa
violemment, projetant alentour des débris de pierre. Une lumière dorée
violente jaillit des Grottes et entoura tout autour d’elle, rasant végétation
et faune]
[Un nouveau plan, aérien celui-ci, filma le bois Smallville vu du ciel. Un énorme
champignon de lumière dorée, semblable à une explosion nucléaire, jaillit
parmi les arbres et les surplomba avant d’atteindre sa culmination à
plusieurs mètres de hauteur dans le ciel. Dans un bruit d’explosion
ahurissant, le sommet du champignon explosa et retomba en un dôme circulaire de
lumière dorée sur le bois, au dessous, ravageant tout sur son passage à un
kilomètre à la ronde]
[La caméra montra un tout autre décor : Lex, meurtri, était assis au pied
d’un mur d’une pierre blanche éclatante. Chemise ouverte sur son torse
affreusement pâle et parcouru de lignes vert pâle, Lex ne pouvait que subir
l’effet dévastateur de la pierre de Kryptonite encrée à la jonction de ses
pectoraux et du haut de ses abdominaux. Chloé avait agi à la perfection pour
le terrasser. Ses globes oculaires toujours d’un noir obscur, il fixait le sol
droit devant lui d’un regard de dément accentué par la haine totale qui
animait chacun de ses traits. Jamais un homme n’avait semblé autant habité
par le mal qu’en cet instant… ]
[A hauteur d’une voiture citadine de couleur rouge roulant à vive allure au
travers des campagnes du Kansas, la caméra filmait au travers d’une vitre, côté
conducteur. A l’intérieur, Loïs Lane, anxieuse, donnait libre court à la
puissance de son moteur. Seule idée en tête : arriver à temps pour empêcher
Chloé de faire la pire erreur de sa vie …]
[D’un plan vertical figé dans le ciel Polaire, la caméra filmait au bas
Clark, à genoux dans la neige de la banquise. Habillé de noir –veste et
chemise-, il ressortait dans un contraste superbe en plein centre de la
banquise.
Le plan suivant filma le visage de Clark, marqué par l’effroi que lui
insufflait la perte trop rapide de Chloé. Et soudain, comme si un souffle
d’espoir venait de s’immiscer au travers de ses tympans, Clark releva
lentement la tête, dirigeant son regard droit devant lui. Il semblait avoir vu
quelque chose au loin, de ses yeux perçant et horriblement froid. Aussi, il se
releva et, les bras las le long du corps, resta figé, immobile, le regard droit
devant]
[Le plan suivant filma le cratère créé l’explosion des Grottes Kawache, au
centre du bois de Smallville. Plus rien n’avait survécu ; aucune végétation,
aucune faune, rien … Seul un cratère était creusé dans le sol terreux du
bois. Bordé des arbres qui avaient échappé de peu à l’éradication, le
cratère comportait un seul élément, l’origine de cette explosion : Chloé.
Allongée sur le côté en position fœtale, Chloé restait inerte, le cristal
du Diaphane, éteint, légèrement étreint par sa main droite, posée elle même
sur le sol terreux. Ses vêtements, en lambeaux, laissaient voir des brûlures
intenses qui, pourtant, guérissaient instantanément. Mais Chloé ne se réveillait
pas … Soudain, un sifflement suraigu accompagna la lueur dorée éclatante qui
venait d’activer le cristal du Diaphane. Délicatement, il échappa à l’étreinte
de la main inerte de Chloé et s’envola, en tournoyant sur lui même, au
dessus de la jeune Sullivan. Alors, dans un sifflement sourd, semblable à une
bourrasque de vent, il s’envola vers les cieux en défiant le mur du son …]
[Clark, toujours immobile, le regard fixe, restait sans bouger, respirant
doucement. Il semblait regarder quelque chose au loin, quelque chose que nul
autre être humain n’aurait pu voir … Et soudain, Clark brandit le poing
droit devant lui comme s’il donnait un violent coup de poing à hauteur d’épaules.
Une lueur dorée s’échappait entre ses doigts, s’atténuant rapidement.
Lorsqu’il baissa le bras et ouvrit sa main, la lumière s’estompa complètement.
Clark se rendit alors compte qu’il tenait à plat sur la paume de sa main, le
cristal du Diaphane. Son symbole noir, gravé sur la face devant lui, restait
immobile, aucune lumière ne s’en dégageait]
[Un plan au ras du sol filma le corps toujours inerte de Chloé, au centre du
cratère. Ses blessures, les plus profondes qu’on puisse imaginer, semblaient
mettre un temps fou à se refermer.
Soudain, le plan survola Chloé et, l’abandonnant, se mit à survoler la paroi
montante du cratère, en direction de son sommet. Enfin arrivée au bord, la caméra
se hissa à son sommet et filma le sol tout aussi ravagé. Un peu plus loin, les
premiers arbres épargnés apparaissaient. Et, aux pieds de l’un d’eux, le
corps inerte d’un homme musclé, nu comme un ver était allongé, en position
fœtale son dos tourné vers la caméra. Il paraissait tout aussi inerte que
Chloé, à la différence près qu’il ne présentait aucune blessure, aucune
brûlure. C’est à ce moment qu’il se mit à bouger et, en une suite de
geste puissants, se redressa et se mit debout, dos tourné …]
A Suivre …
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2.16 LOST // © Alehi – Août
2005