#2.15
DESTINIES
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Disclaimer
:
Smallville et ses personnages ne m’appartiennent pas
Smallville © The Warner Bros Television & DC
Comics
Smallville created by Alfred Gough & Miles Millar
Superman © DC Comics
Superman created by Jerry Siegel & Joe Shuster
Cette histoire n’existe que pour le plaisir des fans.
Je n’ai pas été payé pour l’écrire et n’en tirerais aucun avantage
lucratif
Droits :
Hormis les copyrights ci-dessus, cette histoire
m’appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété
intellectuelle et de celle sur les droits d’auteur.
Interdiction formelle de reproduire, d’utiliser et/ou
de diffuser cette histoire sans l’autorisation expresse de son auteur
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Résidence SETHI – Guizeh – EGYPTE – 00h06
L’ambiance qui règnait alentour n’avait rien de
très rassurant. Le froid ambiant, fouettant le visage de quiconque
s’aventurait dans les lieux obscures, aurait eu de quoi geler le moindre être
humain à sang chaud, même si son métabolisme était habitué à ce genre de
température. Car outre la température horriblement basse ce qui provoquait des
frissons dans tout le corps, partant de la tête pour parcourir en une fraction
de secondes chacun des membre, était sans nul doute cette ambiance calfeutrée,
cynique. Seule, au fond, jaillissant d’un trou creusé au mortier dans le mur,
apportait un peu de clarté dans cette longue salle, basée en sous-sol, en
dessous de l’atmosphère chaud du désert d’Egypte. Grâce à cette vive
lumière blanche, s’échappant avec vivacité de la breche, il était possible
d’analyser certains des éléments constituant cette étrange salle, très
froide : deux longues étagères, de chaque côté, constituées d’un bois
luxueux, supportaient un nombre incalculable de bouteilles de vins, dont
certaines devaient valoir une petite fortune.
Attirée, la caméra s’avança rapidement vers le mur
du fond, d’où provenait la vive lumière d’une blancheur aveuglante. Sa
clarté celeste était si surprenante qu’elle en paraissait presque
surnaturelle. Pourtant, à mesure que la caméra se rapprochait de la brèche
par laquelle elle passait, la lumière diminuait, retirant son large faisceau de
la cave. Ainsi, au moment où la caméra se trouva postée devant le mur
meurtri, le faisceau s’était entièrement retiré. Seule une infime parcelle
de lumière perdurait à l’intérieur, synonyme que son origine demeurait. La
caméra passa alors au travers de la brèche et pénétra dans l’atmosphère
frustrée de cette nouvelle salle, baignée de la lumière blanche. Le spectacle
le plus effarant mais aussi le plus effroyable qui soit apparut alors aux yeux
de l’objectif.
Au fond de la salle, au plafond très bas et à la
longueur restreinte apparaissait une sorte de mur constitué dans sa totalité
d’une lumière d’une blancheur éclatante, semblable à un mur d’eau
lumineuse. De toutes petites vaguelettes parcouraient sa surface, dans son
ensemble, faisant refléter sur chacun des autres murs miteux sa lumière Méduséenne.
Seule une personne lui faisait face, à moins d’un mètre. Un homme
d’environ 1m80, habillé d’un léger pantalon de costume blanc et d’une
chemise légère elle aussi blanche, dont les manches étaient retroussées. Son
crâne dépourvu de système capillaire luisait intensément face au mur de lumière.
Son regard d’un bleu envoutant brillant de clarté exprimait la même folie
qu’il avait manifesté, quelques minutes plus tôt. Lex Luthor atteignait ce
qui était semblable, à ses yeux, au Saint Graal même. Jamais plus il ne
pourrait ressentir une telle sensation d’harmonie, de paix avec ce qui
l’entourait.
Derrière lui, quatre corps reposaient sur le sol dur
et poussiéreux, chacun d’eux inertes et endoloris. Il s’agissait des quatre
autres membres du projet NAMAN, en la personne de Lucas Luthor, Helen Luthor,
Ian Nash et Chloé Sullivan. Chacun d’eux étaient tombé inconscient sur le
sol, le visage saignant, suite à l’explosion d’une onde de lumière qui,
bizarrement, avait laissé Lex indifférent. Pourtant, un des corps bougea légèrement,
celui de Chloé. Souffrant le martyr même, elle trouva pourtant la force nécessaire
pour relever légèrement la tête et poser ses yeux à demi fermés sur Lex,
devant le mur de lumière. Alors, elle put entendre tout comme lui, cette voix résonnante
s’adresser à nouveau à Lex :
???: Entre …
Aussi, sentant le rythme de son cœur s’emballer
une nouvelle fois, Lex avança vers la lumière et disparut à l’intérieur,
sous le regard abasourdi de Chloé. La caméra quitta alors le corps de la jeune
journaliste et, s’élevant légèrement dans les airs, fonça à son tour vers
la paroi lumineuse. Au moment où elle heurta sa surface fluide, un flash
lumineux aveugla l’image, ne laissant place qu’à du blanc immaculé. Bien
heureusement, l’image s’assombrit rapidement, laissant apparaître cette
nouvelle image.
Quasiment toute lumière éclatante avait disparue,
seule demeurait une étrange aura pâle, se dégageant selon toute vraisemblance
du plafond, assez bas. Pourtant, aucune lampe n’y était encrée. Lex se
trouvait juste devant la caméra, observant les lieux magnifiques qui se dévoilaient
sous ses yeux ébahis. Il ne faisait aucun doute que le jeune Luthor venait
d’entrer dans un magnifique tombeau. Baigné d’un noir luisant couvrant
chacune des parois, il devait certainement faire partie des plus beaux édifices
jamais construits depuis la création de la Terre. Ses murs, son plafond et son
sol étaient tous recouvert d’un alliage noir très lisse et luisant,
semblable à du marbre. La séparation, aux pieds et en haut des murs, séparant
les parois du sol et du plafond n’était pas perpendiculaire mais arrondie,
ajoutant à l’étrangeté des lieux. Les murs, formant une salle ovale, étaient
couverts dans leur totalité d’inscriptions ressemblant à de l’arabe, en
or. Forgés en colonne assez large, ils couvraient ces murs obscures,
ensorcelant de leur brillance. Plus loin, au centre de la salle, un imposant
sarcophage remplissait l’espace quasiment vide de la salle sublime. Haut
d’environ 80 centimètres, il était lui aussi ovale, constitué de cet
alliage noir luisant et couvert de symboles arabes en or.
Lex, baladant son regard de gauche à droite, n’en
croyant pas ses yeux, descendit une volée de marche en marbre noir et marcha
sur deux pas, levant la tête au plafond, lui aussi marqué de symboles en or.
Au fond de la salle, se trouvait ce qui devait être un immense trône en
alliage obscure. Mais l’ombre qui l’entourait empêchait de l’analyser
plus en détail. Quand soudain, interrompant Lex dans sa contemplation
abasourdie, la voix qui l’avait invité à pénétrer dans la lumière, se fit
à nouveau entendre, ses paroles se répandant en échos dans le tombeau.
???: prends place de le trône de ton aïeux…
A cet instant, un puissant faisceau de lumière pâle
quitta le plafond, au dessus du trône et l’éclaira, révélant ainsi une
assise aussi somptueuse que chacun des éléments constituant ce lieu mythique.
Constitué de cet éternel alliage noir luisant, son dossier, haut de deux mètres,
était orné d’un liseré en or qui ornait également chaque côtés des
immenses accoudoirs. Surplombant légèrement le tombeau, puisque aménagé en
haut de trois marches en marbres noirs, le trône n’attendait plus que son héritier,
fou de joie.
Ce dernier, ravi, s’empressa de contourner le
sarcophage par la droite et, le caressant de sa main gauche, s’approcha
finalement de la volée de marches. Il les gravit et, toujours armé de ce
sourire diabolique, s’installa dans le trône. Il cala délicatement son dos
contre le dossier et, une fois bien installé, posa ses deux mains sur les
larges accoudoirs, relevant la tête d’une manière très fière. La voix se
fit alors nouvellement entendre :
???: es-tu prêt à recevoir l’esprit
ancestral du Grand Sethi, père fondateur de ta lignée ?
Lex, regardant droit devant lui, son regard froid
devenu fou allié, attendit de longues secondes avant de répondre, sachant que
ce moment resterait parmi ceux les plus beaux de sa vie. Et, enfin, il répliqua,
d’une voix enjouée :
Lex : oui, j’y suis prêt …
La caméra se posa alors à cet endroit que fixait désormais
Lex, de l’autre côté du tombeau, cet endroit par lequel il était entré.
Une double-porte de forme ovale, entourée d’un liseré doré fermait le
tombeau, une surface noire, semblable à de l’eau obscure, la constituait. Sa
surface, mouvante, était identique à celle qui formait le mur de lumière
blanche, à l’extérieur. La caméra leva légèrement son objectif et braqua
son plan sur une devanture, servant de porche au dessus de l’entrée. Une
statuette en or était accrochée, représentant la silhouette d’un homme,
habillé d’une armure et portant un masque en forme de tête de chacal. Son
museau doré et ses oreilles dressés sur sa tête étaient la personnification
du dieu Seth, dans l’Egypte Ancienne. Ses pupilles allongées étaient incrustées
d’une surface noire luisante. Et soudain, une lumière blanche les parcourut
avant qu’ils ne reprennent leur teinte obscure habituelle.
Le phénomène qui se produisit ensuite avait été espéré
de toute la lignée Sethi depuis que la Prophétie avait été éditée. Deux
faisceaux de lumières noires quittèrent les yeux de la tête de chacal et foncèrent,
sans obstacles, en direction de Lex, ravi. Il ne fallut ainsi que quelques
secondes avant que les rayons ne relient les yeux noirs de la statuette au front
de Lex. Mais l’irréel ne s’arrêta pas en si bon chemin. Une étrange fumée
noire, quelque peu translucide, quitta les yeux de la statuette et, formant des
cercles délicats autour des deux rayons, commencèrent à en parcourir la
totalité. Ainsi, bientôt, les deux rayons furent encerclés dans toute leur
longueur de nombreux cercles brumeux. L’extrémité de la première boucle
heurta le front de Lex et la fumée commença à entrer dans son cortex cérébral,
passant inexplicablement au travers de la peau de son front. A cet instant,
alors que son sourire se figeait, les yeux de Lex virèrent de leur bleu claire
habituel à un noir intarissable, même le blanc qui enveloppaient auparavant
ses rétines se teinta d’obscurité. Tandis que le phénomène semblait parti
pour durer une éternité, la caméra fonça vers le visage de Lex et,
effectuant un flash lumineux éblouissant, quitta la salle du tombeau.
Lorsque l’image redevint visible, la lumière blanche
éclatante était réapparu au moment où la salle où se trouvaient les membres
inanimés du projet NAMAN étaient toujours allongés. Toujours abasourdie par
ce qu’elle venait de voir, Chloé n’avait pas quitté des yeux le mur de
lumière depuis le départ de Lex. Elle s’était relevé et le regardait de
loin, voyant sa surface oscillante demeurait intacte. Qu’avait-il bien pu
arriver à Lex ? Pourquoi n’avait-il pas été touché par l’onde de lumière
? Autant de réponses que Chloé pouvait très bien ne jamais découvrir, si Lex
ne revenait pas.
Puis, reprenant conscience avec la réalité, elle se
retourna vers le mur, derrière elle, et vit les trois autres corps toujours
allongé sur le sol : Helen, sur le ventre, se trouvait à ses pieds. Lucas, se
trouvait à sa gauche et Ian, lui, était affalé contre le mur de droite, dans
le coin. Il semblait le plus mal en point. Ayant besoin d’aide pour trouver
des solution, Chloé s’accroupit auprès d’Helen et entreprit de la
retourner. Tout comme le visage de Chloé, dont un filet de sang partait du nez
et une bosse bleue apparaissait au milieu de son front, quelque peu dissimulée
par la mèche de cheveux blonds qui était plaquée dessus, le visage d’Helen
n’était pas très joli à voir, bien que ses blessures semblaient plus
superficielles. Une éraflure avait coupé sa joue droite, saignant très légèrement.
Un bleu apparaissait sur cette même joue. Chloé commença à lui donner de très
légères claques sur le visage, espérant que cela suffise à la réveiller. Et
enfin, après maintes efforts, Helen ouvrit les yeux, vivement.
Helen : (surprise) Chloé !!
Chloé s’écarta doucement afin de laisser la
possibilité à Helen de s’asseoir, ce qu’elle fit. La femme de Lex semblait
reprendre doucement contact avec la réalité. Tout aussi lentement, son esprit
se remettait en marche et bientôt elle se remémora ce qui l’avait blessé
autant. Elle se rappela de l’onde de lumière blanche quittant la paroi qui
l’avait frappé de plein fouet. Après le choc, contre le mur, c’était le
trou noir.
Elle balada son regard autour d’elle et vit sur la
droite, Lucas, allongé sur le dos et Ian, sur la gauche, bien mal en point. Réalisant
qui manquait à l’appel, elle interpela Chloé, inquiète :
Helen : où est Lex ?
Se relevant, Chloé s’écarta légèrement et
pointa son regard vers le mur de lumière, derrière elle, faisant signe à
Helen de le regarder. La jeune madame Luthor comprit bien vite de quoi il
s’agissait. Téméraire comme l’était son mari, il avait dû traverser
cette lumière et ne donnait plus de nouvelles. Elle allait répliquer à Chloé,
afin d’en savoir plus, quand des bruits de raclements de pierres, sur la
droite, attirèrent leur attention. Chloé se retourna et vit la silhouette
endolorie de Lucas se rasseoir, se massant le haut du crâne. Il semblait être,
de loin, le plus blessé des trois personnes réveillées. Du sang devait
couvrir la totalité du haut de son crâne étant donné l’état de ses
cheveux collant. Le liquide rouge coulait même sur le haut de son front et
avait créé une plaque rouge sur le flanc gauche de son visage.
Lucas : aïe ma tête …
Chloé se rapprocha de lui et l’aida à
s’asseoir convenablement. Puis, voyant qu’il pouvait et surtout voulait se
relever, Chloé fit signe à Helen de la rejoindre. Toutes deux aidèrent le
jeune frère de Lex et à se redresser et, faisant l’état des lieux de son métabolisme,
tourna le dos au mur de lumière qu’il ne semblait pas avoir remarquer. Après
de longues secondes pendant lesquelles, inquiètes, Chloé et Helen observèrent
Lucas, celui-ci finit par leur demander, en fermant son œil gauche endolori :
Lucas : qu’est ce qui s’est passé ?
Une nouvelle fois, Chloé désigna le mur de lumière,
dans le dos de Lucas, d’un signe de tête. Surpris, le jeune Luthor se
retourna et ne put s’empêcher de rouvrir son œil endolori et d’écarquiller
les deux en apercevant tel spectacle. Jamais il n’avait vu quelque chose
d’aussi beau, d’aussi pur.
Lentement, il s’en approcha, jusqu’à ne se trouver
qu’à moins d’un mètre de la surface lumineuse, tout comme l’avait fait
son frère. Alors que les deux filles le rejoignaient, se postant de chaque côté
de lui, Lucas amena lentement sa main droite de la surface, à la façon de son
aîné. Il était sur le point de faire entrer ses doigts à l’intérieur
quand il se ravisa enfin, cessant de tirer les jeunes traits de son visage en
une extase identique à celle de Lex. Redevenant sérieux, il se tourna vers
Chloé, sur sa gauche.
Lucas : c’est la clé qui produit la lumière
?
Chloé : (regardant le mur) je pense …
Lucas : et Lex est …
Chloé : (finissant sa phrase) … passé au
travers, oui.
Lucas n’en revenait pas. Il connaissait la ferveur
qu’éprouvait Lex au sujet de tout ce qui avait attrait avec la Prophétie et
Sethi mais il ne l’aurait pas cru assez fou pour traverser un mur de lumière
qui avait assommé ses acolytes. Chloé poursuivit.
Chloé : mais je pense qu’il n’aurait pas dû
…
Lucas reporta instantanément son regard sur une
Chloé qui s’attendait à cette réaction. Lucas avait abandonné sa réflexion
et sentait son cœur s’emballer. Au timbre de la voix de la jeune Sullivan,
rien ne semblait présager du bon pour son frère.
Lucas : (inquiet) pourquoi tu dis ça ?
Elle planta alors son regard noisette, à cet
instant très profond, sérieux en tous points, dans celui de Lucas et entreprit
de répondre, le plus honnêtement possible. Même si cela devait accentuer
l’inquiétude de Lucas, et d’Helen, elle devait leur dévoiler cette vérité
que Lex lui avait pourtant sommer de garder pour elle.
Chloé : il y a quelques jours, je suis tomber
sur un dossier, dans le bureau de Lex, un dossier nommé « BLOODY LINK » …
ce dossier comportait l’analyse des deux clés octogonales, la grise et la
rouge. Et pour chacune d’elles, les éléments qui la composaient étaient
inconnus, hormis deux éléments … pour la clé grise, c’était les météorites
de Smallville. Et pour la rouge, il s’agissait d’un ADN qui n’avait rien
de commun avec celui des humains …
Chloé fit alors silence, réalisant ce que cela
pouvait signifier : l’énergie que produisait la clé n’avait certainement
rien de commun avec la Terre. Elle baissa les yeux, regardant le sol dur et
poussiéreux. Puis, reprenant contact avec la réalité, elle reporta son regard
sur le mur de lumière blanche.
Chloé : il se pourrait qu’il ne revienne pas
…
Lucas prit alors pleinement conscience de ce que
cela voulait dire. Lex avait beaucoup changé, il marchait sur les pas de Lionel
et n’aurait de cesse d’entreprendre des projets aussi mystérieux que
dangereux que lorsqu’il connaîtrait le secret de Clark. Mais il demeurait son
frère. Et quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, quoi qu’il devienne il ne
permettrait jamais que quiconque ne lui fasse du mal. Aussi, reportant son
attention sur le mur de lumière, il serra les poings et s’adressa fermement
aux deux jeunes femmes qui l’encadraient.
Lucas : reculez, je vais le ramener !
Toutes deux ahuries par les paroles si ahurissantes
de Lucas, Chloé et Helen se tournèrent vers lui, lui adressant un regard qui
exprimait ce sentiment exaspéré :
Chloé : quoi ?
Lucas : (haussant le ton) je dois le ramener !!
Il se tourna alors vers Chloé et lui adressa un
regard aussi dur et glacial qu’en aurait été capable Lex, s’il avait été
dans la même situation. Alors, d’une voix plus calme, il répéta :
Lucas : reculez …
Chloé comprit clairement qu’il ne servirait à
rien de discuter. Ce regard, présent dans les rétines bleues de Lucas, était
le même qui habitait nuits et jours Lex. Ce regard était un des attraits
ancestraux des Luthor, un attrait que Lionel avait transmis à Lucas en lui
faisant hériter de son sang diabolique.
Aussi, Chloé recula rapidement bientôt imitée par
Helen. Ainsi, toutes deux reculèrent jusqu’à se trouver au centre de la
salle, observant Lucas, un peu plus loin. Ce dernier prit une grande respiration
puis, après de longues secondes, avança vers la lumière, s’apprêtant à
entrer dedans tout comme Lex. Mais, à l’instant où sa tête heurta la lumière
blanche, une vive réaction se produisit. L’endroit où la tête de Lucas
avait touché le fluide blanc devint rouge vif et une nouvelle onde de lumière,
rouge cette fois, quitta la paroi et frappa violemment Lucas de plein fouet. Le
choc l’envoya voler à une vitesse folle contre le mur de pierre, contre
lequel il s’écrasa puissamment. Il retomba alors bruyamment sur le sol,
inconscient, alors que des débris de roche lui tombaient dessus.
Helen : (apeurée) Lucas !!
Toutes deux, se retournant, accoururent vers Lucas
et s’accroupirent. La caméra, les suivant, passa par dessus elles et d’un
plan basculant, plongea dans le tissu sombre de la chemise en soie noire de
Lucas. La transition nous faisait quitter la salle.
Lorsque l’image s’éclaircit enfin, le visage
blafard de Lex, incrusté de deux yeux noirs, réapparut. Les deux faisceaux de
lumière noir continuaient de relier le front de Lex aux yeux de la statuette
alors que le dernier cercle de fumée encrait sa brume dans le cerveau de Lex.
Et enfin, alors que les dernières particules de fumée s’échappaient dans le
cortex cérébral, les deux faisceaux de lumière noire repartirent en sens
inverse. Tandis que Lex, préservant ses yeux d’un noir inaltérable,
esquissait un large sourire, la voix résonnante se fit à nouveau entendre :
???: tu as désormais remplie la tâche qui t’était
dévolue depuis la nuit des temps …
Mais Lex, se sentant intimement différent, en paix
totale avec ce qu’il renfermait, savait qu’il lui restait une chose, une
seule à accomplir. Il amena sa main droite vers le centre de l’accoudoir et
fit pénétrer l’extrémité de son index dans une gravure en or, représentant
un symbole Sethi en cercle. Il glissa son doigt tout autour, regardant le
sarcophage, devant lui. A cet instant, un bruit sourd se fit entendre. Attirée,
la caméra quitta Lex et, faisant volte-face, s’éleva dans les airs, au
dessus du sarcophage. Au centre de son couvercle bombé, en marbre noir luisant,
étaient inscrits cinq symboles Sethi en or, en colonne. Celui du dessus et
celui du dessous coulissaient sous les symboles, juste au dessus et se
dissimulaient ainsi. Puis, ces deux symboles coulissèrent à leur tour et passèrent
sous le symboles du centre, représentant un cercle marqué d’une ligne
horizontale. Alors, la ligne horizontale se courba et se superposa à la courbe
dorée du cercle. A cet instant, d’une manière des plus effarantes, le cercle
dorée s’élargit à une vitesse hallucinante et prit bientôt toute la
circoncision du sarcophage oval, révélant ce qu’il contenait.
Il s’agissait d’une armure à la taille d’un
grand homme, couverte d’or et d’une peinture d’un bleu dur qui n’avait
pas pâli avec le temps. Les abdominaux et les pectoraux étaient représentés
de façon avantageuses et l’armure, renfermant le corps mythique de Seth,
avait les bras croisés sur le haut du torse. Une petite pyramide en or était
étreint par ses deux mains en or. Sa tête représentée par la tête d’un
chacal était elle aussi couverte d’or et ses yeux allongés étaient de
couleur bleue, ainsi que l’intérieur de ses oreilles en pointe et que le bout
de son long museau. Alors, l’extrémité de la pyramide en or, tenu par les
mains de Seth, changea, étrangement. La peinture dorée sembla couler du sommet
et descendre vers la base de ses faces, révélant une autre pyramide, en
dessus, couverte d’une lumière dorée éclatante, éblouissante même. Ladite
pyramide lumineuse s’éleva alors dans les airs, s’extirpant de l’étreinte
puissante du Dieu, s’arrêtant au dessus du sarcophage.
Radieux, Lex se leva enfin de son trône et, observant
la lueur avec satisfaction, descendit les trois marches de marbre et vint se
poster à gauche du sarcophage. Aussi, il amena sa main droite à hauteur de sa
taille et l’ouvrit. Obéissant à sa volonté, la lueur vint s’y déposer délicatement,
perdant de son éclat. Bientôt, Lex put voir que la lumière avait complètement
disparue et qu’elle permettait ainsi de révéler une pierre pyramidale à
trois face, faite d’un verre translucide magnifique. L’une de ses face étaient
gravée d’une suite de symboles Kryptoniens représentant le « DIAPHANE ».
Tandis que Lex élargissait encore un peu plus son sourire, ses yeux reprirent
lentement leur teinte bleutée habituelle et la froideur qui les incarnaient.
???: tu as dans ta main le cristal du DIAPHANE,
revenant de droit au gardien que tu protèges avec tant de réussite …
La caméra fit alors un gros plan sur le visage
radieux de Lex. Jamais il n’avait paru aussi heureux, aussi plein de vie.
Puis, elle bascula vers le cristal, dans la main de Lex. Un plan ultra-rapide
plongea vers sa surface nacrée et un flash illumina l’image.
Quand l’image redevint aussi claire que l’on était
en droit de l’espérer, le plan montra Lucas, inerte sur le sol, en premier
plan. Accroupies, affolées, devant lui, se trouvaient Helen et Chloé qui
tentaient à grand peine de le réveiller. Elles étaient presque en gros plan.
Et derrière, en arrière plan, le mur de lumière blanche apparaissait, source
de toutes ces blessures.
Alors, venu de nulle part, Lex traversa de nouveau le
mur de lumière, souriant, serrant le cristal du DIAPHANE dans sa main droite.
Lorsqu’il fut entièrement sorti de la lumière et arrêté devant, Lex tendit
sa main gauche, libre, devant lui. A cet instant, la lumière blanche quitta
l’extrémité de la paroi, dans le dos de Lex, à ses extrémités. Et,
rapidement, formant un cercle de lumière, elle revint vers le centre faisant
ainsi réapparaître après son passage, le mur de pierre sale et ses
inscriptions mêlant langage Sethi et hiéroglyphes Egyptiens. Bientôt, le
triangle réapparut lui aussi ainsi que la clé rouge, en son centre, au moment
où la lueur dorée réapparaissait. La clé s’extirpa de l’encoche et,
alors que la roche reprenait place dans la serrure, vint se poser délicatement
dans la main gauche de Lex.
Surprise par ce soudain manque de lumière, Chloé se
retourna et avec stupeur, aperçut Lex, radieux.
Chloé : Lex !!
Helen, elle, n’avait pas remarqué le manque de
lumière, trop occupée à surveiller Lucas. Mais quand elle entendit Chloé
s’exclamer ainsi, elle se retourna à son tour. Elle ne se rappelait pas de
l’avoir jamais vu sourire ainsi. Ce sourire, malsain, semblait tout droit
venir de son père, comme si ce qui venait de se passer avait rayé de la carte
le Lex qu’elle aimait.
Il s’avança vers elles, de ce même comportement étrange.
Helen : Lex, il faut que tu aides Lucas ! Il est
vraiment mal en point …
Lex s’arrêta à côté d’elles et jeta un
regard à Lucas, qui semblait sur le point de mourir. Puis, après quelques
secondes, il s’avança vers la brèche, dans le mur.
Lex : il va bien. Laisses-le respirer …
Et Lex disparut au travers du mur, sous les regards
abasourdis de Chloé et Helen. Mais le plus surprenant fut ce qui suivit.
Toussant très fortement, Lucas se réveilla en sursaut. Lex avait dit vrai.
[GENERIQUE]
LuthorMall
– Metropolis – Le lendemain – 9h02
Filmant la cité urbaine la plus vaste alentour, la
caméra voyait les hautes tours de verre et d’acier brandir vers les cieux
leur sommet imprenable, caressant de leur extrémité les fins cumulus blancs
qui sillonnaient un ciel d’un bleu superbe, en concordance totale avec le
cercle solaire qui illuminait de toute sa clarté les rues de Metropolis.
Pourtant, au milieu de toutes ces tours miroitées, formant le centre des
affaires de la ville, surplombant le reste de la cité, une structure,
relativement différente des autres attirait l’œil, vers le centre. Beaucoup
plus basse, elle avait quelque chose d’attractif plus qu’évident, quand on
caressait sa surface inhabituelle de la rétine oculaire. Il s’agissait du
LuthorMall, le centre commercial le plus connu de tous les Etats-Unis, pour
cette structure extérieure si atypique.
La première comparaison qui pouvait y être faite était
celle d’une grande vague. En effet, son toit en pente, d’un métal gris des
plus lisse, semblable à la surface des mers, était supporté par une baie vitrée,
de la même couleur claire, verticale, au bord de l’entrée du centre
commercial. Dans toute sa longueur, la baie vitrée était transparente, bien
que les intenses rayons matinaux du soleil s’y reflétaient sans mégarde,
comme s’ils étaient attirés par cette surface. Quelques-uns des architectes
les plus réputés au monde s’adoraient à comparer la structure de ce
batiment au stade de football coréen de Seogwipo. Semblable à une puissante
vague de matériaux qui déferlerait sur le parking basé devant, le LuthorMall
creusait l’attention entre toutes ces tours vertigineuses comme pour montrer
que la LuthorCorp n’avait pas pour habitude de faire tout comme tout le monde.
Le toit en pente laissait délicatement les rayons solaires glisser le long de
sa paroi lisse, jusqu’à descendre derrière, sur une partie du parking
installé sur ce goudron, dont une certaine partie était toujours à l’ombre.
Quelques rares voitures y étaient garées, ici et là, ainsi que sur l’autre
parking, beaucoup plus vaste, édifié devant la structure.
La caméra, survolant la surface en pente servant de
toit au centre commercial, bascula en une fraction de seconde et, en un plan accéléré
assez étonnant, fonça vers lui, de façon à le heurter très prochainement.
Et, au moment où cela se produisit, un flash lumineux d’une rare blancheur
aveugla l’image. Peu après, l’image s’assombrit de nouveau, laissant
apparaître la nouvelle image que filmait la caméra, dans un plan mobile,
survolant une foule intense, au bas, à tout juste quelques centimètres au
dessus des têtes. La caméra venait de pénétrer dans la galerie marchande,
elle aussi atypique, intégrée à l’intérieur du centre commercial. En
effet, laissant la lumière du soleil passer par la baie vitrée, contre le mur
de gauche, la galerie entourait le reste du centre, formant les contours du
LuthorMall. Une foule impressionnante s’y mêlait, marchant en double-sens et
composée d’une population éclectique des plus significatives. Un brouhaha
assourdissant s’élevait jusque dans les hauteurs du plafond, mêlant voix
agitées, pas effrénés et musique d’ambiance enthousiasmante. Mais la caméra
ne se préoccupa que de la foule, juste en dessous d’elle.
Dans un nouveau plan délicat, plus rapide que les pas
de la foule, la caméra rasait une à une chaque tête dépassant de la foule,
sans se préoccuper de l’une d’elle en particulier. Il continua ainsi son
travelling régulier, au dessous de la foule, ne prêtant attention ni aux
conversations échangées, ni aux gestes effectués. Jusqu’au moment où, sous
elle, une faille dans la foule apparut, sur trois bons mètres. Etrangement,
personne ne bouchait ce trou, comme si les places y étaient étrangers.
Cependant, personne n’y prêtait attention, comme si cela était une tradition
qui ne demandait pas à être modifiée. La caméra braqua alors son plan sur le
dos massif d’un homme, un peu plus loin, fermant la faille. Marchant d’un
pas assuré, de son allure rapide, il semblait savoir exactement où il allait,
qui il était et ce qu’il avait à faire. Son dos musclé couvert d’un
maillot de corps noir et sa chevelure noire épaisse avaient quelques chose de
familier. Soudain, tandis que ce plan demeurait, malgré l’allure effrénée
à laquelle il matchait, le jeune homme sentit une vibration contre sa jambe
droite, dans la poche de son jean. Il baissa la tête et plongea sa main dans
cette poche, avant d’en ressortir un téléphone portable dernier cri, de
couleur grise.
En un plan accéléré, la caméra abandonna son
travelling et vint se placer au dessus du portable, tenu par la main droite du
jeune homme. Une led s’illuminait de orange alors que sur le cadran vertical,
encré dans la coque, le nom « Unknown Numero » apparaissait. Cependant,
intrigué par cela, l’homme ouvrit à l’aide de son pouce le clavier et
porta le téléphone à son visage. La caméra suivit son geste et vit sa main
amener le portable contre son visage carré, bienveillant, alors qu’il prenait
la communication. Le regard bleu clair, froid, de Clark semblait avoir encore un
peu plus changé, depuis qu’il vivait à Metropolis. Il prit la communication
d’une voix calme, bien que tendue :
Clark : oui ?
La voix de celui qui l’appelait ne tarda pas à se
faire entendre. Il s’agissait d’une voix d’homme, âgé visiblement
d’une cinquantaine d’années environ. Mais, peut être était-ce à cause du
bruit environnant ou d’un tout autre facteur, Clark ne sut mettre un nom sur
sa voix. Ce qui ne semblait pas être le cas de son interlocuteur.
???: Clark Kent ?
Clark hésita un moment. Avec tous ces évènements
tragiques qui s’étaient produits autour de lui, ces derniers temps, à cause
de ses pouvoirs, de sa destinée et de son passé mafieux à Metropolis, Clark
rechignait de plus en plus à s’engager avec des personnes qu’il ne
connaissait pas. Parfois, l’envie lui venait même de reprendre le pseudonyme
de « Kal », qu’il avait utilisé à Metropolis deux ans plus tôt. Mais ce
nom évoquait tellement de mauvais souvenirs qu’il hésitait encore. Peut être
quand il serait prêt …
Il finit par répliquer, d’une voix dont la froideur
s’était encore amplifiée :
Clark : oui ?
Le soulagement se fit entendre, dans la réponse de
cet interlocuteur inconnu.
???: enfin je te trouves !
Visiblement, il était grandement soulagé de réussir
à entrer en contact avec Clark. Il avait visiblement dû faire des efforts
considérables pour obtenir son numéro de téléphone portable. Ils devaient
donc se connaître, pensa Clark. Pour sa voix n’évoquait rien en lui.
L’homme poursuivit sur cette lancée alors que Clark continuait d’arpenter
l’allée. Un peu plus loin, à plusieurs mètres, le mur de droite était
creusé par une allée s’enfonçant vers le centre du LuthorMall. Clark leva
la tête et vit une pancarte indiquant « Access to elevators ».
???: tu es quelqu’un de vraiment difficile à
joindre, tu sais ? … j’ai dû appeler pas moins de dix personnes avant de
tomber sur toi !
Clark se déporta rapidement sur la droite, ne
quittant pas la pancarte des yeux, bousculant quelques clients désabusés.
Enfin, Clark lui répliqua, en le coupant, d’une voix encore plus glaciale
qu’auparavant. Il commençait réellement à s’énerver, intérieurement.
Clark : qui êtes-vous ?
Clark voyait lentement l’allée sur la droite se
rapprocher alors que l’homme, dans le téléphone, s’interrompit. Cela ne
semblait pas avoir coupé plus que cela son enthousiasme.
???: oh oui, excuses-moi ! … (souriant)
c’est Henry Small, le père de Lana !
Au moment où Clark tourna sur la droite, pénétrant
dans l’allée, il sentit son cœur faire un léger bond, à l’entente de ce
nom. Il fit le lien entre la voix et le nom et se rendit compte que ce devait réellement
être le cas. Il marcha sur quelques pas dans l’allée, très calme, à côté
de la galerie marchande et finit par répliquer à Henry, d’une voix beaucoup
plus enjouée :
Clark : Henry ?! … Alors ça c’est une
surprise !!
Clark entendit deux de ses pas se répercuter dans
l’étroit espace du couloir, assez éclairé, avant que la voix d’Henry se
fasse à nouveau entendre. Un peu plus loin, sur la droite, au fond de ce
couloir, l’attendaient deux ascenseurs, tous deux fermés. Devant le premier,
un homme habillé d’un jean délavé et d’un sweat à capuche noir, dont
cette capuche recouvrait son visage, attendait, que les portes s’ouvrent,
visiblement. Le deuxième, un peu plus loin, semblait libre. Passant derrière
l’homme au visage impossible à identifier, Clark entendit les paroles de
Henry :
Henry : (désolé) oui, il est vrai que je
n’ai pas donné beaucoup de nouvelles …
Clark s’arrêta face à l’ascenseur et appuya
sur le bouton transparent, sur le mur, entre les deux ascenseurs. Il
s’illumina de bleu sous la pression de Clark, effectuant ainsi l’appel de
l’ascenseur. L’homme encapuchonné attendait toujours le sien. Intéressé,
Clark tourna la tête sur sa droite et l’observa un court moment. Les mains
dans les poches, le regard fixe, cet homme n’avait rien de très fréquentable.
Les portes de l’ascenseur de l’homme s’ouvrirent en même temps que celles
de Clark.
Henry : malheureusement, ce n’est pas un
simple appel de courtoisie …
L’homme encapuchonné, sur la droite de Clark,
tourna à son tour la tête vers Clark et le regarda un long moment, n’entrant
pas dans son ascenseur. Clark n’y porta aucune attention et entra dans sa cage
d’ascenseur. L’homme encapuchonné resta un long instant à regarder
l’ascenseur de Clark puis, lentement, entra dans le sien.
La caméra entra dans l’ascenseur de Clark au moment
où les portes se refermaient. Le visage soudain inquiet, Clark avait appuyé
sur le bouton « Parking Lot » et l’ascenseur amorçait une lente descente
vers le parking souterrain. Il répliqua à Henry de cette voix soucieuse :
Clark : qu’est ce qui se passe ?
Henry était vraiment touché par le timbre de voix
qu’avait utilisé Clark. Comme toujours, il se souciait des problèmes des
autres et allait certainement essayé de trouver une solution, comme il le
faisait si souvent. Henry sourit en pensant à cela, c’était la raison de son
appel.
Aussi, après quelques secondes de silence, il répliqua
tout simplement :
Henry : c’est Lana … elle a disparue depuis
un mois …
Clark resta bouche bée, devant une telle révélation.
Sous le coup du choc, il ne fit pas la connexion avec la réalité, ce qui lui
prit un certain temps. Pourtant, alors que Henry poursuivait, il ne put s’en
empêcher.
Henry : je sais, j’aurais dû te le dire il y
a longtemps, mais …
Clark : non, c’est impossible !
Henry s’était attendu à cette réponse, Lana et
Clark étaient tellement liés l’un à l’autre qu’il avait longuement hésité
avant de le lui annoncé. Il avait attendu le dernier moment. Mais cette fois,
il devait le faire.
Henry : je comprends que ce doit être
difficile, mais tu dois l’accep-…
Clark : (l’interrompant de nouveau) non, vous
ne comprenez pas. C’est impossible parce que je l’ai vu il y a deux jours
…
Henry marqua à son tour un temps d’arrêt, ne
comprenant pas sur le moment les paroles dites par Clark. Puis, lentement, il répliqua
:
Henry : où ? A Smallville ?
Clark : non, à Metropolis ... c’est là que
nous vivons maintenant …
L’ascenseur s’immobilisa dans un atterrissage
des plus délicats et, dans un bip sonore assez aigu, les portes coulissèrent,
ouvrant l’accès à un vaste parking souterrain aménagé sous le LuthorMall.
Face à Clark, une longue allée au sol en béton s’étendait, de nombreuses
voitures y étant garées de chaque côté, entre de nombreux pilonnes en pierre
grise. Par instant, des démarrages en trombe et des crissements de pneus se
faisaient entendre. Clark s’engagea dans l’allée, en traversant une,
perpendiculaire à la suivante. Il dévia la tête sur la droite et vit sur le
premier pilonne, une pancarte indiquer « G8 ». Il s’agissait du nom de la
partie du parking. Clark se déporta sur la droite, longeant les voitures garées,
tandis que Henry lui répliquait.
Henry : vous vivez ensemble ?
Clark fit une terrible grimace, silencieuse, à
l’entente de ses paroles. Il aurait aimé que ce soit le cas, que ce soit si
simple. Malheureusement, c’était loin d’être le cas, bien trop loin même.
Aussi, après quelques secondes, il répliqua :
Clark : non … je vis seul et Lana … Lana vit
chez Kelhan …
Clark tourna alors sur la droite, passant sur une
passerelle basée entre deux pilonnes et menant à une nouvelle allée, parallèle
à la première. Il passa sous l’arche et avança en largeur sur l’allée.
Devant lui, un peu plus loin, une nouvelle passerelle l’attendait. Le pilonne
de droite supportait une pancarte indiquant « H8 ». Marchant vers elle, Clark
tourna la tête sur la droite. Avec étonnement, il vit la silhouette de
l’homme encapuchonné, le visage baigné par l’ombre, avancer vers lui, le
fixant ardemment. Clark n’y prêta qu’une attention minime et passa sous la
deuxième arche, alors que Henry lui demandait :
Henry : (surpris) Kelhan ? Qui est-ce ?
Clark : c’est le petit ami de Lana … elle
l’a rencontré en France
Clark trouvait très étrange que Henry n’ait
jamais entendu parlé de Kelhan. Lana ne lui en avait-elle jamais parlé ?
Le visage crispé par la tension, traversant une allée
portant la marque « I8 », Clark se retourna, serrant le téléphone contre son
visage. L’homme encapuchonné avait lui aussi tourné sous l’arche et
suivait Clark. Se retournant droit devant lui, Clark passa sous une nouvelle
arche, accélérant le pas. La communication allait devoir être abrégée plus
tôt que prévu, Clark devait savoir qui était l’homme qui le suivait.
Henry : Lana et moi sommes en froid … mais
bon, le principal, c’est qu’elle aille bien !
Clark passa sous cette nouvelle passerelle en se
retournant. L’homme encapuchonné, à 5 mètres derrière lui, continuait de
calquer sa marche sur la sienne, son regard braqué sur le dos de Clark.
Clark : (regardant l’homme encapuchonné)
Henry, je ne veux pas être impoli mais (il se retourna droit devant lui) je
vais devoir raccrocher !
Clark accéléra l’allure et traversa une nouvelle
allée dans laquelle étaient garées nombre de véhicules appartenant aux
clients du centre commercial.
Henry : oui, je comprends … merci Clark et à
bientôt …
Clark : oui, à bientôt !
Et d’un geste vif, alors qu’il s’approchait
d’une nouvelle passerelle, Clark referma le clapet de son téléphone et le
rangea dans une des poches avant de son jean. Il se retourna une dernière fois
vers l’homme encapuchonné. Puis, arrivant dans une nouvelle allée, Clark
tourna sur la gauche et, une fois hors de portée de la vue de l’homme,
disparut en un éclaire, allant se cacher entre deux voitures, sur la gauche, se
mettant accroupi. Il attendit ainsi, que l’homme daigne se montrer.
Enfin, après quelques secondes, l’homme apparut,
sortant de la passerelle. Ayant vu Clark tourner sur la gauche, il en fit de même
et, d’un pas soudainement ralenti, s’approcha de l’endroit où était caché
Clark. Malgré cela, le jeune Kent ne parvenait pas à voir son visage. Mais il
ne faisait aucun doute que l’homme encapuchonné poursuivait Clark ; il
baladait son regard de gauche à droite, balayant les voitures une à une. A cet
instant, alors que les éléments tragiques qu’un intérêt semblable à celui
avaient provoqués autour de Clark lui revenait en mémoire, le jeune Kent
laissa la fureur s’emparer de ses membres et la noirceur habitant son cœur
prendre le dessus sur la sagesse. [SLOWING DOWN – Créant des sillons de
vitesse de chaque côté de son corps, Clark se redressa entre les deux voitures
et se précipita vers l’homme en courant. Des sillons brouillés, assez
sombres en raison de la couleur des vêtements de Clark, apparurent dans son
sillage. Arrivé à hauteur de l’homme encapuchonné qui ne l’avait pas vu
surgir, Clark le saisit par le col de son sweat et, le soulevant de terre,
l’amena vers le véhicule, dans son dos. Toujours entouré de ces sillons de
vitesse, Clark le plaqua violemment sur le capot, le cabossant et le tint allongé
férocement contre le métal – FIN] Le geste de Clark avait suffisamment fait
bouger la capuche de l’homme pour découvrir son visage grêle, squelettique,
encré de deux yeux noirs machiavéliques. En croisant ce regard dénué de tout
bonheur, Clark laissa la fureur quitter son visage et la peur, l’effroi s’y
insinuer rapidement. N’en croyant pas ses yeux, d’un pas titubant, les yeux
écarquillés, Clark le relâcha et commença à reculer, lentement.
Clark : vous !
Tandis que le jeune Kent continuait de reculer,
l’homme, armé d’un sourire diabolique, commença à se relever, lentement.
Clark : c’est impossible, vous êtes mort !!
L’homme était complètement redressé. Le
capuchon avait finalement glissé le long de son crâne aux cheveux coupés très
courts et reposait sur sa nuque. Ce visage, celui du diable en personne, Clark
avait espéré ne plus jamais le revoir. Lorsqu’il entendit le son de sa voix,
terriblement heureux, il comprit pourtant que ses pires cauchemars reprenaient
forme.
???: oui mais je reviens du royaume de Lucifer
pour m’entretenir avec toi, Kal-El …
Dôme
Artificiel – Hors de l’Espace – Hors du temps
Dès le moment où cette lumière d’une blancheur
éblouissante avait jailli de l’encoche octogonale, dans la paroi rocheuse des
grottes Kawache, Jonathan avait senti une douceur telle qu’il n’en avait
jamais connue lui caresser la peau, sur la totalité de son corps, extirpant
dans le même temps le sentiment de déchirure ultime qui disséminait chacune
des particules de son corps. Désormais, seuls la paix, l’harmonie et la
douceur circulaient dans ses veines, un sentiment de pleinitude totale que
personne au monde n’avait encore ressentie. Plus aucun sentiment négatif,
provoquant une quelconque souffrance, avait disparue, comme aspiré par cette
lumière céleste. Son aura devait avoir agi comme un sérum des plus efficaces,
qui aurait pu éradiquer le moindre malheur, la moindre douleur ainsi que le
moindre souci. Jonathan, malgré ce qui l’avait amené dans les grottes
Kawache, à savoir la perte de son fils arraché par les bras tyranniques de
Jor-El, ne ressentait plus aucune colère, aucune haine. Il se sentait heureux.
Jonathan ouvrit enfin, lentement, les yeux. Dès cet
instant, une lumière blanche tout aussi éblouissante que la première lui
jaillit à la vue, en devenant floue telle sa puissance était intense. Il
plissa les yeux, essayant à grands efforts de les garder ouverts. Lorsque sa
vue se fut enfin habituée à la puissance de cette lumière, il put se rendre
compte d’un fait qui changerait tout et qui, néanmoins, expliquait clairement
le changement d’émotions qu’il avait ressenti : il ne se trouvait plus dans
les grottes poussiéreuses de Smallville. Ce lieu était certainement celui qui
pouvait s’en éloigner le plus possible. La roche, les peintures rupestres, la
poussière et la vaine pénombre avaient disparus, laissant place à un blanc
qui semblait constituer la structure à la fois simpliste et moderne de cet
endroit dans lequel venait d’atterrir Jonathan. Levant la tête et tournant en
cercle sur lui même, Jonathan balaya du regard les lieux.
Il semblait s’agir d’une immense pyramide constituée
de la seule salle dans laquelle se trouvait Jonathan. Son sommet s’élevait à
perte de vue à une bonne trentaine de mètres au dessus de sa tête. Ses quatre
parois, obliques, étaient constituée d’un alliage d’une blancheur éclatante
semblable à de la neige, bien que sa platitude indiquait qu’elle ne faisait
qu’y ressembler. Le sol dur et plat, sur lequel les pieds de Jonathan se
reposaient, était lui aussi constitué de cet alliage surprenant. Le calme
plat, allié à cette structure sans égal, provoquait une sérénité étonnante
en Jonathan. Ce dernier s’immobilisa, baissant les yeux vers son propre corps.
Il se rendit alors compte d’un autre changement notable.
Il n’était plus vêtu d’une de ses vieilles
chemises à carreau et d’un jean usé. Non. Par un phénomène qu’il
n’aurait su expliquer, Jonathan était désormais habillé d’une chemise légère
d’un noir intarrissable et d’un jean légèrement délavé. Malheureusement
pour lui, cette révélation n’était pas la pire. Lorsqu’il posa ses yeux
sur ses mains musclées, il se rendit compte que l’élément qui l’avait
amené ici et qui était sa seule chance d’en revenir avait disparue : la clé
ovale. Sentant pour la première fois depuis son arrivée en ces lieux son
rythme cardiaque accélérer nettement, Jonathan entreprit de fouille la poche,
sur la partie supérieur de sa chemise. N’y trouvant pas la clé, il se mit à
chercher dans les poches avant de son jean, puis dans celles de derrière …
???: est-ce ceci que vous cherchez, Jonathan
Kent ?
Jonathan sentit à nouveau le rythme de son cœur
augmenter ostensiblement où cette voix d’homme, veloutée et douce, s’éleva
de derrière lui. En un geste brusque, Jonathan se retourna et porta son regard
droit devant lui, vers cette personne nouvellement apparue dans ces lieux. Il était
très étrangement vêtu, d’un long vêtement aux tissus blancs assez lâches,
d’une pureté égale à la constitution des lieux. Il pouvait presque se
fondre dans le décor. Cette toge, couvrant tout son corps, comportait également
un large capuchon posé sur sa tête, ainsi méconnaissable. Les plis du large
capuchon tombaient sur des épaules quelque peu massive. Sur le tissu, au niveau
du haut du torse de cet homme était inscrit un symbole bleu pale, Kryptonien,
formé d’un 8 ovale, dessiné magnifiquement et d’un point, inscrit sur la
gauche du numéro. L’homme, les bras croisés dans ses manches larges,
blanches, dont l’une supportait une suite de symboles Kryptoniens bleus pâles,
brodés dessus, semblait faire flotter la clé ovale à mi-hauteur devant lui,
par la simple puissance de sa pensée. Jonathan n’en revenait. Qui que pouvait
être cet homme, il ne devait pas avoir grand chose de commun avec un mortel.
Reprenant son naturel, Jonathan se retourna complètement.
Il prit alors un air méfiant, renfrogné, avant de questionner enfin cet homme
sur son identité.
Jonathan : qui êtes-vous ?
Jonathan essayait, malgré la distance, de reconnaître
le visage de l’homme, caché par la pénombre de son capuchon. Mais cela
semblait peine perdue. Cependant, il était sûr d’avoir déjà entendu cette
voix qui évoquait en lui, une chaleur incommensurable. L’homme répliqua de
cette même voix plane, plane :
???: le seul capable de répondre à vos
questions …
Qui qu’il ait pu être, Jonathan n’en avait que
faire. Il était venu ici dans un but précis : celui de faire revenir son fils
parmi les siens. Et une seule personne possédait ce pouvoir : Jor-El.
Aussi, exprimant cette colère enfouie depuis quelques
minutes, Jonathan reprit :
Jonathan : je veux parler à Jor-El !!
La réponse de son interlocuteur se fit quelques peu
attendre, dans ce silence total. Mais Jonathan ne sentit pas la colère
augmenter, tant l’attitude de cet homme en toge amènerait de nouvelles révélations.
En effet, l’homme en toge décroisa ses bras, révélant
des mains blanches. Il les porta aux bords de sa capuche et la retira de sa tête,
révélant ainsi un visage blanc aux traits les plus bienveillants qu’on
puisse imaginer. Il avait des cheveux gris, presque blancs, coupés très courts
qui, allié à son regard d’une bleuté pure, augmentaient le sentiment de
paix qui habitait son visage. Tout en lui concordaient avec le lieu dans lequel
il évoluait. Y compris son sourire calme, apaisant. Jamais Jonathan n’avait
rencontré une personne qui dégageait une telle paix, une telle confiance.
L’homme fit à nouveau entendre le son de sa voix.
???: (répondant à Jonathan) vous l’avez
devant vous …
Jonathan crut que son cœur allait arrêter de
battre tant cette révélation était en contradiction avec l’homme qu’il
avait devant lui. S’il n’avait pas connu Jor-El avant de connaître cet
homme, il aurait pu lui confier n’importe quoi, sans se poser la moindre
question. Son simple sourire, allié au regard pure, suffisait à donner
confiance. Il semblait être le samaritain à l’état pure. Pourtant, Jonathan
ne savait que trop qu’il n’avait jamais été un homme de bonté. De tous
temps, Jor-El avait toujours essayé de le tromper, d’amener Clark, malgré
ses réticences, vers le chemin de la tyrannie. Comment pouvaient-ils n’être
qu’une seule et même personne ? Jor-El était la personnification du mal
absolu, Jonathan le savait. Cependant, en croisant ce regard pur qu’il
connaissait tant, il en venait à en douter.
Jonathan : vous mentez !
Aussi surprenant que cela puisse paraître, Jor-El,
recroisant les bras dans ses manches, esquissa un léger sourire, comme amusé
par la remarque de son homologue. Il reprit d’une voix pourtant plus sérieuse
qu’auparavant.
Jor-El : votre esprit exprime pourtant le
contraire …
Jonathan resta stupéfié. Si Jor-El avait le don de
pouvoir lire son esprit, il serait bien compliqué de cacher ses sentiments et
ses envies. Baissant un instant les yeux, Jonathan se rendit compte que
finalement, Jor-El avait raison. Il était difficile de l’admettre, pour ce
que cela entrainait mais au fond, c’était presque une suite logique aux évènements
qui s’étaient produits ces dernières années.
Jor-El : … mais vous avez peine à le croire,
ce qui est surprenant quand on connaît les capacités hors normes de Kal-El …
Jonathan releva les yeux vers Jor-El, assez surpris.
Jor-El parvenait à lire les sentiments de Jonathan comme s’il les avait lus
dans un livre ouvert. Visiblement, la lecture de pensées était un art dans
lequel il excellait. Jonathan décida donc, à partir de ce moment, de jouer
cartes sur tables car de toutes manières, agir en contre-sens, ne parviendrait
qu’à le ralentir.
Jonathan : mais c’est impossible, vous êtes
mort !
Jor-El esquissa un nouveau rictus, visiblement
l’effarement de Jonathan l’amusait. Mais il comprenait parfaitement cet étonnement.
Après tout, lui qui avait étudié le peuple terrien, savait pertinemment que
les humains ne savaient pas ce qui les attendaient après la mort, contrairement
au peuple de Krypton.
Jor-El : (calmement) oui … mais mon esprit a
survécu (il leva la tête vers le plafond en pointe) ici !
Le voyant faire, de ce geste lent, Jonathan en fit
autant et regarda à son tour l’armature blanche de la pyramide, à plusieurs
mètres. Tandis que le silence et l’harmonie reprenaient leur place, Jonathan
se posa à nouveau cette question qui avait la première embrumée son cerveau,
à son arrivée ici : « Quel est ce lieu ? »
Lorsque Jor-El baissa la tête et que Jonathan en fit
autant, ce dernier lui posa donc la question qui lui brûlait les lèvres, désormais.
Jonathan : où sommes-nous ?
Jor-El : (souriant) ce lieu est un espace de
rencontre, dénué de notions de temps et de lieux … il a été créé par mon
peuple lors de la Prophètisation de l’arrivée de Kal-El sur la troisième
planète … il n’existe que pour servir sa destinée …
Jonathan n’était pas certain d’avoir compris
tout ce que venait de dire le père biologique de Clark. Mais il en avait tiré
le principal. Les personnes qui étaient liés à la destinée de Kal-El
pouvaient y accéder et elles seules.
Un long instant d’intense silence s’installa alors,
pendant lequel les deux pères de Clark s’observèrent mutuellement. Jor-El
souriait toujours légèrement, de cette attitude apaisante, harmonieuse, tandis
que Jonathan comprenait que ce Jor-El était très éloigné de celui qu’il
avait toujours connu. La paix qui l’enveloppait en était même malsaine,
Jonathan avait bien du mal à lui faire confiance. Peut être était-ce dû aux
nombreux tours qu’il lui avait joué, pour écarter Clark de sa famille.
Aussi, de cette voix méfiante, Jonathan répliqua :
Jonathan : vous avez l’air … différent !
Jor-El esquissa un nouveau rictus bienveillant,
baissant un instant son regard bleu dans une attitude gênée. Jonathan fut
frappé de constater à quel point cette attitude était identique à celle de
Clark, quand on lui faisait remarquer quelque chose de logique. La ressemblance
était plus que frappante. Aussi, lorsque le père biologique de Clark releva
les yeux, Jonathan se rappela où il avait vu ce regard pur, touchant. Il était
la parfaite réplique de celui de son fils.
Jor-El : il est vrai que ma volonté, incrustée
dans les grottes indiennes, est intransigeante … ce qui a pu vous laisser
croire que j’étais un tyran. Mais croyez-moi, je n’ai jamais voulu d’un
tel avenir pour mon fils, quelque soit la façon dont ce peuple le voit. Je ne
vous aurez pas choisi vous, Jonathan, si j’avais voulu une telle chose …
Mais quelque chose ne collait, Jonathan s’en
rendait compte.
Jonathan : mais pourquoi l’avoir écarté de
ma famille alors ?
Jor-El : (haussant le ton) parce que vous
n’avez pas respecter les termes de notre pacte, Jonathan … (reprenant le ton
calme caractérisant sa personne) Kal-El devait quitter la cité le moment venu
!
Jonathan sentit alors une fureur restée enfouie au
plus profond de lui même refaire subitement surface.
Jonathan : (furieux) il n’est pas encore prêt
!
Jor-El : (impassible) si il l’est ! … depuis
son retour de New York. Mais malgré mes appels, vous refusiez de l’accepter.
Votre amour vous pousser à le garder prêt de vous, ce que je comprends …
Jor-El fit silence. Jonathan, qui avait un long
instant baissé les yeux, obligé d’accepter la stricte vérité, releva
subitement les yeux vers Jor-El, n’en croyant pas ses yeux. Jor-El, celui qui
tyrannisait son fils, faisait preuve de compréhension.
Jor-El : j’ai été obligé d’envoyer mon
fils à des années lumière de moi en sachant pertinemment que je ne le
reverrais jamais … je comprends mieux que quiconque ce que vous ressentez !
Jonathan se rendit compte d’une chose, qui
changeait peut être tout, de sa vision des choses jusqu’à ce qui attendait
son fils. Ce que Martha et lui avaient pris pour une volonté indomptable pour
faire devenir leur fils un tyran n’était autre qu’une peur de le voir
devenir quelqu’un qui pourrait devenir un monstre. En fait, Jonathan s’était
trompé sur toute la ligne. Jor-El n’était qu’un père qui était prêt à
tout pour garder son fils en vie et le former au mieux pour sa vie future. Ses méthodes
étaient peut être peu orthodoxes, ce qui normales puisqu’elles appartenaient
à un tout autre monde mais elles avaient le même but que celle de la famille
Kent : protéger au mieux leur fils.
Jonathan baissa la tête, réalisant cela. Jor-El
esquissa un timide sourire, exprimant son sentiment rassurant au vu du fait que
Jonathan l’avait finalement compris. Peut être pourraient-ils enfin agir
ensemble et éviter le pire pour Clark.
Jonathan releva alors la tête, la peur au ventre.
Jonathan : mais il n’est pas trop tard, il
vient de partir ?
La peur tirant les traits creusés de Jonathan,
ainsi que son regard brillant de frayeur, provoquèrent en Jor-El un sentiment
agréable qu’il avait eu peur de ne jamais ressentir, en raison de la faculté
de Jonathan d’ignorer ses menaces. Mais finalement, une discussion entre pères
était la seule solution de régler le problème, chose qui l’était enfin.
Faisant une curiseuse moue, Jor-El répliqua d’une
voix inquiète :
Jor-El : je l’espère …
Jor-El baissa à son tour un court instant les yeux
vers le sol d’un blanc immaculé avant de les relever, quelques secondes plus
tard, en plantant son regard d’une profondeur rare dans celui de Jonathan.
Jor-El : pour l’obliger à partir, j’ai été
contraint de révéler un peu plus son côté obscure … j’espère seulement
que cette partie de lui ne le submergera pas avant son avènement …
Jonathan : (sourcils froncés par l’incompréhension)
son avènement ?
Jor-El : il s’agit du jour où Kal-El et l’héritier
du mal embrasseront leur destin, mains liées … à ce moment, ils devront
choisir leur voie, celle du bien ou celle du mal. Si jamais son côté obscure
restait le plus fort, il y aurait de fortes chances de le perdre à jamais …
Jonathan sentit le rythme de son cœur accélérer
d’une façon si puissante que même l’environnement apaisant dans lequel il
se trouvait ne suffirait jamais à le ralentir. Par sa faute, Clark allait peut
être succombé à jamais à la voie du mal. Et rien ni personne ne pourrait
changer cela. Il aurait tant voulu pouvoir changer ce fait, aider son fils à
advenir celui qu’il était destiné à devenir.
Jor-El esquissa un léger rictus.
Jor-El : je lis dans votre esprit votre volonté
éperdue de sauver Kal-El et dans votre cœur cette peur qui vous torture …
vous pouvez peut être encore le sauver, de celui qui causera sa perte …
Jonathan releva la tête en un geste vif, braquant
de nouveau son regard dans celui de Jor-El, presque l’identique du sien. Il
vit ainsi son homologue décroiser de nouveau ses bras et amener sa main droite
à mi-hauteur, devant lui. Plaçant sa paume vers le plafond, il ouvrit sa main
en laissant ses doigts former des arcs de cercles. Peu après , une intense lumière
blanche s’en dégagea, passant entre ses doigts, tandis qu’une petite sphère
de cette lumière y apparut, dans le creux de sa main. Rapidement, elle gagna en
taille et devint bientôt aussi grosse qu’une balle de tennis, tenue par la
main de Jor-El. Il desserra alors son étreinte sur la lumière, la laissant
s’élever délicatement au dessus de sa main ouverte. Les yeux écarquillés
par la surprise, Jonathan vit la sphère de lumière dont l’intensité était
telle qu’on ne voyait pas au travers, flotter jusqu’à lui et, obéissant à
l’esprit de Jor-El, s’arrêter à mi-hauteur devant lui. Jonathan, la
caressant de son regard bleu dans lequel se reflétait la lueur blanche, crut y
voir, à l’intérieur, des mots en Kryptoniens et des visages défiler,
lentement.
Jonathan : (ne quittant plus la sphère des
yeux) qu’est ce que c’est ?
Jor-El : le seul moyen de savoir ce contre quoi
vous devrez lutter … touchez-la !
Jonathan releva alors subitement les yeux vers
Jor-El, passant son regard par dessus la sphère. Bien qu’une relation de
confiance s’installait peu à peu entre les deux pères de Clark, Jonathan
ressentait une certaine appréhension pour ne serait-ce qu’effleurer la sphère.
Jonathan : non … je …
Jor-El : (l’interrompant) cette sphère est le
seul moyen pour vous d’aider Clark !
Jonathan, perdant l’expression apeurée tirant les
traits de son visage, baissa à nouveau les yeux vers la sphère. Sa blancheur,
aux reflets assombris, habitait désormais de nombreux mots en Kryptoniens, défilant
lentement en se mêlant à des silhouettes sombres, des visages … S’il ne la
touchait, il n’aurait peut être aucune autre chance d’aider son fils,
qu’il chérissait tant. Il était prêt à tout pour son fils, même à braver
la mort et ses méandres. Aussi, lentement, il amena son index et son majeur
droits, tendus, vers la sphère de lumière. Ses reflets éclatants caressaient
déjà sa peau tendre, alors qu’il n’était plus qu’à quelques centimètres.
Il continuait d’approcher sa main, lentement. Plus que quelques millimètres
…
LuthorMall
– Metropolis – 9h14
Clark avait finalement arrêté de reculer, de ce
pas titubant très lent, tout en continuant d’observer ce visage qui l’avait
hanté depuis quasiment le jour où ils s’étaient rencontrés. Toute sorte de
rumeurs, de tempéraments lui avaient été attribués pendant son évolution
maléfique parmi le monde des humains mais en évoluant près de lui, si tant
est qu’on puisse admettre qu’ils aient évolués ensemble, Clark s’était
rendu compte qu’ils étaient tous très loin du compte. Rien d’assez proche
de l’humanité ne l’avait jamais habité. Il n’état que haine, pouvoir et
machiavélisme.
La caméra quitta le visage effrayé de Clark et se
tourna vers cette homme qui en était l’origine. Partant de sa taille, sur
laquelle tombait le bas du sweat noir, elle remonta lentement vers le haut de
son corps. Arrivé au niveau de son cou maigre, elle ralentit un peu plus son
plan. Une barbe de quelques jours apparaissait à la base de son cou. La caméra
remonta encore et, à hauteur de son visage, immobilisa son plan. Ses traits
avaient l’attrait d’un squelette sur lequel on aurait collé de la peau,
extrêmement étirés sur les os de son visage. Seuls deux yeux noir, habités
par le mal absolus, ressortaient, dans leur cavité. Ses cheveux noirs,
grisonnants, étaient coupés si courts, qu’ils en paraissaient presque aussi
courts que la barbe naissant sur le bas de son visage. Le sourire qui la
traversait, en tous points narquois, faisait froid dans le dos, tout autant que
le manque total de sentiments qui se reflétaient dans les rétines noires de
son regard. La mort ne semblait pas avoir affecté Lionel LUTHOR plus que ça.
Peut être même qu’elle l’avait rendu encore plus fort.
Enfin, Lionel élargit un peu plus son sourire, ce qui
horrifia encore davantage Clark. Il reprit alors la parole, de cette voix
heureuse qui déplaisait tant à Clark :
Lionel : hey bien, Kal-El, aurais-tu vu un fantôme
?
Cette phrase, sur toute sa longueur, était fidèle
à l’ « homme » qu’avait toujours été Lionel, sarcastique et sûr de
lui. Il profitait de l’effet de surprise, ô combien intense, produit en
Clark, pour se jouer au mieux de la situation. Pourtant, dans toute cette
phrase, Clark n’avait retenu qu’un seul mot : « Kal-El ».
Reprenant rapidement son sérieux et la froideur de son
regard, Clark lui demanda alors, sur un ton implacable :
Clark : comment m’avez-vous appelé ?
Lionel ne perdit rien du très large sourire qui
tirait au maximum la peau tendue de son visage grêle. Répondant à l’intérêt
de Clark, Lionel laissa cette brillance maléfique illuminer le centre de ses
yeux sombres :
Lionel : Kal-El …
Lionel marqua alors une pause, imposant au mieux
possible à Clark la puissance de son sourire. Puis, prenant un air faussement
peu sûr de lui, il ajouta :
Lionel : c’est bien le nom que t’ont donné
tes vrais parents … sur Krypton ?
Clark sentit le rythme de son cœur accélérer
nettement, suite à cette nouvelle révélation. Il était certain que Lionel
s’en était rendu compte, puisqu’il élargit à nouveau ce large sourire qui
le caractérisait. Par le simple regard qu’ils s’échangeaient, Clark avait
l’impression que Lionel pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert.
Pourtant, cela était impossible. Malgré l’influence que le patriarche des
Luthor avait toujours eu sur ses interlocuteurs, il n’avait jamais possédé
un tel don.
De cette voix brisée par l’effarement, Clark se força
pourtant à répliquer. Il devait savoir.
Clark : comment … comment savez-vous … tout
ça ?
Lionel laissa un petit rire satisfait quitter sa
gorge, clignant un instant des yeux. Cette réaction, cette situation, cette
stupéfaction, Lionel les avait toujours espéré depuis le jour où il avait découvert
le secret de Clark, par l’intermédiaire de Stephen Cruz, un ancien détenu
qui avait lu l’esprit de Clark. Et enfin, enfin, il éprouvait ce sentiment
cuisant de bien-être. L’attitude de Clark le ravissait au plus haut point.
Lionel : comment je sais ? … mais parce que je
sais tout de toi, maintenant …
A chacune des phrases de Lionel, Clark voyait ses
peurs s’amplifier et sentait le rythme de son cœur s’emballer un peu plus.
Avant la mort de Lionel, Clark avait appris de manière douloureuse, qu’il
connaissait son secret. Mais à ce moment, il pensait à ses pouvoirs, son
influence possible sur le monde et à ses … faiblesses. Visiblement, ce n’était
pas tout. Lionel connaissait également le nom de « Kal-El » et les origines
Kryptoniennes de Clark. En réalité, il avait raison. Il connaissait tout de
lui. A part peut être une chose : sa destinée.
Voyant l’air plus qu’effaré de Clark et malgré le
sentiment de supériorité que cela produisait en son for intérieur, Lionel y
coupa court. Prenant un air désolé entremêlé d’une gêne hasardeuse, il répliqua
au jeune Kent :
Lionel : mais rassures-toi, je n’ai rien dit
personne ! … maintenant, nous sommes dans la même situation !
Décidément, Clark ne comprenait pas un traître
mot de ce que disait le père de Lex. Il connaissait son secret, enfin, de son
point de vue et malgré les essaims malsains qui nourrissaient son avenir depuis
si longtemps, il n’avait rien dit personne. Ceci était compréhensible, lui
qui ne faisait confiance à personne. Mais, à première vue, il n’avait pas
entrepris de plan maléfique contre le jeune fermier. Le plus étrange restait
encore la fin de sa phrase. Sous quelque angle qu’il regarda la situation,
Clark ne comprenait pas qu’ils soient dans la même situation.
Souriant, Lionel poursuivit son explication :
Lionel : pour tout le monde, je suis mort et
enterré. Tu es le seul à savoir que …
Lionel avait interrompu sa phrase en plein milieu au
moment où, dans son dos, il entendit plus vivement qu’auparavant le bruit régulier
de talons, frappant bruyamment le sol dur du parking. Visiblement inquiet,
Lionel saisit sa capuche de ses deux mains et la remit en un geste rapide et
efficace sur sa tête, la rendant presque méconnaissable. Clark ne voyait plus
que les contours flous de son visage, dans l’ombre provoquée par la capuche.
De son regard noir, d’une froideur inégalable, Lionel regarda une belle jeune
femme blonde, à la silhouette de mannequin, habillée d’une jupe noire, s’éloigner
derrière Clark, de ce pas claudiquant caractéristique. Le père de Lex la
regarda un long moment s’éloigner et ne reprit la phrase laissée en suspend
qu’au moment où il fut bien certain que personne ne l’entendrait.
Lionel : tu es le seul que je suis vivant.
J’ose espérer que cela dure …
Clark avait peine à comprendre. Ce pacte, que
semblait lui proposer l’ancien PDG de la LuthorCorp était plus
qu’inhabituel, en sachant qu’il sortait de sa propre bouche. Lionel Luthor,
le philanthrope le plus réputé de cette décennie, voulait rester dans
l’ombre.
Clark : attendez, vous me proposez de ne pas
divulguer mon secret à la condition que je garde le votre ?
Clark avait peine à le croire. Lionel venait de
commettre une erreur que personne ne l’aurait cru capable de commettre. Il
avait donné la possibilité à Clark de le faire chanter.
Lionel : c’est précisément ce que je te
proposes !
Clark avait de plus en plus de mal à croire aux
paroles de cet homme qui ressemblait à s’y méprendre à Lionel Luthor. Il en
avait peut être l’apparence mais son attitude avait bien du mal à coller à
celle du Lionel qui avait hanté Clark tant de mois.
Se remémorant le jour où il avait fait explosé le
laboratoire de la LuthorCorp et ainsi tué Lionel, Clark renforça un peu plus
les doutes qui s’immisçaient en lui depuis quelques minutes.
Clark : vous êtes mort ! J’ai retrouvé votre
corps au milieu des débris de votre laboratoire !!
L’attitude de Lionel devint plus sérieuse, plus
grave. Visiblement, ce qu’il s’apprêtait à apprendre à Clark était
d’une véracité sans égale et d’une importance cruciale. Si Lionel avait
pu éviter d’en parler, dans un lieu truffé de caméras, il l’aurait
certainement fait. Mais il devait à tous prix convaincre Clark. Sa survie en dépendait.
Lionel : le corps que tu as retrouvé n’était
pas le mien. Je n’ai jamais mis les pieds dans ce laboratoire … c’était
celui de mon clone !
L’effarement étira les traits du jeune visage de
Clark, au moment où Lionel balada son regard noir de gauche à droite,
s’assurant que personne ne l’avait entendu. Une voiture, un peu plus loin démarra
et attira l’attention accrue de Lionel. Clark lui rétorqua :
Clark : votre clone ?!
Lionel : (voix basse) oui !
La caméra se resserra sur le visage grêle de
Lionel, couvert par la capuche noire. L’ombre rendait ses traits très flous,
seuls son nez, le bas de son visage et son regard luisant ressortaient.
L’image s’illumina alors d’un blanc aveuglant faisant ainsi disparaître
le visage encapuchonné de Lionel. Peu après, la lumière blanche s’assombrit
et laissa apparaître l’environnement bleuté du bureau du PDG, au sommet de
la LuthorCorp. La caméra se tenait à l’entrée du bureau et filmait, un peu
plus loin, le bureau en verre de Lionel, aux reflets bleutés. Un ordinateur
portable y était posé, ainsi qu’un téléphone. La baie vitrée, logée
derrière, laissait entrée la lumière incertaine du soleil couchant, visible
à l’horizon assombrie, dehors.
La caméra pivota sur la droite et immobilisa son plan.
Près du mur se trouvait une table basse en verre, de forme ovale. Un dossier en
carton blanc était ouvert dessus, délivrant une pile de feuilles noircies de
chiffres aussi nombreux que compliqués. Un fauteuil assez confortable, en cuir
bleu, était installé entre ladite table et le mur. Lionel Luthor, un an plus tôt,
se tenait dedans. Il possédait toujours sa longue chevelure brune, ondulée et
son bouc difficilement différentiable du reste de sa barbe naissante. Une
simple chemise blanche, entrouverte, couvrait le haut de son corps. Penchée sur
la table de verre, il analysait une à une chaque partie du dossier. L’esprit
enlisé, il décida de lâcher un instant des yeux tous ces chiffres. Il se
laissa aller contre le dossier reposant et souffla bruyamment. En voix-off, la
voix du Lionel actuel se fit entendre, résonnant.
« Un soir, un homme est arrivé, de nulle part »
Un violent coup de vent s’éleva et, faisant acte
de sa puissance hors normes, éjecta les deux portes d’entrée en PVC, sur la
gauche de Lionel, de leurs gonds et les envoya terminer leur court envol sur le
bureau, duquel elles balayèrent bruyamment l’ordinateur portable. Le rythme
de son cœur s’emballant subitement, Lionel se releva légèrement dans son
fauteuil, en observant l’envolée aussi surprenante que puissante des portes.
Jamais il n’avait assisté à un tel acte de puissance des cieux. Son
attention fut alors détournée par une voix à l’aspect mystique qui, elle,
ne semblait pas étonnée le moins du monde.
???: je suis le Sauveur …
A l’instant où Lionel tournait la tête sur sa
gauche, à l’endroit d’où provenait la voix, la caméra en fit de même.
Elle filma la silhouette nouvellement apparue du bas jusqu’à sa tête, d’un
plan très lent. Ainsi, une large tunique d’un rouge vif fut visible,
habillant une personne tristement connue de Clark : Anu’Kh, dit Le Sauveur. Un
large capuchon rouge couvrait son visage ainsi méconnaissable, l’ombre empêchant
de reconnaître ses traits mystérieux. Il avait les bras croisés dans ses
manches. La droite portait une suite d’inscriptions Sethi, de couleurs
blanches, brodées à la verticale sur le tissu. Son immobilité caractérisait
l’aura de puissance qui émanait de sa silhouette.
Anu’Kh : Lionel Luthor, il est temps …
Ayant enfin repris contact avec la réalité, Lionel
glissa lentement sa main sous l’accoudoir droit du fauteuil, en espérant que
cet homme, plus qu’étrange, n’y verrait que du feu. Alors, il enfonça un
petit bouton plat, logé dessous. Rassuré, il reprit son sourire goguenard et
se pencha sur la table de verre. Arborant toujours ce sourire qui caractérisait
sa supériorité, il croisa ses mains en entremêlant ses doigts et répliqua de
cette voix enjoué :
Lionel : il est temps de quoi ?
A ce moment, des bruits de pas précipités se
firent entendre dans le dos d’Anu’Kh, alors que deux vigiles en costume
noir, sortaient du couloir. Braquant dangereusement leur 9mm sur la silhouette
rouge d’Anu’Kh, ils étaient prêt à tirer à tous moments. Pourtant, cela
ne valut pas un geste de la part du Sauveur. Il ne semblait pas inquiété plus
que cela d’être mis enjoue par deux vigiles à la carrure plus
qu’avantageuse. Gardant les bras croisés, il répondit à Lionel d’une voix
égale.
Anu’Kh : temps de prendre ta place dans la
destinée de Kal-El …
Lionel devait avouer, dans son for intérieur,
qu’il était assez admiratif de cet homme. Malgré deux hommes qui pointaient
leur arme sur lui, il gardait son sang-froid. Son attitude était plus qu’étrange,
mais il dégageait quand même un charisme indéniable. Lionel décida d’en
prendre compte. Au lieu d’ouvrir le feu, il répliqua d’une voix délicate :
Lionel : désolé, mais je connais aucun Kal-El.
Vous voudrez donc sortir …
Anu’Kh : tu ne peux échapper au sort qui
t’est promis !
Cette fois, Lionel perdit son sourire narquois. Il
n’avait aucune idée de qui pouvait être cet homme si bizarrement accoutré
mais une chose était sûre, personne ne lui dicterait son destin. Il se l’était
lui même forgé, assassinant ses parents et personne ne viendrait briser sa
vie.
Prenant son air le plus menaçant, ce qui n’était
pas peu dire, Lionel braqua son regard dans le vague visage qui devait se
trouver derrière cette ombre. Il répliqua alors, d’une voix si froide, que même
ses hommes de mains en eurent froid dans le dos :
Lionel : écoutez-moi bien : il me suffit d’un
clignement pour vous envoyer à la morgue !
Anu’Kh : tes menaces ne m’atteignent pas !
Lionel : mes menaces, peut être ! Mais mes
balles certainement …
Lionel tourna alors la tête sur la gauche d’Anu’Kh
et fit oui d’un abaissement de la tête. Au même moment, Anu’Kh décroisa
les bras, les enlevant de ses manches et brandit son bras droit en direction des
hommes de main de Lionel. Les deux hommes de main pressèrent la détente de
leur pistolet. Un bruit de coup de feu, décuplé, se fit entendre au moment où
une balle partait de chacun des canons. A cet instant, Lionel assista à la scène
la plus effarante à laquelle il lui fut donné d’assister. Créant un sillon
de vitesse derrière elles, les balles ralentirent, perçant pourtant toujours
l’air. C’était comme si le temps ralentissait à son extrême, sans
pourtant s’arrêter. Ses deux hommes de mains semblaient eux aussi figés.
Seuls Lionel et Anu’Kh semblaient encore libres de tous mouvements.
Lionel : comment … vous … ?
Anu’kh : mes pouvoirs dépassent de loin tout
ce que tu as vu jusqu’à maintenant !
La caméra fit alors un gros plan sur le visage de
Lionel, caractérisé par son bouc et par sa longue chevelure ondulée et
s’attarda un long instant dessus. Un étonnant effet de morphing montra la
modification de son visage de cet instant jusqu’au moment où il se trouvait
devant Clark, au LuthorMall. Son visage était devenu émacié et ses cheveux
avaient été rasés. Le regard vide, aspergé par ses sombres souvenirs, il
continua de narrer son histoire à Clark, sans le regarder.
Lionel : au départ, j’ai trouvé son aide bénéfique.
Il m’a poussé à rencontré Stephen Cruz, l’homme qui m’a permis de découvrir
ton secret … Mais dès cet instant, tout s’est compliqué …
Clark était littéralement accroché aux lèvres de
Lionel. Pour une raison qu’il ignorait, Lionel avait décidé de lui expliquer
ce qui s’était passé pendant cette période. Il préférait l’écouter
attentivement.
Lionel : … il m’a retenu prisonnier dans son
QG pour étudier mon cerveau. Il m’a remplacé par un clone qui, comme tu
t’en es rendu compte, ne s’est jamais fait remarqué. Je n’ai jamais
compris son intérêt pour moi, on aurait dit qu’il cherchait quelque chose
dans mon esprit … et finalement, il m’a relâché du jour au lendemain …
Lionel baissa les yeux vers le sol. Etrangement,
malgré le mental hors norme qui le caractérisait, Lionel semblait touché par
cette expérience. Clark laissa ce long silence perdurer, attendant le moment
opportun pour reprendre la parole. Mais la curiosité était trop forte.
Connaissant le père de Lex, il avait peine à comprendre.
Clark : mais pourquoi vous me dites tout ça ?
Lionel releva alors lentement les yeux vers Clark et
braqua son regard sombre, d’une noirceur inaltérable dans celui, d’une
pureté inégalable, de Clark. Un long échange de regard, si différents soient
ils, s’installa, avant que Lionel ne réponde d’un sourire bien différent
de celui qu’on lui connaissait.
Lionel : pour t’aider, Clark.
Clark : (surpris) m’aider ? M’aider à quoi
?
Ce sourire, présent sur le visage amaigri de
Lionel, était plus qu’étrange. Une sorte de bienveillance, étrangère au
personnage, en émanait. Comme si cette expérience douloureuse, qui avait
froissé son égo jusqu’à sa moelle, lui avait forgé un nouveau tempérament,
une nouvelle quête dont il devrait s’acquitter. Et visiblement, Clark en
faisait partie intégrante. Il était même le noyau principal de cette quête.
Lionel : je connais l’existence de la Prophétie
Kryptonienne et des cristaux que tu dois réunir … j’ai l’intime
conviction que je peux t’aider à les réunir.
Clark : mais pourquoi vous feriez une telle
chose ?
Lionel : pour t’aider à embrasser ta destinée
… et me venger de celui qui m’a volé ma vie …
Clark comprenait mieux, finalement. Lionel n’avait
pas tant changé que cela, elle était même peut être devenu plus mauvais
qu’avant sa disparition. Mais son vœu de vengeance avait changé de cible. Désormais,
celui qui était sous les projecteurs de Lionel Luthor était Anu’Kh, dit le
Sauveur.
Clark sentit la froideur et la noirceur qui
constituaient une partie de lui refaire subitement surface. Le fait que les
cristaux soient menacés en était certainement l’origine. Il avança d’un
pas et, fermant son visage en une expression furieuse, répliqua, de cette voix
glaciale :
Clark : je n’ai besoin de personne …
personne ! Est-ce claire ?
Jamais Lionel n’avait croisé un regard avec une
telle froideur, une telle noirceur dans sa profondeur. S’il n’y avait pas été
préparé, Lionel aurait certainement vacillé sous le coup de la surprise :
Clark n’était plus le même. Le jeune Kent intensifia un peu plus la présence
de son regard dans celui de Lionel, ce dernier en cilla. Mais il rouvrit les
yeux juste à temps pour voir une lueur d’abord rougeâtre naître dans les rétines
bleutées de Clark avant qu’elle ne vire au transparent. Elle baigna alors les
yeux de Clark, formant un cercle autour de ses pupilles noirs, éclairant ainsi
ses yeux déjà si claires. Il s’apprêtait à user de sa vision thermique.
Mais au dernier moment, il cligna des yeux et fit disparaître la lueur de ses
yeux. Il tourna alors les talons et, de ce pas assuré, s’éloigna de Lionel.
Il lui répliqua une ultime fois, de cette voix exprimant son assurance
nouvelle.
Clark : (haute et intelligible voix) vous
n’avez qu’à proposer votre aide à votre cher fils … il en sera ravi !
Lionel regarda Clark marcher sur le sol dur et résonnant
du parking souterrain jusqu’au moment où ce dernier partit en super vitesse,
créant un sillon de vitesse sombre. A cet instant, la caméra revint vers le
visage émacié de Lionel, exprimant la peur et le ressentiment. Puis,
lentement, son sourire machiavélique revint, dans toute son ampleur. Dans
l’ombre dégagée par sa capuche, deux lueurs rougeâtres se mirent à
briller, intensément, rompant l’ombre à l’endroit de ses yeux. Il disparut
à son tour dans un sillon de vitesse rougeâtre, dans la direction opposée de
celle de Clark.
Manoir
des LUTHOR – Smallville – 10h02
Adossée contre un mur de pierre froide, l’un des
nombreux constituant l’infrastructure du manoir ancestral des Luthor, la caméra
restait immobile, filmant droit devant elle ce vitrail étrange, le seul qui
pouvait attirer l’attention de n’importe qui. En effet tout autre vitrail
représentait de grands hommes, Papes, chefs d’états, rois, hors celui ci
représentait un homme, habillé d’un long vêtement noir. Ce vêtement très
large, pouvant être comparé à une toge, couvrait son corps dans sa totalité.
Assis dans un trône en or, très imposant, ses deux mains étaient posées sur
les accoudoirs. L’une d’entre elles, la droite, portait un gant de cuir
noir. Un large capuchon de tissu noir couvrait sa tête blanche, dont la
devanture blanche, dépourvue de cheveux, était ombrée. Deux yeux d’un bleu
clair magnifique ressortaient, assez surnaturellement. Et tout autour, un cercle
de symboles étranges, assimilés à des formes carrées semblaient raconter ce
qui formerait son destin prodigieux.
Soudain, la caméra demeurant adossée contre le mur de
pierre, pivota vers la droite du couloir, s’étendant assez loin. A cet
instant, apparut la silhouette de Lex Luthor, habillé d’un pantalon de
costume noir et d’une chemise en soie noire, assez légère, dont les deux
boutons du haut étaient restés ouverts. Avançant d’un pas lent, délicat,
il tenait entre ses deux mains une boite noire ovale, semblable à un gros galet
sombre. Une rainure partageait les sufaces du dessus et du dessous, marquant
certainement les charnières permettant l’ouverture du couvercle. Un liseré
doré bordait la surface du dessus alors qu’un étrange symbole Sethi, de
cette même couleur or était incrusté dans le plastique noir, en son centre.
Avançant vers la caméra, Lex, gardait son regard azur braqué sur cette
surface bombé, sombre et si envoûtante. Il paraissait comme absorbé par la
contemplation de cette boîte. Ce qu’elle contenait devait valoir, à ses
yeux, toutes les fortunes du monde, même réunies. Il savait qu’il détenait
une des clés menant à un puits de pouvoirs sans égal. Jamais il n’avait été
aussi près du but. Il ne lui en manquait plus que deux et il embrasserait enfin
sa destinée.
Et subitement, il s’arrêta sur place, ses yeux s’écarquillant.
Un fin filet d’une lumière dorée éclatante venait de commencer à s’échapper
de la boite, par l’interstice créée par les charnières. Reflétant sur les
murs de pierre froide, cette lumière gagnait rapidement en intensité,
accompagnée d’un sifflement suraigu qui ne déconcentrait pourtant pas Lex de
son observation. Ainsi, il vit le couvercle s’ouvrir en un coup de vent
virulent et laisser la lumière s’échapper dans toute son intensité. Sa
dorure, éclatante, jaillissait sur le tissu sombre couvrant le corps de Lex et
créait une aura circulaire tout autour de la boite, d’une façon des plus éblouissante.
Malgré cette lumière aveuglante qui jaillissait sur son visage, cette
brillance reflétant dans la rétine de ses yeux bleu ciel, Lex, sourcils froncés,
essayait à grand peine de voir cet objet présent dans la boite. Alors, délicatement
une aura de lumière dorée encore plus intense, formant l’origine de la lumière,
s’éleva lentement au dessus de la boite et, s’élevant dans les airs,
s’immobilisa. Lex concentra un peu plus sa vue sur cette aura de lumière et,
en partie parce qu’il savait ce que contenait la boite, reconnut cet objet. De
forme pyramidale à trois face, il était fait d’un alliage translucide
magnifique qui, en cet instant, luisait de cette lumière dorée aveuglante. Au
travers d’elle, on avait peine à encore voir le symbole du « DIAPHANE »,
gravé sur l’une des faces en noir, de symboles Kryptoniens assez carrés. Lex
vit le cristal se stabiliser dans les airs, tandis que la lumière qui émanait
de lui se stagna également. Lex laissa un lent sourire étirer ses fines lèvres,
ravi de le voir s’activer de lui-même, même s’il n’en connaissait pas
encore la raison. Pourtant cela ne se fit pas attendre.
Sans signe avant-coureur, le cristal démarra en
trombe, dans un souffle mat assourdissant, créant une traînée de lumière or
derrière elle. Lex la vit ainsi foncer à une allure défiant le mur du son
vers la gauche, en diagonale et traverser dans un bruit d’éclat très
bruillant, le mur de pierre. Sans que sa surface en verre n’en soit abîmée,
le cristal créa un trou béant dans le mur et continua sa course en diagonale
vers un lieu qui semblait l’appeler vivement. Lex perdit instantanément son
sourire, sentant le rythme de son cœur accélérer douloureusement. L’un des
trois éléments menant au pouvoir suprême lui échappait peut être.
Aussi, ne prenant qu’une seconde d’inaction, trop
abasourdi pour démarrer au quart de tour, Lex, finit par démarrer à son tour
en courant, et longea le long couloir vers le fond, droit devant lui. Les
vitraux, contre le mur de gauche, défilèrent faisant refléter les rayons du
soleil devenus multicolores au contact du vitrail sur la silhouette de Lex. Il
arriva bientôt au fond du couloir, tournant en angle droit sur la gauche. Dans
le coin formant l’angle du manoir, une armure en métal, dans l’ombre, était
installée. Lex se tourna vers la gauche et s’immobilisa, à temps. Il
entendit un nouveau craquement rocheux tandis que me cristal du Diaphane,
toujours extrêmement lumineux, refaisait surface. Il venait de traverser le mur
de gauche et, de cette même vitesse ahurissante, survola le couloir dans sa
largeur et passa au travers du mur de droite, en face du précédent. De ce même
phénomène étonnant, le cristal créa un trou béant en plein milieu et entra
dans la nouvelle pièce, que Lex, connaissait peu, pour y être si peu souvent
venu : la Grande Bibliothèque.
Lex se remit à courir, le long du mur de droite et
s’arrêta face au trou, dans le mur. Il se pencha et, sentant le rythme de son
cœur accélérer à mesure qu’il se rapprochait du cristal, Lex posa son œil
droit contre le trou et regarda au travers. Ce qu’il vit, derrière ce mur,
accéléra encore un peu plus le rythme de son cœur, si toutefois cela était
capable. Il bougea son œil de gauche à droite, très rapidement et décida de
ne plus rester ici plus longtemps. Il se redressa et continua de longer le mur
vers sa gauche, arrivant à hauteur d’une porte en bois massif. Il la poussa
et entra dans la Bibliothèque au pas de course. Il courut le long d’une allée
étroite, entre un mur de pierre, sur la gauche et une haute étagère, sur la
droite, contenant une quantité de livres assez étonnante. Enfin, après 10
long mètres, Lex contourna l’étagère en tournant à droite et longea une
nouvelle allée encadrée de deux nouvelles étagères de livres. Il tourna à
nouveau à droite et vit ainsi apparaître un espace de travail, aménagé entre
les étagères. Une sur la gauche, longeait le mur sur ce même côté
jusqu’au fond de la salle, fermée par ce mur de pierre troué en plein
centre. A plusieurs mètres, sur la droite, une autre étagère, celle
qu’avait longée Lex à son entrée dans la Bibliothéque, fermait l’espace.
Et, en plein centre, se trouvait une table ronde en bois d’ébène, entourée
de deux chaises du même bois, confortables grâce au coussin bleu accroché
dessus. La lueur dorée était elle aussi réapparue, dans toute son intensité,
flottant à mi-hauteur sur la droite de Lex, à côté de la table. En voyant ce
qu’elle survolait, Lex écarquilla les yeux d’effroi. La panique qui s’était
manifesté en lui au moment où il avait regardé au travers du mur se décupla
encore un peu plus. Sa peur la plus grande par sa possible réalisation était
présente sous ses yeux : le corps de Julian gisait sur le sol, aux pieds de la
chaise de laquelle il venait de tomber. Il semblait inconscient et était
recroquevillé en position fœtale. Sur son front, une plaie bleue indiquait un
choc brutal et une marre de sang couvrait ce front et tombait sur le sol, au
goutte à goutte. Lex faisait rapidement le lien : position fœtale, sang
coulant très vite … Il se rappela la phrase dite par le Docteur personne de
Julian : « Au moindre choc à la tête, on ne pourra plus rien pour lui ... ».
Le pire était donc finalement arrivé.
La lueur dorée ramena Lex à la réalité. Il vit le
cristal lumineux amorcer une descente vers Julian et délicatement se poser dans
la main droite du jeune homme, ouverte. Le cristal se posa doucement au creux de
celle-ci. Aussitôt, la lueur s’intensifia et atteignit son paroxysme, forçant
Lex à se détourner du corps de son frère. La caméra, elle, resta braqué sur
Julian.
Malgré l’intense aura de lumière dorée,
infranchissable, qui enveloppait désormais le cristal, il fut indéniable que
Julian, lentement, referma sa main sur le cristal. A cet instant précis, une
deuxième lumière dorée, éblouissante, apparut sur la nuque du jeune homme,
à nu, mis à part le col de sa chemise légère blanche. Instantanément, la
marque du Diaphane, caractérisée par une suite de symboles Kryptoniens carrés,
apparut sous la lumière dorée. S’en suivit une troisième lumière dorée,
au centre de son torse. Gagnant peu à peu en intensité, la lueur se stabilisa
et laissa deux lignes de métal partir de ses bords et embrasser le cou de
Julian avant de se rejoindre, sur sa nuque s’attachant en une fraction de
seconde. Les trois lueur atteignirent alors leur paroxysme, au même moment. Lex
se força à revenir vers le corps de son frère, n’ayant aucune envie de râter
ce qui apparaissait comme un phénomène hors norme. Et il avait raison. La lumière
dorée refléta sur son visage jeune et, lentement, le sang entourant sa plaie,
au front, repartit vers la plaie, délicatement, en forme de vaguelette. Bientôt,
le sang fut entrée dans la plaie et celle-ci, d’une douceur étonnante, se
referma. Julian rouvrit alors instantanément les yeux et prit une profonde
inspiration, comme s’il refaisait surface, après une longue période d’apnée.
Il se redressa subitement, s’asseyant et se mit à respirer profondément.
Tandis que les lueurs s’atteignaient, Lex, abasourdi, s’approcha de son frère
et le contourna, avant de s’accroupir près de lui. En passant, il vit la
marque du DIAPHANE, inscrite en jaune sur la nuque de Julian. L’aura
enveloppante avait disparue, comme les deux autres. Julian s’assit complètement
et sentit un objet, dans sa main droite. Surpris et toujours essouflé, Julian
baissa les yeux vers cette main et l’ouvrit. Lorsqu’il découvrit dans le
creux de sa main le cristal translucide du DIAPHANE, il se demanda de quoi il
pouvait bien s’agir. Mais visiblement, c’est ce qui l’avait ramené du
royaume des morts. Puis, le poids de cette chaîne, autour de son cou, attira
son attention. Il baissa les yeux et aperçut un espèce de médaillon en métal
gris, de forme triangulaire. Plat, il était gravé en son centre du symbole du
DIAPHANE : il s’agissait de l’Amulette du Diaphane, semblable presque dans
tous ses détails à celle de Lana. Il commençait à sentir une douceur
enivrante s’emparer de son esprit, rapidement. Il se sentait différent, en
paix … il se sentait accompli. Lex lui aussi commençait à comprendre. Il
perdit son air effaré et laissa doucement un sourire radieux traverser son
visage. Julian releva la tête et braqua son regard sur son frère, comme perdu.
Julian : qu’est ce qui m’est arrivé ?
Lex : (accroupi, radieux) tu as embrassé ta
destinée …
La caméra quitta le visage radieux de Lex et se
braqua sur celui de Julian perdu. Elle s’approcha des yeux bleus, très
claires, presque diaphanes, de Julian et effectua un gros plan sur ses rétines.
Des symboles Kryptoniens dorés brillaient dans ses rétines, formant des
cercles autour de ses pupilles. Julian venait de prendre sa place de Gardien,
tout comme l’avait fait Lana.
Fondation
Virgil SWANN – New York – 09h14
[Fall to pieces - AVRIL LAVIGNE]
Devant l’objectif de la caméra, filmant un plan
oblique, en contre plongée, apparaissait une haute vitrine de verre,
cylindrique, se dressant du sol blanc, dallé, vers un plafond voûté à perte
de vue. Cette vitrine, aux aspects post-modernes, était l’une des nombreuses
présentes dans cette immenses salle, par sa hauteur et sa taille, ressemblant
à s’y méprendre à celle d’une salle d’exposition, à l’intérieur de
grands musées comme celui du Louvre, à Paris. Ce genre de cylindres de verre,
hermétiquement fermés, étaient alignés les uns à côté des autres formant
des allées sinueuses, créant une atmosphère assez originale, dans ce genre de
pièce. La lumière pâle se dégageant de lampes plates, circulaires, implantées
dans le plafond voûté, à plusieurs mètres au dessus de la salle, ajoutait au
bizarre qui enveloppait cette salle dans laquelle Virgil Swann, le richissime
astronome Américain regroupait ses objets de valeurs.
Le plan en contre plongée, restant dans la même
position, bascula encore un peu plus de façon à filmer le cylindre de verre
avec un effet d’optique qui le rendait plus imposant qu’il ne l’était en
réalité. A l’intérieur, au travers de ce verre translucide, un faisceau de
lumière pourpre balayait les contours de la surface diaphane, étant plus
intense par endroit que par d’autre. La lumière, témoignant d’un des systèmes
anti-vol les plus sophistiqués au monde, reflétait également sur ce que le
cylindre gardait si jalousement, un objet tenant plus que tout, ou au moins très
précieux aux yeux de Swann. Il s’agissait d’une fine feuille de parchemin
jaunie, plus par endroits que par d’autres et légèrement courbé sur le haut
et le bas de son support. Bloquée entre deux parcelles de verre, telles des
pinces, la feuille restait ainsi en suspend au centre du cylindre. Nul ne
faisait que ses inscriptions avaient une valeur inestimable ; sûrement la
raison de l’intérêt de Swann. En plein centre de cette feuille apparaissait
l’inscription principale, peinte d’une blancheur inaltérée, représentant
le Dieu Egyptien Râ, d’un hiéroglyphe de son pays. Juste au dessus, peint de
cette même couleur magnifique, restée inviolée malgré les nombreuses années
passées, était inscrit le symbole de Kal-El, caractérisé par ce 8 encadré
d’un pentagone serré vers lui. Ces deux symboles, par leur couleur sublime,
semblaient associés l’un à l’autre. Comme si Râ, le dieu du soleil et
Kal-El, le fils des étoiles, étaient liés par une quelconque manière. Et
tout autour de ces deux pictogrammes avaient été inscrites des lignes de
petits hiéroglyphes égyptiens, en caractères noirs légèrement usés par la
temps qui passe. Partant de chaque coin de la feuille jaunie, ils la
noircissaient en lignes parallèles, à ces coins. Les lignes finissaient par se
croiser et laissaient un vide, à ces endroits. L’intérêt de Swann était
plus qu’évident.
La caméra fit ensuite volte face et remit son objectif
à l’horizontale, parallèlement au sol. Elle filmait maintenant le buste
d’une jeune femme, vêtue d’une veste de tailleur noir ouverte, dans sa
partie supérieure sur un débardeur blanc au décolleté mystérieux, deux bras
croisés sur le haut de son torse. Lentement, la caméra remonta vers le haut de
son corps, laissant défiler un cou mince, entouré d’un collier doré puis un
visage blanc magnifique. Sa chevelure blonde, assez courte, était coiffée élégamment
à plat, ne laissant qu’une large mèches de ses cheveux couleur paille plaquée
sur son front, dissimulant ainsi une certaine partie de l’hématome qui
marquait le milieu de cette partie de son visage. Ses fines lèvres, rosies par
son rouge à lèvres, serrées l’une contre l’autre, définissaient à la
perfection cette fermeté, cette anxiété grandissante qui étiraient ses
jeunes traits chevalins. Son regard noisette, envoûtant, laissait une brillance
ensorcelante s’en dégager, malgré le fait qu’elle ne s’était jamais
sentie aussi crispée. Son estomac semblait nouer jusque dans ses propres
entrailles. La réponse qu’espérait tant Chloé Sullivan était sur le point,
espérait elle, de lui être révélée.
Et soudain cette voix d’homme, plus dure et froide
qu’elle ne l’avait espérée, se fit entendre, sur sa droite.
???: vous n’êtes pas Lex Luthor !
Chloé se retourna d’un geste, le cœur battant à
tout rompre, son corps tremblant de toutes parts, dans cette direction. Gardant
les bras croisés sur son torse, elle dirigea son regard à l’extrême droite
de la salle. Au bout de l’étroite se tenait Virgil Swann, assis dans son éternel
fauteuil roulant à la pointe de la technologie. Le visage macabre, aussi froid
et furieux que l’on puisse imaginer, il fixait Chloé, à plusieurs mètres de
lui d’un regard noir que l’on ne lui connaissait pas. Une haine inaltérable
et virulente animait la rétine de ses yeux d’un bleu si claire. Swann
semblait détester ouvertement Chloé. Et le timbre de sa voix n’était pas
pour réfuter cette thèse.
Chloé le vit faire pivoter délicatement son fauteuil
sur lui même, à l’aide du clavier aménagé sur l’accoudoir droit et lui
tourner le dos. Il resta un instant immobile, tournant le dos à Chloé avant
d’ajouter, de cette même voix sans réplique, ces mots résonnant en écho
dans toute l’immense salle.
Swann : notre entretien est donc caduque …
Alors, il appuya sur un nouveau bouton, sur son
clavier et se mit à faire rouler son fauteuil dans la direction de laquelle il
venait : une grande arche fendant l’imposant mur de pierre, un peu plus loin.
Sans une réaction, le cœur battant, Chloé le regarda ainsi s’éloigner. Sa
dernière chance de savoir lui filait entre les doigts. Le seul homme au monde,
le seul qui ait cette réponse à la question qui lui brûlait les lèvres et
qui déterminerait l’avenir de la planète lui tournait fatidiquement le dos.
Elle finit par laisser ses peurs éclater, exploser
littéralement à la surface et avança de deux pas vers Swann avant de répliquer,
d’une voix plus forte qu’elle l’aurait voulue et également assez
chevrotante :
Chloé : vous auriez accepter de me rencontrer
si je vous avais dit que je m’appelais Chloé Sullivan ?
Swann ne s’arrêta pas même en entendant les
paroles, aux nuances désespérées, de Chloé. Il ne connaissait que trop bien
ces manières d’amener la pitié des autres juste pour faciliter l’accès à
l’information. Chloé s’était déjà faite passer pour Lex, pour entrer en
contact avec Swann. Qui savait ce qu’elle était capable de faire ?
Continuant donc de faire avancer son fauteuil roulant
vers cette entrée qui se rapprochait inexorablement, Swann répliqua, de cette
même voix glaciale, dont le ton s’était encore élevé :
Swann : non … je n’ai que faire des
journalistes de votre genre qui se croient tout permis sous prétexte que leur révélation
est capable de modifier le miroir du monde !
Swann marqua une nouvelle pause et s’arrêta
subitement. Sa tête, dépassant du dossier, sembla s’abaisser légèrement.
Swann : c’est à cause de gens comme vous que
je suis réduit à l’état de légume !
Chloé se rendit compte de l’animosité sans égal
que ressentait Swann à l’égard des journalistes. Elle le comprenait
parfaitement et pourtant, cette haine lui coûterait énormément.
Chloé sentait ses peurs, sa panique refaire surface
dans leur plus grande puissance. Swann s’éloignait véritablement d’elle,
à une vitesse qui lui faisait horriblement mal. Dans quelques secondes, il
disparaîtrait derrière ce mur et emmènerait avec lui ce mystère que Chloé
n’aurait jamais su élucider, un mystère qui pourrait sacrifier des milliers,
des millions de vies …
Elle baissa son regard et répliqua, d’une voix plus
faible, brisée par le chagrin.
Chloé : oui, je connais cette histoire …
Swann s’arrêta subitement. La voix de Chloé
avait changé du tout au tout. Malgré sa position –dos tourné- Swann aurait
parié que la tête de Chloé exprimait un désarroi grandissant, une peine inégalable.
Elle se sentait personnellement responsable. Et pour cause. Swann était l’un
des hommes les plus respectables. Mais, par un malheureux concours de
circonstances, il s’était retrouvé en fauteuil roulant. Et depuis, il exerçait
une lutte insatiable contre l’Ange de la Mort, dans un combat à la déloyale.
Son argent, il s’en servait principale pour sa fondation, grâce à laquelle
il avait guéri nombre de maladies génétiques incurables. Chloé aurait aimé,
plus que tout, pouvoir l’aider. Et pourtant c’était elle, qui avait besoin
de son aide. Cette situation la répugnait au plus haut point.
Chloé : et j’en suis profondément désolée
…
Chloé se rendit alors compte que Swann avait cessé
d’avancer, et s’était immobilisé à quelques mètres de l’entrée, comme
captivé par le Laïus de Chloé. Il était touché, en son for intérieur,
comme il ne l’avait plus été depuis de fort nombreuses années.
Elle releva la tête et braqua son regard droit devant
elle, fixé sur le dossier du fauteuil de Swann et lui expliqua :
Chloé : … mais je ne suis pas là en tant que
journaliste … je suis là en tant qu’amie …
Swann, jusqu’alors attendri, laissa cette surprise
s’insinuer dans tous ses membres jusqu’à émerger dans son esprit où son
cortex cérébral permit de lui faire réfléchir. Etait-ce une de ces
techniques utilisées par les nouveaux journalistes pour amadouer ou Chloé se
prenait-elle réellement pour une de ses amies ? Dans tous les cas, il restait
captivé par cette conversation qui prenait une tournure à laquelle il
n’aurait jamais pu pensé, même avec l’esprit créatif qui était l’un de
ses attributs naturels.
Swann : je n’ai pas le souvenir d’avoir
jamais été lié, d’une quelconque manière que ce soit, avec une certaine
Sullivan !
Chloé se rendit alors compte de la maladresse
qu’elle venait de commettre. Elle avança de trois nouveaux pas et s’arrêta,
alors que le bruit de ses talons aiguilles se répercutait en écho dans toute
la salle. Elle reprit alors d’une voix encore plus douce, se voulant
rassurante.
Chloé : non, je voulais vous parler d’une de
mes propres amitiés !
Swann se renfrogna à nouveau. De qui qu’il puisse
s’agir, il ne voyait vraiment pas le lien à faire entre lui et cette tiers
personne. Swann n’avait jamais accordé de grande confiance, même pas à sa
famille. Alors à des amis. Il n’en avait eu qu’un, un seul, qui était
Kryptonien : Jor-El. Mais ce dernier était mort dans l’explosion de sa planète
natale, seul son esprit pérennisait.
C’est pourquoi il répondit à Chloé d’une voix à
la fois glaciale, comme lors de son arrivée, mais se mêlant cette fois à un
amusement non dissimulé.
Swann : je crains ne rien pouvoir faire pour
vous, dans ce cas … je suis astronome, pas psychologue …
Pour la deuxième fois, Chloé voyait sa chance lui
glisser entre les doigts. Par une suite de maladresse comme elle avait rarement
été l’auteur, elle compromettait gravement ses chances d’obtenir de
l’aide de Swann. Peut être était ce l’enjeu qui la bloquait ou la subtilité
avec laquelle Swann faisait évoluer la conversation mais Chloé semblait
n’avoir qu’une infime faille pour le convaincre.
Swann reprit alors, comme pour conclure l’entretien :
Swann : maintenant, vous m’excuserez …
Et il appuya de nouveau sur le bouton bleu, sur son
clavier, permettant de faire avancer son fauteuil roulant. Le voyant à nouveau
réduire la distance qui le séparait de la sortie, Chloé répliqua d’une
voix haute et intelligible.
Chloé : celui dont je parle est également un
de vos amis !!
L’effet fut aussi immédiat que Chloé l’avait
espéré. Swann s’immobilisa sans crier gare. Il sentait le rythme de son cœur
accélérer nettement, comme si cette seule phrase avait réveillé un stress
qui était devenu, au fil des années, comme fossilisé.
Ce pouvait-il que Chloé Sullivan que tous ceux que
Swann avaient rencontré avaient qualifié de fouineuse hors norme ait découvert
l’existence de l’esprit de Jor-El ? Cela paraissait si invraisemblablement
et pourtant … Le rythme de son cœur effréné était la preuve que cela n’était
pas si impossible qu’il ne le paraissait.
Swann : de qui s’agit-il ?
Chloé n’attendit qu’un court instant. Si sa
phrase précédente avait eu un tel impact, elle imaginait sans peine les conséquences
de la prochaine. Ainsi, d’une voix égale elle répliqua :
Chloé : Kal-El …
Swann fut content d’être resté le dos tourné.
Car, malgré son don pour dissimuler ses émotions il était certain que cette
fois, son regard bleu pâle l’aurait trahi. Chloé était la première
personne humaine, n’étant pas liée à la Prophétie, qui connaissait le nom
Kryptonien de Clark. Comment l’avait-elle su, cela restait encore très mystérieux.
Mais si elle connaissait son nom, travaillant pour Lex Luthor, il y avait fort
à parier qu’elle connaissait d’autres éléments à son sujet. Il ne devait
pas laisser entendre qu’il en savait plus qu’elle, peut être était cela,
la finalité de sa venue ici, après tout.
Aussi, d’une voix calme et sans répliques, il répondit
:
Swann : vous faites erreur, Mademoiselle
Sullivan, je ne connais aucun Kal-El …
Chloé sentait déjà, pour la troisième fois consécutive,
Swann commencer à lui filer entre les doigts. Ce nom il le connaissait, elle en
était certaine. Elle l’avait appris de sources sûres : les siennes. Mais
elle comprenait également qu’il veuille le nier. Après tout, une promesse était
une promesse.
Elle accourut alors vers lui tandis qu’il faisait de
nouveau avancer son fauteuil et s’arrêta juste derrière lui, avant de répliquer
d’une voix engagée, toute aussi forte.
Chloé : je sais qu’il vous a fait promettre
de ne révéler ce secret à personne … je sais également que vous avez tenu
cette promesse lors de votre entretien avec Lex Luthor, à Metropolis …
Swann s’effarait devant le nombre d’éléments
que connaissait Chloé, au niveau du secret de Clark et des relations qu’avait
Swann autour de lui. Mais jusqu’où savait-elle précisément ? Et plus
important encore : que voulait-elle de plus ?
Il l’écouta donc continuer, en arrêtant son
fauteuil pour la énième fois.
Chloé : (voix plus douce) Clark a une chance
incroyable de vous avoir comme ami …
Le parallèle entre « Clark KENT » et « Kal-El »
était un nouveau point important, que Chloé connaissait également. Plus la
conversation avançait et plus Swann avait peur de la fin. Ce serait
certainement quitte ou double.
Chloé : … surtout en ce moment. Lex ne cesse
de se rapprocher de son secret. Je sais aussi que vous ne me révèlerez pas le
destin qui les attend, l’un comme l’autre. … J’ai trop longtemps agi
auprès de Lex Luthor en croyant qu’il était l’élu du bien. Maintenant, je
crois, je suis même presque certaine du contraire. Mais j’ai besoin (elle
insista précisément sur ce dernier mot) de savoir réellement … qui est qui
?
Swann fit enfin le lien, entre tous les éléments
que connaissait Chloé et la raison qui devait l’amener ici. Elle connaissait
désormais tout de Clark, de son véritable nom à la Prophétie des deux fils,
en passant pour son lien avec lui, Virgil Swann. Mais le seul point qui lui
restait obscure, et non des moindres, était de savoir qui était voué au bien
et qui était destiné au mal. Sans ce paramètre, Chloé ne pourrait pas
continuer dans sa rédemption.
Chloé avança d’un nouveau pas, voyant l’arrière
de la tête de Swann avec un peu plus de précision et reprit une dernière fois
la parole, dans sa longue tirade, pour finaliser ce qui l’amènerait peut être
au but final, entrepris plusieurs mois auparavant.
Chloé : Docteur Swann … qui de Clark ou de
Lex est le sauveur de la planète ?
Chloé vit alors juste devant elle, à à peine un mètre,
le fauteuil de Virgil Swann pivoter sur sa droite, décrivant un demi-cercle révélant
enfin la silhouette de l’astronome, assis confortablement dans son fauteuil.
Ses deux mains posées sur chaque accoudoir, il arborait un sourire bienveillant
accordé à un regard dur bien différents des signes qu’il avait adresser à
la jeune Sullivan quelques minutes plus tôt. Chloé le regarda ainsi, appréhendant,
pendant de très longues secondes, qui lui parurent réellement interminables.
Puis, suite à cette attente horrible, il répliqua, simplement, d’une voix
voluptueuse et délicate :
Swann : Clark deviendra le plus grand héros de
tous les temps …
L’horreur traversa alors le visage jeune de Chloé.
Elle comprit alors la grosse erreur, suivie de nombre d’autres aussi
importantes, qu’elle avait commises ces derniers mois. Elle avait confondu
Clark, son ami d’enfance avec Lex, le méchant de l’histoire. Grâce à son
esprit de manipulation subtile, Lex avait réussi à convaincre Chloé que Clark
avait une âme noire. Alors que c’était tout le contraire. Chloé n’avait
eu un doute qu’au moment où Lex était ressorti du tombeau de Sethi, le matin
même. Il était le mal absolu, réincarné dans une enveloppe charnelle à sa
mesure.
Sentant à nouveau le rythme de son cœur accélérer,
Chloé s’empresser d’ajouter d’une voix des plus anxieuse :
Chloé : dans ce cas, Clark court un grave
danger !!!
Pourtant, malgré cette nouvelle révélation haute
en gravité et en conséquences, Swann ne fit que ciller lentement, préservant
ce sourire paternel et bienveillant qui lui allait tant. Il semblait ne pas être
plus surpris que ça pour cette nouvelle phrase, aux nuances apeurées, prononcée
par Chloé.
Swann : je le sais … mais je ne peux rien
faire pour lui …
Dans ce cas, Clark était perdu. Chloé avait elle même
travaillé à l’élaboration de ce projet et elle en connaissait les trois
parties qui mèneraient à la perte de Clark. La première était imminente et
si elle réussissait, annihilerait les deux suivantes. Avec l’intervention de
l’allié de Lex, Clark n’aurait aucune chance.
Swann : mais vous, vous le pouvez !
Chloé : (effarée) moi ?! Mais comment ?! Lex
est beaucoup trop fort !
Swann : (paternellement) vous le savez déjà,
Mademoiselle Sullivan …
Dôme
Artificiel – Hors de l’Espace – Hors du temps
Les doigts légèrement pliés, Jonathan voyait leur
extrémité se rapprocher inexorablement de la surface plane, régulière de la
sphère de lumière opaque, semblable à une bulle d’eau. Plus Jonathan
gardait son regard bleu, dans lequel se reflétait la lumière blanche, braqué
sur sa surface, plus il voyait avec précision ce qu’elle renfermait : cet
entremêlement de mots Kryptoniens, de visages flous et de paroles incompréhensibles,
comme perdues dans le néant. Cette vision, des plus attrayantes, semblait
n’avoir qu’un objectif : le mener vers son propre destin.
Enfin, il vit ses doigts arriver au bord de la sphère
et la peau l’effleurer, délicatement. Fermant les yeux, il fit entrer
doucement ses doigts à l’intérieur, les tendant par réflexe. Il fut alors
surpris de la sensation qui l’enveloppa. Une sorte de douceur inexplicable,
faite de paix et d’harmonie, comme si sa structure n’avait rien de commun
avec ce qu’elle paraissait. Jonathan avait l’impression de mettre les doigts
dans une bulle d’eau tiède, à la différence près que le toucher de cette
substance ne révélait rien de commun avec de l’eau. On aurait dit du gaz,
sous forme de lumière. Et une lumière si éclatante, si envoûtante que
n’importe qui, même l’homme le plus froid au monde, n’aurait pu y
resister. Jonathan esquissa même un petit sourire, tant cette tiédeur
provoquait une sensation agréable en lui. Il se sentait à nouveau en paix avec
lui même. Mais il perdit rapidement son sourire. Non pas que l’envoutement se
transformait en malédiction mais que son évolution surprenait Jonathan en plus
hauts points. Une sorte de liquide, tout aussi tiède, peut être partie de
l’intérieur de la sphère, se déposait à l’extrémité de ses doigts et,
les recouvrant, remontait lentement vers le haut de sa main, tel un flot de
liquide mobile. Intrigué, Jonathan rouvrit les yeux au moment où, selon sa
sensation, le liquide arrivait au niveau de son poignet. Il se rendit alors
compte qu’il n’était pas si loin de la vérité.
Lorsqu’il posa le bleu de ses yeux sur son
avant-bras, dont la manche, inexplicablement, avait été retroussée, il vit
que la même lumière opaque, presque translucide, recouvrait la totalité des
doigts de sa main droite ainsi que toute la main. Une sorte de couche de lumière,
dont la lumière du dôme se reflétait dedans, partait de la sphère, touchée
par les doigts de Jonathan et se mettait rapidement à recouvrir tout son bras.
La lumière arrivait déjà à son épaule. Jonathan écarquilla les yeux, affolé
par ce qu’il voyait. Il voulut reculer de plusieurs pas, pour interrompre le
phénomène mais rien à faire : une force surpuissante le retenait, le forçant
à subir ce phénomène. Au moment où ses peurs alimentaient le rythme de son cœur
de manière fulgurante, Jonathan entendit à nouveau la voix de Jor-El
s’adresser à lui, mais résonnant étrangement, tandis que la lumière se séparait
en deux, une partie descendant vers le bas de son corps et l’autre arrivant à
la base de son cou.
Jor-El : n’ayez pas peur, Jonathan … la lumière
fait partie du voyage …
Pourtant, cela ne rassura en rien Jonathan, les
battements de son cœur demeurant palpables …
Toujours apeuré, appréhendant grandement ce qui
allait suivre, Jonathan baissa des yeux ouvertement écarquillés vers son cou
et vit ainsi, inéluctablement la lumière recouvrir toute la circonférence de
son cou et amorcer une remonter vers le haut de son visage, en recouvrant son
menton. La tiédeur et cette douceur sublimes, qui accompagnaient la lumière ne
suffisaient plus à Jonathan pour se rassurer, se calme. Il sentait que Jor-El
lui faisait quelque chose qui aurait de grosses conséquences. Et c’était précisément
cet élément qui lui faisait le plus peur.
Il vit la lumière recouvrir ses lèvres crispées puis
la peau séparant les lèvres de son nez. La lumière passa dans ses narines et
sur le haut de son nez, remontant inlassablement vers ses yeux apeurés. La caméra
fixa son gros plan sur les rétines bleutées, frappées d’effroi, de
Jonathan, tandis que la lumière remontait vers le haut de son crâne. A cet
instant, un flash lumineux d’une blancheur aveuglante fit disparaître le
visage de Jonathan, à l’instant même où la caméra s’était avancé vers
lui. Lorsque l’image redevint visible, la caméra effectuait un rapide
travelling au dessus de ce qui ressemblait à la cervelle visqueuse de Jonathan,
à l’intérieur de sa tête. La même lumière opaque, d’une consistance des
plus étranges, recouvrait peu à peu le cortex de Jonathan, formant de demi-sphère
qui s’apprêtaient à se rejoindre, au centre de la cervelle. A cet instant,
lorsque les deux flots de lumière ne firent qu’un, une onde de lumière
retentit et s’échappa tout autour de la tête de Jonathan, venant frappé
leurs bords. La lumière en devint à nouveau aveuglante, empêchant quiconque
de voir au travers de cette clarté le moindre petit détail aussi insignifiant
soit il.
Lentement, Jonathan rouvrit les yeux, réalisant que la
sensation de douceur, accompagné de cette température douce, s’était évaporée.
Il fut surpris de constater le lieu dans lequel il se trouvait désormais. Une
lumière éblouissante, de la même blancheur immaculée que celle du Dôme
Artificiel enveloppait la salle, si tant est qu’il s’agisse d’une salle.
Aucun des éléments n’auraient pu le confirmer pour la simple et bonne raison
qu’aucun élément, hormis cette blancheur environnante, n’étaient présents
ici-bas. Jonathan semblait flotter au milieu d’un océan de lumière céleste,
à perte de vue, comme perdu dans l’espace-temps. Il finit par baisser les
yeux, vers son corps, soucieux de savoir si la lumière l’avait quitté. Tel
était le cas mais ce n’était pas la seule chose à avoir disparue de son
corps. Sa chemise noire, au col remonté et son jean délavé avaient également
disparus, remplacés par une grande toge blanche, semblable à celle de Jor-El,
à la différence qu’aucun symbole n’y apparaissait.
Jonathan releva la tête, regardant à nouveau devant
lui. Que lui avait fait Jor-El ? L’avait-il finalement envoyé dans un monde où
le temps n’avait pas court et où il devrait finir des jours interminables ? A
l’heure qu’il était, c’était la seule raison valable que Jonathan
trouvait. Quand soudain, provenant de nulle part, une voix de femme, aux nuances
résonnant étrangement, parvint jusqu’à ses oreilles, malgré le fait que
personne ne se trouvait dans cette salle, à part lui.
« Et s’ils ne l’aimaient pas …? »
Cette voix, douce, cristalline, ensorcelante même
par la bienveillance qu’elle renfermait, était inconnue aux yeux de Jonathan.
Et pourtant, quelque chose en elle le forçait à sourire, comme si le seul
timbre de sa voix ouvrait les portes d’un tout au monde auquel Jonathan avait
toujours secrètement espéré appartenir. Souriant, il ferma à nouveau les
yeux. Il sentit alors un souffle de vent, frais, lui procurant un bien
inexplicable, lui fouetter le visage. Jonathan n’aurait su dire pourquoi mais
ce vent, bien qu’il n’avait aucun lieu d’être, était réconfortant.
Jonathan le sentit ensuite s’interrompre et sut alors qu’il était temps de
rouvrir les yeux, ce qu’il fit.
Il remarqua alors immédiatement qu’il avait une
nouvelle fois changé de lieu et qu’à nouveau, il ne connaissait pas ce lieu.
Malgré la lumière blanche qui l’enveloppait, la salle renfermait une
ambiance macabre, comme si l’on célébrait l’enterrement de quelqu’un de
cher pour tous ceux qui était présent. Et en pensant cela, Jonathan n’était
pas si loin du compte … La salle était construit de murs blancs éclatant,
formant des parois arrondis, donnant un aspect post-moderne assez agréable. Le
toit, bombé, semblait constitué d’un verre diaphane, assez flou, qui
laissait entrevoir le ciel présent au dessus de la salle. Jonathan prit aussitôt
conscience d’un élément qui changeait absolument tout : il n’était plus
sur Terre. Le ciel abritait un cercle solaire rouge, d’une taille beaucoup
plus importante que le soleil Terrien. La teinte orangée qui l’entourait
semblait elle même modifiée, par rapport à ce qu’elle devait être
d’habitude. Des traînées de fumées noirs le transperçaient, parts en
parts, et l’assombrissaient de cette manières. Des roches enflammées, fonçant
à la vitesse du son, entraient dans l’atmosphère et, suivant de cette
enluminures de feu, venait frapper le sol bruyamment. Jonathan baissa les yeux
et les reporta sur le reste de la salle. Il semblait observer la scène d’un
coin de la salle, caché dans l’obscurité. Sur sa droite, à plusieurs mètres,
se trouvait une foule de personnes, alignées les unes à côtés des autres. Il
devait être une trentaine, peut être plus. Et chacun était vêtu de la même
manière : une toge blanche très ample, recouvrant tout leur corps et un large
capuchon dissimulant leur visage. Chacun avait les bras croisés sur le torse et
observait quelque chose, ou quelqu’un, droit devant eux. Jonathan dévia donc
son regard sur sa gauche, regardant ainsi droit devant lui.
Il comprit immédiatement l’intérêt qu’éprouvaient
tous ces gens. Deux autres personnes étaient présentes, l’une à côté de
l’autre. Tous deux vêtus d’une toge, ils avaient pourtant renoncé à
recouvrir leur visage d’une capuche. La personne de gauche, habillée d’une
toge bleue n’était autre que Jor-El, le père biologique de Clark. Le visage
défait, attristé par ce qu’il s’apprêtait à faire, il ne pouvait plus
quitter des yeux ce qui se trouvait devant lui. Serrant la main de sa femme, sur
sa droite, il avait peur de faillir, au dernier moment. Pourtant, il savait
pertinement qu’il n’en avait pas le droit. Outre la Prophétie qui devait se
réaliser, c’était la vie de son fils qui était en jeu. Sur sa droite se
trouvait Lara, lui tenant la main et elle même habillée d’une toge rouge.
Elle semblait au bord des larmes et retenait ce moment terrible qui la hantait
depuis si longtemps, depuis la naissance de Kal-El. Elle était magnifique avec
ses longs cheveux noirs tombant sur ses minces épaules et son regard d’un
bleu pur, ressortant au milieu de son visage chevalin. Pourtant, la brillance
qui illuminait ses rétines ne trompaient personne. Jamais un tel désarroi ne
s’était emparé de son être. Elle resserra à son tour un peu plus la main
de son mari et intensifia son regard droit devant elle.
La caméra se plaça alors dans le dos des époux et
s’éleva légèrement au dessus d’eux, de façon à filmer ce qui se
trouvait devant eux. Il s’agissait d’un petit vaisseau spatial oval, d’un
métal gris luisant très étrangement. Il flottait à plusieurs centimètres au
dessus du sol, ainsi immobilisé. Son toit, formant un creux oblique, était
resté ouvert et laissait voir dans la cavité, un bébé joyeux, habillé de
draps dorés sublimes : Clark, bébé. La structure de l’intérieur du
vaisseau était frappé de cercles de symboles Kryptoniens lumineux,
l’enluminant. Kal-El s’esclaffa sous les yeux tristes de ses parents.
Jor-El : va mon fils …
Jor-El ; à contre-cœur, porta délicatement sa
main gauche, la libre, vers le vaisseau et appuya sur une clé octogonale, encrée
dans une serrure adéquate, dans le vaisseau. Aussitôt, une lumière dorée
encadra la serrure et la clé et le vaisseau réagit. Tandis que Lara sentait
une vague de larmes incontrôlable s’emparer d’elle, elle se blottit contre
le flan de son mari et regarda le vaisseau s’élever lentement dans les airs.
Dans le même temps, son toit reprit place, dans un entremêlant silencieux de métal,
amenant Kal-El vers sa départ imminent. Le vaisseau continua de s’élever
dans les airs, à 1 mètre, alors que le toit bombé se mettait à coulisser
rapidement, en silence, comme si un flot de lumière s’écartait pour laisser
passer le vaisseau. A cet instant, le bruit assourdissant des météorites
frappant la planète se fit entendre dans toute son ampleur.
Le groupe de Kryptoniens, en toges blanches, les
parents de Kal-El et Jonathan observèrent alors le vaisseau de Clark
s’immobiliser dans les airs, à 3 mètres au dessus du sol. Quelques secondes
plus tard, il démarrait en trombe, dans un bruit assourdissant, en direction de
la Terre. Lara se laissa alors aller à ses larmes. Elle plongea dans les bras
de son mari et se mit à pleurer dans le tissu léger et soyeux de sa toge,
toutes les larmes de son corps.
La caméra suivit alors la course effrénée du
vaisseau de Kal-El. Se plaçant juste au dessus de lui, elle filma ainsi, dans
le même temps, la cité mère de Krypton, que survolait le vaisseau. Constituée
dans sa totalité de hautes tours blanches certaines arrondies et basses,
d’autres pointues et hautes, la cité avait des allures de rêve moderne. Sa
blancheur éclatante, allié aux reflets rougeâtres de l’astre solaire, lui
donnait vraiment un aspect paradisiaque. Et ce n’était pas l’océan à
perte de vue, qui la bordait au sud, qui allait enlever une parcelle de son
charme. Et pourtant, ce paradis n’allait bien plus n’être qu’un souvenir.
Les météorites pleuvaient de partout, par milliers, créant des cratères ici
et là, et imposant des explosions spectaculaires. Une vague de souffre arrivait
à l’horizon de l’océan, ravageant au passage une pyramide blanche posée
sur l’océan. La terre se fendait, au centre de la cité. Tout, sur Krypton
allait sombrer. Tout. Elle emporterait ainsi avec elle l’une des civilisations
les plus développées de l’univers.
Et soudain, l’image s’arrêta en une fraction de
seconde, comme si le temps s’était figé. Le vaisseau de Kal-El restait en
suspend au dessus de la cité, tandis que la vague de souffre entourait la
pyramide de verre, sur l’océan. Des météorites étaient comme accrochées
dans le ciel, la traînée de feu la suivant. La silhouette de Jonathan se
pixellisa alors dans le ciel, aussi étrange que cela puisse paraître. Ainsi,
il se vit apparaître à proximité du vaisseau de Kal-El, qui flottait en
suspend. Jonathan baissa les yeux vers ses pieds, abasourdi de flotter ainsi
dans les airs. Il regarda tout autour de lui, cherchant ce qui cochait. Jusqu’à
ce que la voix de Jor-El se fasse entendre, venant de derrière lui.
Jor-El : Alehi est en train de sombrer …
Surpris, prenant quelque précautions par peur de se
voir tomber vers la cité, Jonathan se retourna, délicatement et vit avec
surprise que Jor-El était apparu derrière lui, tout il l’avait fait
auparavant. Seulement, il ne semblait pas s’agir du Jor-El qui venait de
laisser partir son fils. Non. Celui-ci était vêtu d’une toge blanche, avec
ce 8 bleu, inscrit sur le tissu à hauteur du torse, ayant à coté un petit
point identique. Il s’agissait certainement du Jor-El qui lui avait proposé
ce voyage.
Jonathan, fronçant les sourcils, lui demanda alors, en
baissant les yeux vers la cité, au bas :
Jonathan : Alehi ?
Jor-El esquissa un sourire. Evoquer ce nom ramenait
de nombreux souvenirs, heureux comme malheureux, à la surface. Mais il était
tellement doux, à l’oreille, qu’il adorait relatait son histoire.
Jor-El : c’était la cité-mère de Krypton
…
Jonathan comprit immédiatement. Krypton ne devait
pas avoir plusieurs nations, comme la Terre. Krypton devait être un monde
coordonné parfaitement, par un seul pouvoir : soit une dictature, soit la plus
belle démocratie jamais créée.
Jonathan : (soucieux) qu’est ce qui m’arrive
?
Jor-El : je viens de vous montrer le départ de
Kal-El.
Jonathan : merci, j’avais bien compris …
mais je ne comprends pas, quel intérêt de me le montrer ? Je sais déjà que
Clark est parti de Krypton avant sa destruction !
Jor-El : votre confiance en moi est très
fragile. Votre peuple est ainsi. Ses cultures sont basées sur le mensonge, la
trahison et le faux-savoir … Votre méfiance st donc une qualité que j’apprécie.
Mais pour aider Kal-El dans l’avenir qui l’attend, votre confiance en moi
doit être totale. C’est pourquoi il est nécessaire que je vous montre tout
ce qui a amené son destin prodigieux … Commençons par le commencement …
Dôme
Artificiel - Hors de l'Espace - Hors du Temps
Jonathan sut avant même la fin des paroles de
Jor-El que le monde qui l’entourait allait une nouvelle fois basculer. Ainsi,
il vit le vaisseau, restant à côté de lui, repartir en arrière tout
d’abord lentement avant de prendre un élan ahurissant. Jonathan le vit se
poser dans la salle de son départ, tandis que lui revenait dans le coin sombre
de la salle. A cet instant, le flot d’images accéléra encore nettement et
Jonathan se rendit compte que de tous côtés, des images défilaient très
vite, ne laissant que des traînées de couleurs derrières elles. Après
d’interminables secondes, le phénomène s’interrompit. Un calme apaisant
s’empara des sens de Jonathan tandis qu’une brise d’une fraîcheur agréable
se mettait à lui caresser le visage. Il leva les yeux.
Son regard, partant du ras du sol, s’éleva lentement
vers le ciel, à mesure que le bleu de ses yeux caressait la structure sans égal,
se trouvant devant lui. Il s’agissait de ce dôme pyramidal d’un alliage
d’une blancheur inégalable qu’avait Jonathan depuis le ciel d’Alehi,
cette pyramide qui s’était vue enveloppée du mur de souffre. La surface de
chacune de ses quatre parois blanches, obliques, était parfaite. Aucune
anicroche, aucune trace du passé, du temps qui devait défiler depuis sa création
antique. Il semblait parfait, comme un rêve devenu réalité. Le plus étrange
restait certainement sa place. Malgré le poids énorme qu’elle devait faire,
elle flottait comme si de rien était, à la surface de l’Océan immense,
telle une immense bouée. Jonathan baissa les yeux vers la surface de l’eau et
constata avec stupeur qu’il marchait à sa surface. Les fines vaguelettes
traversaient ses jambes, devenant translucides à son contact et venaient
frapper la surface solide de la pyramide.
Jonathan tourna la tête sur sa droite et vit que
Jor-El était réapparu, le sourire aux lèvres.
Jonathan : qu’est ce que c’est ?
Jor-El prit un court instant d’un silence apaisant
avant de répondre. Ce lieu était le plus mystique de Krypton et il était également
l’origine de la destinée de Clark. Enfin, il prit sa voix la plus voilée
possible et répondit :
Jor-El : c’est le dôme du Destin …
Jonathan : (surpris) le dôme du Destin ?
Jor-El : oui …
Jonathan ne quittait plus des yeux Jor-El, attendant
la moindre révélation qui pourrait lui indiquer quelque chose sur l’avenir
de son fils. Ainsi, il vit Jor-El lever lentement la tête, vers le sommet de le
pyramide et figeait son regard à cet endroit. Alors, il reprit :
Jor-El : au jour de la 8e éclipse, la Prophétie
des deux fils s’est inscrite d’elle même sur le verre du dôme, définissant
ainsi l’avenir de la planète … selon la légende, ce sont Råo et Sethi eux
mêmes qui l’ont écrites …
Jonathan : (ne comprenant pas) Råo et Sethi ?
Jor-El : les Dieux créateurs de Krypton …
Jonathan ne laissa rien paraître du peu de raison
que lui inspirait un tel récit. Comme des dieux pouvaient créer une planète ?
Mais peu lui importait. Il avait bien compris que Clark voyait sa destinée
dicter par Jor-El. Et peut être que ses souhaits provenaient de cette prophétie
?
Voyant que Jor-El ne détachait pas son regard du
sommet du dôme, Jonathan dévia son propre regard de Jor-El et leva à son tour
la tête. Il comprit alors ce qui absorbait sa concentration : au dessus de la
pyramide, dans le ciel, apparaissait un disque noir, entouré d’un liseré
blanc ; une éclipse. Mais le plus effarant restait ses auras de lumières, qui
divaguaient, aux aléas du vent, autour de l’éclipse. Il semblait y avoir
trois couleur, bien distinctes : une bleue, une rouge et une jaune.
Jor-El : suivez-moi …
Jonathan baissa les yeux juste au moment où Jor-El
se mettait à avancer, sur l’eau et où il traversa la paroi oblique blanche
du dôme, comme s’il s’était agi d’un vulgaire mur de lumière. Jonathan
ne cacha pas son effarement vis-à-vis de cet acte. « Suivez-moi ». Il aurait
aimé lui répondre « d’accord, et il est où le mode d’emploi ? …
voyons, article XIII-a : marcher sur l’eau ». Puis, il revint à la réalité.
Il avait flotté dans les airs, vu des images défiler autour de lui … Aussi,
d’un geste délicat, il souleva son pied de l’eau et l’avança devant lui.
A sa grande surprise, Jonathan sentit un appui suffisant pour marcher. Il répéta
son geste et s’arrêta devant la paroi oblique de la pyramide. Il prit une
grande inspiration, ferma les yeux et avança de nouveau … Après trois pas,
il les rouvrit et constata qu’il venait d’entrer dans un lieu qui lui était
extrêmement familier.
Constitué d’une unique salle enveloppée de blanc,
la salle ressemblait à s’y méprendre à celle dans laquelle s’étaient
entretenus Jonathan et Jor-El, avant le début de son « voyage ». Jor-El
l’attendait au centre de la salle. Entendant son pas résonner en écho dans
toute la salle, Jonathan rejoignit Jor-El et se posta sur sa droite. Il attendit
alors. Jor-El leva une nouvelle fois la tête et planta son regard sur le toit
pointu.
Jor-El : vous allez pouvoir contempler le plus
beau spectacle auquel vous sera jamais donné d’assister …
Jonathan avait des doutes quant aux affirmations du
père biologique de son fils mais après tout, s’il le disait. Aussi, il leva
la tête à son tour et regarda le sommet de la pyramide. A son grand étonnement,
il se rendit compte que contrairement à l’extérieur, il était possible de
voir au travers des parois comme s’il s’agissait d’un verre transparent.
Ainsi, il vit nettement l’éclipse, dans le ciel sombre, auréolé de bleu, de
rouge et de jaune. Mais le « spectacle » ne faisait que commencer. Un flot de
lumière noire apparut à la pointe du sommet et, déversant une espèce de
peinture noire luisante, la laissa couler sur chacune des parois de verre de la
pyramide. Ainsi, après quelques secondes seulement, Jonathan vit les parois
diaphanes viraient à un noir intarrissable. Même le sol immaculé vira à
cette couleur, sous ses pieds.
Peu après, tout autour de lui, Jonathan vit des
inscriptions blanches, Kryptoniennes, très variées, apparaître sur les parois
sombres. Elles semblaient se graver dans l’alliage obscure d’une peinture
blanche luisante, créant de très nombreuses colonnes de symboles. Jonathan
tourna sur lui même, pour observer le phénomène sur chaque paroi : les
colonnes s’inscrivaient simultanément. Il y en avait tellement. Des années
de transcriptions. Il aurait tant aimé pouvoir les comprendre …
Jonathan : ces symboles … expliquent la destinée
de Clark ?
Les colonnes de symboles, partant du haut des parois
vers le bas, continuaient de s’inscrire, magnifiquement. Jor-El baissa les
yeux un instant, cessant de les observer. Il esquissa un sourire.
Jor-El : entre autres …
Jonathan voulait savoir, il avait besoin de cette réponse.
Après c’était pour ça qu’il était là.
Jor-El se retourna vers Jonathan et lui fit face, le
regardant droit dans les yeux. La scène était superbe. Jonathan et Jor-El, les
deux pères de Kal-El, face à face au centre du dôme, habillés de blanc, avec
tout autour, sur les parois noires, la Prophétie de ce fils unique qui
s’inscrivait.
Jor-El : cette Prophétie annonce la fin du
monde Kryptonien … la seule manière qui lui soit possible de pérenniser et
la destinée qui attend les deux fils sur la troisième planète …
Jonathan : (surpris) les deux fils ?
Jor-El : (calme) oui, les deux fils …
Jonathan comprit que Jor-El ne lui en dirait pas
plus, à ce sujet. Mais il ne lui en voulait pas. Il était là pour Clark, et
juste pour Clark. Si un autre Kryptonien était présent sur Terre, tant mieux
pour lui.
Jor-El esquissa un nouveau rictus joyeux et tourna à
nouveau le dos à Jonathan. Il s’éloigna de lui et marcha sur plusieurs mètres,
sous l’œil attentif du père adoptif de Clark. Jor-El s’arrêta face à une
paroi sombre, regardant les colonnes s’inscrire devant lui.
Jor-El : il faut que vous sachiez que le plan
que j’ai mis en place n’a pas été créé par ma propre personne … ce
sont les instances supérieurs qui nous l’ont dicté
Jonathan : Råo et Sethi ?
Jor-El esquissa un sourire, continuant de regarder
la paroi.
Jor-El : oui …
Jonathan avait toujours un peu de mal à le croire,
surtout en voyant la scène se dérouler sous ses yeux. Mais Clark était
Kryptonien, il pouvait faire tant de choses alors pourquoi ses Dieux ne seraient
ils pas eux aussi hors normes ?
Jonathan entendit un bruit de grincement aigu dans son
dos. Surpris, il se retourna et baissa les yeux vers le sol noir, très dur et
lisse. Ainsi, il vit apparaître en son centre un disque de lumière blanche,
assez surprenant. Peu après, le grincement aigu s’intensifia et Jonathan
assista à un nouveau phénomène inégalable. Un disque de métal blanc sortit
du sol et, surmonté d’un pied cylindrique presque aussi large, s’éleva au
dessus du sol jusqu’à s’arrêter à hauteur de 50 centimètres. Un
promontoire pyramidale s’extirpa du métal blanc du disque et s’arrêta peu
après. Un seul cercle de pierre blanche, plane, demeurait autour de la pyramide
blanche présente au centre de ce socle. Tout autour, trois lueurs apparurent,
à équi-distance : l’une bleue, la deuxième rouge et la dernière dorée.
Une quatrième lueur apparut, d’une blancheur éblouissante, flottant à
quelques millimètres au dessus du sommet du dôme pyramidal, au centre du
socle. Captivé par la contemplation de ce spectacle, Jonathan s’avança
lentement vers lui, lentement, jusqu’à s’arrêter juste devant. Les quatre
lueurs se mirent à refléter sur son visage ébahi, tandis que leur intensité
diminuait rapidement. Leur reflet apparaissait également dans le bleu clair des
yeux de Jonathan … Et soudain, elles disparurent. La caméra tourna alors son
plan vers le socle, révélant l’origine des lueurs. Une clé octogonale,
celle du vaisseau de Kal-El , flottait dans les airs, à plat, juste au dessus
du sommet de la pyramide, à la place de la lueur blanche. Et, tout autour de
cette pyramide étaient placés des pierres pyramidales, à trois faces, aux
lieux et places des trois autres lueurs, chacune d’elle encrée dans des cavités
adéquates. Celle de gauche était de couleur noire et portait l’inscription
représentant l’ESPOIR, de couleur argentée. Celle de droite étai
transparente et comportait le symbole représentant le DIAPHANE en noir. Et la
troisième, placée de l’autre coté de la table, était rouge et comportait
le symbole représentant le SAVOIR, de couleur blanche.
Jonathan : (s’adressant à Jor-El) qu’est ce
que c’est ?
Jor-El s’empressa de répondre à Jonathan d’une
voix qu’il trouva subitement beaucoup plus proche que celle qu’il avait
entendu quelques secondes plus tôt.
Jor-El : ce sont les cristaux du Destin, les
trois pierres que doit réunir Kal-El …
Jonathan tourna vivement la tête vers sa droite et
constata avec surprise que Jor-El se trouvait désormais à ses côtés. Mais
Jonathan n’y prêta pas attention.
Jonathan : et à quoi servent-elles, ces pierres
?
Jor-El : la noire renferme les espoirs et les âmes
de mon peuple … la blanche représente les pouvoirs des ancêtres de Kal-El et
la rouge … la rouge renferme toutes nos connaissances …
Jor-El marqua une pause. Il dévia son regard de
Jonathan, très attentif, vers le socle qu’il observa à son tour d’un
regard extatique, comme s’il s’était agi du Graal.
Jor-El : une fois réunies, elle mène au temple
de Kal-El édifié par son peuple …
Jonathan : à son temple ?
Jor-El se renfrogna soudainement. Cette question
faisait battre son cœur d’une manière qu’il aurait préféré éviter.
Jor-El : il ne vous en a pas parlé ?
Jonathan : non …
Jor-El : sa part d’ombre est donc plus présente
que je ne le pensais …
Jor-El baissa un instant les yeux, cette situation
lui faisait plus mal qu’il ne voulait l’admettre. Son fils, l’espoir de
tout son peuple, pouvait à tout moment céder au pouvoir sombre. Il espérait
que cela n’arrive jamais, bien qu’une possibilité perdurait toujours.
Jor-El : ce temple est l’endroit où est
renfermé ce qui a fait de Krypton son unité …le jour venu, Kal-El réunira
les trois cristaux dans cet endroit bâti des années auparavant et choisira sa
voie …
Jonathan posa une dernière fois son regard sur le
socle, apercevant ces trois cristaux si précieux aux yeux de Jor-El. Et il y
avait de quoi : ils étaient les seuls vestiges de Krypton, hormis ce temple.
Jonathan releva son regard droit devant lui, le portant
sur la paroi noir, gravée de colonnes de symboles Kryptoniens blanc, lui
faisant face à plusieurs mètres. Il était captivé par le phénomène, qui
continuait d’évoluer. Les inscriptions continuaient. Et soudain, jaillissant
d’un des symboles inscrits au centre de la paroi, représentant un grande
cercle ainsi qu’un deuxième, beaucoup plus petit, accroché en dessous,
s’illumina d’une blancheur éblouissante. La lumière gagna en intensité à
la vitesse éclaire et bientôt, elle envahit la totalité du dôme du Destin et
aveugla la vue de Jonathan. Celui-ci, sentant ses rétines oculaires le brûler
amèrement, ferma les yeux et baissa la tête, avant de porter son bras droit en
visière. Et malgré cela, un intense faisceau de lumière continuait de percer
vers ses yeux, indiquant que sa puissance n’avait toujours pas diminuée.
Puis, sans signe avant-coureur, Jonathan se rendit
compte que le faisceau se retirait, repartant en sens inverse. D’une attitude
précautionneuse, Jonathan enleva son bras de son visage et se redressa. Il
rouvrit les yeux et releva la tête, s’apercevant que la lumière avait
disparue, ainsi que l’enceinte du dôme du destin. Il se trouvait désormais
dans ce qui ressemblait à la pièce principale d’un grand appartement. De
forme carrée, aux coins arrondis, elle était elle aussi, tout comme le dôme
du Destin, constituée d’une paroi blanche éblouissante, immaculée de toute
autre couleur. Sur la gauche, une parte bleue, d’un pâle allant à la
perfection avec la couleur des lieux, fermait l’accès à la salle se trouvant
derrière. La porte, translucide, était dépourvue de poignée et de serrure.
Sur la droite, un autre accès menait à une autre salle. Il s’agissait
d’une petite arche, peinte de trois couleurs distinctes, se mélangeant à
leur jonction : le rouge, le bleu et le jaune. Des symboles Kryptoniens, de
couleurs blanches, étaient inscrits sur toute la longueur de l’arche. Aucune
porte, translucide ou non, ne fermait la sortie, permettant ainsi de voir une
partie de la salle, éclairée d’une lumière dorée assez envoûtante. Et
contre le mur du fond, très large, se trouvait un grand écran plat accroché
audit mur. Un visage matérialise en son centre, se pixelisant de façon étrange.
L’homme aux traits âgés devait avoir la quarantaine. Ses cheveux noirs coupés
courts et la teinte obscures de ses yeux porcins auraient pu laisser croire à
une âme maléfique si l’expression de son visage n’avaient pas exprimés
une peur et un désarroi palpables. Regardant droit devant lui, l’homme
semblait en proie à des doutes ultimes, à l’approche de l’échéance
finale.
A un mètre devant lui, un autre homme se matérialisa,
en une ombre tout d’abord floue. Puis, lentement, son corps apparut avec plus
de précision avant que la silhouette d’un autre homme, la cinquantaine, ne se
fasse violence à devenir vivant. Il était vêtu d’un pantalon de tissu léger
bleu et d’un maillot sans manches, d’un rouge vif étonnant, mettant en
valeur ses biceps. Il avait des cheveux grisonnants coupés courts et une
attitude qui tendait à prouver que, tout comme son interlocuteur, il n’avait
rien de mauvais. Il tenait dans ses mains une grande toge, en tissu blanc,
froissé.
Le sourcils froncés, Jonathan avança de quelques pas
et vint se placer sur la gauche de cet homme, qu’il avait l’impression de
connaître. Il s’arrêta et écarquilla les yeux, surpris. Il s’agissait de
Jor-El. Souriant, les yeux braqués sur l’écran, il enfila sa toge. Jonathan
tourna la tête sur sa droite et vit un autre Jor-El , celui qui
l’accompagnait dans son voyage, se tenir dans un coin, à observer la scène
en silence. Jonathan reporta son regard sur le Jor-El face à l’écran et
comprit que la technologie de Krypton était réellement impressionnante.
Le Jor-El face à l’écran, lui aussi marqué par les
doutes, tentait néanmoins de rassurer son acolyte.
Jor-El : l’échéance approche, comme tu le
sais. Les principaux obstacles sont derrière nous et j’aimerais pouvoir te
dire que tout se passera bien mais, moi même, j’essaie de m’en persuader !
L’homme, sur l’écran, effectua une moue de dépit.
Jor-El semblait aussi désemparé que lui et, intérieurement, il était certain
qu’il l’était même plus que lui, c’était de son fils qu’il
s’agissait. Mais il ne put s’empêcher d’ajouter :
???: parfois, je me demande si Råo a élaboré
toutes les conséquences de cette Prophétie !
Jor-El, qui remettait correctement son capuchon sur
sa nuque, interrompit son geste.
Jor-El : Yen-Al, tu sais, les Dieux ont beau être
des dieux, ils n’en demeurent pas moins Kryptoniens … J’ai foi en eux et
je sais que tout ira bien …
Yen-Al : et si la troisième planète ne
l’acceptait pas ! Si finalement, ils réussissaient à le tuer !
Jor-El : le peuple de la Terre n’est
certainement pas le plus méritant mais ils ont un grand cœur. Certaines de
leurs pulsions malsaines les poussent à agir dans le mauvais chemin mais je
sais qu’avec un sauveur comme Kal-El, leur planète peut devenir un monde
aussi bon que Krypton …
Une fois de plus, Jonathan voyait une facette de
Jor-El qu’il ne connaissait pas. Le message dans le vaisseau de Clark, disait
pourtant : « Cette race est faible. Tu les gouverneras pas la force ». Et ce
Jor-El, devant ses yeux, montrait la foi qu’il avait en ce peuple « faible ».
Il semblait leur porter une sympathie extrême.
Sur la droite de Jor-El, des bruits de pas se firent
entendre. Il tourna la tête dans cette direction, attirée par ce bruit.
Yen-Al, sur l’écran, en fit autant ainsi que Jonathan et le Jor-El resté en
retrait de la scène. Peu après, une femme habillée d’une toge blanche
sortit de la salle, traversant l’entrée. Ses longs cheveux noirs étaient
relevés en un chignon, mettant en valeur ses yeux bleus d’une clarté étonnante.
Son sourire, si ensorcelant, était pourtant inexistant. Un masque de froideur
enveloppait les traits de son visage. Elle tenait dans ses bras un bébé de
trois ans, enveloppé dans un drap en soie luisante, de couleur dorée. Lara, la
mère biologique de Clark, vint jusqu’à Jor-El qui, souriant, lui tendait le
bras. Elle vint jusqu’à sa droite et, se forçant à sourire à Yen-Al, vint
se blottir contre le flanc droit de son mari. Ce dernier, radieux, passa son
bras dans le dos de sa femme et posa sa main sur sa hanche. Il baissa la tête
et posa son regard bleu sur son fils, Kal-El, dans les bras de Lara. En voyant
Yen-Al, sur l’écran, le jeune Kal-El s’esclaffa joyeusement. Yen-Al
retrouva son sourire charmeur.
Yen-Al : mais c’est notre jeune élu …
Kal-El …
A ces mots, Lara perdit un peu plus de sa joie. Les
paroles de Yen-Al étaient précisément celles à éviter. Le Kryptonien,
relevant la tête de Kal-El , adressa un sourire poli à Lara.
Yen-Al : Lara …
La jeune femme se força à sourire, ne voulant pas
manquer de respect à leur ami d’enfance. Mais elle reprit bien rapidement ce
masque froid qu’elle portait depuis de longues journées.
Jor-El, lui, avait à nouveau baissé le regard vers
son fils. Levant les yeux vers son père, Kal-El laissa un nouveau rire des plus
joyeux sortir de sa bouche. Ceci suffit à Jor-El pour sourire radieusement.
Il finit par relever la tête vers l’écran et
adressa ces mots solennels à son ami :
Jor-El : je me dépêche …
Yen-Al acquiesça d’un abaissement de la tête,
fermant les yeux. L’instant suivant, la communication était coupée. Le
visage de Yen-Al disparut au profit d’un fond d’un bleu dur, parcouru
d’une bannière défilante, en plein centre, marqué d’une ligne de symboles
Kryptoniens blancs. Jor-El se détourna de l’écran et se tourna à nouveau
vers son fils. Il enleva son bras du dos de Lara et se pencha vers son fils, un
sourire radieux accroché à ses fines lèvres.
Jor-El : Bonjour, toi !
Une nouvelle fois, Kal-El s’esclaffa, éclatant
littéralement de rire. Jor-El tendit les mains vers lui et prit le bébé des
bras de Lara, souriant. Cette dernière ne lui adressa pas le moindre regard,
visiblement furieuse. Tandis que Jor-El hissait son fils dans le creux de ses
bras, sa femme le contourna et fonça vers Jonathan. Celui-ci eut la désagréable
surprise de voir et de sentir Lara lui passer au travers, tel un spectre. Il se
retourna, alors qu’un bruit de coulissement sourd et très rapide se faisait
entendre. Lara avait disparue derrière la porte translucide.
Le Jor-El qui tenait Kal-El, attristé par son
attitude, leva les yeux de son fils et les posa sur Jonathan, qui venait de se
retourner. Jor-El le regardait profondément, comme s’il voyait au travers de
lui. Jonathan le vit avancer vers lui, Kal-El dans ses bras et n’eut pas le
temps de réagir : il sentit à nouveau un corps lui passer désagréablement au
travers. Un nouveau bruit de coulissement rapidement se fit entendre. Jonathan
se retourna : Jor-El était dans l’autre pièce. Décidément, son excursion
dans le monde de Krypton lui donnait de curieuses facultés.
Et il commençait à les comprendre, une à une. Si les
personnes « physiques » pouvaient le traverser alors, il pouvait certainement
traverser les personnes physiques, ainsi que les objets. Aussi, sans attendre
son guide, il se retourna et avança vers la paroi translucide de la porte,
comme il l’avait fait pour la paroi oblique du dôme du Destin. Ainsi, sans
anicroche, il la traversa et pénétra dans ce qui ressemblait à l’espace
d’une petite cuisine, en largeur. Au centre se trouvait une plaque de verre
diaphane, flottant dans les airs à mi-hauteur. Tout autour de la salle étaient
visibles des sortes de demi-bulles, en verre transparent, accrochés aux différentes
parois murales : il devait s’agir du mobilier. De l’autre côté de la
table, Lara se tenait, bras tendu contre le mur, tête baissée vers le sol. Son
malheur, ses peurs accumulées, semblaient refaire surface dans toute leur
intensité. Jor-El, debout derrière elle, Kal-El dans ses bras, semblait très
touchée par son attitude. Il détestait par dessus tout la voir dans cet état.
Une nouvelle facette de cet homme que Jonathan avait jadis considéré comme un
tyran sans pitié.
Jor-El : (voix douce et compatissante) Lara,
qu’est ce que tu as ?
La réponse de Lara ne se fit pas attendre.
Cependant, le ton qu’elle emprunta fut très éloigné de cette voix veloutée
qui était d’ordinaire la sienne. Une colère incommensurable ne peignait
chaque nuance.
Lara : ne fais pas l’innocent, Jor ! Tu sais
exactement ce que j’ai !!
Jor-El fit une curieuse moue, de dépit. Comment
n’avait-il pas pu comprendre de quoi il s’agissait ? C’était pourtant évident.
Jours et nuits Lara était tiraillait par ce sentiment d’impuissance, de
douleur éternelle qui la rongeait de l’intérieur. Son fils allait devoir la
quitter, définitivement malgré l’amour éperdu qu’elle éprouvait pour
lui, rien ne changerait cela. Leur destinée était prédite à être séparées,
à tout jamais.
Jor-El : Lara, on en a déjà parlé … on ne
peut aller contre la volonté des Dieux !
Mais la réaction de Lara fut encore plus vive. En
une seconde, elle se retourna vers son mari et, le visage crispé par la fureur
qui s’échappait de son corps, elle lui répliqua de cette voix forte,
pourtant sur laquelle la tristesse prenait le pas sur la colère. Le ton
diminua, à mesure que les mots sortaient de sa bouche jusqu’à ce qu’elle
ne fasse que murmurer, les yeux embués de larmes.
Lara : On a ... toujours … le choix ! …
c’est de notre fils … que tu parles …
Jor-El sentit lui même cette horrible sensation de
frustration, de désarroi enfouis au plus profond de lui même. Ce sentiment
d’injustice envers des instances supérieurs qui avaient décidés que Krypton
serait détruite et que leur fils, Kal-El, serait envoyé à des années lumières
de sa planète natale sous prétexte d’assurer la pérennité de Krypton. Il
aurait aimé pouvoir dire que Kal-El resterait ici et mourrait dans leurs bras.
Mais c’était impossible. D’une la Prophétie devait s’accomplir, non
seulement pour la survie de Krypton mais aussi pour celle de la Terre mais
surtout, surtout, pour épargner la vie de son fils unique.
Jor-El : Lara, crois-moi, rien ne m’a été
plus difficile, dans toute ma vie, tu m’entends ?Dans toute ma vie, que de
prendre la décision de me séparer de mon fils ! … Kal-El et toi êtes tous
ce que j’ai de meilleur dans ce monde ! …Mais s’il ne part pas, il mourra,
comme toi, comme moi …
Jor-El, le regard mêlé dans celui, embué de larme
de sa femme, vit une larme déborder de l’œil droit de Lara et couler, délicatement,
sur sa joue douce. Il se rapprocha un peu plus d’elle. Kal-El s’était calmé,
comme touché par les paroles touchantes de son père.
Jor-El : au lieu de ça, il pourra grandir et être
aimé là-bas, comme il l’était ici. Il pourra même faire mieux … il saura
éradiquer le mal de la troisième planète … tu entends ? Ton fils sera un véritable
sauveur …
Ces mots résonnèrent dans la tête de Jonathan
comme une révélation enfouie dans sa tête depuis le jour où, en plein milieu
d’une pluie de météorites destructrice, il avait trouvé Clark, au beau
milieu d’un champs, à côté de son vaisseau. Dès l’instant où le premier
pouvoir de Clark s’était manifesté il l’avait su : son fils deviendrait un
sauveur.
Tenant toujours Kal-El d’un bras, Jor-El amena son
autre bras, le gauche, vers le dos de Lara et, posant sa main sur l’arrière
de sa tête, l’amena délicatement contre lui. Kal-El, entre eux deux, amusé
par la situation, éclata une nouvelle fois de rire, tandis que sa mère
laissait une nouvelle larme ruisseler le long de sa joue. Elle entoura ses bras
autour de la taille de Jor-El et lia ses mains dans le bas de son dos. Jor-El
plaça sa tête sur l’épaule de sa femme, regardant droit devant lui, lui
aussi les yeux embués de larmes. Lara baissa la tête vers son fils, Kal-El,
qui la regardait en souriant.
Jor-El : (plus bas) ton fils sera un sauveur …
Ces mots se répercutèrent en écho, dans la tête
de Jonathan, alors qu’il voyait la famille El, pour la dernière fois réunie.
Il ressentait tout ce désarroi implacable qu’avaient ressenti les parents
biologiques de Clark, cette haine envers l’injustice qu’il l’avait arraché
à eux.
Soudain, une aura de lumière blanche enveloppa
Jonathan, le forçant à fermer les yeux. Il se sentit quitter terre et sut
qu’il allait une nouvelle fois changer d’endroit.
Il sentit de nouveau de douceur, tiède et enivrante,
recouvrir tout son corps, comme si une chute d’eau coulait lentement sur le
haut de sa tête et ruisselait, d’une délicatesse éperdue, tout le long de
son corps, traversant le tissu léger de sa toge. « Quelle sensation
ensorcelante ! », pensa une nouvelle fois Jonathan. Il aurait aimé que son
pouvoir dura éternellement, que cette douceur ne cessa pas de vagabonder sur
tout son corps à nu. Une paix étonnante, semblable à celle qui devait occuper
le paradis, l’accompagnait, pouvant apaiser le plus sombre des esprits. Une
paix qui, cependant, ne suffisait pas à faire disparaître ce souvenir, d’une
famille déchirée pour une destinée décidée par une instance supérieure.
Et, tout aussi subitement, la sensation
s’interrompit. Jonathan se sentit à nouveau lui, dénué de toutes sensations
douces. Il rouvrit les yeux. Le blanc immaculé avait repris place autour de
lui. Cette lumière céleste, dépourvue de toute structure. Jonathan, à
nouveau vêtu de cette longue toge blanche, semblait flotter au milieu de nulle
part, dans un océan de clarté éblouissante. Il était à nouveau esseulé,
sans accroche extérieur ou sociale. Seul son esprit semblait exister dans ce
lieu épargné de toute notion de temps et d’espace.
Jonathan commença à tourner en cercle, tout autour de
lui, à la recherche de Jor-El, qui ne devait pas être loin. Il ne laisserait
pas seul, dans cette étendue de souvenirs qui n’avait rien à voir avec lui,
Jonathan Kent, simple père adoptif d’un jeune homme unique au monde.
Un faible râle de vent s’éleva, derrière Jonathan
et frappa le tissu léger de sa toge, qui se colla à la peau de son dos sous
son effet. Jonathan fit volte face et vit Jor-El, dans sa magnifique toge
blanche, lui faire face. Les bras croisés dans ses manches amples, il regardait
Jonathan le sourire aux lèvres, son regard bleu azur exprimant une
bienveillance sans égales. Jonathan, se calmant un peu après ce court moment
d’inquiétude, posa la question qui le travaillait depuis le début de ce
voyage.
Jonathan : pourquoi me montrez-vous tout cela ?
Jor-El : je veux vous montrer ce pour quoi la
destinée de Kal-El doit être accomplie …
Mais Jonathan pensa très fortement, pour que Jor-El
capte au mieux ses pensées, que ce projet n’était pas une réussite. On
pouvait même appeler cela un échec cuisant. Jusqu’à maintenant, il avait
juste montré à Jonathan la manière dont la Prophétie expliquant la
destruction de Krypton était apparue. Jonathan compatissait à l’égard de
Jor-El, désormais, et il avait envie de faire en sorte que son sacrifice, ainsi
que celui de sa femme, n’étaient pas vain. Certes, l’apparition de ces étranges
cristaux et de la clé octogonale était intrigante, mais il ne voyait pas en
quoi cela prouvait que Clark devait acquérir cet « héritage ».
Jonathan : je ne vois pas en quoi il doit réunir
ces cristaux !
Jor-El : une fois réunies, les trois pierres du
Destin apporteront à Kal-El le savoir qui lui sera nécessaire pour éradiquer
la plus grande menace pouvant détruire la troisième planète.
Jonathan avait peur de ne pas saisir tout à fait
les propos prononcés par le père biologique de Clark. Aussi, fronçant les
sourcils en signe de mauvaise compréhension, il répliqua :
Jonathan : c’est de la Terre que vous parlez ?
Sans un sourire, Jor-El fit oui de la tête, en
l’abaissant légèrement. Puis, il reprit la parole d’une voix sombre,
laissant présager des mots ouvertement obscures.
Jor-El : une force maléfique guette le moment
d’intervenir. Sans ce savoir, Kal-El ne sera jamais apte à la détruire.
Jonathan prenait subitement conscience de ce que révélait
Jor-El. Visiblement, un « homme » était tapi dans l’ombre, sur la Terre,
attendant son heure. Et le moment venu, il aurait les moyens de répandre le mal
absolu. Peut être était-ce là l’origine de la légende Shamane, inscrite
dans les grottes Kawache ?
Jonathan : de qui s’agit-il ?
Jor-El : je vais vous montrer …
Dôme
Artificiel - Hors de l'Espace - Hors du temps
Jonathan sentit à nouveau cette aura lumineuse,
d’une blancheur totale, lui caresser le visage alors qu’elle s’étendait
à tout son corps. Une lueur céleste devenue habituelle, une lueur qui, d’un
phénomène que Jonathan n’aurait jamais su exister, le mènerait vers un tout
autre souvenir, intégré au monde antique de Krypton.
Jonathan rouvrit enfin les yeux, le sourire figé sur
ses lèvres après avoir à nouveau cette douceur sur sa peau. Il perdit bien
vite ce rictus élargi, découvrant ses dents blanches. Ce qui se trouvait
devant ses yeux lui procurait, étrangement, une sensation apeurée dans tout
son être. Peut être dû au fait que la salle, devant lui, lui faisait amèrement
penser à une de ces sectes impensables, si nombreuses sur Terre.
Il s’agissait en fait d’une petite salle circulaire
construite, comme toutes les salles de Krypton, de cet alliage d’une blancheur
immaculée. Au fond, une baie vitrée, à l’aspect translucide, donnait au
dehors de cette salle. Elle devait être située au sommet d’une de ses
immenses tours blanches, caractérisant la cité d’Alehi. Ainsi, au travers du
verre apparaissaient de nombreuses autres tours blanches, présentes autour de
la tour dans laquelle se trouvait Jonathan. Il porta ensuite son regard juste
devant lui, analysant la salle elle même.
Au centre, sur le sol blanc d’une platitude sans équivoque,
était placardé un grand symbole Kryptonien doré, représentant le « Destin
». L’entourant, un long bureau blanc, en demi-cercle, était installé
remplissant ainsi tout l’espace de cette pièce étroite. Derrière ce bureau,
posés à équidistance, se trouvaient cinq petits sièges blancs, à la
structure bombée et creusée. Quatre d’entre eux étaient occupés, par les
membres de ce qui ressemblait à un conseil. Seul celui, à l’extrême gauche,
restait vide. Et c’était précisément ces personnes, présentes derrière le
long bureau, qui inspiraient à Jonathan cette comparaison à une secte. Chacun
d’eux était vêtu d’une grande toge en tissu ample, de couleur blanche,
couvrant la totalité de leur corps. Leurs bras étaient croisés dans leurs
manches et leur visage, dissimulé par un large capuchon, resté braqué droit
devant eux, comme s’il regardait le mur, derrière Jonathan. Seul celui du
centre, était vêtu d’une toge couleur dorée, le différenciant ainsi de ses
acolytes. Une ambiance calme mais stressante baignait la salle, Jonathan
n’aimait vraiment cette sensation. Comme si quelque chose d’important était
sur le point de se passer. Qu’attendaient-ils tous, dans cette position ? Ou
peut être, qui attendaient-ils ?
Et soudain, en plein centre de la salle, une lueur
bleue, pure et envahissante, apparut au dessus de la marque du Destin, portant
chacune de ses lueurs tout autour d’elle, se reflétant ainsi sur les murs
magnifique, sur le bureau et sur chacune des tuniques des membres du conseil.
Pourtant, aucun d’eux ne fit le moindre geste, signifiant une quelconque gêne.
Non. Ils restaient parfaitement immobiles, face à cette lueur si aveuglante.
Bientôt, sa puissance commença à s’atténuer tandis que son origine se
centrait vers la mi-hauteur, cessant de se répandre autour de cette sphère
lumineuse, désormais présente à quelques dizaines de centimètres au dessus
du sol. Partant d’elle, des branches de la lumière bleutée la quittèrent
et, en des gestes amples plutôt imprécis, se mirent à vaciller, de haut en
bas, comme pour tracer une forme, floue. Les branches, semblable à des fins
filets de fumée bleutée, se décuplèrent rapidement et bientôt, la structure
de ce qui ressemblait à un corps put être identifié, tandis que la lumière
bleue de la sphère, flottant à mi-hauteur, devenait peu à peu translucide, se
teintant de la même couleur que ces branches, qui dessinaient cette silhouette
floue. Un soudain flash lumineux, d’un bleu aveuglant, s’échappa de ce qui
restait de la sphère lumineuse et, l’instant d’après, lorsqu’il fut à
nouveau possible de distinguer les éléments de la salle, Jonathan put
constater qu’une cinquième personne venait d’apparaître en lieu et place
de la silhouette diaphane bleue : il s’agissait d’un homme d’un mètre
quatre-vingt environ, habillé lui aussi d’une grande toge blanche. Seulement,
le capuchon de recouvrait pas sa tête. Si bien que sa nuque à nue était
visible ainsi que l’arrière de sa tête, pourvu de courts cheveux
grisonnants. Lui aussi semblait avoir les bras croisés, bien que le fait de la
voir de dos n’affirmait rien de bien précis. C’est alors qu’une voix s’éleva,
appartenant à l’homme vêtu de la tunique or. Une voix grave, dur et empli de
charisme. Un ton qui ne présageait rien de très enjoué, un ton implacable
contre lequel il valait mieux ne pas lutter avec trop d’insistance.
???: tu es en retard …
L’homme, devant Jonathan, figée sur la marque du
« Destin », semblait assez confiant. Malgré le ton froid et agacé de son
interlocuteur, il n’avait pas l’intention de se laisser marcher sur les
pieds. La caméra tourna autour de lui, sur sa gauche et se plaça de côté,
filmant son visage d’un plan oblique. Elle révéla ainsi son visage : celui
de Jor-El. Son expression fermée et son regard bleu, d’un froid implacable
montraient bien que cet homme, face à lui, ne l’impressionnait nullement.
Mais il ne devait pas se tromper d’ennemi.
Aussi, perdant un peu de la froideur métallique qui étirait
ses traits, il répliqua, baissant les yeux :
Jor-El : oui, je sais … une crise familiale
…
La vaste capuche doré, dont les plis tombaient sur
les épaules du Kryptonien du centre sembla tressaillir à cette excuse, comme
si sa tête avait tremblé après ces mots. Malgré l’ombre intense qui
couvrait son visage, dissimulant des traits flous, Jor-El identifia cela comme
une inquiétude certaine. La phrase qui suivit encouragea ce sentiment.
???: rien de grave ?
Jor-El eut un curieux rictus, comme si ces doutes le
faisaient rire. Alors que c’était tout le contraire. Il n’avait aucune
confiance en cet homme qui dirigeait pourtant l’opération qui ferait de son
fils un sauveur. Peut être parce qu’il avait été le mentor du Kryptonien le
plus redouté de tous les temps. En tous les cas, il ne parvenait pas à
dissiper cette répugnance qu’il lui inspirait.
Jor-El : non … mais Lara s’inquiète …
L’homme en tunique dorée baissa légèrement la tête.
Jor-El était surpris par son attitude, d’ordinaire dénuée du moindre
sentiment, ce qui n’était pas pour accentuer l’estime que Jor-El lui
portait. Mais ce dernier dut admettre, à contre-cœur, que les mots qu’il
prononça ensuite semblaient plutôt sincères.
???: je la comprends … envoyer son fils à des
années lumière de sa planète natale doit être une décision atroce à
prendre …
Jor-El laissa un instant sa surprise se manifester,
regardant l’ombre sur le visage de cet homme qu’il haïssait plus que tout
au monde. Jouait-il la sympathie ou était-il réellement sincère ? Il
n’aurait su le dire.
Aussi, reprenant la parole sur un ton plus doux,
exprimant ouvertement ses soupçons, Jor-El lui fit :
Jor-El : oui … (rehaussant le ton) mais le
destin qui l’attend vaut bien ces sacrifices …
Jor-El aurait aimé croire à ses propres paroles
mais c’était très loin d’être le cas. En fait, malgré ce qu’il faisait
croire à tout le monde, y compris à Lara, il avait peur de craquer au moment
du départ de son fils. Après tout, il n’était qu’un Kryptonien. La
souffrance ne lui était pas étrangère et il la sentait sommeiller au fond de
lui-même, menaçant de faire surface à tout moment et d’éclater dans toute
son intensité. Il espérait juste que ce moment arriverait au plus tard ;
lorsque le vaisseau de Kal-El survolerait Alehi.
???: installes-toi, Jor-El …
En signe de respect, Jor-El acquiesça d’un timide
abaissement de la tête, fermant les yeux. Il releva la tête lentement,
rouvrant les yeux et observant un nouvel instant ce visage ombré, qui pouvait
coûter tant à son fils. Anah-Ven, car tel était son nom, souhait un tout
autre avenir que celui d’un sauveur pour Kal-El. Seul Jor-El l’avait découvert
et il avait orchestré un plan, minutieux et secret, pour permettre à son fils
d’y échapper. Il espérait juste que cela suffirait. Il avait foi en son fils
et était certain que sa véritable nature serait la plus forte. Pourvu que cela
soit le cas …
Jor-El enleva sa main droite de son autre bras, révélant
ce qu’il tenait jusqu’alors : une sorte de bracelet métallique, de couleur
noire luisante. Une plaque bleue, posée dessus, brillait étrangement. Jor-El décroisa
ses bras, ne se préoccupant pas de ce mode de téléportation et amena ses
mains aux rebords de sa capuche, posée sur sa nuque. Il la releva et, se
tournant vers sa gauche, l’enfila sur sa tête. Il contourna le coin du bureau
blanc et s’installa dans son fauteuil, très peu confortable. Jonathan le vit
alors se figer sur place, tandis qu’il ne semblait pas encore complètement
installé. Tout, dans cette salle, de Jor-El à Anah-Ven, en passant par les
vaisseaux spatiaux, passant au ras de la baie vitrée, au fond, semblaient s’être
figé.
A ce moment, le Jor-El présent sur sa droite, celui
qui le guidait depuis le début dans son voyage, s’avança de plusieurs pas et
passa devant un Jonathan qui n’y comprenait plus rien. Jor-El avança ainsi
jusqu’au centre de la salle et se plaça sur la marque du « Destin », à
l’endroit même où s’était tenu son double juste avant lui. Après
quelques secondes durant lesquelles il contempla le conseil, le regard de
Jonathan braqué dans son dos, Jor-El se retourna et adressa à son « ami »,
un regard bleu plus froid qu’à l’habitude.
Jor-El : connaissez-vous ces personnes ?
Sans que l’idée ne passa par son cerveau,
Jonathan articula, de ses fines lèvres :
Jonathan : non.
Jor-El n’en était pas surpris le moins du monde.
Comment aurait-il pu en être autrement. Il poursuivit son exposé d’une voix
posée résonnant en écho étrangement.
Jor-El : ils composaient le Conseil d’Alehi
… leur rôle était à la fois simple et indispensable …
Jor-El marqua une pause, laissant sa phrase en
suspend. Jonathan savait très bien ce qui allait suivre, ce Conseil était
l’aboutissement logique de ces souvenirs que lui avait montré Jor-El. Quel
aurait pu être son autre rôle ? Il l’écouta ainsi transposer à l’oral ce
que son esprit pensait si puissamment.
Jor-El : … organiser le destin sans équivoque
de mon fils …
Jonathan sourit en entendant les paroles du père
biologique de son propre fils. Lorsque celui-ci avait prononcé les mots « mon
fils », Jonathan avait entendu « votre fils ». Car oui, il s’agissait de
son fils, Clark Kent, élevé comme n’importe lequel des terriens mais promis
à un destin hors du commun. Jonathan comprenait maintenant combien devait être
importante la portée de cette destinée. Sinon, pourquoi tant de personnes se
seraient affairés à l’organiser, dans la minutie la plus aiguë ? Il était
fier de ce petit garçon qu’il avait aidé à devenir un homme. Il était fier
de faire partie de la vie de celui qui resterait à jamais sauveur, à ses yeux.
Jor-El tourna le dos à Jonathan, pivotant sur lui même
et porta son regard à son double, en train de s’installer sur l’extrême
gauche du bureau.
Jor-El : cinq membres le composaient … moi,
Jor-El, père biologique de Kal-El et représentant de ses intérêts …
Jor-El marqua une pause. Jusque là, Jonathan
suivait parfaitement. Avant son voyage, Jonathan aurait mis sa main à couper
que le père de Clark était le seul maître d’orchestre de la Destinée de
son fils. Mais ce ne semblait pas être le cas, loin de là.
Jor-El dévia son regard sur l’homme, sur la gauche
du Jor-El au bureau et reprit :
Jor-El : … Yen-Al, que vous avez vu tout à
l’heure me parler … Il était le dernier prophète de Krypton. C’est lui
qui a su précisément comment faire pour éviter à Kal-El de tomber en de
mauvaises mains. En d’autres termes, c’est lui, avec ma suggestion, qui vous
a choisi, Martha et vous …
Jonathan écarquilla les yeux. Pour une révélation,
c’était vraiment une grosse révélation ! Jonathan avait toujours cru avoir
trouver Clark par pur hasard, un don du ciel dans un certain sens. Mais cela ne
semblait pas être le cas. Jor-El avait choisi Jonathan pour élever son fils,
signe d’une confiance sans égal.
Jonathan : (abasourdi) vous nous avez … choisi
?
Jor-El : (sans regarder Jonathan, souriant) oui
…
Jor-El imposa de nouvelle secondes silencieuses
avant de se tourner vers l’homme du centre, le dénommé Anah-Ven. Jonathan,
par ce phénomène étrange qu’il ne comprenait toujours pas, ressentit de
nouveau cette haine qui se manifestait en Jor-El, chaque fois qu’il faisait
face à ce Kryptonien. Il le détestait au plus haut point, c’était une
certitude. Et la voix dure, plus froid qu’auparavant que prit Jor-El, ne fut
pas pour déformer ces dires.
Jor-El : Anah-Ven était le Grand Maître du
conseil, un peu votre président … c’est lui qui a tout organisé, du début
à la fin. Il avait accès à des éléments que personne d’autre ne pouvait
voir …
Et visiblement, cela inspirait en Jor-El un désarroi
mêlée à une furie qu’aucun mot n’aurait su exprimer. S’il avait pu,
Jonathan était certain qu’il aurait utilisé ses pouvoirs pour pulvériser ce
dénommé Anah-Ven. Mais qui était-il ? Pourquoi lui en voulait-il autant ?
Jor-El porta son attention sur la personne au corps
mince, plus que les autres, présente sur la gauche d’Anah-Ven.
Jor-El : Ira-Is … responsable des relations
inter-planètaires et lien avec le peuple des Kawache, de la cité d’arrivée
de Kal-El …
Une nouvelle fois, Jor-El apprenait un élément des
plus importants à Jonathan. Les Kryptoniens avaient donc été liés, d’une
façon ou d’une autre, avec le peuple des Kawache. Cela expliquait beaucoup de
choses : la légende inscrite sur les parois de la grotte, l’esprit de Lara
incarné en Kaliya et l’esprit de Jor-El enfermé dans ces grottes … Rien
avait laissé au hasard, rien.
Jor-El porta son regard bleu, devenu vide de toute
expression après le passage sur la silhouette de Anah-Ven, vers l’ultime
membre du conseil, assis à l’extrême droite du bureau.
Jor-El : et enfin, Ava-El … mon frère et
guide de Kal-El durant son voyage formateur …
Jonathan fronça alors les sourcils, en entendant ce
nom, « Ava-El ». Il était certain de l’avoir déjà entendu, peut être de
la bouche de son fils. Il n’aurait su dire quand et pour quelle raison mais il
était certain de le connaître, d’une manière ou d’une autre.
Jonathan : Ava-El ? Qui est-ce ?
Toujours le dos tourné au père adoptif de son
fils, Jor-El esquissa un large sourire. Oui, Jonathan le connaissait, il ne
pouvait en être autrement. Sinon, cela voudrait dire que la relation sans
secrets père-fils qu’il s’était donné tant de mal à instaurer, entre
Clark et Jonathan, ne serait qu’un voile dissimulant la triste vérité.
Il se retourna lentement et adressa à Jonathan un
regard bleu qui avait retrouvé cet aspect bienveillant qu’avait hérité
Clark de son père biologique.
Jor-El : le nom de « Josh Servant » vous parle
peut être plus ?
Jonathan écarquilla les yeux, tellement cette révélation
était importante. Il se rappela alors ce moment, où Clark lui avait révéler
ce qui s’était passé à l’hopital de Smallville, lorsque Jor-El lui avait
retiré ses pouvoirs « Il l’a appelé Ava-El … je crois que Josh n’est
pas vraiment celui qu’il paraît ! ». Oui, Clark avait raison : Josh n’était
pas du tout celui qu’il paraissait.
Mais comment cela était-il possible ? Le seul
Kryptonien ayant survit à la destruction était Clark, la Prophétie était
formelle.
Jonathan : mais comment … ?
Jor-El : celui qui se fait appeler Ava-El
n’est qu’un clone de mon frère …
Jor-El esquissa un nouveau sourire. L’effarement
présent sur le visage de Jonathan l’amusait, cette expression abasourdie était
si cuisante.
Jor-El : lorsque nous avons découvert que
Kal-El serait envoyé sur Terre, il nous ait apparu indéniable qu’il devrait
être guidé. Mon frère s’est alors proposé pour ce rôle ; il avait une
dette envers Lara et moi … J’ai donc mis un plan dont je suis fier en place
: j’ai confié un échantillon de son sang à un puissant terrien et comme je
m’en doutais, il s’est empressé de faire renaître Ava-El …
Jonathan aurait aimé connaître également le nom
de ce puissant terrien. Mais Jor-El ne lui dirait peut être jamais. Et puis,
après tout, peu lui importait son nom. Ava-El était digne de confiance, il
avait montré à maintes reprises.
Jor-El : la tâche du Conseil s’est révélée
plus ardue que prévue. Ce que vous allez voir est l’aboutissement de son
travail …
Jonathan, regard braqué dans le dos de son
interlocuteur, le vit disparaître en super-vitesse, dans un sillon de couleurs
blanches. Ainsi, il revint à sa place initiale : sur la sa droite. Le temps
reprit sa place, débloquant la scène.
Le Jor-El, derrière le bureau en demi-cercle, termina
de s’installer tandis que la voix d’Anah-Ven, au centre, s’élevait de
nouveau, d’une froideur implacable mais qui l’enveloppait d’une
extraordinaire aura de puissance et de charisme.
Anah-Ven : nous attaquons aujourd’hui la dernière
ligne droite du projet … nous allons décider des lieux qui abriteront les
cristaux du Destin, avant que Kal-El ne soit apte à les retrouver lui même …
Avant même que les derniers mots de sa phrases ne
se soient évanouis, au centre de la salle, devant le bureau, une lueur dorée
était apparue. Rapidement, elle traça, à l’aide de faisceaux lumineux
translucides, ce qui ressembla bien vite à l’hologramme de la table du dôme
du Destin, supportant un petit dôme pyramidal en son centre. Au dessus de son
sommet, flottait la clé octogonale, réplique parfaite de la réel, de sa forme
à ses symboles. Tout autour du dôme, sur la platitude de la table, étaient
posés les trois cristaux, dans tous leur détail. La seule différence
demeurait leur diaphanéité.
Anah-Ven : nous commencerons par le cristal de
l’Espoir …
L’hologramme doré pivota pour présenter le
cristal de l’Espoir, face au bureau. Le cristal translucide s’agrandit de
lui même avant d’être le seul à apparaître, flottant au dessus de la
marque du destin.
Ira-Is : les Shamanes ont prouvé leur loyauté,
on peut leur faire confiance aveuglément.
Jor-El : (approuvant) Lara serait d’accord.
Anah-Ven : bien, qu’il en soit ainsi …
Obéissant au pensées du Grand Maître,
l’hologramme rapetissa et laissa réapparaître l’hologramme de la table du
dôme du Destin. La table pivota sur elle-même et laissa le cristal du Savoir
apparaître face au bureau, posé sur la table. Une nouvelle fois, le cristal
s’agrandit, comme son prédécesseur et se mit à flotter au centre de la
salle.
Anah-Ven : vient ensuite le cristal le plus
puissant, celui du savoir …
Mais soudain, une nouvelle lueur apparut, non
commandée par l’esprit d’Anah-Ven. Une lueur d’un rouge vif, intense et
ensorcelant. Sa puissance dépassait de très loin celle qui avait enveloppé
Jor-El, à son arrivée en ces lieux. Elle était si puissante que chacun des
membres, contrairement au moment de l’arrivée du père de Kal-El, se détournèrent,
écartant leur regard de cette aura de lumière qui ne cessait de gagner en
intensité. Une sphère de lumière rouge, d’un éclat éblouissant, venait
d’apparaître à mi-hauteur, flottant au travers de l’hologramme doré. Elle
tournoyait lentement, majestueusement sur elle même. Mais sa rotation commença
rapidement à gagner de la vitesse, pendant de trop courtes secondes. Après une
seconde d’une rotation devenue trop effrénée pour durer, elle explosa et
provoqua une violente onde de lumière rouge qui s’échappa de son implosion
et se dirigea vers les parois de la pièce. Elle frappa chacun des membres du
Conseil, qui n’y réagirent pas. Mais, lorsqu’elle frappa la baie vitrée,
derrière eux, la vitre explosa et tomba bruyamment sur le sol.
Jonathan, traversé par l’onde, resta un instant la tête
baissée, abasourdi par ce qu’il venait de voir. Puis, sentant étrangement
une présence obscure, non voulue, il releva les yeux, tout comme l’avaient
fait chacun des membres du Conseil d’Alehi.
Il porta son regard au bas d’une silhouette habillée
d’une grande toge de tissu ample, d’un rouge vif éclatant. Lentement, il
releva les yeux le long de son corps mystérieux, le caressant de ses rétines
claires jusqu’à arriver à hauteur de l’arrière de sa tête, couverte
d’un large capuchon.
Tout comme elle l’avait fait à l’arrivée de
Jor-El, la caméra contourna le nouveau venu par la gauche et vint le filmer
mais cette fois devant, en un plan oblique. Malgré ce plan destiné à découvrir
son identité, c’était peine perdue. Le large capuchon tombant sur son
visage, assombrissait les traits flous, ombrés qui faisaient sa personne. Seul
un teint blanc et un sourire radieux étaient visibles, dans l’ombre.
Le temps sembla à nouveau se figer, avant que Jor-El
ne reprenne la parole, à côté de Jonathan.
Jor-El : connaissez-vous cet « être » ?
Jonathan : non.
Et Jonathan était plus qu’honnête. Jamais il
n’avait entendu parler, dans toute sa vie, d’un homme habillé de telle manière,
aussi voyante.
Lorsque Jor-El reprit la parole, Jonathan comprit très
rapidement que cet « être » comme il l’avait appelé, devait être la
menace dont il lui avait parlé. Le timbre de sa voix était macabre et parcouru
d’une peur, d’une panique qui ne lui étaient pas habituels.
Jor-El : il se nomme Anu’kh … il est
l’instigateur de la destruction de Krypton …
Jonathan tourna vivement la tête vers son homologue
Kryptonien. Les yeux écarquillés, il regarda Jor-El comme s’il le voyait réellement
pour la première fois. Lui qui avait toujours cru que Krypton avait explosé
suite à des conséquences naturelles, il n’aurait jamais pensé qu’elle
l’avait été par la volonté d’un simple homme.
Il reporta son attention sur Anu’kh, de dos,
immobile, tel une statue de cire.
Jor-El : il faut que vous sachiez que, selon la
légende, Krypton a été créée par deux dieux créateurs : Råo et Sethi …
Kal-El serait l’ultime descendant de Råo, Anu’kh l’ultime descendant de
Sethi. A ce titre, il prétendait être le seul à avoir le droit de gouverner
Krypton, Kal-El étant trop jeune. Mais le Conseil ne l’approuvait pas, ses vœux
de conquête en faisaient un grand danger. Vous allez le voir par vous-même …
Le temps reprit de nouveau la place qui lui était
propre laissant l’image redémarrer. Le cœur battant à tout rompre,
Anah-Ven, reconnaissant la silhouette atypique de Anu’kh, se leva brusquement
de sa chaise et s’avança devant son siège. Visiblement très inquiet, il
amena sa main droite au niveau de son ventre et l’ouvrit. Peu après, une sphère
de lumière dorée y apparut, tournoyant sur elle même. Il s’exclama, à
l’adresse d’Anu’kh :
Anah-Ven : que fais-tu là ??!
Il ne faisait aucun doute que la présence
d’Anu’kh, Le Sauveur, était une grande surprise pour Anah-Ven. Les bras
croisés dans ses larges manches, Anu’kh profita au mieux de cette situation
qui le faisait âprement sourire.
Anu’kh : pourquoi tant d’animosité ! …
toi qui prône la solidarité ! Je t’avouerai que je suis profondément déçu
!
Cette douce ironie, sonnant dans sa voix délicate,
faisait froid dans le dos. Anu’kh se jouait, comme à son habitude, de la peur
de son interlocuteur. Un interlocuteur qui pouvait avoir doublement peur : il était
celui qui avait enseigner à Anu’kh tous ses pouvoirs et donc le mieux placer
pour savoir que son pouvoir était infini.
Anah-Ven : tu ne devrais pas être là ! Comment
tu … ?
Anu’kh : (froidement, l’interrompant)
comment je suis revenu de ce monde dont on ne revient pas ? … (baissant la
voix) je ne suis pas comme tout le monde, tu le sais …
Anah-Ven faisait référence à un monde parallèle,
créé par les Kryptoniens pour y envoyer les criminels. Personne n’en était
jamais revenu, personne jusqu’à Anu’kh. Ce monde était une sorte d’enfer
perpétuel, des flammes qui brûlaient n’importe quoi. Anu’kh y avait été
envoyé pour avoir violé un temps, à Alehi et avoir volé un cristal
ancestral, renfermant le pouvoir de Sethi. Il avait essayé d’éradiquer la
population avec. Un plan qui avait finalement pu aboutir, tel était le destin
de la planète.
Anu’kh semblait appuyer son regard puissant sur le
visage ombré de son homologue Kryptonien, dont les traits flous se révélaient
grâce à la lueur dorée de la sphère lumineuse, dans le creux de sa main.
Il ajouta d’un ton ouvertement enjoué :
Anu’kh : tu devrais être fier ! Ton
apprentissage m’a permis de m’en sortir …
Mais cela semblait loin d’être le cas. Cette
partie de sa vie à laquelle faisait allusion Anu’kh, Anah-Ven l’avait rayé
de son esprit. Ces cauchemars, présent dans son esprit depuis de longues années
n’avaient cessé de s’accentuer, au fil de ces derniers mois jusqu’à
atteindre leur paroxysme, au début de cette nouvelle semaine. Il avait alors
compris, après ses nombreux réveils en pleine nuit, que quelque chose
d’horrible se préparait, étranger à la prochaine destruction de la planète.
La silhouette d’Anu’kh, présent juste devant lui, était la réponse et la
matérialisation de ces rêves continuels. Pourtant, cela ne le rassurait en
rien. Au contraire, cela ne faisait qu’empirer les choses : comment imaginer
que la prochaine destruction de Krypton et la réapparition soudaine du Mal en
personne soient une curieuse coïncidence ? Anah-Ven voyait plutôt en cela une
réponse à l’origine de cette destruction.
Anu’kh laissa un curieux rire, dénué de la moindre
joie mais teinté d’une moquerie ouverte jaillir de sa gorge, avant
d’ajouter, de cette même voix enjouée faisant frémir les esprits les plus
forts de l’assemblée.
Anu’kh : que comptes-tu faire de cette boule
d’énergie ? me la lancer … ?
Anah-Ven : (voix dure) ne m’y obliges pas !!
Anu’kh éclata d’un nouveau rire glacial, teinté
d’une moquerie encore accrue. Il trouvait cela tellement ridicule, surtout en
sachant que Anah-Ven l’avait forgé lui même.
Anu’kh fit volte face, gardant les bras croisés et
traversant les faisceaux lumineux dorés, constituant l’hologramme du cristal
du Savoir et s’éloigna lentement vers le fond de la salle, en direction de
Jonathan. Ce dernier le regarda approcher, de ce pas délicat, majestueux, tout
comme le faisaient chacun des membres effrayés du Conseil d’Alehi.
Inlassablement, Jonathan vit son visage blanc, envahi d’ombre, devenir plus
distincte, moins flou. Encore quelques pas et Jonathan verrait son visage de
tout juste quelques centimètres : peut être réussirait-il à voir son visage,
malgré le capuchon. Anu’kh s’arrêta à moins d’un pas de Jonathan,
regardant au travers de lui. Il pouvait presque sentir son souffle chaud,
sortant de ses fines narines, caresser la peau de son visage dans un râle
sourd. L’ombre provoquée par les bords vifs du capuchon rendait son visage pâle
obscure, maléfique. Ses yeux, qui auraient pourtant dû apparaître malgré la
pénombre, tel deux pierres précieuses envahie d’obscurité, restaient
parfaitement dissimulés. Seul son large sourire maléfique, radieux, était
visible, constitué de deux fines lèvres étirées au maximum. Jonathan n’eut
aucun mal à reconnaître ce sourire, aux nuances sombres qui était resté gravé
dans son esprit. Il le connaissait, et très bien même. Jonathan laissa une
stupeur sans égal traverser son visage, comprenant ce qu‘était et surtout,
qui était la menace dédiée à la Terre.
Anu’kh tourna à nouveau les talons, comme s’il
avait vu Jonathan, face à lui et était satisfait de son acte. Il
s’immobilisa alors, apercevant enfin l’hologramme du cristal du Savoir,
flottant au dessus de la marque du Destin. Son sourire au bas de son visage
–seul élément éclairé de son visage- s’accentua, le reconnaissant. Il
avança de trois pas, s’éloignant de Jonathan et s’arrêta devant
l’hologramme, le regardant avec un intérêt non dissimulé :
Anu’kh : oh, mais ne serait-ce pas le cristal
du Savoir, l’entité de Krypton ?
Anu’kh releva lentement la tête de l’hologramme
vers la silhouette dorée d’Anah-Ven, lui adressant ce sourire extatique qui
provoquait un effroi sans égal en celui qui fut son mentor, jadis.
Anu’kh : vous touchez au but donc …
Anah-Ven se sentait boullir, intérieurement. Non
pas de cette peur grandissante, sans équivoque, que provoquait Anu’kh à
chacune de ses apparition. Non. Une haine mêlée à cette haine impossible à
mesurer. Une haine contre lui même d’avoir créer le monstre qui se trouvait
devant lui, aujourd’hui même et qui avait assassiné, sous ses propres yeux,
sa femme et ses deux enfants, sans éprouver le moindre remords. Le seul
sentiment qui avait jalonné cet acte dénué de toute humanité, encré en
Anu’kh, avait été cette joie de voir l’autre souffrir le martyr. Il aimait
tant cette sensation.
Anah-Ven laissa cette fureur éclater et resserra un
peu plus son étreinte sur la sphère de lumière doré, manquant presque de
l’éteindre sous la pression. Il se reprit pourtant aussitôt, reprenant un
peu du self-contrôle qui l’empêchait d’annihiler Anu’kh, face à lui. Ou
tout du moins essayer. Il cracha alors ces paroles emplies de rage au visage de
d’Anu’kh, qui ne tressaillit même pas.
Anah-Ven : Anu’kh, sors d’ici !!
Anu’kh perdit un instant son sourire, observant le
plus intensément possible le visage aux traits furieux d’Anah-Ven. Celui-ci
crut pendant un doux moment avoir gagner. Il eut même l’impression de voir
une lueur rouge envelopper la tunique de son homologue Kryptonien. Mais cela
n’était qu’illusion, pur fruit de son imagination. Le Sauveur, comme il se
faisait appeler sur Terre, retrouva trop rapidement son sourire au goût
d’Anah-Ven. Sa rage explosa subitement sans qu’il ne puisse rien faire pour
l’empêcher.
Anah-Ven se pencha sur le bureau blanc en arrachant son
épaule devant lui : il venait de lancer la boule d’énergie à une vitesse phénoménale
en direction d’Anu’kh. [SLOWING DOWN – Un sillon de vitesse, véritable
suite de cercles flous translucides, apparurent dans la course de la sphère
lumineuse qui arriva bien trop vite à hauteur d’Anu’kh pour qu’il puisse
réagir. Mais au moment où la sphère arriva à deux centimètres de la tunique
rouge d’Anu’kh, une barrière de lumière noire apparut, le protégeant, électrisée
d’un courant doré la parsemant. A son contact, la sphère explosa
furieusement dégageant un souffle prodigieux, se dissipant en cercle tout
autour de la table. Sous son effet, chaque capuchon de chaque membre du Conseil
vacilla, découvrant leur visage. Anu’kh n’était pas épargné : sa capuche
s’abaissa également. La caméra fit un gros plan dessus.
Son visage blanc, aux traits fins, juvéniles, n’étaient
étrangers à personne. Son sourire machiavélique, perçant son visage pâle,
n’avait d’égal que celle de son paternel. Son crâne luisant était dépourvu
de cheveux, tout comme la totalité de son visage : ce visage était très pour
trait celui de Lex Luthor, l’ex-ami et futur ennemi de Clark. Deux seuls éléments
différenciaient Anu’Kh de Lex : un grand tatouage noire, d’origine Sethi,
peint sur le côté gauche de son visage et le couvrant, du haut de son crâne
jusqu’au milieu de sa joue creusée ; ainsi que son regard. Le bleu presque
diaphane qui le remplissait avait été remplacé par une noirceur totale,
inexpugnable. Pas une autre couleur n’était présente dans ses yeux, le noir
absolu.
Le Conseil n’en revenait pas. La sphère de lumière
n’avait pas eu le moindre effet sur Anu’kh. Anah-Ven avait pourtant démontré
à maintes reprises qu’il était le puits de puissance du peuple, personne
n’avait encore résisté à cette attaque. Mais Le Sauveur n’était pas
n’importe qui, et Anah-Ven aurait dû s’y attendre.
La barrière de lumière noire s’abaissa,
disparaissent complètement. Mais Anah-Ven ne s’arrêterait pas là. Il ouvrit
ses deux mains et y laissa apparaître une sphère de lumière dorée chacune.
Rageur, il poussa un hurlement et lança coup sur coup les deux sphères, avant
d’en faire réapparaître deux nouvelles, qu’il lança à leur tour. Mais
cela n’avait aucun effet : chacune d’elle explosait au contact de la barrière
de lumière et ne provoquait qu’un nouveau vent puissant. Après dix sphères
lancées, sans conséquences, Anah-Ven s’immobilisa, essoufflé, sous le
sourire d’Anu’kh.
Reprenant son souffle, Anah-Ven ne put qu’admettre
l’abjecte vérité : il était impuissant. Anu’kh décroisa lentement les
bras, les enlevant de ses manches et découvrit deux mains blanches, la droite
pourvue d’un tatouage Sethi noir. Il renversa cette main et l’ouvrit, tout
comme l’avait fait Anah-Ven avant lui. Peu après, une boule de feu, entremêlés
de flammes étranges, y apparut, flottant au dessus de sa paume et tournoyant
doucement sur elle même. Fixant Anah-Ven, son visage asiatique tiré par la
peur et la fatigue, il reprit la parole de ce ton horriblement calme :
Anu’Kh : même à cinq, vous n’avez pas
l’ombre d’une chance …
Cette phrase provoqua un froid glacial qui se
propagea de corps en corps, tel un virus particulièrement rapide et virulent. Même
Jonathan se sentit parcouru d’une vague de frissons indescriptibles. Ce
Anu’kh avait un sens inné pour provoquer la peur. Chacun des membres voyaient
sa vie défiler devant ses yeux, certain que leur dernière heure était arrivée.
Mais, à leur plus grand étonnement, Anu’kh ferma
cette main et éteignit la boule de feu. Des fins filets de fumée s’échappèrent
de sa main serrées, entre ses doigts. Souriant, il reprit d’un ton moins
ferme, plus enjoué.
Anu’kh : je sais que Kal-El s’apprête à
quitter Krypton …
Cela n’annonçait rien de bon. En son absence, le
Conseil de Krypton avait pu organiser le départ du dernier fils sans se soucier
de le cacher mais s’il était revenu, il ne faisait aucun doute qu’Anu’kh
en avait entendu parler. Son départ semblait donc très compromis, le
connaissant. Et pourtant …
Anu’kh : … mais je ne comptes rien faire
pour l’empêcher. Si j’avais voulu le faire, il serait déjà mort …
Derrière son bureau, Jor-El sentit ce froid, en
lui, s’accentuer alors qu’il gagnait les seules parties de son corps qui
n’étaient pas encore atteintes. Une colère commençait pourtant à naître,
au fin fond de lui même. Une haine qu’il faudrait canaliser, pour éviter
d’aller au devant de graves ennuis.
Anu’kh : … la Prophétie parle de deux fils,
comme vous le savez. La destinée du fils du mal me tient à cœur. Je tenais
donc à fournir un élément qui vous sera fort utile : les deux fils devront
embrasser leur destinée finale trois ans, jour pour jour, après leur
rencontre. Sinon quoi, tous deux mourront …
Anu’kh laissa un long silence s’installer, la
brise provenant de dehors, au travers de la baie vitrée brisée, venant
souffler sur son visage. Le noir de son regard perçait l’air et refroidissait
Anah-Ven en son for intérieur. L’attitude d’Anu’kh était plus que
surprenante, cela n’était pas dans ses habitudes. Que préparait-il dans
l’ombre ? Anah-Ven devait savoir.
Anu’kh avait tourné les talons et s’avançait de
nouveau vers Jonathan, quand la voix du Grand Maître s’éleva,
l’interpellant sans assurance quelconque.
Anah-Ven : (voix froide) pourquoi nous dis-tu
cela ?
Anu’kh s’arrêta, regardant droit devant lui. Un
sourire de dément traversa son visage radieux.
Anu’kh : je te le dis parce que la conquête
de la troisième planète passe par Kal-El … mais ça, tu le sais déjà …
Jonathan entendit les derniers mots prononcés par
Anu’kh résonner en un curieux écho, dans sa propre tête. Une douceur
palpable l’enveloppa de toutes parts, s’emparant de ses cinq sens et lui
procurant une sensation de bien-être encore jamais ressenti. Ou peut être si
… Ce sentiment évoquait en lui quelque chose, un souvenir pas si lointain que
ça. Jonathan essaya de se le remémorer, fermant les yeux et esquissant un
large souvenir. Mais sa mémoire lui faisait défaut. Ou peut être … Peut être
ne voulait-il pas se rappeler. Peut être que cette sensation enivrante était
trop apaisante pour qu’il ne veuille pas en profiter, durant le temps
qu’elle enveloppait son corps, durant cette période extatique appelée à se
terminer, à tous moments. Jonathan devait s’attendre à cette éventualité
certaine. Une éventualité devenue réalité, quelques secondes plus tard …
Jonathan rouvrit les yeux. Une clarté d’une
blancheur éblouissante lui jaillit aux yeux, le forçant à les refermer aussi
tôt. La douceur avait complètement disparue sustentée par ce picotement, au
creux de ses rétines oculaires. Le père adoptif de Clark cligna plusieurs fois
des yeux, essayant à grand peine d’adapter sa vue au nouveau lieu car, c’était
un fait, il avait à nouveau changé de lieu. Enfin, après de longues secondes,
il put regarder droit devant lui. La lumière blanche aveuglante, les parois
obliques, le silence total …Aucun doute possible, Jonathan était revenu à
son point de départ, dans le Dôme Artificiel. Il baissa les yeux vers son
corps, il connaissait le seul moyen d’en être sûr. Sa tunique blanche avait
été remplacée par cette chemise en soie noire, posée sur un jean grisé.
Jonathan sentit une légère brise de vent souffler dans son dos et se retourna,
sachant ce qu’il verrait face à lui : Jor-El. Le père biologique de Clark
souriait radieusement, regardant Jonathan droit dans les yeux, les bras croisés.
Ce dernier se retourna complètement et, les sourcils froncés, lui demanda,
pour en être certain :
Jonathan : je suis …
Jor-El : revenu ? oui …
Jonathan baissa un instant les yeux. Il se rappelait
très précisément chacune des scènes auxquelles il avait assisté, chacun des
endroits qu’il avait visité, chacun des visages qu’il avait observé. Le
monde antique de Krypton resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Pourtant,
une visage, une silhouette, une scène prenait toute la place de son esprit,
celle concernant la menace planant sur la tête de Clark : Anu’kh. Surtout son
visage … Lex était cette menace.
Jor-El prit la parole, le visage ferme, le regard
charismatique.
Jor-El : ce n’est pas Lex que vous avez vu.
Jonathan sentit à nouveau cette colère que lui
provoquait Jor-El chaque fois qu’il pénétrait dans son esprit. Il détestait
cette violation de son intimité, s’il ne pouvait plus penser en paix, que
pouvait-il encore faire sans être épié ?
Il essaya de ne pas y prêter trop attention et répliqua,
de la voix la plus égale possible, percée d’une pointe de réprimande :
Jonathan : il avait son visage, je l’ai vu de
mes propres yeux !
Jor-El : je le sais, Jonathan. Je dois avouer
que c’est une curieuse coïncidence mais le fait est que Lex ne peut pas être
Anu’kh … Ce dernier descend de Sethi, un dieu Kryptonien. Lex est un terrien
; ce qui m’amène à cette interrogation : pourquoi Lex est-il le deuxième
fils ?
Jor-El révélait un élément crucial à Jonathan :
Clark était donc le Naman de la légende Kawache et Lex, Saguis. Martha et lui
avaient toujours consideré Lionel comme ce Saguis mais si c’était Lex, alors
cela changeait tout. La légende prenait tout son sens désormais : « Deux frères
devenant ennemis, pour l ‘équilibre de la planète ». Elle semblait retracer
l’évolution de ce lien si fort entre Clark et Lex.
Pourtant, quelque chose ne collait pas, Jonathan s’en
rendait compte. Avant de lui montrer ce dernier souvenir, Jor-El lui avait dit
qu’il allait lui révéler « la menace qui guettait Kal-El ». Mais si cette
menace n’était pas Anu’kh, pourquoi lui avoir montré cette scène ?
Jonathan : je ne comprends pas bien le rôle
d’Anu’kh dans tout ça. Il n’a rien à y voir !
Jor-El : oh si, au contraire ! Il a tout à y
voir …
Jonathan attendait la suite avec impatience. C’était
peut être l’un des derniers points obscures de toute cette histoire qui avait
amenée Clark sur Terre. Jor-El reprit la parole, d’un ton grave ne présageant
rien de très positif.
Jor-El : tout comme l’avait été Anah-Ven,
Anu’kh est devenu le mentor de Lex. Je ne sais pour quelle raison mais il le
guide vers les cristaux et l’héritage qui lui est dû …
Jonathan : mais c’est impossible ! Anu’kh est mort
dans l’explosion de Krypton … non ?
Jonathan avait baissé le ton, sur ce dernier mot,
preuve que lui même il n’était pas convaincu. Et ce n’était pas le regard
claire, touché par le désarroi, de Jor-El, qui allait le rassurer. Il se
rappela alors qui il avait en face de lui : un entremêlant de volonté, de
souvenirs et de lumière qui représentaient un homme, un père, qui était mort
16 ans auparavant. Aussi, lorsque Jor-El lui répondit, il ne fut pas surprise
par les mots que formèrent sa bouche :
Jor-El : non … Son esprit a été transféré
dans un autre vaisseau, qui quitta Krypton peu après celui de Kal-El. Il a dû
finir par attérir sur Terre, mais j’ignore où. Et, par un phénomène qui
m’est totalement inconnu, il a réussi à prendre le contrôle d’un humain.
Il l’habite …
C’était pire que tout, Jonathan s’en rendait
compte. Un Kryptonien, du temps de Krypton, habitait le mal absolu, personne ne
semblait capable de l’arrêter. Et cet esprit maléfique s’était réincarné
dans un humain et venait de s’associer à Lex Luthor, pour l’aider à acquérir
un pouvoir certainement plus destructeur encore que celui présent dans ses gênes.
Le mal enchaîné dans le mal. La menace était dévastatrice.
Le visage frappé par l’effroi, les yeux écarquillés
de stupeur, Jonathan trouva cependant les forces d’articuler cette phrase :
Jonathan : et Clark, il le sait.
Jor-El : non … mais tant qu’il n’aura pas
acquis l’héritage de son peuple, il ne possèdera pas l’ombre d’une
chance de les vaincre …
Jor-El marqua une pause, le regard mêlé dans celui
de Jonathan. Ce dernier baisse les yeux vers le sol, comprenant enfin la menace
qui guettait son fils, une menace de mort pire que tout ce qu’il avait dû
affronter jusqu’à maintenant.
Jor-El : (voix douce) c’est pour cela que vous
devez l’aider …
Jonathan releva les yeux vers Jor-El. IL les braqua
délicatement dans le sien et lut dans ses rétines quasiment translucide cette
peine, cette peur même de pouvoir voir son fils le rejoindre ici même, après
sa mort. Il ne voulait et ne pouvait accepter cette éventualité.
Jor-El : acceptez-vous de joindre votre amour à
mon esprit pour éviter le pire ?
Jonathan attendit quelques instants. Son vœu de
sauver Clark du pire était-il assez puissant pour oser faire confiance à celui
qui avait toujours fait croire que Clark deviendrait un tyran ? Devait-il rayer
cette méfiance de son esprit pour se laisser complètement envahir par
l’esprit de Jor-El et ne faire plus qu’un ?
Jonathan sentit alors une étrange sensation
s’emparer de lui, tel une douceur émanant de Jor-El. Il venait de lire son
esprit : un esprit tourmenté et apeuré, qui se sentait désemparé à l’idée
de ne pas pouvoir pérenniser la vie de son fils. Jonathan esquissa un sourire.
Jonathan : j’acceptes !
???: votre sacrifice sera vain, humain …
Jonathan, désormais conscient qu’il avait le don
de lire les esprits, sentit cette haine aussi puissante que ses propres peurs
apparaître à l’instant même où la voix s’élevait. Une voix dure,
froide, implacable et inconnue de Jonathan. Face à face, les deux pères de
Clark tournèrent la tête –Jonathan sur sa droite, Jor-El sur sa gauche- et
écarquillèrent les yeux en apercevant cette troisième personne.
La caméra se plaça entre les deux pères de Clark et,
rasant le sol d’un plan basculé vers le bas, fit défiler le sol blanc avant
de relever son objectif vers l’intrus : un grand homme vêtu d’une toge
rouge et son visage couvert d’un large capuchon. Ses bras étaient croisés
dans ses manches et son visage couvert d’une ombre surnaturelle : Anu’kh.
Cimetière
– Smallville – 10h18
Une tombe, parmi les trop nombreuses tombes du
cimetière de Smallville ressortait avec une évidence apparente : celle
constituée d’un étrange marbre sombre, au reflets bleutés sublimes. Sa
forme, arrondie, alliée à cette couleur sans égale dans l’étendue de
malheur qu’était ce cimetière, faisait de cette tomber, ainsi que de son
pauvre propriétaire une singularité toute particulière. Et ce n’était pas
les mots destinés au défunt, inscrits en blanc dans la roche sombre, qui
allaient amenuiser cette singularité. Celui qui avait imaginer ces mots
devaient connaître tout, absolument tout, de la vie de cet homme avant son
arrivée à Smallville :
« Josh SERVANT
12 Juillet 1985
08 Août 2005
His past was sacrified,
His present fulfilled,
His future stolen »
Chacune de ces phrases, chacun de ces mots,
portaient une signification bien particulière qui révélait à elle/lui
seul(e) qui Josh avait été. Malgré un passé qu’il n’avait révélé à
personne, pas même à Clark, l’homme à l’origine de sa venue sur Terre, de
sa résurrection sans pareille. Il avait juste agi comme il pensait être
convenable jusqu’à rencontrer un ennemi mortel, destiné à Clark. Un ennemi
prêt à tout pour arriver à ses fins …Prêt à tout … Même à tuer
quiconque se trouverait sur son passage et constituerait un obstacle inopiné ;
ce que Josh avait fait. Anu’kh l’avait donc supprimé, sans le moindre
scrupules.
Lentement, quittant la tombe installée sur la pelouse
semblable à un tapis de billard, la caméra recula dans un travelling délicate
et laissa apparaître la silhouette mince d’une jeune femme, immobile devant
cette tombe. Habillée d’un jean légèrement délavé, saillant son corps de
mannequin et d’une veste de tailleur noire, cintrée, la jeune femme semblait
absorbée par l’observation de cette tombe, face à elle. Ses cheveux blonds
mi-courts tombaient, légèrement courbés à leur pointe, sur des épaules
minces. La tête baissée, elle ne pouvait quitter des yeux les noms « Josh
SERVANT », des larmes roulant doucement, à écart régulier, le long de ses
joues douces et rosies. La caméra passa d’un plan filmant son dos à un plan
de profil, en la contournant par sa gauche. Le visage humidifié par les larmes
de Stefany Fener apparut, ses yeux d’un bleu déjà si intensément claire
devenu presque translucide. Embués de larmes, ils semblaient atrocement
brillant, révélant une détresse telle qu’elle n’en avait plus ressentie
depuis la mort prématurée de sa mère, lorsqu’elle avait cinq ans. Elle
serrait contre elle un bouquet de fleurs blanches, qu’elle s’apprêtait à déposer,
depuis de longues minutes déjà, sur la tombe de son défunt petit ami. Elle
ferma les yeux, laissant une nouvelle vague de larmes rouler sur son visage. Déposant
une partie de leur humidité sur la peau douce de la jeune femme, le reste des
larmes fut aspiré par le coin des lèvres pincées de Stefany et les mouillèrent.
Elle renifla une nouvelle fois, brisant l’insupportable silence du cimetière.
Sentant cette détresse l’envahir d’instants en instants, s’intensifiant
à chaque seconde de manière exponentielle, Stefany rouvrit les yeux et décida
d’avancer vers la tombe, d’un pas lent, ne quittant pas des yeux les mots
destinés à Josh. Elle s’arrêta juste devant, au bord de la pierre déjà
couverte d’une foule de fleurs toutes plus jolies les unes que les autres.
Elle le regarda encore quelques nouvelles secondes la
pierre tombale, aux éclats bleus sublimes, avant de s’accroupir, doucement.
Restant dans cette position, le bouquet de Chrysanthèmes serré dans ses deux
mains liés, elle posa son regard sur ces mots « future stolen ». Elle considérait
que cette personne, responsable de sa mort, lui avait du même coup voler son
propre futur. Car oui, Stefany était certaine que son petit ami avait été tué.
Il ne pouvait en être autrement. Elle n’avait jamais connu quelqu’un
d’aussi fort. Sa seule faiblesse semblait être ce lourd secret, qui
l’habitait continuellement et qu’il redoutait plus que tout de révéler, à
quiconque. Un secret qui avait fini par le rattraper.
Laissant une nouvelle larme rouler le long de son
visage couvert d’humidité, Stefany posa délicatement le bouquet sur la
pierre lisse, posée parallèlement au sol. Relevant lentement la tête, submergée
par une nouvelle vague de larmes dévastatrice, Stefany glissa, aussi étonnant
que cela puisse paraître, les mots suivant, dans un murmure difficilement
audible, même au milieu d’un silence tel que celui qui régnait alentour.
Stefany : prends soin de toi …
Stefany, suite à ces mots, baissa de nouveau les
yeux en esquissant un large sourire, tandis qu’une énième larme débordait
de son œil gauche. Elle laissa cette larme rouler le long de sa joue et releva
les yeux vers la tombe, la regardant une dernière fois. Et, enfin, elle se
releva lentement, ne pouvant quitter des yeux la tombe devant elle. Elle
n’arriverait jamais à partir : le simple fait de s’éloigner de cette tombe
signifierait qu’elle abandonnerait à jamais Josh, qui l’avait fait vibrer
comme personne. Il était le premier à la considérer comme elle le souhaitait,
comme une véritable femme, avec des sentiments et non une belle blonde à la
silhouette parfaite. Elle ne pouvait se résigner à l’oublier, c’était
impossible. Elle n’osait croire qu’il était mort, même avec la pierre
tombale, devant ses yeux.
Une main se posa délicatement sur son épaule gauche,
l’étreignant avec douceur. Le regard brillant, Stefany amena sa propre main
droite vers cette épaule et serra la main de son amie, touchée par le réconfort
qu’elle essayait de lui apporter. Ces mots suivirent :
???: viens … il est temps …
Stefany perdit les moindres petites nuances de son
sourire. « Elle a raison » pensa-t-elle, assez fort pour s’en convaincre. Lâchant
la main, sur son épaule, Stefany ferma les yeux et se retourna enfin vers son
amie. C’est ainsi qu’apparut la petite silhouette, mince, de Lana Lang,
habillée de la même manière que son amie. Ses longs cheveux bruns, ondulés,
tombaient sur ses épaules. Elle sourit, de façon à encourager Stefany, et se
plongea dans le regard empli de désarroi de Stefany.
Mais à cet instant précis, Lana vit une toute autre
émotion se mêler dans les rétines quasi diaphanes de son amie. Une peur, une
surprise des plus intenses confirmées par un reflet rouge assez intense. Un
reflet qui indiquait clairement à Lana ce qui se trouvait derrière elle, ce
qui affolait Stefany subitement. Aussi, le cœur battant, Lana se retourna à
son tour pour faire face à celui qui motivait son rôle de Gardienne, celui qui
incarnait le mal en puissance, celui qui avait tué Josh : Anu’kh.
Lana leva la main droite, prête à agir contre lui
bien qu’elle savait qu’elle n’avait aucune chance. Mais Anu’kh fut le
plus rapide. D’un geste ample de sa main droite, partiellement couverte
d’une manche de tissu rouge, il effectua un arc de cercle supérieur, de
gauche à droite. Sous son effet, sa main légèrement bronzée, marquée d’un
tatouage noir Sethi, se couvrit d’une lumière mêlant rougeâtre et orangé
et traça, dans sa course, une courbe de cette lumière étrange. Regardant
l’ombre intense, intarissable, couvrant le visage de son homologue, Lana ne
put empêcher une douceur incontrôlable, enivrante, de s’insinuer dans la
moindre parcelle de son corps. Le venin soporifique, partant de ses hanches et
remontant vers sa tête était d’une telle virulence que, à l’instant où
ses particules envahirent l’esprit de Lana, cette dernière sentit ses paupières
alourdies se fermer rapidement et le sommeil l’envahir. L’instant suivant,
tout comme Stefany, elle tombait dans un sommeil artificiel des plus profonds.
D’un autre geste de sa main droite, Anu’kh les fit s’élever juste au
dessus du sol et, délicatement, les posa devant la tombe, à droite de celle de
Josh. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Anu’kh prit bien soin de
poser les deux corps le plus doucement possible sur l’herbe de la pelouse.
Ceci fait, il s’avança lentement vers la tombe de Josh et s’arrêta au
bord, la regarda avec une satisfaction non dissimulée.
Soudain, il releva les bras et les tendit à la
perpendiculaire de son corps, droit devant lui, révélant le dos de ses deux
mains. Une seule portait un tatouage, celle de droite. Il se concentra
pleinement sur ce qu’il s’apprêtait à faire. La même lumière mêlant
orangé et rougeâtre, teinta la peau bronzée de ses deux mains et agit sur la
pierre tombale, sous ses bras. Quelques secondes plus tard, la pierre sombre,
aux reflets bleu foncé, s’éclaircit nettement et se lit à luire d’un
reflet blanc éclatant, avant qu’un entremêlement d’éclairs de cette
couleur ne zébra étrangement la paroi plane, couverte de bouquets de fleurs.
Les particules de la pierres semblaient se séparer, s’écarter sous un effet
des plus étranges. Comme si, d’un pouvoir surprenant, Anu’kh parvenait à séparer
les atomes constituant la paroi dure de la tombe. Par instant, il était même
possible de voir au travers, la terre retournée qui avait recouvert le trou
dans lequel reposait le cercueil de Josh. Gardant les doigts tendus, anu’kh
releva pourtant presque imperceptiblement, les doigts de sa main droite vers le
haut avant qu’ils ne reprennent leur place initiale. Un geste qui ne serait
pas sans conséquences, c’était une certitude.
Et en effet, tout juste quelques secondes plus tard, le
montant d’une forme d’un noir très sombre, luisant étrangement, émergea
au centre de la tombe désormais translucide, morcelé de part et d’autres.
D’abord basée au centre, cette surface bombée noire continua de jaillir de
la tombe et s’élargit rapidement, prenant la taille de la pierre tombale. Et
le phénomène continuait. Bientôt, ce qui avait paru n’être qu’une plaque
d’alliage noir se révéla avoir une profondeur assez conséquente et constituée
de la même armature luisante, lisse et arrondie. Enfin, après de longues
secondes, le fond aux courbes arrondies apparut et la forme noire, très longue,
se mit à flotter entièrement au dessus de la tombe de Josh. Il s’agissait ni
plus ni moins que du cercueil de Josh, auparavant enterré dans le sol dur du
cimetière. Anu’kh avait réussi à rendre la matière du sol et de la pierre
tombale informe, de façon à faire jaillir le cercueil du sol et à le faire
flotter au dessus de la pierre tombale. Ses pouvoirs étaient sans égal.
Anu’kh leva alors la tête vers le cercueil flottant
dans les airs, faisant frémir légèrement le tissu rouge vif de son large
capuchon. Il ne se passa que quelques secondes avant que le cercueil noir,
luisant, ne soit lui aussi parcouru de cet entremêlement de fins éclairs
blancs, le rendant informe. La conséquence semblait alors évidemment. Peu après,
le cercueil amorça une lente et délicate descente vers sa place initiale,
traversant le corps sans vie, habillé d’un costume, de Josh. Rapidement, le
cercueil l’eut traversé et commença à entrer de nouveau dans la terre,
traversant de nouveau la pierre tombale translucide, diaphane. Lentement, il
reprit sa place : seul Josh, allongé dans les airs au dessus de la tombe, la tête
ballante, demeurait en dehors.
Lentement, Anu’kh ferma son poing droite, visiblement
ravi de ce qu’il venait d’accomplir. Pourtant, sa tâche n’était pas
achevée. Suite à son geste, le corps pourtant sans vie de Josh commença à se
recroqueviller et pivota sur le côté. Demeurant inerte, il se mit en position
fœtale, pour sa « renaissance ». Une lueur rouge, créée par une lumière
douce, l’enveloppa de toutes parts, constituée de fins bras de fumée rouge.
Ces bras, mouvant avec douceur, l’embrassaient de toutes parts, le couvrant
d’une couverture de lumière sans égal. A l’instant où la lumière
atteignit son paroxysme, une violente onde de cette lumière s’échappa du
corps de Josh, s’évaporant alentour, à l’instant où, dans le ciel
affreusement noir, un éclaire zébra les nuages menaçant.
L’onde de lumière frappa Anu’kh de pleine face,
sans l’atteindre plus que cela. La seconde suivante, le corps de Josh avait
disparu. Une fine pluie commença à tomber, se déversant des nuages obscures,
dans le ciel. Au fil des secondes, tandis que Anu’kh baissa les bras le long
de son corps, la pluie s’accentua jusqu’à devenir diluvienne. Le capuchon
d’Anu’kh frémit une nouvelle fois, alors qu’il portait son regard sur la
tombe de Josh.
Anu’kh : (pour lui même) maintenant, tu es
seul Kal-El …
Anu’kh n’attendit même pas d’avoir terminé
ses mots pour disparaître. Ces derniers s’évanouir en écho, étonnement. Un
sillon de vitesse rougeâtre suivit Anu’kh qui partait vers la gauche dans une
vitesse indescriptible.
******
La caméra descendait, dans un plan tournoyant sur
lui même, vers le corps de Lana, allongée sur le dos sur la pelouse, au pied
d’une tombe. Endormie, elle avait les yeux fermés et deux mèches de cheveux
bruns tombaient en travers de son visage d’ange. La pluie diluvienne
ruisselait sur son visage intensément humide, tant que des larmes d’eau
roulaient inlassablement, régulièrement sur ses joues, vers ses oreilles. Ses
cheveux, bien qu’épais, étaient déjà trempés de la racine à la pointe.
Son débardeur noir, sous sa veste de tailleur contré, collait à son corps
mince de mannequin. Rien ne semblait pouvoir la réveiller. Rien …hormis sa
propre volonté.
Un bruit sourd, délicat, se fit entendre à proximité
de la jeune femme. Lorsqu’il s’interrompit, un bras bronzé, le droit selon
toute vraisemblance, approcha du cou de la jeune Lang, le poignet couvert d’un
bracelet noir. L’homme joignit son index à son majeur et prit ainsi le pouls
de la jeune femme. Il fut rassuré de sentir son sang battre sous ses doigts,
signifiant qu’elle n’était qu’évanouie. S’il avait attendu ne
serait-ce que quelques secondes, il aurait pu s’en rendre compte sans avoir à
prendre son pouls. Car en effet, l’instant suivant, Lana ouvrit les yeux et,
le rythme de son cœur s’emballant soudainement, elle se releva en
s’asseyant et cria, d’une voix perçante :
Lana : Anu’kh !!!
La première image qui apparut dans ses yeux, au
moment où elle avait repris connaissance, avait été le visage ombré
d’Anu’kh. La menace était donc plus présente que jamais. Anu’kh, le mal
en personne, était bel et bien à Smallville et avait fait face à Lana.
Pourtant, pour une raison restée obscure, il ne lui avait fait aucun mal. Il
savait que Lana était une des trois Gardiennes. Mais non, il l’avait juste
empêché d’agir. Une réaction étonnante en le connaissant.
Réalisant où elle se trouvait en voyant la rangée de
tombes, de l’autre côté de l’allée, Lana reprit contact avec la réalité.
Elle était assise sur le sol mouillé du cimetière, l’eau de pluie
ruisselait sur son visage. Lana écarta les deux mèches de cheveux mouillés,
plaqués sur son visage et tourna enfin la tête sur la gauche, sentant une présence
à ses côtés. Relevant les yeux vers l’homme, elle s’exclama, surprise :
Lana : Kelhan ?! Qu’est ce que tu fais là ?!
La caméra remonta à nouveau son plan le long du
corps accroupi de Kelhan, à gauche de Lana. Habillé d’un jean délavé et
d’un maillot noir surmonté d’une veste de cuir, il regardait sa petite amie
d’un regard sérieux, inquiet qui lui était inhabituel. La bonne humeur qui
le caractérisait l’avait quitté, au profit de l’inquiétude qui avait
naquit en observant Lana évanouie au beau milieu d’un cimetière. Ses cheveux
noirs coupés courts gouttaient d’eau, son visage bronzé ruisselant de
plusieurs gouttes d’eau. Son regard sombre ressortait magnifiquement au milieu
de cette humidité sans pareille.
Kelhan : je pourrais te poser la même question
!
La tranquillité surprenante qui habitait son visage
bronzé et le timbre de sa voix ne présageaient rien de bon, Lana le savait.
Les rares fois où il avait été aussi sérieux, leur discussion s’était
portée sur le lien entre Lana et Clark et leur passé tumultueux. Chaque fois,
une dispute s’en était suivie.
Lana esquissa un sourire gêné et baissa les yeux, ne
supportant pas cette façon de laquelle Kelhan la regardait, comme s’il lisait
dans sone sprit au travers de ses yeux bruns.
Lana : j’accompagnais Stefany … mais j’ai
eu un malaise !
Lana releva instantanément les yeux vers son petit
ami, lui adressant un regard perçant. Un charisme impressionnant enveloppait sa
silhouette massive, accentué par le regard pénétrant, sérieux qu’il
adressait à Lana. Il ne faisait aucun doute qu’il ne l’avait pas cru une
seconde.
Demeurant accroupi, il se retourna lentement et dirigea
son regard vers le corps de Stefany, allongé sur le sol, un peu plus loin. Il
s’écarta suffisament pour permettre à Lana de regarder son amie. Puis, il
revint vers Lana, reprenant cet échange de regards perçant.
Kelhan : et Stefany aussi a eu un malaise ? …
je sais que Smallville est une ville étrange mais là, tu avoueras que ça sort
de l’ordinaire !
Lana garda un long instant le regard planté sur la
silhouette endormie de Stefany. Comment avait-elle pu oublier que le même
traitement avait été infligé à Stefany ? Lorsqu’elle reporta ses yeux sur
le visage de Kelhan, elle se força à arborer un sourire amusé, comme si elle
n’en savait rien. Elle enchaîna en répliquant :
Lana : désolé mon chéri, mais ce n’est pas
moi l’experte en phénomènes étranges ! Pour ça, il faudra prendre
rendez-vous avec le Docteur Chloé Sullivan !
Dans le même temps, Lana avait quitté Kelhan du
regard et s’était relevé, en s’appuyant sur ses deux mains. Lorsqu’elle
fut enfin relevée, elle adressa un regard lumineux d’amusement vers Kelhan,
resté accroupi, mais tête levée vers sa petite amie.
D’une voix des plus sérieuses, il lui répliqua :
Kelhan : depuis qu’on est revenu aux
Etats-Unis, tu es très bizarre …
Lana sentit le rythme de son cœur s’emballer
rapidement, Kelhan avait donc remarqué. Le visage soudainement marqué par la
peur, Lana le regarda se relever lentement et lui faire face. Son visage déçu,
son regard luisant de soucis, Kelhan semblait vraiment touché par ce manque de
confiance.
Kelhan : j’espère que tu ne me caches rien ?
Lana aurait aimé plus que tout au monde répondre :
« Mais non mon amour, je n’ai aucun secrets pour toi ! ». Malheureusement,
c’était loin d’être le cas. Elle était si heureuse, en France de sortir,
enfin, avec un homme sans histoires, sans secrets. Elle avait elle même sabotée
sa relation si parfaite en dissimulant son rôle de Gardienne. Mais comment lui
confier un tel secret ? Comment ?Jamais il ne serait de taille à admettre
qu’un extra-terrestre vivant sur Terre mérite la protection, au péril de sa
vie, de sa petite amie. Elle avait détruit leur relation, inconsciemment.
Inconsciemment ? Lana finissait par se le demander. Peut être qu’intérieurement,
elle aimait encore trop Clark pour s’en séparer définitivement. Peut être
qu’elle espérait secrètement revivre leur idylle. Non c’était impossible.
Elle aimait Kelhan du plus profond de son âme ! … ?
Manoir
des LUTHOR – Smallville – 10h42
De ce plan fixé dans les airs et basculé vers le
bas, une tale blanche, d’un alliage à la luisance extrême apparaissait,
seule attention de la caméra. De forme triangulaire et de fine épaisseur, sa
platitude totale était juste rompu par une fente octogonale, assez fine elle
aussi, creusée au centre du socle solide. La clé octogonale grise, autrefois
possession de Clark Kent, était posée à l’intérieur. Seul le symbole du «
Diaphane », gravé sur l’un des nombreux bords de la clé ancestrale,
baignait d’une lueur intense de couleur jaune.
La caméra redressa son plan et filma droit devant
elle. Un peu plus loin, deux hommes faisaient face à l’un des trois parois
obliques, d’une blancheur immaculée, constituant la salle. Une lueur d’un
jaune identique à celui de la clé jaillissait de chaque côté de leur
silhouette, les enveloppant d’une aura surprenante. Celui de gauche était vêtu
tout de blanc –pantalon de costume, chemise légère- tandis que son homologue
recouvert de tissus noirs –long manteau de cashmere et pantalon-, créant un
contraste étonnant entre eux. Le crâne chauve de l’homme de droite le
rendait aisément reconnaissable : il s’agissait de Lex Luthor et de son frère,
Julian Luthor, les cheveux rasés très courts. Tous deux les mains dans les
poches, ils observaient le mur, d’un regard sérieux. Contre lui, un socle
pyramidal de couleur noire était accroché, lui même creusé d’une encoche
pyramidale à trois face. A l’intérieur était encré le cristal du «
Diaphane » irradiant de la lueur dorée éclatante. Seul le symbole noir
inscrit sur le paroi de verre de la pierre ressortait par son obscurité.
Lentement, le sourire aux lèvres, Lex tourna la tête
sur sa gauche et posa son regard d’un bleu claire envoûtant sur le visage
bienveillant de son petit frère et lui lança, d’une voix douce que l’on ne
lui connaît pas :
Lex : j’ai toujours su que tu étais « spécial
», depuis le premier jour où je t’ai serré dans mes bras …
A son tour, Julian quitta le cristal des yeux et déporta
la clarté intense de ses yeux bleus vers son frère, en tournant la tête sur
sa droite. L’intense transparence de ses rétines semblaient comme une marque
de son rôle de Gardien du Diaphane. Il garda un court instant son regard braqué
dans celui de son frère avant de répondre, armé d’un sourire :
Julian : je suis un Luthor …
Lex laissa à son tour un large sourire étirer ses
fines lèvres, un sourire qui traduisait, pour la première fois depuis
longtemps, un bonheur intense. Il regarda, tout comme Julian le faisait, son frère
au plus profond de son regard avant de cligner des yeux en accentuant, pendant
une courte seconde, un peu plus son déjà très large sourire. Puis, il se détourna
de son frère et s’éloigna, dans leur dos, pour s’approcher de la table
triangulaire, devant la quelle il s’arrêta. Sous les yeux brillant de Julian,
Lex reprit, le regard déposé sur la clé octogonale en partie lumineuse :
Lex : je n’aurais jamais osé espérer qu’un
tel destin attendrait notre famille.
Julian ne fit pas un geste, ne dit pas un mot. Si
bien qu’un intense silence s’installa entre les deux frères Luthor, séparés
par tout juste quelques mètres. Julian pivota sur ses talons et s’approcha de
Lex. Il s’arrêta sur sa droite, portant lui aussi son regard sur la clé
octogonale, posée au centre de la table blanche.
Julian : c’est surtout le tien qui importe.
Lex détourna lentement son regard azur de la table
éblouissante et reporta son attention sur le visage de Julian : jamais ce
dernier ne pourrait savoir combien sa présence à ses côtés, désormais définitive,
lui apportait. Aucun mot n’aurait su l’exprimer.
Lex : (bienveillant) oui, mais sans toi, je ne
parviendrais jamais à l’accomplir !
Julian : tu te trompes, tu en es capable, comme pour
les grandes choses que tu t’apprêtes à accomplir …
Lex sentait à nouveau cette douceur indescriptible
recommencer à lui caresser le visage, se déversant de ses yeux : le regard de
son frère semblait en être l’origine, peut être l’une de ses si
nombreuses facultés. Lex ne parvenait pas à quitter des yeux ceux de Julian,
presque translucide, brillant d’une lueur très étonnante, enivrante même.
D’une voix encore plus douce, le plus jeune des Luthor reprit :
Julian : (baissant les yeux) et puis en réalité,
mon rôle est assez limité.
Lex esquissa un petit sourire, amusé, que Julian ne
put voir puisque lorsque ses paupières se rouvrirent, ce sourire avait disparu
du visage de son frère, pour laisser sortir de sa bouche ces mots pleins
d’affection :
Lex : mais je ne parlais pas seulement de ton rôle
de Gardien … je te parlais de toi, Julian Luthor, mon frère … ta présence
auprès de moi était déjà cruciale bien avant que tu ne deviennes Gardien …
Une partie de cette chaleur, de cet amour fraternel
qu’éprouvait Lex à l’égard de Julian venait de prendre l’emprise du
visage de Julian, étirant
Ses jeunes traits en une expression radieuse, il était
si fière de Lex. Fier d’être son frère, fier de porter le même nom que
lui, le même code génétique, fier de constater que, malgré l’influence maléfique
de son père, il avait su devenir un homme et non un monstre …
Aussi, marquant cette fierté d’un sourire très
large, ses yeux transparents luisant d’une brillance extrême, Julian répliqua
d’une voix douce et délicate :
Julian : je serais toujours là pour toi, même
après ma fin …
Lex resta un long instant sans voix, entendant
seulement le rythme de son cœur battre rapidement à ses tempes, dans un bruit
mat insupportable. Il ne pouvait plus bouger un membre, plus articuler un mot.
Et, enfin, il retrouva ses esprits et forma avec ses lèvres le mot « merci »
sans pourtant que le moindre son ne sorte de sa bouche ; sa gorge était encore
trop nouée.
Le jeune Luthor cligna deux fois des yeux, comme pour
revenir à la réalité et dévia son regard du visage de Julian, reportant son
attention sur la table sur sa gauche. Ce regard diaphane avait quelque chose de
troublant, d’enivrant. Une sensation qui, une fois déversée sur son
interlocuteur, agissait en lui tel un venin particulièrement virulent. Julian
esquissa un sourire, ravi de cette expérience. Il laissa son frère contempler
un long moment la pièce octogonale de métal, dans un silence total, avant de répliquer,
quelques secondes plus tard, sur un ton beaucoup plus sérieux :
Julian : Lex … que sais-tu des cristaux ?
Lex se redressa légèrement. Il savait beaucoup
plus aujourd’hui, qu’hier mais beaucoup moins encore que demain. Mais
surtout, il était bien loin d’être le puits de connaissances que devait être
Julian. Aussi, esquissant un large sourire et ravi d’avoir complètement
retrouvé ses esprits, Lex répliqua d’une voix assurée :
Lex : j’en sais beaucoup moins que toi tu dois
en savoir !
Lentement, Lex se retourna vers son frère et,
arborant ce large sourire sûr de lui, braqua son regard extatique dans le sien,
plus mystérieux. Mais à sa grande déception, Lex ne vit pas se sourire déclencher
un ravissement de son frère. Au contraire, fixant Lex droit dans les yeux, il
continua de demeurer sérieux, sans sourire, impassible. Comme si ce que venait
de dire Lex n’avait aucun sens, comme si les mots employés par son frère
provenaient d’une langue encore inconnue à ses yeux.
Lex perdit son sourire, prenant le même sérieux, déçu
que son frère. Il avait compris.
Lex : tu ne comptes pas me dire le moindre éléments
les concernant, c’est ça ?
Julian décelait déjà cette haine intense naître
en Lex et prendre une proportion exaltante en tout juste quelques secondes. Il
n’en revenait pas que son propre frère, membre des plus importants de la
Prophétie, un de ceux qui devaient en connaître le plus au sujet de ce qui
l’attendait ne veuille pas lui venir en aide.
Julian brisa ce masque de fermeté qui entravait sone
expression déçue de paraître sur son visage et laissa se manifester toute sa
frustration :
Julian : crois-moi, si je le pouvais, je le
ferais ! Mais les lois sont strictes : aucun des trois Gardiens ne doivent
influencer ne serait-ce qu’un seul des deux héritiers …
Lex voyait déjà les traits du visage de Lex se
tirer en une expression ouvertement furieuse, cette colère hargneuse prête à
éclater à tous moments. La pupille noire de ses yeux commençait déjà à
luire, signe que Sethi se réveillerait prochainement.
Aussi, Julian, d’une voix désolée, s’empressa
d’ajouter :
Julian : …mais ces lois ne m’empêchent pas
de t’interdire les impasses.
La furie de Lex s’arrêta instantanément, se
bloquant au moment même où ces paroles parvenaient à son cerveau. Il réalisait
ce que devait être le rôle d’un Gardien : agir pour la volonté des deux héritiers
sans enfreindre des lois imposées par des instances supérieures. Mais ces lois
pouvaient être contournées, non sans risques. Mais Julian était prêt à tout
pour aider son frère à accomplir son destin, une preuve d’amour hors normes.
La lueur dans les yeux de Lex s’atténua et il laissa un sourire apparaître,
radieux après ce que Julian venait de révéler.
Lex : Julian, je …
Mais Lex ne put terminer sa phrase. Droit devant lui
un coulissement sourd venait de détourner son attention. Il en oublia
totalement ce qu’il s’apprêtait à confier à son frère, l’amour qui
allait jallir de sa bouche s’évapora en quelques secondes. L’arrête séparant
les deux pans de murs obliques, au bout de la salle, s’écartait étrangement
laissant jaillir une intense lumière blanche. Pourtant, la lumière ne se dégageait
que de par les contours minces d’une personne, dans l’encadrement. Sa
silhouette, sous le contre-jour de la lumière, restait trop sombre pour être
reconnue. Elle avança rapidement et s’arrêta devant la table triangulaire,
face à Lex et Julian. Lex esquissa un large sourire, reconnaissant le visage
chevallin de sa femme, Helen Luthor. La porte surprenante resta encore un long
moment ouverte, laissant apparaître trois autres personnes, qui restèrent en
retrait par rapport à Helen : Chloé Sullivan, Ian Nash et Lucas Luthor.
L’ouverture, dans leur dos, se referma lentement dans un coulissement sourd,
laissant la lumière disparaître à la même vitesse.
Sous le sourire de son mari, Helen lui lança ses mots
au visage, d’une violence inouie :
Helen : tu comptes nous éviter encore lontemps
?!
Lex laissa un rire sortir de sa bouche ; décidément,
Helen le ferait toujours rire. Il s’empressa de répondre, de ce ton enjoué,
amusé :
Lex : je ne vous évite pas ! Je passe juste un
peu de temps avec mon frère …
Le rire de Lex n’améliora en rien la mauvaise
humeur de sa femme. Un frisson parcourut le dos de Lucas, il avait de ce qui
allait suivre. Helen se renfrogna un peu plus et répliqua, d’une voix encore
plus froide et colérique qu’auparavant :
Helen : tu te fous de nous ?? Lucas a toujours
été avec nous !!
Lex eut un nouveau rire amusé. Une fois de plus, il
devait se rendre à l’évidence qu’il ressemblait de plus en plus à son père.
Il ressentait à nouveau ce sentiment enivrant, ce venin, cette drogue, qu’éprouvait
son père en voyant les autres fous furieux contre lui. Cette jouissance, cette
supériorité, Lex les ressentait désormais, il s’en jouait aussi habilement
que son paternel et en redemandait à chaque fois un peu plus.
C’est pourquoi il attendit quelques secondes, avant
de répondre, le plus calmement possible :
Lex : je parlais de mon plus jeune frère …
Lentement, le regard pétillant de malice, Lex
tourna la tête sur sa droite, vers Julian. Lucas, sentait le rythme de son cœur
accélérer nettement, par échelons, toutes les 5 secondes. Lex était sur le
point de briser leur pacte, de morceler leur confiance mutuelle. Lex allait révéler,
contre l’accord qu’ils avaient passé, l’existence de Julian.
Lex : (regardant Julian) Julian
Lucas se sentit frissonner d’une manière assez
virulente, comme si un vent glacial s’était insufflé dans son métabolisme.
Un vent que rien ni personne ne parviendraient à réchauffer. Lex avait osé,
il avait trahi sa confiance lui qui prônait la confiance mutuelle.
Quant aux trois autres membres du Projet « Naman »,
personne ne semblait y croire. Pour chacun d’entre eux, Lex venait de fournir
l’excuse la plus bidon qui soit. Helen traduisit par la parole ce sentiment,
avant tout le monde.
Helen : Julian ?! C’est impossible, il est
mort !
Lex accentua encore un peu plus ce sourire radieux,
empli d’un machiavélisme éperdu et tourna lentement la tête vers sa gauche,
de façon à faire de nouveau face à son auditoire. Il dévia alors son regard
légèrement sur la droite de sa femme afin de croiser le regard bleu de son
autre frère, Lucas. Lorsque leurs regards se croisèrent, des éclairs auraient
pu les relier que cela n’aurait pas paru déplacé. Lucas en voulait
terriblement à Lex, de l’avoir ouvertement trahi de la sorte. Même si aucun
son ne sortait de sa bouche, il était indéniable que Lucas aurait voulu lui
cracher au visage de répugnance. Préservant son large sourire, Lex poursuivit
avec ces mots qui terminèrent d’acheminer en Lucas une haine irréversible
envers son frère aîné.
Lex : non … avec les soins de Lucas Luthor,
tout devient possible !
Chacun se tourna vers Lucas, le plus en retrait du
groupe. Lex était allé encore plus loin en révélant son entière implication
dans l’affaire, en ommettant le fait que Lex avait insité pour ramener Julian
à Metropolis.
Lucas resta concentré, la haine battant à ses tempes,
sur le visage souriant de Lex. Une voix douce se fit entendre, brisant le lourd
silence. La voix de Chloé :
Chloé : personne ne peut ressuciter les morts !
Lex déporta son regard de Lucas pour le dévier sur
la gauche de sa femme ; sur la petite silhouette de Chloé. La mine sérieuse,
nullement touchée par l’assurance qui émanait de la personne de Lex, elle le
fixait, droit dans les yeux. Lex sentait qu’un changement s’était opéré
en elle, comme si un sérum l’avait lavée de toute méfiance, de toute hésitation.
Il n’aurait su dire d’où se changement venait, mais il semblait irréversible.
Lex soutint son regard et reprit, d’une voix à
nouveau enjouée :
Lex : personne ? en es-tu si sûre Chloé ?
Cette fois, une brillance balaya la rétine noisette
des yeux sublimes de Chloé. Même si son visage demeura impassible, elle ne put
dissimuler cette surprise qui caressa ses rétines oculaires. Lex avait-il eu
vent de l’exploit de Chloé, à l’hopital, lorsqu’elle avait ramené à la
vie Susan Despite ? Elle avait peine à le croire, personne n’était présent
ce jour-là. Et pourtant … Les yeux de Lex, ainsi que son sourire radieux,
semblaient indiquer qu’il savait tout.
Clignant des yeux, il poursuivit sur un ton moins
accusateur, plus neutre :
Lex : les Luthor sont plein de ressources …
Chloé et Lex restèrent un long instant à se
regarder mutuellement, chacune des nuances du regard de l’autre mêlées à
celles de l’autre. Cet échange semblait marquer la prise de supériorité
entre les deux. Aucun des deux n’aurait voulu baisser ou même cligner des
yeux. Chloé se força pourtant à sourire, d’un geste plus moqueur qu’amusé.
Helen : et il sait pour la Prophétie ?
Lex dévia lentement son regard sur la droite,
quittant Chloé des yeux. Celle-ci en profita pour enfin baisser les yeux et
respirer plus calmement.
Lex porta ce même regard profond sur sa femme et
entreprit de la regarder avec le même charisme entourant sa silhouette. Puis,
après quelques secondes, il répliqua :
Lex : Julian en sait plus à ce sujet que nous 5
réunis !
La surprise tira les traits de chacun. Une
expression qui fut accentuée sur le visage de Lucas. Il connaissait assez bien
Julian pour savoir que ce n’était pas le cas, loin de là. « Sûrement
encore un de tes mensonges » pensa-t-il.
Helen : (ton narquois) alors peut être que lui
aura le droit de savoir ?
Lex : (surpris) savoir quoi ?
Helen : (haussant le ton) ce qui s’est passé
dans le tombeau ! Je te signales que …
Julian : (la coupant, d’un ton froid et
cassant) tais-toi … (regard planté derrière Helen, baissant le ton) on nous
écoute …
Tous les membres du Projet « Naman » venaient de
se tourner vers Julian, jusqu’alors silencieux. Le regard fixe, sérieux, il
regardait intensément la paroi par laquelle étaient entré Helen et compagnie.
Pourtant, il n’y avait rien à voir, seule la couleur immaculée de la paroi
en V. Lex releva les yeux et se mit à regarder à son tour dans cette
direction, absorbé par cela. Il était le seul, hormis Julian, à regarder vers
cette paroi murale.
Julian avança subitement et contourna la table
triangulaire par la droite et passa juste à côté de Lucas, qu’il ne regarda
même pas. Il continua ainsi de marcher vers la fameuse paroi, sous les regards
de chacun des membres du Projet « Naman ». De cette démarche assurée, il
s’approcha rapidement du mur. Arrivé à moins de deux mètres d’elle et
sans s’arrêté, il effectua un geste ample de sa main droite, formant un arc
de cercle de gauche à droite en fendant l’air. La paroi blanche, devant lui,
se teinta d’une lumière jaune translucide, séparée par des éclairs fins,
plus clairs, sur sa totalité. Julian continua d’avancer vers elle et, sans la
moindre hésitation, la traversa avant de disparaître derrière. Le blanc
immaclé reprit sa place, faisant disparaître la kumière jaune translucide.
Lucas fut le premier à faire volte face, abasourdi par
ce qu’il venait de faire. Il braqua sur Lex un regard à la fois effaré et
furieux qui ne troubla en rien Lex. Souriant, il continuait d’observer les
deux parois obliques joints en cette rainure sombre. Il attendait le retour de
Julian avec impatience, rien de ce qu’il venait de voir ne le surprenait. Au
contraire, il s’en ravissait au plus haut point. Chaque membre fit les mêmes
gestes, à l’idem de Lucas. Ils regardèrent Lex droit dans les yeux,
attendant une justification ; qui aurait pu se faire attendre une éternité.
Et soudain, sans signe avant-coureur, un cri horrible
apparut dans la salle, s’élevant vers le toit pointu. Une silhouette sombre
traversa la paroi que regardait Lex et fendit les airs de ce mur vers celui
derrière Lex. Les membres, tournés dans cet direction, virent l’homme
frapper lourdement la paroi oblique à deux mètres au dessus du sol. Malgré le
choc, de plein fouet, l’homme habillé d’un long manteau noir semblable à
Lex, resta comme accroché au mur. Des cris d’effarement, provenant de Chloé
et Helen, se firent entendre alors que l’homme, quasiment inconscient, restait
comme figé dans les airs. Lex se retourna lentement, très calme. Il leva les
yeux vers cet intrus qui semblait au bord de l’évanouissement et élargit un
peu plus son sourire. Il avança de deux pas, restant toujours silencieux.
Julian : il nous enregistrait !
Le même mouvement fit bouger les cinq membres du
Projet « Naman » : Lex, Helen, Lucas, Ian et Lucas se retournèrent et virent,
dans leur dos, la silhouette habillé de blanc de Julian. Une aura de lumière
jaune émanait de sa nuque, enveloppant le bas de l’arrière de son crâne.
Sous sa chemise, une autre aura jaune traversait le tissu et brillait d’une
intensité palpable. Mais le plus impressionnant restait ses yeux et sa main
droit. Ses yeux transparents brillaient d’une vague de lumière jaune,
tournant en cercle autour de ses pupilles noires. Il avait brandi son bras droit
devant lui et ouvert sa main, vers le plafond. Une boule de lumière jaune y
reposait, d’où émanait une clarté si intense que l’extrémité de ses
doigts n’étaient plus visibles.
L’effarement et la stupéfaction étaient de mises,
pour tout le monde. Tout le monde … hormis Lex, bien sûr. Il souriait
ardemment.
Lex finit par se retourner et commença à s’avancer
vers l’homme, fixé à la paroi. Il s’arrêta à un mètre du mur et
accentua la puissance de son regard et la teneur de son sourire. Il demanda
alors à son interlocuteur, d’une voix calme :
Lex : pour qui travailles-tu ?
L’homme au dessus de lui tremblait de partout. Sa
respiration était si saccadée qu’il paraissait respirer par d’autres
orifices que ceux de son nez. La peur qui tiraillait son corps, de l’intérieur,
semblait le tuer à petite dose. Pourtant, il sembla trouver la force nécessaire
pour articuler ces mots, si hésitants soient ils :
Homme : pe-pe-per-sonne-ne …
Lex sourit, laissant un petit rire s’échapper de
sa bouche. Il respectait cette resistance dont faisait preuve cet homme. Mais même
s’il resistait à son frère, il ne pourrait lui resister à lui, Lex Luthor,
héritier du grand Sethi. Il releva les yeux et, armé d’un sourire encore
plus meurtrier, reprit :
Lex : je vais reformuler ma question : qui vous
a demandé de m’espionner ?
Homme : per-sonne-ne !
Lex : (à Julian) fais le descendre !
Julian ne risqua même pas un regard vers son frère,
loin devant lui. Il se contenta d’ourvrir un peu plus sa main. La sphère s’éleva
dans les airs et diminua rapidement en taille jusqu’à disparaître complètement.
A cet instant précis, l’emprise sur l’homme explosa : il amorça une chute
rapide le long de la paroi, heurtant au passage violemment le socle dans lequel
était rangé le cristal du Diaphane, toujours lumineux. Martelé par la
douleur, il frappa le sol violemment, tombant sur le ventre. Il soufflait
bruyamment, tant sa souffrance était intense. Mais il rassembla une nouvelle
fois ses forces et, désormais aux pieds de Lex, parvint à se redresser. Non
sans efforts, il se laissa aller contre la paroi, contre laquelle il s’adossa
dans un nouveau gémissement douloureux ; il avait même dû fermer les yeux.
Lex avança d’un pas et s’accroupit devant en lui, en enlevant les mains de
ses poches. Il se stabilisa dans cette position et amena ses mains de façon à
entremêler ses doigts. Il concentra son regard bleuté, extatique sur les yeux
fermés de cet inconnu. Soudain, l’homme rouvrit les yeux et révéla à Lex
des rétines verdoyantes.
L’homme comprit qu’il aurait mieux valu que ses
yeux restèrent fermés. Les pupilles noires de Lex commencèrent à s’élargir
lentement couvrant ses rétines claires. Bientôt, elles attinrent les bords des
yeux de Lex : seul le noir couvrait ses globes oculaires. L’homme sentit un
froid glacial pénétrer dans ses yeux. Cette sensation, effroyable, quitta le
cerveau de l’homme et s’écoula rapidement vers le bas de son corps. Toute
joie, tout espoir, toute volonté, quittaient son être. Le vide total … Seule
cette voix, résonnant dans sa tête le guidait, une voix qui lui montrait le
chemin à suivre pour revenir à la réalité tant espérée. « Pour qui
travailles-tu ? ». L’écho résonna horriblement dans sa tête, pendant
quelques courtes secondes. Et, enfin, il répliqua, d’une voix douce et
absente :
Homme : pour Virgil Swann
Lex esquissa un sourire. Lentement, la noirceur
couvrant ses yeux repartit en sens inverse, quittant le bord de ses yeux.
Rapidement, ses yeux reprirent leur aspect habituel. Il se leva, décroisa ses
mains et revint vers ses collaborateurs. L’ homme sentit la douleur réapparaitre
dans toute son intensité : son corps semblait brisé de partout . Sans la
sensation de vide, il aurait envie de mourir.
Ian prit la parole :
Ian : Swann … il pourrait devenir un obstacle
!
Lex : non, je m’en occupe !
Lex, malgré le sourire qui étirait ses lèvres,
sentait une fois de plus le regard glacial, empli d’une noirceur nouvelle, de
Lucas. Il fixait son frère droit dans les yeux, se retenant pour ne pas hurler
à pleins poumons toute la haine accumulée depuis quelques minutes.
Lex tourna lentement la tête vers lui et croisa son
regard. Il accentua son sourire, lisant cette haine dans les yeux de Lucas. Ce
dernier réussit à se canaliser et, d’une voix implacable, répliqua :
Lucas : ce n’est pas Julian !
Lex : (radieux) bien sûr que si ! Voyons Lucas,
tu ne reconnais pas ton petit frère ?
Lucas : (haussant quelques peu le ton) Julian
n’a jamais eu de tels pouvoirs !!
Julian : beaucoup de choses ont changées, Lucas
…
Lucas se retourna et tourna son regard vers son
petit frère, comme l’avait surnommé Lex. Un charisme effroyable enveloppait
sa personne. Julian n’était plus le même, c’était un fait. Restait à
savoir en quoi et pourquoi.
Julian : maintenant, je suis l’un des trois
Gardiens de la Prophétie … celui du « Diaphane »
Le
Talon – Smallville – 12h03
[If only – THE CALLING]
-Un plan de caméra plongée vers le bas filmait la
totalité du salon de thé, du palier, à l’étage, près de la porte de
l’appartement de Josh. Ainsi, les tables étaient toutes visibles : chacune
d’elles supportant des chaises renversées, elles-même recouvertes de légers
draps sombres- Au fond de la salle entièrement vide, du bruit se faisait
entendre, brisant l’intense silence régnant ici-bas. Seules les faibles
nuances d’une musique d’ambiance, If Only, interprétée par le groupe américain
The Calling, brisait le calme impressionnant. La seule personne présente se
trouvait être la co-propriétaire de ce café, Lana Lang. Ayant enlevé sa
veste de tailleur pour être mieux à son aise, Lana prenait une à une chaque
chaise métallique, autour de cette table, à proximité de la porte d’entrée
et les retournait, avant de les poser à plat, sur la table ronde. Elle se
retourna et prit un voile sombre, derrière elle, posé sur une table déjà
recouverte de draps. Elle revint vers la tables et recouvrit les chaises renversées
dudit drap. Enfin ! Elle avait fini !
Elle tourna les talons et revint, de ce pas rapide et
assuré vers le comptoir du Talon, à l’autre extrémité du café. Comme
chacun des recoins de la salle, il avait été complètement vidé des moindres
accessoires, appareils et autres gourmandises autrefois rangées dedans et
dessus. Seul un carton marron, fermé par un épais scotch noir, y était posé.
Lana s’arrêta juste devant et le prit de ses deux mains. Elle poussa un
soupir de fatigue, sentant cepoids assez difficile à soutenir. Elle tourna sur
sa gauche et commença, le visage crispé, à longer le comptoir pour se diriger
vers la porte ballante de la réserve, plusieurs mètres plus loin. Aucun
sourire n’étirait ses lèvres, aucune lueur de bonheur dans ses yeux ; juste
la stricte fermeté que lui inspirait ce moment de peine grandissante. La porte
se rapprocha rapidement, à mesure que ses talons aiguille résonnaient en écho
dans la grande salle de dégustation. Et soudain, alors qu’elle s’apprêtait
à pousser la porte de la réserve, la cloche de la porte d’entrée teinta,
tandis qu’un client entrait, malgré la pancarte posée devant le Talon. Lana
ne s’en préoccupa pas. Elle accola son flanc gauche contre la porte et, à
l’aide de sa hanche, poussa cette porte, sans adresser un regard au nouvel
arrivant. Elle se contenta de lancer cette phrase, sur un ton neutre :
Lana : désolée, mais nous sommes fermés !
Lana n’attendit même pas d’avoir une réponse ;
le carton était beaucoup trop lourd. Elle passa dans l’embrasure de la porte
et pénétra dans l’atmosphère confinée de la réserve. Une pénombre
presque totale envahissait les lieux, rendant les détails impossible à
distinguer. Elle s’approcha du mur sur la droite et s’arrêta devant. Elle
entreprit de s’accroupir, très lentement pour ne pas se blesser au dos et déposa
délicatement sur le sol dur le carton. Ceci fait, elle souffla bruyamment, les
bras et les épaules meurtris par le poids que contenait le carton. Elle se
redressa et, après avoir repris son souffle, se baissa de nouveau, légèrement
sur la droite du carton. Elle saisit une lanière et l’amena à son épaule,
en soupesant à nouveau un poids, bien plus léger. Elle hissa la lanière vers
son épaule droite et la posa dessus : il s’agissait d’un sac de voyage
bleu. Le visage à nouveau crispé par la peine, de plus en plus présente sur
son magnifique visage, ses cheveux tombant sur ses épaules, elle poussa de
nouveau la porte, à l’aide de sa hanche gauche. Elle fit une volte sur elle même
et se remit droite en pénétrant dans la salle de dégustation, baignée de
lumière.
Au moment où elle entendit la musique plus puissamment
que dans la réserve et sentit la lumière jaillir à ses yeux brillant, Lana
put apercevoir, tout en continuant de marcher, le client qui était entré, à
l’instant où elle-même entrait dans la réserve. Pour toute autre personne,
elle se serait mise en colère et aurait menacé d’appeler la police s’il ne
sortait pas à l’instant même. Mais, quand cet homme massif, vêtu d’une
veste en cuir, détourna son regard du comptoir pour se tourner vers Lana, cette
dernière ralentit sa marche et esquissa un large sourire, faisant ainsi disparaître
toute sa rancœur … Kelhan, son petit ami, l’attendait près du comptoir.
Kelhan se tourna vers elle et, armé d’un sourire radieux, regarda Lana
baisser les yeux, radieuse. Il en profita pour s’exclamer, d’une voix où
perçait l’humour :
Kelhan : moi qui espérait un capuccino !
Lana releva les yeux et continua d’avancer vers
lui.
Lana : je suis désolée, cher Monsieur, mais je
pense que vous devriez prendre un abonnement chez un de nos concurrents … Les
capuccinos risquent de se faire rares d’ici quelques temps …
Kelhan esquissa à son tour un sourire radieux alors
que Lana s’arrêta devant lui. Cette brillance, dans les yeux bruns de Lana,
lui donnait un charme unique au monde. Kelhan ne put empêcher son sourire de
s’accentuer un peu plus, avant que Lana ne lui demande, sur un ton doux et
tendre :
Lana : qu’est ce que tu fais là ?
Kelhan : j’affrétais la limousine de ma
princesse !
Lana émit un gémissement de bonheur, ne croyant
pas à son bonheur. Elle avança encore un peu plus vers son petit ami de façon
à se coller presque à lui et entoura de ses bras minces son cou musclé.
Rapprochant son visage du sien et gardant un long instant son sourire, Lana déposa
alors doucement l’extrémité de ses lèvres sur celles de Kelhan, échangeant
avec lui un doux baiser. Kelhan s’empressa de lui en donner un, à son tour,
tout aussi délicat avant qu’un troisième ne vienne clore cet échange
affectif. Fermant les yeux, Lana s’écarta de son visage. Elle finit par
rouvrir les yeux et, redevenant un tant soit peu sérieuse, détacha son étreinte
du cou de Kelhan et amena sa main droite vers la main en face d’elle, de
Kelhan. Elle entremêla l’extrémité de ses doigts avec ceux de son petit
ami.
Kelhan amenuisa à son tour son sourire, calquant son sérieux
sur celui de Lana.
Kelhan : tu es sûre que tu veux le faire ?
Lana : (grave) oui … et puis d’un autre côté,
je n’ai plus vraiment le choix !
Kelhan demeura le plus sérieusement du monde. Il
regardait Lana droit dans les yeux, d’un regard empli d’une affection toute
particulière. Il aimait plus que tout la protéger et détestait au plus haut
point la voir souffrir. Et même si elle n’en disait rien, il ressentait sans
difficultés la peine intense que lui procurait de se séparer du Talon, le lieu
de recueil de son adolescence. Lana soutint un long instant son regard, d’une
profondeur exaltante. Même sans les mots, Kelhan avait ce don de lire en elle
et de la réconforter, avec une efficacité à toutes épreuves. Elargissant son
sourire, Kelhan ajouta pourtant :
Kelhan : tout ira bien, je te le promets !
Lana : (sérieuse mais souriante) je le sais …
c’est pour ça que je veux vivre avec toi !
Kelhan aurait aimé prendre de nouveau possession
des lèvres de Lana mais il pensait qu’elle avait besoin de rester plongée
dans ses pensées, même si cela devait la faire souffrir. Aussi, il se contenta
d’approcher sa main droite, la libre, de l’épaule droite de Lana. Il
souleva la lanière de l’épaule et amena le sac à son épaule droite, sur
laquelle il la posa. Etreignant la main de Lana, il passa sur sa gauche et la
força à le suivre, main dans la main. Le visage marqué par la douleur
sentimentale qui la tiraillait de parts en parts, Lana finit par se retourner et
suivit son petit ami, qui l’amena à arpenter une ultime fois, l’allée
principale menant à l’entrée du café. –La musique s’intensifia, seules
ses nuances envoûtantes se faisant entendre, couvrant les bruits de pas- Lana
suivait de près Kelhan, juste devant elle. Elle porta son regard sur la droite,
caressant de la rétine de ses yeux les tables rondes, supportant les chaises
renversées et couvertes de draps sombres. Elle voyait presque assis autour de
cette table, Clark, Chloé et Pete, riant avec effervescence.
Elle détourna son regard, les ombres de ses amis se
dissipèrent en un léger coup de vent ; elle en avait presque les larmes aux
yeux. Kelhan passa entre deux pilonnes rond, jaune pâle, entre lesquels Lana
passa à son tour. Elle avait l’impression de tout voir au ralenti, comme si
cette sortie marquait le passage de l’adolescence à la vie d’adulte : ce
qui était le cas. Enfin, après des secondes que Lana ne vit pas passer, Kelhan
arriva à hauteur de la porte vitrée, traversée en son centre d’une barre en
fer servant de poignée. Le jeune homme posa sa main dessus, prêt à la tirer
vers lui pour l’ouvrir. Lana se retourna une dernière fois et observa
l’espace de la salle. Sa voix sembla se répercuter en écho et le son devenir
bien bas, sourd, couvert par la musique :
Lana : attends …
Kelhan se retourna vers sa petite amie, assez
surprise par ce mot et la vit lâcher sa main pour se diriger vers le mur, sur
leur gauche. Lana s’en approcha et s’arrêta devant. Elle leva sa main
droite au dessus de l’interrupteur situé le plus haut des trois dans le mur.
Elle laissa son index en suspend et tourna la tête sur sa gauche, regardant la
salle s’étendre jusqu’au fond, au pied de l’escalier menant à
l’appartement de Josh.
[SLOWING DOWN -Enfin, elle abaissa l’interrupteur :
au fond de la salle, au dessus du comptoir, les lumière s’éteignant,
plongeant cette partie de la salle dans la pénombre. Lana amena sa main,
lentement, vers l’interrupteur du dessous, sans détacher son regard de la
salle. Elle l’abaissa à son tour : toutes les lumière séparant le comptoir
de l’entrée du Talon s’éteignirent. Lana descendit sa main vers le dernier
interrupteur. Elle laissa son index en suspend, pendant de longues secondes. Et
enfin, d’une lenteur indescriptible, elle l’abaissa. Les lumière, au dessus
d’elle et Kelhan s’éteignirent, ainsi que la bannière lumineuse, à
l’extérieur du café. Une larme perla à l’œil de Lana. Elle venait de
dire adieu à une partie de sa vie.
Elle baissa les yeux, vers le sol devenu sombre et
laissa la larme rouler lentement de son œil droit vers l’extrémité de sa
bouche. Enfin, après de longues secondes, elle releva la tête et tourna son
regard vers Kelhan, un peu plus loin. Elle finit par esquisser un sourire, malgré
la larme qui faisait luire sa joue, sur toute sa longueur. D’un pas lent, elle
s’approcha de Kelhan, qui la regardait, radieux. Lana prit sa main dans la
sienne et le suivit au dehors, alors que la porte se refermait derrière eux-
FIN]
-La caméra leva son plan vers la vitre de la porte et
filma au travers, les gens qui passaient sur le trottoir, devant l’entrée du
Talon. Par un phénomène étrange, la caméra les filma en passant à une
vitesse accéléré, comme si le temps avait décidé de faire un bond dans le
temps-
-Une lumière blanche illumina l’image avant de créer
un fondu superbe. Ainsi, peu après, un nouveau plan de caméra, survolant la
foule de Metropolis, révéla un trottoir bordant l’une des grandes avenues de
la métropole. Une foule effarante se mêlait dessus, dans un pas effréné.
Pourtant, une silhouette parmi toutes les autres se détachait, de par se démarche
et son assurance. Les cheveux noirs devenus très épais, il était vêtu d’un
maillot de corps noir. L’esprit de Kal-El était de plus en plus présent en
Clark Kent-
-La caméra le quitta et, se tournant vers une tour de
verre et d’acier, sur sa gauche, remonta rapidement le long de sa paroi,
faisant apparaître à chaque étage, de nombreux balcons, semblables à celui
de Loïs Lane. Arrivée à un étage bien précis, elle s’immobilisa et filma
l’un des fameux balcon : Kelhan et Lana, blotti l’un contre l’autre, se
tenaient au pied de la rambarde de verre et regardaient, radieux, le soleil se
coucher au loin. Lana semblait au paroxysme du bonheur-
-Un dernier flou laissa disparaître le couple heureux
et fit apparaître une cage de verre, rectangulaire. De forme arrondie, elle
laissait voir sans peine ce qui se trouvait à l’intérieur : un homme nu. Une
cicatrice étonnante marquait le haut de son torse. Une lumière rouge vif
s’en dégageait, comme jaillissant de l’intérieur de son corps. De nombreux
fils transparents étaient plantés dans tout son corps, faisant ressortir son
sang, inlassablement. Malgré ses paupières fermés et ses cheveux rasés, son
visage restait aisément reconnaissable : il s’agissait de Josh Servant.
Anu’kh était sur le point de faire de lui un tout autre homme. Sa renaissance
était proche-
-Le dernier plan montra la porte vitrée du Talon. En
son centre, une pancarte bleue indiquait, en lettres rondes blanches :
« PERMANENT CLOSURE »
Dôme
Artificiel – Hors de l’Espace --- Hors du Temps
Face à face, Jonathan, vêtu d’une chemise noire
et Jor-El, vêtu d’une longue toge blanche, venaient de tourner la tête dans
la même direction, soit sur la droite pour Jonathan et sur la gauche pour
Jor-El. Mais l’expression de leur visage se rejoignaient par leur ressemblance
: tous deux étaient effarés par la présence d’Anu’kh dans le dôme, bien
que ce n’était pas pour les mêmes raisons –Jor-El ne pensait pas qu’il
pourrait venir jusqu’ici et Jonathan le croyait mort sur Krypton-.
[La caméra longea le sol blanc, le filmant au ras de
sa surface et s’éloigna ainsi des deux pères de Clark pour s’approcher, à
une vitesse fulgurante d’Anu’kh, à plusieurs mètres d’eux. Arrivée à
ses pieds, elle redressa son plan et fit défiler son corps d’un travelling
vers le haut jusqu’à figer son objectif à hauteur de son visage. Un large
capuchon de tissu rouge vif recouvrait sa tête et une ombre très épaisse,
semblable à un liquide noir, dissimulait son visage mystérieux]
Le Sauveur avait croisés les bras dans ses manches de
tissu rouge, épaisse. La manche droite était brodée d’une suite de caractères
d’origine Sethi, de couleur blanche. Toute sa personne scintillait d’une
aura rougeâtre, mêlée d’un orangé translucide qui rendait sa présence
presque fantomatique. Il luisait étrangement au milieu du blanc immaculé du dôme.
Lentement, Anu’kh décroisa ses bras et les enleva de
ses larges manches, dévoilant ainsi deux mains légèrement bronzées ; la
droite portait, jusqu’à mi dos de la main, un tatouage noir d’origine
Sethi. De ce geste nonchalant, il amena ses deux mains à plat, l’une contre
l’autre, sentant le regard de ses deux acolytes captivés par ce geste. A
partir de cet instant, la lumière éclatante, d’une blancheur inégalable
commença à s’atténuer rapidement. La nuit semblait tomber sur le dôme et
envahir la moindre parcelle d’espace. Surpris, Jor-El et Jonathan relevèrent
les yeux et braquèrent leur regard sur le plafond en pointe de la pyramide. Un
phénomène étonnant apparut alors à leur yeux : une épaisse couche de noir
descendait de la pointe de la pyramide et recouvrait chacune de ses parois
obliques, tel une déferlante d’ombres à l’aspect liquide. Jonathan suivit
la descente de la substance visqueuse des yeux et la vit arriver à la base du
sol. L’étrange matière s’affaira à recouvrir le sol plat et lisse, se
rapprochant du centre. A cet endroit, les quatre parties du fluide obscures se
rejoignirent et firent jonction. Le phénomène s’interrompit : le dôme
auparavant d’une blancheur immaculée avait finalement viré à un noir
intarissable, envahissant chaque centimètre carré de la pyramide. Jonathan
ramena son regard vers Anu’kh, qui était resté dans la même position.
Jor-El en fit autant et même mieux, dans l’espoir de
prouver à son ennemi qu’il n’avait pas peur de lui. Il se détourna complètement
de Jonathan et se tourna vers Anu’kh. Il avança de deux pas, s’écartant un
tant soit peu de Jonathan, qui resta, lui, immobile. Le visage de Jor-El se
crispa et laissa disparaître la bienveillance qui creusait jusqu’alors ses
traits. La chaleur dans ses rétines bleues se transforma en froid glacial et
tout sourire s’atténua. Une haine implacable naissait dans ses traits âgés.
Anu’kh le répugnait plus que tout. Gardant les bras le long de son corps,
Jor-El serra intensément ses poings, le plus fort qu’il put. Ses veines
ressortirent alors assez étrangement, signifiant réellement qu’une haine
circulait dans ses veines, au sens propre comme au figuré.
La réplique prononcée par Anu’kh ne fit
qu’accentuer cette fureur folle :
Anu’kh : les deux pères du jeune Kal-El
oeuvrant main dans la main … (air faussement touché) que c’est touchant !
Jonathan, lui, n’avait plus quitté Jor-El des
yeux. Contrairement à la scène du conseil d’Alehi, dans la mémoire de
Krypton, plus aucune peur ne se dégageait de la personne de Jor-El ; peut être
parce qu’il était déjà mort ou, peut être parce qu’il voulait protéger
son fils, coûte que coûte … Jonathan, enivré par cette pensée et la
sensation qui l’accompagnait, se détourna de sa posture initiale et avança
à son tour, avant de s’arrêter sur la droite du père biologique de Kal-El.
Surpris, celui-ci tourna furtivement la tête vers sa droite et vit Jonathan, à
ses côtés. Ce dernier ne détourna pas son regard devenu dur, braqué sur
Anu’kh. Tous deux feraient front, main dans la main comme venait de dire
Anu’kh. Jor-El finit par revenir, du regard, sur Anu’kh.
Anu’kh : hey bien Jor, tu n’es pas content
de me revoir ??
La réponse à cette question était plus qu’évidente.
Bien sûr que non il n’était pas content de le revoir, il était même
certain jusqu’à quelques minutes plus tôt, qu’ils ne se reverraient plus
jamais. La résurrection d’Anu’kh avait donc marché à la perfection et,
contre toute attente, il avait retrouvé ses pouvoirs à une vitesse fulgurante,
ce qui n’était pas pour rassurer Jor-El.
D’un autre côté, il n’était plus tout à fait
seul : Jonathan le soutenait, désormais. Avec son appuie, Kal-El était un peu
plus en sécurité. Aussi, Jor-El esquissa un léger sourire et reprit, d’un
ton amusé :
Jor-El : finalement, tu avais raison : rien ni
personne ne peut t’arrêter, pas même la mort …
Dans la tête de Jonathan, la voix de la raison lui
murmura « As-tu réellement raison de lui faire pleinement confiance, de lui
confier la vie de ton fils unique ? ». Mais extérieurement, Jonathan demeura
impassible et continua de fixer Anu’kh d’un air froid et appuyé.
Jor-El : … personne … personne à part l’élu
!
Jonathan esquissa un semblant de rictus. Il avait eu
raison, Jor-El et lui seraient liés par la destinée colossale de leur fils.
Ils affronteraient les dangers, quels qu’ils soient. La voix de la raison s’était
tue à l’instant où la confiance de Jonathan atteignait son paroxysme.
Mais cette phrase, emplie d’assurance, ne sembla pas
décourager Anu’kh. Au contraire, il s’en ravissait.
Anu’kh : ton frère n’est plus un obstacle,
je dirais même qu’il n’est plus … tout simplement !
Anu’kh avait espéré, mieux, il était certain
que suite à ces dires, le sourire de Jor-El allait disparaître. Après tout, même
si Josh n’était que le clone d’Ava-El, il n’en restait pas moins son frère.
Mais le père biologique de Clark se contenta d’élargir son sourire ; il
laissa même un petit rire amusé s’échapper de sa gorge, au moment où il
clignait des yeux. D’un air moqueur, il répondit à son homologue Kryptonien
:
Jor-El : Anu’kh, Anu’kh, Anu’kh … je
t’ai connu moins naïf tu sais ! … tu croyais réellement que le conseil
allait confier l’avènement du dernier fils de Krypton à un simple clone, créé
en laboratoire ? Tu me déçois tu sais …
Le ton moqueur utilisé par Jor-El, allié aux
paroles ouvertement blessantes, suffirent à calmer Anu’kh dans son extrême
suffisance. Il n’avait pas pour habitude de se faire avoir de la sorte. Mais
Jor-El semblait bien sûr de lui. Aussi, le Sauveur observa Jor-El, souriant,
qui poursuivit sa phrase :
Jor-El : tu ne sais rien de cet élu, tu peux en
être sûr ! Lui même ne savait pas qu’il l’était avant de débuter son
apprentissage. Cette phrase, de la Prophétie, aurait due te mettre sur la voie
: « Elu parmi les siens, il obscurcira les ténèbres et illuminera la voie céleste.
Son pouvoir ancestral sera la clé et non la finalité ». L’élu terrien est
celui qui permet l’accès au savoir. Et comme je l’ai façonné pour qu’il
aide Kal-El, l’héritier du mal n’a aucune chance … Personne ne peut l’élu,
ni Kal-El, ni l’héritier du mal, ni même moi …
Tant de révélations en si peu de temps
paraissaient surnaturelles aux yeux de Jonathan, surtout après tout ce qu’il
avait dû assimilé. Un homme, sur Terre, était indestructible et opérait pour
le bien de Clark. Quoi de plus rassurant ?
Anu’kh ne tarda pas à retrouver cette assurance éternelle
qui caractérisait sa personne.
Anu’kh : personne n’est indestructible …
je le tuerai, c’est inéluctable !
Malgré tout ce que Jor-El venait de dire au sujet
de cet élu, Anu’kh ne se décourageait pas : il voulait l’éliminer.
Puissance inégalable ou folie totale ? Jonathan aurait tant voulu avoir une réponse
à ce dilemme. Mais peut être qu’il détenait un peu des deux, ce qui
n’aurait pas paru totalement absurde.
Anu’kh finit par séparer ses deux mains, toujours étroitement
liées et laissa son bras gauche revenir le long de son flanc. Il amena, dans le
même temps, sa main droite à hauteur de son bassin et l’ouvrit de la même
manière que s’il avait serré une boule. A cet instant, une lueur d’un
rouge flamboyant apparut dans le creux de sa main. L’aura de lumière éclaira
l’ombre, sur le visage d’Anu’kh, sans la dissiper et éblouit sa main
bronzée. La lumière était telle qu’elle parvenait même à jaillir sur les
vêtements de Jonathan et Jor-El, pourtant à plusieurs mètres de leur ennemi.
La sphère, tout d’abord de la taille d’une balle
de ping-pong, gagna rapidement en taille. En tout juste quelques secondes, elle
atteignit la taille et la forme d’une balle de tennis. A la différence près,
que sa surface liquéfiée était d’un rouge éclatant et que son noyau était
constitué d’une lumière blanche immaculée. Anu’kh écarta lentement les
doigts de sa main, libérant la sphère. Elle s’éleva au dessus de sa paume
et, flottant dans les airs, se mit à tournoyer sur elle-même. Anu’kh
entreprit d’avancer vers Jonathan et Jor-El, s’arrêtant juste devant eux.
Anu’kh : mais revenons-en à la raison première
de ma venue ici : le père adoptif de Kal-El … en d’autres termes, vous,
Jonathan Kent …
Jonathan sentit son rythme cardiaque s’emballer et
une fièvre impressionnante s’emparer de la totalité de ses sens. Anu’kh ne
se trouvait plus qu’à quelques centimètres d’eux et Jor-El ne bougeait
pas, il semblait figé.
Anu’kh continua d’avancer vers Jonathan et s’arrêta
à moins d’un demi mètre de Jonathan. Ce dernier voyait cette ombre liquéfiée,
aux reflets inquiétants, devant lui. Cette ombre qui dissimulait le visage
d’Anu’kh. Le visage apeuré de Jonathan, désemparé, se reflétait dans
l’obscurité qui envahissait le capuchon aux bords rouge vifs. Jonathan ne
sentait plus son corps, figé par le pouvoir ultime d’Anu’kh. Son cerveau
agissait, mais son corps restait immuable. Ses sens ne répondaient plus, seul
Anu’kh avait l’emprise sur lui.
Jonathan tourna les yeux, d’un geste furtif et
inquiet, sur sa gauche et vit Jor-El, tout aussi immobile. Le pouvoir
d’Anu’kh était sans équivoque : les deux pères de Kal-El restaient figés
sur place, sans pouvoir faire un geste. Le vide total envahissait l’esprit de
Jonathan, accompagnée de cette douceur familière. Ses inquiétudes, pourtant,
restaient bien présentes. Anu’kh avança un peu plus son visage vers
Jonathan, ce dernier entendit sa voix résonner dans sa tête :
« Jonathan … j’ai les moyens de vous montrer
l’avenir qui attend Clark … laissez-vous tenter … »
Jonathan savait que cela n’était pas préférable
; qui aurait pu savoir les répercutions qu’aurait l’intrusion d’Anu’kh
dans son esprit. Et pourtant, son cœur ouvrait les portes au Sauveur. Il en
profita rapidement. Sa main droite se referma sur la sphère de lumière rouge
et l’éteignit, ce qui provoqua un sentiment et un phénomène étrange : le dôme
fut envahi d’un froid glacial implacable et d’une pénombre inaltérable.
Seules les silhouettes de Jonathan et d’Anu’kh, l’un en face de l’autre,
restèrent éclairées, par un faible faisceau d’une blancheur très pâle,
tombant du plafond. Jonathan écarquilla les yeux, en observant ce que Anu’kh
réalisait.
Une ombre presque translucide, d’un noir luisant s’échappait
du milieu du torse d’Anu’kh. Une ombre obscure, aux reflets blancs luisants.
Elle semblait constituer une forme semblable un filet de fumée, qui s’échappait
petit à petit du corps du Sauveur, ce qui provoquait le froid glacial
environnant. Jonathan, sans pouvoir réagir, vit l’ombre percer son torse et
entrer en lui à une vitesse effarante. Il comprit alors que le froid qui
englobait le dôme n’était rien comparé au froid qui matérialisait
l’ombre, désormais complètement entrée en lui. Un flash lumineux, d’une
rare blancheur, aveugla les yeux de Jonathan. Lorsqu’il put les rouvrir, un
tout autre endroit se présentait à ses yeux.
En effet, rien n’aurait pu être comparable avec le dôme
artificiel envahi de noir, ou de blanc, si paisible. Mais la différence était
si frappante, la peur que provoquait cet endroit si puissante qu’on venait réellement
à penser si un tel endroit pourrait exister un jour, même dans l’esprit le
plus machiavélique qui soit. Le ciel était couvert d’une couche nuageuse
d’un pourpre vif, teinté en plusieurs endroits d’épais nuages noirs. Par
instant, un faible éclair venait illuminer une partie de nuage, bien que le
grondement se faisait très lointain. Aucun rayon de soleil, aucune parcelle de
ciel bleu n’aurait pu traverser cette couche nuageuse pour le moins
surprenante. Une pluie diluvienne se déversait à grands flots de ces énormes
nuages et frappait le sol avec une force sans égale. Au dessous, cet homme,
torse nu, ne semblait pas s’en préoccuper. A genoux sur le sol dur,
ruisselant d’eau, il avait la tête baissée et le regard meurtri par ses
sentiments. La pluie faisait briller son corps musclées, ruisselant de l’eau
continuelle.
[La caméra effectua un plan en contre-plongée,
restant fixée sur le sol dur. Ainsi, elle filma le haut du corps de l’homme]
Une cicatrice impressionnante marquait tout le haut de
son corps : un 8 encadré d’un pentagone. Ses yeux bleus étaient baignées de
larmes, se mêlant à l’eau de pluie qui inondait déjà son visage carré …
Clark KENT. Pour une raison obscure, Clark fixait le sol du regard, submergée
par une vague de larmes qui ne semblait pas pouvoir s’arrêter. Il regardait
ses mains, posées à l’envers sur ses genoux. Elles étaient couvertes de
sang, un sang encore humide …
Soudain, un éclaire zébra le ciel ténébreux et éclaira
ce qui entourait Clark : une spirale de tombes plantées tout autour du jeune
Kent. Mais la lumière disparut et empêcha d’en lire les inscriptions.
[La caméra, malgré la pénombre, effectua un
travelling circulaire, de devant les tombes]
Un nouvel éclaire zébra le ciel sombre et permit de
lire les inscriptions mortuaires : « Lewis Lang ; Laura Lang ; Lana Lang ;
Leyana Leon ; Pete Ross ; Chloé Sullivan ; Loïs Lane ; Martha Kent et …
Jonathan Kent ». La pénombr revint dans ce pseudo-cimetière.
[La caméra s’éleva au dessus de Clark et filma le
terrain qui s’étendait tout autour de Clark]
Un troisième éclaire zébra le ciel, d’une intensité
encore accrue. Ainsi, on put voir que ce n’était pas une spirale de tombes
qui entourait Clark mais une centaine, peut être même plus. Assis à leur
point d’orgue, Clark semblait en être l’origine, le responsable.
[Le plan suivant montra Clark, filmée en contre plongée]
Un éclaire zébra de nouveau le ciel rouge et ombre et
une autre silhouette apparut dans le dos de Clark. La réplique parfaite du
jeune Kent … Kal-El. Debout, le Kryptonien était vêtu d’un jean grisé et
d’une chemisette noire. Son regard glacial et son sourire de dément le
rendaient terrifiant. L’eau de pluie inondait également son épaisse
chevelure ténébreuse mais, peut être parce qu’il n’était pas là depuis
longtemps, son visage blanc ne ruisselait pas d’eau de toutes parts.
Sans un sourire, sans même un rictus, Kal-El s’avança
vers Clark et de sa main droite, saisit puissamment le cou du jeune Kent. De
cette étreinte inébranlable, Kal-El souleva Clark de terre et l’amena vers
lui sans que ce dernier ne manifeste la moindre réticence. Kal-El força Clark,
le visage toujours baigné de larmes à se blottir contre le torse de son
homologue Kryptonien et passa son bras gauche autour de son cou. Il enleva sa
main droite du cou et la porta au sommet du crâne de Clark. L’étreinte si
puissante, si possessive que même si le jeune Kent avait essayé de s’en défaire,
il n’en aurait eu aucune chance. Et, de toutes manières, hormis pleurer
toutes les larmes de son corps dans un quasi-silence, Clark ne semblait pas prêt
à se débattre. Kal-El resserra un peu plus son étreinte, son regard froid
braqué droit devant lui. Tandis que la pluie commençait à couler, à la
verticale, dans les traits de son visage, un rictus effroyable étira ses lèvres.
Il lança alors ces mots, dans la nuit noire :
Kal-El : père avait raison : ton humanité
t’a affaibli ! Tu n’avais aucune chance contre moi …
Kal-El accentua alors son petit rictus, ravi à
l’idée d’éliminer la seule barrière, plus minime qu’il ne l’avait
pensée, à sa destinée. D’un geste vif il tordit le cou de Clark, faisant
craquer bruyamment ses cervicales. Le bleu des yeux de Clark se vida de toute
expression, bénéfique ou négative, et l’expression de son visage se figea
en une stupeur mêlée d’effroi. Kal-El détacha son étreinte du cou de Clark
et le laissa tomber sur le sol dur et poussiéreux, à ses pieds. Dans un bruit
mat, le corps désormais inerte de Clark s’affala contre le bas des jambes de
son meurtrier.
A la fois ravi et dégoûté par la vue de Clark,
Kal-El recula de deux pas, donnant un petit coup au corps mort de Clark.
[Un plan en contre-plongée, fixé au sol, montra en
premier plan le cadavre de Clark et, un peu plus loin, la haute silhouette
massive de Kal-El. En arrière plan fut visible le ciel pourpre et obscure : un
nouvel éclaire le zébra]
Kal-El releva alors lentement la tête droit devant lui
et continua ce geste, jusqu’à lever les yeux vers le sol. Il laissa de
courtes secondes l’eau ruisseler sur son visage, traversé d’un large
sourire machiavélique. Il croisa les bras sur son torse, restant dans cette même
posture.
[La caméra s’écarta de lui et le filma dans son
ensemble, Clark allongé sur le sol]
Le temps sembla ralentir, étant donné que des cercles
de vitesse, brouillés, entourèrent les pieds de Kal-El et provoquèrent des
vagues de puissance sur le sol, leur point d’origine étant les pieds du
Kryptonien. Il fléchit légèrement les jambes et, l’instant suivant, il s’éleva
dans les airs dans un bruit assourdissant laissant dans son sillage un sillon de
vitesse, brouillée. Tandis que Kal-El s’envolait vers sa destinée dévastatrice,
le seul capable de l’en empêcher gisait sur le sol du cimetière.
[La caméra fit un gros plan sur le visage mort de
Clark, plaqué contre le sol dur du cimetière]
Un deuxième flash blanc aveugla Jonathan qui comprit
que la vision était terminée. Il se sentit respirer profondément, comme
s’il respirait pour la première fois réellement depuis quelques minutes. Il
ouvrit les yeux et sentit le froid glacial se réunir, de toutes parts, pour se
rejoindre au centre de son abdomen. Surpris, Jonathan baissa les yeux –sa tête
ne pouvait toujours pas bouger, ainsi que ses membres- et put voir ce nouveau phénomène
sans pareil.
L’ombre noir, caractérisant l’esprit machiavélique
d’Anu’kh ressortait du corps de Jonathan aussi vite qu’il y était entré.
En tout juste quelques secondes, le spectre se trouva à flotter littéralement
entre Jonathan et Anu’kh. Le père de Clark ne pouvait le quitter des yeux.
Pourtant il aurait dû le faire, il le savait : une fois que l’ombre avait
quittée le corps d’Anu’kh, l’ombre dissimulant son visage s’était atténuée,
Jonathan aurait pu identifier son visage. Mais son regard bleu ne parvenait à
se détacher de l’ombre. Elle cessa alors de flotter à mi-hauteur, en des
gestes amples, et traversa le bassin du Sauveur. Toute nuances de sa forme
disparut alors et la pénombre envahit de nouveau son visage énigmatique, son
le capuchon rouge. Le froid environnant disparut à son tour et Jonathan releva
les yeux vers le visage d’Anu’kh. Il vit de nouveau son visage se refléter
dans l’ombre du visage d’Anu’kh, tel un miroir obscure. Jonathan et Jor-El
retrouvèrent leur liberté de mouvement.
Anu’kh : (voix profonde) est-ce cela que vous
voulez pour votre fils ?
La réponse était bien évidente aux yeux de
Jonathan, pourtant il ne dit pas mot. Il resta immobile, à écouter le rythme
de son cœur battre de façon frénétique à ses tempes, dans un bruit mat
assourdissant. Il baissa les yeux vers le sol noir, sans tâche et se mit à réfléchir.
Dans cet endroit, toute pensée, tout fait émanait de l’esprit du maître des
lieux. Lorsque Jor-El était ce maître, il lui avait montré l’antique
Krypton et lui avait, soi-disant prouvé que le peuple Kryptonien voulait pour
Clark une destinée pacifique, une destinée de Sauveur.
Mais Anu’kh venait de montrer que si Clark persistait
dans cette voie, il y trouverait la mort. Kal-El le tuerait et dominerait la
Terre. Que devait-il choisir ?
Jor-El sentait cette hésitation, cette frustration qui
grandissait dans l’esprit de Jonathan. Le descendant de Sethi avait une
nouvelle fois réussi à semer le doute.
Jor-El : (furieux) peu importe ce que tu as
voulu lui faire croire, je ne te laisserai pas nuire à mon fils !
Anu’kh : (calme) la seule véritable menace de
Clark reste lui même ! Tu me croiras si tu veux, mais je ne veux qu’aider
Kal-El à trouver la voie qui découle de sa véritable nature …
Soudain, Anu’kh recula en supervitesse vers le
centre du dôme, créant des sillons de vitesse rougeâtre autour de lui. Il
avait senti cette haine irrépréhensible gravir ses derniers échelons en
Jor-El. Il ne pouvait se permettre une lutte pas maintenant, pas ici, il le
savait pertinemment.
Anu’kh : je sais que vous ferez le bon choix,
Jonathan …
Les derniers mots prononcés par Anu’kh résonnèrent
dans un écho interminable tandis qu’une lueur rouge, d’une aura sans égale
apparaissait au niveau du centre de l’abdomen d’Anu’kh. Six branches de
lumière la quittèrent et embrassèrent le corps du Sauveur de toutes parts, le
couvrant de lumière flamboyante. Avant que Jor-El n’ait eu le temps de réagir,
Le Sauveur disparaissait dans un éclair lumineux, d’une rare vivacité.
Une couche de peinture blanche, immaculée, tomba du
sommet pointu de la pyramide et recouvrit en quelques secondes chacune des
parois, auparavant obscures, du dôme artificiel. Il venait de reprendre son
aspect d’origine.
Affolé, Jor-El se tourna vers Jonathan et s’empressa
de lui poser cette question :
Jor-El : Jonathan, que vous a-t-il fait ?
Le seul regard de Jonathan ouvrait les portes de son
esprit tourmenté. « Les yeux sont le miroir de l’âme », se plaisaient à
dire certains écrivains. Mais en cet instant, cela ne paraissait plus une
simple tournure de phrase, mais une vérité inébranlable. La peur étalait
chacune de ses nuances dans le bleu claire qui inondait le regard de Jonathan.
Une peur effroyable, une peur indestructible, une peur qui hanterait Jonathan
jusqu’à la fin de ses jours … Il avait perdu tout contact avec la réalité
du dôme, la voix de Jor-El paraissait si lointaine. Cette vision lui avait paru
si réelle : Kal-El étranglant son fils …il souriait devant son acte
…Jonathan se sentait trembler de partout. Et la voix d’Anu’kh, cette voix
étonnement veloutée : « Est-ce cela que vous voulez pour votre fils ? ». Il
avait si peur, encore plus qu’avant de s’entretenir avec Jor-El !
Jor-El : Jonathan !!
Le père biologique de Clark avait dû joindre la télépathie
à la parole, Jonathan était trop absorbée par la peur. Ce mot résonna dans
la tête de Jonatha, et le fit sortit un peu trop brutalement de ses pensées.
Il tourna de manière vive la tête sur sa gauche et adressa à Jor-El un regard
écarquillé :
Jonathan : oui ?
Jor-El : qu’est ce qui s’est passé ?
Jonathan baissa instinctivement les yeux, n’osant répondre
immédiatement : son esprit était encore trop flou pour apporter une réponse
claire. Il reporta son regard devant lui, sur la gauche de Jor-El et fixa un très
long instant le sol, sous le regard attentif de Jor-El. Et, enfin, il répliqua
:
Jonathan : Anu’kh m’a … m’a montré
l’avenir de … Clark.
Jor-El : (inquiet) oui ?
Jonathan : s’il poursuit sa destinée, Kal-El
le …tuera !
Sur ce dernier mot, prononcé plus fortement que les
précédents, Jonathan se retourna vers Jor-El et lui adressa un regard profond,
empli de sentiments resurgis de nulle part.
Jor-El baissa à son tour la tête, sachant
pertinemment ce que ressentait Jonathan.
Jor-El : je comprends ! Mais … (il releva les
yeux vers Jonathan) vous ne devez pas prendre cette vision au sérieux !
Jonathan : (abasourdi, furieux) pas la prendre
au sérieux ?! Je viens de voir mon fils mourir devant mes propres yeux, et vous
me demandez de ne pas le prendre au sérieux !
Jor-El : non, vous ne me comprenez pas !
A chaque phrase prononcée par Jor-El, Jonathan
sentait sa colère gravir quelques nouvelles marches, malgré le fait qu’elles
visaient à rassurer le père adoptif de Clark. Jonathan avait l’impression de
revoir, dans toute son ampleur, le Jor-El qu’il avait tant haï jusqu’à
aujourd’hui.
Jonathan : (criant) oh si je vous comprends
parfaitement ! Comme d’habitude, rien ne vous importe plus que la destinée de
Clark ! Je ne …
Jor-El venait d’amener sa main droite à hauteur
de son bassin et ouvrait les doigts : une lueur blanche apparut dans son creux,
illuminant les alentours de sa pureté. Jonathan se sentit envahi d’une énergie
nouvelle, alliée à cette douceur implacable. Une sorte d’espoir naissait de
cette aura blanche, reflétant sur lui.
Jor-El : Jonathan, vous devez me faire confiance
! Tout comme son aïeux, Sethi, Anu’kh a le don de manipuler les esprits les
plus aiguisés avec une habileté sans partage. Ce pouvoir a valu la destruction
de Krypton, je vous en pries, ne faites pas la même erreur !
Jonathan vit cette lueur blanche refléter dans les
yeux de Jor-El et provoquer en lui un sentiment de bien-être enivrant. Il était
sincère, plus que jamais, et lui aussi ressentait une peur grandissante, vis-à-vis
de la décision de Jonathan. C’était de cette décision que découlerait
l’avenir de Clark et Kal-El. Il avait trop peur de le perdre, comme il avait
perdu Lara dans l’explosion de sa planète. Jonathan était l’un de ses
derniers espoirs réels de protéger son seul fils.
Aussi, Jonathan esquissa un sourire.
Jonathan : « l’homme peut devenir bon »,
c’est bien ce que vous avez dit à Yen-Al ?
Jor-El acquiesça d’un signe de tête, préservant
cette attitude sérieuse.
Jonathan : … en apprenant de ses erreurs. Je
suis prêt à commencer dès maintenant …
Jonathan tendit sa main droite vers Jor-El,
l’invitant à la serrer. Jor-El baissa un court instant les yeux vers cette
main ferme, sans un sourire. Puis, il les releva vers le regard enjoué de son
allié et esquissa un très large sourire. Il amena alors sa main, serrant
l’aura de lumière blanche vers la main droite de Jonathan et l’étreignit
avec force et ferveur. L’aura de lumière explosa en une vague de lumière
d’une rare intensité …
*******
Grottes Kawache -- Smallville --- Une semaine après
le départ de Jonathan --- 17h49
[La caméra filmait, à quelques mètres de
distance, la paroi rocheuse d’une des Grottes Kawache. Creusée en son centre
d’une fente octogonale, elle comportait divers symboles d’origine
Kryptonienne inscrits, d’une peinture bleue, en spirales autour de la serrure.
D’un travelling lent vers l’arrière, la caméra filma la paroi, assombri,
dans sa totalité]
Une violente lumière blanche inonda la gravure
octogonale et fit jaillir certaines de ses nuances sur la paroi rugueuse. Les
spirales de symboles, tout autour, s’animèrent en se traçant de cette même
lumière pure et se mirent à tourner sur elles-même, lentement. Une faible
brise de vent s’éleva de nulle part, comme sortant de la paroi rocheuse, et
s’insuffla dans les moindres recoins de la salle silencieuse. Soufflant très
doucement, le vent commença à balayer la poussière, reposant sur le sol dur,
au pied de la paroi. D’un phénomène très étrange, le vent fit remonter en
spirales la poussière et traça rapidement, ce qui ressemblait à de pilonnes,
très peu larges, collé l’un à l’autre. La poussière continua de tracer
les contours de cette forme qui se révéla bien vite n’être que la simple
carrure d’un homme musclé. Ses épaules apparurent, tracées par la poussière
ainsi que sa tête, couverte de cheveux épais. Une couche de lumière
transparente se déversa du haut de son crâne et dégoulina, tel une chute
d’eau, sur la totalité de son corps. Quelques secondes plus tard, Jonathan
Kent était réapparu devant la paroi rocheuse.
Jonathan tenait dans sa main droite la clé ovale, que
Jor-El lui avait remit avant de quitter le dôme et dans sa main gauche un autre
projet, à l’aspect étrange. La lumière, dans la roche, s’atténua
rapidement jusqu’à disparaître complètement en tout juste quelques
secondes. Jonathan la regarda s’amenuiser, tout en plongeant la clé ovale
dans une des poches avant de son jean. Lorsqu’elle fut complètement disparue,
Jonathan baissa les yeux vers sa main gauche et amena l’étrange objet à sa
vue, aplanissant sa paume. Il en observa chaque détail : l’objet ressemblait
à un gros galet, comme la clé ovale. Son alliage à l’aspect diaphane ne
permettait pourtant pas de voir au travers. En son centre, une encoche
circulaire était encrée dans l’alliage et comportait en son centre, le
symbole Kryptonien de « Clé », de couleur bleu dur. Et, tout autour, des
lignes de caractères Kryptoniens, plus petits, étaient peints, légèrement
courbé vers le haut ou le bas, suivant leur place sur l’objet. Selon Jor-El,
ce qu’il renfermait pourrait permettre à Jonathan d’accomplir sa « tâche
», le moment venu. Jonathan esquissa un sourire et releva une ultime fois les
yeux vers la paroi ; les symboles semblaient avoir changés, dans les spirales.
Frustré de ne pas pouvoir lire les symboles, Jonathan
pensa qu’il était temps de revenir parmi les siens, Martha devait se faire un
sang d’encre. Après tout, il ne savait pas combien de temps il avait réellement
été parti ; lui pensait à quelques heures, tout au plus, mais qui pouvait
bien savoir ….
Il tourna les talons et commença à marcher, faisant résonner
le bruit de ses pas dans la grotte. Il releva les yeux …Il se figea sur place,
le cœur battant, les yeux braqués droit devant lui, écarquillés de surprise.
A cinq mètres de lui se trouvait Lex Luthor, habillé d’un long manteau noir
en cashmere. Les mains dans les poches, il regardait Jonathan droit dans les
yeux d’une noirceur inaltérable. Un froid implacable envahissait ses rétines,
provoquant des frissons en Jonathan. Il pensa à plusieurs choses : est-ce que
Lex l’avait vu apparaître dans la grotte et avait-il vu l’artefact, dans sa
main gauche ?
Lex, continuant de fixer le père de Clark du regard,
lui adressa ces mots, dits sur un ton ouvertement cassant et moqueur :
Lex : Jonathan Kent …
Jonathan se força à sourire, en réponse à Lex et
se mit à penser très intensément à l’artefact dans sa main gauche. Sous
son effet, sa paroi déjà translucide devint quasiment invisibles ; seuls ses
contours restaient difficilement visibles, assez flous. La main de Jonathan se
refermait presque dessus.
Lex laissa un rire jaillir de sa gorge, dénué de
joie. Il baissa les yeux et avança vers Jonathan sans lui adresser un regard.
Il rasa son flanc gauche, en passant à côté de lui et s’éloigna vers la
paroi, creusée de la serrure octogonale. Lex s’arrêta devant, en en
observant chaque détails, visiblement captivé par les symboles.
Lex : j’ai plus l’habitude de voir un autre
Kent, dans ces grottes !
Malgré le sens agréable des mots de Lex, le ton
froid qui les accompagnait faisait toujours froid dans le dos. De plus, Jonathan
était certain que Lex avait vu quelque chose, à son arrivée. Mais quoi ?
Impossible de savoir avec un Luthor. Jonathan se retourna donc et vit Lex, de
dos, en train d’observer la paroi rocheuse. Kent fut surprise de voir la tête
de Lex bougeait légèrement, en cercle et ses lèvres remuer très légèrement,
comme s’il lisait les symboles. Jonathan préféra changer de sujet, sur un
ton amical et amena le sujet vers Clark :
Jonathan : justement, je le cherche ! Vous ne
l’avez pas vu ?
Lex continua sa traduction mais s’affaira à répondre
à Jonathan sur un ton assez sourd, signe de son occupation d’esprit :
Lex : à vrai dire, Clark et moi sommes en …
conflit …
Jonathan était au courant de cet état de fait mais
il avait espéré un élément de réponse de la part de Lex. Les Luthor
savaient toujours tout et précisément quand cela concernait Clark Kent. Il était
certain que Lex saurait où le trouver, mais il ne semblait pas d’accord pour
divulguer l’information.
Lex termina sa traduction en observant les symboles les
plus espacés de la serrure. Il esquissa un très large sourire.
Lex : mais nous nous retrouverons bientôt …
(plus bas) oui, très bientôt …
Jonathan sentit le rythme de son cœur s’emballer,
il tourna les yeux vers les spirales de symboles, devant Lex : et si cette
rencontre était transcrite dans ces symboles ? Si tel était le cas, il
paraissait évident que cette future rencontre aurait une finalité qui plaisait
grandement à Lex, ce qui provoquait cette peur en Jonathan. Mais, par peur de
voir ses secrets dévoilés, Jonathan ne releva pas.
Jonathan : si vous le voyez, dites-lui
d’appeler à la maison …
Mais Lex ne fit pas un geste, ne dit pas un mot. Les
paroles de Jonathan, dite sans grande conviction, se perdirent dans un écho
interminable qui alla se noyer dans la roche voûtée du plafond. Jonathan
regarda un long instant Lex, de dos, avant de se décider à partir. Prenant
bien la précaution de cacher sa main gauche, serrant l’objet invisible, aux
yeux de Lex, Jonathan s’éloigna vers l’entrée, sur sa droite. Lex se
retourna enfin et observa Jonathan partir, et disparaître derrière le pan de
mur. Armé d’un souvenir dévastateur, Lex se répliqua à lui même :
Lex : il va me falloir découvrir ce que vous
cachez, vous aussi, Jonathan Kent …
Ferme
des KENT –Smallville --- 18h02
Martha, habillé d’un jean saillant légèrement délavé
et d’une veste en daim beige cintrée, ouvrit le petit portillon blanc ouvrant
l’accès à la pelouse, devant la maison, propriété de son mari et d’elle
même. Même le grincement aigu du portillon ne suffit à faire émerger Martha
de ses sombres pensées. Regardé braqué sur l’allée dallée menant au
perron, sur la droite, main serrée sur le trousseau de clés, elle ne pouvait
se détacher de cette sombre soirée où Kal-El avait pris le contrôle de son
fils et l’avait poussé à quitter la maison. Jonathan, pour essayer de le
ramener, était parti aux grottes Kawache dans l’espoir insensé de convaincre
Jor-El de lui rendre son fils. Malgré les mises en gardes de sa femme, qui était
certaine qu’il n’en reviendrait pas, Jonathan était parti. Martha s’était
alors trouvé seule, horriblement seule. Cela faisait une semaine entière que
cela durait. Au bout de trois jours, elle avait pris une décision : Jor-El lui
enlèverait peut être son mari, mais jamais elle ne lui prendrait son fils.
Elle avait donc fait appel à Matt Murdock, l’ami aveugle de Clark dans
l’espoir qu’une fois de plus, il parvienne à le ramener. Matt devait
arriver le lendemain.
Martha tourna sur sa droite, vers les marches, en
relevant la tête. Elle braqua la portée de ses yeux azurs sur la porte
d’entrée, au fond du perron et gravit une à une chacune des cinq marches,
devant elle. La mine macabre, elle parvint de ce pas lourd jusqu’au devant de
la porte et s’arrêta à cet endroit. Les alentours étaient calmes, trop
calmes. Seul le beuglement régulier d’une vache brisait l’intense silence.
Martha baissa les yeux vers le trousseau de clés, dans ses mains et les fit
bouger à la recherche de la bonne clé. Enfin, elle la trouva et s’apprêta
à l’amener vers la serrure …
???: Martha Kent ?!
Martha se figea sur place, surprise par le timbre de
la voix. Il s’agissait de la voix d’une jeune femme, une voix qu’elle ne
connaissait pas, elle en était certaine. Aussi, la mine surprise, elle se
retourna et regarda une silhouette approcher, alors que le portillon grinçait
de nouveau, derrière son passage. Martha balaya la silhouette du regard, de
haut en bas. Mince, assez grande, elle était vêtu de manière urbaine –jean
taille basse légèrement délavé et débardeur noir aux fines bretelles- et
ses longs cheveux bruns étaient relevés en un chignon lache, laissant tomber
en travers de son visage deux fines mêches de cheveux mettant en valeur ses
yeux bruns aux éclats envoutants. Souriant, Loïs s’avançait vers Martha
d’un pas décidé, visiblement amusé. Elle longea l’allée dallée comme
l’avait fait Martha et s’arrêta au pied des marches, sous le regard de
Martha. Celle-ci avança à son tour, déportant son regard sur la gauche, vers
l’allée menant à la ferme. A côté du pick-up rouge de Martha était garée
une citadine bleue, personne d’autre n’était présent.
En s’approchant, Loïs s’adressa à Martha sur ce
ton enjoué et amusé :
Loïs : vous ne pouvez pas savoir le mal que
j’ai eu à vous retrouver ! Avec tous ces plants de maïs !!
Loïs arrêta sa phrase au moment même où elle se
figeait devant Martha, au pied des marches. Elle regarda un court instant la mère
de Clark, observer l’allée sur sa propre gauche. Elle ne put s’empêcher de
remarquer que le visage de Martha exprimait une peur intense, encombré d’une
certaine paranoïa. Puis, lorsque Martha porta enfin son regard sur elle, Loïs
laissa un sourire traverser son magnifique visage bronzé. Martha n’esquissa même
pas un sourire, elle se contenta de regarder Loïs droit dans les yeux. Alors,
sans préambule et sur un ton assez confus, elle lui demanda, le visage crispé
:
Martha : excusez-moi mais … qui êtes-vous ?
Loïs s’empressa d’adresser un sourire ravi à
Martha et de lui tendre sa main droite, en répondant :
Loïs : Loïs … Loïs Lane !
Martha baissa les yeux vers la main tendue de Loïs.
Elle la regarda un très long instant, sans faire le moindre geste. Enfin, sans
un mouvement du visage, elle finit par étreindre cette main doucement, délicatement,
avant de retirer sa main. Martha dévia légèrement son regard sur la droite,
à côté de Loïs et regarda quelque chose dans son dos, qui sembla attirer
toute son attention. Elle semblait à nouveau avoir perdu contact avec la réalité.
Enfin, après de longues secondes de concentration, Loïs
se décida à se retourner mais ne vit rien d’autre que la pelouse, à perte
de vue. Elle revint donc vers Martha et la regarda à nouveau droit dans les
yeux :
Loïs : Martha … vous êtes sûre que ça va ?
Martha dévia lentement son regard de la pelouse et
revint Loïs, la regardant à son tour au plus profond de ses rétines. Elle
sembla se réveiller, en clignant deux fois de suite des yeux.
Martha : écoutez Clarisse …
Loïs : (grimaçant) Loïs … je m’appelle Loïs
…
Martha : (souriant sur le premier mot) Loïs …
je n’ai vraiment pas le temps là !
Martha n’attendit même pas la réponse de Loïs
et se retourna en un geste vif.
Loïs ne revenait pas de cette attitude. En tout juste
quelques secondes, la mère de Clark était passé de la femme absorbée par un
élément imaginaire à la femme sûre d’elle et très occupée, que beaucoup
associaient au nom « Mme Kent ». « Ces changements étaient peut être génétiques
» pensa Loïs, qui ne savait pas que Clark avait été adopté.
Elle regarda Martha s’approcher de la porte et
s’arrêter devant. Elle fit silence et l’écouta introduire la clé dans la
serrure et la tourner à l’intérieur. Elle attendit, immobile, que Martha
ouvre la porte pour lui lancer cette phrase, sérieuse :
Loïs : c’est au sujet de Clark …
La réaction de Martha fut en tous points semblable
à celle qu’avait espérée Loïs. Le regard braqué devant elle, sur le sol
de la cuisine un peu plus loin, Martha venait de s’immobiliser, le cœur
battant à tout rompre. Ses bras le long du corps, elle entendait le nom de
Clark résonner en écho dans sa tête. Après quelques secondes pendant
lesquels Martha essaya de reprendre contact avec la réalité, cette dernière
finit par répliquer à Loïs en relevant la tête :
Martha : qui ?
Fixant la nuque de Martha des yeux, Loïs répondit
instantanément, avec un sourire :
Loïs : Clark Kent … votre fils
Martha, malgré cette affirmation et le rythme de
son cœur qui accélérait encore, resta dos tourné à Loïs. Elle avait
vraiment à croire à tel événement : une inconnue avait rencontré son fils,
elle ne savait où et cette jeune femme avait fait des recherches pour retrouver
sa mère. C’est pourquoi elle resta si longtemps silencieuse, ne croyant pas
à son bonheur.
Loïs interprêta ce silence comme une contradiction.
Loïs : (grimaçant) c’est bien votre fils ?
Martha comprit que Loïs devait avoir un gros doute,
soudainement et se décida à lui répondre, sur un ton pourtant toujours absorbé
par l’étonnement :
Martha : oui, Clark est mon fils …
Elle se retourna et braqua sur Loïs un regard
profond, intense devenu beaucoup plus présent qu’auparavant. Martha semblait
être redevenue la mère paisible et gentille que tout le monde connaissait ici,
à Smallville.
Martha : où l’avez-vous rencontré ?
Loïs, ravi d’avoir retenue l’attention de
Martha, esquissa un sourire et gravit les cinq marches du perron pour revenir
faire face à Martha. Impatiente, la mère de Clark la regarda faire et attendit
sa réponse :
Loïs : (calmement, souriante) à Metropolis. Il
m’a évité un séjour à l’hôpital …
Martha laissa un rire nerveux jaillir de sa gorge.
Enfin, Loïs pouvait contempler ce sourire maternel qui allait temps à Martha,
celui qui était réservé à la seule personne au monde qui y avait droit : son
fils, Clark Kent. Aucun doute possible, toutes deux parlaient du même Clark
Kent. Et selon les dires de Loïs, il se trouvait à Metropolis et,
contrairement à ce qu’avaient pensé Jonathan et elle même, Kal-El ne le forçait
pas à agir en tyran. Au contraire, Clark débutait dans la tâche
impressionnante de héros qui lui incombait. Ce sourire ne disparut que de
longues secondes plus tard du visage de Martha.
Martha : il est encore à Metropolis ?
Cette fois, Martha fut déçue par la réaction de
Loïs. Une grimace étira les jeunes traits de son visage angélique et elle répondit,
sur un ton gêné :
Loïs : A vrai dire, j’espérais que vous me
le diriez !
Martha : (Baissant les yeux) Clark a quitté la
maison il y a une semaine (relevant les yeux et baissant le ton) depuis, je
n’ai plus eu de nouvelles …
Loïs fut très touchée par les paroles de Martha.
Le ton de sa deuxième partie de phrase ainsi que son regard bleu profond,
suffisaient amplement à faire passer la détresse intense qui habitait son cœur.
Une détresse qui ne cessait de s’accentuer, de minutes en minutes, à mesure
que Clark restait loin d’elle. Il représentait une drogue dont Martha ne
pouvait plus se passer, il faisait partie à part entière d’elle et, sans
lui, elle se sentait vidée d’une part vitale, un organe sans lequel la vie
n’était pas envisageable.
Loïs répondit, d’une voix troublée, dont le ton
venait de baisser :
Loïs : Je suis désolée, il ne m’avait rien
dit …
Loïs laissa de longues secondes passer en silence.
Elle baissa à son tour les yeux, vers le sol du perron. Elle se rappelait le récit
que lui avait fait Clark, à son appartement, en lui relatant sa vie passée. Il
avait dû subir tant d’obstacles. Sa mère semblait l’avoir aidé et le désarroi
qu’elle ressentait était normal, Loïs le comprenait parfaitement. Cependant,
ce qu’elle ne comprenait pas c’était pourquoi Clark avait fui à Metropolis
sans prévenir sa mère, leur lien semblait si fort. Quelque chose ne collait
pas, Martha ne lui avait certainement pas tout dit.
Cette dernière, tourna les talons et entra dans la
cuisine, d’un pas lent et lourd. Loïs releva les yeux et la vit
s’approcher, à l’intérieur de la cuisine d’un muret, sur la gauche.
Martha y posa ses clés et resta un instant, devant. Loïs en profita pour
entrer, sans refermer la porte et vint se placer sur la gauche de Martha, la
regardant intensément.
Loïs : (voix douce) Martha, je comprends le mal
que vous ressentez mais … Clark a besoin d’aide, il va très mal …
Loïs marqua un nouveau silence, regardant
Martha, avant de reprendre, sur un ton plus enjoué, montrant qu'elle voulait
donner du baume au coeur de Martha.
Loïs: et Jonathan n'est pas là ?
Loïs comprit bien vite qu'elle avait commis une de
ces grosses erreurs qu'elle avait pour habitude de commettre, sans le vouloir.
Le visage de Martha se fendit en une expression douloureuse.
Martha: (baissant la tête) Jonathan est mort
...
Martha dévia son regard sur sa gauche et regarda
une nouvelle fois Loïs droit dans les yeux. Rien qu’en observant les rétines
brunes de la jeune Lane, il paraissait clair que Loïs elle aussi avait connu
pas mal d’épreuves et voulait aider Clark au mieux, mais Martha avait peur de
ce que Kal-El pourrait faire à Loïs.
Loïs poursuivit sur un ton plus dur, dont le timbre
avait augmenté :
Loïs : je sais ce que ça fait de perdre
quelqu’un, j’ai perdu ma mère quand j’étais petite … Mais vous, à la
différence de moi, vous pouvez encore sauver votre fils !
Martha était touché, une fois de plus, au plus
profond de son cœur, comme elle l’avait rarement été dans sa vie. Loïs,
par son vécu, parvenait à trouver les mots justes et à les faire comprendre
au mieux. Mais cette fois, la situation la dépassait de loin, même si elle
n’en savait encore rien. Aussi, Martha se décida à devenir plus cassante et
agressive que jamais, plus qu’elle ne l’avait jamais été.
Martha : Ce n’est plus mon fils, plus
maintenant …
Martha se tourna sur sa droite, avant même
d’avoir fini cette phrase. Il voulait cacher cette vague de larmes, aux
nuances brûlantes qui commençait à se déverser par dessus ses yeux. Elle
n’osait croire qu’elle avait réussi à dire ces mots : Clark, malgré tout
ce qu’il pourrait faire, resterait à jamais son fils. Elle l’aimerait dans
le pire comme dans le meilleur. Essayant de ne pas reniffler, pour se dissimuler
aux yeux de Loïs, dans son dos, Martha se dirigea vers le corridor, droit
devant elle. Une fois à l’intérieur, elle se tourna vers le mur de gauche et
commença à enlever sa veste en daim :
Loïs : (se retournant complètement vers elle)
Vous savez Martha, vous me décevez …
Ecoutant au mieux les paroles de Loïs, Martha
continua pourtant d’amener sa veste vers le porte-manteau, accroché au mur,
en hauteur :
Loïs : tous ceux à qui j’ai parlé de vous,
en ville, m’ont affirmé que la famille Kent était la plus aimée, la plus
serviable et surtout, la plus soudée de la région. J’en déduis donc que
vous me cachez quelque chose. Quelque chose que je découvrirai par moi même,
s’il le faut …
Gardant les mains posées sur le manteau, sur le
pommeau du porte-manteau, Martha tourna lentement la tête sur la gauche et
porta son regard sur le corps de Loïs. Toutes deux se regardèrent droit dans
les yeux, Martha déçue par la réaction de Loïs et Loïs plus déterminée
que jamais.
Loïs : même sans votre aide, je le retrouverai
!
Martha : (voix brisée) vous ne devriez pas …
Loïs resta encore un très long instant les yeux
braqués sur Martha, n’osant croire à cette réaction de la part d’une mère
aimante. Elle avait l’impression de s’être trompée de Martha Kent, jamais
celle dont on lui avait parlé n’aurait abandonné son fils.
Loïs constata une nouvelle fois que le regard de
Martha semblait évasif, vide et se déportait sur la droite de Loïs. Elle
semblait observer autre chose, dans le dos Loïs et cette contemplation
provoquait en elle un sentiment des plus intenses.
Furieuse, Loïs ferma les yeux et se retourna …
Loïs : je tiens toujours mes promesses …
Toujours les yeux fermés, Loïs avança sur
plusieurs pas, en direction de la porte d’entrée restée ouverte. Et soudain,
elle heurta de plein fouet une forme puissante, prenant la place de
l’embrasure de la porte. Loïs comprit, avant même de rouvrir les yeux, que
c’était cette forme qu’avait observé intensément Martha.
Surprise, Loïs recula de deux, regardant cet homme de
haut en bas. Exprimant sa colère, elle lui répliqua :
Loïs : (voix agressive) allez-y, faites comme
chez vous …
Ferme
des KENT -- Smallville --- 18h09
Loïs releva lentement les yeux vers le haut,
caressant de son regard brun la silhouette massive de cet homme à la carrure
imposante et à un âge avoisinant les cinquante ans. Elle parvint enfin
jusqu’au visage carré de cet homme, aux traits creusés par l’âge et à ce
regard d’un bleu aussi clairvoyant que celui de Clark Kent. Ses cheveux,
quelques peu épais, étaient légèrement teint d’une teinture blonde et
coiffés vers l’arrière. Un large sourire paternel étirait ses fines lèvres,
accentuant un peu plus l’harmonie qui semblait l’habiter. Son poing droit,
massif, était serré sur quelque chose qui restait impossible à identifier.
Une ligne invisible aurait pu relier le regard de Martha à celui de cet homme.
Il ne se préoccupait pas une once de Loïs, pourtant juste devant lui mais ne
parvenait pas à détacher son regard azur de Martha, de l’autre côté de la
pièce.
Elle même restait absorbée par cette contemplation,
ses yeux légèrement écarquillés. « Je rêve éveillée » se dit-elle, après
quelques secondes. Même ses espoirs les plus fous n’auraient pas pu lui
permettre d’espérer une telle joie. Et pourtant, c’était vraiment le cas :
derrière Loïs, immobile et souriant, se trouvait belle et bien l’homme de sa
vie ; Jonathan Kent.
Ce dernier, le cœur battant à tout rompre, ne
s’occupa pas une seconde de la réplique, si cassante soit elle, de Loïs et
élargit son sourire en voyant, dans le corridor, Martha laisser une larme se déverser
de son œil droit et commencer à rouler le long de sa joue, laissant une traînée
d’humidité sur sa peau. Sous le regard surpris et décontenancé de Loïs, il
passa sur sa gauche et s’approcha, d’un pas lent, le regard absorbé par
Martha, vers la femme de sa vie. Armé de ce même sourire, il s’approcha
d’elle sans la quitter des yeux tandis que Loïs se retournait pour regarder
ce qu’il allait faire. Ainsi, elle put le voir s’arrêter face à une Martha
dont le visage ruisselait de deux larmes lentes et dont les yeux brillaient
intensément. Et pourtant, malgré le fait que cela paraissait impossible, la mère
de Clark ne renifflait et ses lèvres et tremblaient pas. Seules les larmes
roulant de chaque côté de son visage manifestait son sentiment intense
d’incompréhension. Jonathan accentua son sourire et, ne quittant toujours pas
le regard de sa femme de ses propres yeux, amena sa main gauche vers son visage
et la posa délicatement sur sa joue, l’étreignant avec douceur. Mais même
avec ce geste, Martha ne fit pas un mouvement du visage, pas un mouvement
corporel. Elle semblait figée par la présence de Jonathan devant ses yeux,
comme si elle avait peur de le voir disparaître en fumée, d’un instant à
l’autre.
D’une voix assez veloutée, d’une douceur
incomparable, Jonathan approcha un peu plus son visage de celui de Martha et lui
glissa ces mots magnifiquement touchants :
Jonathan : tu n’as plus à t’inquiéter …
je suis là …
Le timbre la voix, si envoutante aux yeux de Martha
de Jonathan, suffit à briser cette barrière mentale qu’elle s’était
construite au moment où la silhouette de son mari était apparue, derrière Loïs.
Dès cet instant, elle avait préféré se construire un masque de fermeté qui
la protégerait de toute désillusion. Mais, la voix de son mari apparaissait
comme la clé de ce masque de fer.
Le visage de Martha se tordit en une expression
attendrissante : les larmes redoublèrent et se mirent à couler en abondance le
long de ses joues, de ses yeux jusqu’aux coins de ses lèvres, qui se mirent
à trembler. Elle fondit en une vague de pleurs incontrôlable, pourtant
silencieuse. Au moment où Jonathan accentuait son sourire, Martha, malgré ses
pleurs, ne put s’empêcher de sourire à son tour, faisant luire un peu plus
intensément ses rétines bleutées. Jonathan approcha alors doucement son
visage de celui de sa femme et déposa très délicatement ses lèvres sur
celles de Martha, lui donnant un baiser des plus doux. Il écarta ensuite ses lèvres
de celles de Martha et la vit rouvrir les yeux, très lentement. Ils se regardèrent
un court instant droit dans les yeux, comme si ce simple échange suffisait à
recréer ce lien qui les unissait à jamais. Martha se jeta alors dans les bras
de Jonathan et entoura les siens autour de son cou. Elle prit alors pleinement
possession des lèvres de son mari, sous les yeux ébahis de Loïs. Cette dernière,
s’eclama d’une voix basse, abasourdie :
Loïs : (pour elle même) ah bah ça … !
Les baisers se suivirent pendant de longues
secondes, d’une manière de plus en passionnées. Loïs avait rarement assisté
à tel échange buccal, surtout entre deux personnes qui avaient dépassé
depuis un certain temps la période de l’adolescence et des hormones en ébullition.
Mais ce qui surprenait le plus Loïs, et de loin, était la présence de
Jonathan ici même. « Jonathan est mort », tels étaient les mots qu’avait
utilisés Martha quand Loïs lui avait demandé où était Jonathan. Et étant
donné la froideur du ton qu’elle avait emprunté, il paraissait évident
qu’elle ne mentait.
Loïs finit pas détourner les yeux du couple et de
porter son regard sur le sol, sur sa droite. Et, d’une voix forte et gênée,
elle leur demanda, sans hésitation :
Loïs : euh …excusez-moi !
Souriant radieusement, Jonathan s’écarta un
tantinet du visage de Martha, gardant son visage à tout juste quelques centimètres
du sien. La regardant toujours droit dans les yeux, il comprit combien Loïs
devait être mal à l’aise. Aussi, malgré ses pulsions qui lui ordonnaient le
contraire, Jonathan décida de reporter à plus tard son retard en affection. Il
donna un dernier baiser à Martha et essuya de sa main, contre son visage, les
larmes de sa femme, en la regardant toujours droit dans les yeux. La mère de
Clark, radieuse comme jamais, prit la main de Jonathan posée sur son visage et
l’étreignit avec amour. Jonathan se retourna et vint se placer sur la droite
de Martha, regardant Loïs, un peu plus loin. La jeune Lane risqua un rapide
coup d’œil vers le couple :
Loïs : ça y est ? Vous avez fini !?
Martha : (riant) oui !
Loïs se retourna alors complètement vers Jonathan
et Martha et leur adressa le regard le plus gentillet qui soit, ravie pour eux.
Mais le ton qu’elle emprunta montra bien qu’ elle espérait des réponses.
Loïs : j’aurais une question : votre mari, il
était pas …mort ?
Martha, le visage toujours un peu humide et les yeux
brillant, de bonheur cette fois, tourna la tête sur sa droite et échangea avec
son mari un échange de regard éloquent ; tous deux se souriaient intensément.
Martha : (regardant Jonathan) je le croyais
aussi …
L’échange de regards dura un court instant, avant
que le sourire de Martha n’atteigne son paroxysme. A cet instant, Martha ne
put résister plus longtemps : elle amena sa main gauche, la libre, vers le
visage de Jonathan et la posa dessus en se rapprochant de nouveau de son mari.
Et, rapidement, elle prit à nouveau possession des lèvres de Jonathan. Voyant
cela, Loïs déporta à nouveau son regard du couple vers la gauche, cette fois,
contemplant le muret qui n’avait rien de bien radieux.
Loïs : raaahh !!
Entendant la plainte de Loïs, Martha écarta ses lèvres
de celles de Jonathan, esquissant un nouveau sourire, tout aussi radieux que le
précédent. Elle donna une caresse à Jonathan, sur sa joue parsemé de poils
naissants de sa barbe et reprit sa place, en baissant la tête. D’une voix gênée,
elle répliqua :
Martha : (tête baissée) désolée …
Loïs comprit qu’elle pouvait enfin espérer les
regarder tous les deux sans qu’un baiser langoureux ne vienne interrompre leur
conversation, comme l’auraient fait de vulgaire adolescents enivrés par une
première passion. Mais, par précaution, elle préféra faire le plus
rapidement possible :
Loïs : je comprends parfaitement le fait que
vous ayez besoin d’être seuls ; c’est pourquoi, je ferais court …
Jonathan savez-vous où se trouve Clark ?
Jonathan perdit instantanément son sourire. Depuis
l’instant où il était entré dans cette cuisine il n’avait pas réfléchi
à la raison qui avait amenée cette jeune femme, inconnue à ses yeux. Clark
semblait en être l’origine, une raison qui ne présageait rien de bon à ses
yeux.
Il tourna rapidement la tête vers sa femme et lui
adressa ses mots inquiets :
Jonathan : Clark ? Qu’est ce qu’elle lui
veut ?
Martha retrouva son sérieux, comprenant l’incompréhension
que devait ressentir son mari en cet instant. Loïs le mettait sur le fait
accompli et elle savait, qu’à sa propre place, elle aurait détesté rester
sans explication :
Martha : Clark a sauvé Loïs d’un mauvais
pas, à Metropolis. Elle voudrai l’aider à son tour mais n’arrive pas à le
retrouver … (baissant le ton) je pense qu’elle s’est attachée à ton fils
…
Suite aux paroles de Martha, Loïs étira les traits
de son visage en une expression d’intense mécontentement, en baissant les
yeux. Lorsqu’elle les releva vers le couple, elle s’empressa de nier en bloc
les derniers mots prononcés par la mère de Clark :
Loïs : je ne me suis pas attachée à lui ! Je
veux juste l’aider … (baissant le ton) c’est tout …
Regardant Loïs droit dans les yeux, Martha laissa
un petit rire sortir de sa bouche. Cette attitude lui rappelait celle d’un
certain jeune homme, répondant au doux nom de Clark Kent. Pas moins de trois
ans plus tôt, il réagissait de la même manière quand on voulait lui faire
admettre qu’il adulait une ravissante eurasienne du nom de Lana Lang.
La réaction de Loïs, suite à ce rire, ne se fit pas
attendre :
Loïs : (ahurie) quoi ? Vous ne me croyez pas ?!
Martha : oh si, bien sûr que je vous crois !!
En voyant le sourire de Martha, encré dans son
visage bienveillant, Loïs comprit sans peine que Martha ne l’avait cru. Et
puis finalement, Loïs se força à penser qu’elle s’en fichait. Mais était-ce
réellement le cas ? Clark avait-il réellement besoin d’aide ? Il semblait
vraiment capable de s’occuper de lui même. Loïs s’inventait-elle des
excuses pour se retrouver de nouveau avec lui ? Ces moments, trop rares, passés
auprès de lui, lui manquaient tant … NON !! C’était pour l’aider lui et
non assouvir un désir quelconque !!
Enfin, très gênée par la situation, Loïs répliqua
d’une voix forte et soutenant sans mal le regard de Jonathan, qu’elle
regardait désormais d’une noirceur apparente.
Loïs : bon alors ! Vous savez où il est oui ou
non ?
Jonathan, le visage horriblement sérieux, réfléchissait
à, si oui ou non , il devait répondre à Loïs. Après tout, il ne connaissait
rien de cette Loïs à part le fait que Clark l’avait sauvée. Après tout,
Lex aurait pu manipuler Clark pour l’amener à la rencontrer et qu’elle
puisse enquêter sur lui. Après ce que Jor-El lui avait appris sur le compte de
Lex, Jonathan hésitait. Aussi, d’une voix grave et posée, il se contenta
d’affirmer :
Jonathan : il est toujours à Metropolis …
Martha tourna d’un geste vif la tête vers
Jonathan, très surprise par sa réponse. Comment pouvait-il savoir où il se
trouvait alors qu’il s’était rendu aux Grottes Kawache ? Jor-El
l’aurait-il finalement aidé ?
Malgré la prestance du regard de Martha sur son
visage, Jonathan continua d’observer Loïs, devant lui. Comme il aurait dû
s’en douter, la jeune Lane s’empressa de demander :
Loïs : et vous avez sûrement une adresse ?
Jonathan la regarda droit dans les yeux, dans ces rétines
brunes aux reflets intenses. Il espérait se plonger au plus profond de son
esprit afin de savoir si il pouvait lui faire confiance. Mais à cet instant,
quelque chose se mit à vibrer dans la main droite de Loïs, dont le poing était
serré. Elle baissa donc les yeux et brisa ce lien, entre Jonathan et elle ; le
père de Clark fut déçu de ne pas pouvoir user de ce pouvoir si bénéfique.
Loïs ouvrit sa main et révéla un téléphone
portable : une led, sur le clapet fermé clignotait de couleur bleue. Un nom
apparaissait sur le cadrant, juste en dessous. En lisant le nom « Chloé », Loïs
fit une grimace et se renfrogna.
Loïs : (pour elle même) c’est pas vrai ….
(relevant les yeux vers le couple Kent) j’en ai pour deux minutes !
N’attendant pas la réponse d’un des deux Kent,
Loïs ouvrit le clapet et le porta à son oreille en tournant les talons.
Laissant un « Oui Chloé » sortir de sa gorge sur un ton furieux, Loïs sortit
de la cuisine en direction du perron. Sous le regard de Martha et Jonathan, elle
passa par l’embrasure de la porte restée ouverte et s’arrêta sur le
perron, de dos. Après s’être assurée que Loïs ne pourrait l’entendre,
Martha se tourna vers son mari, le visage renfrogné et lui demanda :
Martha : comment tu le sais ?
Jonathan tourna lentement la tête vers Martha, détachant
ses yeux de la silhouette de Loïs. Cette jeune femme, il n’aurait su dire
pourquoi, mais évoquait quelque chose d’important, quelque chose qu’il ne
fallait pas nier.
Jonathan : (regardant Martha) c’est Jor-El qui
me l’as montré !
Martha : (surprise) comment ça, il te l’a «
montré » ? Tu l’as vu ?
Jonathan : (absorbé par ses pensées) je
t’expliquerais quand …
Mais Jonathan interrompit sa phrase en plein milieu.
La dispute téléphonique de Loïs, sur le perron, avec sa cousine, avait attirée
son attention. Mais quand il avait vu Loïs de profil, son regard s’était écarquillé
en observant le poignet droit de Loïs, tenant le téléphone contre son
oreille. Il avait aperçu ce tatouage bleuté, qu’avait inscrit Kal-El sur la
peau de Loïs, lors de la « rupture » entre Clark et Loïs. Seulement, le
tatouage semblait s’être agrandi : le losange s’était refermé et
n’apparaissait plus qu’en sa seule moitié. Jonathan reconnut instantanément
ce tatouage, comment ne pas le reconnaître ? Il comprenait alors l’importance
de Loïs, auprès de Clark. Il savait qui elle était en réalité, qui elle
deviendrait. Et cela changeait tout.
Martha : quand quoi ?
Jonathan émergea de son observation avec les mots
puissants de sa femme. Il reporta son attention vers elle et luie expliqua
rapidement la situation, sur un ton plus décidé, engagé :
Jonathan : quand Loïs sera partie ! Pour
l’instant tu dois me faire confiance !
Martha : attends, tu ne comptes pas lui donner
son adresse ! Il peut être dangereux !
Jonathan : je sais que ça peut paraitre fou,
mais Loïs doit savoir !
Loïs : (hurlant) PARFAIT !!!!
Et elle referma violemment le clapet de son téléphone
portable, avant de le ranger dans une des poches avant de son jean, en
s’approchant des parents de Clark, devant lesquels elle s’arrêta. Elle
regarda Martha détacher lentement son regard du visage de son mari. Loïs
comprit tout de suite, par l’expression macabre de Martha, qu’ils venaient
de parler de quelque chose de crucial. Mais elle n’avait pas le temps pour
laisser un silence apaiser la situation.
Loïs : écoutez, vous règlerez vos histoires
de famille plus tard ! J’ai besoin de son adresse alors, que vous me la
donniez maintenant ou que je la découvres par moi même, ça m’est égal !
Seulement, sans votre aide, ce sera plus compliqué !
Un nouveau silence s’installa, après ces paroles
porteuses d’espoirs de Loïs. Jonathan observa un long, très long instant, sa
femme, sur sa gauche. Mais elle ne le regardait pas ; elle savait de quoi était
capable Kal-El, il avait réussi à la manipuler. Et elle se refusait à mettre
Loïs en danger. Mais Jonathan, lui, savait des choses qui annihilaient cette
possibilité.
Aussi, il porta son regard vers Loïs et, fermant les
yeux, lui lança :
Jonathan : « 8, Heir Street », c’est là
qu’il habite !
Loïs ne répondit pas, gardant les mots en mémoire.
Elle s’approcha du muret, sur sa gauche et amena un pot de crayons vers elle.
Elle en prit un et inscrivit en grosses lettres rondes, bleues, l’adresse de
Clark, avant de reposer le stylo sur le muret.
Loïs : je vous appelle dès que je l’ai
retrouvé !
Et, sans attendre une réponse, elle tourna les
talons et disparut sous les yeux apeurés de Martha et le regard anxieux de
Jonathan, avant de disparaître sous le perron.
Martha : Jonathan, je ne te comprends pas !
Jonathan : je sais ! Mais j’ai promis que je
t’expliquerai, et je vais le faire ! Je vais te montrer tout ce que Jor-El
m’a montré …
Tenant toujours la main à sa femme, Jonathan vint
se placer juste devant elle et lâcha enfin sa main.
Martha : (renfrognée) Jonathan … qu’est ce
que tu fais ?
Jonathan : (se voulant rassurant) fais-moi
confiance …
Jonathan renversa sa main droite et amena sa paume
vers le plafond, ouvrant les doigts. Martha baissa alors les yeux vers cette
main et remarqua avec effarement qu’une forme sphérique floue semblait se détacher,
posée sur le creux de sa main à plat. Jonathan concentra toute l’énergie de
son esprit sur la sphère ; aussitôt une lumière constituée de toutes les
couleurs du faisceau lumineux la tintèrent sur toute sa surface et illuminèrent
de leur aura éblouissante l’espace de la cuisine. Souriant, Jonathan amena
ses mains, sous les yeux ébahis de Martha vers ses tempes. La sphère de lumières
semblait comme accrochée à sa paume. Lentement, Jonathan amena ses deux mains
contre les tempes de sa femme et appuya doucement. Entre chaque paume et tempe
se dégagea cette lumière magnifique et força les mains de Jonathan à s’écarter
légèrement : la lumière multicolore sembla créer un espace entre la main et
la tempe. Martha ferma les yeux et esquissa un très large sourire, appréciant
à sa juste valeur toute la puissance de ce que Jonathan lui confiait.
Contrairement aux réticences particulières de Jor-El, il partageait son secret
avec sa femme. En un flot continuel d’images entremêlées, Martha revoyait
tout ce que Jonathan avait vécu, dans le dôme artificiel.
La lumière, au bout de quelques longues secondes, s’éclipsa
et Jonathan put retirer ses mains. Seule la sphère invisible, aux contours
flous, restait présente dans sa main. Jonathan ramena ses bras le long de son
corps, observant Martha droit dans les yeux. Elle rouvrit des yeux écarquillés
par l’effarement.
Il lui fallut quelques secondes d’observation braquée
vers le vide pour faire le point sur le flot d’images très intense qui venait
de sillonner son esprit. En moins de 10 secondes, il avait vécu ce que Jonathan
avait subi en une semaine terrestre. Le choc était évident ! Et, enfin, elle
releva des yeux toujours légèrement écarquillés vers Jonathan, le regardant
droit dans les yeux avec une expression ahurie :
Martha : (abasourdie) en blanc, c’était …
Jonathan : (calme) Jor-El ? (souriant) oui ...
Martha: (ne comprenant pas) mais, il est ...
mort ?
Jonathan cligna des yeux, comme il s’en était
douté, malgré l’aide de ces nouveaux pouvoirs, expliquer à sa femme l’étrangeté
de la situation serait assez complexe. Il releva des yeux bleus exprimant un sérieux
accru vers elle et entreprit de commencer son explication :
Jonathan : oui, mais comme tu le sais, son
esprit a survécu …
Martha : oui, dans les grottes ! Mais il
paraissait si … réel !
Jonathan : (esquissant un rictus) mais c’était
le cas !
Martha baissa les yeux, réalisant le miracle que
cela représentait. Jor-El, dans ce dôme, apparaissait aussi vrai que Jonathan
et elle même. Et, il était loin d’être le tyran qu’ils croyaient connaître.
Elle releva les yeux, fronçant aisément les sourcils en signe de mécontentement
:
Martha : et qu’est ce qu’il a fait de toi ?
Jonathan : je ne sais pas trop ! Quand je lui ai
serré la main, de la lumière s’est dégagée et je me suis retrouvé devant
la paroi des grottes avec (il amena sa main droite vers le haut, révélant la
sphère translucide) ça !
Martha : qu’est ce que c’est ?
Jonathan : je ne sais pas trop ! Mais, c’est
cela qui m’a changé et m’a apporté l’adresse de Clark …
Jonathan baissa à son tour les yeux vers la sphère
floue, dans sa main. Sa femme et lui la regardèrent un très long instant, ne
sachant pas trop quoi en penser. La seule dont ils pouvaient être certains était
le fait qu’elle devait renfermé un pouvoir très puissant.
Jonathan : je pense que grâce à ça, je
pourrais mieux protéger Clark
Martha : s’il n’est pas trop tard …
Jonathan releva des yeux exprimant l’ébahissement
total vers sa femme, ne comprenant pas vraiment ses dernières paroles.
Jonathan : comment ça « s’il n’est pas
trop tard » ?
Martha : Kal-El l’a poussé à partir à
Metropolis, il a peut être déjà choisi sa voie !
Jonathan : non, il ne peut le faire que le jour
de son avènement ! Tant que les trois pierres n’ont pas été réunies, il ne
craint rien ! …Il faudrait trouver le moyen de reprendre celle de Lex
Martha fut très surprise par la décision de son
mari. Peut être possédait-il certaines capacités, désormais, mais il était
bien loin d’avoisiner la puissance de Clark. Une mission au sein même de
l’antre de Lex semblait quelque peu suicidaire.
Martha : Lex ?
Jonathan : Un Luthor avec une telle pierre est
un danger que Clark ne peut pas se permettre de courir !
Martha : justement, je ne te laisserai pas y
aller ! Si Jor-El t’a mis en garde contre lui ce n’est sûrement pas pour
rien ! Fais un peu confiance à ton fils, je suis sûr qu’il saura la
reprendre sans courir de risques ! Lui est presque invulnérable, ce qui est
loin d’être ton cas, oui très loin ! Tu es en sursis et tu ne dois pas
profiter de cette chance pour jouer les héros … Nous en avons déjà un dans
la famille …
Jonathan baissa les yeux vers la sphère translucide
et l’observa en la caressant délicatement du regard. Il la vit alors prendre
un aspect beaucoup moins transparent et s’aplanir rapidement jusqu’à
reprendre son aspect de palet initial ; cet aspect qu’elle avait avant
l’apparition de Lex dans les grottes. Il vit ensuite le symbole Kryptonien
représentant « Clé » réapparaitre au centre et les lignes de caractères
noircir sa surface pâle. Jonathan esquissa un sourire, comprenant que Martha
avait raison : son fils ne tarderait pas à devenir un héros et lui, Jonathan
Kent, son père, l’aiderait à devenir celui dont tout le monde parlerait des
millénaires plus tard.
Appartement
de Clark KENT – Metropolis --- 21h16
[La caméra se trouvait au fond d’un couloir, en
plein centre et filmait, juste devant elle les deux portes en acier d’un
ascenseur]
Soudain, un bip sonore assez aigu retentit et laissa présager
l’ouverture des portes. Peu après, un coulissement sourd définit cette
ouverture ; les portes coulissèrent chacune d’un côté, entrant dans leur
paroi et libérant l’accès à une petite cage d’ascenseur en acier, baignée
d’une intense lumière blanche qui jaillit sur le sol dur, à tendance bleue
dur, du couloir. A l’intérieur, la silhouette exquise de Loïs Lane
apparaissait, toujours habillée de ce jean taille basse et de ce débardeur
noir, aux fines bretelles, révélant le bas de son bassin. Seul un élément
vestimentaire avait été rajouté : un bracelet de tissu noir, semblable à
ceux des tennisman, que la jeune Lane avait enfilé à son poignet gauche,
couvrant son tatouage Kryptonien noir. Ce poignet tenait à nouveau son téléphone
portable, posé contre son oreille. Voyant les portes s’ouvrir devant elle, Loïs
sortit d’un pas pressé de l’ascenseur et s’engagea dans le couloir
vaillamment éclairé.
Loïs : (furieuse) je ne veux pas le savoir !!
Dites-lui que je veux parler … (haussant encore un peu plus le ton) et tout de
suite !!!
Loïs était en train de parler à l’une de ces hôtesses
mielleuses par lesquelles il fallait passer pour espérer un tant soit peu
parler au richissime Lex Luthor, à qui elle devait parler de tout urgence, au
sujet de sa cousine, Chloé Sullivan.
Dans le même temps, Loïs commença à avancer
rapidement le long du couloir, les yeux portés sur sa droite. Sur la gauche se
trouvait une longue baie vitrée remplaçant l’hypothétique mur. Grâce à
elle, il était aisé de remarquer que ce couloir semblait situé en hauteur,
peut être à une vingtaine de mètres du sol, étant donné que le
centre-ville, au bas, apparaissait plus réduit, tout comme ses habitants,
fourmillant aux pieds des nombreuses bâtisses. Mais en ce instant, seul le mur
de droite intéressait Loïs. Constitué d’une paroi bleue légèrement
luisante à la lumière pâle de la lune, il comportait une suite de porte
noire, espacées chacune de deux mètres. Chaque porte comportait une poignée
en fer argenté, à mi hauteur et un chiffre ronde, de couleur blanche. La première
porte défila à côté de Loïs, comportant le chiffre « 1 », mais Loïs
n’y prêta pas attention et continua de marcher vers la prochaine porte.
L’hôtesse, de sa voix horriblement aimable :
Hôtesse : je suis vraiment désolée
mademoiselle, mais Monsieur Luthor a été forcé de se rendre à un meeting à
Miami, il …
Loïs ne la laissa même pas terminer sa phrase,
tant elle l’énervait déjà. Faisant la grimace, de fureur, Loïs lui répliqua
d’une voix froide qui suffit à la faire taire :
Loïs : attendez, vous n’espérez quand même
pas me faire avaler que Lex Luthor lui même a été « forcé » à se rendre
quelque part ?
Loïs vit, sur sa droite, la porte portant le numéro
« 2 » disparaître derrière elle tandis que la voix confuse de l’hôtesse
essayait à grand peine, sur un ton hésitant d’articuler les mots « non mais
… ». Néanmoins, la vivacité et la détermination de Loïs furent plus
consistant :
Loïs : les gosses de riches sont pourtant
connus pour « j’m’en foutiste hors norme ! Je veux lui parler !!
Loïs regarda une nouvelle porte sur sa droite : le
numéro « 3 » y était inscrit. Ce n’était toujours pas la bonne. Aussi, Loïs
continua de marcher vers le fond du couloir, voyant une nouvelle porte
approcher.
L’hôtesse, comprenant son énorme erreur, essaya de
se rattraper au mieux, bien que cela semblait bien compliqué :
L’hôtesse : Mademoiselle, Monsieur Luthor
essaye au mieux de faire de la LuthorCorp la société la plus performante et
…
Mais une fois de plus, Loïs l’interrompit sur ce
ton froid et cassant, tandis que la porte comportant le numéro « 4 »
disparaissait à son tour :
Loïs : faites-moi plaisir : garder votre
baratins pour les pauvres naïf d’accord ?
Un calme impressionnant se fit entendre dans le
combiné du téléphone : Loïs venait de moucher de façon étonnante l’hôtesse.
Regardant la porte « 5 » disparaître et la suivante plus loin, Loïs
poursuivit :
Loïs : je passerai dans deux jours voir votre
patron et j’espère pour vous qu’il acceptera de me rencontrer, sinon vous
risquez de ne pas trop apprécier les conséquences …
Loïs referma alors instantanément le clapet de son
portable coupant la communication sans attendre la moindre réplique de son
interlocuteur. Elle fourra son téléphone dans l’une des poches avant de son
jean et s’affaira à observer un peu plus les portes, sur sa droite. Elle
arriva à hauteur de celle portant le numéro « 6 ». Loïs accentua son allure
et regarda droit devant elle. Le fond du couloir n’était plus loin, il ne
restait que deux portes : la dernière serait celle de l’appartement de Clark.
Loïs avait suivi les instructions de Jonathan et s’était
rendu au « 8 Heir Street » et avait observé les boîtes à lettre ; Clark
habitait au numéro « 8 ». Elle avait ensuite pris l’ascenseur et suivait ce
couloir, pour se rendre à cet appartement qui, selon toute vraisemblance, était
celui de Clark.
Arrivé au fond du couloir, elle se tourna sur la
droite et fit enfin face à la porte noire, frappé du numéro « 8 », en forme
arrondie. Fixant le numéro des yeux, Loïs avança de deux pas vers elle,
d’un pas délicat, venant lui faire face. Ainsi immobile, elle prit une grande
inspiration et se dit, d’une voix basse, à elle même :
Loïs : allez Loïs, c’est le moment …
Elle souffla un grand coup, pour évacuer tout son
stresse et faire face à l’inévitable. Et, après un long instant de silence,
elle leva la main à mi-hauteur et frappa trois coups contre la porte, rompant
le calme. L’oreille aux aguets, Loïs essaya de percevoir le moindre bruit, le
moindre mouvement qui aurait pu venir de derrière cette porte. Après tout,
cela faisait plus d’une semaine que Loïs l’avait repoussé et Clark
n’avait donné aucune nouvelle. Peut être préférait-il rester loin d’elle
? L’éviter était peut être la solution adéquate ? Peut être, mais Loïs
ne l’acceptait pas.
Rien. Loïs n’entendait pas le moindre bruit derrière
la porte, comme s’il paraissait complètement vide. Un certain doute commençait
à s’insinuer en elle : « Peut être n’était-il pas là », tout
simplement pensa-t-elle, sombrement. Une déception qu’elle préférait ne pas
accepter, pas tout de suite. Aussi, elle frappa trois nouveaux coups à la
porte, brisant à nouveau le silence. Toujours rien. Loïs devait se rendre à
l’évidence même : Clark n’était tout simplement pas présent dans cet
appartement. Elle pivota vers sa droite, le visage crispé par la déception et
releva les yeux vers le fond du couloir, vers lequel elle allait se rendre …
Quand soudain, une lumière bleu dur éclatante jaillit
tout autour de la porte de l’appartement, par l’interstice. S’en suivit un
hurlement déchirant, provenant de l’intérieur de l’appartement. Loïs se
retourna, le cœur battant, vers la porte et la regarda comme s’il elle
pouvait voir au travers. Cette fois, elle n’avait aucun doute, c’était bel
et bien Clark qui hurlait à la mort. Ce cri faisait froid dans le dos, jamais
la jeune Lane n’avait entendu telle plainte.
Elle porta sa main à la poignée ronde, en fer argenté,
la tourna et ouvrit la porte qui, par chance, n’était pas fermée à clé.
D’un geste brusque, Loïs envoya la porte claquer contre le mur de droite et
entra dans l’appartement au pas de course. Elle longea un court corridor,
baigné d’ombre qui la mena à un grand salon, au fond. Suivant une intuition
étonnante, elle ne jeta même pas un oeil sur sa gauche, vers la porte ouverte
mais continua le long du corridor. La lumière disparut en une fraction de
seconde, comme si elle n’avait jamais été présente. Loïs s’arrêta en
entrant dans le salon. Au fond se trouvait une suite de trois portes vitrées,
donnant sur le centre-ville au bas. Sur la gauche, il y avait un canapé, contre
le mur, devant lequel se trouvait une table de salon en verre. Et, devant Loïs,
à mi-distance entre elle et la baie vitrée, Clark, tête levée vers le
plafond. Il venait d’arrêter d’hurler. Loïs resta un court instant ébahi
par son attitude. Torse nu, il était à genoux sur le sol et fixait le plafond
des yeux. Et, soudain, il amorça une chute en avant vers le sol, le frappant
violemment. Il s’endormit ainsi, face contre terre. Le cœur battant à tout
rompre, Loïs s’approcha de lui au pas de course et s’agenouilla sur sa
droite. Après maintes efforts, elle parvint à le relever et à l’amener
contre lui. Le dos de Clark désormais plaqué contre son buste, Loïs
s’empressa de lui prendre le pouls, au cou, paniquant presque. Elle souffla
bruyamment en constatant qu’il était bien vivant.
Fermant les yeux, elle réalisa enfin combien elle
tenait à lui, elle n’aurait supporté de le perdre. Mais comment cela était-il
possible ? Elle ne le connaissait que depuis un peu plus d’une semaine et elle
avait l’impression de tenir à lui comme si elle l’aimait depuis toujours.
Jamais elle n’avait ressenti une émotion si forte à l’égard d’un homme.
Et ce sentiment s’accompagnait de cette peur, face à l’inconnu. Bien
qu’en cet instant, Loïs ne voulait faire qu’une chose : profiter du fait
qu’il était vivant et au près d’elle. Elle l’amena à se blottir contre
elle et, fermant les yeux, Loïs entoura ses bras autour de son cou et joignit
ses mains sur le torse nu de Clark. Elle baissa légèrement la tête et posa
son menton sur le haut du crâne de Clark, soupirant de ravissement. Elle se
sentait bien, contre lui, en sécurité. Rien ne pourrait lui arriver, il était
là.
Elle appuya ses deux mains liées sur le torse de
Clark. Avec ses yeux fermés, Loïs ne put voir cette lueur bleutée qui apparut
dans l’interstice entre la paume de ses mains et la peau du torse de Clark. Le
phénomène ne dura que quelques courtes secondes mais son effet fut radical :
Clark ouvrit subitement les yeux et prit une grande inspiration. Il cligna
plusieurs fois des yeux et se mit à respirer avec vivacité, comme s’il
venait de jaillir des abîmes de l’océan. Il baissa légèrement les yeux et,
comme si son intuition lui révélait la réalité, s’exprima d’une voix
faible :
Clark : Loïs ?!
Loïs : (rouvrant les yeux mais restant blottie
contre lui) chut !! je suis là …
Mais cette réponse était loin de rassurer Clark.
Tout au contraire. En une suite de geste imprécis, Clark parvint à se détacher
de l’étreinte de Loïs qui enleva ses bras d’autour de son cou. Elle le
regarda se relever difficilement et se retourner vers elle, l’air assez
inquiet :
Clark : oui mais tu ne devrais pas être là !
Loïs : (outrée) mais regardes-toi, tu hurlais
à la mort ! Tu as besoin d’aide !!
Clark savait bien que, vu de l’extérieur, il devait
apparaître comme quelqu’un de complètement dingue. Mais sa bataille avec
Kal-El n’avait rien de commun avec ce que Loïs avait pu connaître jusque là.
Aussi, il se contenta de se détourner de Loïs et, d’un pas hésitant,
s’approcha de la baie vitrée au fond de la salle. Il s’arrêta devant et se
mit à fixer le centre-ville, sans réellement le voir. Il croisa ses bras sur
son torse et, d’un ton morne et sans évocation de sentiments, s’exclama :
Clark : personne ne peut m’aider … personne
!
Loïs ne comptait pas l’abandonner, pas maintenant
qu’elle l’avait retrouvé. Elle avait dû se coltiner le coin le plus paumé
du monde dénommé Smallville et avait supporté 6 heures de routes. Rien ne la
ferait abandonner.
Elle se releva et s’arrêta à mi-distance entre
Clark et le mur, derrière elle. Regardant sa nuque, Loïs lui répliqua, sur un
ton délicat qui lui était rare :
Loïs : dis-moi ce que tu as au moins, ça ne
t’engages à rien !
Clark : (sans se retourner) la seule personne
qui a su qui j’étais réellement est morte …
Loïs savait de qui Clark parlait. Il s’agissait sûrement
de cette deuxième femme qu’il avait aimé plus que tout au monde et qui était
morte. Il devait avoir trop peur de s’accrocher à quelqu’un, peur de
ressentir à nouveau cette atroce souffrance.
Loïs : (d’un ton décidé) je
n’abandonnerai pas !
Clark laissa un surprenant rire sortir de sa bouche,
surpris par la réaction de Loïs. Décidément, elle n’était en rien
comparable avec toutes les personnes qu’il avait rencontrées jusque là. Il
se retourna, gardant les bras croisés sur son torse et lui adressa un très
large sourire.
Clark : on t’a jamais dit que tu étais pénible
?
Loïs esquissa à son tour un sourire, demeurant
pourtant plus sérieuse qu’elle ne l’avait jamais été. Clark se retourna
complètement et avança vers Loïs, le regardant de haut en bas. Elle était si
craquante, encore plus que d’habitude …
Il s’arrêta devant elle et décroisa les bras. Loïs
se força à penser « fixe ses yeux, fixe ses yeux » pour ne pas le dévisager
de haut en bas. Mais quand Clark amena sa main droite vers la main gauche de Loïs,
celle-ci ne put s’empêcher de baisser les yeux un court instant avant de les
relever, presque aussitôt, vers les yeux d’un bleu pur de Clark. Une
tendresse effarante était apparue sur le visage du jeune Kent :
Clark : Loïs … j’aimerais plus que tout
pouvoir rester auprès de toi …(sur un ton amusé) bon, tu es assez difficile
à supporter par moments …
Loïs esquissa une grimace amusée en baissant les
yeux. Puis, elle releva les yeux vers Clark qui reprit son sérieux :
Clark : sérieusement … je t’apprécies
beaucoup et j’aimerais pouvoir passer du temps avec toi mais pour le moment,
je ne peux pas !
Loïs se rapprocha un peu plus, sentant une chaleur
incompréhensible s’emparer de son visage. Elle s’approcha tant que le haut
de son corps touchait presque le torse de Clark. Elle releva un peu plus les
yeux et approfondit la presence de son regard dans celui de Clark. Cette
brillance, enveloppant ses iris, faisait fondre le futur héros.
Loïs : mais pourquoi ?
Clark : je ne peux pas t’expliquer maintenant
…
Loïs : (souriant malicieusement) je vais devoir
faire preuve de persuasion …
Clark répondit à Loïs par un sourire lui aussi
malicieux, se sentant brûler intérieurement suite à l’attitude de Loïs. Il
sentait cette limite, qu’il avait lui même établi se fissurer à une vitesse
ahurissante. Loïs approcha un peu plus son visage de celui de Clark, gardant ce
sourire radieux. Clark perdit le sien, voyant Loïs se rapprocher encore un peu.
Elle était si proche qu’il faudrait la repousser, il était grand temps. Mais
Clark n’en fit rien …
Loïs déposa alors délicatement ses lèvres sur
celles de Clark et lui donna un lent et tendre baiser, auquel Clark répondit.
Après ce très long baiser, Loïs écarta juste assez son visage pour rester près
de Clark mais pour qu’il puisse répondre, de cette voix veloutée, envoûtée
:
Clark : tu ne me rends pas les choses faciles !
Loïs : (radieuse) c’est la vie … Smallville
!
Loïs garda un court instant son sourire, regardant
Clark droit dans les yeux. Ce dernier ne put résister à cette lueur
ensorcelante, qui brillait dans les yeux bruns de Loïs. Il savait ce qu’il
allait suivre et ce qu’il aurait dû faire : s’écarter avant que Loïs ne
reprenne possession de ses lèvres. Il savait que cet acte n’était pas
envisageable, jamais il ne pourrait vivre avec Loïs tant que son destin ne
serait pas accompli. Et puis, il gardait toujours dans un coin de sa tête Lana,
la magnifique Lana Lang. Comment en embrasser une autre en voyant, dans le creux
de son esprit, le sourire exquis de son amour d’adolescence ? Comme Clark
allait le faire …
Aussi, lorsque Loïs perdit son sourire pour une
expression plus sérieuse et avança son visage vers celui du jeune Kent, ce
dernier ne fit pas un geste de recul. Il la regarda simplement faire et déposer
délicatement ses lèvres sur les siennes. Elle lui donna un long et tendre
baiser, auquel Clark ne répondit pas. Mais la fièvre que ce baiser fit naitre
en lui, à cette seconde précise, suffit à lui faire perdre toute notion de
logique. Il ferma les yeux et lui donna à son tour un tendre baiser. Loïs prit
cela pour une permission de continuer. Elle entoura ses bras minces autour de
son cou et se mit à l’embrasser plus fougueusement, plus passionnément que
précédemment. Leur échange se fit plus fort. Clark se colla contre Loïs et
entreprit une suite de baisers plus passionnés que jamais. Il posa ses deux
mains sur le bas du dos, à nu, de Loïs. Il sentait sa peau douce et tiède
sous la paume de ses mains, il sentait cette passion frissonnante circuler dans
ses propres doigts. Les baisers de Loïs agissaient en lui comme un virus
particulièrement enivrant.
Ce même virus, aux souches passionnées, véhiculait
dans le sang bouillonnant de Clark et de Loïs. Tous deux ne réalisaient pas
vraiment pourquoi ils agissaient ainsi ; ils se contentaient de se souscrire à
leur pulsion. Loïs avait pourtant repoussé Clark, une semaine avant. Mais
cette fois, la pulsion était si forte, qu’elle annihilait la vision des conséquences
et poussaient les deux jeunes gens à contenter leurs plus bas instincts.
Loïs resserra un peu plus son étreinte autour du cou
de Clark, tandis que leurs baisers se faisaient plus puissants, fougueux,
survoltés. Clark remontait lentement ses deux mains le long du dos délicat de
Loïs, vers le milieu de ce dos. « Ce dos !! » pensa furtivement Clark.
Faisant relever le tissu noir de son débardeur, il dévoilait petit à petit
chaque centimètre carré de la peau bronzée de Loïs, la caressant délicatement.
Arrivée à mi-dos, il continua encore, ne s’arrêtant pas en si bon chemin.
Il savait ce qui se passerait s’il continuait dans cette voie mais, son
cerveau n’avait plus son droit de suggestion. Seul ses hormones réfléchissaient.
Clark continua son acte et remonta encore le long de
l’arrête dorsale de Loïs, caressant de la paume de sa main la peau de Loïs.
La moitié du dos de la jeune femme était maintenant à nu et, de ce geste
tendre, Clark continuait de faire remonter le tissu du débardeur. Loïs écarta
son visage de celui de Clark et pencha la tête sur la gauche. Clark en profita
pour se pencher doucement vers le cou de la jeune Lane et y déposa un tendre
baiser. Loïs releva légèrement la tête et laissa Clark déposer une
multitude de baisers dans le creux de son cou ; elle poussa un gémissement de
plaisir.
Dans le même temps, Clark remontait sa main vers les
omoplates de Loïs et effleura la bretelle arrière de son soutien gorge. Le débardeur
était si relevé maintenant qu’il n’allait pas tarder à le faire basculer
par dessus sa tête et l’ôter du corps de Loïs. Elle sentait la fièvre lui
monter et ses gémissements s’accentuer …
Clark interrompit tous ses gestes. Il cessa de remonter
le long du dos de Loïs et de caresser délicatement sa peau et ne donna plus
aucun baiser dans le cou de Loïs. Pour une raison obscure, il avait cessé de
bouger. Surprise, Loïs abandonna ce sentiment enivrant de passion et tira les
traits de son visage en un mécontentement accru. Mais ce qui suivit l’étonna
encore plus. Clark descendit sa main le long du dos de Loïs et s’écarta
d’elle, en se redressant. Ne comprenant pas pourquoi il avait subitement changé
d’avis, Loïs se redressa à son tour et leva la tête vers lui. Il se tenait
droit, devant elle, les bras las, le long du corps. L’expression de son visage
était devenue neutre, son regard glacial, vide de toute expression. Sa vision
était porté sur la gauche de Loïs, vers la porte de l’appartement restée
ouverte.
Loïs s’empressa de s’exclamer, d’une voix basse
mais exprimant sa surprise :
Loïs : quoi ?!
Attiré par l’exclamation de Loïs, Clark déporta
très lentement, de manière machinale, son regard bleu de la porte vers le
visage abasourdi de Loïs. Alors, d’une voix froide et sans pareille avec la
voix qui était la sienne auparavant, il répliqua :
Clark : c’est le signe …
Loïs : (grimaçant) quoi ??!
Une fois de plus, la part d’ombre, comme
l’appelait Jor-El, de Clark avait repris le contrôle du corps de Clark.
Kal-El déporta à nouveau très lentement son regard vers la droite et le posa
sur la canapé, contre le mur. Sous les yeux effarés d’une Loïs qui n’y
comprenait strictement rien, Kal-El passa à côté d’elle et avança, d’un
pas robotique, ses bras tendus, ballant de chaque côté de son corps, vers le
canapé, devant lequel il s’arrêta. Loïs se retourna d’un geste brusque et
fit redescendre complètement le tissu de son débardeur. Elle regarda Clark se
baisser, prendre un maillot noir sur le canapé et l’enfiler. Elle comprenait
ce qu’il allait faire mais pourquoi le faisait-il ? Pourquoi maintenant ?
Loïs : (agressive) où tu vas ??
Kal-El ne donna pas de réponse immédiate à Loïs.
Il se retourna complètement et fixa son regard vide droit devant lui. Il avança
sur quelques pas, longeant le bord de la table et se tourna sur sa droite arrivé
devant le mur. Alors, d’un bas lent et robotique, il s’engagea dans le court
corridor. Sa voix y résonna en un écho glacial :
Kal-El : au rocher noir …
Loïs était certaine de ne pas avoir compris ce
qu’il fallait. « Le rocher noir ». Qu’est ce pouvait bien être ? Une boîte
de nuit qu’elle ne connaissait pas ? Une falaise de Smallville ? Une de ces
grottes réputées ?
Le temps de cette réflexion suffit à Clark pour
arriver sans encombre au bout du couloir, passer par l’embrasure de la porte
et tourner sur sa gauche, dans le couloir menant à l’ascenseur. Loïs émergea
de sa rêverie au moment où un étrange bruit de vent se fit entendre. Le cœur
battant à tout rompre, elle longea à son tour le corridor, mais au pas de
course et sortit dans le couloir menant à l’ascenseur. Elle s’engagea dans
le couloir et s’arrêta devant la porte ouverte de l’appartement, son corps
tourné vers l’ascenseur, au fond. Elle vit avec effarement ses portes se
refermer sur la silhouette massive de Kal-El, qui la regardait froidement.
Loïs : comment tu as fait ça …Smallville ?
Grottes
Kawache – Smallville --- 17h53
[La caméra, fixée au sol dur et poussiéreux des
grottes, filmait d’un plan en contre-plongée la silhouette de Lex Luthor,
face à elle, qui observait la paroi rocheuse, derrière la caméra]
Lex, habillé de ce même pantalon noir et du long
manteau assorti, n’avait pas arrêté d’observer les spirales de symboles
Kryptoniens, peints autour de la serrure octogonale, depuis que Jonathan Kent
l’avait quitté, quelques minutes plus tôt. Les mains dans les poches de son
pantalon, il baladait son regard azur, dénué de la moindre expression notable,
en arc de cercle, remuant légèrement les lèvres lors de leur traduction. Il
se plaisait à les relire, même après les avoir compris depuis longtemps.
Aussi, il recommença une énième fois, se ravissant des évènements qui,
selon ces mots, ne tarderaient pas à venir.
« Au soir de la nuit rousse, l’or et la mort
engendreront poussière et débris … le fils du mal anéantira tous liens
entre le fils céleste et sa mémoire … la dernière étape du voyage du
dernier fils prendra effet au moment où la clé renaîtra … »
Lex esquissa un nouveau large sourire. Par « fils
du mal », il se croyait représenter. Et le fait qu’il parvienne à détruire
la mémoire de son ennemi, le rendait très heureux. Dans son esprit, seul Clark
pouvait tenir cette place ; telle était la raison de ses paroles, lorsque
Jonathan était présent.
Lex se décida enfin à tourner les talons et quitta
des yeux la paroi rocheuse, à laquelle il portait un tel intérêt. Il avança
d’un pas résonnant en un écho interminable dans les hauteur de la grotte,
vers une toute autre paroi, semblable en de nombreux points, faisant face à la
première, à plusieurs mètres d’écarts. Elle aussi était frappé de
nombreux pictogrammes amérindiens, faisant allusion à la mythique légende de
Naman et Saguis, si chères aux Shamanes. Parmi eux, on voyait apparaître un
disque noir, entouré d’un liseré blanc : une éclipse solaire. Il y avait également,
tout en haut, à la base du mur voûté, les dessins d’un homme supportant schématiquement,
à bout de bras, 10 autres silhouettes. Mais Lex n’y prêta aucune attention
notable. Il longea la paroi vers la droite jusqu’à arriver à un coin, encré
dans la roche, près de l’entrée creusée dans la paroi, devant Lex. Ce
dernier ne passa pas sous l’arche mais s’arrêta devant le coin que formait
les deux murs. Il savait où il allait.
L’ombre qui envahissait la roche empêchait de voir
clairement l’importance qu’elle pouvait avoir aux yeux de Lex, quel élément
particulier l’amenait à s’arrêter devant. Peut être était-ce cette espèce
de forme octogonale, gravé sur la paroi de gauche et couvert, à l’intérieur,
d’une peinture rouge sublime ? Malgré la pénombre assez intense, il
paraissait claire que d’autres inscriptions apparaissaient, en spirales,
autour de la serrure. Mais l’ombre empêchait de les analyser plus en détail.
Le sourire de Lex n’en tarissait pas. Il sortit sa main droite de la poche de
son pantalon et l’amena à mi-hauteur, révélant un objet plat posé sur le
creux de sa main. Il s’agissait de cette plaque de métal rouge, creusé sur
ses bords de trois symboles Sethi noirs qui avait permis à Lex d’entrer dans
le tombeau de Sethi.
Soudain, un sifflement strident s’éleva au moment où
chacun des trois symboles s’illuminait d’une lueur blanche éclatante,
jaillissant alentour. Le sifflement strident ne sembla pas gêner le moins du
monde Lex qui, préservant son large sourire, regarda la clé Sethi s’élever
délicatement dans les airs, au dessus de sa paume et effectuer une rotation sur
elle même pour se placer parallèlement à la paroi rocheuse. S’élevant
encore un peu dans les airs, il s’approcha lentement de l’encoche creusée
dans la roche et s’arrêta arrivée juste devant. A cet instant, elle tourna
sur un quart de tour et s’enclencha brusquement dans la cavité. La lumière
redoubla d’intensité dans les symboles et la même aura lumineuse jaillit de
la serrure, s’extirpant d’elle entre l’interstice séparant le bord de la
serrure et celui de la clé. Cette lumière éclaira le visage radieux de Lex et
activa le mécanisme de la paroi.
Simultanément, chaque spirales de symboles fut baignée
d’une lueur rouge flamboyante et, tournoyant eux même sur eux même, les
spirales se mirent à tourner, chacune en contre-sens de celle située au
dessus. Ainsi, en cinq secondes, chacune des cinq spirales s’était mise à
tourner sur elle même, autour de la serrure et projetait sa lumière vive sur
un Lex admiratif. Leur origine avait enfin été révélée, bien qu’elle
paraissait évidente : les symboles appartenait à la dynastie Sethi.
Soudain, Lex leva sa main droite au dessus de la
serrure et posa son index et son majeur, collés l’un à l’autre, sur un
symbole mouvant, encré dans la spirale du centre, qui passait à la verticale
de la serrure. Immédiatement, la spirale, bien que toujours lumineuse,
s’immobilisa. Le symbole, de forme carré et parsemé, en son centre, de
filaments étranges, s’illumina de plus belle et bougea de manière différente
qu’auparavant. Ses contours se replièrent vers l’intérieur et formèrent
ainsi un triangle équilatéral, toujours parsemé de filaments. Une lumière
blanche apparut, au sommet du triangle et se déversa rapidement vers le bas de
triangle. Sur son passage, elle recouvrit la roche, à l’intérieur du
triangle ne laissant place qu’à la lumière céleste.
Lex baissa les yeux et sortit les mains de ses poches.
Il amena la droite vers l’intérieur de sa longue veste et écarta le pan de
gauche. Il plongea cette main dans une poche intérieur et la ressortit juste
après, refermée sur quelque chose. Il aplanit la main, révélant l’objet :
il s’agit d’un objet plat, de forme pentagonal, gravé du symbole Kryptonien
« Guide », en son centre. Il s’agissait de l’artefact confié par Swann à
Josh, alias Ava-El. Désormais, il était en possession de Lex. Mais que
comptait-il en faire ?
Sous l’influence de l’esprit retord du jeune
Luthor, le triangle blanc laissa disparaître la lumière blanche le parsemant
et ouvrit une cavité peu profonde, aux taille et forme du symbole. Lex amena
lentement l’artefact Kryptonien vers la cavité et le déposa à l’intérieur,
avant de retirer sa main. Le symbole « Guide » se baigna un instant de lumière
blanche éclatante. Mais, le métal luisant se mit à rougeoyer furieusement,
l’empêchant d’interagir avec les grottes. Peu après, le symbole s’éteignit,
suivi, peu après, de son métal.
La lumière blanche réapparut alors dans le triangle
et, parcourant l’espace vide de la base inférieur du triangle jusqu’à son
sommet, laissa place à la roche rugueuse, comme à sa place initiale. Lex
tendit à nouveau sa main devant son ventre, à mi-hauteur ; sa paume, à plat,
appelait la clé Sethi. Obéissant à son maître, elle s’extirpa délicatement
de la serrure, gardant ses trois symboles lumineux. Cependant, chacune des
spirales de symboles s’immobilisa et perdit son scintillement, redevenant
aussi immobile qu’avant l’intervention de Lex. Ce dernier regarda la clé se
déposer doucement sur sa paume et ses symboles s’éteindre, au même moment où
le sifflement strident s’interrompait. Elargissant un peu plus ses lèvres en
un sourire satisfait, Lex referma sa main sur la clé et amena ses deux mains
dans ses poches de pantalon. A cet instant, une interaction vint troubler
l’harmonie présente dans son esprit. Maintenant que toute son attention n’était
plus tournée vers le système des grottes, il ressentait intensément cette présence,
derrière lui, qui devait l’observer depuis un certain moment s’il en
croyait les peurs qui s’immisçaient dans son esprit faible. Lex se retourna
rapidement, tournant son regard vers cette silhouette présente derrière lui,
à cinq mètres.
Lex caressa du regard toute la silhouette petite et
mince de cette jeune femme, qui l’avait regardé dans ses œuvres. Habillée
d’un jean grisé et d’une veste cintré beige, elle semblait apeuré e par
ce qui risquait de lui arriver. Son regard noisette, dont les deux rétines étaient
séparées par une mèches de cheveux blonds traversant son visage, exprimait un
sentiment qui, par la parole aurait pu donner : « Mode d’emploi pour remonter
le temps j’écoute ? // C’est urgent ! ». Elle aurait aimé plus que tout
fuir à toutes jambes. Mais elle pouvait être certaine que Lex la retrouverait,
tôt ou tard. Ses courts cheveux étaient coiffés à plat dont une grande mèche
plaquée sur son front, afin de dissimulée une coupure, sur ton de bleu. Chloé
recula d’un pas, nerveusement, sachant que le pire allait certainement se
produire. Elle ne savait pas pourquoi Lex lui avait demandé de se rendre dans
ces grottes au plus vite mais elle était certaine qu’elle aurait préféré
ne jamais l’apprendre.
Lex : (enjoué) Chloé !
Le fait que Lex ait ignoré totalement
l’observation de Chloé n’était certainement pas un bon présage. Baissant
les yeux vers le sol mais préservant ce sourire radieux, Lex avança rapidement
en direction d’une Chloé qui sentait le rythme de son cœur accélérer
rapidement. Lorsque Lex s’arrêta à sa hauteur, sur sa gauche et releva les
yeux pour ajouter une phrase, Chloé le sentit atteindre son paroxysme :
Lex : (regardant droit devant lui, baissant le
timbre de sa voix) je n’aurais pas cru que tu te dépêcherais de venir …
Les mots prononcés par Lex provoquèrent, par un phénomène
que Chloé ignorait en tous points, une vague de froid glacial qui emplit chacun
de ses membres. Pendant la courte période qu’elle dura, cette sensation
l’empêcha de respirer convenablement et de faire le moindre geste. Elle ne
put qu’écouter Lex s’éloigner derrière elle, d’un pas caractéristique
et s’arrêter brutalement, tandis que le rythme de son cœur devenait vraiment
douloureux. Un pincement plus perceptible lui valut même une grimace
douloureuse. Mais Chloé savait qu’elle devait se reprendre, c’était impératif.
Aussi, étirant les traits de son visage en un sérieux inébranlable, à ses
yeux, elle se retourna et braqua son regard sur la carrure de Lex, dos tourné,
à quelques mètres d’elle. Il regarda droit devant lui, un sourire fier sur
ses lèvres.
Chloé : ça avait l’air important !
Lex : ça l’est !
Un long silence s’en suivit que Lex avait décidé
d’imposer. Il ressentait les moindres sentiments de Chloé et il savait
combien ses peurs étaient grandes. Il allait s’en jouer de la façon la plus
subtile qui soit, faisant honneur à ses ancêtres. Chloé, ne supportant plus
ce silence de cathédrale trop pesant à ses yeux, décida de briser le silence
sous un faux prétexte :
Chloé : Lex, fais vite, Ian m’attend ! Il …
Lex : (la coupant) pourquoi es-tu allée voir le
Docteur Swann ?
Cette phrase coupa nette Chloé dans son élan.
Cette vague de froid refit surface et submergea Chloé de toutes parts : Comment
avait-il su ? Chloé avait imploré Swann de ne rien dire à personne de sa
visite chez lui, de peur que Lex ne l’apprenne de quelconque manière. Swann
n’avait rien dit, c’était une certitude. Chloé avait confiance en lui, il
voulait l’aider. Il voulait l’aider ? Après tout, Chloé ne savait
pratiquement rien de cet être mystérieux qu’était le Docteur Virgil Swann.
Une sensation bizarre naissait en Chloé : il y avait
ce froid, glacial, qui lui glaçait les os. Et pourtant, une flamme brûlait en
elle, une flammes qui était entourée par cette lace, la flamme de sa volonté.
Mais sa chaleur ne suffisait pas à faire fondre l’emprise de Lex sur sa
personne. Il était le plus fort et la jeune Sullivan se fut pas surprise de
sentir ses lèvres articuler des mots qu’elle n’avait pas souhaités dire :
Chloé : je voulais en savoir plus !
Lex esquissa un très large sourire, content de lui.
Restant de dos par rapport à Chloé, il tourna la tête sur la droite et braqua
son regard vers le sol en signe d’attention envers Chloé. Il prononça
ensuite ces mots, d’une voix basse signifiant qu’ils étaient plus destinés
à lui même qu’à Chloé :
Lex : en savoir plus … (haussant le ton) en
savoir plus à propos de Kal-El … ou …
Cette fois, il se retourna complètement vers Chloé
et lui lança un regard qui anima en elle un effroi sans égal. Elle sentit le
rythme de son cœur accélérer de manière des plus douloureuse, jamais elle
n’avait ressenti telle douleur.
Lex : (finissant sa phrase) … à propos de moi
?
Chloé cligna des yeux, sous l’intensité du
regard bleu, glacial, de Lex. Elle pensa très fort « ne réponds pas, ne réponds
pas … » car elle savait que si Lex venait à apprendre les raisons de sa
visite chez Swann, elle allait au devant de gros ennuis. Et pourtant, malgré
l’expression ahurie de son visage, elle entendit ces mots, sortir de sa
bouche, sans le vouloir :
Chloé : a vrai dire, pour les deux !
Elle écarquilla brusquement les yeux, n’osant
croire à ces mots. Elle venait de prouver, bien malgré elle à Lex qu’elle
ne croyait pas le moins du monde au fait que Lex était le sauveur de la planète
et Clark le méchant de l’histoire.
Lex laissa un rire sortir de sa gorge, en baissant les
yeux vers le sol. Continuant de rire d’une manière effroyable, Lex releva
finalement les yeux et les braqua sur Chloé, plus loin. Arborant un sourire de
dément, il commença à avancer vers elle, sous son regard effrayé :
[The reason -- HOOBASTANK]
Lex : j’ai toujours apprécié ton
franc-parler, Chloé … Et j’ai cru comprendre que c’était de famille !
Cette fois, la raison qui venait de nouer
nerveusement l’estomac de Chloé ne provenait pas du phénomène effarant qui
la tiraillait. Non. Lex semblait s’intéresser à sa famille et cela ne présageait
rien de bon.
Lex s’arrêta face à elle et reprit, sur un ton amusé
:
Lex : Loïs a un sacré caractère !
Chloé sentit une boule de fièvre exploser dans sa
tête et émincer pendant un court moment la glace qui entourait sa volonté.
Elle put commencer une phrase sur un ton énergique, qui ne perdura pas,
malheureusement :
Chloé : laisses-la en dehors de ça … je suis
… la … seule concernée !!
Chloé sentait son cœur étreint par une force
inhabituelle. Cette puissance, inégalable, le compressait tant que le sang
avait peine à y entrer à en sortir. Ses membres s’engourdirent rapidement et
elle sentit ce froid sensoriel devenir triste réalité. Le bout de ses doigts
se mit à bleuir.
Lex : (voix de dément) non Chloé ! Tu te
trompes ! Toute la planète est concernée ! Et moi plus encore …
Lex avança de deux nouveaux pas, ne laissant ainsi
qu’un mètre d’espace entre Chloé et lui. Il délaissa son expression amusée
pour endurcir les traits de son visage. Cette fois, il n’avait plus envie de
rire, Chloé essayait de lui nuire et ça, il ne le permettrait jamais :
Lex : (voix dure) je ne te laisserai pas
annihiler les chances de mon avenir colossale !!
Chloé réalisa qu’elle n’aurait jamais dû
continuer dans cette voie. Même si Lex avait décidé de la piquer au vif en évoquant
Loïs , elle savait que ce n’était que pour attirer son attention. Pourtant,
maintenant qu’elle s’était engagée dans cette impasse, il fallait mieux
aller jusqu’au bloc qui en fermait l’entrée.
Chloé : (essoufflée) tu n’es même pas sûr
d’être Kal-El ??!
La colère de Lex explosa alors si soudainement que
Chloé en sursauta. Il se mit à vociférer violemment au visage de Chloé,
d’une voix forte qui résonna en échos dans toute la grotte.
Lex : JE SUIS KAL-EL !!! Je le sais et tu
devrais le savoir !!!
Chloé se sentit submerger par un mal extérieur qui
lui tapa violemment sur le haut du corps et la força à s’affaler sur le sol.
Ses genoux le heurtèrent et toute sensation de tiédeur la quitta, ne laissant
place qu’au froid glacier. Elle baissa les yeux vers le sol, ayant de plus en
plus de mal à respirer. Elle laissa le haut de son corps se placer à la parallèle
du sol et ses mains tomber sur le sol. Désormais à quatre pattes, elle fixait
le sol en respirant succinctement. L’air entrait dans ses poumons mais ne
suffisait pas à la tenir en vie. Elle n’allait pas tarder à rejoindre ses
grand-parents …
Lex retrouva finalement son sourire machiavélique,
ravi de voir qu’il réussissait ce qu’il avait espéré. Il avança encore
d’un pas, se plaçant devant Chloé et enleva les mains de ses poches. Il
s’accroupit pour se mettre à la hauteur de Chloé et lança ces mots,
doucement :
Lex : je suis le seul qui ait le droit de vie et
de mort de cette planète …
Un nouveau silence prit place, pendant lequel Chloé,
tête baissée, observa le sol sans vraiment le voir ; il était trop flou. Lex
reprit :
Lex : je me suis toujours demandé pourquoi
l’Ange de la Mort n’arrivait pas à m’attirer dans ses filets. La réponse
m’est apparue en entrant dans le tombeau de mon ancêtre …
Lex amena sa main droite vers le menton de Chloé et
releva sa tête vers lui. Son regard était devenu vide et la peau de son visage
bleuissait. Elle était sur le point de rendre son dernier souffle. Pourtant,
Lex, le sourire aux lèvres, ajouta, sur un ton enjoué :
Lex : je suis la mort …
Alors, il lâcha le menton de Chloé. Cette dernière
se laissa basculer sur le côté, sans forces. Son souffle était devenu un râle
horrifiant, un râle qui était sur le point de s’arrêter net. Lex se releva,
laissant un rire s’échapper de sa gorge et se tourna sur sa droite. Il
s’avança d’un pas décidé vers la sortie et, avant de la franchir, lança
à Chloé, d’une voix vive :
Lex : tâches de t’en souvenir …
Et il disparut derrière le pan de mur. La glace
disparut du corps de Chloé et sa flamme s’étendit dans tout son corps. Elle
prit une grande inspiration et respira profondément : la vie était subitement
revenue en elle. Elle se laissa retomber le flanc droit sur le sol et continua
de reprendre sa respiration. L’héritier du mal était fin prêt.
[La caméra s’éleva au dessus de Chloé et la filma,
respirant profondément sur le sol. Elle fit basculer son plan droit devant elle
et s’approcha d’une paroi rocheuse. Sur le haut, une ombre dissimulait un
pictogramme, sous la voûte du toit. Pourtant, son importance était crucial.
Constitué d’un corps bleu, limpide et d’un monstre noir, il représentait
l’équilibre entre Naman, fils du bien et Saguis, fils du mal. Le monstre
autrefois rouge avait finalement viré au noir intarissable : signe du mal
absolu]
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2.15 DESTINIES // © Alehi
– Juillet 2005