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2.14 U-TURN
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Disclaimer
:
Smallville et ses personnages ne m’appartiennent pas
Smallville © The Warner Bros Television & DC
Comics
Smallville created by Alfred Gough & Miles Millar
Superman © DC Comics
Superman created by Jerry Siegel & Joe Shuster
Cette histoire n’existe que pour le plaisir des fans.
Je n’ai pas été payé pour l’écrire et n’en tirerais aucun avantage
lucratif
Droits :
Hormis les copyrights ci-dessus, cette histoire
m’appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété
intellectuelle et de celle sur les droits d’auteur.
Interdiction formelle de reproduire, d’utiliser et/ou
de diffuser cette histoire sans l’autorisation expresse de son auteur
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Tour LuthorCorp – Metropolis – 2 jours plus tard
– 09h21
[Our Live - THE CALLING]
Flottant étrangement dans les airs, à plusieurs mètres
au dessus du sol, la caméra filmait cette longue avenue, portant le nom de «
Landing », bordée de nombreuses tours de verre et d’acier parmi lesquelles
on pouvait reconnaître aisément celles du « Daily Planet » et celle de la «
LuthorCorp », toutes deux voisines. Constituée de deux flux urbains goudronnés,
sur lesquels, se croisant, des dizaines de véhicules Américains circulaient,
faisant vrombir leur moteur et remarquer le son de leur klaxon. Se mêlant à ce
brouhaha de circulation, les voix agitées de certains habitants de Metropolis,
circulant sur les larges trottoirs, sur chaque rive de l’avenue, ajoutaient à
la brûme bruyante du centre ville. De chaque coté de la route, à double sens,
ce flot régulier de passants, arpentant les trottoirs, au pied des tours,
faisaient penser à s’y méprendre à une fourmilière géante.
Et enfin, après avoir filmé de ce plan écarté l’étendue
de la longue avenue, baignée par la nouvelle lumière du soleil, la caméra
plongea vers l’avenue, dans un nouveau plan lent et délicat. Ainsi, elle
traversa l’avenue en largeur, en survolant les véhicules à tout juste
quelques centimètres au dessus de leur toit. Ainsi, après quelques secondes,
la caméra arriva sur l’autre trottoir, rive gauche et se mêla, en
atterrissant sur le sol goudronné du trottoir. Figée sur place, la caméra
fixa un nouveau plan, devant elle, cette fois en contre plongée. Tandis que les
passants passaient en un flux régulier devant et derrière elle, la caméra
filma la tour de verre, à l’ossature d’acier, présente devant elle. La
bannière avancée, en métal bleutée, provoquait une ombre agréable sur le
trottoir, raffraichissant la température. Au bord de cette bannière, les mots
« LuthorCorp » étaient placardés en grosses lettres blanches métalliques,
de formes assez carrées. Puis, tout aussi lentement, la caméra abaissa légèrement
son plan et se mit à filmer les portes d’entrée, vitrées, séparant les
trottoirs de Metropolis du hall du siège de l’une des plus puissantes
multinationales du monde. Apres un plan immobile, filmant les quelques salariés,
en costumes ou tailleurs, circulant dans le hall, la caméra finit par avancer
vers les portes et, dans un phénomène assez surprenant, passa délicatement au
travers du verre, sans que les portes n’aient à s’ouvrir. Ainsi, alors que
le brouhaha perpétuel de la ville disparaissait instantanément, la caméra pénétra
dans l’univers de la LuthorCorp. Elle commença à avancer lentement, sur le
sol blanc dallé, impeccablement propre, croisant de nombreux salariés pressés,
habillés le plus chiquement possible. Délicatement, la caméra tourna son
objectif sur la droite, suivant du regard une jeune femme, la trentaine, longs
cheveux blonds, se dirigeant dans cette direction. Elle la vit se diriger vers
un long bureau d’accueil courbé. De couleur bleu dur, le comptoir, au dessus
blanc, comportait, sur sa paroi vertical visible aux visiteurs le mot « Welcome
». Derrière ledit bureau se trouvaient deux jeunes hotesses, environ la
vingtaines, habillés de veste de tailleur noire et d’un chemisier blanc légèrement
ouvert. Leurs cheveux, pour l’une blonds, pour la deuxième bruns, étaient
relevés en un chignon serré. Un casque à la pointe de la technologie de
communication, de couleur noire, reliait leur oreille gauche au centre de leur
joue droite, leur permettant de prendre le moindre appel téléphonique extérieur
sans effort. L’hotesse d’accueil aux cheveux blonds accueillit l’employée
blonde avec un grand sourire alors que sa collègue semblait en train de gérer
un conflit avec un client peu satisfait. Mais continuant d’avancer, la caméra
n’y prêta que peu d’attention. Elle reporta son attention droit devant elle
et montra ainsi trois ascenseurs, encrés dans le mur du fond, attendant des
visiteurs ; ils n’étaient plus qu’à cinq mètres. En un plan accéleré,
la caméra zigzagua entre les salariés arpentant le hall et, au moment où les
portes de l’ascenseur du centre s’ouvraient, s’engouffra à l’intérieur
de la cage d’ascenseur. Ainsi, elle pénétra dans la lumière blanche intense
dégagée pour les lampes, au plafond. Et, au moment où les portes se
refermaient et où l’ascenseur amorçait sa montée, la caméra continua
d’avancer et entra doucement en contact avec la paroi blanche de
l’ascenseur, faisant ainsi disparaître toute autre couleur.
Après ce fondu de couleur claires aveuglantes, la caméra
commença lentement à se détacher de ce qui semblait être l’écran plat
d’un ordinateur portable ; la caméra avait changée de salle. Ainsi, dans ce
lent travelling vers l’arrière, elle se détacha de cet écran sur lequel
apparaissait la page d’un système d’exploitation, créé par la LuthorCorp.
Le logiciel portait le nom de « LuthorExplore ». Puis, lorsquel l’écran fut
totalement à l’écran et que l’on put voir la main blanche d’un homme,
posé sur l’habitacle « souris » du clavier de l’ordinateur portable, posé
sur le bureau, la caméra figea son plan. Plusieurs icônes apparaissaient, représentant
les différents dossiers de l’ordinateur. Parmi eux, on pouvait lire « Clark
KENT », « Le Sauveur », « Chloé SULLIVAN » ainsi que « Death of Lionel
LUTHOR ». De même façon apparaissait une liste de vingt dossiers au contenu
plus surprenant les uns que les autres. Finalement, le propriétaire dirigea le
curseur de la souris sur l’icône « Death of Lionel LUTHOR » et
double-cliqua dessus. Aussi, quelques secondes plus tard, un dossier « Adobe
Reader » s’afficha, composé d’un rapport complet. On pouvait ainsi voir
apparaître de longs paragraphes, décrivant précisément les éléments découvert
par le dénommé J.FENER, accompagné de quelques photos parmi lesquels on
pouvait reconnaître Lionel Luthor, Chloé Sullivan, Clark Kent et, de loin et
de dos, la silhouette d’un homme habillé d’une toge rouge, sa tete
recouverte de la capuche ; Le Sauveur.
Rapidement, le responsable de l’ordinateur, entreprit
le lire en diagonale le rapport, fraichement rendu par son subordonné. Ainsi,
il se rendit vite compte que l’investissement que lui avait couté d’engager
cet homme, Tener, n’avait pas été vain. Il avait ainsi découvert que la
destruction du laboratoire n’avait rien d’accidentelle. Mais elle semblait
avoir été provoqué par quelqu’un, d’une manière assez mystérieuse.
Tener avait également découvert que Lionel avait créé ce laboratoire dans le
but d’y étudié quelque chose ou quelqu’un, de très important à ses yeux.
Mais le plus surprenant, aux yeux de Tener était, selon ses propres dires « je
ne comprends pas comment un homme si prévoyant que votre père avait pu laisser
des bonbonnes de gaz à trainer, ce n’était pas son genre … ». Et Lex, étant
en train de lire le rapport, était parfaitement d’accord. Vers la fin du
dossier, Tener faisait allusion à cet étrange personnage se faisant appeler Le
Sauveur, dans un paragraphe situé en face de la photo. « Je ne sais encore que
très peu de choses sur lui, mais si Swann s’en méfie, c’est qu’il doit
avoir un rôle très important … ». Cette remarque fit esquisser un sourire
mauvais à Lex, ses yeux exprimant un bonheur machiavélique de plus en plus
prononcé, au fil des jours. Chaque pièce du puzzle se mettait en place. Bientôt,
il aurait réussi là où son père avait échoué.
Et soudain, sa contemplation fut brisé. Jaillissant de
leurs gonds, les deux portes en PVC flou, fermant l’entrée, tombèrent sur le
sol dur et propre du bureau de Lex, au sommet de la tour LuthorCorp, venant
heurter violemment les pieds métalliques du bureau. Sentant le bureau trembler
sous cet effet, Lex perdit instantanément son sourire, observant cet homme,
dans l’encadrement de l’ancienne porte. Il semblait avoir arraché les
portes de leurs gonds à mains nues. Et maintenant, il se tenait dans la lumière
blanche aveuglante du couloir, sa carrure impressionnante enveloppée de cette
lumière, son visage méconnaissable. Des plus surpris, Lex se redressa dans son
fauteuil et porta sa main droite au dessus de l’écran de son ordinateur et,
avec précautions, le ferma doucement, regardant toujours cet homme massif, qui
serrait les poings. Après quelques secondes, Lex le vit avancer d’un pas
assuré dans sa bureau. Habillé d’un maillot de corps à manches courts rouge
et d’un jean délavé, Clark Kent avait laissé ses épais cheveux noirs en
broussaille et préservait ce regard dur et glacial. Il serrait intensément un
objet en plastique noir, dans sa main droite, avançant rapidement vers Lex. Dès
qu’il l’eut reconnu, Lex esquissa un sourire mauvais encore plus accentué,
ravi de constater que ses soupçons se révélaient, peu à peu. Dans le même
temps, il appuya sur un bouton rouge, sous son bureau, juste en dessous du
rebord. Ce sourire ne demeura que très peu de temps. Lorsqu’il vit que Clark
s’arrêtait à tout juste trois mètres de lui et amorçait un geste violent,
Lex perdit toute nuance de bonheur.
[SLOWING DOWN – La caméra se rapprocha de la main
droite de Clark au moment où, de toutes ses forces, il lançait en direction de
Lex l’objet en plastique noir. Aussi, il quitta sa main et, à une vitesse
ahurissante, commença à fendre l’air, créant un sillon de vitesse derrière
lui. Le filmant de derrière, la caméra lui emboita le pas, voyant ainsi les
fils électriques flotter derrière ; il s’agissait d’une caméra miniatures
visiblement arrachée de l’endroit où elle était dissimulée. En tout juste
quelques secondes, la caméra fut arrivée au dessus du bureau de Lex, qui était
ahuri, voyant Clark lui lancer un objet. Le jeune Luthor eut tout juste le temps
de pencher, le plus rapidement possible, sa tête sur la droite, au moment où
la caméra miniatures lui frôlait la joue gauche. Néanmoins, l’un des fils
électriques, jaillissant sur le coté, entra en contact avec le visage de Lex
et le coupa juste en dessous de l’œil. La caméra miniature termina sa course
dans le dos de Lex, heurtant de plein fouet la large baie vitrée, créant un
trou dedans. Après avoir passées au travers, la caméra miniature amorça une
chute vertigineuse le long de la tour « LuthorCorp » - FIN]. La caméra,
filmant la scene, se figea dans les airs, dans le vide, son objectif figé vers
le bas de la tour. Ainsi, filmant d’une image redevenue rapide, elle montra la
caméra miniature tomber à une vitesse hallucinante vers le sol.
La caméra changea à nouveau de plan et revint dans le
bureau de Lex Luthor. A l’intérieur, le jeune Luthor venait de sentir la
coupure percer sa peau et le sang couler. Sans s’en préoccuper, voyant Clark
furieux, face à lui, il se leva brusquement de son siège et, d’une voix
exprimant sa furie extravagante, Lex s’adressa au jeune Kent, qui, lui, lui
adressait son regard le plus dur possible. Il s’était enfin redressé.
Lex : t’es complètement malade !! … c’était
quoi ça ??
Clark avança d’un pas, amplifiant le charisme
l’enveloppant. Même s’il savait que cette personnalité était présente en
lui, Lex était surpris de voir l’aura de puissance qui était présente sur
Clark. Il en devenait vraiment impressionnant.
La voix qu’emprunta Clark fut à la mesure de sa
haine envers Lex, forte et colérique :
Clark : ne joues pas les innocents, Lex !! Tu sais
parfaitement ce que je t’ai jeté !!!
Lex , bien qu’il le savait, préféra faire comme
s’il ne le savait pas. Comme avec n’importe qui, Lex manipulerait Clark.
Lex : (furieux) non je ne le sais pas !!! Mais
j’aimerais bien savoir de quoi tu m’accuses encore !!
La haine en Clark atteint son paroxysme. Il avança
encore d’un pas, fixant Lex droit dans les yeux. La froideur et la fureur
qu’exprimaient les traits de Clark faisaient vraiment froid dans le dos. Même
Lex Luthor lui même avait peine à soutenir ce regard empli de puissance.
Clark : (baissant la voix) je sais pas à quoi tu
joues, Lex, mais tu peux être sûr que poser des caméras chez mes parents aura
été la plus belle erreur de ta vie !! … si j’apprends que tu es mêlé,
d’une quelconque manière que ce soit, que tu es lié à la mort de Leyana, je
te le ferai amèrement regretté …
Clark entendit alors des bruits de pas précipités
dans son dos avant que des bruits de cliquetis ne détournent son attention.
Surpris, il se retourna doucement et reconnut deux vigiles personnels de Lex,
habillés de costumes noirs. Tous deux braquaient un pistolet 9 mm sur Clark,
d’un air menaçant. Clark regarda leur canon, en esquissant une moue moqueuse.
Dans le même temps, Lex reprit la parole, d’une voix ouvertement moqueuse et
apaisée.
Lex : j’aimerais bien savoir comment …
Lentement, Clark refit demi-tour et refit face à
Lex, voyant ainsi l’expression réjouie du fils de Lionel Luthor. Ce dernier
ne serait pourtant pas attendu à la réaction du fermier, lui qui avait pour
habitude de dissimuler son secret. Clark esquissa à son tour un large sourire
moqueur et répondit à Lex :
Clark : tu crois vraiment que deux vigiles suffiront à
te protéger de moi ? … tu me connais bien mal, Lex …
Lex, même s’il n’en laissa rien paraître,
tombait des nus. Clark étira ses lèvres en un rictus surprenant puis, plus
rapidement qu’auparavant, tourna sur ses talons et commença à partir, d’un
pas assuré, s’avançant vers les deux vigiles qui continuaient de le mettre
en joux. A cet instant, Lex reprit la parle, interpellant Clark :
Lex : tu te prends pour qui Clark, … un sur-homme ?
Clark s’arrêta instantanément, regardant droit
devant lui. Les paroles de Lex étaient vraiment étonnantes, troublantes même.
Etait-il au courant de son secret ?
Lentement, Clark tourna les talons et, demeurant
immobile derrière les vigiles, fixa de nouveau Lex. Ce dernier fut une fois de
plus surpris par la réaction de Clark : il lui adressa un large sourire, en se
retournant complètement vers lui.
Lex vit à alors la froideur dans le regard de Clark
s’intensifier à un point que le brasier le plus épais n’aurait pu resister.
Le phénomène qui suivit glaça Lex sur place. Une vague de chaleur rougeatre,
tel une brasier, enveloppa les rétines bleutées des yeux de Clark avant
qu’ils ne deviennent rouges. A cet instant, deux bribes de chaleur quittèrent
les yeux du jeune Kent et s’envolèrent en direction de Lex. Le jeune Luthor
sentit les deux parcelles de chaleur raser chacune de ses joues et s’écraser
contre la baie vitrée, dans son dos. Des plus surpris, Lex se retourna vers la
vitre, au moment où un bruit de vent puissant retentissait. Sur la vitre deux
marques de chaleur, à cinquante centimètres d’écart, témoignaient du phénomène.
Voulant une réponse, Lex, le regard abasourdi, se retourna de nouveau vers
Clark. Malheureusement, seuls demeuraient les deux vigiles et Lex, et son
expression d’incompréhension.
A cet instant, la caméra fonça vers Lex et passa par
dessus son crâne rasé. Puis, passant au travers du trou, dans la baie vitrée,
créé par la caméra miniature, amorça une chute vertigineuse le long de la
paroi vitrée, à une vitesse ahurissante. Ainsi, pendant de très courtes
secondes, les étages de verre et d’acier de la tour défilèrent à une
vitesse défiant le mur du son. Et enfin, arrivant au niveau de l’étage n°3,
la caméra redressa sa course et bifurqua sur la gauche, passant ainsi entre la
tour du « Daily Planet » et celle de la « LuthorCorp ». Elle filma alors une
longue rue étroite, affluent de l’avenue « Landing ». Le long de cette rue,
envahie de l’ombre des deux tours, un flux continu de passants, en double
sens, fourmillait rapidement, enveloppé de voix nombreuses et puissantes. La
caméra redressa un peu plus sa descente et, arrivant juste au dessus de la tête
des passants, redressa complètement son plan et continua son plan vers
l’avant, s’éloignant de la tour « LuthorCorp ». Ainsi, de ce plan rasé,
rapide, vers l’avant, elle survola une grande partie de la foule.
Enfin, lorsque la tête d’une jeune femme, la
vingtaines, longs cheveux chatains ondulés, apparut, elle fixa son objectif
dessus et commença à repartir lentement vers l’arrière, filmant la
silhouette de la jeune femme. Elle portait un débardeur blanc seillant, révélant
ses hanches bronzées à nues, très minces et un jean à taille basse, délavé,
armé d’une ceinture « fashioned » rouge. La jeune femme, aux yeux bruns
envoutants, tenait son téléphone portable à clapet contre son oreille gauche,
écoutant l’homme qui lui parlait. Visiblement, par son pas pressé, la jeune
femme avait beaucoup de choses à faire. Et l’expression de son visage
montrait bien qu’elle aurait aimé que cet homme la rappelle.
Jeune Femme : Perry, cette semaine j’ai vraiment pas
le temps !!
Agacée, elle entendit en plus l’homme rire, à
l’autre bout du fil, d’un air moqueur. Elle sentit alors le besoin de se
justifier, se renfrognant un peu plus.
Jeune femme : je suis débordée !
Cette fois, l’amusement du dénommé Perry White,
rédacteur en chef au « Daily Planet », maître de stage de Chloé Sullivan et
amie de la jeune femme avec qui il s’entretenait au téléphone, atteint son
paroxysme.
Perry : ah non Loïs, tu me l’as déjà faite la
semaine dernière celle-là !!
La dénommée Loïs Lane, cousine de Chloé
Sullivan, esquissa une moue déçue. Il était vrai que la semaine précédente
elle avait déjà utilisé cette excuse pour éviter à le revoir. Elle savait
très bien ce qu’il lui demanderait : de travailler pour lui au « Daily
Planet ». Mais ce n’était pas vraiment ce qu’elle appréciait. Elle ne se
voyait pas etre en tailleur à longueur de journée et suivre les ordres d’un
homme, elle qui était adepte de la « femme solitaire » et qui detestait
l’autorité. Pourtant, cette semaine, cette excuse était réelle.
Loïs : (voix douce) oui mais cette fois c’est la vérité
(Perry rit) … mais je t’assure !! C’est vraiment important …
Mais dans le combiné du téléphone, Perry
continuait de rire, ne pouvant s’empecher de se dire que la jeune femme se
fichait de lui. Il redevint un peu plus sérieux et reprit la fil de la
conversation.
La caméra avait finalement changé de nouveau de plan
et s’était placé dans le dos de Loïs et la filmait en contre plongée,
montrant ainsi la tour de « LuthorCorp », un peu plus loin.
Perry : écoutes Loïs, si tu veux vraiment pas, tu le
dis une bonne fois pour toutes !!
Loïs : (ne voulant pas vexé Perry) mais non, c’est
pas ça ! Mais j’ai quelque chose de vraiment important à régler cette
semaine …
Le silence se fit alors que Loïs continuait de
fendre la foule, de ce pas des plus rapides, la caméra la suivant. Sentant ce
silence insupportable, Loïs pensa qu’il fallait se justifier.
Loïs : si tu veux tout savoir, c’est à propos de
Chloé …
L’interet de Perry redevint total. Chloé était
l’une de ses journalistes les plus prometteuses et avait également su
s’approprier son amitié. Perry l’appréciait vraiment beaucoup et, depuis
qu’elle avait commencé son enquête sur Lionel Luthor, il se faisait beaucoup
de soucis pour elle.
Perry : (inquiet) Chloé ? ... qu’est ce qu’elle a
?
Loïs : (voyant la tour « LuthorCorp » se rapprocher)
je sais pas encore mais ça fait des semaines qu’elle fait des cauchemards,
toutes les nuits … et puis j’ai récemment appris qu’elle travaillait avec
Lex Luthor …
Cette fois, Perry ne pouvait pas cacher son étonnement.
Lex s’était-il aperçu de l’enquete de Chloé ? Si oui, comment réagirait-il
?
Perry : quoi ?
Loïs : je sais c’est surprenant de sa part … mais
elle est vraiment étrange en ce moment …
Loïs arrivait au pied de la tour « LuthorCorp »
passant entre elle et la tour du « Daily Planet », sur sa gauche. Apres
quelques pas, elle arriva sur le large trottoir de l’avenue « Landing »,
passant devant la multinationale. Elle tourna à droite, pour passer devant la
tour, se mêlant à la foule de plus en plus importante.
Perry : tu veux que je lui parles ?
Loïs : surtout pas ! Si elle apprend que je t’en ai
parlé, elle va me tuer … elle …
Mais Loïs ne put finir sa phrase. Au moment où
elle passait devant la « LuthorCorp », un homme l’avait heurté violemment
au niveau de son épaule droite, la faisant dévier de sa trajectoire.
L’homme, qui ne s’était pas écarté en la rencontré, l’avait fait
lacher son portable et tomba sur le sol, s’ouvrant, la batterie s’extirpant
de la coque. L’épaule endolorie et surtout, furieuse, Loïs se retourna et
regarda l’homme, de dos, en maillot rouge de corps, s’éloigner en fendant
la foule, de sa démarche assurée.
Loïs : (l’interpelant en criant) hey mais ça va pas
!
Mais l’homme disparaissait déjà dans la foule.
La caméra changea de plan et se plaça devant
l’homme en maillot rouge : c’était Clark Kent. La caméra, tout en reculant
pour garder Clark dans le cadre, s’éleva rapidement au dessus de la foule de
façon à filmer Clark s’éloignant et Loïs, fulminant, en ramassant son téléphone.
Sans le savoir, Clark Kent avait heurté la femme de sa
vie.
[GENERIQUE]
Medical
Center – Metropolis – 9h38
La pièce dans laquelle se trouvait la caméra était
assez sombre mais cette obscurité, et cela devait être un effet réalisé exprès,
provoquait une douceur, une pleinitude enveloppante qui adoucissait l’atmosphère
réstreinte. Basée dans un coin de la pièce, près de la fenetre dont le store
était resté fermé, la caméra, d’un plan balayant, filmait la totalité de
la salle. Ainsi elle laissa apparaître, aisément visible en raison de la seule
lumière pâle d’un néon accroché au mur, un lit métallique, dont la tête
était apposé contre le mur du box, sur la gauche. Ce lit, à l’armature
esolide et recouvert d’un matelas confortable, supportait la fine silhouette
d’une jeune femme, blonde, recouvertes jusqu’à hauteur du bassin d’un léger
drap blanc. Un appareil médical, grâce aux bips sonores réguliers qu’il émettait
indiquait que la jeune femme était toujours envie. Cependant, l’écart de
trois secondes les séparant était un peu inquiétant.
Soudain, la caméra dévia légèrement son objectif
sur la droite, vers une porte blanche restée fermée, supportant un petit
store, lui aussi fermé. A ce moment, la poignée en fer doré tourna sur elle même
avant que la porte elle mêmme ne soit poussée parle nouvel arrivant. Ainsi, la
porte s’ouvirt rapidement et une petite silhouette passa sous son seuil, se
dirigeant rapidement vers la tête du lit. La jeune femme, elle aussi blonde,
ses courts cheveux aux points recourbées, portait une grande blouse blanche,
ouverte sur un chemisier lui aussi blanc. Ses yeux verts, très claires,
allaient à la perfection avec son sourire angélique. Elle ne devait pas avoir
plus de 25 ans. Mais elle n’était pas seule. Quelques secondes après
qu’elle ait rejoint la femme allongée sur le lit, une troisième femme, à la
coiffure similaire au docteur, vint se placer à la gauche du médecin. Son
visage blanc juvénile lui donnait l’age de la vingtaine. Elle portait une
veste en daim beige, ornée d’une courronne de fourure, sur sa capuche. Elle
tenait un sac en bandoulière, de couleur noire. Elle posa à son tour son
regard noisette sur la jeune blonde allongée, alors que la porte vint se
refermer doucement, dans un petit claquement.
Après un long moment de silence, la Doctoresse prit la
parole, d’une voix douce et délicate, ne quittant pas sa patiente du regard.
Docteur : c’est bien elle ?
Chloé Sullivan, la jeune blonde présente aux cotés
du Docteur, garda un long instant son regard braqué sur visage chevallin, légèrement
bronzé, de la patiente. Puis, acquiesçant d’un signe de tête, elle
accompagna son geste d’une parole calme :
Chloé : oui …
Quelques secondes de silence, tout juste rompues par
le bip sonore de l’électrocardiogramme, passèrent. Puis, d’une voix triste
et monotone, elle reprit :
Docteur : Susan Despite, 26 ans, mariée … Elle est
dans le coma depuis 10 longs mois … Au début son mari venait la voir tous les
jours. Mais depuis deux mois, je ne l’ai plus revu … Il a sans doute perdu
espoir …
Et Chloé comprenait cela. Elle même ne savait pas
si elle pourrait supporter de voir une personne qu’elle aimerait plus que tout
au monde, rester entre la vie et la mort et ne rien pouvoir faire.
Chloé : ce doit être horrible de voir quelqu’un
qu’on aime plus que tout dans cet état …
Les deux jeunes femmes, laissant de nouveau le
silence s’installer, gardèrent un long moment leur regard braqué sur le
visage endormi de Susan. Ses paupières fermées et son sourire figé lui
donnaient l’aspect d’un sommeil perpétuel.
Se rappelant les raisons de sa venue et l’excuse
qu’elle avait donné – un article à écrire sur les personnes dans le coma
pour le « Daily Planet » - Chloé ouvrit son sac en bandoulière et en sortit
un bloc-notes et un stylo. Ainsi, elle inscrivit dessus les noms et âge de
Susan. Puis, relevant la tête, elle porta son regard vers le Docteur qui,
sentant cette attention, en fit de même :
Chloé : vous pouvez me rappeler les circonstances dans
lesquelles elle a été retrouvée ?
Docteur : (regardant Susan) elle a été retrouvée au
milieu des débris du laboratoire dans lequel Lionel Luthor a été retrouvé
mort …
Une fois de plus, Chloé inscrivit l’information
sur son calepin, de façon à n’éveiller aucun soupçons. En réalité, elle
continuait son enquête sur la mort de Lionel Luthor. Etrangement, parmi la
liste des scientifiques présents dans le laboratoire ce jour-là, tous étaient
morts, ou presque. Les quelques-uns qu’ils ne l’étaient pas restaient
introuvables. Susan était la première que Chloé retrouvait, plus proche de la
vie.
Chloé reporta son attention vers le Docteur.
Chloé : pourrais-je rester un moment seule avec elle ?
Docteur : (souriant) oui, bien sûr …
Ainsi, souriant de plus belle à la jeune
journaliste, Le Docteur quitta le lit et se dirigea vers la porte, restée légèrement
ouverte. Elle sortit donc et referma la porte. Soupirant de stress, Chloé posa
son calepin et son stylo sur les pieds de Susan, ainsi que son sac. Puis,
d’une lenteur caractéristique, faisant ressortir la tension qu’éprouvait
la jeune journaliste à l’approche du moment fatidique, elle s’approcha de
la tête du lit, le visage magnifique, endormi, de Susan Despite posée sur un
oreiller surélevé. De cette même délicatesse, Chloé braqua son regard clair
sur les paupières fermées de la dénommée Susan et, prenant conscience de la
révélation qui allait peut être s’offrir à elle, Chloé soupira, sentant
la pression pesant sur ses épaules en devenir presque insoutenable.
Chloé : j’espère que tu n’y es pour rien, Clark
…
Quelques nouvelles secondes, silencieuses, à
nouveau pesantes, s’écoulent entre le moment où la phrase de Chloé s’évanouit
dans un quasi silence, seulement entrecoupée de signaux sonores provenant de
l’ECG. Puis, d’une geste légèrement tremblant, Chloé amena sa main
droite, moite, pâle, vers le visage chevalin de Susan et déposa amena cette
main jusqu’à quelques millimètres au dessus de son front. A cet instant précis,
alors que la concentration de la jeune Sullivan atteignait son paroxysme, les
tremblements de son corps redoublèrent d’intensité, elle fut comme parcourus
de courts spasmes nerveux. Alors qu’elle fermait les yeux, entrant dans une
extase intense, le visage crispé, une puissante lumière jaunâtre apparut
entre sa main et le visage de Susan, irradiant légèrement le visage pâle. Après
quelques secondes d’hésitation, Chloé finit par coller les phalanges de sa
main sur le front de la jeune femme : la sensation de chaleur fut alors
envoutante, Chloé se sentit envahir d’une puissante vague de douceur, alors
qu’un flot d’images continues traversait son esprit jusqu’alors brumeux.
Après un violent flash lumineux blanc, Chloé vit de
nouveau claire. Pourtant elle le sentait, elle se trouvait toujours auprès du
lit de Susan, ou du moins son corps s’y trouvait. Mais, suite à l’étrange
aura irradiante, l’esprit de Chloé avait réussi à pénétrer dans celui de
Susan et parvenait à voyager parmi ses souvenirs. Ainsi, elle put voir au
travers des yeux claires de Susan, au moment de son souvenir, comme s’il s’était
agi du sien. Elle sentait Susan sourire, elle était au comble du bonheur, cela
ne pouvait faire aucune doute. Elle sentait même une douceur agréable
s’emparer de ses yeux presque translucide, des larmes émergeant au coin de
ses yeux. Quelqu’un lui tenait la main droite, tendrement, leurs doigts entremêlés
les uns dans les autres. Susan/Chloé ne parvenait pas à détacher son regard
embué de larmes de cet homme, devant elle, un genoux posé à terre. Brun, les
yeux verts clairs brillant eux aussi vaillamment, l’homme était au combe du
bonheur. Il tenait dans sa main gauche une petit boite en velours noir à
l’intérieur de laquelle se trouvait une alliance en or, ornée d’un
magnifique diamant.
Enfin, la voix de l’homme, légèrement tremblotante,
se fit entendre, douce en enjouée :
Homme : Susan … veux-tu m’épouser ?
A ces mots, résonnant dans la cavité oratoire de
Susan, cette dernière laissa deux larmes rouler le long de ses joues alors
qu’un sourire tenant de l’extase traversait son visage brillant. Ne résistant
plus, Chloé/Susan se laissa tomber à genoux et plongea vers cet homme,
visiblement le petit ami de Susan. Alors, fougueusement, elle prit son visage
dans ses mains et m’embrassa le plus passionnément qu’il soit possible
d’imaginer.
Puis, apres cet échange fougeux, la jeune femme écarta
un peu son visage du sien et, gardant son regard braqué dans le sien, répondit,
d’une voix douce et heureuse :
Susan : oui … je le veux …
Au moment où Susan prononçait ces mots, leur ton
se perdait dans un écho indescriptible, au moment où m’image disparaissait
dans un nouveau fondu de lumière blanche. Après quelques secondes, Chloé vit
un nouveau souvenir apparaître devant ses yeux.
Le mari de Susan lui faisait toujours face, mais
l’expression de son visage avait bien changé : désormais, il exprimait un mélange
de déception, de peur et de fureur contre cet homme qui allait certainement lui
enlever la femme qu’il aimait. Tenant la main de sa femme, il laissait l’eau
de pluie, tombant à torrent autour d’eux, ruisseler sur son visage pâle
meurtri par la douleur sentimentale, une douleur qui lui transperçait le cœur,
tel un javelot chauffé à blanc. Serrant étroitement la main de sa femme, elle
aussi trempée des pieds à la tête, il ne cessait de la regarder dans le plus
profond de ses yeux, déversant un flot de paroles perpétuel visant à la faire
changer d’avis. Mais, au plus profond de lui même, il le savait : il était
impossible d’éviter Lionel Luthor.
Pourtant, il essaya une nouvelle fois de la raisonner :
Homme : Susan tu sais qui il est, tu sais comment il
traite les gens ! … une fois que tu seras dans ses griffes, tu ne pourras plus
en sortir !
Susan, touchée par ces paroles sonnant comme le
glas de la vérité, baissa lentement la tête vers le sol, braquant son regard
sur la main de son mari, ornée d’une alliance dorée.
Susan : je le sais … mais je ne peux plus faire
machine arrière …
Homme : Susan, s’il te plait …
Une larme roula sur la joue de la jeune femme, se mêlant
à l’eau de pluie ruisselant déjà abondamment dessus. Alors, lentement, elle
releva la tête vers son mari, qui ne cessait de la regarder dans les yeux. Cela
ne faisait qu’amplifier leur douleur commune. Ils savaient qu’il y avait de
grandes chances pour que leurs regards ne se croisent plus jamais.
Susan : écoutes, je te promets de …
Mais en plein milieu de cette phrase, une voix
d’homme, provenant de derrière le mari de Susan les interrompit. Cette voix
d’homme, familière, venait de s’adresser à elle d’une voix sèche et
sans répliques.
???: Dr Despite, votre cas n’est pas le seul dont je
m’occupes !!
Elle semblait de venir d’assez loin. La caméra,
filmant au travers des yeux de Susan, fit un écart et filma sur la gauche de
son mari. Ainsi, l’on put voir un peu plus, garée le long d’un petit
trottoir, non loin d’un arret de bus situé en pleine campagne Smallvillienne,
une limousine noire aux vitres teintées. Celle coté passager à l’arrière
était ouvert ; le visage de Lionel Luthor, chevaux longs et bouc rasé élégament,
les regardait d’un air mauvais.
Furieuse, Susan lui répondit d’un ton plus cassant
qu’elle ne le voulait au départ. Mais après tout, il le méritait bien.
Susan : j’arrive Monsieur Luthor !!
Elle reporta alors son regard vers son mari, qui la
regardait d’un air qui trahissait ses émotions. La phrase qui suivit en était
même inutile.
Homme : tu vois comment il te parle déjà ! Imagines
ce que ce sera quand tu travailleras pour son compte !!
Elle avança alors d’un pas, se rapprochant ainsi
au plus près de son mari. Alors, elle lui prit la visage, comme lors du premier
flash et déposa un doux baiser sur son visage.
Susan : je m’en sortirais … je te le promets …
pour toi …
A nouveau, l’image disparut en un flash lumineux
blanc, signifiant le passage au prochain souvenir. Chloé sentait qu’elle se
rapprochait de son but premier.
Et une nouvelle image apparu, bien différent. Aucun
homme, ni femme d’ailleurs, ne faisait plus face à elle ; ou du moins pas
directement. La jeune femme semblait accroupie au pied d’un épais tube de
verre, d’un diamètre d’environ deux mètres, dont une petite fenetre, au
bas, était ouverte. A l’intérieur, on pouvait que le Docteur Susan Despite y
déposait des gros lingots de pierres vertes, irradiant de cette lumière. Elle
semblait les disposer aux pieds musculeux d’un homme, de couleur blanche, bien
que sa peau, atrophiée, en devenait de plus en plus verdâtre. L’homme
semblait enfermé dans l’incubateur, comme prisonnier. Doucement, Chloé/Susan
y déposa un des derniers lingots, sentant une pression quasi palpable frapper
ses épaules.
Et soudain, une voix faible, brisée par la douleur et
le manque de force, se fit entendre, provenant de l’incubateur. Elle résonnait
étrangement :
???: aidez-moi … je … vous en … prie …
Touchée par ces paroles, Susan releva la tête,
attendrie. Ainsi, elle vit apparaître un torse blanc à la musculature
importante gravée d’une marque étrange, composé d’un 8 encadré d’un
pentagone. Elle releva encore un peu la tête et vit ainsi apparaître la tete
ballante de Clark Kent, tombant sur son torse. Il regardait Susan dans les yeux,
ou du moins essayait de le faire. Il savait quelle fin l’attendait si il
restait aupres de ces lingots.
Après quelques secondes, profondément désolée,
Susan répondit :
Susan : je suis désolé, mais … je ne peux pas …
il me tuerait …
L’image s’illumina de lumière blanche, laissant
place à un nouveau et dernier flash mémoriel.
Une nouvelle image apparut donc, visible au travers des
yeux de Susan. Elle fixait l’écran plat d’un ordinateur à la pointe de la
technologie. Installé le long d’un mur, il n’était pas le seul. Le long de
ce bureau longiligne se trouvait deux autres ordinateurs, eux aussi occupés par
des scientifiques à la solde de Lionel Luthor. Entre l’ordinateur de Susan et
celui sur la droite, trois bonbonnes de gaz étaient posées, aussi étrange que
cela puisse paraître. Soudain, un bruit d’impression, provenant de sous le
bureau de Susan se fit entendre. La jeune femme se baissa et tira la feuille
imprimée vers elle. Alors, elle se leva et, tournant vers sa droite,
s’approcha du fond de la petite salle, bouchée par une grande baie vitrée.
Le long de cette baie était aligné un nouveau bureau longiligne, trois
ordinateurs étant posés dessus. Tous trois étaient occupés par des
scientifiques en blouse vert pastelle, eux. Susan s’approcha de celui du
milieu et, avant de l’interpeler, passa son regard au travers de la vitre.
Ainsi, elle put voir une grande salle, située en bas. Envahie de blanc, ses
parois constituées de coussins blancs, comme dans les hopitaux psychiatriques,
la salle ne contenait qu’un élément : l’incubateur dans lequel était
enfermé Clark Kent, sujet à l’exposition des lingots de Kryptonite. Devant
cet incubateur se trouvait Lionel Luthor, en long manteau noir. Il discutait
avec ravissement avec Clark, dont la marque sur le torse s’irradiait de rouge.
Susan n’en revenait pas, jamais elle n’avait vu un tel phénomène.
Susan : (au scientifique du milieu) vous croyez que
c’est très judicieux de laisser ces bonbonnes de gaz ici ?
Scientifique : ce sont les ordres de Mr Luthor …
Entendant son ton sec, Susan comprit qu’il valait
mieux ne pas y faire plus ample allusion. Et puis ce qui se passait en bas était
autrement plus inquiétant. Clark était enveloppé d’une aura de lumière
rouge qui ne semblait pas inquiéter Lionel. Clark hurlait à plein poumons à
la sensation ne semblait pas partie pour s’interrompre tout de suite. A cet
instant, la baie vitrée se brisa en morceaux et tomba sur le sol de la grande
salle, dans un grand fracas alors que la vitre de l’incubateur de Clark en
faisait de même. Aussitôt, une alarme se mit à retentir alors qu’une lumière
rouge se mettait à clignoter dans tout le laboratoire. Un bruit strident se fit
alors entendre, réellement assourdissant et, après un ultime scintillement
verdatre, les lingots de Kryptonite devinrent transparents, inoffensifs. Mais
les phénomènes étranges ne s’arreterent pas là. Envahi par une chaleur
incontrolable, Clark sentit ses yeux s’enflammer, se teintant de rouge avant
que deux bribes de chaleur ne quittent ses yeux, traversant l’espace entre lui
et la petite salle située au dessus, avant de venir frapper la bonbonne de gaz
du milieu, sous son regard ébahi. Il explosa, faisant exploser, dans une réaction
en chaine, les deux autres. Susan eut tout juste le temps de se retourner avant
de voir les flammes la submerger.
Dans la chambre d’hopital, en prenant une grande
inspiration, Chloé rouvrit les yeux et vit que l’aura de lumière entre sa
main et le front de Susan n’avait pas disparue. Elle ne comprenait pas mais
laissa faire. La lumière vira alors au bleu turquoise et devint de plus en plus
intense, Chloé sentait son corps parcouru d’un spasme extatique. La lumière
reflétait sur leurs deux corps, ajoutant au surprenant du phénomène. Un
luminescence étrange en émanait, illuminant les rétines oculaires de la jeune
Sullivan. Alors, l’ECG s’emballa, avant de redevenir normal ; aussi normal
que s’il avait été branché à une personne en vie, hors du coma. Susan prit
une grande inspiration, avant de, à son tour, rouvrir les yeux. Chloé enleva
sa main, cessant d’irradier. Elle n’en revenait pas : elle avait ramener
Susan Despite à la vie.
Ferme
des KENT – Smallville – 10h53
Basée au pied de l’imposante grande en bois
couleur pourpre, la caméra avait levé son objectif vers le premier étage du
batiment boisé. La grande fenetre donnant accès au loft de Clark, éternel
forteresse de solitude du jeune Kent, était restée grande ouverte, ses deux
volets en bois plaqués contre la paroi murale. Visible juste derrière cette
ouverture, un téléscope métallique était installé, à coté duquel se
trouvait : Clark KENT. Toujours habillé de ce maillot à manches courts rouge
qui faisait ressortir son aspect machiavélique, Clark avait croisés ses bras
à hauteur du haut de son torse et braquait son regard clair, dur, froid, vers
l’horizon, visible au loin, le ciel bleu claire envahi de quelques fins
cumulus blancs. Ses cheveux noirs, de plus en plus loin, étaient de nouveau
coiffés en broussaille, mettant en valeur la clarté de ses yeux envoutant. Son
visage, fermé, exprimait la même froideur, la même durceur, que ses yeux pâles.
Aucune espèce de sourire ne traversait son visage, malgré le fait qu’une
pleinitude totale envahissait chaque partie de son corps. Depuis quelques temps,
et cela, il ne le supportait plus, Clark se sentait partagé entre deux
sentiments : une quiétude apaisante et une souffrance inaltérable. Ainsi, ses
sensations oscillaient entre ces deux émotions, sans qu’elles se mêlent.
Jamais il ne ressentait le bonheur en souffrant, ce qui, en soi, était normal.
Il avait l’impression qu’une autre personne l’habitait, cette personne qui
ressentait son bonheur incommensurable. Et quand cette autre âme se réveillait
en lui, toute souffrance le quittait. C’était ce phénomène qui s’était
emparé de lui, à son retour à la Ferme. A nouveau il était calme et apaisé.
Il était présent dans son corps, mais sentait une certaine distance le séparant
de la réalité.
Filmant toujours le jeune homme, près du rebord de la
fenetre, dans un plan en contre-plongée, la caméra nous fit constater qu’un
nouveau phénomène ahurissant s’éveillait dans le loft de Clark. Envahissant
tout l’espace boisé, apaisé, du loft, une lumière blanche, assez opaque,
semblait quitter le dos du jeune homme et jaillir sur chacune des parois de sa
forteresse de solitude. Demeurant pourtant immobile, malgré le fait qu’il
devait avoir aperçu la lumière, Clark restait bras croisés, fixant
l’horizon, impassible. La lumière gagna encore en intensité, en devenant même
aveuglante, éblouissante. Sa blanche, gagnant elle aussi en clarté, aurait
suffi à destabiliser n’importe qui. N’importe qui, hormis Clark Kent.
Et, au moment où elle semblait avoir atteint son
niveau maximum, Clark décida enfin de se retourner, lentement, gardant pourtant
les bras croisés. Ainsi, il put faire face à l’origine de la lumière, éblouissante.
Ne clignant même pas des yeux, Clark ne fut pas surpris de constater face à
lui, une sphère de lumière blanche, opaque, flotter à mi-hauteur, tournoyant
sur elle même. Clark la fixait juste de ses yeux pâles, attendant la suite,
alors que la lumière reflétait sur ses vêtements et son visage jeune. Alors,
à ce moment, un 8 lumineux, de lumière bleue turquoise, apparut sur le haut du
torse de Clark, traversant son T-shirt rouge. Vraisemblablement, la lumière
venait de la peau de son torse, comme lorsqu’il avait tué Morgan Edge, dans
la cuisine de ses parents. Le 8 gagna lui aussi en intensité, devenant précis
et éblouissant, enveloppant les bras croisés du jeune Kent.
Les deux lumières – la blanche opaque de la sphère
et la bleue turquoise de la marque – devinrent alors avueglantes et Clark
esquissa un rictus heureux, au moment où une voix d’homme, veloutée,
lointaine et résonnante, s’élevait, dans sa tête :
???: Kal-El …
Clark demeura impassible. Même si c’était la
première fois qu’il l’entendait, Clark, ou plutot son autre âme, la
connaissait parfaitement. Il s’agissait d’un dénomme Yen-Al, un des ancêtres
de Clark.
La voix reprit, d’une voix qui s’avéra néanmoins
beaucoup plus étrange, de par le contenu de ses paroles.
Yen-Al : Venis yi al Aqua …
La suite des évènements ne se fit pas attendre. Dès
le moment où l’esprit de Clark/Kal-El eut compris la requête, la sphère de
lumieux éclata en une violente onde de lumière, qui s’évanouit finalement
au travers des murs de bois, encadrant le loft. La lumière, sous le maillot de
Clark, commença à son tour à s’aténuir avant de disparaître complètement.
Clark releva alors lentement les yeux, droit devant lui, contemplant la
balustrade, un peu plus loin, sans réellement la voir. Son regard se fit alors
plus évasif, plus mystique dans un sens ; un sourire traversa son visage.
(SLOWING DOWN – Il démarra en trombe, créant un sillon de couleur rouge,
brouillées, dans son sillage, alors qu’il se dirigeait à la vitesse éclaire
vers l’ultime palier de l’escalier. Arrivé à la balustrade et créant
toujours ce sillon de vitesse derrière lui, Clark tourna à gauche et commença
à descendre les marches en bois de l’escalier. Arrivé au milieu, il manqua
de heurter la silhouette d’un homme de race blanche, habillé tout de noir.
– FIN] Alors que l’image redevint normal et qu’un puissant coup de vent se
fit entendre, l’homme en question, des plus ahuris, se figea sur place, se
retournant. Ledit vent avait soufflé violemment contre sa chemise en soie noire
et avait manqué de faire tomber ses lunettes de soleil noires, posés sur son
crâne luisant : il s’agissait de Lex LUTHOR. Le cœur battant, Lex se
retourna vers le bas de l’escalier, persuadé que quelque chose de très
puissant venait de le frôler. Il en était certain, il avait frôlé le secret
de Clark Kent. Mais le jeune homme était déjà loin, même si Lex, lui, n’en
savait rien. Aussi, suivant l’idée première qui l’avait menée ici, Lex se
tourna de nouveau vers le haut de l’escalier et gravit les dernières marches
menant à l’ultime palier. Il tourna à droite, monta les trois dernières
marches et posa le pied sur le sol du loft de Clark, dans lequel se trouvait le
jeune Kent, quelques secondes plus tôt. Lex ralentit alors ses pas, osbervant
chaque recoin de la salle : tant de souvenirs y étaient renfermés. Il
connaissait ce canapé sur sa droite, le téléscope au fond et surtout
l’espace libre, apaisant, envahissant les lieux. C’était précisément cet
atmosphère calme, reposant qui manquait à Lex. Il se rappelait les moments où
il venait ici, quand il était mal en point moralement. Hormis ses entretiens
avec Clark, il se sentait calme, rassuré en repartant rien qu’en ayant respiré
l’oxygène du loft.
Lex ne savait pas véritablement ce qui l’avait amené
à se rendre ici. Il n’avait aucune envie de se réconcilier avec Clark. Même
si son amitié lui manquait, Lex savait qu’elle était impossible. Clark était
le mal en personne, il ne fallait pas se lier à lui. Mais Lex avait senti une
force intérieure, étrange, le pousser à venir.
Et enfin, il comprit ce que c’était. Sur la gauche,
à mi-hauteur, sur l’étagère de bois plaquée contre le mur de bois, une
lueur tricolore attira son attention, séparée entre le rouge, le jaune et le
bleu. Au même moment, un sifflement strident, plus puissant que tout ce que Lex
avait entendu auparavant, se mit à résonner dans sa tête. Pourtant, Lex
restait concentré, il n’en ressentait aucune douleur. Il allait s’approcher
de la lueur quand elle fit le chemin à sa place. S’élevant à quelques
centimètres au dessus de l’étagère, la lueur éclatante s’approcha,
flottant dans les airs, de Lex et se fixa face à lui, à mi-hauteur. Bientôt,
leur intensité diminua progressivement, jusqu’à ce que Lex puisse reconnaître
son origine : en réalité, Lex voyait la clé octogonale, qu’il croyait à
jamais perdue, flotter devant lui, chacun de ses symboles lumineux – l’ «
Espoir » en bleu, le « Savoir » en rouge et le « Diaphane » en jaune. Lex
n’en revenait pas. Enfin il allait pouvoir entrer en contact avec les secrets
des Grottes Kawache. Tournoyant sur elle-même, la clé semblait prouvée
qu’elle était destinée à Lex. Au moment où il amena sa main vers elle,
pour s’en saisir, il vit les symboles de l’ « Espoir » et du « Savoir »,
diminuer en lumière alors que celui du « Diaphane » devenait très puissant.
Une sorte de vibration semblait émaner du métal, qui était surplombé de ces
lueur tricolore. Pourtant, peu à peu, tandis que le sifflement strident et la
lumière jaune gagnaient en intensité, les deux autres lueurs diminuaient. Lex
avait l’impression qu’un transfert de lumière s’effectuait des deux
lueurs – la rouge et la bleue – au profit de la jaune, la plus près de Lex.
Bientôt, les deux lueurs plus faibles perdirent la totalité de leur puissance
ne laissant plus que le symbole du « Diaphane » lumineux. Alors, il se passa
un phénomène contre lequel Lex Luthor lui même n’aurait pas pu lutter, même
s’il avait pu la prévoir. La clé octogonale s’illumina de la lumière
jaune et le sifflement suraigu atteint son paroxysme. Cette fois, Lex, le visage
crispé par la douleur, porta ses mains à plat sur ses oreilles et se
recroquevilla sur lui même, s’accroupissant légèrement. Un diaphragme
quitta le symbole, irradiant de sa éblouissement et le faisceau de lumière
opaque se braqua sur Lex, envahissant toute sa personne. Un sentit un flot de
lumière douce, telle une chute d’eau tiède, ruisseler contre son corps alors
que la lueur s’emparait de tout son être. Instinctivement, se rendant compte
que la douleur, dans sa tête, avait disparue, le jeune Luthor se releva et
rouvrit les yeux. Il vit que toute lueur avait disparue, sur la clé. Elle
continuait de flotter dans les airs, à mi-hauteur, mais ne brillait plus. Plus
par réflexe que toute autre chose, Lex baissa les yeux, légèrement, vers son
propre corps. Il comprit immédiatement ce qui avait attirer son attention : sur
le haut de son torse, une nouvelle lueur jaune brillait, légèrement, accroché
à un collier de métal lui même entourant le cou de Lex. Mais, même si cela
pouvait paraître étrange, ce n’était pas la lueur qui provoquait
l’augmentation de son rythme cardiaque. En réalité, un long et large vêtement
en linge blanc avait recouvert le corps de Lex. Ce vêtement ressemblait à la
toge que possédait Lana. Un large capuchon lui aussi blanc recouvrait son
corps. Dans le dos du jeune Luthor, sur le tissu blanc, était placardé le
symbole Kryptonien du « Diaphane », couleur or. Bientôt, la lueur doré, sur
le torse de Lex, s’aténuisa jusqu’à disparaître complètement. Ainsi, le
jeune patron de la LuthorCorp put constater qu’il portait à son cou
l’amulette du « Diaphane », ce pendentif en métal gris, gravé du symbole
du « Diaphane ». Instinctivement, Lex amena sa main droite, couverte en partie
d’une large manche blanche, frappé au bord, de symboles Kryptoniens dorés et
l’ouvrit. Ainsi, lentement, la clé octogonale vint s’y déposer.
A ce moment, la voix de Yen-Al, qui s’était déjà
faite entendre, résonna à nouveau, mais dans la tête de Lex, cette fois.
Yen-Al : ton destin est marche, héritier …
Central
Park – Metropolis – 13h06
Le soleil, déjà présent dans le ciel bleu de
Metropolis, avait atteint depuis peu son zénith, au dessus des hautes tours de
verre et d’acier surplombant le reste de la ville. Par moments caché par de
faibles cumulus blancs, il réchauffait de ses rayons la métropole du Kansas
ainsi que le reste de l’état. Ce temps, des plus agréables, annonçait les
premiers prémices d’un été qui était appelé à rester dans les annales
des Etats Unis.
La caméra , logée sur une petite butte pelousée,
filmait l’étendue du magnifique parce, verdoyant, visible à perte de vue. Au
bas de la butte surélevée, on pouvait voir une grande pelouse verte, semblable
à un tapis de velours de billard, comme celui couvrant le billard du jeune Lex
Luthor, dans le bureau de son manoir, à Smallville. Un étroit chemin goudronné,
assez claire, sillonnait ce vaste espace vert, en de longues courbes agréables
à l’œil. Un peu plus loin, à l’abri d’épais arbres feuillus, inondant
de leur ombre le tapis verdoyant, on pouvait voir de nombreux groupes de jeunes
gens et de plus âgés, assis confortablement sur la pelouse ou sur une fine
couverture posée délicatement. Ainsi, c’était de nombreux regroupements de
personnes, profitant de la chaleur ambiante des plus réconfortantes. Au centre
de cette espace tapissé de vert, un groupe de cinq jeunes hommes, à la carrure
impressionnante et vêtus de maillots de football américains différents,
jouait à ce jeu passionnant tout un peuple, au moment de la compétition reine
de la discipline : le SuperBowl. Régulièrement,, on pouvait voir le ballon
ovale, de couleur marron, passait des mains d’un des joueurs vers un autre,
assez éloigné. Derrière eux, encore un peu plus loin, le début d’un grand
bois construit par l’homme était visible. Un chemin de terre, prenant effet
en plein centre, semblait mener vers son cœur, qui ne devait pas se trouver très
loin étant donné la superficie de la flore. Néanmoins, ce coin floral, épais
et rafraîchissant, apportait un peu de paix au beau milieu de cette étendue
urbaine. Il était cependant dommage d’apercevoir derrière les hauteurs
florales les hautes tours de verre et d’acier du centre des affaires, s’élever,
d’un air supérieur, comme pour rappeler le rôle premier de la métropole. Il
était impossible de ne pas les voir, comment elles dépassaient derrière, de
leur ossature puissante.
La caméra s’interessa de nouveau à l’allée
sinueuse, goudronnée, séparant en deux grandes partiels la vaste pelouse,
descendant en pente vers le bois. Ce chemin, mis à disposition des cyclistes,
était bordé d’une bonne dizaine de bancs blancs, ou du moins tel était le
nombre qui était visible puisque sur la gauche et la droite, le chemin
disparaissait en une longue courbe, derrière d’épais arbres. Chacun des
bancs étaient occupés, par des personnes qui, par leur physique et leur
attitude divergeaient. Au moment où un cycliste, habillé en tenue et roulant
sur un vélo de course, déboula de la gauche, sur le chemin, débouchant de
derrière l’arbre, la caméra s’interessa à lui et, en changeant de plan
rapidement, se plaça dans son dos. Alors, le filmant en contre-plongée, la caméra
se plaça juste derrière lui et le suivit pendant de longues secondes le long
du chemin tortueux, sans s’occuper d’autre chose. Ainsi, se furent pas moins
de cinq bancs qui défilèrent, sur la droite, avant que la caméra ne s’en détache.
Enfin, s’arrêtant sur place, l’objectif se tourna sur sa droite, filmant
toujours en contre-plongée et fixa le banc, face à elle : il était occupé
par deux jeunes hommes, environ 25 ans.
Fixant son plan sur ce métériel, la caméra
s’attarda sur le physique des deux hommes. Celui de droite était bien connu
des médias et du reste de la planète, au delà des frontières américaines,
il portait le nom de Lex LUTHOR. Son crâne chauve, luisant au soleil, mythique
par sa réputation, supportait une paire de lunettes de soleil noires posées
dessus. Son regard bleu, d’une clarté aussi froide que la glace
d’antarctique, était mis en valeur par ses vêtements d’un ton assez
sombre, comme à son habitude. En effet, Lex portait une chemise en soir noire,
légèrement ouverte et un pantalon de costume également noir. Son long manteau
en cashmere noir était posé sur sa gauche, sur le banc. Il arborait un radieux
sourire, dénué du moindre machiavélisme, ce qui était pourtant l’une de
ses principales caractéristiques. Mais en cet instant rien n’aurait pu le
rendre plus heureux. Il était enfin en paix avec lui même et avec son
environnement. Il tenait un sandwish entre ses mains, de la salade et des
tomates dépassant des deux tranches de pain.
Sur sa droite, à plusieurs centimètres de lui, se
trouvait l’homme qui était en partie responsable de son bonheur. L’homme,
calme et apaisé, lui aussi, portait un jean délavé et une veste en daim
d’un beige assez claire. Sous ce vêtement était visible un maillot blanc,
frappé d’un symbole et du mot « Hope ». L’homme, visible les cheveux roux
coupés très courts, portait une casquette blanche, dissimulant abstraitement
une certaine partie de son visage blanc, assez jeune. Néanmoins, ses yeux
bleus, presques diaphanes, attiraient l’attention. L’aura étrange qu’ils
dégageaient lui donnait un aspect des plus mystérieux et charismatiques. Lui
aussi tenait un sandwish entre ses mains, assez volumineux, un « Streeter »,
selon les dires de la serveuse du Restaurant Rapide « The fastest food ». Une
boite en carton, de forme pyramidale, était posée entre eux deux, sur le banc,
contenant serviettes en papier frappées du logo du restaurant et boissons
gazeuses.
Alors que l’homme à la casquette blanche arracha une
première bouchée de son sandwish et braqua son regard sur le groupe de
footballeurs, aucun sourire sur ses fines lèvres, Lex, lui, dévia discretement
son regard vers son accompagnateur ; il ne put s’empecher de sourire en
apercevant son regard glacial. Cependant, ce sourire fut de courte durée :
Homme à la casquette : Lex …
La surprise de Lex ne fut pas dissimulée. Il ne
l’avait pas entendu depuis le matin, moment où Lex était passé le chercher
à l’Institut « Blessed Child » . Le seul moment où il avait entendu le
timbre de sa voix, voilé et charismatique, avait été le moment où il avait
donnée sa commande à la serveuse, au restaurant rapide.
Aussi, des plus attentionnée, Lex répondit d’une
voix douce et souriante :
Lex : oui … ?
Homme à la casquette : pourquoi ne m’as tu jamais
dit que Lucas et toi étiez mes frères …
Lex sentit son cœur faire un bond dans sa cage
thoracique telle qu’il crut le sentir descendre jusque dans ses talons.
L’homme, sur sa droite, n’était autre que Julian LUTHOR, son défunt frère
que Lucas avait ramené à la vie, grâce aux prouesses scientifiques de ses
laboratoires. Depuis qu’il s’était réveillé, Julian avait beaucoup
grandi, du point de vue physique mais aussi spirituel. Son intelligence évoluait
au même rythme que son corps. Il était désormais arrivé à l’âge de Lex.
Et le processus ne s’était toujours pas interrompu.
Le regard de Lex, ainsi que l’expression tirée par
la surprise de Lex, semblèrent le trahir. Mais, voyant que Julian n’avait pas
détourné son regard du groupe de footballeurs, il décida de nier en bloc, en
souriant.
Lex : qu’est ce que tu veux dire ?
Julian ne répondit pas immédiatement. Il arracha
une nouvelle bouchée de son sandwish, visiblement succulent, macha la
nourriture puis reprit la parole, après quelques secondes.
Julian : (le regard toujours fixé sur le groupe de
joueurs) j’ai entendu des médecins dire que Lucas était mon frère …
Cette révélation faisaient naître dans le cœur
de Lex à la fois un sentiment de frustration mêlée à une fureur étonnante
contre ces médecins sans aucune jugeotte mais aussi une fierté restée
dissimulée. En effet, Lex était furieux de constater que les scientifiques de
l’Institut « Blessed Child », hébergeant Julian, n’aient respecté les
termes de leur accord. Mais, d’un autre côté, il était fier de
s’apercevoir que, tout comme lui, Julian savait se servir de son environnement
pour en tirer des avantages.
Mais le moment n’était pas encore venu à Julian de
tout savoir ; ou du moins, c’était ce que pensait Lex. Niant tout état de
fait, Lex reprit la parole, calmement, en portant à son tour son regard vers le
groupe de footballeurs, sur la pelouse.
Lex : (souriant) tu sais, Julian, il ne faut pas croire
tout ce qui est dit …
En entendant son frère parler ainsi, à sa gauche,
Julian esquissa un petit rictus amusé qui, d’ordinaire, était propre à Lex.
Ces formules toutes faites n’allaient pas empêcher Julian d’en arriver là
où il espérait aller.
Il arracha une nouvelle bouchée de son sandwish et, le
regard toujours fixe, devant lui, Julian macha la nourriture, harmonieusement.
Puis, de ce même ton plat et calme, reprit :
Julian : ce matin, je suis tombé sur le dossier « The
One », sur ton bureau … le nom de « LUTHOR » suivait celui de « JULIAN »
…
Cette fois, Lex ne put dissimuler sa surprise, même
si Julian, une fois de plus, n’en vit rien, tellement la contemplation des
passes, plus loin, occupait son esprit. Ainsi, Julian avait consulté ce dossier
alors que Lex n’en avait rien vu. Décidément, les fibres de la famille
habitaient belle et bien son corps.
Souriant, Lex baissa les yeux vers le sol, s’avouant
vaincu. Julian savait désormais et il lui faudrait faire avec. Un silence
s’installa entre les deux jeunes Luthor, seulement ponctué par les cris de
joie des jeunes gens, sur la pelouse. Julian demeura impassible, aucun sourire
ne transperçant son visage jeune, légèrement ombré par la lunette de sa
casquette blanche. Puis, après de longues secondes, il reprit la parole :
Julian : Lex, je suis fier d’être ton frère tu sais
… mais ce n’est pas une raison pour faire semblant …
Cette fois, Lex ne comprenait pas ce que son frère
voulait lui faire comprendre. Pourtant, il était habitué aux allusions métaphoriques
que lui faisait subir son père, avant sa mort. Mais cette fois, les dires étaient
trop énigmatiques. Lex releva la tête, braquant de nouveau son regard vers son
frère.
Lex : je ne te comprends pas Julian …
Pour la première fois depuis qu’ils s’étaient
assis, Julian détourna son regard du groupe de footballeurs et tourna la tête
sur sa gauche, plongeant le bleu de ses yeux dans ceux de Lex. Aussitôt, l’aîné
des Luthor sentit une douceur étrangère s’emparer de ses sens et envelopper
toute sa personne. Malgré la casquette, la puissance de son regard était telle
que Lex Luthor lui même se sentait submergé.
Julian : (intensifiant son regard) Lex, je vais mourir,
cesse de faire comme si une chance perdurait …
Mais Lex ne pouvait se résoudre à pareille réaction.
Julian était son seul lien avec le monde bienveillant, jamais il ne pourrait
abandonner l’idée de le sauver.
Lex : (peu sûr de lui) mais Julian, je …
Julian : (devenant plus sérieux) non Lex, tu ne peux
rien n’y faire, je ne peux rien y faire … aucun super-héros ne viendra me
sauver la vie, il faut te résoudre à l’accepter …
Lex aurait voulu objecter cette idée mais le regard
dur, attentionné de Julian chacune des nuances claires le constituant, l’en
empêcha. Il se contenta de baisser les yeux sous l’intensité de ce regard,
chose rare chez lui.
Julian : (poursuivant) … personne ne peut renverser
les limites de mère nature sans en payer le prix, Lucas aurait dû le savoir
…
Les paroles de Julian étaient dures mais nécessaires
à entendre. Lex avait cette idée, trop difficile à accepter, dans un coin de
sa tête depuis qu’il avait découvert l’existence du clone de Julian. Mais
par peur de le perdre, il l’avait inconsciemment oublier.
Julian : … je veux juste passer les derniers moments
qui me restent le plus librement possible … (devenant encore plus sérieux) je
ne veux pas que la dernière chose que je vois soit le plafond de ma chambre à
l’Institut …
Lentement, sentant étrangement le nouveau sourire,
apparu depuis peu, sur les lèvres de son frère, Lex releva la tete et
replongea son regard dans le sien. L’échange se fit alors fixe et intense.
Julian : (souriant, rayonnant) Lex, je …
Mais, à contre-cœur, Julian du s’interrompre.
Une puissante toux survint assez subitement et le força à s’arrêter,
devenant vite insupportable. Par politesse, il s’écarta de Lex et se remit
face à la pelouse, sentant la toux le submerger. Mais il devait le dire, c’était
beaucoup trop important. Aussi, entre deux toussotements, il reprit la parole :
Julian : … je veux …
Mais la toux devenait rocailleuse et immaitrisable.
Lex le regarda faire, le cœur, ayant peur de voir une scène beaucoup trop
familière se répéter à nouveau. Entre deux nouvelles toux puissantes, venant
du fond de sa gorge, Julian réussit quand même à terminer sa phrase.
Julian : … entrer dans ta vie …
Il avait juste eu le temps de dire ces quelques mots
qu’un flot de toussottements le submergea et le força à cracher sur le sol
goudronné, au moment où il se penchait un peu plus. Alors, cracha mêlant bave
et sang attérit sur le sol. Lex comprit qu’il ne fallait plus attendre. Se
tournant vers sa gauche, il prit, dans la poche intérieure de sa veste, une
plaquette contenant des pillules. Il en enleva une, de couleur jaune et la
tendit aussitôt à Julian. A tâtons, le jeune homme la prit et finit par la
mettre dans sa bouche, avant de l’avaler. Aussitôt, la toux s’interrompit,
la crise s’était arrêtée. Lex paraissait au comble du soulagement. Ces
crises, de plus en plus fréquentes, devenaient de plus en plus devastatrices.
Julian, la bave sur le menton, se redressa et saisit la serviette en papier que
lui tendait Lex, celle qu’il avait prise dans la boite en carton, entre eux
deux. Julian s’essuya la bouche.
Julian : tu vois, c’est de ça que je te parlais …
Une fois essuyé, il tourna à nouveau la tête vers
son frère et, de son regard appuyé et intense, reprit, d’une voix exprimant
le sérieux intense tirant ses traits :
Julian : aides-moi … je t’en supplies …
Le même sérieux demeura pendant de longues
secondes sur le visage de Lex, alors qu’il réfléchissait. Il sentait bien
que Julian vivait ses derniers jours. S’il ne faisait rien bientôt, il le
regretterait peut être à jamais. Aussi, esquissant un large sourire, il reprit
:
Lex : je dois bien avoir une chambre pour toi, au
Manoir …
Crazy
Food – Metropolis – 12h22
La caméra, figée dans les airs à pres de cinq mètres
de hauteur, filmait, objectif masculé, vers le bas, l’étendue urbaine de
Metropolis, cette partie de la vie à l’ombre des grandes tours de verre et
d’acier, un quartie très primé par les hommes d’affaires ayant élu
travail dans cette zone. Grâce à ce plan mené vers l’avant, la caméra
montrait toute l’étendue de cette étroite ruelle, entourée de parois très
hautes, traversant le quartier dans sa longueur, sur une superficie qui devait
avoisiner les 2 kilomètres. En raison des parois crasseuses, assez âgées, des
batiments encadrant la rue, une ombre rafraîchissante envahissait l’espace
urbain, un léger vent s’y inisçant.
La caméra plongea soudainement et, délicatement, attérit
sur le sol dur, goudronné et parsemé de détritus de la ruelle. Ainsi, elle
analysa chaque détail. Son sol, traversé dans sa longueur, en plein centre,
d’un égout, était constitué de deux légères pentes, montant de chaque coté
vers les murs l’encadrant. Il était poussiéreux et recouvert, en de nombreux
endroits, de journaux usagés du « Daily Planet » ou d’autres cartons
autrefois emballages de denrées périssables. Tout le long de la rue, contre
les murs, on reconnaissait de grands container en métal, recueillant chaque déchet
– ou du moins en théorie. La chaleur présente sur le tout Metropolis, bien
qu’un peu atténuée par l’ombre dégagée par les murs, envahissait néanmoins
la ruelle.
Soudain, attirée par un bruit métallique sur sa
gauche, la caméra se tourna dans cette direction et filma le mur, un peu plus
loin. Sur la droite, un de ces nombreux containers métalliques, de couleur vert
bouteille, était apposé contre le mur. L’origine du bruit métallique apprut
immédiatement. La porte métallique, de la même couleur vert bouteille, venait
de s’ouvrir violemment et de venir cogner à une vitesse éffarante, le mur,
après avoir été poussée, avec colère, par une jeune femme. Environ 1m70, la
silhouette mince, habillée d’un jean taille basse, d’un débardeur blanc et
d’un tablier vert bouteille les recouvrant, la jeune femme avait de longs
cheveux bruns relevés en chignon. Son visage bronzé, aux traits chevallin,
faisait ressortir ses yeux d’un brun envoutant. Il s’agissait de la cousine
survoltée de Chloé Sullivan : Loïs LANE.
En cet instant, elle paraissait hors d’elle, telle était
l’expression qui tirait ses traits. Ses yeux, luisant d’une lueur brillante
exprimait une rage inaltérable, renforcée par le soufflement rauque qui sortit
de sa gorge au moment où elle posa le pied sur le sol de la rue. Tenant d’une
force incroyable un sac poubelle noire, fermé, dans sa main droite, Loïs était
visiblement plus que contrariée. De cette même attitude outrée, plus encore même,
Loïs ouvrit violemment le couvercle métallique du container, sur sa gauche et
y balança de toutes ses forces le sac plein d’ordures, lequel roula
jusqu’au bord du container, avant que la jeune femme ne claque violemment le
couvercle, laissant ainsi un bruit de métal ahurissant résonner dans la rue.
Après avoir laissée ainsi sa fureur se manifester, Loïs avança d’un pas
pressé vers le centre de la rue et, subitement, s’arrêta en plein milieu. Le
sang battant à ses tempes, sentant une chaleur grandissante s’emparer de son
visage, Loïs, tête baissée vers le sol, souffla alors une nouvelle fois,
assez puissamment. Elle repensait à ce qui venait de se passer et ne regrettait
rien, ou presque. Elle était juste furieuse contre ce « gosse de riche »,
comme elle se plaisait à les appeler. Portant les mains à ses hanches à nues,
malgré le tablier vert frappé d’un clown et des mots « Crazy Food » attaché
à son cou, Loïs ferma les yeux et essaya de faire le point. Elle savait ce qui
allait se passer, c’était inévitable. Une fois de plus, son caractère la
mettait en danger.
Aussi, elle ne fut pas surprise d’entendre dans son
dos, une voix crier son nom, dans le couloir qu’elle venait de quitter.
???: (voix atténuée, furieuse) Loïs !!
A l’entente de ce nom, Loïs souffla une nouvelle
fois. Elle allait encore se faire sermonner, ce qui était prévisible.
Des pas résonnant se firent entendre, plus fort à
mesure que l’homme, car sa voix était très grave, se rapprochait de la
sortie. Enfin, Loïs l’entendit sortir du couloir et entrer dans la ruelle,
les talons plats de ses chaussures de luxe frappant le sol dur, granuleux, de la
ruelle quasi déserte.
La caméra, filmant jusqu’alors Loïs de dos, proie
à une colère incontrôlable, se tourna enfin vers l’homme qui venait
d’arriver. Il était vêtu d’un pantalon de costume chic, noir, à rayures
et d’une chemise en soie noire, légèrement ouverte sur son torse musclé ;
une petite chaînette en or était visible. Il avait un visage fin, assez
maigre, marqué par des petits yeux noirs porcins, à l’aspect pervers. Ses
courts cheveux noirs, grisés en de nombreux endroits, étaient coiffés
nettement à plat. Tout comme sa fine moustache, en brosse à dent, ses cheveux
lui prêtait l’allure d’un mafiosi, ce qui n’était peut être pas très
éloigné du compte. Il semblait encore plus furieux que Loïs, s’il en
croyait ses yeux noirs semblant lancer des éclaires. Sa mine, fermée,
exprimait une haine énorme, cachée derrière des traits semblables à ceux de
tueurs à gage agissant dans l’ombre.
Il reprit la parole, de cette voix sombre, plate et
empli de charisme.
Patron : Loïs, tu retournes t’excuser … (insistant
sur cette dernière partie de la phrase) et tout de suite !!
Cette seule phrase suffit à faire littéralement
exploser la fureur de Loïs, qu’elle essaya jusqu’alors avec le plus grand
mal à dissimuler. Mais cette fois, la requête de son patron était bien au
dessus de ses moyens.
Aussi, ses gestes n’obéissant plus à sa tête mais
à son ressenti, la jeune femme, rouvrant les yeux, se retourna en un éclaire
vers son patron et, avançant d’un pas rapide, planta son regard dur dans le
sien. Celui-ci ne cilla pas, il restait concentré. Lui aussi était furieux et
l commençait réellement à en avoir assez de l’attitude survoltée et
incontrôlable de cette fameuse Loïs Lane. Ainsi, il ne fut pas plus
impressionner de la voir hurler sur lui :
Loïs : je n’irais pas m’excuser, il en est hors de
question … suis-je assez claire ?
Un silence s’installa, laissant le calme reprendre
sa place, seulement brisé par une sirène de police, résonnant au loin. Le
patron de Loïs n’avait toujours pas cillé, il était habitué aux situations
difficiles et il ne comptait pas céder.
A son tour, il avança d’un pas de façon à se
retrouver face à son employée et à pouvoir entourer son regard si prenant.
Lorsqu’il reprit la parole, sa voix était calme, basse et froide. Mais Loïs
aurait encore préféré qu’il lui hurle au visage.
Patron : tu vas y retourner, je ne te le redemanderais
pas … me suis-je bien fait comprendre ?
Il garda son regard noir planté dans celui de Loïs
de longues secondes après que sa phrase ait été achevée, jusqu’à ce
qu’elle daigne ciller. Prenant cela pour une réponse positive, il tourna les
talons et, de son pas caractéristique assez vif, s’éloigna de Loïs,
marchant à nouveau le long du couloir.
Loïs rouvrit les yeux, encore plus furieuse
qu’auparavant. Elle avait horreur de ces moments où il la fixait sans ciller,
sans dire un mot, comme s’il avait pu, lire au plus profond d’elle même au
travers de ses rétines brunes. Elle se retrouvait une nouvelle fois face à un
dilemme horrible : son caractère contre son emploi. Mais elle ne pouvait pas se
passer de cet argent, surtout pas en ce moment qu’elle hébergeait sa cousine.
Aussi, soupirant une énième fois et prenant sur elle même, elle avança vers
l’entrée du couloir et posa le pied à l’intérieur.
Elle pénétra de nouveau dans l’atmosphère
chaleureuse et convivial dégagé par le long couloir menant aux cuisines et à
la partie commune. Assez étroit et de plafond plutôt bas, le couloir était
entièrement recouvert d’une couleur pourpre envoutante. De lampes, antiques,
étaient accrochées sur les murs, à mi-hauteur et à écart distant, dégageant
une aura de lumière pâle. Loïs entendait les premières nuances d’une douce
musique classique, accompagnant les clients.
Après quelques secondes de marche rapide, Loïs arriva
à une bifurcation, entendant les bruits puissants de la vaisselle et de la préparation
des plats. Sur la gauche, un accès étroit menait aux cuisines, envahies de
blanc. Le petit couloir – par la longueur – de droite, menait à la partie
restaurant. Sans hésitation, le cœur battant à tout rompre, Loîs tourna à
droite, se dirigeant ainsi vers la partie restaurant.
Loïs passa sous une arche pourpre, d’une longueur de
deux mètre et pénétra dans l’atmosphère agréable de la grande salle. Très
grande, elle aussi envahie de cette couleur pourpre agréable, elle réunissait
une bonne trentaine de table ronde, chacune entourée de quatre chaises métalliques,
à la forme arrondies. Une allée centrale traversait la salle des cuisines
jusqu’à la porte d’entrée, double, au fond. D’autres allées, affluents
de l’allée centrales, arpentaient la salle entre les nombreuses tables. Loïs,
de ce même pas vif, la mine fermée, s’engagea dans l’allée centrale.
Alors qu’elle passait à coté d’une première table ronde, sur sa gauche,
vide, elle prit un petit bloc-notes qu’elle avait posée là en sortant. Ainsi
« armée », elle longea l’allée centrale sous les regards des clients. En
effet, sa sortie n’était pas parue incognito, au contraire. Après une longue
marche, presque arrivée au fond de la salle, elle tourna à droite et passa
entre deux tables. Une nouvelle fois, sous les regards des clients surpris, Loïs
alla jusque dans le coin de la salle où se trouvait une des nombreuses tables
rondes. Au moment où elle s’arrêta devant, le rythme de son cœur
s’emballa.
Au moment où Loïs était apparue devant la table, ses
trois occupants levèrent la tête vers elle, chacun esquissant un radieux
sourire en la reconnaissant et cessant de rire bruyament. Il s’agissait de
trois jeunes hommes, la vingtaine, habillés de pantalons de costume noir haute
couture et de chemise en soie. Chacun avait des cheveux courts et bien coiffés.
Ils semblaient se ravir de la venue de Loïs à leur table. Mais cette idée
n’était pas du gout de la jeune femme. Le regard dur, noir, braqué sur
l’homme du milieu, elle restait immobile et silencieuse.
C’était celui du milieu, justement, qui lui avait
valu cette fureur incontrolable. Il se redressa légèrement, restant bien
blotti contre sa chaise et, son visage rayonnant de bonheur grâce à ce sourire
charmeur, reprit la parole de cette voix sûre d’elle.
Homme du centre : hey mon ange … tu es revenue ?
Loïs sentit une chaleur des plus ahurissantes lui
monter jusqu’au cerveau. Elle avait l’impression de subir une fièvre subite
des plus virulentes. Elle aurait tant aimé lui balancer violemment ce
bloc-notes au visage. Mais, si elle voulait garder son travail, il fallait
resister. Aussi, elle se contenta de le toiser, d’un regard des plus durs.
Mais cela ne sembla pas le destabiliser plus que ça. Il continuait d’arborer
un sourire radieux, comme si la fureur de Loïs attisait sa joie de vivre.
Il reprit la parole, d’une voix faussement désolée
:
Homme du centre : dis-moi, j’espère que nos propos
ne t’ont pas … blessée ?
Une fois de plus, il se jouait des nerfs de Loïs.
Elle sentait que la limite du contrôlable était proche. Sa colère menaçait
de faire surface à tous moments. Cette chaleur pouvait la submergeait instantanément.
Pourtant, elle ne pouvait pas se permettre de laisser ses émotions prendre le
pas sir son raisonnement.
Aussi, le regardant toujours de ce regard dur et
profond, Loïs esquissa un sourire ironique. Elle regretta bien vite de
l’avoir fait.
Homme du centre : (radieux) on ne t’a jamais dit que
tu avais un sourire ensorcelant ?
Son sourire disparut instantanément. Pour la première
fois, elle baissa les yeux vers son bloc-notes. Non pas par peur du regard de
son interlocuteur mais par peur de lui balancer n’importe quel objet à sa
portée ; cette chaise par exemple.
Sentant son cœur battre à tout rompre dans sa
poitrine, Loïs inscrivit sur la feuille blanche attachée à son bloc note les
mots « Table Riunione». Puis, en dessous, créant un paragraphe, elle
inscrivit une petite flèche. Ceci fait, elle releva la tête et, essayant de
prendre la voix la plus neutre possible, s’adressa au jeune homme sur sa
gauche, qui cessa de rire. Il semblait moins hautain que son ami, au centre.
Loïs : vous avez choisi ?
L’homme de gauche, baissant la tête vers le grand
livret de menus, posée sur son assiette, ouvrit la bouche, s’apprêtant à répondre
sérieusement. Mais, au grand desespoir de Loïs, ce fut celui du centre qui répondit,
de cette voix amusée qu’elle haïssait tant désormais.
Homme du centre : (l’interrompant) pour moi, ce sera
un baiser langoureux …
Loïs tourna la tête vers lui et, apercevant son
sourire charmeur, le toisa de nouveau. Avant qu’une idée ne traverse son
esprit. En quelques secondes, un scénario assez amusant se plaça dans sa tête.
Elle esquissa alors un large sourire, des plus envoutant, allant à la
perfection avec son regard brun devenu glamour et, sous les yeux surpris des
trois jeunes « gosses de riches », contourna la table par la droite et se
rapprocha du jeune homme du centre. Plus aucun sourire ne tirait les jeunes
traits de son visage, seule une incompréhension et une non maîtrise ne la
situation primaient. Il avait joué avec le feu et les flammes gagnaient chaque
partie de son corps. Souriante, Loïs grimpa sur lui à califourchon, plaçant
ses jambes de chaque coté de lui. C’était au tour du jeune homme de sentir
son cœur accélérer. Sous son regard ahuri et les gloussements de ses amis, Loïs
entoura ses bras autour de son cou et, rapprochant son visage, lui glissa ses
quelques mots, dit d’une voix douce et veloutée :
Loïs : nous disions donc : un baiser langoureux pour
la table « Riunione » …
Alors, d’une attitude survoltée, Loïs se pencha
vers le jeune homme et déposa ses lèvres pulpeuses sur les siennes,
l’embrassant avec fougue. Il sentit les baisers sulfureux de Loïs humidifier
ses lèvres alors que lui même n’osait pas faire un geste. Il était tétanisé,
il ne maîtrisait plus rien. Pendant cette échange buccal, Loïs décolla
doucement sa main droite du cou du jeune homme et, n’interrompant pas son
geste, l’amena au vers de vin, rempli jusqu’à moitié, du jeune homme. Elle
le souleva et, décollant ses lèvres des siennes, s’écarta. Alors, prenant
bien soin qu’il la voit, Loïs déversa lentement le vin rouge sur sa chemise
en soie bleue, créant une tache horrible.
Loïs esquissa alors un rire faussement aigu, mettant
sa main sur sa bouche, d’un air ironiquement désolée.
Loïs : (riant bêtement) oups … je suis si confuse
…
Alors que le jeune homme, devenant enfin sérieux,
baissa les yeux vers sa chemise, Loïs se leva et descendit de lui, se plaçant
sur sa gauche, à deux mètres de lui.
Reprenant son sérieux, un sourire aux lèvres, Loïs
s’adressa à lui, assez contente d’elle même :
Loïs : ça t’apprendera à jouer les « hommes »
… Papa ne va pas aimer la note du teinturier …
Après avoir regardé un long instant la tache rouge
sur sa chemise, le jeune homme, ses traits tirés par la colère, se releva,
faisant racler sa chaise et, sentant le sang battre à ses tempes, avança
d’un pas menaçant vers Loïs, qui commença à reculer, se méfiant de sa réaction.
Jeune homme : tu vas me le payer, espèce de garce …
Il avança vers elle d’un pas accéleré et,
levant la main droite, s’apprêta à la frapper. Mais a ce moment précis, un
coup de vent s’éleva, dans le dos du jeune homme, soufflant contre sa chemise
et contre Loïs. La seconde suivante, il sentit une étreinte si forte qu’il
eut l’impression d’avoir son poignet coincé dans un étau, lui attraper le
poignet levé vers Loïs. Cette apparition était survenue si subitement que
personne, dans la salle, n’avait compris ce qui se passait. Puis, au moment où
l’étreinte devenait si forte que le jeune homme tomba à genoux, chacun
braqua son regard vers l’homme qui était intervenu. Le « gosse de riche »,
toujours à genoux, se retourna, tête levée, vers son torsionnaire. Très
grand, la carrure massive, il était vêtu d’un maillot de corps rouge et
d’un jean délavé. Ses cheveux noirs en broussaille mettaient en valeur la
clarté de ses yeux bleus, exprimant une durceur et une noirceur étonnante. Il
serrait de plus en plus fort le poignet, devenant bleui. Sa respiration en
devenait même saccadée, jamais il n’avait connu telle emprise. Le jeune
Clark Kent semblait sur le point de lui briser les os. Mais personne ne trouvait
mot ou acte pour réagir. Clark se contentait de le regarder, en étreignant son
poignet avec cette force surhumaine, sans pour autant exprimer un effort
quelconque. Sous le regard incrédule de Loïs, il semblait parti pour lui
arracher le bras, si personne n’intervenait.
Jeune homme : (suppliant, voix brisée) s’il te plait
… tu vas me briser le bras !!
Mais rien ne faisait réagir Clark, cette vue le
rendait indifférent. Aucun ne le ferait changer d’avis. La situation était
vraiment étonnante. Le silence total s’était installé, seule la musique
classique demeurait. Loïs, toujours abasourdi par l’intervention de Clark, ne
bougeait pas.
Enfin, le patron de Loïs déboula des cuisines et,
constatant le spectacle auquel elle assistait, s’adressa à elle du fond de la
salle :
Patron : Loïs, fais quelque chose !!!
Loïs : (hurlant) mais je ne le connais pas !
Loïs reporta son attention sur Clark, et le jeune
homme. La couleur blanche auparavant de son poignet virait au violacé, son os
n’allait surement plus tenir que quelques secondes à ce rythme-là. Loïs ne
voyait qu’une solution, mais cela lui couterait énormément. D’ores et déjà,
son emploi était menacé.
Loïs : (pour elle même) c’est pas vrai !!
Détachant le nœud de son tablier, dans son dos, Loïs
le déposa sur une table libre, sur sa gauche et s’avança d’un pas vif vers
Clark. Alors, passant d’un pas rapide à droite du jeune Kent, elle lui prit
la main gauche et le força à la suivre. Surpris, Clark lâcha le poignet du
jeune homme et suivit Loïs. Le jeune homme tomba allongé sur le sol,
constatant les dégats. Soufflant bruyament, il s’aperçut de la couleur bleue
inquiétante.
Loïs, arpentant l’allée entre les tables, arriva,
trainant Clark par la main, à l’allée centrale. Elle tourna à droite,
emmenant toujours Clark et, au moment où elle posait sa main libre sur la barre
métallique, servant de poignée à la porte, Loïs s’adressa d’une voix
forte et intelligible à son patron :
Loïs : au fait Luigi … je démissionne …
Et sous les hurlements de douleur du jeune homme au
poignet bleui, Loïs poussa la porte d’entrée vitrée, dorée sur ses
contours et entraina Clark par la main, au dehors.
Avenue
Landing – Metropolis – 12h31
Plantée en plein milieu d’un des larges trottoirs
bordant la très large avenue Landing, à double sens, également bordée de
hautes tours comme celle de la LuthorCorp ou du Daily Planet, la caméra restait
immobile, au milieu de cette foule massive, arpentant les lieux. Marchant d’un
pas pressé typique des grandes métropoles comme celle de Metropolis, chacun
des urbains semblait rattrappé par le temps, qu’ils rencontrent l’objectif
de la caméra de face ou de dos. Ainsi, figée sur place, elle filmait le flot
de personnes, à double sens, la frôler à tout juste quelques millimètres,
sans s’en préoccuper, comme si elle avait été invisible. La scène dura
ainsi de longues secondes, pendant lesquelles le plan resta le même, ne
s’attardant sur aucun des badauds se pressant sur le trottoir, heurtant les
autres personnes.
Et soudain, sans signe avant-coureur, une jeune femme,
la vingtaine, habillée d’un débardeur blanc, passa encore plus rapidement
que les autres devant l’objetif et, manquant de la heurter, la contourna vers
la gauche. Tenant la main de quelqu’un, juste derrière elle, elle semblait
mener ce jeune homme, habillé d’un maillot de corps rouge, quelque part sans
qu’il ne puisse rien dire, ni rien faire. Attirée par cela, la caméra fit
vote face et figea de nouveau son plan, droit devant elle, alors que les deux
jeunes gens s’éloignaient rapidement, au loin , fendant rapidement la foule
bruyante et massive.
Un léger fondu de couleurs claire permit alors de
passer de ce plan fixe, filmant à distance Loïs Lane entrainant Clark à Kentà
un plan mobile, placée à un demi mètre des deux jeunes gens, dans leur dos,
afin de les suivre. Ainsi, la caméra put analyser chacun de leurs mouvements
durant cette marche rapide et surtout invraissemblable.
Comment Clark aurait pu s’imaginer le matin même,
quand il s’était réveillé dans son lit, qu’il allait sauver la fille présente
dans ses rêves depuis de longs mois, d’une agression et que, aux environs de
midi, elle l’entrainerait le long d’une avenue , de force, sans qu’il
puisse réagir ? La réponse était simple, il n’aurait jamais pu le faire. En
plein milieu de repas, Clark avait levé la tête, entendant une altercation
entre une serveuse et un client et s’était rendu compte que c’était elle,
la fille que Jor-El prédestinait à devenir la femme de Kal-El. Aussi, pour une
raison que lui même ignorait, Clark était intervenu, avait empêché cet homme
de la frapper et, désormais, devait la suivre, il ne savait où.
Lui serrant la main étroitement, Loïs fendait la
foule toujours aussi rapidement, tête levée vers l’extrêmité de
l’Avenue. Aussi, instinctivement, emboitant toujours le pas fou de Loïs,
Clark observa un instant sa nuque, dépourvie de cheveux ; ils étaient relevés
en un chignon sur sa tete. Seuls quelques petits cheveux, en haut de sa nuque,
étaient restés, frottant délicatement sa peau, sous l’effet hasardeux de la
brise. Clark baissa très légèrement les yeux, de manière assez furtive et
les posa sur le bas du dos, lui aussi bronzé, de Loïs. Il ne put s’empêcher
de réaliser que ces hanches, minces et à nu, en raison de son débardeur s’arretant
au dessus de son nombril, étaient parfaites. Leur douceur et la chaleur
qu’elles faisaient émaner en lui était vraiment surprenante.
Puis, reprenant contact avec la réalité, il releva la
tête et posa de nouveau les yeux sur la tête de Loïs. Toujours dos tourné,
elle continuait de l’entrainer vers nulle part, lui serrant la main de façon
assez fort. Mais l’emmenait-elle ainsi ?Finalement lassé, Clark
s’immobilisa sur place, retenant Loïs par cette main douce et fine. Surprise
par cet arrêt, la jeune Lane e se retourna et, la mine à la fois furieuse,
ferme et surprise, fixa son regard brun dans celui, très claire de Clark. Bien
qu’un peu destabilisé par la braise qui semblait s’en dégager, Clark
s’adressa à elle, d’une voix plus dure qu’il ne l’aurait voulu :
Clark : je peux savoir où tu m’emmènes ?
La réponse de Loïs se fit attendre quelques
secondes. Alors qu’elle regardait fixement les yeux bleus de Clark, elle
sembla soudain comprendre que ce qu’elle avait fait était à la fois stupide
et invraissemblable. Aussi, elle manifesta sa frustration en fermant les yeux et
en répondant à Clark d’une voix forte :
Loïs : j’en sais rien du tout !!
Malgré le fait qu’ils étaient désormais arrêtés,
ni Loïs ni Clark ne lâchait la main de l’autre. Loïs releva les yeux et,
après que Clark eut cru voir une nuance perdue dans ses rétines brunes, il
comprit qu’il avait mal analysé les choses. La fureur de Loïs éclata dans
toute son ampleur au moment où elle relevait la tête et où l’expression de
son visage s’endurcissait.
Loïs : je peux savoir pourquoi tu as fait ça ?
Clark ne put dissimuler la stupéfaction qui venait
de naître en lui. Il l’avait sauvé de cet « homme » et c’était elle qui
l’avait forcé à arpenter cette avenue. Et maintenant, elle avait le toupet
de lui demander pourquoi il avait agi ainsi. Jamais Clark n’avait rencontré
une personne avec une telle mauvaise foi.
Aussi, une expression ahurie tirant les traits de son
jeune visage, Clark s’adressa de nouveau à elle, souriant, d’un air amusé
:
Clark : pourquoi j’ai fait quoi ?
Mais il comprit bien vite que Loïs ne serait jamais
à même d’avouer sa faute. Sa réplique, une fois de plus, ne se fit pas
attendre et elle essaya au mieux d’enfoncer son interlocuteur :
Loïs : tu m’as fait perdre mon job !
La mauvaise foi dont elle faisait preuve était
telle que Clark n’osait y croire. Jamais Clark n’avait fait quelque chose, même
en intervenant dans le restaurant, qui aurait pu pousser le Patron de Loïs à
la licencier. C’était elle qui avait démissionner. Comment pouvait elle oser
le rendre coupable ?
Cette fois, l’amusement de Clark s’amenuisa.
Clark : quoi ??! … je te signales que c’est toi qui
a démissionné en partant, pas moi !
Mais Loïs ne s’avouerait pas vaincue. Dans son cœur
et dans sa tête, elle n’avait jamais été responsable. Le seul à qui
revenait la faute était cet homme, en maillot rouge, qui avait fait irruption
dans sa vie alors qu’elle n’avait rien demandé.
Loïs : peut être mais si tu n’étais pas intervenu,
j’aurais pu garder mon travail !!
Ses propos étaient tellement invraissemblables que
Clark avait bien du mal à croire que cette jeune femme, qu’il ne connaissait
que par l’intermédiaire de Jor-El, les croyaient elle même.
Plus nerveusement qu’autre chose, il éclata en un
sourire avant de reprendre.
Clark : attends, là … tu rigoles j’espères ?
Il marqua une pause, dévisageant Loïs du regard.
Mais celle-ci, ses rétines brunes plantées sur le visage massif de Clark,
gardait une mine sérieuse et fermée. Elle était certaine d’avoir raison.
Rien ni personne ne changerait cela, c’étai immuable.
Clark : (devenant plus sérieux) tu peux m’expliquer
comment tu comptais négocier au milieu d’une marre de sang ?
Loïs : ah parce que tu crois peut être que j’allais
le laisser me massacrer ?
Clark : lui, il avait l’air plutot décidé à le
faire !
Loïs : (armé d’un rictus ironique) on voit que tu
me connais bien mal !
Décidément, elle n’en démordrait pas. Malgré
le fait que tout portait à lui donnait tort, cette jeune femme, au regard
enflammé, continuait dans cette voie. Son regard dur, figé dans celui, froid,
de Clark, elle était décidée à ne rien dire qui trahirait ses dires précédents
. Pourtant, elle continuait à étreindre la main de Clark, assez étrangement.
Il avait même ressenti cette étreinte s’augmenter, à chaque fois qu’elle
avait argumenter en la faveur de sa propre personne.
Clark : (souriant) tu traite toujours ceux qui
t’aident comme ça ou c’est juste pour moi ?
Loïs : (souriant) c’est juste pour toi …
Malgré les paroles qu’elle venait d’émettre,
son sourire n’en était pas moins ensorcelant. Clark avait bien du mal à
resister au pouvoir envoutant de son sourire et à la brillance extrême de ses
yeux noisette. Pourtant, il savait que s’il voulait la préserver, il fallait
mieux la quitter.
Aussi, lui lachant enfin la main, il tourna les talons
et s’éloigna d’elle, sous son regard surpris. Sans lui adresser un regard,
le dos tourné, Clark revint sur ses pas, recommençant à fendre la foule. Après
quelques secondes d’hésitation, abandonnant au prix d’un effort surhumain
sa fierté, Loïs l’interpela d’une voix haute et intelligible.
Loïs : où tu vas ?
Clark, continuant de marcher au milieu de la foule,
se détourna légèrement et tourna la tête en arrière, vers Loïs, lui
adressant un sourire :
Clark : finir mon assiette !
Loïs hésita un court moment. Deux sentiments assez
forts se battaient en elle : sa fierté contre son envie de passer un peu plus
de temps avec lui. Mais, estimant qu’elle avait besoin de se faire pardonner,
elle finit par répliquer d’une voix encore plus forte, afin de se faire
entendre de Clark :
Loïs : tu veux pas plutot boire un verre ?
Clark s’immobilisa sur place, le dos tourné. En
voyant ces épaules massives, couvertes de ce maillot de corps rouge, Loïs réalisa
quelque chose qui, ensuite, lui parut évident : c’était lui qui l’avait
heurtée le matin même.
Après quelques secondes, Clark, assez lentement, se
retourna et élargit son sourire. Il se retourna vers Loïs.
Appartement
de Loïs LANE – Metropolis – 18h08
Alors que le temps avait filé aussi vite que la
lumière, le ciel, bleu azur dans la journée, s’était finalement assombri
afin de laisser place à un ciel sombre, d’une couleur d’un noir d’encre.
Tandis que le soleil rougeatre laissait ses dernières lueurs disparaître à
l’horizon, à hauteur de la petite bourgade de Smallville, les premières étoiles
apparaissaient dans le toit sombre qui surplombait Metropolis. Bientôt, la
brume mêlant orangé et rouge sang, présente à la base de l’horizon,
laisserait place à un toit noir, parsemé en de nombreux endroits de ces lueurs
blanches témoignant des grands de ce monde et du précédent.
Filmant jusqu’alors ce ciel proie à un changement
crucial, la caméra, dans une rotation rapide, fit volte face et se mit ainsi à
filmer les éléments présents dans son dos. A cet instant apparut alors la
petite terrasse de l’appartement de Loïs Lane, au 15e étage d’une haute
tour de verre et d’acier du centre ville. Un balcon fermait l’accès à la
terrasse, au bord de la tour. Tout au fond, trois portes-fenetres vitrées
donnaient accès à un salon difficilement visible en raison de l’obscurité
de plus en plus présente. Mais le seul élément qui, en cet instant,
importait, était la balancelle installée au centre de la terrasse. A
l’armature d’acier, elle était couverte de coussins très épais, posés
sur le dossier et sur la partie prévue pour s’asseoir. Interressée par les
deux personnes installées dessus, la caméra se rapprocha et les filma en gros
plan. En plein centre se trouvait Clark Kent, assis confortablement contre le
dossier, regardant droit devant lui, l’horizon magnifique. Sur sa droite, Loïs
était assise d’une façon beaucoup moins ordonnée. Elle avait plié ses
jambes et posé les les pieds sur le coussins. Installée de façon
perpendiculaire par rapport à Clark, elle était adossée contre le flanc droit
de Clark. Regardant droit devant elle, elle arborait un sourire radieux,
visiblement ravi de l’orientation que prenait la conversation.
Ressentant un léger mal de dos, Loïs se décolla de
Clark et, bougeant ostensiblement, se blottit dans le coin dégagé par la
position de Clark, entre le dos du jeune homme et le dossier de la balancelle.
Puis, elle laissa sa tête basculer contre l’épaule du jeune fermier.
A son tour, Clark esquissa un sourire amusé, bien
qu’il éprouvait une certaine peur quant à l’évolution de la conversation.
Car oui, le sujet fatidique était enfin arrivé : la vie sentimentale de Clark.
Mal à l’aise, perdant de son superbe, Clark bougea légèrement
dans la balancelle et reprit la parole, d’une voix qui sonna terriblement
fausse ;
Clark : non, non, je t’assures ! Je suis très sage !
Mais cette simple expression suffit à alimenter de
manière exponentielle le sourire de Loïs. Levant les yeux, Loïs enjoliva le
sourire sur ses lèvres pulpeuses et reprit, d’une voix amusée :
Loïs : allez, tu vas pas me dire que tu n’as pas de
succès !!
Bien qu’il n’en fit rien, Clark éprouvait une
sensation de bonheur assez étonnante au fond de lui même. Une douceur étrange
s’empara de lui, véhiculant dans tout son corps, tel une toxine. Puis,
essayant de paraître le plus neutre possible, il reprit :
Clark : ma vie sentimentale est, disons … mouvementée
!
Malheureusement, il se rendit compte bien vite que
cette phrase n’aurait jamais dû sortir de sa gorge. Le sourire de Loïs
atteint son paroxysme avant qu’elle ne se redresse en s’écartant du corps
de Clark. Se retournant, Loïs se mit à genoux et se retourna vers Clark, lui
souriant le plus possible ; le bonheur avait pris possession de ses lèvres. De
par ce sourire ravageur, Loïs força Clark à la regarder. Esquissant à son
tour un petit sourire, il serisqua à un regard discret vers elle. Lorsqu’il
aperçut ce regard brillant et ce sourire jusqu’aux oreilles, il prit peur. La
phrase que prononça Loïs ne fut pas pour le rassurer.
Loïs : voilà qui est interessant … mouvementée
comment ?
Lentement, regrettant ses précédentes paroles,
Clark tourna la tête sur sa droite et plongea son regard dans celui de Loïs.
Rarement il avait croisé un regard aussi captivant. Rien que par un regard, Loïs
semblait capable de lire au plus profond de son esprit.
Prêtant attention à ne pas dire quelque chose qui
attiserait la soif de Loïs, Clark, souriant d’un air amusé, s’efforça de
parler d’une manière la plus neutre possible.
Clark : mouvementée du genre très mouvementée !!!
Loïs comprit alors que Clark avait fait une bêtise
mais qu’il n’allait certainement pas en faire deux. Pourtant, il n’était
pas dans ses habitudes d’abandonner au premier obstacle. Aussi, accentuant
encore un peu plus son sourire, elle avança, lentement puisqu’étant à
genoux, et s’arrêta au plus près de Clark. Ils étaient désormais si
proches que leur corps en étaient presque à se frôler. Alors, plongeant son
regard au plus profond de celui de Clark, Loïs entoura ses bras autour du cou
du jeune Kent et rapprocha son visage du sien.
Loïs : allez, Smallville, tu peux me le dire à
moi ?
Il y a quelques mois, Clark se serait senti très gêné,
dans une telle position. Cependant, pour une raison qu’il ignorait encore,
Clark arrivait à maîtriser la chaleur qui venait de naitre en lui et à garder
son sang froid.
Clark : et pourquoi je te le dirais à toi et … pas
au voisin du premier ?
Loïs : ah mais parce que lui il ne le mérite pas !
Clark feignit d’éclater de rire, déviant son
regard sur la gauche de Loïs. En réalité, il avait profité de cette occasion
pour échapper au regard de braise de Loïs qui était en train de l’enflammer
de l’intérieur.
Il finit par reporter son regard vers Loïs et, entrant
dans son jeu, amena son visage si près du sien que leurs fronts en furent collés
l’un à l’autre. Alors, souriant, Clark reprit la parole, baissant la voix :
Clark : et toi, tu le mérite ?
Loïs : (baissant à son tour la voix) bien sûr que je
le mérite … ne suis-je pas unique ?
Une nouvelle fois, Clark laissa un rire joyeux
quitter sa gorge, alors qu’il voyait Loïs essayer de le convaincre.
Seulement, cette fois, il garda son regard planté dans le sien.
Clark : tu es tellement unique que tu seras la seule à
ne pas le savoir !!
Loïs comprit alors que Clark ne lui dirait rien à
ce sujet. Aussi, déviant son regard sur la gauche du jeune homme et faisant la
grimace en souriant, elle se rassit dans la balancelle et, se blottissant contre
le dossier, vint se caler de nouveau contre le flanc droite de Clark. Dans le même
temps, elle s’adressa à Clark, après avoir soufflé bruyamment.
Loïs : t’es pas drôle, Smallville !! …
t’habitude, ça marche tout le temps !
De son côté, Clark regarda Loïs s’installer,
comme auparavant, avant de fixer son regard vers l’horizon. Alors, devenant
plus sérieux et ne quittant plus des yeux le ciel étoilé, il répondit :
Clark : oui, mais je ne suis pas comme tout le monde
…
Son regard resta un nouveau long moment silencieux,
à fixer le ciel, légèrement avancé par rapport à Loïs avant de venir se
blottir contre le dossier, confortablement.
Loïs : tu veux vraiment pas me le dire ?
Clark : (la mine sérieuse) bon, si tu veux vraiment
tout savoir, ma vie sentimentale est un vrai désastre !
A de mi allongée, le regard levé vers la
silhouette de Clark, sur sa gauche, Loïs esquissa un petit sourire, amenuisé
par rapport aux précédents. Puis, d’une voix lasse, elle répliqua, assez
doucement :
Loïs : j’ai déjà entendu ça quelque part …
A son tour, Clark esquissa un rictus, ravi de
constater que sa vie sentimentale n’était pas la seule à être envahie par
le chaos. Cependant, il pensa cyniquement qu’il y avait peu de chance pour que
celle de Loïs soit aussi difficile à supporter.
Clark ferma longuement les yeux, ce qui était devenu
une souffrance perpétuelle. Désormais, à chaque fois qu’il fermait les
yeux, il voyait le visage froid, sans vie, de Leyana, apparaître devant ses
yeux. Peut etre le moment était-il venu d’exorciser ce fantome qui le hantait
depuis deux semaines ? Peut etre était-il temps de parler, de se confesser ?
Redoublant de gravité, il baissa les yeux vers le sol
et commença donc à ressasser le passé tragique qui constituait sa morne vie.
Clark : j’ai aimé deux filles …
Loïs : c’est un bon commencement …
Assez nerveusement, Clark sourit. En réalité, peut
etre Loïs avait elle raison. Peut etre était-elle la personne idéale pour en
parler, avec cette légèreté dont elle faisait preuve pour n’importe quel
sujet ?
Il poursuivit sur ce même ton monotone :
Clark : … la première a eu peur de ses sentiments et
a fui en France. Elle est revenu il y a quelques jours avec un nouveau petit ami
…
Loïs : en même temps, t’étais pas de taille contre
la Tour Eiffel !
Clark ne sourit pas cette fois. Sa relation avec
Lana était assez pénible à supporter sans qu’il faille en plaisanter. Même
s’il n’en avait rien dit à Lana, il éprouvait une haine immense contre
elle.
Il poursuivit de nouveau :
Clark : … la deuxième …
Mais Clark ne put terminer sa phrase. La douleur était
encore trop forte. Le simple fait de penser à Leyana et aux moments qu’ils
avaient passé ensemble auraient fait hurler de douleur Clark. Alors, mentionner
à nouveau son nom et expliquer ce qui s’était passé. Pourtant, il le
fallait, il était temps …
Aussi, soupirant bruyament, dans un silence total,
Clark poursuivit, la voix brisée par la souffrance :
Clark : … la deuxième est … morte …
Loïs ne s’attendait pas du tout à une telle
raison. Subitement, elle sentit une chaleur intense s’emparer de ses sens,
exprimant cette sensation de mal être. Décidément, pour son jeune âge, Clark
avait éprouvé une souffrance que peu de personnes adultes avaient connues dans
leur vie. La mort prématurée de ses parents biologique, la perte d’un bébé
de sa mère, sa vie sentimentale … Loïs commençait à comprendre d’où
venait cette surprenante matûrité dont Clark faisait preuve.
Le cœur battant, Loïs se redressa et, toujours
assise, se tourna vers Clark. Son visage exprimant désormais une compassion des
plus touchantes, Loïs se força à attirer le regard du jeune Kent.
Malheureusement, celui se forçait à fixer l’horizon, le plus intensément
possible.
Loïs : je suis désolée … je ne savais pas …
Clark : (froid) tu n’as pas à être désolée …
Lentement, Clark tourna la tête dans la direction
de Loïs et planta son regard dans le sien. Après quelques secondes, il laissa
un petit sourire étirer ses lèvres en un sourire attendri.
Clark : … tu n’y es pour rien. Celui qui en est
responsable à payer sa dette …
Loïs aurait vraiment aimé connaître le sens de
ces derniers mots, prononcés par Clark. Qu’entendait-il par « dette » ?
Cependant, même si une voix de plus en plus forte en elle, la poussait à le
demander à Clark, elle n’en fit rien. Accentuant encore un peu plus son
sourire, essayant de réconforter Clark, elle amena lentement sa main droite
vers la cuisse de Clark et la posa sur la main de Clark, posée à cet endroit.
Alors, refermant sa main, Loïs entremêla ses doigts dans ceux de Clark.
Loïs : si je peux faire quoi que ce soit, dis-le moi
…
Mais malheureusement, elle ne pouvait rien y faire.
Les lois de la nature étaient plus fortes que tout, mais que Clark Kent.
Aussi, baissant les yeux, la tristesse l’envahissant,
Clark répondit :
Clark : non tu ne peux rien y faire …
Soudain, un tendre sourire apparut sur son visage
brisé par la tristesse et, l’instant suivant, il releva la tête, radieux,
fixant Loïs dans les yeux :
Clark : à moins que tu n’ais le numéro de portable
de Jesus ?
Après une seconde d’incompréhension, Loïs éclata
de rire, imitant Clark qui, finalement, avait réussi à rire de ce moment
tragique.
Loïs : (riant) non, désolé, je ne l’ai pas encore
! …mais je peux me renseigner si tu veux !!
Clark releva alors les yeux vers Loïs, tous deux
brillant de maligne. Alors que le silence reprenait place, un échange de
regards s’installa de nouveau, pendant lequel les sourires s’aténuirent. Loïs
était redevenue sérieuse et en observant les rétines bleues claires de Clark,
elle voyait en lui toute cette souffrance refoulée, ce sentiment d’injustice
inaltérable. Quelque chose l’habitait, que personne d’autre au monde ne
parviendrait à contenir. Sa resistance était proprement extraordinaire. Loïs
ressentait le plus grand respect envers lui.
De son côté, Clark aimait profondément cette façon
qu’avait Loïs de le regarder, armé de ce sourire tendre. Elle répandait en
lui une sensation de douceur, d’harmonie qu’il n’avait plus ressenti
depuis des semaines.
Finalement, Loïs cligna des yeux, coupant ce moment de
bonheur et, regardant une ultime fois Clark en souriant, revint s’installer
dans le dossier, se blotissant contre lui. A la différence que cette fois, elle
lui tenait la main, toujours. Plaçant sa tête confortablement, elle se mit à
caresser le dos de la main de Clark, doucement, en regardant son geste. Elle
prit enfin la parole, calmement :
Loïs : pourquoi tu es venu à Metropolis ?
Clark garda encore un long instant les yeux baissés,
à la place où se trouvait Loïs auparavant puis, reprenant contact avec la réalité,
se tourna vers elle, la regardant.
Clark : pour voir un ancien ami … Lex Luthor …
Décidément, Clark, dont elle ne connaissait
toujours ni le nom ni le prénom, était plein de surprises. Après des révélations
assez surprenantes sur sa vie sentimentale, Clark lui apprenait un nouvel élément
de sa vie plus qu’ahurissant. Comment un garçon de ferme comme lui pouvait
connaître un multimilliardaire comme Lex Luthor ?
Tournant la tete vers Clark, elle prit la parole sur un
ton exprimant à la perfection la surprise :
Loïs : tu connais Lex Luthor ?
Clark : (baissant les yeux, d’un ton exprimant sa
deception) non, je croyais le connaître … mais mon ami est mort au moment où
le fils de Lionel Luthor s’est révélé …
La réaction de Loïs aurait été bien difficile à
prévoir, une fois de plus. Malgré le sérieux qui tirait les traits du visage
de Clark, Loïs éclata de rire, peut etre était ce dû à la fatigue ?
Loïs : j’te demande pardon, mais (petite voix)
j’ai rien compris !
Clark sourit à son tour, comprenant qu’il s’était
un peu emporté ; résultat de son ancienne amitié avec le fils aîné des
Luthor.
Clark : Lex a beaucoup changé et, malgré sa promesse
envers moi, il est sur le point de suivre les traces de son père …
Loïs : (souriante) tu vois que tu sais être claire
quand tu veux …
Tous deux sourirent assez radieusement, bien que Loïs,
une fois de plus, réalisait que la vie n’épargnait pas Clark. Une nouvelle
deception et une nouvelle souffrance s’imposaient à lui. En réalité il n’était
pas surprenant de le voir si mûr.
Mais elle comprit également qu’il vallait mieux ne
pas s’attarder sur ces éléments pénibles, bien que très nombreux, pour ne
pas qu’un voile sombre ne s’abaisse entre eux. Aussi, arborant un nouveau
sourire radieux, Loïs reprit la parole, d’une voix amusée :
Loïs : c’est dommage que tu ne le sois pas plus
souvent …
Soudain, Loïs, sentant que Clark allait réagir,
s’extirpa rapidement du dossier de la balancelle et, tout aussi promptement,
se leva, tenant toujours la main de Clark. Malheureusement, elle se rendit
rapidement compte que c’était une erreur. Alors qu’elle s’éloignait de
lui, Clark la retint par la la main et la força à s’arrêter, dos tourné à
lui.
Clark : hop hop hop, Metropolis …
Souriante, Loïs se retourna vers Clark, alors
qu’il l’attirait à lui. Tous deux le sourire aux lèvres, le visage
rayonnant, Clark força Loïs à se rapprocher le plus possible. Loïs entra
alors dans son jeu, au moment où leur regard, si différent l’un de
l’autre, s’entremêlaient. Alors, Loïs lui lacha la main et vint
s’installer sur la balancelle, à genoux, chacune de ses jambes autour de
Clark. Il s’assit ensuite sur Clark et entoura ses bras autour du cou de
Clark, comme elle l’avait fait pour tirer des informations de Clark. A
nouveau, elle plaqua son front contre celui de Clark et, souriant, le regarda
droit dans ses yeux bleus magnifiques.
Loïs : alors comme ça on veut jouer au plus malin !
Clark : pas besoin, t’as déjà perdu !
Loïs commença alors à pousser très fort le front
de Clark afin de le forcer à s’allonger. Clark savait très bien qu’elle ne
pouvait pas gagner mais le fait de la voir fatiguer, alors que lui ne produisait
pas le moindre effort, lui procurait un sentiment de jouissance assez plaisant.
Loïs : (forçant violemment contre le front de Clark)
cherches pas, Smallville, t’as aucune chances !
Sans effort, Clark continua ainsi à rester
immobile, alors que Loïs, elle, poussait de toutes les forces minimes de son
corps. Elle avait même bloqué sa respiration, comme pour amplifier le phénomène.
Mais rien y faisait. Clark restait à la même place, souriant, alors que Loïs,
elle, semblait à bout de force. Et, finalement, elle finit par renoncer.
Respirant rapidementet bruyament, elle décolla sa tête du front de Clark et,
grimaçant, posa la tête sur l’épaule gauche de Clark.
Loïs : (blottie sur son épaule) c’est pas juste !
Ne resistant plus à la tentation, Clark entoura à
son tour ses bras autour du cou de Loïs et, souriant, lui glissa ces quelques
mots dit d’une voix douce et attentionnée. Loïs releva la tête, souriante :
Clark : on peut pas toujours avoir raison, même toi tu
devrais l’admettre !
Loïs : moi ? Jamais de la vie …
Et une fois de plus, leurs regards regards brillants
s’entremêlèrent alors que leurs sourires s’accentuaient. Loïs ne pouvait
plus quitter Clark des yeux. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas
rencontré quelqu’un comme Clark. Elle ne se rappelait même pas avoir jamais
été en osmoze telle que celle-ci.
Aussi, amenuisant son sourire, devenant plus sérieuse,
Loïs commença à avancer le bas de son visage vers celui de Clark, qui, lui
aussi, était devenu plus sérieux. Loïs baissa les yeux vers les lèvres de
Clark, elle s’apprêtait à l’embrasser.
Quand soudain, provenant du salon, la sonnette de la
porte d’entrée résonna, bruyament. Loïs s’immobilisa sur place. «
C’est pas vrai » pensa-t-elle. Mais après tout, qui que ce soit, cela
pouvait attendre quelques minutes. Aussi, il recommença à s’avancer, les lèvres
de Clark étaient à la fois si proches et si lointaines. Mais une nouvelle
sonnerie la fit s’interrompre. Clark, souriant, s’adressa à elle :
Clark : à mon avis, va falloir que tu y aille …
Loïs : je reviens tout de suite … tu m’attends là
?
Clark : tu veux que j’aille où ? … je sais pas
encore voler …
Loïs était loin de comprendre ce que cela voulait
dire. Clark avait en fait fait allusion au premier rêve dans lequel était
intervenu Loïs. Dans celui-ci, Clark était venu jusqu’à cette terrasse, en
planant dans les airs. Mais la Loïs de son rêve n’avait pas paru surprise.
Loïs esquissa un large sourire et, quittant Clark des
yeux, se releva de lui.
Alors qu’elle contournait la balancelle par la
droite, la caméra lui emboita le pas. Ainsi, elle la filma s’avancer vers les
portes vitrées et en faire coulisser une. Loïs entra ensuite dans un salon
obscure, assez mal rangé. Alors qu’elle passait à gauche d’une table ronde
de salle à manger, la sonnette se mit une nouvelle fois entendre.
Loïs : (furieuse) c’est bon, j’arrives !!
Après quelques secondes, elle s’arreta enfin
devant la prote d’entrée blanche. Elle tourna la poignée en fer doré et
ouvrit la porte. Elle découvrit alors, derrière, une jeune femme, la
vingtaine, habillée d’un tailleur noir, ses courts cheveux blonds coiffés à
plat : Chloé SULLIVAN.
LuthorMuseum
– Metropolis – 20h02
Basée au centre d’un des larges trottoirs bordant
l’avenue « LANDING », la caméra, entourée d’un flot continu de passants
assez pressé, avait levé son objectif au dessus de la foule, de façon à
filmer de l’autre côtée de la route goudronnée, une batisse assez
imposante, bordant elle même l’Avenue, à plusieurs dizaines de mètres des
tours LuthorCorp et du Daily Planet. Ainsi, assaillie par le brouhaha continuel
provoqué par la foule, la caméra ne lâchait plus des yeux cette structure à
double étage, constituée dans sa totalité d’une armature métallique et
recouverte de plaques de verre miroitantes. Ainsi, grâce à cette surface, la
batisse pouvait laisser les premiers rayons du claire de lune refléter sur la
totalité de sa surface. A mi hauteur, incrustées dans la paroi miroitante, se
trouvait une suite de grosses lettres capitales noires, indiquant le nom du lieu
: « Luthor Museum ». A la base du plus grand musée de Metropolis, le même
flot de passants que celui présent sur le trottoir de la rive d’en face se
pressait, criant et se bousculant avec une hâte non dissimulée.
Attirée comme un métal l’aurait été par un
aiment, la caméra commença à se déplacer lentement, quittant ainsi le
trottoir sur lequel elle se trouvait pour traverser délicatement l’avenue,
passant avec une adresse maladive entre les véhicules et vint ainsi, quelques
secondes plus tard, commencer à arpenter le trottoir situé à la base du musée
propriété de la LuthorCorp. Alors que de nombreux habitants de Metropolis,
habillés de diverses manières, passaient devant et derrière l’objectif de
la caméra, cete dernière ne semblait avoir d’yeux que pour la double-porte
vitrée se trouvant face à elle et fermant l’accès à l’intérieur d’un
musée étrangement vide. Attirée par cet état de fait, la caméra continua à
avancer, ne se préoccupant pas de la place des badauds et vint si près de la
double-porte vitrée qu’elle finit pas la heurter. Mais étrangement, au lieu
de créer un choc assez douloureux, l’objectif passa au travers et, d’une délicatesse
des plus touchantes, pénétra dans l’atmosphère atypique du musée.
La simplicité semblait être le maître mot des lieux,
ce qui semblait bizarre quand on connaissait le nom du propriétaire de ce
domaine : Lex LUTHOR. En effet, il était rare de le voir construire quelque
chose qui utiliserait la qualité la plus efficace, lui le plus populaire des «
gosses de riches ». En effet, composant de larges allées, de nombreuses
vitrines sous forme de tube cylindrique assez élevés, renfermaient les plus
belles acquisitions du musée. Via la lumière pourpre qui envahissait les cages
de verre, transparentes, il paraissait claire que chacune des vitrines
renfermait un système de sécurité sûrement à la pointe de la technologie.
L’apparence n’était que le voile de la vérité. Comme souvent,
l’expression « l’habit ne fait pas le moine » se confirmait en ce lieu
resplendissant. La faible lumière bleue, encrée dans le plafond haut, pâle,
éclairait faiblement les lieux, créant, en cette heure tardive, une atmosphère
assez sombre et mystérieuse. Cependant, l’obscurité n’était pas assez
intense pour permettre à la seule personne présente de se dérober au regard
de la caméra.
Arrêtée devant l’un de ces tubes cylindriques, la
personne était assis dans un fauteuil roulant sombre, dans lequel il semblait
confortablement installé. Ses deux mains blanches, assez amaigries, posées sur
chacun des accoudoirs, il avait fixé depuis de longs instants son regard d’un
bleu pénétrant sur le contenu de la vitrine, qui semblait rassembler toute son
attention. Chacun des traits, désormais quicagénaires, de son visage
exprimaient une inquiétude et une angoisse de plus en plus accrues à mesure
que le temps défilait. Le cœur battant promptement, Virgil SWANN ne cessait de
se repasser le message vidéo que Lex Luthor lui avait fait parvenir, plusieurs
jours auparavant. Il savait lire le Kryptonien et semblait vouloir partager une
partie de son savoir avec lui, le Docteur Virgil Swann, astronome de renom.
Seulement, ce dernier était plus que réticent à l’idée de s’associer au
fils de celui qui avait le mieux incarner le mal, ces dix dernieres années :
Lionel Luthor. Cependant, il devait constater l’étendue des connaissances de
Lex.
A son tour interessée par l’antiquité enfermée
dans le tube vitré, la caméra tourna son objectif vers elle et la filma en
gros plan. Il s’agissait en fait d’une sorte de bouclier ovale, en métal
luisant, gravé d’inscriptions grecques, ornant ses contours. Au centre, une
espece de cube rectangulaire était également inscrit, un étrange symbole le
frappant. Visiblement, malgré ses fascinations tournées vers les étoiles, le
Docteur semblait également éprouver un interêt particulier pour l’histoire
ancienne de civilisations désormais mortes.
Soudain, sur sa droite, un bruit de coulissement sourd
se fit entendre avant que le claquement caractéristique de talons de chaussures
de luxe ne se fasse à son tour entendre. La voix qui suivit était même
inutile. Swann aurait tourné la tête dans cette direction de toutes façons :
???: Docteur Swann …
Machinalement, Swann fit pivoter son fauteuil sur sa
droite, à l’aide du clavier aménagé dans son accoudoir droit. Ainsi, il pu
voir un peu plus loin dans l’allée, cet homme qui était la raison de sa
visite, Lex Luthor, habillé tout de noir – pantalon, chemise et long manteau
-. Souriant étrangement, les mains dans les poches de son pantalon de luxe, Lex
regardait fixement, de son regard glacial, le Docteur Swann, lui même
impassible.
A son tour armé d’une expression propre à lui même
– un visage ferme -, Swann répondit nonchalemment à Lex :
Swann : Monsieur Luthor …
Lex, esquissant un rictus diabolique, reprit sa
marche et, de cette démarche carcactéristique, vint se poster à deux mètre
seulement de Swann, face à lui. Sans autre geste mais en plongeant chacune des
nuances de son regard dans celui de son homologue, Lex répliqua, d’une voix
égale, souriant :
Lex : appelez-moi Lex …
Swann : bien … Lex.
Un premier échange de regard s’installa, pendant
lequel chacun des deux hommes essaya au mieux de lire les sentiments ressentis
par l’autre. Mais Swann se rendit bientôt compte que son entreprise serait
bien difficile : Lex cachait aussi bien ses sentiments que le plus haut des
icebergs d’Antarctique.
Toujours aussi souriant, Lex dévia son regard sur la
droite, regardant à son tour le bouclier Grec que regardait Swann avant son
arrivée. Accentuant son sourire, Lex reprit :
Lex : je vois que le Mythe de Pandore ne vous laisse
pas insensible.
Swann : (regardant Lex) l’humanité est une arme
terrifiante en de mauvaises mains …
Lex reporta alors son regard dénué de sentiments
sur Swann, face à lui. Il comprenait parfaitement l’allusion de Swann. Il
parlait de sa famille, les Luthor, Swann devait certainement connaître leur
histoire. Cependant, Lex savait qu’un tout autre destin l’attendait, toutes
les particules de son corps lui indiquaient ce changement.
Aussi, n’y prêtant pas attention, Lex répliqua, en
montrant le fond de la salle :
Lex : si vous voulez bien me suivre … les murs ont
des oreilles …
N’attendant même pas la réponse de Swann, Lex le
contourna par la gauche et, de ce pas rapide, s’approcha du fond de la salle,
se trouvait à une bonne trentaine de mètres. Sentant son appréhension se
renforcer, Swann, à contre-cœur, fit faire demi-tour à son fauteuil roulant
et, appuyant sur un nouveau bouton du clavier, le fit avancer assez rapidement
en direction de Lex.
La caméra quitta un instant Swann, légèrement en
retrait, et rejoignit Lex, qui faisait déjà face au mur du fond, d’une
teinte bleuâtre plutot magnifique. Seules face à lui, encrée dans la paroie
murale, se trouvaient deux portes d’acier, semblables à celles femant
habituellement l’accès aux ascenseurs de la LuthorCorp. Pourtant, aucun
bouton d’appel n’était à disposition.
Swann fini par rejoindre Lex, et, restant en retrait,
le regarda agir. Il leva enlever sa main droite de sa poche et lever l’index
à mi-hauteur, vers le mur. Instinctivement, Lex posa l’extrêmité de son
doigt sur le mur, à un endroit précis. Alors, un petit interrupteur circulaire
s’illumina de lumière blanche éclatante et Lex l’enfonça. Suite à un bip
sonore, les deux portes coulissèrent silencieusement, ouvrant l’accès à une
cage d’ascenseur envahie de lumière blanche. Lex s’effaça, regardant Swann
dans son dos. L’astronome comprit alors ce qu’il attendait de lui. Il fit
donc avancer son fauteuil roulant à l’intérieur et, attendant Lex, le fit
faire demi-tour, de façon à se placer de face, par rapport aux portes. Lex
entra à son tour et, se décalant légèrement sur la droite, fit face au
tableau de commande. Il appuya sur le bouton comportant un « B » pour «
Basement » et attendit que les portes ne se referment. L’ascenseur amorça
une descente souple vers les abymes mystérieuses du musée.
Le regard braqué sur le dos de Lex, devant lui, Swann
replongea une nouvelle fois dans les pensées sombre qui entravait sa vision des
choses. Lui qui s’était donné tant de mal à manipuler Lex Luthor, sans
qu’il le sache, pour l’emêcher de lire les symboles des Grottes, se voyait
désormais pris à son propre jeu en ne sachant pas ce que Lex lui réservait.
L’interet de Lex pour les grottes allait-il le mener à la Prophétie si
jalousement gardée ? Swann redoutait la réponse à cette question fatidique.
La caméra quitta le visage fermé de Swann et filma celui de Lex. Ayant remis
les mains dans les poches de son pantalon, Lex préservait un sourire radieux.
En silence, l’ascenseur s’immobilisa et les portes
d’acier ouvrirent l’accès à un couloir, très court, envahi de la même
lumière blanche éclatante. Assez étroit, ce couloir n’avait qu’une seule
utilité : mener à une nouvelle porte en acier.
Lex sortit de l’ascenseur et, de ce pas pressé, se
rapprocha rapidement du fond du couloir, suivi de près par Swann qui faisait
rouler nerveusement son fauteuil, sur les traces de Lex. Arrivé devant la
porte, Lex se tourna sur sa droite, faisant face au mur. Swann jeta son regard
dans cette direction et fut surpris en analysant le boitier ovale, encrée de
touches, incrusté dans la paroi. Ses neuf touches étaient frappés d’un
symbole Kryptonien.
Lex appuya sur 3 d’entre eux, qui, suite à cette
pression, s’illuminèrent de bleu. Acceptant le code, la porte en acier
coulissa, libérant une vive lumière blanche.
Lex : après vous …
Swann jeta un regard dur vers Lex, sur sa droite,
qui dut, malgré lui, transmettre à Lex sa peur. Le sourire du jeune Luthor
s’accentua. Puis, après quelques courtes secondes, Swann fit avancer son
fauteuil roulant et pénétra ainsi dans l’atmosphère d’une des salles les
plus étranges qui lui eut été donné de découvrir. Il comprenait mieux
maintenant pourquoi Lex avait porté si peu d’importance à la décoration et
aux détails du musée. Ce n’était qu’une diversion.
La salle immense, était composée de murs bombés vers
l’extérieur, y compris le plafond, lui donnant un aspect gigantissime et une
forme bullaire. De plus, la couleur sombre qui en recouvrait la moindre parcelle
ne faisait qu’accentuait cet effet de pléonasme. Mais ce qui fit accélérer
le rythme cardiaque de Swann ne fut pas la structure de la salle en elle même
mais ce qu’elle renfermait. Alors que Lex le rejoignait, Swann continua de
faire avancer son fauteuil sur le sol sombre sur lequel apparaissaient
d’immenses spirales de symboles Kryptoniens, inscrits à l’aide d’une
peinture dorée. Et le plus impressionnant restait à venir. Au centre se
trouvait l’élément le plus important, par son rôle, de la salle : un dôme
pyramidal de verre, haut d’une cinquantaine de centimètres, tournoyant
lentement sur lui même. Swann continua de s’en approcher, son visage
exprimant clairement l’interet. Il s’arreta juste devant ce dôme.
Chacune de ses trois faces, parfaitement plane et
opaque, était creusée d’une cavité pyramidale à trois face, vide en cet
instant. Au dessus de chacune de ces cavité se trouvait un symbole Kryptonien.
A mesure que le dôme continua de tourne, Swann put les identifier, tous les
trois : l’ « Espoir » était inscrit en bleu, « le Savoir » en rouge et le
« Diaphane » en jaune.
Swann leva légèrement la tête vers le sommet du dôme.
Logée dans une fente creusée au sommet, une plaque de métal octogonale avait
trouvé sa place, elle même gravée des trois symboles de la pyramide : la clé
octogonale, propriété récente de Lex.
Lex : « Prophétie »
Lex avait prononcé ce mot d’une voix haute et
intelligible, comme s’il s’était adressé à un ordinateur. Aussitôt, sur
chacune des parois murales encadrant la salle, des colonnes de Kryptonien
commencèrent à s’incrire, d’une lumière blanche lumineuse, comme si une
main géante les inscrivait à la main. Surpris, le Docteur Swann tourna son
fauteuil vers la gauche et commença à traduire les symboles dans sa tête.
L’effarement total étira les traits désormais âgés de son visage : Lex
venait de faire apparaître dans sa totalité la Prophétie annonçant la destinée
de Kal-El, cette même prophétie éditée par les ancêtres de Clark à la création
de Krypton.
Après quelques secondes de contemplation, la raison
reprit le pas sur l’étonnement. Swann se rappela qu’il devait éviter à
tous prix de se trahir lui même. Aussi, reprenant une expression faciale
neutre, Swann fit de nouveau pivoter son fauteuil roulant et fit de nouveau face
à un Lex des plus radieux :
Swann : quelle est cette salle ?
Lex : (simplement) le résultat de la Prophétie …
Même s’il avait été le plus naturel possible,
Swann n’aurait pu nier qu’il ne comprenait rien. Quel rapport pouvait avoir
cette salle, des plus mystérieuses, avec la Prophétie, hormis son apparition
sur les murs ?
Aussi, Swann manifesta cet étonnement et cette incompréhension
par les mots les plus simples qui lui vinrent :
Swann : quelle prophétie ?
Lex : (souriant) celle qui vous obsède depuis que vous
avez découvert la tablette du dieu Seth à Guizeh …
Swann comprit alors que sa tâche s’avérerait
plus compliquée qu’il ne l’avait prévue. Lex semblait avoir découvert une
quantité de choses proprement immense.
Swann : je ne possède aucune tablette, Lex … je suis
astronome, pas archéologue …
Fermant un instant les yeux, Lex esquissa un rictus
qui fit frémir très légèrement un Swann de plus en plus mal à l’aise.
Lex : (regard baissé) Docteur Swann, je ne fais pas
insulte à votre intelligence … (relevant les yeux et braquant son regard dur
et glacial dans celui de Swann) ne faites pas insulte à la mienne …
A cet instant, Swann dut redoubler d’efforts pour
parvenir à soutenir le regard glacial de Lex, engouffré dans le sien propre.
Le sourire de Lex n’avait rien de réconfortant. Dénué de joie, il procurait
en son homologue un sentiment de froid perpétuel des plus désagréables.
Lex : je possède moi même une copie de cette tablette
…
Ceci expliquait donc cela. Swann s’était cru bien
plus malin que Lex Luthor. Il commençait à regretter amèrement son sentiment
de supériorité.
Lex : … je sais que vous ne me faites pas confiance
… moi même, je ne vous fais pas confiance … (baissant la voix) je ne fais
confiance à personne …
Lex marqua une pause afin de bien encrer cette
phrase dans la mémoire de Swann. Il ne faisait confiance à personne, la base
de son caractère de Luthor. Son père lui avait tellement ressasser cet idéal
qu’il avait fini par l’assimiler et en faire l’un des piliers de son
mental.
Lex reprit, d’une voix qui se voulait beaucoup plus
amicale :
Lex : … mais une collaboration est plus que préférable
…
Lex marqua une nouvelle pause, attendant une réaction
de son interlocuteur multimilliardaire. Mais Swann ne cilla pas. Tout comme Lex,
l’astronome avait appris à dissimuler ses sentiments le mieux possible. Quand
on faisait face à Lex Luthor, il fallait mieux maîtriser au mieux cette faculté.
Swann espérait tenir tête le plus longtemps possible.
Lex : (prenant un air de deception) j’aurais pensé
que votre rencontre avec Le Sauveur vous aurait fait changer d’avis …
Cette fois, Swann ne put garder la barrière
d’impassibilité qui le préservait de Lex. Une expression de stupeur inégalable
étira les traits de son visage. Personne hormis lui, Swann, n’avait été au
courant de la venue du Sauveur à son manoir. Comment Lex avait pu apprendre
cela ?
Swann : vous le … connaissez ?
Lex : (ravi) oui, j’ai entendu parler de lui et de
votre … entretien … (redoublant l’intensité de son regard d’acier) nous
sommes loin d’être les seuls à nous interesser à Kal-El et à sa destinée
colossale …
L’ échange de regards entre l’astronome et
l’homme d’affaires s’intensifia pour relier leurs yeux bleus de telle façon
qu’un fin filet semblait les attacher. Ni l’un ni l’autre ne semblait apte
à briser ce moment comme si le moindre geste aurait pu créer un virement non
appréciable.
Pourtant, tous deux eurent la même réaction, au même
moment : ils cillèrent. Lex en profita pour contourner Swann et s’avança
ainsi vers la paroi bonder, face à lui, surchargée de colonnes de symboles
blancs. Les mains dans les poches, le visage radieux, Lex leva la tête et,
tandis que Swann demeurait le dos tourné, reprit la parole :
Lex : comme vous pouvez le voir, j’ai réussi à réunir
la Prophétie dans son intégralité … je sais désormais ce que l’on attend
de moi …
Le visage de Swann se ferma, suite à cette révélation.
Ainsi la raison pour laquelle Lex se sentait si impliquée par cette Prophétie
était qu’il se sentait investi d’une mission. Mais laquelle ?
Levant la tête vers le haut du mur, posant son regard
sur les colonnes de symboles, Swann écouta Lex reprendre la parole :
Lex : « Dernier fils du grand Krypton et descendant
direct de Râo, Kal-El renfermera le savoir et les espoirs de son peuple …
Jusqu’au jour de son avènement, il saura se fondre dans le monde qu’il est
amené à sauver … Mais dans sa croisade, il lui faudra surmonter trois étapes
: l’Incompréhension, la Souffrance et la Solitude … Durant son voyage, les
trois lumières devront venir à lui et le jour où Espoir, Savoir et Diaphane
construiront son aura, il sera prêt … A la venue du soleil noir, Kal-El et le
fils du mal embrasseront leur destin et commenceront la lutte finale, les menant
à l’avenir de la troisième planète … » La suite, vous la connaissez …
Swann fut alors heureux d’avoir le dos tourné à
Lex car, en cet instant, il aurait été bien difficile pour lui de cacher l’étonnement
qui éclairait son visage âgé. Lex avait réussi à réunir toute la Prophétie
et à la traduire. Il savait tout de ce qu’attendait Kal-El.
Après un long moment de silence, Lex reprit, d’une
voix égale, sous le battement accéléré du cœur de Swann :
Lex : au début, j’ai beaucoup tergiversé sur la
signification des termes « Espoir », « Savoir » et « Diaphane » …
jusqu’à ce que je trouve une sphère, à Guizeh … « habitacle n°3 »
Aussitôt, devant Lex, à hauteur de son ventre, un
habitacle s’ouvrit, remontant vers le haut et révélant une petite cavité,
dans le mur lisse et bombé. Envahie de lumière pourpre, la cavité renfermait
une petite sphère en verre, transparente, frappés de hieroglyphes Egyptiens.
Seul, sur le dessus, le symbole Kryptonien du « Destin », était peint d’une
couleur blanche ressortant à côté des Hieroglyphes noirs. Souriant de plus
belle, Lex la prit dans sa main droite et, d’un pas hâté, fit volte-face et
vint se placer de nouveau face à Swann, qui parut surpris, baissant la tête.
Lex lui tendit la sphère :
Lex : (Swann prit la sphère) l’ « Espoir », le «
Savoir » et le « Diaphane » sont en réalité trois cristaux, dilapidés sur
la planète … pour embrasser leur destin, Kal-El doit les réunir …
Mettant les mains dans les poches de son pantalon,
Lex intensifia son regard dans celui de Swann qui, le visage ferme, quitta la
sphère des yeux pour fixer de nouveau Lex.
Lex : Docteur Swann, je sais que vous ne me direz pas
qui est Kal-El mais, avec votre aide, je pourrais retrouver les cristaux et
sauver la planète du mal qui la hante …
Swann eut soudain un gros doute. L’état
d’euphorie dans lequel se trouvait Lex était terrifiant. Et si la mission
dont Lex se sentait investie était celle de Kal-El ?
Swann : Lex … avez-vous une idée de qui est Kal-El ?
Lex : (radieux) oui … je suis Kal-El …
Appartement
de Loïs LANE – Metropolis – 18h27
Loïs resta un long instant figée sur place, la
main sur la poignée, regardant sa cousine sur le pas de la porte. Tout
d’abord impassible, elle ne tarda pas à laisser une expression de surprise
transparaitre sur son visage angélique, étonnée de reconnaître cette petite
silhouette qu’elle chérissait tant, habillée d’une veste de tailleur noire
entrouverte sur le chemisier blanc de la jeune femme. Chloé, tenant une
valisette métallique dans sa main gauche, semblait vraiment s’impatienter,
voyant Loïs immobile, face à elle :
- Loïs : Chloé ? …
La surprise ne tarda pas à laisser place à un
amusement non dissimulé. Plus les secondes passaient et plus Loïs trouvait la
situation insolite ; et plus Chloé s’impatientait.
L’amusement tira ainsi les traits de la jeune Loïs
Lane qui, l’instant suivant, laissa un rictus enjoué étirer ses fines lèvres,
avant de reprendre d’une voix amusée :
- Loïs : … tu frappes maintenant ?
Suite à cette remarque sarcastique à souhaits,
Chloé soupira bruyamment, cessant de regarder sa cousine dans les yeux, de peur
de l’assassiner du regard. Puis, portant son regard vers l’intérieur de
l’appartement, Chloé avança vers Loïs et, l’écartant vers la droite de
Loïs, entra dans l’appartement, s’exprimant avec énervement :
- Chloé : épargnes-moi tes sarcasmes, Loïs
…
Mais, toujours armée d’un sourire amusé, Loïs
regarda sa jeune cousine, avancer de la table ronde, près de la terrasse, à
l’intérieur du salon. S’en approchant d’un pas rapide, la jeune Sullivan
répliqua de nouveau à Loïs, s’expliquant :
- Chloé : … j’avais oublié mes clés …
Chloé s’arrêta alors face à la table ronde et déposa
dessus sa valisette en métal. De so côté, Loïs, continuant de sourire,
referma délicatement la porte derrière elle et s’approcha de Chloé, s’arrêtant
à un mètre d’elle. Alors que la jeune journaliste au Daily Planet
s’affairait à enlever sa veste de tailleur pour le poster sur le dos d’une
chaise, devant elle, Loïs entreprit de reprendre le fil de la conversation sur
un ton un peu plus sérieux, constatant le tempérament de feu de Chloé, en ce
début de soirée :
- Loïs : dure journée ?
- Chloé : (déposant sa veste) tu n’as pas idée
! … je n’avais jamais vu Perry aussi furieux !!
Loïs regarda une nouvelle fois Chloé changea de
position et repartir sur sa gauche, vers une porte restée fermée.
Baissant les yeux, Loïs répondit d’une voix plus
douce, plus pour elle même que pour toute autre personne :
- Loïs : ouais, je connais …
Chloé arriva devant la porte et l’ouvrit,
tournant la poignée. Poussant la porte blanche, Chloé pénétra dans une
nouvelle petite pièce qui ressemblait, d’où se trouvait Loïs, à une
chambre baignée de pénombre. S’arrêtant sur le seuil de cette porte, Chloé
appuya sur l’interrupteur pour la lumière, sur le mur, à sa droite et tourna
dans cette direction, longeant le mur et disparaissant à la vue de Loïs.
Cette dernière resta un long instant silencieuse,
perdue dans ses pensées. Elle se rappelait son dernier entretien téléphonique
avec Perry, le matin même et se rappelait du lien de Chloé avec Lex Luthor.
Reprenant contact avec la réalité, Loïs releva la tête
et regardant l’encadrement de la porte qu’avait ouverte Chloé, s’adressa
à elle d’une voix haute et intelligible :
- Loïs : tu dois être crevée ?
Au milieu de bruits de froissements de tissus, la
voix forte de Chloé se fit entendre, répondant à sa cousine :
- Chloé : oh oui !! … ce soir c’est douche,
manger et dodo !!
Fermant les yeux, Loïs se mordit la lèvre,
comprenant ce que cette affirmation voulait dire. Sa propre soirée s’en
trouvait légèrement menacée. Pourtant, elle se risqua à négocier avec sa
cousine :
- Loïs : (grimaçant) tu n’accepteras donc
aucun bruit ?
A cet instant, Chloé sembla s’interrompre immédiatement,
tous bruit provenant de la chambre s’évanouit. Quelques secondes plus tard,
Chloé, habillée tout juste d’un long chemisier noir, arrivant au dessus de
ses genoux, réapparut, regardant Loïs dans les yeux, plus sérieuse que
jamais.
- Chloé : pourquoi tu me demandes ça ?
Continuant de grimacer, d’un air mal à l’aise
exprimé de façon appliquée, Loïs continua dans cette voie, risquant tout ce
qu’elle pouvait :
- Loïs : j’avais prévu de passer la soirée
avec « quelqu’un » …
Le sérieux sur le visage de la jeune Chloé
Sullivan s’intensifia, repensant à certaines des soirées qu’elle avait dû
endurer ces dernières semaines. Ne réfléchissant pas à ce qu’elle allait
dire à Loïs, Chloé s’empressa de répliquer :
- Chloé : ce n’est pas Janet j’espère ?
Loïs, esquissant un rictus faussement sérieux,
baissant les yeux, surprise de cette remarque :
- Loïs : non … (relevant les yeux vers Chloé)
mais aurais-tu quelque chose à me dire à propos d’elle ?
Chloé se rendit alors compte de ce qu’elle venait
de dire à Loïs. Jusqu’alors, elle s’était forcé à faire croire à sa
cousine que ses amies étaient sympathiques. En réalité, il n’y en avait que
très peu qu’elle arrivait à supporter.
Aussi, les traits de son visage tirés par le malaise
qui la tiraillait, Chloé baissa à son tour les yeux, répondant d’une voix
douce :
- Chloé : bah, disons qu’elle est assez …
remarquable …
Peu rassurée, face au regard dur de Loïs, Chloé
releva les yeux vers Chloé, espérant qu’il n’y aurait pas trop de représailles.
- Loïs : (souriant) mais non, ce n’est pas
elle … attends …
Sous le regard surpris de Chloé, Loïs tourna vers
sa droite et, d’un pas rapide, avança vers les portes vitrées restées
ouvertes de la terrasse. De ce même pas, la jeune Lane se rapprocha de la
balancelle et, courant sur quelques pas délicats, les pieds nus sur le sol dur
et froid, s’arreta derrière. Alors se penchant vers le dossier, dans lequel
Clark s’était laissé aller, Loïs entoura ses bras autour du cou du jeune
Kent et, se penchant vers lui, colla doucement son visage contre le sien. Touché
par cette étreinte chaleureuse, Clark ferma les yeux en souriant et porta sa
main droite à l’avant bras droit de Loïs, la caressant doucement. Loïs,
elle aussi souriante, lui glissa ces quelques mots délicats, au creux de
l’oreille :
- Loïs : tu veux venir deux minutes ?
- Clark : oui …
Aussi, souriant, Clark se leva de la balancelle et
la contourna du côté de son accoudoir gauche. Puis, rejoignant Loïs qui se
rapprochait des portes vitrées, Clark attrappa la main qu’elle lui tendait et
entremêla ses doigts dans les siens. Enfin, il la suivit à l’intérieur du
salon et s’arrêta finalement face à la porte de la chambre, à coté de Loïs.
Relevant la tête lentement, Clark put à son tour identifier la silhouette de
Chloé, ses jambes à nu et le haut de son corps couvert de ce grand chemisier.
Lorsque leur regards se croisèrent, Chloé et Clark laissèrent une expression
ahurie tirer ses traits.
- Loïs : Chloé, je te présente Small- …
- Chloé : (surprise) Ka … (se reprenant)
Clark !
- Loïs : (finissant sa phrase après un temps
d’arrêt) … -ville …
Voyant l’expression dure et ahurie de Chloé, Loïs
comprit qu’elle était aussi surprise de voir Clark que lui de la voir. Mais
ce qui faisait le plus peur à Chloé était de réussir à voir dans ces yeux
bleus le noir qui menaçait la planète, ce mal qui l’avait poussée à
s’allier à Lex Luthor. Clark avait les capacités de lui retirer chacune des
personnes à qui elle tenait et, en cet instant, il prouvait qu’il pouvait la
toucher n’importe quand.
Voyant Clark si proche de Loïs, Chloé prenait
conscience que la fin du monde pouvait arriver n’importe quand.
Loïs, de son côté, baladait son regard de Clark à
Chloé et de Chloé à Clark, n’y comprenant rien.
- Loïs : (ahurie) vous vous … connaissez ?
- Clark : (ravi) oui, un peu …
Mais Clark ne tarda pas à perdre son sourire.
Voyant le visage fermé de Chloé, en le regardant, il comprit qu’elle ne l’idolatrait
plus autant qu’avant. Elle semblait même le haïr en cet instant.
Lorsqu’elle vit que Clark perdait son sourire, Chloé
comprit que pour la première fois depuis longtemps, elle avait laissé ses émotions
transparaitre, une grosse erreur de sa part.
- Chloé : (souriant, en se forçant) Clark est
… un ami de Smallville … (tournant la tête vers Loïs, lui souriant) tu lui
avais parlé au téléphone, au Daily Planet …
- Loïs : ça m’étonnerait, (tournant la tête
vers Clark, lui souriant radieusement) je m’en serais rappelé …
En voyant la moue faite par sa cousine, alliée à
ce sourire ravageur, Chloé comprit alors qu’elle avait vu juste. Clark avait
réussi à jouer de son charme devastateur pour séduire Loïs. Seulement, son
seul désir était-il réellement de faire souffrir la jeune Lane et, par voie
de conséquence, Chloé ? En voyant le sourire de Clark, lui aussi radieux, Chloé
ne put s’empecher de s’attarder sur cette interrogation.
Soudain, accentuant l’amusement présent dans le
timbre de sa voix, Loïs reporta son attention vers Chloé, toujours aussi ferme
:
- Loïs : et puis tu en connais beaucoup des
fermiers qui ont un téléphone ?
Alors que Clark levait les yeux au plafond en signe
de désaccord ahuri, Chloé esquissa ce qui ressembla à un timide rictus.
Essayant de rentrer au mieux dans la conversation malgré
le fait que toutes ses pensées étaient tournées vers le mal dont était
capable Clark , Chloé reprit :
- Chloé : mais si, rappelles-toi, au Daily
Planet … tu avais pris un appel sur mon portable et tu t’étais amusé avec
lui …
Il fallut quelques nouvelles secondes à Loïs avant
de tomber sur le bon souvenir, suite aux paroles de Loïs. Mais lorsque le lien
fut établi, elle le démontra clairement, en ecarquillant ses yeux brillant et
en esquissant un large sourire. Elle reprit la parole, d’une voix lente :
- Loïs : mais oui … « Clark » !
Clark commençait lui aussi à comprendre, il se
demandait même pourquoi il n’y avait pas pensé plus tôt. Il avait parlé
avec Loïs plusieurs jours auparavant, par l’intermédiaire du téléphone.
Puis, relevant les yeux vers Chloé, il croisa de
nouveau ce regard dur que Chloé, malgré les efforts qu’elle fournissait, ne
parvenait pas à atténuire. Elle fixait Clark, droit dans les yeux, avec une
noirceur exprimant parfaitement la haine et la peur qui mêlaient son cœur. Il
connaissait cette lueur pour la lire chaque jour dans son propre regard, quand
il s’observait dans le miroir, de peur de savoir ce que Jor-El pouvait le
forcer à devenir. Cette peur et cette haine envers un mal qu’il renfermait,
Clark les connaissait parfaitement. Mais pourquoi Chloé possédait cette lueur
dans ses yeux, en le regardant ? Qu’est ce qui pouvait tant lui faire peur ?
Après de longues secondes d’échange de regards avec
son « amie », Clark cligna des yeux et, ses yeux exprimant une certaine déception,
tourna la tête vers la gauche, les fixant sur le visage de Loïs. Il
s’adressa alors à elle d’une voix basse :
- Clark : je vais y aller …
Loïs tourna à son tour la tête dans la direction
de Clark, surprise par ce virement. Lui adressant un regard ahuri, mêlant également
une déception qui devait être grande, Loïs répliqua, d’une voix presque
suppliante :
- Loïs : quoi ? Maintenant ?
Clark fit un petit « oui » de la tête, en fermant
les yeux, comme pour accentuer le fait qu’il le faisait à contre-cœur.
- Clark : oui, je pense que c’est mieux …
- Loïs : mieux ? … attends, j’y comprends
rien là !
Mais Chloé, elle, comprenait parfaitement. Le Clark
qu’elle avait en face d’elle n’était pas encore le tyran qu’elle avait
vu dans ses visions. Ce monstre sommeillait en lui mais ne s’était pas encore
réveillé. Pourtant, ce moment pouvait arriver à tous moment. Mais, en cet
instant, il ne voulait rien faire en présence de Chloé, qui la ferait
souffrir.
- Clark : je t’expliquerais … mais pas
maintenant !
Clark jeta un regard furtif, déçu, à Chloé puis,
tirant Loïs par la main, s’approcha de la porte d’entrée, sur la droite.
Sans un mot et sous le regard surpris de Loïs, Clark tourna la poignée en fer
de la porte et, l‘ouvrant, sortit sur le palier. Il marcha sur quelques pas,
avant de se retourner vers une Loïs abasourdie par son comportement. Cette
dernière, le cœur battant à un rythme effrené, referma doucement la porte,
ne laissant qu’un entrebaillement minime. Puis, elle se retourna vers Clark,
qui lui faisait face.
Tenant la main de Loïs, il avait baissé les yeux,
regardant la caresse qu’il faisait au dos de la main de Loïs. L’expression
jaillissant de leurs yeux n’aurait pas pu être plus différente : Clark
semblait délicat et Loïs furieuse.
- Loïs : c’était quoi « ça » ??
Clark ne répondit pas immédiatement. Lui même
avait détesté sa réaction, jamais il n’agissait ainsi. Il ne comprenait même
pas pourquoi il l’avait fait. Mais, en croisant le regard de Chloé, il avait
senti qu’il ne fallait pas qu’il reste dans l’appartement, son amitié
avec Chloé Sullivan semblait bien menacée.
- Clark : (gardant le regard braqué sur sa
caresse) Chloé me met mal à l’aise …
- Loïs : (surprise) qui ? toi ?
Loïs esquissa un rire sonore, comme si elle s’était
forcé. Mais elle redevint bien vite sérieuse.
- Loïs : non, sérieusement ?
Clark, relevant lentement la tête, le bleu de ses
yeux exprimant un sérieux des plus totales, il fit oui de la tête.
- Clark : depuis qu’elle travaille au Daily
Planet, elle a beaucoup changé … je pense qu’elle me cache des choses …
- Loïs : (regardant ailleurs) il n’y a pas
qu’à toi …
Clark esquissa un timide sourire, gardant son regard
plongé dans celui de Loïs. Cette dernière, attirée par l’intensité de ce
regard touchant, reporta son regard dans celui de Clark. Au moment où ils se
regardèrent dans les yeux, Loïs ne put s’empêcher d’esquisser un petit
sourire, exprimant au mieux le bonheur que procurait Clark en elle.
Il resserra un peu plus son étreinte autour de la main
de Loïs et, rapidement, se rapprocha d’elle. Lâchant sa main, il passa ses
mains dans le bas du dos de Loïs et la serra chaleureusement contre lui, alors
que Loïs entourait son cou de ses bras, le serrant à son tour. Clark huma
alors un court instant le parfum aux nuances envoutantes de Loïs avant de
succomber à la tentation en se penchant vers son cou et en y déposant un doux
baiser. Loïs esquissa un nouveau sourire. Clark s’écarta légèrement
d’elle, afin de la regarder de nouveau dans les yeux.
- Clark : (voix douce) il va y avoir du
changement dans ma vie, très bientôt … tu en feras partie
- Loïs : (voix des plus basses et douces,
souriant, amusée) tiens moi au courant …
Clark esquissa à son tour un sourire extatique
puis, l’atténuant, se pencha de nouveau vers Loïs. Pendant un long instant,
il crut qu’il allait succomber à cette nouvelle tentation qui le poussait à
embrasser les lèvres humidifiées de Loïs. Mais, au dernier moment, il dévia
son geste et déposa un baiser sur sa joue, au coin de ses lèvres. Le baiser
dura plus longtemps qu’un simple baiser entre amis destiné à dire au revoir.
Clar semblait vouloir préserver ce moment le plus longtemps possible. Loïs le
sentit finalement s’écarter et, à son tour, déposa un doux baiser sur sa
joue. Souriant, Clark finit par la relacher, s’apprêtant à partir. Mais, ne
voulant s’y résoudre, Loïs lui attrappa la main gauche et le retint :
- Loïs : (voix douce) je t’appelles demain
…
Clark sourit puis, enfin déterminé, tourna les
talons, tenant toujours la main de Loïs. Il ne la lacha que au moment où leurs
bras étaient tellement tendus qu’il ne pouvait pas faire autrement, à moins
qu’il aurait eu envie d’emmener Loïs avec lui. Il la lâcha donc et se
dirigea d’un pas décidé vers l’ascenseur, au fond. Le visage ferme mais
heureux, Loïs le regarda partir un instant avant de se tourner à nouveau vers
la porte de l’appartement et de la pousser. Elle entra dans le salon et,
refermant la porte derrière elle dans un cliquetis familier, s’adossa à
elle, le regard braqué droit devant elle. Un sourire s’installa sous son nez,
repensant aux instants qu’elle venait de vivre.
Puis, sentant un regard braqué sur elle, elle tourna
la tête sur la gauche : Chloé, la mine visiblement furieuse, la fixait.
Route
départementale 79 – Smallville – 20h09
[Beautyful day – U2]
Alors que les nuances du claire de lune peinait à
traverser les nuages opportunistes qui passaient devant sa forme circulaire, la
pénombre totale avait envahie les environs de Smallville ainsi que toute la
surface immense des Etats-Unis. Associée à cette pénombre inaltérable, une
douce brise, rafraîchissant l’atmosphère devenue lourde, soufflait légèrement
contre les fines feuilles vertes accrochées au bout des branches des plus hauts
arbres du bois de Smallville.
La caméra, installée dans le ciel noir, pourvu de
quelques nuages, de Smallville, filmait, d’un plan basculé vers le bas, cette
étendue florale qui était l’un des charmes de la bourgade tristement connue
de l’état du Kansas. Séparée en deux, en plein centre, par une étroite
route goudronnée, très sinueuse, le bois avait des allures assez étranges,
d’autant plus quand on connaissait l’étrangeté des grottes Kawache,
dissimulées en son cœur. En cet instant, la caméra essayait à grand peine de
distinguer les éléments présents sur cette petite départementale, sur
laquelle Josh Servant, ami de Clark Kent, était subitement passé de l’âge
de 8 ans à celui de 18. Mais cette entreprise se révélait assez ardue, en
raison de la haute cime des arbres, pourvue d’un feuillage dense. Ces arbres,
formant un toit floral au dessus de la route goudronnée, empêchait la caméra
de la voir avec exactitude. Seul, par moment, elle pouvait en voir une courte
parcelle, ainsi qu’une forme rouge vif, l’arpentant.
Comme interessée par cette couleur agressive, la caméra
plongea soudainement vers la cime des arbres, cessant de filmer l’étendue
florale, vers laquelle elle venait d’entamer une chute vertigineuse. Ainsi, en
tout juste quelques secondes, l’objectif fut arrivé à hauteur du sommet des
arbres et en traversa le feuillage dense. Après de nombreux frottements contre
les feuilles légères, la caméra eut tout juste le temps de voir le goudron
avant d’avoir à redresser sa course, sinon quoi le choc serait inévitable.
Ainsi, assez brusquement, elle redressa son plan et, continuant sa course
poursuite, continua d’avancer, horizontalement cette fois, le long du goudron
granuleux de la départementale 79. Ainsi, flottant à tout juste quelques
millimètres de la route sombre, le bitume défilant sous son objectif, la caméra
suivait la forme rouge, juste devant elle désormais, à tout juste un mètre.
Ayant calqué son allure sur cette forme qu’elle poursuivait, la caméra ne
quittait plus des yeux ces deux lueurs rouges alignées, face à elle : deux
phares arrière. La forme que suivait la caméra n’était autre qu’une
petite citadine rouge, frappée d’une plaque d’immatriculation dont la numéralogie
indiquait le Kansas. Ses pneus déroulant leur puissance sur le sol goudronné,
le véhicule d’une allure légale, avançait le long de la route, sans écart
de vitesse ou de trajectoire. Mais la caméra ne s’arrêta pas là.
S’élevant de quelques centimètres au dessus du sol
de façon à se trouver à hauteur de la vitre arrière, la caméra s’empressa
ensuite de foncer vers cette vitre et de la traverser d’une manière fluide et
délicate, pénétrant ainsi dans l’ambiance calme du véhicule. Le silence était
presque total, hormis les timides ondes d’une musique, s’extirpant de
l’autoradio, à l’avant, et des gestes réguliers de sa conductrice. La caméra
continua son approche et vint s’asseoir sur le siège vide, à la droite de la
conductrice. Toujours aussi interessée, la caméra tourna son objectif sur la
gauche, filmant la silhouette fine de la jeune femme. Habillée d’un jean délavé
seillant et d’un débardeur blanc au décolleté mystérieux, la conductrice
avait attaché ses longs cheveux d’un noir de jais en un chignon assez serré,
ne laissant ainsi qu’une seule mêche rebelle tomber le long de sa joue
gauche. Son regard d’une couleur noisette embrasée était figée sur la route
à suivre, son attention pleinement fixée sur cet objectif. Lana revenait de
Granville, une ville peu éloignée de Smallville. Là-bas elle avait rencontré
un acheteur potentiel du Talon, le café qu’elle était censé vendre et
revenait l’esprit liberé. Elle état certaine d’avoir trouvé la bonne
personne. Seuls les papiers devraient être remplis. Désormais, elle pourrait
se consacrer à son futur, à Metropolis.
A l’approche d’un virage serré sur la droite, à
la visibilité réduite par une haute falaise bordant la route, Lana rétrograda
de deux vitesses afin de passer au ralenti. A la sortie de ce perilleux virage,
voyant une ligne droite assez longue, elle repassa les deux vitesses, accélérant
de plus belle. Un nouveau virage sur la droite, identique au précédent,
dissimulée par une même falaise sur la droite, l’obligea à rétrograder à
nouveau de deux vitesse. Elle tourna au ralenti et, au sortir de ce virage,
commença à accélérer. Elle connaissait mieux cette parcelle de la route et
savait qu’elle pourrait accélérer assez longtemps. Elle passa donc sa troisième,
accélérant intensément. Quelques secondes d’inaction aurait pu provoquer le
pire.
En effet, à une vingtaine de mètre, une masse informe
était étalée sur le sol, en position fœtale, une aura verdâtre
l’enveloppant. A cette distance, Lana n’aurait su dire de quoi il
s’agissait. Surtout que cette forme était immobile, malgré la lumière vert
pâle qui gagnait et baissait en intensité régulièrement. Après de longues
secondes, Lana finit par enfoncer la pédale de frein, le cœur battant à tout
rompre. Ainsi, elle vit la forme, au sol, se rapprocher dangereusement de son
pare-choc avant. Le choc semblait inéluctable, Lana les mains crispées sur le
volant la fixait sans pouvoir détacher son regard d’elle …
Et finalement, sa voiture s’arrêta, légèrement de
travers, à un bond mètre de la forme. Lana, qui avait retenu sa respiration
jusqu’au choc possible, souffla bruyamment avant d’entamer une respiration
haletée, nerveuse. Elle desserra son étreinte sur le volant et amena ses mains
sur ses cuisses, sentant le rythme de son cœur battre d’une manière
horriblement douloureuse.
A près ces secondes de souffrance, interminables, Lana
finit par redoubler d’attention pour cette forme, visiblement inerte, qui
l’avait faite tant paniquer. Une partie de son corps sombre et l’autre
couleur chaire, elle semblait vraiment morte, ne bougeant plus d’un millimètre.
La lumière verte, telle une aura, semblait provenir du centre de la partie
couleur chaire.
Et soudain, elle se mit à bouger, sous le regard ahuri
de Lana. Ainsi, lentement, la chose, visiblement dos tourné, se redressa. Une révélation
apparut en Lana : il s’agissait d’un homme. Il était allongé sur le flanc
gauche, dos tourné à la voiture. Habillé d’un seul jean, il était pieds
nus et semblait de race blanches. Ses cheveux blonds, broussailleux, semblaient
passablement sales, ainsi que la couleur de sa peau. De ses bras musclés, il se
mit assis avant de se relever, d’une démarche qui semblait difficile. Puis,
d’un geste vif, il se retourna vers Lana, lui faisant face. Lana le reconnut
immédiatement, malgré la folie peu familière qui tirait les jeunes traits de
son visage : il s’agissait de Josh SERVANT, l’ami de Clark. Le visage sali
par la terre noire, ainsi que son torse, il semblait fébrile et peu sur de lui.
Lana vit également l’origine de la lumière verte : au centre du torse musclé
de Josh, une étrange marque ressemblant à de l’arabe semblait avoir été
gravé à l’aide d’une lame chauffée à blanc, creusant ainsi sa peau.
Alors que du sang coulait lentement sur ses abdos, une lueur verdâtre en
baignait la marque étrange, auréolée. Le rythme cardiaque de Lana atteint son
paroxysme au moment où Josh avança vers l’avant de sa voiture et, se
penchant vers elle, s’appuya sur ses deux bras tendus. Alors, d’une voix
forte mais tremblante, il s’adressa à elle :
Josh : Lana … il est revenu …
Visiblement, le simple fait de prononcer ces mots
coutaient beaucoup à Josh. Tremblant de partout, il semblait à bout de force.
La panique brillait dans la rétine claire de ses yeux d’un bleu d’ordinaire
ensorcelant. Lana ne l’avait jamais vu dans cet état. Il semblait revenir
d’outre tombe, comme s’il avait échappé au mal absolu, de peu.
Malgré cette voix intérieure qui la poussait pourtant
à rester assise à l’intérieure de la voiture, Lana ouvrit la portière et
sortit au dehors. Ne prenant même pas le temps de la refermer, Lana
s’approcha de Josh, le regardant d’un œil méfiant. Ainsi, elle s’arrêta
à un bon mètre de lui. Vu de l’extérieur, sa marque faisait vraiment froid
dans le dos, avec ce sang ruisselant lentement. D’une voix peu sûre d’elle
mais délicate, Lana s’affaira quand même à essayer de le rassurer :
Lana : Josh, tu ne devrais pas rester là … viens, on
en discutera à l’hopital …
Mais Josh ne semblait pas du même avis. Cette
simple phrase sembla déclencher une fureur intense que Josh avait gardé au
plus profond de lui même. Une colère qui avait suivi la frustration qui
l’avait éprouvé tous ces mois pendant lesquels Jor-El n’avait pas cessé
d’affirmer que Kal-El serait prêt. Mais désormais, il était trop tard.
Aussi, paniqué, Josh frappa avec une violence inouïe
le capot de la voiture de Lana. Sous son effet, le véhicule s’envola dans les
airs et, sous les yeux effarés de Lana, effectua trois tours sur elle même, au
dessus de Josh. Alors qu’elle voyait le véhicule amorçait une descente dans
le dos de Josh, celle-ci se retourna et s’accroupit afin de se protéger des débris.
Josh, lui, ne bougea pas. Le véhicule s’écrasa alors sur le sol, des débris
de verre se projetant dans son dos et vers Lana. Le cœur toujours battant à
tout rompre, Lana se releva et se retourna vers lui. Avec effarement, elle
constata que les blessures de Josh, au visage, ne guérissaient que très
lentement.
Il lui répliqua d’une voix puissante, agressive,
avançant vers une Lana qui commençait vraiment à avoir peur :
Josh : tu ne comprends rien !! … (voix plus délicate)
il est revenu … Kal-El doit être prévenu !
Bien que très peu sûre d’elle face au
comportement changeant de Josh, Lana se décida à répondre, d’une voix douce
et interessée :
Lana : qui est revenu ?
Josh : (telle une évidence) Anu’kh … l’héritier
Sethi. Il est ici, à Smallville …
Lana comprit alors très précisément les raisons
du comportement de Josh. Si comme il le disait, Anu’kh était bel et bien
revenu, cela ne préageait rien de bon pour Clark. Elle savait qu’une menace
pesait sur sa tête, constamment mais si elle avait le nom de « Anu’kh »,
tout deviendrait beaucoup plus compliqué.
Alors qu’elle s’apprêtait à soutirer de nouvelles
informations à Josh, Lana s’interrompit d’elle même. Les yeux si apeurés
de Josh se figèrent étrangement, fixant droit devant eux. La rétine pourtant
déjà si claires de ses yeux bleus pâlit jusqu’à en devenir aussi blanche
que la couleur qui entourait ses pupilles. L’instant suivant, la lueur verte
avait baissée en intensité et Josh amorçait une chute. Il tomba violemment à
genoux, sans autre bruit et s’affala aux pieds de Lana.
Lana : (affolée) Josh !!
Sentant son coeur lui faire atrocement mal, Lana
s’accroupit auprès de Josh et le regarda un court instant, ayant peur de ce
qu’elle pourrait découvrir. Puis, finalement, elle déposa son index et son
majeur sur le cou de Josh, pour prendre son pouls. Dès le moment où la peau de
Lana entra en contact avec celle de Josh, une lumière dorée éblouissante
apparut, se dégageant du jeune Kryptonien et frappa Lana. La lumière, de plus
en plus intense, enveloppa la jeune femme et éclaira toute la route, tellement
sa puissance était grande. Lana se forçait à garder les doigts collés au cou
de Josh le plus longtemps possible, c’était vital … pour Clark. Et enfin,
lorsque l’émanation de Josh fut trop forte, Lana ne put garder les doigts posés
sur sa peau. La lumière disparut alors. Les yeux écarquillés, la mine
abasourdie, Lana resta un long instant à fixer le corps de Josh, au sol, ne
sachant que faire.
Puis, finalement, elle se releva et, d’un pas pressé,
revint vers sa voiture, au loin. S’accroupissant au milieu des débris de
verre, Lana observa vers l’intérieur de l’habitacle ravagé par le choc si
elle apercevait son téléphone portable. Il semblait avoir fini sur le toit
cabossé, coté passager, à l’avant. Lana se mit à quatre pattes et, non
sans efforts, pénétra dans la voiture, alors que le verre la coupait de
partout. Grimaçant, elle finit par arriver à attrapper son téléphone et
ressortit. Coupée de partout, elle se releva et ouvrit le clapet de son téléphone
: il semblait en état de marche, malgré l’écran du téléphone brisé en
deux. En courant, elle revint vers Josh et composa le numéro de l’hopital de
Smallville. Elle s’arrêta à coté de lui, s’accroupissant à nouveau à
coté. Elle dut attendre trois longues sonneries avant que la voix délicate
d’une hotesse d’accueil ne se fasse entendre :
Lana : […] oui Bonsoir, j’aurais besoin
d’une ambulance sur la route départementale n° 79 […] environ à 3 Km de
Smallville […] un jeune homme a perdu connaissance …
La caméra avait changé d’angle et, cessant de
filmer Lana de dos, la filmait désormais de face, à côté de Josh. Tandis que
Lana expliquait à l’hotesse au mieux la situation, la caméra commença à
s’éloigner, d’un travelling rapide vers l’arrière, filmant toujours au
loin Lana, au téléphone et Josh, devant elle, inerte. Ainsi, ces derniers mots
se perdirent dans les nuances plus prononcées des paroles de Bono.
Lana : […] non, je ne sais pas du tout …
Le travelling continua ainsi un très long instant
alors que la musique devenait saisissante. Et, au moment où le dernier refrain
se fit entendre, la caméra s’arrêta et tourna son objectif sur la gauche. A
la lisière du bois, sur la route, un « homme » se tenait là, observant
depuis le début la scène, d’un œil attentif. Habillé d’une large toge
rouge vif, un vaste capuchon de la même couleur cachant son visage, Le Sauveur
semblait attendre le moment propice. Serrant le manche d’une courte dague à
la lame verte, luisant, il gardait les bras las, le long de son corps.
Finalement, après de longues secondes, il disparut dans un bruit de vent assez
sourd, créant une onde de vitesse de couleur rouge. Ainsi, on vit sa couleur
vive disparaître dans les profondeurs du bois, de cet endroit d’où il
venait.
Medical
Center – Smallville – 20h36
Depuis l’instant où Lana avait composé le numéro
de téléphone de l’hôpital de Smallville, plusieurs longues minutes avaient
dû s’écouler avant qu’enfin, elle puisse entendre la sirène habituelle
d’une ambulance de la capitale des météorites. Lana fut ravi de voir leur
lumière bleue, provenant des girophares du toi, éclairer intensément la
petite route départementale. Les portières avant ne tardèrent pas à
s’ouvrir, à la volée, avant que deux hommes, habillés en uniformes blancs,
ne sortent de l’habitacle avant de la camionnette. Ils accoururent vers Lana,
désormais à genoux sur le sol, auprès du corps de Josh, toujours allongé sur
le sol rugueux, face contre terre. Plus les minutes avançaient et plus la vie
semblait s’échapper de son corps torse nu, la lumière verte continuant de
s’échapper par l’interstice très mince séparant son corps blessé du sol
goudronné. Les deux hommes, approchant rapidement de Lana, assez inquiets,
s’empressèrent de demander à la jeune Lang :
Ambulancier : que s’est-il passé ?
Lana : euh …je … je sais pas ! Je pense que
j’ai dû le heurter !
Les deux hommes, ayant peine à le croire en voyant
l’état quasi intacte du corps de Josh, levèrent légèrement la tête,
posant leur regard sur l’épave de la voiture de Lana, gisant sur le sol, plus
loin, toit contre terre, chacune de ses vitres éclatées. Les débris de verre
continuaient de couvrir le sol, se mêlant à quelques rares parcelles de métal.
Ambulancier : c’est incroyable que ni vous ni
lui n’ayez rien ! … Comment s’appelle-t-il ?
Dans le même temps, le deuxième ambulancier
retourna le corps de Josh sur le dos, révélant la marque éblouissante de lumière.
A cet instant, l’ambulancier affairé à essayer de réconforter Lana,
s’interrompit, effaré par ce qu’il voyait. La marque sur le torse de Josh
semblait encore plus profonde que lorsque Josh s’était entretenu avec Lana.
Le sang continuait de couler le long de ses abdos, nonchalemment alors que la
lueur verte, baignant le creux de la blessure, jaillissait sur les visages médusés
des ambulanciers.
Ambulancier : ça alors ! J’ai jamais rien vu
de pareil !
Lana craignait pour le secret de Clark, en plus de
la survie de Josh. Aussi, laissant l’énervement la submerger, elle leur répliqua
plus violemment qu’elle ne l’aurait souhaité :
Lana : alors, il va bien ?
Les deux ambulanciers se reprirent. Celui situé au
niveau de la tête de Josh prit son pouls, à son cou. Deux secondes plus tard,
il se tourna vers son collègue :
Ambulancier : il respire encore, mais il ne faut
pas perdre de temps !
Aussi, l’ambulancier situé entre Lana et celui
qui venait de prononcer cette phrase se leva et, faisant volte face, revint vers
l’ambulance garée à la va-vite au milieu de la route. Il ouvrit les deux
portières arrière d’un geste brusque et entra à l’arrière de
l’ambulance en montant la haute marche. Il tira vers lui le brancard roulant
et redescendit. Avec quelques précautions, il réussit à sortir le brancard
sur la route et le fit rouler jusqu’à Josh. L’ambulancier resté au chevet
du jeune Servant le prit délicatement dans les bras et, d’une attitude précautionneuse,
l’amena jusqu’au brancard, dans son dos, l’allongeant dessus. Pendant ce
temps, Lana se releva et leur emboita le pas alors qu’ils faisaient rouler le
brancard jusqu’à l’arrière de l’ambulance, restée ouverte. Ils plaquèrent
l’avant du brancard contre l’ambulance et l’ambulancier situé à
l’avant monta dans l’habitacle arrière de l’ambulance. A l’aide de son
collègue, il hissa le brancard à l’intérieur et le fit rouler jusqu’au
fond. L’ambulancier resté à l’extérieur quitta Lana et se dirigea vers
l’avant du véhicule, rentrant à nouveau à l’intérieure. L’ambulancier
présent à côté du brancard commença à brancher des appareils médicaux sur
Josh avant de s’approcher des portières arrière. Tandis que son collègue
allumait le moteur, il s’apprêta à fermer les portes sous le regard à la
fois furieux et surpris de Lana.
Lana : je viens avec vous !
Ambulancier : désolé, mais personne n’a le
droit de venir !
Lana : (hurlant sous le bruit assourdissant de
la sirène) vous avez vu l’état de ma voiture ! Je viens avec vous !
Et sans lui laisser le temps de répliquer, Lana
gravit la marche et vint s’asseoir sur un siège, contre la paroi de droite.
L’ambulancier referma les portes et l’ambulance démarra.
La caméra changea de plan et filma de l’extérieur :
l’ambulance démarra en trombe.
Medical
Center – Smallville – 21h06
Lana n’avait aucune idée du temps qui s’était
écoulé depuis son arrivée ici, au centre médical. Mais elle avait
l’impression que cette période avait durée une éternité. Dès l’arrivée
de l’ambulance aux urgences, les ambulanciers avaient forcée Lana à aller
attendre en salle d’attente tandis qu’eux amenaient Josh auprès des médecins
urgentistes. Ainsi, la jeune mademoiselle Lang avait attendu, pendant une durée
qui lui parut interminable. Jusqu’à ce qu’enfin, un jeune médecin, le
Docteur Omen, visiblement d’origine suédoise, ne vienne la voir. La menant
vers la chambre de Josh, le Docteur Omen révéla à Lana avant même d’ouvrir
la bouche que l’état dans lequel se trouvait Josh était sans équivoque.
Enfin, après avoir finalement abandonné son expression abasourdie, le jeune médecin
avait utilisé des mots comme « inconcevable », « incompréhensif » et même
l’un que les médecins rechignaient par dessus tout à utiliser : «
inexplicable ». Au moment où il avait ouvert la porte du box et amener Lana au
chevet du jeune Josh Servant, il lui avait finalement confié l’état dans
lequel, selon lui, Josh se trouvait :
Dr Omen : Josh semble être dans un état léthargique
à équi-distance entre le profond sommeil et le coma superficiel … en
d’autre terme …
Lana : (finissant sa phrase, regardant Josh,
allongé dans son lit) il est entre la vie et la mort …
Le Docteur Omen n’aurait pas pu lui même utilisé
des mots qui se seraient plus rapprocher de la réalité. Aussi, la mine sombre,
il acquiesça d’un simple signe de tête, regardant son patient qui resterait
certainement le plus étrange qu’il traiterait dans sa carrière. Après un
court instant, il fit volte face et, fermant la porte derrière lui, disparut
dans le couloir, laissant une Lana désemparée.
Il se passa de nouvelles longues secondes de quasi
silence avant que Lana ne fasse un geste. Seul le bip régulier de l’ECG se
faisait entendre, à espace assez régulier. Finalement, Lana attrapa une
chaise, sur sa droite, contre le mur et s’approcha du lit de Josh. Elle
installa le siège près de la tête du lit et s’installa, regardant Josh,
assoupi. Allongé sous un léger droit blanc, il semblait plus paisible qu’il
ne l’avait jamais été. Son visage auparavant sale avait été lavé. Ses
cheveux blonds, ébouriffés, lui donnaient l’allure d’un mannequin, allié
à son teint légèrement bronzé. Ses paupière, fermées, dissimulaient les rétines
de ses yeux d’un bleu claire envoutant. Un fin fil transparent quittait ses
narines, lui procurant un oxygène pure. Son corps semblait habillé des vêtements
d’hopitaux, s’il en croyait la chemisette vert pâle qui couvrait son torse
musclé. Pourtant, la lumière étrange de la marque, sur son torse, arrivait
quand même à traverser le tissu et apparaissait dessus, plus nettement par
instant que d’autres. Le léger drap s’arrêtait à hauteur de sa taille,
ses deux bras musclés posés dessus. Le droit supportait une seringue, plantée
dans l’une de ses veines. Un fil transparent, attaché à cette seringue,
reliait le métabolisme de Josh à une bonbonne transparente, logée au sommet
d’une tige métallique. Ce matériel, installé à gauche de la tête du lit,
contenait un liquide transparent qui devait aidé au rétablissement du jeune
Servant.
La caméra se tourna à nouveau vers Lana, triste. Elle
entremêla les doigts de ses mains, regardant le torse de Josh. Elle repensait
à ce flash lumineux qui s’était emparé d’elle au moment où elle avait
voulu prendre son pouls. Quelle était cette voix, qui semblait apeurée et déchirée
par la souffrance ? Lana la connaissait, elle en était certaine. Pourtant, il
lui était impossible de mettre un nom dessus.
Et soudain, rompant ce silence si lourd à supporter
pour la jeune Lana Lang, trois coups furent frappés à la porte. Lana ne voyait
pas vraiment qui pouvait vouloir entrer, le Docteur Omen était parti il y avait
peu de temps. « Peut être une infirmière » pensa-t-elle. Aussi, se
retournant, elle finit par laisser le mot « entrer » sortir de sa bouche. La
porte s’ouvrit juste après, poussée par le nouveau venu et ce dernier entra
dans l’atmosphère confiné de la chambre de Josh. Lana fut très surprise de
voir la silhouette de Kelhan, son petit ami, avancer vers elle.
Lana : (surprise) Kelhan ?
Ce dernier, esquissant un large sourire, referma la
porte derrière lui alors que Lana s’empressait de se lever et de se diriger
vers lui. Arrivant à sa hauteur, Lana leva la tête vers lui – il était plutôt
grand. Le jeune homme, souriant, lui prit la main droite et lui déposa un doux
baiser sur ses lèvres adoucies. Pourtant, le baiser fini, Lana ne souriait
toujours pas, contrairement à Kelhan qui, regardant Lana, ne tarda pas à
devenir aussi sérieux qu’elle.
Lana : qu’est ce que tu fais là ?
Kelhan : je viens te soutenir … à moins que
tu ne veuilles pas de mon aide …
Il amorça un geste pour repartir vers la porte mais
Lana, serrant un peu plus sa main, le retint.
Lana : non, c’est juste que je suis surprise
de te voir !
Kelhan : j’ai un ami ambulancier qui m’a
expliqué qu’une jeune femme nommée « Lang » avait été inscrit dans le
registre … je suis donc venu voir pourquoi …
Lana finit par esquisser un petit sourire, regardant
son petit ami droit dans les yeux.
Kelhan : (des plus attentionnés) tu vas bien ?
Lana : (attristée) moi, oui, ça va …
Tenant toujours la main de Kelhan, elle se retourna
et dirigea son regard vers le lit de Josh, qui continuait de dormir, sous le
drap. Kelhan en profita pour se rapprocher de Lana et, se collant à elle, cala
sa tête contre la sienne.
Lana : … mais c’est Josh qui m’inquiète.
J’ai failli le renverser …
Kelhan ne comprenait pas. Pourquoi Lana se
sentait-elle si concernée si elle avait juste « failli » le renverser.
Kelhan : mais tu ne l’as pas touché ?
Lana se retourna vers lui, lui refaisant face. Elle
lui adressa d’abord un regard dur, implacable, avant de baisser le regard.
Elle se rendait compte que Kelhan ne pourrait pas comprendre.
Lana : non … c’est ça le plus étrange …
Ne pouvant supporter ce regard incompréhensif dégagé
par les rétines sombres de Kelhan dirigées vers Lana, cette dernière se
retourna de nouveau de se cala contre le torse de son petit ami. Celui-ci ne
tarda pas à poser une nouvelle question qui s’avérait assez gênante :
Kelhan : qu’est ce qu’il a alors ?
Lana : (simplement) les médecins ne savent pas
trop … depuis qu’il a heurté le sol, il ne se réveille plus … il est
dans un état très proche du sommeil à la différence prêt que rien ne le ramène
du royaume de Morphée …
Une nouvelle fois, Lana fit silence, observant le
corps inerte de Josh sans réellement le regarder. Elle comprenait maintenant
tout le mal qu’avait dû éprouver Clark à dissimuler son secret aux autres,
en essayant au mieux de se mêler à eux. Elle l’avait toujours trouvé étrange
mais rien ne l’aurait poussé à croire qu’il venait d’une autre planète.
Lana gardait désormais le même genre de secret : elle était la Gardienne la
plus précieuse de la Prophétie qui déciderait de l’avenir de la Terre. Dès
les premiers jours de son rôle, elle avait bien du mal à ne rien laisser
transparaître.
Après ce lourd silence, Kelhan comprit à quel point
Lana se sentait coupable. Aussi, serrant sa main droite, il força la jeune
femme à se retourner vers elle et à lui faire face, le regardant droit dans
les yeux. Il lâcha alors sa main et amena ses deux mains au visage de la jeune
femme, serrant amoureusement ses joues. Rapprochant son visage du sien, Kelhan
lui glissa ces mots aussi doux que le regard qu’il plongea dans le sien
Kelhan : tu n’y es pour rien, je le sais … même
si cela n’était pas de ta faute, tu ne pourrais faire de mal à personne …
Lana : (touchée) merci … mais j’aimerais
tant pouvoir l’aider …
Kelhan lui adressa un tendre sourire, destiné à
l’apaiser encore un peu plus. Mais, sentant que cela ne suffisait pas, le
jeune Ender approcha son visage de celui de la jeune Lang et déposa un tendre
et lent baiser sur ses lèvres. Lana le lui rendit et lui en donna un deuxième
, tout aussi délicat. Un troisième baiser s’en suivit, aussi touchant, avant
que tous deux ne retirent leurs lèvres, doucement, délicatement.
Kelhan : (alors que Lana rouvrait les yeux) tu
es l’être le plus attentionné que je connaisses, un véritable ange tombé
du ciel …
Lana ne put s’empêcher de sourire, touchée au
plus profond d’elle même par les paroles de Kelhan.
Soudain, alors que le bip sonore de l’ECG reprenait
sa place trois coups furent frappés à la porte, comme lors de la venue de
Kelhan. Lana répéta le mot « entrer » à l’identique de la première fois.
La poignée fut tournée et la porte poussée avant qu’une nouvelle silhouette
massive n’apparaisse : celle de Clark Kent. Kelhan lâcha le visage de Lana et
porta sa main gauche à la main droite de sa petite amie et entremêla ses
doigts dans les siens. Alors, il se retourna vers le nouveau venu. En se
reconnaissant, les deux jeunes hommes esquissèrent un petit sourire. Clark
baissa furtivement le regard et, malgré le fait que visiblement Lana cherchait
au mieux à les dissimuler, il aperçut la main de Lana, entremêlée dans celle
de Kelhan. Mais il ne regarda cette étreinte que pendant un court instant,
avant de relever les yeux vers le visage de Lana, à qui il adressa un sourire
forcé. Puis, de ce même geste délicat, il dévia son regard sur sa gauche et
posa le regard sur Josh, allongé, inerte.
Clark : (inquiet) qu’est ce qui s’est passé
?
Lana : attends, je vais t’expliquer …
Kelhan fut très surpris de la réaction de Lana
mais en raison de sa rapidité d’action et de l’état fragile dans lequel
elle se trouvait, elle ne fit rien qui aurait pu la contrarier. Elle se tourna
vers Kelhan :
Lana : tu peux veiller sur lui ?
Kelhan acquiesça d’un léger abaissement de la tête,
malgré le fait qu’il aurait aimé lui dire non. Lana, lui souriant, lui donna
un dernier baiser alors que Clark, faisant volte face, rouvrait la porte et
ressortait dans le couloir. Tournant le dos à Lana, il avança jusqu’au
centre du couloir et resta dans cette position jusqu’à ce qu’il entende la
porte se refermer. Devinant la présence de Lana, il se retourna finalement et,
plantant un regard glacial dans celui de Lana, répliqua de ce même ton froid :
Clark : pourquoi tu ne me parles pas devant
Kelhan ?
Lana fut une nouvelle fois frappée par le
comportement implaccable de Clark. Même en ayant mûri, il avait évolué à un
point qui était effarant. Elle préféra pourtant ne pas y prêter attention.
Lana : parce qu’il y a certaines choses
qu’il vaut mieux qu’il ignore
Clark : quel genre de choses ?
Lana : (regard intense) celles liées à ton
destin …
Clark comprit qu’il n’aimerait pas la suite de
cette conversation. Il n’avait toujours pas digéré le fait que Lana ait été
choisie comme Gardienne du Savoir. Il était déjà assez compliqué de la protéger
mais si elle était liée à sa mission, cela s’avérait presque infaisable.
Lana reprit, sérieusement :
Lana : sais-tu d’où viens Josh ?
Clark fut assez surpris par la phrase de Lana. Il
s’attendait plutot à un exposé sur l’accident que venait de subir Josh ou
à une explication sur cette lumière verte, qui brillait sous son torse.
Il répondit donc simplement, feintant de ne pas savoir
:
Clark : oui, il a été créé in-vitro par un
riche homme d’affaires
Mais Lana n’était pas dupe. En tant que Gardienne
du Savoir, elle renfermait la mémoire de Krypton. Clark ne parviendrait pas à
la bluffer ainsi.
Lana : non, je te parlais de ses véritables
origines … Celui qui a fait renaître Josh n’est pas son véritable créateur
… ses gênes ont traversés la galaxie …
Lana venait de mettre le doigt sur le mystère «
Josh SERVANT alias Ava-El ». Clark savait depuis des mois maintenant que Josh
s’appelait en réalité Ava-El et qu’il arrivait à entrer en contact avec
Jor-El. Plus récemment, il avait également découvert que Josh possédait un
pouvoir semblable au sien : celui de la vision thermique. Mais en réalité,
Clark n’en connaissait que très peu à son sujet. Aurait-il des réponses
aujourd’hui ?
Lana : il vient de Krypton, ta planète natale
… il s’est sacrifié avant même la destruction de Krypton afin d’assurer
ta survie. Son ADN avait été enfermé dans un alliage et envoyé sur Terre …
Son frère s’est assuré qu’un terrien parvienne à le faire renaître une
fois que tu serais arrivé ici, à Smallville …
Tout s’expliquait, alors. Clark avait vu juste.
Josh était loin d’être comme tout le monde. Il était en fait identique en
tous points à Clark, hormis le fait que lui, visiblement, savait ce qui
attendait Kal-El. Mais un point devait encore être éclairci, suite aux révélations
de Lana :
Clark : quel était le nom de son frère ?
Lana : Jor-El …
Les yeux de Clark s’écarquillèrent suite à
cette révélation. Jor-El était donc celui qui avait sacrifié son frère pour
l’envoyer sur Terre et assurer que Clark deviendrait un tyran. Quel père ou
frère pouvait faire cela ? Après cette soudaine haine envers son géniteur,
Clark comprit une autre chose, bien plus importante :
Clark : mais alors, Josh … est …
Lana : ton oncle, oui …
Clark dévia son regard sur la droite, cessant de
regarder Lana pour porter son regard sur la vitre. Malgré le flou dégagé par
le verre, Clark put voir distinctement le visage endormi de Josh, son oncle.
Cette révélation n’était pas sans conséquences, loin de là.
Lana : il s’est sacrifié pour te venir en
aide, pour être sûr qu’il ne t’arriverait rien … tu ne dois pas haïr
Jor-El pour cet acte, il n’y est pour rien …
Clark reporta son regard sur Lana, face à lui. Elle
le regardait avec une expression ferme, impassible. Jamais Clark ne l’avait vu
comme cela. Lana avait changée. Son voyage en France n’était peut être pas
le seul responsable.
Clark : Lana , comment sais-tu toutes ces choses
?
Lana : je les connais parce que mon rôle est de
les savoir …
Un nouveau silence s’installa. Clark avait
vraiment un mal inaltérable à accepter que Lana ait été choisie comme
Gardienne. Il n’osait réfléchir à ce qui lui arriverait le jour où il ne
ferait plus qu’un avec les espoirs de son peuple.
Lana reprit, feignant de ne pas lire les pensées de
Clark :
Lana : est-ce que le nom du « Sauveur » te dit
quelque chose ?
Clark : (se rappelant sa trop courte amitié
avec Yahlin) oui … il a forcé un de mes amis à se donner la mort …
Lana fut une fois de plus submergée par la glace
qui semblait habitée les rétines bleutées, aux nuances inhabituelles, de
Clark, qu’elle avait tant aimée. Malheureusement, si la Prophétie se réalisait,
ce genre d’acte ne serait qu’un avant-propos de ce qu’il serait capable de
faire.
Lana : et connais-tu son rôle dans la Prophétie
?
Clark : (fronçant les sourcils) tu parles de la
légende Kawache ?
Lana : non, la légende Kawache n’est qu’un
infime fragment de la Prophétie éditée par Råo et Sethi … je te parle de
la Prophétie énonçant l’avenir de la Planète, cette même Prophétie
annoncée par tes ancêtres …
Clark : (effarée) je ne connais pas cette Prophétie
…
Lana n’en revenait pas de l’erreur commise par
Jor-El. En voulant préserver son fils et en évitant de l’influencer, il lui
avait caché une partie indispensable de son voyage.
Lana : cette Prophétie annonce la lutte entre
les deux héritier, le fils de Råo et celui de Sethi … Ils embrasseraient
leur destin, lié par les pierres sacrées, le jour où elles seraient réunis
… tu vois de quelles pierres je veux parler ?
Clark : (mal à l’aise) oui … je possède le
cristal de l’ESPOIR …
Lana esquissa un sourire. Elle savait pourquoi. Lara
avait bien fait attention à ce que les Shamanes en prennent possession. De
cette façon, elle était certaine que Kal-El la possèderait à son tour, le
jour venu.
Lana : et je suis censée retrouver celui du
SAVOIR …
La fureur que dissimulait Clark jusqu’alors, derrière
ses rétines bleutées, éclata en un éclaire, d’une façon assez subite et
surprenante :
Clark : non, il en est hors de question !
Lana : (finissant sa phrase) … si Kal-El ne la
retrouvait pas à temps !
Clark se tut alors, comprenant que son avenir et
celui de Lana étaient entre ses mains. Seule sa volonté pourrait éviter à
Lana des dangers mortels certains.
Après un instant de silence assez pénible, Lana finit
par reprendre la parole, de cette même voix calme :
Lana : dans cette Prophétie, il est également
dit que le mal absolu se réveillerait le jour où le sang humain viendrait
souiller la pérénité de Krypton … le noir deviendrait inaltérable
jusqu’au jour où le fils y mettra fin … le vœux ultime de cette menace amènerait
souffrance et violence perpétuelles sur la troisième planète …
Clark se tut une nouvelle fois. Lana avait récité
ces paroles comme si elle les connaissait par cœur, comme si elles étaient
encrées au plus profond d’elle même.
Clark : c’est du Sauveur qu’elle parle ?
Lana : oui … et ce mal était présent dans le
Bois, ce soir …
Clark écarquilla les yeux, à l’idée de savoir
que le Sauveur se trouvait ici, à Smallville.
Clark : qui ? Le Sauveur ?
Lana : oui et j’ai bien peur qu’il ne soit
l’origine de l’état de Josh …
Clark allait répliquer à Lana, d’une façon des
plus interessées : il avait tant besoin d’en savoir plus à propos de la
Prophétie. Mais à cet instant, la porte du Box, dans le dos de Lana,
s’ouvrit à la volée et Kelhan apparut, le visage crispé par la terreur :
Kelhan : Lana ! Appelles un médecin, le cœur
de Josh s’est arrêté !
Le cœur de Clark et celui de Lana s’emballa au même
moment, à l’idée de savoir que Josh, l’oncle de Kal-El, pouvait perdre la
vie. A cet instant, Lana vit le Docteur Omen, plongé dans la contemplation
d’un dossier médical, dans ses mains, passer derrière Clark. Aussi, elle
contourna le jeune Kent par sa gauche et attrapa le bras du Docteur
Lana : Docteur ! Josh, il a fait un arrêt
cardiaque !
L’homme rejoignit Kelhan prêt de la porte et,
alors qu’il s’apprêtait à entrer dans la chambre, il se retourna vers
Clark :
Docteur Omen : (à Clark) vous ! Allez chercher
une infirmière !
Au moment où Kelhan, la dernière personne présente
sur le pas de la porte, se tournait vers la chambre, Clark disparut en
supervitesse, dans un coup de vent bruyant. Kelhan se figea sur place, se
retournant. Il regarda autour de lui, Clark avait disparu.
A quelques mètres de là, au bout du couloir, Clark
s’arrêtait en un éclaire devant un long bureau d’accueil, dans la salle
d’attente de cet étage. Les deuxinfirmières, dos tourné au jeune Kent,
discutaient avec joie.
Clark : hey vous !
Surprise, celle la plus proche de Clark, une belle
jeune femme blonde aux yeux verts, se retourna. Souriante, elle s’approcha de
Clark, d’un air charmeur.
Infirmière : oui ?
Clark : un jeune homme vient de faire un arrêt
cardiaque !
La jeune femme perdit son sourire. Au moment où
Clark quittait le bureau pour revenir vers le couloir, elle contourna le bureau
et le rejoignit. Après de longs mètres parcourus le long du couloir désert,
Clark tourna sur la droite, pénétrant dans la chambre de Josh. Le bip sonore
de l’ECG était désormais perpétuel, continu, alors que le Docteur Omen
essayait de la ramener à la vie, en lui faisant un massage cardiaque. Mais rien
y faisait. Clark rejoignit Kelhan et Lana, sur la gauche, prêt du pied du lit.
Lana avait pris la main de Kelhan, ayant besoin de soutien. La sentant trembler,
Kelhan caressait doucement le dos de sa main.
L’infirmière se dirigea vers le coin de la pièce,
face à Clark, Kelhan et Lana. Il tira le chariot de réanimation vers le lit et
tendit deux palettes électriques au Docteur Omen.
Docteur Omen : merci … chargez à 100 !
L’infirmière, visiblement peu sûre d’elle,
tourna le bouton « power » et celui du gradage des volts. Elle l’arrêta à
cent. Le plan se braqua alors sur le torse de Josh. Il était aisé de
comprendre la réaction de l’infirmière. La marque s’était refermée et la
lumière avait disparue. La courbe qui traversait la marque, en son centre,
semblait s’être allongée et avoir formée une pointe. Mais ce n’était pas
le plus horrible. Le sang avait cessé de couler et la peau blanche de Josh
avait viré au verdâtre, séparé en des plaques elles mêmes séparés par des
lignes cutanées blanches. Ses veines, atrophiées, s’étaient teintées
d’une couleur vert foncée.
Le Docteur applica les palettes sur le torse de Josh et
dégagea la charge. Le corps de Josh sauta. Son cœur était toujours inerte. Le
Docteur retira les palettes
Docteur Omen : chargez à 200 !
L’infirmière tourna un peu plus le bouton des
gradages. Le Docteur appliqua à nouveau les palettes sur le torse et dégagea
la charge. Une nouvelle fois le corps de Josh sauta mais son cœur resta stoppé.
Le Docteur répéta ainsi la scène, plusieurs fois de
suite. Mais, à l’instar de Clark, il avait bien vite compris que cela ne
servirait à rien.
Aussi, au bout de la cinquième décharge, il posa les
palettes sur le chariot de réanimation et se tourna vers l’horloge, contre le
mur de droite :
Docteur Omen : heure du décès : 20h29
Il se retourna ensuite vers le groupe de jeunes et
leur glissa un profond désolé qui sonnait sincère.
Clark braqua son regard sur le corps mort de Josh. Sa
peau redevenait blanche. Le Sauveur avait fait sa première victime.
Appartement
de Loïs LANE – Metropolis – 18h34
Adossée contre le bois blanc de la porte d’entrée,
Loïs, les bras tendus, eux aussi posés sur la porte, ne quittait pas des yeux
sa cousine, qui, immobile à plusieurs mètres, ne la quittait plus non plus du
regard. Une ligne semblait relier leurs deux regards bruns intenses, exprimant
pourtant une expression différente. Loïs ne comprenait pas l’attitude
surprenante de sa cousine et Chloé, elle, commençait déjà à imaginer dans
quel pétrin Loïs s’était encore mise. Bientôt, elle serait en danger de
mort, cela ne faisait aucun doute.
Ne supportant plus ce regard accusateur, pourtant assez
vide d’expression, que lui lançait Chloé, Loïs finit par lui lancer cette
phrase, en lui adressant un regard à la fois surpris et exaspéré :
Loïs : (agacée) quoi ??
Chloé sembla prendre conscience qu’elle fixait Loïs
depuis un long instant, sans dévier son regard. Aussi, il baissa les yeux et,
visiblement déçue, esquissa une curieuse moue de mécontentement. Elle répliqua
également, d’une voix faible, plus pour elle même que pour Loïs :
Chloé : rien …
Abasourdie, Loïs la vit se tourner vers les portes
vitrées de la terrasse et s’en approcher d’un pas pesant, assez lent. Elle
posa ses pieds nus sur le sol froid du balcon et, contournant la balancelle,
vint s’asseoir à l’intérieur. Toujours aussi exaspérée, Loïs leva les
yeux au ciel et soufflant bruyamment, s’écarta doucement de la porte, à
l’aide de ses mains. De cette même démarche lente, quasiment identique à
celle de Chloé, elle s’approcha des portes vitrées, passa entre elle,
contourna la balancelle et vint s’asseoir, doucement, à droite de Chloé, se
laissant tomber dans le confort des épais coussins.
Chloé, rongée par la peur et le désespoir, avait
braqué son regard droit devant elle, dans ce ciel devenu sombre, avec la chute
du soleil rouge vers l’horizon. Les nuages sombres, couvrant une horizon qui
aurait pu être magnifique, semblaient matérialiser les sombres pensées présentes
dans le cortex cérébral de Chloé. Loïs, plus terre à terre, n’observa les
nuages, couvrant l’horizon superbe, que de courtes secondes. Ne pouvant plus
cacher sa colère, elle reporta son regard sur le visage de Chloé, en apparence
calme et paisible. Pourtant, la lueur qui brillait dans ses yeux marbrés la
trahissait : jamais elle n’avait été aussi paniquée.
Loïs : je peux savoir ce qui t’arrives ?
Chloé aurait dû s’en douter. Même si elle était
devenue très forte, au contact de Lex, pour dissimuler ses émotions, elle ne
pourrait jamais berner sa cousine. Loïs la connaissait trop. Même sans faire
le moindre geste, sans dire le moindre mot, Loïs pouvait deviner ce que
ressentait Chloé, comme si un lien télépathique les reliait. Une sorte de gêne
familial commun assez étrange.
Aussi, baissant les yeux en faisant une grimace de déception,
Chloé répliqua d’une voix brisée :
Chloé : c’est rien je te dis …
Mais Loïs n’était dupe. Chloé n’avait pas
parue si triste depuis l’été qu’elle avait passé à Metropolis, après sa
deuxième année au lycée. Le souvenir douloureux du bal de fin d’année où
un certain Clark l’avait laissé en plein l’avait hanté durant toute la période
estivale. Et maintenant, elle espérait lui faire croire que ce n’était rien,
que les sentiments étaient morts alors qu’il s’agissait du même Clark Kent
qui avait tenu la main de Loïs, devant Chloé.
Loïs : tu te fous de moi ? J’ai vu comment tu
nous a regardé quand je lui tenais la main !
Chloé releva la tête et la tourna vers Loïs, lui
adressant un regard légèrement surpris. Chloé s’était efforcé de ne pas
s’attarder trop sur leurs mains pour ne pas se faire repérer, mais cela avait
quand même suffi à Loïs pour déceler sa réaction. Décidément, Perry avait
raison : Loïs était faite pour être journaliste, malgré ses réticences.
Feignant de se justifier, Chloé reprit la parole,
d’une voix qu’elle essaya de rendre la plus sûre d’elle possible :
Chloé : mais non, ce n’est pas ça qui me gène
! … C’est juste que je n’ai aucune confiance en lui !
Loïs ne serait jamais attendu à une telle
affirmation, après ce qu’elle avait prétendu pendant que Clark était présent.
Aussi, lorsqu’elle répliqua, elle prit un ton assez étonné :
Loïs : et tu le considères comme un « ami »
?
Chloé cligna des yeux, sous l’intensité du
regard que lui lançait Loïs. Il était vrai que cela pouvait paraître étrange,
vu la scène qui venait de se dérouler sous leurs yeux. Pourtant, dans
l’esprit de Chloé, tout était claire, plus que cela ne l’avait jamais été.
Baissant les yeux, elle finit par se justifier, évitant le regard de sa cousine
:
Chloé : il l’était … jusqu’à ce que je
ne découvre certaines choses à son sujet …
Loïs comprenait lentement à comprendre. Mais si
Chloé était passé d’un amour assez fort à une méfiance toute aussi obstinée,
cela voulait dire que ce secret devait avoir de grandes répercutions.
Chloé : Clark est quelqu’un d’à part
Loïs : (souriante, repensant à ses moments
auprès de Clark) j’avais remarqué …
Mais à ces paroles, Chloé releva un regard dur,
presque glacial vers Loïs. Elle ne pouvait laisser Loïs croire à ce
qu’elle-même avait pensé voir en surface. Le visage angélique de Clark
dissimulait en fait une noirceur qu’il aurait été impossible de déceler,
d’ordinaire. Aussi, elle s’empressa d’ajouter, en regardant Loïs au plus
profond de ses yeux :
Chloé : oh non, Loïs ! Crois-moi, tu es très
loin de savoir ce qu’il cache … Clark n’est pas celui qu’il paraît. Il
… il est dangereux …
Chloé avait longtemps hésité avant de confier
cette partie à Loïs, car cela ouvrait les portes du secret qu’elle
dissimulait avec tant de mal. Mais c’était nécessaire, pour l’empêcher de
faire une lourde erreur qu’il serait difficile de réparer.
Loïs lui répliqua d’une voix qui démontrait
qu’elle ne voulait et ne pouvait y croire, pas après ce qu’elle avait vu de
lui :
Loïs : je crois que tu exagères, Chloé ! Bon
ok, il est un peu bizarre, mais ça se comprend … il …
Chloé : (l’interrompant) son secret est plus
sombre que tu ne le crois !
A cet instant, Loïs se braqua comme elle en avait
l’habitude quand on la vexait. Pourtant, cette fois elle n’était pas
personnellement concernée. Mais la façon dont Chloé parlait de Clark la
blessait elle, pour elle ne savait quelle raison. Comme si, d’une manière ou
d’une autre, elle était liée à lui, à son âme, à son avenir.
C’est pour cela qu’elle reprit la parole sur un ton
ouvertement accusateur :
Loïs : oh tu sais, niveau secret je suis habituée
! Avec Papa et toi, y’ a de quoi faire !!
Touchée par les paroles de Loïs, blessantes à
souhaits, Chloé lui adressa son regard le plus attentionné, le plus tendre
qu’elle puisse dégager, à l’aide de ses rétines douces :
Chloé : Loïs, on en a déjà parlé !
Mais son regard, bien que très touchant, n’altéra
en rien la colère éprouvée par Loïs en cet instant. Elle répliqua de la même
voix furieuse :
Loïs : non, j’ai parlé et tu m’as écouté
! … Enfin, quelle raison peut être assez valable pour s’associer à Lex
Luthor !
Redevenant sérieuse, Chloé baissa les yeux et
reprit, d’une voix visiblement des plus désolées :
Chloé : je crois que sauver des vies en est une
assez valable ! Parfois, on a pas le choix Loïs !
Mais ce fut à ce moment précis que la fureur de Loïs
atteint son paroxysme, ne supportant pas cette faute mission que Chloé semblait
s’imposer.
Loïs : (criant) on a toujours le choix, Chloé
!
Chloé : (relevant la tête, regard dur) non,
pas toujours ! Toi tu l’as, profites-en !
Ne supportant pas l’esprit « donneuse de leçons
» que semblait s’attribuer sa cousine, qui changeait de jours en jours, Loïs
se leva brusquement et, sous le regard surpris de Chloé, alla jusqu’à la
rambarde, au bord du balcon. Alors, posant ses mains dessus, elle abaissa son
regard vers le bas de la tour. Regardant les véhicules, formant des points de
couleurs infiniment petits, Loïs laissa le bruit régulier de leur moteur
arriver jusqu’à ses tympans, alors qu’elle soufflait, énervée.
Peu de temps après, elle sentit plus qu’elle
entendit, Chloé approcher et finalement la vit s’arrêter sur sa gauche. Elle
aussi, baissant les yeux vers l’avenue Landing, au bas, décida de poser ses
mains sur la rambarde.
Puis, d’une voix apaisée, elle reprit :
Chloé : (fixant l’avenue, au bas) Clark est
l’origine et l’objet de mes cauchemards …
Loïs sentit perceptiblement le rythme de son cœur
accélérer, suite à cette révélation subite. Aussi, levant la tête
brusquement, elle la tourna vers Chloé, sur sa gauche et reprit, d’une voix
abasourdie, la regardant alors que Chloé ne bougeait pas.
Loïs : quoi ??
Chloé garda son regard basculé vers le bas, ne
pouvant tourner la tête vers Loïs. Jamais elle n’aurait dû apprendre ce détail
mais vu la direction que prenait leur conversation, elle avait peur que sa
curiosité ne la mène à sa perte.
Chloé : je ne peux pas t’en dire beaucoup
plus mais Lex est le seul sur Terre qui soit assez puissant pour découvrir le
secret de Clark !
Loïs : (outrée) ah, parce que en plus tu enquêtes
sur lui ?
Chloé : (tournant la tête vers Loïs) je
n’ai pas le choix ! il le faut, c’est le seul moyen de l’éviter
Loïs : d’éviter quoi ?
Chloé : la fin du monde !
Ferme
des KENT – Smallville – 21h16
Grinçant de ce bruit qui devenait habituel, la
porte de la cuisine s’ouvrit lentement, poussée par la personne se trouvant
derrière : Martha KENT. La mère du jeune Clark portait un bac à linge, coincé
contre son flanc droit et tenait la poignée de la porte. Souriant radieusement,
en raison de sa bonne humeur, Martha ramenait ce bac dont le linge venait d’être
étendu à proximité de la grange. Elle referma délicatement la porte et avança
le long du petit muret, sur sa gauche. Un clame plat et une quiétude
inhabituelle règnaient dans la maison des Kent. Seul le bruit régulier de la
trotteuse, dans le cadran de l’horloge, se faisait entendre, dégageant un
effet assez stressant. N’y prêtant pas attention, Martha avança jusqu’au
corridor, plus loin et s’apprêta à gravir les marches de l’escalier,
menant à l’étage. De cette même attitude enjouée, Martha en gravit les
marches afin de parvenir rapidement à l’étage, où se trouvaient les
chambres de Clark et de son mari et elle même, ainsi qu’une petite salle de
bain située au fond du couloir, à droite. Martha émergea enfin dans le
couloir et posa son regard instinctivement sur le fond du couloir. Son
expression enjouée en fut alors quelque peu altérée : elle ne se rappelait
pas d’avoir laissée la porte de la salle de bain et encore moins d’en avoir
laissée la lumière allumée. Mais ce qui accéléra le rythme cardiaque de la
mère adoptive de Clark fut ce qui lui apparut sur sa droite. En effet, au
travers de l’entrebaillement d’un porte restée entrouverte, Martha put voir
une partie de l’espace réservé à Clark : sa chambre. Sur le lit, Martha vit
un sac de voyage, ouvert, prêt à l’emploi. Sentant l’affolement
s’immiscer peu à peu en elle, Martha laissa le bac tomber sur le sol et,
d’une attitude assez lente, poussa cette porte et pénétra dans l’antre de
Clark, afin de savoir si elle avait vu juste. Elle n’avança que sur trois
petits pas, ravagée par ce qu’elle vit : le sac était bel et bien ouvert et
l’armoire de Clark, sur la gauche, avait été vidée. Les vêtements de son
fils étaient posés tout autour du sac, sur le lit, attendant visiblement d’être
rangé.
Tout juste quelques secondes plus tard, Martha sentit
une présence la frôler avant de voir la silhouette massive de son fils, habillé
d’un maillot de corps rouge, passer sur sa droite. Sans un mot, il avança
jusque devant son lit et, le dos tourné, posa des produits de toilette au
milieu des vêtements. Agissant comme s’il était seul dans sa chambre, Clark
se mit à mettre ses vêtements dans sa valise en supervitesse. Effarée devant
une telle attitude désinvolte, Martha s’empressa de lui demander, d’une
voix froide et hallucinée :
Martha : où tu vas ?
La réponse de Clark ne se fit attendre que de
courtes secondes. Pourtant, il ne se retourna pas, il continua de ranger ses
affaires. Martha avait l’impression d’être en présence de quelqu’un
d’autre que son fils.
Clark : à Metropolis …
Sans autre précision, il s’affaira à ranger de
nouveaux vêtements, sans un geste signifiant qu’il avait une quelconque
compassion pour sa mère. Cette dernière, ne voyant pas son visage, n’aurait
su dire si celui à qui elle essayait vainement de parler était son fils, le
compatissant Clark Kent et Kal-El, le fils tyrannique de Jor-El.
Aussi, agissant dans la même optique que précédemment,
Martha reprit d’une voix effarée :
Martha : à Metropolis ?! … mais … pourquoi
?
Alors qu’il rangeait ses derniers vêtements,
Clark répondit, de ce même ton égal :
Clark : parce qu’il est temps que je partes
… que j’embrasse ma destinée …
Martha avait de moins en moins de doutes. Celui à
qui elle était en train de parler ne semblait rien avoir en commun avec le fils
qu’elle avait élevé toutes ces années.
Clark : (rangeant ses produits de toilette)
Jor-El avait raison, une destinée colossale m’attend …
Cette fois s’en était trop : Martha ne pourrait
jamais laisser quiconque dire que son fils deviendrait le tyran qui gouvernerait
la Terre par la force, tel un Luthor. Elle savait qu’il était bon et qu’il
sauverait des milliers de vie.
Clark referma bruyament la fermeture et hissa le sac,
plein, à son épaule droite. Au moment où Martha allait lui rétorquer
violemment, Clark se retourna vers elle et dévoila un visage bienveillant,
souriant. Son regard bleu était aussi doux et attendri qu’un enfant. Seule
une maturité nouvelle semblait l’habiter. Clark semblait souffrir
terriblement de cette décision. Martha se rendit compte que Kal-El ne contrôlait
pas son fils mais que le jour qu’ils avaient tant redouté était enfin arrivé
: Clark allait embrassé son destin de héros. Lentement, il avança vers elle
et finit sa phrase :
Clark : mais ce sera un destin en concordance
avec la façon dont les meilleurs parents du monde m’ont éduqué …
Il avança jusqu’à s’arrêter devant elle et
planta son regard d’une clarté celeste dans ce regard doux, maternel, qu’il
affectionnait tant, depuis ces nombreuses années. Il se rappelait ces moments
difficiles qu’il avait vécu, avec Lana, avec Leyana, avec Pete … A chaque
fois, un seul regard, une seule parole suffisait. Pourtant, désormais, il
n’en aurait plus besoin. Il était devenu un homme.
Clark : je sais ce qu’on attend de moi,
maintenant … je suis celui qui amènera la paix …
Martha se rendait compte du poids énorme que Clark
était en train de prendre sur ses épaules. Même avec tous ses pouvoirs, il
n’en demeurait qu’un adolescent de 19 ans. Il prit la main de sa mère délicatement,
tous regardant ce geste.
Martha : tu ne devrais pas avoir à prendre le
poids du monde sur tes épaules …
Clark figea son sourire. Il comprenait les inquiétudes
de sa mère, elles étaient compréhensible. Et il savait aussi combien il
serait difficile de lui faire comprendre. Mais quelque chose en lui lui montrait
la voie. Il savait que ce moment l’attendait depuis sa naissance, peut être même
bien avant cela.
Clark : quand on a des capacités hors normes,
il faut savoir faire des sacrifices ... celui-ci sera certainement le plus dur,
mais il sauvera de nombreuses vies
Martha garda de longues secondes son visage fermé,
à l’idée de savoir les sacrifices énormes que feraient son fils. Pourtant,
elle ne pouvait être que fier de lui : Clark s’apprêtait à devenir le plus
grand héros de tous les temps.
Aussi, relevant la tête, Martha esquissa un large
sourire.
Martha : ton père sera fier de toi …
Clark : (radieux) je ne serais que le reflet de
mon père …
Et Martha accentua encore un peu plus son sourire.
Jamais elle n’aurait pensé un jour, pouvoir être aussi fier de l’enfant si
spécial qu’elle avait élevé, dans les bons comme dans les mauvais moments.
Alors, Clark lâcha sa main et porta ces deux mains aux
joues de Martha, qu’il étreignit. Il déposa alors un doux baiser sur son
front, alors qu’elle fermait les. Après de longues secondes et tandis que
Clark tenait toujours son visage dans ses mains, Clark lui dit ces ultimes mots
:
Clark : je reviendrais, je te le promets …
Martha esquissa alors le plus beau sourire qu’elle
pouvait, espérant que Clark s’en souviendrait dans les moments sombres de sa
vie à venir.
Clark finit alors par la lâcher et, d’une démarche
assurée, la contourna par la droite et sortit dans le couloir.
Martha, quant à elle, resta de longues secondes
seules, regardant droit devant elle. Le moment où elle avait trouvée Clark près
de son vaisseau, en 1989, semblait n’être qu’hier. Pourtant, son fils avait
19 ans.
La caméra quitta Martha et rejoignit Clark qui
descendait les dernières marches de l’escalier. Il traversa le court corridor
et entra dans la chaleureuse cuisine. Il longea le muret et ouvrit la porte,
avant de sortir sur le perron. Alors, il s’arrêta au bord des marches, le
visage baissé sur le sol. La caméra fit alors un gros plan sur son visage :
armé d’un sourire diabolique, Clark releva lentement la tête, ses yeux
exprimant une froideur implacable.
Dans la chambre, Martha fut arrachée à sa rêverie.
Au moment où une lueur noire, aux nuances bleutées, traversait la manche de
son T-Shirt, une douleur incommensurable s’emparait de son avant-bras : la
marque de pacte passé avec Jor-El se réveillait dans ce moment fatidique.
Kal-El s’était jouée d’elle. Dans un effet visuel flou, la caméra montra
ainsi Martha, le bras meurtri par la douleur, la lueur l’enveloppant, sortir
difficilement de la chambre de Clark et Jonathan, dans la grange, près de l’établi,
lui aussi endolori par sa marque sur l’avant-bras, la même lumière
l’enveloppant.
La caméra revint alors à Kal-El, sur le perron, qui
souriait atrocement. Alors, d’un geste vif, il brandit son bras droit, tendu
devant lui.
La caméra montra alors le rez-de-chaussée de la
grange, dans lequel Jonathan, un casque de protection sur la tête, souffrait le
martyr, affalé sur l’établi. Une lueur bleu foncé, sur sa gauche, attira
son attention. Lorsqu’il leva la tête, ses yeux s’écarquillèrent : à
mi-hauteur, en plein centre de la grange, une lueur d’un bleu éclatant
semblait lui confirmer que quelque chose allait prendre un tournant radical. La
lueur bleue envoutante irradiait un objet pyramidal, à trois faces, fait d’un
alliage noir lisse et luisant. Une inscription Kryptonienne, représentant l’ESPOIR,
était gravé sur l’une des faces et brillait, elle, d’une lueur d’une
blancheur immaculée : il s’agissait du cristal de l’ESPOIR, désormais réveillé.
Un nouvel effet visuel montra les trois membres de la
famille Kent dans leurs actions respectives : Martha approchant, le bras meurtri
par la douleur, de la fin du corridor ; Jonathan fixant le cristal et effaré et
Kal-El, sur le perron, qui intensifia sa concentration. A cet instant, l’image
ne montra plus que Jonathan et Martha. Un sifflement strident, d’ordinaire
familier à Clark, s’éleva dans leur tête, brisant leurs tympans. Tous deux
plaquèrent leurs mains sur leurs oreilles, fermant également les yeux, alors
que Kal-El restait insensible.
Malgré la douleur intense qui traversait la cavité de
son cerveau, Jonathan ne put ignorer le soudain sifflement, semblable à une
rafle de vent, qui lui frôla le visage avant qu’il n’entende, dans son dos,
un bruit de bois cassé assez surprenant. Aussi, sous le coup d’un réflexe,
le cœur battant, Jonathan rouvrit les yeux et, gardant les mains braquées sur
les oreilles, releva légèrement la tête : le cristal de l’ESPOIR avait
disparu. Enlevant ses mains de ses oreilles, Jonathan se retourna alors d’un
geste brusque vers l’établi et comprit ce qui avait produit le bruit de bois
cassé : la paroi murale en bois, derrière l’établi, avait été traversée
par le cristal fendant l’air, créant une petite brèche en plein milieu. La
caméra fit un plan sur Jonathan effaré, de dos, fixant la paroi trouée.
L’image suivante montra à nouveau Martha, figée
contre le mur du corridor, son visage exprimant une douleur incommensurable, ce
sifflement était insupportable. Quand soudain, à son tour, elle entendit une
rafle de vent passer devant elle alors qu’un sillon de lumière bleue lui frôlait
le visage. Un bruit de verre cassé se fit entendre avant que les débris de la
vitre, encrée dans la porte de cuisine, ne tombe sur le sol.
La caméra s’interessa alors à Kal-El, sur le
perron. Le bras tendu, il saisit d’un geste ultra-rapide le cristal lumineux,
au moment où il passait sur sa droite. Au moment où sa main musclée se
referma dessus, l’irradiation s’éteignit et le cristal redevint noir. Du même
coup, Martha entendit le sifflement strident s’interrompre. Restant un instant
à fixer la porte de la cuisine, au travers duquel Martha avait vu le cristal
passer, la mère de Clark semblait ailleurs, surprise par cette interruption
soudain, comme si cela était inespéré. C’est à cet instant que son cœur
s’emballa de nouveau, au moment précis où elle se rappelait pourquoi elle se
trouvait dans ce corridor : elle devait empêcher Clark de partir. Aussi,
reprenant sa course effrénée, elle entra dans la cuisine, et longea le muret.
Elle posa sa main sur la poignée ronde, la tourna et ouvrit la porte. Un coup
de vent prodigieux se fit entendre à cet instant, révélant que Martha
arrivait trop tard. Malgré tout, elle avança vers le bord des marches et, son
rythme cardiaque atteignant son paroxysme, caressa du regard la longue allée
goudronnée qui menait de la maison à la départementale : un sillon de couleur
rouge la parcourait, à une vitesse défiant toute logique. Il était trop tard.
Clark, sous l’influence de Kal-El, était parti. Elle ne le reverrait peut être
plus. Aussi, dans une tentative désespérée, sentant les larmes émerger au
coin de ses yeux brillant, Martha hurla à la mort :
Martha : CLARK !!!
Ce cri désespéré, un cri venant du plus profond
des entrailles cardiaques d’une mère, se fit entendre jusque dans la grange.
Jonathan, qui jusqu’alors fixait la paroi trouée sans s’en détacher, comme
captivé par sa contemplation, détacha alors son regard d’un geste brusque.
Il ne s’attendait pas à tel acte, malgré le fait que cela confirmait ses
peurs les plus profondes, remontée à la surface au moment où la marque du
Pacte s’était réveillée, de façon plus que virulente. Il se tourna vers
l’entrée de la grange, sur la droite et posa son regard sur le sol poussiéreux,
où la lumière du soleil laissait place à l’ombre provoquée par la
structure boisée. Le regard vidé de toutes expressions, il commença à se
demander si la descente aux enfers, suite à la mort, ne commençait sur Terre,
avant que la vie ne s’arrête.
Il resta ainsi, de longues secondes, à contempler le
sol, sans jamais ciller des yeux. Il savait qu’une seule solution pouvait
arranger les choses, une décision, une seule, pourrait ramener son fils. Un
seul sacrifice pour deux vies à nouveau heureuse.
Après de longues et interminables minutes, il avait
fait son choix. Jamais il ne pourrait vivre heureux en sachant son fils esclave
de la volonté du diable en personne. Aussi, il se retourna vers l’établi,
sachant ce qu’il lui restait à faire. Au moment où il s’accroupissait, des
bruits de pas précipités se firent entendre, avant de s’interrompre. Martha,
en larmes, venait d’entrer dans la grange.
Martha : Jonathan !
Martha, avançant vers lui d’une démarche rapide,
s’arrêta, le voyant remonter sa grande boîte à outils en fer rouge et la
poser sur le dessus de l’établi, en balayant de la mains les quelques outils
posés dessus. Martha savait ce que Jonathan pouvait chercher dans cette boite,
c’est même cette raison qui la poussa à l’interroger, surprise.
Martha : qu’est ce que tu fais ?
Martha s’arrêta à trois mètres de son mari,
paniquée à l’idée de ce qu’il allait entreprendre. Elle le vit, comme
elle l’avait pensé, ouvrir le tiroir du bas de la boite et retirer un chiffon
blanc, crasseux. Délicatement, après l’avoir posé sur la paume de sa main
gauche, il en déplia chaque coin, révélant un objet d’origine
extra-terrestre, posé à l’intérieur : la clé ovale, semblable à un galet
blanc, frappé de spirales de symboles Kryptoniens noirs.
Jonathan : je fais la seule chose qu’il reste
à faire …
Jonathan retira le chiffon et non sans appréhension,
mit la clé ovale dans l’une des poches avant de son jean. Il releva alors la
tête, regardant à nouveau la breche, dans le mur. Ceci lui rappela alors à
quel point la situation était critique.
Martha : tu ne peux pas le faire ! Si tu
t’interposes, il te tuera !
Jonathan laissa toute sa frustration éclatée, sous
forme d’une colère éprouvée à l’égard du père biologique de Clark
depuis tant d’années.
Aussi, il se retourna vivement vers sa femme, la fixant
dans ses yeux embués de larmes.
Jonathan : je suis mort un peu plus chaque jour
depuis la pluie de météorites !!
Martha laissa alors une larme se déverser de son œil
claire et rouler lentement le long de sa joue jusqu’à venir caresser le bord
de ses lèvres. Attristée par cette attitude, Jonathan se rapprocha d’elle et
prit son visage dans ses mains, plongeant un regard amoureux dans le creux de
ses rétines.
Jonathan : il m’a donné un laps de temps
supplémentaire pour la seule raison de l’aider à transformer Clark en
monstre … je l’ai trop longtemps laissé faire, il est temps de faire un
sacrifice !
Martha sentit alors une vague de larmes la
submerger, elle savait que ce jour menaçait d’arriver dès le moment où
Clark avait entendu la voix de Jor-El, dans le v aisseau. Et ce jour fatidique
était arrivé : Jor-El brisait leur famille. Alors que sa détresse se
manifestait de façon indéniable, Martha ne put s’empêcher de baisser la tête
: son mari, l’homme qu’elle aimait plus que tout au monde, s’en allait
certainement pour toujours.
Ne supportant pas son regard blessé, Jonathan la força
à relever la tête et à le regarder droit dans les yeux. Alors, tirant les
traits de son visage quinquagénaire en une expression enjouée, Jonathan lui
glissa ces mots sincères, d’une voix voluptueuse :
Jonathan : j’ai eu une vie que beaucoup
peuvent m’envier : j’ai eu une femme merveilleuse, un fils unique au monde
et un sursis inespéré … nous savions tous les deux que viendrait un jour où
il faudrait faire avec la douleur. Ce jour est arrivé. Mais je veux que tu sois
forte, Martha. Je veux que tu affrontes chaque jour comme si tu n’avais pas
mal …
Martha avait dû mal à croire qu’elle y
arriverait, sans son mari. Pourtant, il devait penser qu’elle y arriverait,
sinon quoi lui même ne serait pas sûr d’arriver à faire ce que bon lui
semblait.
Aussi, laissant deux nouvelles larmes couler sur son
visage, Martha esquissa un large sourire, auquel Jonathan répondit. Ravi
qu’elle essaye au moins de lutter, Jonathan se pencha vers elle et, déposant
ses lèvres sur les siennes, échangea trois baisers passionnés, sonnant comme
les derniers. Décollant les lèvres de celle de Martha, il lui glissa ces dernières
paroles :
Jonathan : Je t’aimerais à jamais, Martha …
Il la regarda un court instant dans les yeux puis,
ne resistant pas à la tentation, lui donna un ultime baiser. Puis, ceci fait,
le coeur brisé, Jonathan lâcha son visage, la contourna par la droite et se
dirigea vers la sortie. Restant un instant seule, de dos, au moment où de
nouvelles larmes couler sur son visage humide, Martha se retourna enfin, juste
avant que Jonathan ne sorte. Ses deux hommes étaient partis et peut être
Martha n’en reverrait plus jamais un.
Grottes
Kawache – Smallville – 21h43
Les poings serrés, la démarche assurée, le bruit
de ses pas résonnant contre les parois rugueuses incrustées de peintures
rupestres, Jonathan Kent, sentant la clé ovale contre sa cuisse, dans la poche
de son jean, laissait le faible faisceau lumineux, circulaire, de sa lampe
torche éclairer le sol dur et poussiéreux des grottes Kawache. Ainsi,
analysant le chemin sillonnant les étonnantes grottes, Jonathan voyait la voie
à suivre se révéler à ses yeux, persuadé que le rythme effréné de son cœur
devait se répercuter en écho dans la totalité de ce lieu mystique
qu’affectionnait tant son fils, Clark, depuis qu’il les avait découvertes,
deux ans plus tôt. Pourtant, à cet instant, Jonathan aurait aimé par dessus
ne pas avoir à se rendre à l’intérieur, persuadé que son entreprise allait
le mener à sa perte. Bien sûr, tel était son choix. Clark, sous l’influence
du maléfique Kal-El, était parti pour Metropolis, de façon définitive et la
seule façon de le ramener à la réalité se trouvait à l’intérieur des
parois, cela ne faisait aucun doute.
Soudain, le faisceau de lumière, qui commençait à
donner des signes de fatigue évident, éclaira le bas creusé, d’une paroi
rocheuse fermant l’accès du couloir jalonné le long duquel Jonathan marchait
depuis de longues minutes. A cet instant, il se tourna sur sa gauche, afin de
faire face à l’entrée de la salle où était inscrite la légende de Naman
et Saguis. Une entrée creusée de la main des hommes de la LuthorCorp, suite à
l’achat des grottes par la firme dirigée à l’époque par Lionel Luthor.
Ainsi, une ouverture à l’armature ovale avait été creusée au mortier, au
bas du mur, sur une hauteur de trois mètres. N’y prêtant pas attention plus
ça, Jonathan avança jusqu’au centre de la grotte, se tournant vers la paroi
située sur la gauche. Un peu plus loin vers le fond de la grotte, se trouvait
un rocher pointu, planté au centre de la salle, à l’intérieur duquel Jor-El
avait enfermée la pauvre Kaliya, sœur shamane de la défunte Kyla.
D’un calme effarant en raison de ce qu’il
l’amenait, Jonathan jeta sa lampe torche sur le sol, sur sa droite. Elle roula
sur le sol granuleux et ne s’arrêta qu’au bas de la paroi rocheuse.
La caméra revint vers Jonathan. Levant la tête vers
le plafond, le fixant intensément, Jonathan hurla :
Jonathan : Jor-El ! Activez ces grottes, j’ai
à vous parler!!
Mais le son de sa voix se perdit dans un écho
interminable dans les hauteurs difficilement définissables de la grotte. Rien
autour de lui ne semblait indiquer que Jor-El avait l’intention de lui répondre.
Chacune des peintures restaient figée, aucune lumière ne s’en dégageait,
pas la moindre brise de vent.
Mais cela ne surprenait pas Jor-El. Si Kal-El avait
pris le contrôle de Clark, il ne devait pas y être étranger. Il aurait donc
été surprenant de constater qu’il veuille entrer en contact avec Jonathan,
lui qui voulait rétablir la situation précédente. Jonathan réitéra pourtant
son appel, de cette même voix calme mais forte :
Jonathan : Jor-El !! ... je sais que vous êtes
là, quelque part ! … ne me forcez pas à user de mes pouvoirs !!
Mais même à cette menace, les parois murales,
inscrites de symboles en tous genres, restèrent de marbre. Jor-El ne semblait
porter aucune attention au fait que Jonathan puisse user de ses pouvoirs, remis
par Jor-El.
Jonathan baissa alors la tête, déçu et dit, d’une
voix basse, plus pour lui même que pour l’esprit de Jor-El enfermé dans les
grottes :
Jonathan : bien …
Aussi, Jonathan décida d’en venir à ce seul
pouvoir, en sa possession, qui pouvait l’amener à convaincre le père de
Clark. Il plongea sa main droite dans la poche de son jean et frôla le métal
de la clé ovale. Il referma sa main dessus et la sortit. Ceci fait, il tendit
ses doigts, de façon à révéler la surface bombée de la clé, couverte des
symboles. Puis, conscient qu’il lui faudrait une concentration totale,
Jonathan ferma les yeux, faisant le vide à l’intérieur de lui. Toute émotion,
positive ou négative, devait le quitter, sinon quoi il échouerait. Il respira
profondément, éjectant son souffle le plus calmement possible. Son esprit se
vida de toutes pensées, de tous soucis, seul le vide demeura et un intense de
paix. La douceur qui englobait son cerveau commença alors à descendre vers le
reste de son corps et à envelopper chacun de ses membres, tel un venin
particulièrement rapide et virulent. Bientôt, Jonathan se sentit si paisible,
tant en harmonie avec ce qui l’entourait, qu’il eut l’impression que ses
pieds allaient quitter le sol. C’est à cette instant, qu’il sentit un froid
glacial s’emparer de sa main droite, sur laquelle était posée la clé. Un
froid qui, à une rapidité encore plus accrue que la douceur, s’empara de son
poignet, puis de son avant-bras et arriva enfin à son épaule. Le phénomène
était parti pour s’emparer de tout son corps. Jonathan esquissa un sourire,
ravi d’avoir réussi. Il rouvrit les yeux.
Une étonnante lueur bleue lui apparut alors, semblable
à une fumée froide, mais d’un bleu dur assez surprenant. Les symboles
inscrits sur la clé brillaient intensément de cette couleur et, visiblement,
provoquaient cette fumée étrange qui enveloppait, en des filets fins subtiles,
le bras droit de Jonathan et commençait à entourer le haut de corps. D’une
rapidité déconcertante, elle arriva bientôt à ses jambes et à sa tête.
Jonathan savait pertinement que ce calme si apaisant n’était que le calme précédant
une tempête dévastatrice. Ce qui ne tarda pas à arriver.
Jonathan sentit une douleur ahurissante, semblable à
une brûlure des plus intense. Une nouvelle fois partant de son avant-bras
droit, cette douleur fut encore plus vivace que la précédente. Elle ne tarda
pas à s’emparer de tout son être et, bientôt , il crut sentir chacune des
particules de son métabolisme entrer en fusion et s’embraser d’une manière
des plus promptes. Son regard désormais baignée d’une peur panique assez
effroyable, Jonathan figea son regard sur la paroi rocheuse, un peu plus loin,
redoutant de ne pas être assez fort pour lutter. A cet instant, il fut pris de
spasmes violents, le faisant trembler de tout son être, jamais des convulsions
n’avaient parues aussi violentes.
La caméra s’écarta alors de Jonathan, afin de
filmer toute sa silhouette, en proie à un phénomène sans pareil. Tandis que
la silhouette de Jonathan était toujours en convulsion, une autre silhouette,
plus transparente, teintée de ce bleu dur, était en train de se détacher de
lui, restant pourtant attaché à lui, par les jambes. Contrairement à Jonathan
qui, le regard fermé mais endolori essayait de rester concentré, l’autre
silhouette, habillé d’une espèce de grande toge aux tissus larges, de
couleur claire et d’un large capuchon dissimulant son visage, se débattait
avec force, essayant visiblement de revenir en Jonathan. Mais celui-ci, tenant
le coup, était le plus concentré possible. Il prit une grande respiration,
ferma un instant les yeux puis, redoutant ce qui allait suivre, avança d’un
pas qui sembla très difficile. Tandis que la silhouette en toge se débattait
avec force, tournoyant sur elle-même, Jonathan avança ainsi de plusieurs pas
atrocement lents et vint faire face à la paroi comportant la serrure
octogonale. Alors, le père adoptif de Clark braqua son regard clair, endolori,
sur ladite serrure et enveloppa de toute son attention la fente. Ce qu’il espérait
depuis son départ de la ferme se produisit enfin :
Son esprit, mêlé à celui de la silhouette qui se débattait
pour rentrer dans son corps, força cette silhouette à agir pour son compte.
Ainsi, tel un zombie, la silhouette en toge se tourna elle aussi vers la serrure
et braqua son regard mystérieux dessus. Et, d’un geste très vif, il tendit
le bras tendu devant la serrure. Une lumière blanche éblouissante se dégagea
de sa paume, englobant la serrure. Peu après, chacune des spirales de symboles
entourant la serrure regorgèrent à leur tour de cette lumière et les spirales
se mirent à tourner sur la roche, lentement, chacune dans un sens inverse.
L’homme arrêta de tendre le bras et, de cette même attitude contrôlée par
Jonathan, posa sa main sur trois symboles tournoyant. Au moment où ses doigts
diaphanes heurtaient les peintures, les trois symboles se figeaient,
s’illuminant de la lueur bleue dur. A cet instant, une sphère de lumière
blanche, aveuglante, quitta le symbole situé au dessus de la serrure, représentant
un Cercle ainsi qu’un Baton vertical, sur sa droite et fonça vers Jonathan.
La lumière l’irradia et gagna l’ensemble de la grotte qui fut ainsi un long
instant impossible à observer. Puis, aussi soudainement, la lumière disparut,
au moment où la paroi était redevenue inanimée. Jonathan avait disparu des
Grottes Kawache, à son insu.
Mystake
Bar – Metropolis – Le lendemain – 10h08
Les sombres nuages gris, teintés de noir, qui
avaient couvert le ciel de Smallville, la veille, avaient complètement
disparus. Eux qui étaient apparus telle une allégorie des funestes sentiments
de Martha Kent, avait pourtant gardé leur place une grande partie de la nuit,
couvrant le cercle lunaire de la même manière qu’ils avaient assombris le
ciel ensoleillé de la petite bourgade du Kansas. Martha, en cette triste soirée,
avait perdu son mari, qu’elle aimait depuis que leurs regards s’étaient
croisés et son fils, Clark trouvé dans un champs, près d’un vaisseau
spatial, lors de la pluie de météorites de 1989. Emporté par l’essaim
diabolique de Kal-El, digne successeur de son père, Jor-El, Clark s’était
exilé vers Metropolis où l’attendait un destin sombre, enveloppé de morts
et de malheur. L’avenir de la planète s’en trouverait bien floue, désormais.
Mais ce temps, sombre et déprimant, avait heureusement
cédé sa place, aux aurores, à un ciel d’un bleu magnifique, auréolé
d’un cercle solaire aux éclats lumineux envoutant qui caressaient, de leur
chaleur enthousiasmante, les hautes cimes des tours de verre et d’acier du
centre de Metropolis. Seulement couvert par instant de fins cumulus blancs,
passant devant le soleil sous l’effet d’une légèrement brise, l’astre
solaire semblait en place pour une belle et longue journée d’un printemps
annonçant les prémices d’un été exquis.
Filmant jusqu’alors ce ciel ensorcelant de par ses éclats
sublimes, la caméra bascula vers le sol, sur lequel elle était installée.
Ainsi, replaçant son plan à la parallèle du sol, elle filma droit devant
elle, la grande terrasse d’un café, en bordure de la grande avenue Landing.
Dans le dos de la caméra, dans un bruit assourdissant, de nombreux véhicules
faisaient vrombir leur moteur en arpentant les larges voies de cette avenue à
double sens, l’un des principaux axes de circulations de la ville. Mais cela
ne semblait l’intéresser que modérément. Tandis qu’une foule non négligeable
se mêlait autour de la caméra, passant par instant devant l’objectif et que
l’entremêlent des voix se faisait plus fort par instant, la caméra se mit à
avancer vers la terrasse, arpentant une petite allée entre les tables rondes
bleues, entourées de chaises métalliques. Toutes, ou presque, étaient occupées
par des clients aimant déguster un cocktail rafraichissant, sous cette chaleur
devenant insupportable. On pouvait entendre des rires joyeux, des paroles au ton
surélevé ou encore cette faible brise, chaude, caresser les cheveux des jeunes
urbaines, leur minois couvert d’une paire de lunettes de soleil aux couleurs
tropicales.
La caméra tourna sur la droite, passa entre deux de
ces tables rondes et s’arrêta face à l’une d’elle, occupée par une
seule personne, une jeune femme.
Habillée d’un débardeur noir, aux larges bretelles,
la jeune femme avait un teint devenu bronzée, à force de sentir les rayons du
soleil caraméliser ses minces épaules à nu. Ce débardeur, s’arrêtant au
niveau de son nombril, révélait le bas de son bassin, tout aussi bronzé que
ses épaules et ses hanches minces et délicates. Elle portait un jean grisé
mettant en valeur sa silhouette mannequin. A son cou bronzé, était attaché un
fin collier en métal gris, dont le pendentif, invisible, tombait sous le tissu
de son débardeur. Ayant laissé ses longs cheveux brun claire tomber sur ses épaules,
la jeune Loïs Lane avait accroché des lunettes de soleil noir dedans, laissant
les rayons du soleil chaud s’y refléter, comme dans un miroir. D’une
attitude désinvolte, elle tenait l’extrémité de la touillette bleue, plongée
dans ce qui lui restait du cocktail vert, tropical, qui baignait dans le grand
verre transparent posé devant elle, sur la table ronde. Les jambes croisées et
pliées sous sa chaise, elle s’affairait, depuis de très longues minutes, à
frôler les contours de ce verre, essayant de faire passer le temps qui en
devenait interminable, à la longue.
Le matin même, Loïs avait eu l’heureuse surprise de
recevoir un appel grésillant de Clark, dont la voix semblait peu sûre
d’elle. Selon ce qu’elle avait compris de ses paroles faibles, il lui
donnait rendez-vous ici. Seulement, il avait déjà plus d’une heure de
retard.
Stoppant son geste alors qu’une idée traversait son
esprit, Loïs dévia légèrement son regard de braise, brun, du verre et le
porta sur un petit sac noir, posé à droite du verre sur cette même table. La
tentation était bien trop grande, surtout en cet instant. Aussi, lâchant la
touillette, Loïs amena sa main droite vers le sac, en ouvrit délicatement la
fermeture et écarta les deux parties du sac séparées par la fermeture. Ainsi,
elle révéla son contenu : un porte-feuille, un trousseau de clés, un briquet
et un paquet de cigarettes de couleur blanche et rouge. L’inscription, sur le
dessus, dévoilait les mots « Philip Morris ». Lentement, comme si une fore en
elle la poussait à ne rien faire, Loïs amena néanmoins cette main vers le
paquet de cigarettes. Puis, à l’instant où l’extrémité de ses doigts
effleura la surface lisse, couverte de plastique du paquet, elle sembla
reprendre contact avec la réalité. Alors, fixant la partie visible du paquet,
elle répliqua, à voix basse, pour elle même :
Loïs : tu vas pas te remettre à fumer pour un
vulgaire fermier ? Hein, Loïs, dis-moi ? …
Elle le quitta alors des yeux et, levant la tête
vers le ciel, vociféra, sur cette même voix basse, pour pas qu’on ne la
prenne pour une cinglée.
Loïs : raah ! J’en ai marre des mecs !!
Alors, en des gestes rapides et furieux, elle
referma la fermeture et décala le sac plus vers le bord de la table, sur la
droite, afin d’éviter toute nouvelle tentation. Elle reporta enfin son
attention à son verre, reprenant son geste, autour du verre.
Il se passa de nouvelles secondes pendant lesquelles Loïs
observa le léger contenu de son verre, tournoyer au fond du verre. Jusqu’à
ce que des éclats de rire, provenant de la droite, n’attirent son attention.
Quittant des yeux le verre, elle tourna la tête dans cette direction et posa
son regard sur la table voisine. Un jeune homme, la vingtaine, cheveux coupés
courts, noirs, faisait face à une jeune femme, cheveux longs, bruns. Tous deux
ayant le sourire aux lèvres, ils se regardaient droits dans les yeux, une aura
amoureuse les enveloppant. La jeune femme possédait elle aussi un grand verre
transparent, posé devant elle, dont le contenu atteignait ses dernière
gouttes. Les deux mains des jeunes gens étaient entremêlés, sur la tables,
leurs doigts se caressant mutuellement. Loïs aurait donné n’importe quoi
pour être à la place de cette jeune femme.
La vue de cette scène, idéale pour le couple, sembla
transformer son impatience chronique en une exaspération colérique impossible
à refouler. Aussi, elle ôta la touillette du verre et la posa sur la table, à
côté du verre. Elle en but les dernières gorgées et reposa bruyamment le
verre. Se levant, elle prit ensuite son sac et, d’un pas rageur, s’éloigna
de la table sans payer. Elle tourna sur la gauche, arpentant une des allées de
la terrasse et, arrivée à sa fin, tourna à nouveau à gauche, se mêlant à
la foule. Une fois de plus, Loïs avait fait une erreur monumentale, au sujet
d’un simple garçon. Après une histoire difficile, assez récente, elle avait
cru pouvoir soigner ses peurs en retombant immédiatement amoureuse. C’était
pour cette seule raison qu’elle s’était si subitement jeté dans les bras
de Clark. Une bourde qu’elle payait très cher, aujourd’hui.
Ainsi, d’un pas vif, ne prenant pas le temps de
s’excuser auprès des personnes qu’elle heurtait, Loïs avança le long du
trottoir avec pour seul objectif, la tour de verre dans lequel se trouvait son
appartement, au coin de la rue. Elle en voyait déjà la paroi vitrée, miroitée,
illuminer d’ici.
Quand soudain, dans son dos, une main forte lui attrapa
sa propre main droite et la retint vers l’arrière. Surprise, sur le coup de
la colère, Loïs se retourna, prête à frapper celui qui l’avait ainsi
attrapée.
Loïs : vous voulez que … je …(troublée)
… vous … aide …
Loïs faisait maintenant face à un homme,
d’environ un mètre quatre vingt, à la carrure impressionnante. Le maillot de
corps noir qui couvrait le haut de son corps allait à la perfection avec sa
chevelure épaisse elle aussi sombre, aux extrémités bouclées. Son regard,
d’un bleu d’azur implacable, fixait Loïs dans les yeux, alors qu’un petit
sourire se dessinait sur ses fines lèvres. Loïs faisait face à celui
qu’elle avait attendu depuis tant de temps : Clark Kent. Elle se rapprocha
lentement de lui, son visage se figeant étrangement. En regardant le visage de
Clark, toutes ses peurs, toute sa souffrance, toute sa colère disparurent. Elle
n’avait jamais rien ressenti de pareil, une pleinitude inaltérable. Comme si,
par la simple étreinte de leurs mains, il avait chassé tous les doutes de Loïs.
Le visage impassible, Loïs vint lui faire face et écouta Clark lui répondre
d’une voix enjouée, avec un sourire.
Clark : (entrant dans le jeu de Loïs) vous
pouvez peut être m’aider, oui … je cherche une jeune femme, magnifique.
Bon, un caractère insupportable mais elle est quand même agréable. Vous la
connaissez peut être …
Loïs mit un long moment avant de reprendre contact
avec la réalité. Elle ne faisait que regarder le regard bleu de Clark,
essayant de lire les réponses à ses questions dans les nuances claires qui
s’y mêlaient. Mais cela aurait été aussi complexe que de chercher une
aiguille dans une meule de foin.
Aussi, le visage sombre, elle baissa les yeux vers la
main de Clark et commença à caresser le dos de sa main, en regardant son
geste. Clark perdit bien vite son sourire, comprenant que quelque chose
n’allait pas. Baissant la tête pour essayer, en vain, de capter le regard de
Loïs, Clark reprit, d’une voix grave :
Clark : ça ne va pas ?
Loïs laissa un rire nerveux quitter sa gorge. Puis,
lentement, elle releva la tête et regarda Clark au plus profond de ses yeux,
sans un sourire.
Loïs : non, ça ne va pas !
Clark se demandait bien ce qui ne pouvait pas aller.
Il était très en retard, cela était vrai mais de là à ce que cela provoque
un tel choc en Loïs. Ce devait être autre chose, quelque chose de plus
profond. Quelque chose qui se serait révélé durant la période entre le
moment où Clark avait quitté Loïs à son appartement et celui où il
l’avait retrouvé, à l’instant même.
Clark : (doux) qu’est ce qu’il y a Loïs ?
Loïs : il y a nous deux ! Alors qu’il ne
devrait pas y avoir de nous !
Plus Loïs essayait d’expliquer à Clark et plus
celui-ci voyait son esprit s’embrumer.
Clark : je ne te comprends pas !
Pour la première fois, Loïs semblait plus sincère
et sérieuse qu’elle ne l’avait jamais été. Visiblement, ce sujet était
plus sérieux qu’il ne l’avait paru.
Loïs : on a été trop vite, beaucoup trop vite
! … je sors d’une histoire difficile, tout comme toi. Et quand je t’ai
rencontré, je n’ai pensé qu’à une chose : t’embrasser, sans savoir qui
tu étais réellement. Et après ce que Chloé m’a dit, j’ai peur de faire
les mêmes erreurs que la dernière fois !
Clark : (ton grave) qu’est ce que t’as dit
Chloé ?
Loïs se rapprocha encore de Clark afin de capter au
mieux son regard. Le fermier ne la comprenait pas. Elle lui disait qu’ils
devraient pas être ensemble et pourtant, elle continuait de caresser sa main,
comme si elle avait besoin d’affection passionnelle.
Loïs : ce qu’elle m’a dit n’a aucune
importance. Ce qui en a c’est que je ne veux rien précipiter !
Clark : (peu sûr de lui) tu veux dire que …
Loïs lâcha enfin la main de Clark et s’écarta légèrement
de lui. Alors que ses yeux devenaient légèrement brillants, elle lui adressa
son regard le plus tendre qu’elle put :
Loïs : je veux dire que je n’y suis pas prêt.
Et toi non plus je penses … Peut être plus tard ?
Clark resta sans paroles, il ne s’attendait pas du
tout à cette réaction. Pourtant il ne faisait aucun doute que cette décision
était mûre et réfléchie. Visiblement, tout comme lui, Loïs sortait d’une
relation très dure, qui devait l’avoir fait terriblement souffrir. Elle ne
voulait pas réitérer cette situation.
Loïs : pardonnes-moi, Smallville …
Puis, sans un sourire, Clark la regarda se retourner
puis s’éloigner, parmi les passants. La caméra, au moment où une nouvelle
souffrance s’insinuait en Clark, fit basculer son plan du visage marqué de
Clark, vers son avant-bras droit, à nu. Soudain, une trace noir apparut sur la
partie supérieur du muscle et, rapidement traça un 8 vertical. Puis, de cette
même manière surnaturelle, elle traça plusieurs lignes parallèles,
verticales, en dessous du 8. Lorsque la marque Kryptonienne, représentant «
CROISADE », eut apparue sur le bras de Clark, une lueur bleue la fit luire, au
moment où un changement hors normes s’opérait en lui. La caméra remonta
vers lui et filma à nouveau son visage, redevenu froid et dur, un regard
glacial braqué dans le dos de Loïs. Il disparut en supervitesse. [SLOWING DOWN
– Créant des ondes de vitesse sombre, en raison de la couleur de son maillot,
dans son dos, Clark fendit la foule et se rapprocha en une fraction de seconde
de Loïs. Il lui attrapa le poignet droit – FIN]. Loïs se retourna vers lui,
choquée par la violence qui saisissait son poignet. Lorsqu’elle vit Clark, le
visage dur, derrière elle, elle repensa aux paroles de Chloé et se demanda
instantanément, si elle n’avait pas raison, en fin de compte. Puis, la voix
froide de Clark, sous les traits de Kal-El, se fit entendre.
Kal-El : nos destinées sont liées depuis la
nuit des temps … même si ton esprit faible n’ose le croire, tu finiras par
te fier à l’évidence même …
Jamais Loïs n’avait vu un changement de caractère
aussi radicale. Le gentil Clark Kent, qui l’avait sauvée dans le restaurant,
semblait avoir laissé place à un monstre de cruauté qui pensait que Loïs lui
était dûe.
Loïs : (furieuse) mais t’es complètement
malade ! Lâche moi, tu me fais mal !!
Mais Kal-El fit tout le contraire. Il resserra
encore un peu plus son étreinte, forçant Loïs à hurler à pleins poumons,
sous les regards effarés des passants qui, pourtant, ne s’arrêtaient pas.
Kal-El : lorsque le signe te réveillera, tu
sauras …
Alors, une lumière bleue éblouissante jaillit
d’entre les doigts de Kal-El, le phénomène ne durant pourtant que quelques
secondes. Pourtant, Loïs put voir cette lumière assez nettement. Puis, il lâcha
enfin son poignet. Ahurie, Loïs baissa les yeux vers son poignet et vit, avec
effarement, qu’un cercle noir était apparu sur sa peau, de la même peinture
que celle qui couvrait désormais l’avant-bras droit de Clark. Au moment où
elle leva la tête, un brusque coup de vent se fit entendre. Lorsqu’elle posa
les yeux sur la place où se trouvait Clark l’instant précédent, elle ne vit
que la foule, qui passait autour d’elle.
Résidence
SETHI – Guizeh – EGYPTE – 23h57
Un ciel des plus sombre survolait les terres ensablées
de l’Egypte ancestrale. La lune, apparaissant dans sa moitié, éclairait de
toutes ses lueurs pâles le désert alentour, ce désert qui avait traversé des
générations, des millénaires depuis sa création, plusieurs millions d’années
auparavant. Pourtant il demeurait le même, chaud et aussi insaisissable que le
sable qui recouvrait ses terres. Tout, autour d’elle changeait, ou presque,
avec le temps qui s’écoulait mais son environnement, lui, demeurait. Les
nuages noires, allégorie d’un phénomène imprégné du mal absolu qui ne
tarderait plus à arriver, passaient régulièrement devant l’astre lunaire,
dissimulant par instant la douce clarté qui s’en dégageait. Pourtant, même
malgré cela, rien ne disparaissait. Ainsi, les trois pyramides qui rendaient
cet endroit mythique, demeuraient aussi visible que le ciel. Toutes trois
regroupées dans ce désert de sable chaud, tout comme le Sahara, elles
restaient identiques, malgré l’effet continu du temps. Construite avec une
pierre qui ne semblait pas souffrir des années, les pyramides restaient
immuables, identiques à celles qu’elles avaient été à l’achèvement de
leur construction, lors du temps de l’Egypte Ancienne. Une soudaine bourrasque
de vent, s’élevant de nulle part, caressa le sommet du sable et, dans son élan
étonnement doux, emmena une poignée de sable avec elle qu’elle força à
frapper la pierre de la plus grande des pyramides. A cet instant, au moment où
la caméra filma ce phénomène habituel, dans cette contrée, un flou visuel
permit de passer du plan filmant le bas de la pyramide, frappé par la
bourrasque à un autre plan, en contre plongée, filmant un lieu en tous points
différents.
En effet, rien n’aurait pu être plus éloigné que
ce soit des constructions de pierre en forme de pyramide. Le lieu qui se
trouvait devant la caméra n’était autre qu’une des luxueuses résidences
présentes dans la banlieue chic de Guizeh, ce coin de la ville regroupant
certaines des villas secondaires de nombre des grands de ce monde. Celle qui se
trouvait devant la caméra était, de loin, la plus moderne et la plus sublime.
Récemment acquise par la LuthorCorp, qui l’avait racheté à un de ses plus
grands ennemis, la Harry & Co, cette batisse ne semblait pas avoir grande
importance pour l’héritier Luthor, il n’y avait toujours pas mis les pieds.
Mais cela allait changer, c’était certain. Entièrement recouverte d’une
peinture blanche immaculée, la maison avait structure assez carrée, avec un
toit en V assez plat. Ses fenetres, bleu pâle, ressortaient très peu de la
structure tant la peinture claire attirait l’attention. Tout autour de la
maison, hormis devant, se trouvait une pelouse verte, semblable à un tapis de
billard. Il semblait évident que cette pelouse devait s’étirer loin derrière
la maison. Elle devait même très certainement mener jusqu’à une grande
piscine, à découvert. Un petit perron, couvert par un toit blanc, menait à la
porte d’entrée, restée grande ouvert ; surprenant. Trois marches
permettaient de descendre du perron et d’arriver sur le sol plat, goudronnée,
d’une petite allée sillonnant les pavés blancs qui martelaient le sol
immaculé. Cette allée, se séparant en deux un peu plus loin, faisait ainsi le
tour d’une imposante fontaine en marbre, d’une dizaine de mètres de haut.
En plein centre, la statue magnifique d’un ange, d’un blanc aussi magnifique
que les neiges d’Arctique, laissait l’eau jaillir de sa bouche grande
ouverte et de ses ailes pour ruisseler le long de son corps lisse et tomber dans
la cuve, au bas. Les deux allées goudronnées se rejoignaient finalement derrière
la fontaine afin de mener jusqu’au portail en fer bleu pastel, fermé. Haut de
deux mètres, il était suffisamment imposant pour empêcher quiconque de
vouloir passer par dessus.
Seul trois éléments choquaient, parmi ce paradis
terrestre constitué quelques dizaines d’années auparavant : les trois
berlines noires, aux vitres teintées, garées à la va-vite devant le perron.
Cela ne semblait pas bon signe. Il semblait évident que les passagers étaient
entrés dans la maison et que c’étaient eux qui avait laissé la porte
d’entrée ouverte.
Basée entre ces voitures, la caméra commença à
avancer vers les marches du perron et s’apprêta à les gravir quand soudain,
un bruit de crissement de pneus attira son attention, dans son dos. Aussi, sous
le coup du réflexe, la caméra fit volte face et dirigea son objectif vers le
portail, derrière la fontaine. Malgré la statue en plein milieu et les
barreaux du portail, la silhouette noire d’une nouvelle berline apparut,
faisant vrombir son moteur. Rapidement, les grilles coulissèrent et la voiture
put redémarrer en trombe. Elle contourna la fontaine par sa gauche et vint se
garer à coté des autres berline, en un nouveau crissement de pneus. Le moteur
fut coupé et la portière coté conducteur s’ouvrit. Une silhouette en sortit
au pas de course et se dirigea vers les marches du perron, après avoir contourné
son véhicule. La caméra filma l’homme dans son ensemble : il s’agissait de
Ian NASH, membre à part entière du projet NAMAN, initié par Lex LUTHOR, son
ami d’enfance. Habillé d’un jean grisé et d’une chemise légère noire,
il portait des lunettes de soleil sur son nez. Visiblement, il était pris
d’un sérieux des plus intenses, comme le faisait penser l’expression de son
visage. Il était ici pour une simple raison, une raison qui aurait des répercutions
à longs terme peut être dramatique. Mettant les lunettes de soleil sur le haut
de son crâne, il arriva enfin sur le perron et entra dans le corridor.
L’atmosphère chic de la maison apparut alors, baigné de blanc et de marbre.
Un long couloir, pourvu de portes fermées, à gauche et à droite, s’étendait
jusqu’au fond, à une bonne vingtaine de mètres. Au bout de ce couloir, une
porte était restée elle aussi ouverte. Ian savait qu’il devait se diriger
dans cette direction. Il démarra en courant et, de ce pas bruyant martelant le
sol dallé, se dirigea vers ladite entrée. Une volée de marche se présenta
alors à lui, menant à un sous-sol. Il posa son pied sur le première marche en
pierre grise et commença à descendre l’étroit escalier en colimaçon menant
au bas, qui se révéla interminable. Aucune lumière n’éclairait les lieux.
Ian devait faire appel à son toucher, pour ne heurter aucune paroi et ne rater
aucune marches. Enfin, après de longues secondes interminables, il put arpenter
un nouveau sol dur, plat.
La salle semblait très grande, malgré le peu de lumière
qui permettait de l’analyser. La seule source de clarté provenait d’une
lueur tremblotante, au fond de la salle. Cette lueur attira l’œil de Ian, qui
sut qu’il devait aller par là-bas. Aussi, reprenant son allure précipitée,
Ian avança vers cette lumière. Au passage, il jeta un coup d’œil autour de
lui. Il devait se trouver dans une grande cave. Le sol grisâtre supportait de
longues étagères, sur les côtés, dans lesquelles étaient rangées nombre de
bouteilles de vins qui, pour la plupart, devaient être très chères. Ian
arriva enfin au fond de la salle et fit face au mur, assez sale. Un trou
semblait avoir été creusé en plein milieu, au mortier. C’était de cette brèche
que sortait la lueur tremblotante qui devait se trouver derrière. Ian se pencha
en avant et passa au travers du trou, sentant le haut du mur râcler la peau de
son dos. Il put enfin se redresser, ayant pénétrer dans une nouvelle salle, très
restreinte. Trois silhouettes le regardaient se relever.
Celle de gauche n’était autre que Lucas Luthor, le
frère de Lex. Habillé de la même manière que Ian, il tenait une torche
enflammée, l’origine de la lumière tremblotante. Si l’on en coyait les
traits peu rassurés de son visage, il aurait préféré ne pas se trouver de
cet endroit maudit par les Dieux de l’Egypte Ancienne. A l’extrême droite
se tenait Helen Luthor, la femme de Lex et Chloé Sullivan, amie d’enfance de
Clark Kent. Toutes deux étaient habillé d’un pantalon de tailleur noir et
d’un chemisier blanc. L’état poussiéreux de la partie supérieur de leur vêtement
démontraient qu’elles devaient se trouver là depuis un certain moment. Mais
Ian ne porta qu’une importance minime aux membres du projet NAMAN. Esquissant
un timide sourire auquel personne ne répondit, il dirigea son regard droit
devant lui. A trois mètres de là, entre Lucas et Chloé, se tenait une
silhouette floue, peu éclairée par la torche. Néanmoins, il paraissait évident
que la silhouette était habillé d’un pantalon de costume blanc et d’une légère
chemise aussi claire, les manches ayant été retroussées. L’homme, le crâne
luisant, regardait avec intérêt la paroi grisatre et poussiéreuse qui lui
faisait face. Puis, enfin, sentant une nouvelle présence dans son dos, il se
retourna et, reconnaissant Ian, avança jusqu’à lui. A cet instant, la lumière
hésitante de la torche éclaira son visage sale, radieux : Lex Luthor semblait
aux anges, contrairement à ses acolytes. Et, de cette même attitude enjouée,
il s’adressa à Ian d’une voix qui se révéla légèrement anxieuse :
Lex : tu l’as ?
Pour simple réponse, Ian plongea sa main droite
dans la poche avant de son jean. Il en ressortit une étoffe de tissu blanc,
couverte de pictogrammes. L’étalant sur sa paume droite, il en déplia
lentement chaque parcelles, révélant ce qu’elle contenait : une plaque de métal
octogonale, semblable à la clé qui s’encrait dans les grottes Kawache. A la
différence près que son métal n’était pas gris mais rouge vif. Les bords
de la plaque de métal étaient eux aussi gravés de symboles mais qui n’étaient
pas Kryptoniens. A la manière de la clé octogonale revenant à Kal-El, cette
clé comportait trois symboles, gravés à équi-distance, ressemblant à de
l’Arabe.
En posant son regard extatique dessus, Lex esquissa un
large sourire de dément. Lentement, il amena sa main droite vers la pièce de métal
et la prit entre son index et son pouce. Puis, comme l’avait fait Ian, Lex
l’aplatit sur sa paume, la regardant comme s’il s’était agi du Graal.
Lex : parfait …
La regardant ainsi pendant encore de longues
secondes, Lex finit enfin par faire volte-face, resserrant son poing sur la clé
rouge. Alors, il s’avança de nouveau vers la paroi et l’observa à nouveau
avec extase. La caméra le suivit et put ainsi, analyser à son tour la paroi.
Sa composition, à elle seule, aurait suffi à ravir le
moindre Archéologue ou Linguiste au monde. En son centre se trouvait le dessin
d’un octogone tracé à l’encre noir, légèrement effacé. Un grand
triangle, prenant la hauteur du bas mur, était tracé ; un triangle équilatéral.
Dans chacun de ses angles figuraient un symbole semblable à ceux de la clés.
Ces trois symboles correspondaient parfaitement à ceux de la clé. Et sur tout
le reste de la paroi, d’une teinte plus claire, étaient dessinés des hiéroglyphes
égyptiens se mêlant à des symboles étranges, ressemblant à de l’arabe,
noircissant ainsi la paroi. Mais Lex ne portait aucune attention à ces
inscriptions. Seul importait l’octogone, face à lui.
Lentement, de sa main gauche, Lex caressa la paroi et
enleva ainsi la poussière qui dissimulait légèrement les traits noirs qui le
représentaient. Puis, lentement, baissant la tête vers son geste, Lex leva légèrement
sa main, sur laquelle était posée la clé rouge et l’amena à hauteur de
l’octogone. Ce qui suivit était sans appel. Au moment où un petit sifflement
aigu s’élevait, chacun des trois symboles arabes, gravés sur la clé, se
baignèrent d’une lueur d’une blancheur éclatante. Un bruit assourdissant
se fit alors entendre, comme provenant de l’intérieur de la paroi. Une cavité
octogonale se creusa alors dans l’octogone, créant une serrure. Lex esquissa
un léger sourire. Alors, la clé s’éleva délicatement dans les airs, au
dessus de la main de Lex et pivota de façon à se placer parallèlement à la
paroi, sous les yeux ébahis mais ravis de Lex. La clé tournoya alors
rapidement sur un tiers de tour, plaçant chaque symboles semblables en face –
ceux de la clé face à ceux de la paroi – et, aussi subitement, la clé
s’encra dans la serrure. Ue lumière blanche jaillit de l’interstice entre
la clé et la serrure et illumina le visage d’aliéné de Lex. Les trois
symboles inscrits dans les angles du triangle s’illuminèrent à leur tour, de
cette même lueur blanche. Chacun des membres du projet NAMAN restaient ébahis,
face à ce phénomène. Pourtant, personne hormis Lex, n’était aussi
impatient de voir les choses évoluer. Pourtant, il fallait se faire à cette idée.
Une ligne blanche, de cette même clarté éblouissante, partit du symbole de
l’angle supérieur, sur la paroi et descendit, en ligne droite, vers le
symbole peint dans l’angle inférieur, à droite. Le même phénomène se
produisit pour relier les deux symboles du bas puis celui de l’angle inférieur
de gauche à celui du sommet. A cet instant, un flash lumineux éblouissant de
lumière blanche explosa, créant une onde de lumière surpuissante.
Mettant son bras en visière, Lex dévia son regard,
fermant les yeux. Dans le même temps, il entendit dans son dos des bruits
sourds assez puissants. Surpris, Lex se retourna lorsque la lumière fut à
nouveau moins aveuglante. Sur le sol dur et poussiéreux de la chambre
reposaient les corps inanimés des membres du projet NAMAN. Pourtant, Lex n’y
porta aucune attention, il était trop près du but. Il se retourna vers la
paroi et esquissa une expression d’ahurissement total : devant lui, un mur de
lumière blanche lui faisait face. Toute inscriptions, toute matière avait
disparue. Mais la clé rouge n’était plus là. Seule la lumière blanche était
présente. En extase totale, son visage rayonnant de bonheur éclairé par la
lumière éclatante, Lex amena sa main droite vers la lumière et, faisant pénétrer
ses doigts jusqu’à moitié, il la caressa. Une sensation de douceur
indescriptible l’enveloppa alors. Il retira sa main, n’en croyant pas ses
yeux.
C’est à cet instant précis que cette voix résonnante
se fit entendre :
???: Bienvenu, Héritier …
Lex élargit encore un peu plus son sourire. Il ne
s’était donc pas trompé. Il faisait partie de cette Prophétie qui
changerait la face du monde.
??? : Entre …
Lex n’hésita pas. Il esquissa un large sourire et
s’apprêta à entrer.
Sur le sol dur et poussiéreux, le corps de Chloé
endolori, bougea légèrement. Attirée par la lumière éblouissante, elle
releva légèrement sa tête ensanglantée et vit la silhouette blanche de Lex,
face au mur de lumière. L’instant suivant, elle le voyait entrer dans la lumière
et disparaître.
TO BE CONTINUED …
**************
2.14 U-TURN // © Alehi
– Mai 2005